Loi Dutreil : revue de détail des points clés
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Loi Dutreil : revue de détail des points clés
COMMERCE MAGAZINE – N° 49 – Juin-Juil.-Août 2003 Loi Dutreil : revue de détail des points clés Libérer l’énergie des PME : tel est l’objectif du gouvernement. Le texte de la loi Dutreil apparaît comme une première étape significative pour le soutien à la création et à la transmission d’entreprise. les pouvoirs publics consi- « Agir l’initiative sa vie, jusqu’à la trans- économique. » Le projet mission de la structure à de loi de Renaud Dutreil, un repreneur. secrétaire Concrètement, les com- pour d’Etat aux dèrent la création d’entreprise comme s’inscrivant un dans acte la durée. Son accompagnement ne se limite plus aux premiers pas du chef d’entreprise, mais il se poursuit tout au long de Petites et moyennes entre- merçants prises, au Commerce et à les avantages suivants : l’Artisanat, a été adopté les nouveaux modes de en seconde lecture par financement, le paiement l’Assemblée Nationale dans différé des la nuit du 5 au 6 juin. Il sociales, le contient créateur une en retireront charges statut de série de destinée à simplification des démar- quoti- ches sont de nature à dienne des commerçants. aider le jeune entrepre- Il s’articule autour de six neur. De même, en fin de thèmes, dont le déno- parcours, minateur commun est le fiscales d’incitation à la soutien à la création et à transmission devraient faci- la transmission d’entre- liter la vente des fonds prise. de commerce. mesures faciliter la Mais nouveauté conceptuel : vie la grande est d’ordre désormais, salarié, les la mesures Faciliter la création d’entreprise Mesure phare, car éminemment médiatique, la « SARL à 1 euro » a, en effet, de quoi séduire les candidats. Mais atten- tion : elle ne doit pas faire oublier aux porteurs de projet les besoins en fonds propres qu’exigent la création et le développement d’une société. Comme le rappelle Georges Ryvol, président de la Fédération des Centres de Gestion Agréés (FCGA), « le but premier de cette disposition est de faciliter les démarches de l’entrepreneur. Pour autant, le capital doit être adapté aux besoins économiques et financiers de l’entreprise. » En revanche, la simplification des démarches administratives devrait satisfaire de les créateurs commerce : mais, le désor- récépissé de création d’entreprise (RCE) sera doté d’une valeur juridique permettant de démarrer leur activité en donnant une existence légale à sa structure en une journée ! Le RCE comprendra les numéros Siren et Siret ainsi que le code Naf. Ce n’est pas tout : pour gagner du temps, le créateur de la Vienne, « si les créa- teurs d’entreprises parviennent effectivement à protéger leur patrimoine lorsqu’ils se portent caution, alors la mesure sera positive. Mais s’ils ne disposent pas de fonds propres suffisants, alors bon nombre de banquiers risquent de refuser de leur accorder les prêts ». Par ailleurs, l’acte notarié va générer des frais supplémen- l’entreprise pourra effec- taires surtout s’il s’accom- tuer ses déclarations sur pagne de publicité : la Internet. liste des biens protégés Autre concept fondateur du projet de loi : la protection du patrimoine privé. Concrètement, le chef d’une entreprise individuelle aura la possibilité de dresser, devant notaire, une liste des biens qu’il décide d’affecter à un personnel. ainsi, Il usage pourra, protéger sa est, en effet, établie par un acte authentique et déposée en annexe au registre du commerce ; mais, à chaque modification de son contenu, l’entrepreneur sera contraint à une publication De plus Renaud Dutreil entend donner aux patrimoine. Cette mesure, pour mener à bien leur alléchante, mérite d’être projet de création d’en- saluée mais devra faire treprise. pratique. De fait, on peut se demander quelle sera l’attitude des banques. Selon Jean-Marie Billouin, conseiller territorial aux entreprises de la CCI de indépendant organisé. « Le commerce se modernise, soulignet-il. Le créateur doit donc réaliser un énorme travail d’anticipation, se former, préparer son dossier, trouver un emplacement, convaincre ses partenaires, s’imprégner de l’enseigne qu’il rejoint, etc. Tout, cela prend énormément de temps. Le salarié, porteur de projet, pourra donc travailler à temps partiel chez son employeur et prévoir la fin de son contrat un peu avant la date d’ouverture de son point de vente, à J moins 30 jours par exemple. » Enfin, la levée de la clause d’exclusi- actuellement dans certains travailler à temps partiel la commerce au nonces légales ! d’autres pièces de son dans adaptée vité, obligation présente salariés la possibilité de preuves tement dans un journal d’an- résidence principale ou ses cette disposition parfai- Une mesure par la applaudie plupart responsables de des TPE. Pour sa part, Philippe Antoine, délégué général des Enseignes du Commerce Associé, estime contrats de travail, lui simplifiera la Code travail du vie. Le sera donc modifié afin que ces clauses ne puissent plus être opposées à un salarié désirant créer son entreprise, et ce pendant un an. Cette mesure devrait donc dissuader les employeurs de mettre des bâtons dans les roues des collaborateurs de talent qu’ils aime- raient garder dans leur prise. L’enjeu équipe ! taille car Mais ce n’est pas tout ! Selon les termes de cette loi, les entreprises individuelles n’auront plus à s’acquitter des charges sociales au cours de leur première année d’activité. Le paiement sera reporté et étalé dans le temps à leur demande, pouvant donner lieu à un remboursement échelonné sur les cinq années suivantes. calcul De plus, le des cotisations, qui se faisait jusqu’ici de façon forfaitaire, sera établi sur la base du chiffre d’affaires effectivement réalisé la première année. Le dispositif Eden modifié : l’objectif gouvernement sera est du de doubler le nombre des bénéficiaires de l’aide financière, en la transformant en avance remboursable et en l’élargissant aux demandeurs d’emploi de plus de 50 ans. La transmission enfin facilitée Enfin, et de pour les activités com- reprise et merciales et agricoles et représen- à 90 000 euros pour les tent un formidable pari activités de prestation de pour les années à venir. services, Et ici encore, le projet de ment vient prêter main loi quelques forte aux nombreux com- bonnes surprises, parmi merçants qui s’apprêtent lesquelles des mesures à céder leur fonds. d’incitation fiscales suscep- Autre volonté du gouver- tibles de satisfaire les nement : adapter le paie- commerçants. ment de l’impôt à la La première d’entre elles réalité de la transaction. concerne le relèvement Pour encourager le déve- du loppement transmission réserve seuil d'exonération surtout, le l’épineuse question de la d’entre- le gouverne- du "crédit- des plus-values. Aujour- vendeur", le texte prévoit d’hui encore, lors de la d'harmoniser vente de ment de l'impôt avec le commerce, le commer- calendrier des versements, çant qui part en retraite dans la limite de trois supporte charge ans. Actuellement, l'impo- fiscale liée à la plus- sition des plus- values value réalisée. De fait, sur la cession d'un fonds s’il a lui-même créé le de commerce est exi- point de vente, l’impo- gible à compter de la sition d’un fonds la porte le règle- sur le date de la propriété, fixée par le général, le contrat de vente. Cette commerçant calcule ce situation oblige le cédant coût fiscal et le répercute à s'acquitter immédia- sur le prix de la vente. tement du montant de Or, cette pratique pose l'imposition et l’empêche, un double problème : en à elle seule, d’accorder augmentant le prix du un délai de paiement au fonds, elle pénalise les repreneur. montant vente. total En du transfert de repreneurs et va même, parfois, jusqu’à les dissuader d’aller jusqu’ au bout de leur projet. ministre s’est penché sur transmission est En relevant le seuil d'exonération des plusvalues en cas de cession, porté à 250 000 euros Un allègement de la fiscalité Renaud Dutreil a aussi évoqué un « cadeau fiscal » pour les repre- neurs : l’Etat accorderait effectivement une réduction d'impôt en cas de reprise d'entreprise financée par un prêt. Jusqu’ici, lorsqu’un futur commerçant contractait un prêt pour reprendre des actions ou des parts de société, il ne bénéficie d'aucune réduction fiscale, contrairement au repreneur d'entreprise qui exploite son activité sous forme individuelle : lui peut déduire les intérêts des emprunts. Pour faciliter la reprise de sociétés, il est proposé d'alléger le coût fiscal par la création d'une réduction d'impôt à hauteur de 25 % des intérêts d'emprunts versés. Ce dispositif bénéficierait aux personnes qui s'endettent pour racheter des parts sociales ou des actions de sociétés non cotées. Philippe Antoine, des Enseignes du Commerce Associé, salue l’initiative qui, rappellet-il, constitue « une vieille revendication des commerçants indépendants ». Même si elle a des limites, la déductibilité des intérêts d’emprunt l’achat finançant du fonds de commerce va dans bon et facilitera sens le effectivement la reprise ». Des exonérations en cas de donation donations, que ne plus pénaliser. Ainsi, lorsqu’un commerçant se retire de la vie active sans avoir trouvé d’acquéreur pour son fonds commerce, il peut décider de le transmettre son fonds de commerce à un salarié par un acte de donation. bénéficiaire toujours Or, n’a les le pas moyens financiers de s’acquitter des droits de mutation. Il est donc prévu d'in- stituer une exonération de droit lorsque la valeur des actifs faisant l'objet de la donation inférieure euros. à est 300 000 Complétant le dispositif mis en place par la loi de finances 2000 – qui a institué une exonération des droits de succession à hauteur de 50 % de la valeur de l'entreprise, en contrepartie d'un engagement de conservation des titres pour une durée au moins égale à six ans – le projet de loi prévoit aussi d'étendre cet abattement aux donations entre vifs. L’objectif étant, anticipée Véronique Méot le secrétaire d’Etat souhaite de transmission de l’entreprise. Il en va de même pour les entendu, de dynamiser la bien La loi DUTREIL II Renaud DUTREIL, secrétaire d’Etat aux PME, au Commerce, à l’Artisanat, aux Professions libérales et à la Consommation devrait exposer, avant la fin de l’année 2003, le second volet de sa loi. Celui-ci devrait, cette fois, concerner le développement de l’entreprise et le statut de l’entrepreneur, ainsi que celui de son conjoint. L’objectif étant de conférer à ce dernier une meilleure reconnaissance et de lui apporter une meilleure sécurité.