LA MISSION DES NATIONS UNIES EN RD CONGO bilan d`une
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LA MISSION DES NATIONS UNIES EN RD CONGO bilan d`une
la mission des nations unies en rd congo bilan d'une décennie de maintien de la paix et perspectives Xavier Zeebroek (coordinateur) Marc Memier, Pamphile Sebahara Les activités du GRIP sont soutenues financièrement par le Ministère de la Région wallonne, le Ministère de la Communauté française, le Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale (ACTIRIS), le Ministère des Affaires étrangères du Luxembourg, le Ministère des Affaires étrangères de Belgique, le Fonds Maribel Social © Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité (GRIP) chaussée de Louvain, 467 B-1030 Bruxelles Tél.: (32.2) 241.84.20 Fax: (32.2) 245.19.33 Courriel: [email protected] Site Internet: www.grip.org Le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP) est une association sans but lucratif. la mission des nations unies en rd congo Sommaire Introduction 5 I. évolution du mandat de la Monuc/Monusco de 1999 à 2011 A.Phase I : Négociations et retrait des troupes étrangères (2000-2003) B.Phase II : Transition et élections (2003-2006) C.Phase III : Paralysie et affrontements (2006-2008) D.Phase IV : Pacification forcée et stratégie de sortie (2009-2011) 10 II. Acquis et défis en matière de sécurité et de protection des civils A.Le maintien de la paix robuste B.Le rôle crucial des hélicoptères C.Une recherche permanente de mobilité D.Une efficacité accrue mais fragile 12 12 13 13 14 III.Acquis et défis en matière d’appui à la gouvernance démocratique et à la consolidation des institutions publiques A.Objectifs, réalisations et défis en matière de DDRRR B.Objectifs, réalisations et défis en matière de DDR C.Bilan et défis en matière de réforme de l’armée et de la police 1. Bilan de la réforme de l’armée 2. Bilan de la réforme de la Police D.Objectifs, réalisations et défis en matière d’appui aux processus électoraux E.Bilan des actions de protection des droits de l’homme et renforcement du système judiciaire F. état des lieux et stratégies de lutte contre les violences sexuelles IV.Acquis et défis en matière d’appui au développement économique des provinces affectées par les conflits A.Exploitation des ressources naturelles et pérennisation du conflit en RDC 1. La « revisitation » des contrats miniers 2. Initiatives régionales et internationales en matière de lutte contre le trafic des ressources minières B.L’action de la MONUC/MONUSCO en matière de lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles 1. Le mandat 2. Actions menées et résultats attendus 6 6 7 9 16 16 17 19 20 20 21 21 24 26 26 26 27 28 28 29 Rapport du GRIP 2011/4 V. Bonnes pratiques et enjeux de la stabilisation de la RDC A.Sécurité et protection des civils B.Appui à la gouvernance et consolidation des institutions C.Appui au développement économique VI.Options pour l’appui de la MONUSCO à la stabilisation de la RDC A.Sécurité et protection des civils B.Appui à la gouvernance et consolidation des institutions C.Appui au développement économique 31 31 31 32 33 33 33 33 Annexe 1 : Évolution du mandat de la MONUC (1999-2011) 35 Annexe 2 : Évolution des effectifs autorisés MONUC/ MONUSCO au regard des événements diplomatiques et militaires 39 la mission des nations unies en rd congo Introduction L’histoire du conflit congolais et de la MONUC se confondent depuis 1999, pour le meilleur comme pour le pire. Le renforcement continuel du mandat de la mission de l’ONU traduit la lente montée en puissance de la communauté internationale dans ce pays sous perfusion. Il indique également que la longue transition politique (2003-2006) n’a pas permis de mettre fin à la rébellion partout dans le pays. Le Nord et le Sud Kivu restent des régions de grande insécurité, alors que la situation en Ituri s’est fortement améliorée ces dernières années sans tout à fait revenir à la normale. La MONUC fut tout au long de son histoire un laboratoire de la paix et, à ce titre, une pourvoyeuse infatigable d’enseignements et d’expériences (lessons learned) pour le secrétariat des Nations unies. Du fait de la situation extrêmement complexe qui règne dans le pays, elle est devenue une mission qui fait un peu de tout : de la consolidation de la paix en organisant les élections, en participant à la réforme du secteur de sécurité, au DDR et au DDRRR mais aussi de la reconstruction de l’État en se préoccupant d’appuyer le retour à l’État de droit. Simultanément, elle continue ses tâches de maintien de la paix, y compris à travers des opérations robustes. Les risques de confusion et les dangers de dérapage sont donc omniprésents. Enfin, l’ONU évoque ouvertement son possible retrait ou, en tout cas, évoque la perspective de réfléchir aux conditions de celui-ci (benchmarks). . Désarmement, démobilisation et réinsertion. . Désarmement, démobilisation, rapatriement, réintégration et réinsertion. I. évolution du mandat de la Monuc/Monusco de 1999 à 2011 Si 90 officiers de liaison ainsi que du personnel civil se trouvaient déjà en RDC depuis le mois d’août, la Mission d’observation des Nations unies au Congo (MONUC) n’a été créée officiellement par le Conseil de sécurité que le 30 novembre 1999 (résolution 1279). La suite de l’évolution du mandat de la MONUC n’est qu’une longue liste d’élargissements des compétences, d’augmentations des effectifs et de durcissement des prérogatives de protection qui en font aujourd’hui une des missions les plus vastes et les plus complexes de l’histoire de l’ONU. Il paraît évident que le Conseil de sécurité n’avait pas prévu de tels développements et a été mis à plusieurs reprises dans la situation très inconfortable de devoir réagir après coup à de nouvelles flambées de violence, à des désastres militaires, à des renversements d’alliances ou à l’échec de certains programmes. Afin de mieux comprendre cette évolution riche en soubresauts et en revirements, nous avons distingué quatre phases principales : - 2000-2003 : Négociations et retrait des troupes étrangères. - 2003-2006 : Transition et élections. - 2006-2008 : Paralysie et affrontements. - 2009-2011 : Pacification forcée et stratégie de sortie. A. Phase I : Négociations et retrait des troupes étrangères (2000-2003) Les Casques bleus ont été envoyés en RDC en soutien à l’Accord de Lusaka de juillet 1999 afin d’assurer sa mise en œuvre. Cet accord de cessez-le-feu entre belligérants (RDC, Ouganda, Rwanda, Namibie, Angola, Zimbabwe et groupes rebelles du MLC et du RCD) prévoyait en effet un rôle onusien initialement limité à la surveillance de la cessation des hostilités, du . En vertu de la résolution 1258 du 6 août 1999, ils avaient pour objectif de préparer la mission. . Mouvement pour la libération du Congo. . Rassemblement congolais pour la démocratie. Rapport du GRIP 2011/4 désengagement et du retrait des forces étrangères ainsi que la facilitation de l’acheminement de l’aide humanitaire. Dès le 24 février 2000, la MONUC fut autorisée à se renforcer jusqu’à compter 5.537 militaires (résolution 1291). Peu de responsables s’en souviennent aujourd’hui mais, du fait de l’insécurité généralisée qui prévalait alors, le Conseil de sécurité plaça d’emblée la mission sous le Chapitre VII de la Charte, en lui assignant « la protection des civils se trouvant sous la menace imminente de violences physiques, limitée à la zone de déploiement de ses bataillons d’infanterie ». Bien que cette qualification ait théoriquement rendu possible une certaine utilisation de la force, il a fallu encore attendre trois ans avant que le Conseil de sécurité n’autorise la mission à utiliser « toutes les mesures nécessaires » pour accomplir son mandat et deux ans supplémentaires pour que les responsables de la mission aient la volonté politique et les moyens pour le faire. Cette période reste marquée par deux phénomènes : le retrait graduel des troupes étrangères du territoire congolais ainsi que d’intenses et complexes négociations devant déboucher sur un accord de paix global et inclusif. Malgré plusieurs violations importantes du cessez-le-feu en 2000 et 2001 (dont les batailles de Kisangani entre troupes ougandaises et rwandaises), des plans de retrait des forces étrangères sont négociés au cas par cas avec la médiation de la MONUC : les Namibiens se retirent en juin 2001, les Zimbabwéens fin 2001, les Ougandais et les Rwandais fin 2002. . Ils prévoyait également la formation d'une commission militaire conjointe comme prélude au déploiement d'une force onusienne de 5.000 hommes, le désarmement de tous les groupes armés, une protection pour tous les groupes ethniques, le rétablissement de l'autorité de l'État dans tout le pays, et l'ouverture d'un « dialogue national » entre gouvernement, opposition, groupes d'ex-rebelles, menant à des élections. Ces accords ont constitué le cadre des relations et des négociations futures. . Intitulé « Action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression », le chapitre VII prévoit que le Conseil de sécurité puisse autoriser des actions coercitives. . Pour plus de détails sur la signification et les implications de l’usage du Chapitre VII, voir Alexandra Novosseloff, « Chapitre VII et maintien de la paix : une ambiguïté à déconstruire », Bulletin du maintien de la paix n°100, octobre 2010, Montréal. . Le gouvernement de la RDC a signé des accords avec le Rwanda et l’Ouganda respectivement à Pretoria le 30 juillet 2002 et à Luanda le 6 septembre 2002, pour leur désengagement et le retrait de leurs troupes du territoire congolais. la mission des nations unies en rd congo Parallèlement, le Dialogue intercongolais, officiellement lancé le 25 février 2002 à Sun City (Afrique du Sud), aboutit à la signature de l’Accord global et inclusif le 17 décembre 2002 à Pretoria. Enfin, en décembre 2002, une nouvelle augmentation d’effectif jusqu’à 8.700 personnes (résolution 1445) devait permettre à la MONUC de mener à bien de nouvelles activités (démilitarisation de Kisangani, assistance au DDRRR volontaire, formation de la police nationale) dans un environnement dangereux, en créant le concept plus robuste de task-forces militaires. Le programme DDRRR vise principalement les ex-Forces armées rwandaises et les milices Interahamwe rwandaises surtout présentes au Kivu. Outre les aspects indéniablement positifs des résultats engrangés lors de cette première phase, elle se caractérise également par une extrême faiblesse de l’action militaire des Casques bleus qui n’arrivent pas à s’interposer valablement entre belligérants ou à protéger les civils. Souvent cantonnés dans leurs casernes, ils sont mal répartis sur le territoire, en nombre insuffisant et ont une réactivité inadaptée. B. Phase II : Transition et élections (2003-2006) Pour montrer son appui au Gouvernement d’unité nationale et de transition mis en place le 30 juin 2003, la résolution 1493 encourage la Monuc à apporter assistance, durant la période de transition, à la réforme des forces de sécurité (y compris la formation de la police et l’appui au programme DDR sur base volontaire), au rétablissement de l’État de droit ainsi qu’à la préparation et à la tenue des élections. Toutefois, cette action multiforme peine encore à se traduire au niveau de la sécurité. En mars 2003, la situation se dégrade considérablement en Ituri où de nouveaux groupes armés, non signataires de l’Accord de Lusaka, ont vu le jour. La MONUC est spécialement mandatée « pour suivre l’évolution de la situation sur le terrain, (…) [et] fournir un appui et une assistance accrus en faveur des efforts humanitaires ainsi que faciliter la formation de la Commission de pacification de l’Ituri et l’aider à mener à bien ses activités » (résolution 1468). Mais aucun moyen humain supplémentaire n’ac- compagne cette nouvelle tâche. C’est pourquoi on y déploie finalement le contingent de réserve de la MONUC, composé de 800 soldats uruguayens. Le 9 mai, le siège de la MONUC à Bunia est pris pour cible et les Casques bleus sont contraints de riposter pour repousser les agresseurs10. La plus grande partie du personnel onusien ainsi que les organisations humanitaires sont évacués. Le Conseil de sécurité se voit alors contraint de faire appel en urgence au déploiement d’une force multinationale intérimaire européenne, ayant de réelles capacités d’engager le combat si nécessaire pour « assurer la protection des personnes déplacées se trouvant dans les camps de Bunia et, si la situation l’exige, de contribuer à assurer la sécurité de la population civile, du personnel des Nations unies et des organisations humanitaires dans la ville » (résolution 1484). Cette première mission de l’Union européenne, dénommée Artémis, était forte de 1.800 hommes et fut opérationnelle du 12 juin au 1er septembre 2003. Dans la perspective de la reprise du contrôle de l’Ituri par la MONUC, le Conseil de sécurité augmente à nouveau ses effectifs jusqu’à 10.800 personnes et l’autorise dès juillet « à utiliser tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de son mandat dans le district de l’Ituri et, pour autant qu’elle l’estime dans les limites de ses capacités, dans le Nord et le Sud Kivu » (résolution 1493). Un appel on ne peut plus clair à faire preuve de fermeté vis-à-vis des fauteurs de troubles. Néanmoins, le scénario se répéta au Kivu en avril 2004 lorsque le général dissident Laurent Nkunda (CNDP11) et le colonel Mutebutsi, deux leaders de la communauté tutsie de RDC, prirent la ville de Bukavu pendant plus d’une semaine et soumirent la population aux pires exactions sans que les Casques bleus ne sortent de leurs casernes. Un scandale pour les Congolais comme pour la communauté internationale et un traumatisme politique qui marquera beaucoup de responsables de la MONUC12. Après l’envoi d’une commission d’enquête sur les événements, des changements importants interviennent rapidement. Tout d’abord, le Conseil 10. Voir Rapport spécial du Secrétaire général S/2003/566. 11. Congrès national pour la défense du peuple. 12. Pour plus de détails, voir Jean-Claude Willame, « Les faiseurs de paix au Congo », collection « Les livres du GRIP » n° 288-289, GRIP/Complexe, Bruxelles, 2007, p. 100-103. de sécurité adopte le 1er octobre 2004 la résolution 156513 qui précise, en les renforçant une fois encore, le mandat et les missions de la MONUC. Ses effectifs augmentent à nouveau considérablement jusqu’à un maximum de 16.700 hommes. Sur le terrain, plusieurs responsables militaires et civils de haut niveau furent remplacés. Le Représentant spécial de l’ONU, William Swing, resta toutefois en fonction et son pouvoir fut même renforcé grâce à l’intégration plus poussée de la mission. Mais c’est surtout au niveau des esprits que le changement fut opéré et que le signal fut donné d’utiliser, dans certaines conditions, un recours limité à la force. Par ailleurs, pour donner à la Monuc les moyens de faire respecter l’embargo sur les armes à destination de l’Est de la RDC, le Conseil de sécurité autorise la Monuc le 12 mars 2004 (résolution 1533) à « saisir ou recueillir, comme il conviendra, les armes ou tout matériel connexe dont la présence sur le territoire de la RDC constituerait une violation des mesures imposées par l’article 20 de la résolution 1493 (l’embargo sur les armes), et à disposer de ces armes et matériels d’une manière appropriée ». Ces événements malheureux ont donné un coup d’accélérateur à une approche plus ferme et plus offensive de l’action militaire onusienne à partir d’octobre 2004. La résolution 1592 du 30 mars 2005 rappelle et insiste lourdement sur le fait que la Monuc est autorisée à « utiliser tous les moyens nécessaires, dans la limite de ses capacités et dans les zones de déploiement de ses unités, pour dissuader toute tentative de recours à la force qui menacerait le processus politique, de la part de tout groupe armé, étranger ou congolais notamment les ex-Far et Interahamwe, et pour assurer la protection des civils sous la menace imminente de violences physiques » (art. 7). Elle souligne également que la Monuc peut « utiliser des tactiques d’encerclement et de recherche pour prévenir des attaques contre les civils et perturber les capacités militaires des groupes armés illégaux qui continuent de faire usage de la violence », notamment à l’Est de la RDC. (art. 7). Enfin, elle demande au gouvernement congolais « d’établir avec la Monuc un concept conjoint d’opération en vue du désarmement des combattants 13. Voir Résolution 1565 du Conseil de sécurité, S/RES/1565 (2004), 1er octobre 2004, Nations unies. Rapport du GRIP 2011/4 étrangers par les Forces armées de la RDC, avec l’assistance de la Monuc, dans la limite de son mandat et ses capacités » (art. 5). C’est dans ce cadre que la Monuc a donné un ultimatum aux groupes armés de l’Ituri pour leur désarmement le 1er avril 2005. Pendant cette période, la MONUC continue à mettre au point et à utiliser des tactiques d’encerclement et de recherche (search and cordon) pour procéder au désarmement forcé et pour prévenir des attaques contre les populations civiles ainsi que, en appui aux FARDC, contrer les groupes armés illégaux qui continuaient de faire usage de la violence dans l’est du Congo. Dès lors, les années 2005 et surtout 2006 furent marquées par de nombreuses épreuves de force entre rebelles et FARDC soutenues par la MONUC, aussi bien en Ituri qu’au nord et au sud Kivu et même au nord du Katanga. Bien que les résultats de ces opérations robustes aient été plus probants en Ituri qu’au Kivu, ils ont certainement contribué – avec la réussite des élections – à redresser la mauvaise réputation de la MONUC. Pour mieux contrôler la circulation d’armes en RDC, le Conseil de sécurité a élargi l’embargo à l’ensemble de la RDC par sa résolution 1596 du 18 avril 200514. Toutefois, la surveillance du respect de l’embargo, pour la Monuc, reste concentrée sur le Nord et le Sud Kivu et dans l’Ituri. Un groupe d’experts est chargé de vérifier l’application de la résolution. Malgré toutes ces déconvenues, c’est sans doute la période où la MONUC s’impose, au niveau politique et diplomatique, comme l’acteur le plus puissant de la scène congolaise face à un gouvernement pléthorique, sans légitimité démocratique et extrêmement divisé. La mission onusienne voit son mandat s’élargir considérablement suite à l’accord de Pretoria15 et son représentant spécial préside la CIAT16 qui regroupe tous les acteurs régionaux et internationaux concernés par la question congolaise. Parallèlement, un processus d’intégration est mené au sein de la mission qui lui donne plus de cohérence tout en améliorant la coordination 14. Cet embargo sur les armes s’inscrit dans le cadre de l’article 20 de la résolution 1493 du 28 juillet 2003 prolongée jusqu’au 31 juillet 2005 par la résolution 1552 du 27 juillet 2004. 15. Nom donné à l'Accord de paix global et inclusif signé le 17 décembre 2002 à Pretoria (Afrique du Sud) entre les participants du Dialogue intercongolais. 16. Comité international d'accompagnement de la transition. la mission des nations unies en rd congo entre ses composantes. Dès 2004, le Représentant spécial du Secrétaire général coordonne l’action de l’ensemble du système des Nations unies en RDC. Le plus grand accomplissement de cette période reste l’accompagnement déterminé et inlassable du processus électoral congolais par la MONUC. En un peu plus de deux ans se sont déroulés avec succès un référendum sur la nouvelle constitution, des élections présidentielles, législatives et provinciales. La MONUC, essentiellement déployée à l’Est, a bénéficié de l’appui de l’Union européenne pour assurer la sécurité à Kinshasa pendant la phase la plus critique du processus. La mission Eufor RD-Congo sera déployée pendant huit mois à cet effet (avril-novembre 2006). L’image de la MONUC au sein de l’opinion congolaise s’est incontestablement améliorée tout au long du processus électoral17, contrastant avec les quolibets dont les Casques bleus étaient victimes depuis leurs timides débuts en 1999. Incontestablement, la connaissance du terrain s’est fortement améliorée et les opérations robustes ont forcé certains chefs rebelles à composer. Mais c’était loin d’être suffisant pour que tous les Congolais se sentent en sécurité, d’autant que divers scandales d’abus sexuels et de trafics en tous genres sont venus brouiller l’image des soldats de la paix au moment même où on notait un certain redressement. Depuis lors hélas, la réputation des Nations unies en RDC s’est fortement dégradée, notamment du fait des reproches formulés par la population en matière de protection des civils. C. Phase III : Paralysie et affrontements (2006-2008) Dès avant la proclamation des résultats des élections présidentielles, des troubles éclatent à Kinshasa entre les partisans des candidats au second tour. Ils culmineront avec le bombardement de la résidence de Jean-Pierre Bemba et son exil au Portugal après le refus de ce dernier de désarmer sa garde personnelle. En février 2007, Antoine 17. BERCI International, « Peacekeeping Operations in the Democratic Republic of the Congo: The Perception of the Population », étude externe menée à la demande de la Peacekeeping Best Practices Section (PBPS) des Nations unies, novembre 2005, 20 pages. L’enquête a été réalisée auprès de 2 810 personnes réparties dans les 11 capitales provinciales du pays avec une marge d’erreur de 3 %. http://pbpu.unlb.org/pbps/Library/MONUC%20percept ion%20of%20population%20(final-final).pdf Gizenga est nommé Premier ministre et forme un gouvernement de 59 membres qui se caractérisera par son immobilisme. Malgré la signature de l’Accord de Nairobi (9 nov. 2007) qui prévoit le rapatriement des rebelles FDLR18 au Rwanda, ainsi que l’Acte d’engagement de Goma (23 jan. 2008) sur la cessation des hostilités au Kivu, la mauvaise volonté persiste entre RDC et Rwanda. Des actions militaires importantes seront dès lors menées en 2007 et en 2008 par les FARDC (appuyées par la MONUC) contre les rebelles pro-Tutsi du CNDP. Au cours de la dernière de ces offensives, la MONUC a dû faire face dès juillet 2008 à une détérioration catastrophique de la situation au Nord Kivu qui faillit déboucher sur la prise de Goma par les rebelles du CNDP. Après la débandade des FARDC suivie du spectaculaire rapprochement entre les présidents Kabila et Kagamé, la MONUC fut écartée de la planification militaire des opé rations anti-FDLR qui s’ensuivirent. à la suite de ces événements, le Président congolais commença à réclamer le départ des Casques bleus à qui il reprochait la défaite et qu’il voyait comme le dernier symbole de la mise sous tutelle de son pays lors de la période de transition. Pendant cette période, deux résolutions majeures (1756 et 1856) vinrent proroger le déploiement de la MONUC ainsi que confirmer et parfois élargir encore son mandat, notamment en matière de protection des civils qui devient désormais « la priorité absolue » de la mission. Une autre priorité sera donnée au désarmement et au rapatriement du FDLR (1856) et de nombreuses tâches d’appui à la gouvernance et de consolidation des institutions seront rappelées ou réorientées. Finalement, son mandat, près de 10 ans après ses débuts, s’est extraordinairement diversifié en présentant simultanément des éléments d’interposition, de maintien et de consolidation de la paix. En résumé, on peut distinguer : a)Protection des civils, du personnel humanitaire et du personnel et des installations des Nations unies ; b)Sécurité du territoire de la RDC ; c)Désarmement et démobilisation des groupes armés étrangers et congolais (notamment dissuader le recours à la force qui menacerait le processus 18. Forces démocratiques de libération du Rwanda. 10 Rapport du GRIP 2011/4 politique, appuyer les opérations conduites par les FARDC et désarmer les groupes armés locaux et étrangers récalcitrants en vue d’assurer leur participation au processus DDR et DDRRR) ; d)Réforme du secteur de sécurité (notamment, assurer une formation de base aux FARDC dans le domaine des droits de l’homme et développer les capacités de la Police nationale). e)Renforcement des institutions nationales, provinciales, régionales et locales (notamment le système judiciaire et pénitentiaire et la justice transitionnelle). D. Phase IV : Pacification forcée et stratégie de sortie (2009-2011) Après le traumatisme de la défaite de 2008 face aux troupes du CNDP, le président Kabila opère un spectaculaire renversement d’alliance et accepte de mener une opération conjointe avec l’armée rwandaise (Umoja Wetu) contre les bastions du FDLR au Kivu. D’abord écartée de la planification militaire, la MONUC recommencera à appuyer les FARDC dans l’opération Kimia II qui suivra le retrait des RDF, puis dans l’opération Amani Leo, toujours en cours. Toutefois, à la suite de multiples exactions commises par les soldats des FARDC en cours d’opération, le Conseil de sécurité a adopté un principe de conditionnalité (résolution 1906) qui permet aux Casques bleus de suspendre leur appui à toute unité qui se serait rendue coupable de violations massives et répétées des droits de l’homme. Alors que les rebelles des FDLR avaient reculé sans combattre devant les troupes rwandaises, ils sont cette fois traqués avec une certaine efficacité, ce qui se traduit par un nombre important de pertes, de captures et de défections dans leurs rangs. Selon des sources fiables, on peut dresser le tableau suivant : Tableau 1 : Pertes enregistrées par les FDLR depuis 2009 TUéS CAPTURéS DéSERTION RAPATRIéS 2009 1.258 427 1.334 2.061 2010 463 183 1.810 n.d. En conséquence, la MONUC estime que les FDLR ont perdu plus de la moitié de leurs combat- tants ces deux dernières années, passant de 5.000 à 2.200. Toutefois, ces derniers sont souvent les plus aguerris et les plus déterminés. En effet, après avoir été chassés de nombreux territoires miniers, ils se sont réorganisés et continuent à piller, à tuer et à violer les populations locales tout en recrutant de force une petite centaine de combattants par mois, dont un certain nombre d’enfants. Des opérations militaires ont également été menées contre les combattants de la Lord Resistance Army (LRA) infiltrés dans le Haut Uelé depuis 2006. D’abord menées avec l’appui massif des forces ougandaises (UPDF), elles se sont prolongées par une opération des FARDC appuyée par la MONUC. Au départ d’une force de 500 hommes, il ne resterait plus aujourd’hui qu’une petite centaine d’hommes armés dispersés en petits groupes très mobiles et qui possèdent encore une capacité de nuisance importante. Parallèlement, la MONUC a été poussée par le Conseil de sécurité à élaborer une stratégie de sortie qui s’appuierait sur des indicateurs objectifs (benchmarks). Ceux-ci ont été esquissés par la résolution 1925 et restent très ambitieux : - Achever les opérations militaires en cours dans les Kivus et la Province Orientale. - Doter le GoRDC de forces de sécurité durables qui reprendront progressivement les fonctions sécuritaires de la MONUSCO. - Renforcer l’autorité de l’état sur l’ensemble du territoire par la mise en place d’une police et d’administrations civile et territoriale. Toutefois, à la demande du président Kabila, 2.000 Casques bleus ont quitté la force des Nations unies au 30 juin 2010. D’une mission d’observation limitée, la MONUC s’est finalement transformée, en 12 ans de présence sur le terrain, en une mission multidimensionnelle sous Chapitre VII effectuant un éventail très large et varié de tâches allant de la sécurité des populations au soutien au processus électoral en passant par le désarmement des groupes armés locaux et étrangers et l’appui à la réforme du secteur de sécurité. Elle dispose également désormais de règles d’engagement « robustes » qui permettent, si nécessaire, des actions offensives tactiques pour assurer la mise en œuvre de son mandat. Pour arriver à ce résultat, le Conseil de sécurité n’a pas hésité à revoir sa copie en fonction des leçons apprises sur le terrain et à détailler ses résolutions la mission des nations unies en rd congo avec toute une série de tâches – jusqu’à plus de 70 simultanément – dont l’accumulation a rendu la mise en œuvre de plus en plus problématique malgré les augmentations régulières d’effectifs au sein de la mission. La complexité et la volatilité de la situation à l’est du Congo a provoqué une dialectique étonnante entre des responsables de mission souvent timorés ou dépassés par les événements et un Conseil de sécurité volontariste qui précise sans cesse sa volonté. 11 12 II. Acquis et défis en matière de sécurité et de protection des civils Après le double traumatisme des massacres en Ituri (2003) et de la prise de Bukavu (2004), la MONUC a fait preuve d’un volontarisme plus affirmé dans le recours limité à la force au niveau local (ou niveau tactique, dans le langage militaire). Ces activités ont fait l’objet de directives opérationnelles fixant les conditions dans lesquelles les unités combattantes de la Mission pouvaient utiliser leur puissance de feu, en particulier les hélicoptères d’attaque. Lesdites directives ont émises par le Commandant de la MONUC de manière à permettre aux chefs d’unités de prendre des décisions en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain sans devoir systématiquement en référer à l’état-major du Commandant de la Force à Kinshasa. Cela a été rendu possible par une conjonction d’éléments découlant de la résolution 1565 : - l’arrivée de 5.900 hommes de troupe supplémentaires ; - la création, le 14 février 2005, d’un commandement opérationnel pour tout l’est de la RDC. Basé à Kisangani, il se situe, pour la première fois dans l’histoire onusienne, au niveau de la division (14.500 hommes) ; - la mise au point, depuis le 7 février 2006, de nouvelles règles d’engagement qui permettent, si nécessaire, des actions offensives pour assurer la mise en œuvre du mandat. - l’envoi de forces spéciales capables de remplir des missions de renseignement. A. Le maintien de la paix robuste Ces évolutions ont permis à la MONUC de mener des opérations comportant l’usage limité de la force au niveau tactique à des fins de protection des civils et non plus uniquement dans le cadre de la légitime défense comme c’est le cas, en principe, dans le cadre des opérations de maintien de la paix traditionnelles. Quelques années plus tard, cette nouveauté a été incorporée dans la doctrine de l’ONU sous la dénomination de « maintien de la paix robuste ». La protection des civils par la force présente cependant de nombreuses difficultés. Les premières Rapport du GRIP 2011/4 sont d’ordre politique et sont liées à la contradiction qui peut apparaître lors de l’usage de la force contre l’une des parties au conflit alors même que la Mission de la paix est supposée ne pas prendre parti. L’autre difficulté est opérationnelle : comment se prémunir contre les risques d’escalade incontrôlée de la violence ? Comment s’assurer que l’usage de la force n’affecte pas ceux-là même – les civils – que l’on est censé protéger. C’est pour se prémunir contre ces risques que l’usage de la force se doit d’être encadré par des directives opérationnelles. Le degré de précision de ces dernières résulte d’un équilibre délicat entre la nécessaire précision qui préviendra les risques de dérapages et l’indispensable flexibilité qui laissera à l’officier en charge la marge d’appréciation qui lui permettra de s’adapter à la situation. C’est ainsi que le général Patrick Cammaert, premier commandant de la division Est, expliquait qu’une action offensive pourra être entreprise par exemple dans le cas où un ou des groupes armés « choisissent de ne pas désarmer et commettent régulièrement des actes de violence à l’encontre des civils au mépris de la paix, de la loi et de l’ordre »19. Toutefois, même dans ce cas, une action ne sera éventuellement entreprise que si trois circonstances précises sont réunies : - une menace imminente de violence physique sur la population locale ou sur le personnel de la MONUC ; - une intention hostile persistante ; - l’absence de civils sur le théâtre des opérations. En outre, l’usage de la force ne sera décidée que dans les conditions suivantes : - en dernier recours, lorsque toutes les autres mesures préventives ont échoué ; - en utilisant une force minimum et proportionnelle à la menace ; - en appliquant une réponse graduelle. Enfin, l’action de la MONUC en matière de protection des civils se doit de prendre en compte la souveraineté de l’état hôte. En effet, ce soit à l’état congolais, à son armée et à sa police qu’incombe en principe le devoir de protection de sa population. Cependant, compte tenu de l’évidente incapacité des FARD et des forces de 19. Patrick C. Cammaert, “Contemporary UN Peace Operations: Problems and Opportunities”, MONUC Force Review n°1, janvier 2007, p. 11. la mission des nations unies en rd congo l’ordre congolaises à remplir cette mission de façon satisfaisante, la MONUC a été amenée soit à leur apporter son soutien logistique soit à s’y substituer lors d’opérations dans l’est du pays. B. Le rôle crucial des hélicoptères Mais pour mener des actions offensives, il faut aussi s’en donner les moyens. Un des outils majeurs dans ce domaine est l’hélicoptère d’attaque. Ils assurent aux forces onusiennes une efficacité redoutable contre les milices du fait de leur rapidité, de leur souplesse d’utilisation et de leur manoeuvrabilité. Ils procurent un avantage comparatif exceptionnel dans des opérations de basse intensité opposant des forces asymétriques. Ils peuvent servir aussi bien à l’escorte, la surveillance, au renseignement, à l’alerte précoce qu’à des opérations de combat. Leur seul défaut – mais de taille – : leur coût prohibitif à l’emploi. Toutefois, les nombreuses qualités des hélicoptères ne signifient pas qu’on puisse en faire n’importe quoi. Ici aussi, les règles d’engagement sont très strictes et souvent bien différentes des doctrines d’emploi de ces systèmes d’armes en situation de guerre. Alors que, dans une bataille dont ils seraient l’un des protagonistes, c’est l’usage maximum de la force face au danger qui serait la règle, les équipages d’hélicoptères sont maintenant tenus d’appliquer les principes suivants20 : - usage minimum de la force pour remplir ses objectifs - usage du feu proportionnel à la menace, c’està-dire qu’il doit être : • précis • efficace • à la mesure de ce que la situation requiert - en dernier recours - après tir de sommation - sans provoquer aucun dommage collatéral Sur le terrain, le respect simultané de ces contraintes est souvent problématique et peut placer les Casques bleus devant des choix cornéliens. Vu l’étendue de la zone opérationnelle, l’état-major de la MONUC a dû procéder à de délicats arbitrages entre le contrôle opérationnel strict de l’emploi de la force 20. Pramod Behl (général, commandant la brigade du Nord Kivu), « Use of attack helicopters in UN peacekeeping operations », MONUC Force Review n°1, janvier 2007, Kinshasa, pp. 16 à 22. 13 et l’octroi d’une autonomie de jugement suffisante pour permettre aux unités déployées de réagir sans délai aux situations tactiques rencontrées. Pour certains généraux21 ces règles empêchent de profiter pleinement des outils en leur possession. Par exemple, l’obligation des tirs de sommation qui, dans le cas d’un hélicoptère, peut le mettre en situation de danger. Mais aussi le respect de certaines contraintes administratives, vécues comme une source de handicap. Depuis 2010, la composante « hélicoptères » de la mission est en crise à la suite du retrait de certaines unités indiennes dont elle dépendait fortement. Début 2011, il n’y avait plus que 23 hélicoptères militaires sur un total de 51 autorisés par le Conseil de sécurité. L’Inde menace d’en retirer 10 supplémentaires après le 30 juin 2011, ce qui réduirait presque à néant la capacité d’appui aux opérations. Parmi 59 pays contributeurs potentiels, aucun n’a accepté de prendre le relais. C. Une recherche permanente de mobilité Enfin, il existe aussi de nouvelles modalités de déploiement qui permettent plus d’efficacité et de souplesse. Le premier d’entre eux fut baptisé « Base d’opération mobile » (MOB). C’est la réponse originale à un vieux débat qui a régulièrement refait surface dans l’histoire mouvementée de la MONUC, spécialement lorsqu’elle devait faire face à ses carences : il faudrait au moins 100 à 150.000 hommes de troupe pour couvrir la RDC de façon efficace. Evidemment, un tel déploiement, à supposer qu’il soit gérable, est hors de portée d’une quelconque mission des Nations unies, comme de toute autre organisation internationale ou alliance militaire22. C’est pourquoi la MONUC a souvent été prise en défaut de protection aux endroits où elle ne se trouvait pas, ou pas en nombre suffisant. Ce fut le cas à Kisangani en 200023, en Ituri en 200324 et au Kivu en 2007 et 2008. 21. Entretien confidentiel. 22. Les 18 missions actuelles cumulent à peu près un chiffre comparable. 23. Alain Kassa, « Kisangani : mutinerie, représailles et isolement des acteurs humanitaires », in Xavier Zeebroek et alii, Les humanitaires en guerre, Collection « Les livres du GRIP » n° 262, GRIP/Complexe, Bruxelles, 2004. 24. Michel Kassa, « Ituri : la révolte des humanitaires » in Xavier Zeebroek et alii, Les humanitaires en guerre, op. cit. 14 C’est pourquoi, plutôt que d’espérer systématiquement des interventions à partir de camps fixes, le concept de Bases d’opérations mobiles25 vise à pré-positionner, temporairement et à la demande, un camp de petite dimension dans des zones sensibles et/ou difficiles d’accès. De la taille d’un peloton ou au maximum d’une compagnie, cette force a pour objectif de rassurer la population, de surveiller les groupes armés locaux et de réduire le temps de réaction de la MONUC en cas d’incidents. Ces bases peuvent également accueillir des unités civiles de la MONUC comme celles chargées du désarmement et de la réintégration (DDRRR) ou des droits de l’homme. L’augmentation de la sécurité qui est censée découler de leur présence permet également aux agences de l’ONU et aux organisations humanitaires de mener dans de meilleures conditions leurs activités situées dans la zone. Peut-être victimes de leur succès, les MOB, conçues à l’origine pour une durée de 5 à 7 jours, ont souvent vu leur longévité étendue à plusieurs semaines, voire des mois entiers, ce qui empêche de les multiplier autant que les responsables l’auraient voulu. Depuis lors, le concept de mobilité a été décliné de multiples façons et repris avec un succès variable par la composante civile de la MONUC. Il s’agit essentiellement de : - équipes communes de protection (JPT) - Cellules d’alerte précoce (Community Alert Networks) - Cellules d’enquête conjointes (Joint Prosecution Cells) - Community Liaison Interpreters - Services de liaison et de communication locales avec les villages (Téléphones cellulaires avec numéros d’appel pré-encodés) D. Une efficacité accrue mais fragile L’usage de la force au service de la protection des civils a également généré d’importantes évolutions dans le domaine du renseignement. Absent des opérations de maintien de la paix traditionnelle de la première génération, le renseignement militaire opérationnel est rapidement apparu nécessaire dès 25. Ahmed Maqsood (général, commandant de la brigade Sud-Kivu), « Concept of mobile operating bases (MOBs) in UN peacekeeping operations », MONUC Force Review n°1, janvier 2007, Kinshasa, pp. 12-15. Rapport du GRIP 2011/4 lors que les Casques bleus ont été déployés dans des environnements complexes où ni le cessez-le-feu ni le consentement des parties ne présentaient de garanties suffisantes de sécurité pour les soldats de la paix. S’il fut pratiqué de façon plus ou moins occulte par les pays contributeurs en Bosnie et en Somalie, le renseignement devint un sujet de discussion public lors des débats qui succédèrent aux opérations les plus problématiques de la première moitié de la décennie 1990 (Bosnie, Somalie, Rwanda). à la suite du rapport Brahimi (2000), le Département des opérations de maintien de la paix a été renforcé et réorganisé, notamment de façon à accroître sa capacité de gestion de l’information opérationnelle. Cependant, les conditions particulières du déploiement de la MONUC dans l’est de la RD Congo ont amené un développement inédit des pratiques du renseignement militaire opérationnel dans le cadre d’une mission de l’ONU. L’étendue de la zone à couvrir, l’absence de réseau routier, le relief, la couverture végétale, l’agilité et la connaissance du terrain des groupes armés, la dispersion de la population à protéger constituent en effet un ensemble de facteurs qui empêche toute protection efficace de cette dernière si les militaires en charge de sa protection ne disposent pas d’outils efficaces de renseignement. Tant par ses insuffisances chroniques que lors de ses succès ponctuels, la MONUC a – plus que toute autre mission – exploré la voie étroite et risquée de l’usage de la force. Elle a contribué de façon incomparable, même si ce fut souvent malgré elle, à l’accumulation des expériences politico-militaires liées à la résorption lente d’une mosaïque de mouvements rebelles hostiles aux accords de paix. Même si ce travail est loin d’être terminé, il a déjà inspiré les plus hauts responsables onusiens lors de la rédaction d’un document doctrinal qui sert de cadre de référence depuis 2008 à toutes les missions de paix, fixant leurs principes fondamentaux, leur structure et les meilleures pratiques à suivre pour assurer leur succès : c’est ce qu’on appelle la « Capstone Doctrine »26. Bien que la limitation de l’usage de la force à la légitime défense y figure parmi les principes de base de toute opération, certaines « peuvent utiliser la 26. Pour plus de détails, voir Xavier Zeebroek, « RDC : un premier pas vers une doctrine des opérations robustes ? », Studia Diplomatica, Bruxelles, printemps 2008. la mission des nations unies en rd congo force au niveau tactique, moyennant l’autorisation du Conseil de sécurité, en cas d’auto-défense ou de défense du mandat »27. Ce mandat robuste peut notamment être mis en oeuvre « pour dissuader les tentatives d’entraver un processus politique par la force, pour protéger des civils sous la menace imminente d’une attaque physique et/ou pour aider les autorités nationales à maintenir la loi et l’ordre »28. Outre une série de contraintes de terrain déjà mentionnées dans cet article, l’usage limité de la force ne doit toujours être « calibré, précis proportionnel et approprié » et préparer « le retour à des moyens non violents de persuasion »29 dès que l’effet désiré a été obtenu. Mais au-delà des règles d’engagement, l’exemple de la MONUC nous enseigne aussi que l’efficacité des opérations robustes peut varier considérablement selon le profil des combattants : - Une posture offensive peut être adoptée avec succès lorsqu’il s’agit de petits groupes armés (quelques centaines d’hommes), relativement isolés politiquement et ne bénéficiant pas de ressources importantes. Ils peuvent ainsi être amenés à négocier sous la menace de l’encerclement ou la crainte de subir des pertes importantes. Ce fut principalement le cas en Ituri, cela semble se vérifier également aujourd’hui face aux FDLR très affaiblis depuis deux ans. - Une posture défensive peut aussi se révéler payante contre des mouvements rebelles plus importants (quelques milliers d’hommes), structurés et bénéficiant d’appuis politiques et financiers conséquents. Il s’agira surtout de stopper des offensives majeures et coordonnées afin de protéger des civils contre les massacres et les exactions, principalement dans les villes ou en terrain découvert. Ce fut le cas au Kivu avec le CNDP en 2006 et 2007, et dans une moindre mesure en 2008. En effet, fin 2007 et plus encore fin 2008, les opérations des FARDC – avec un soutien logistique de la MONUC – contre Laurent Nkunda ont illustré les difficultés auxquelles peuvent se heurter 27. Organisation des Nations unies, Département des opérations de paix, Département de l'appui aux missions, « Opérations de maintien de la paix des Nations unies, Principes et orientations », DPKO, “United Nations Peacekeeping Operations Principles and Guidelines”, janvier 2010, p. 20. 28. Idem, p. 37. 29. Idem, p. 38. 15 les opérations robustes lorsqu’elles font face à des rebelles nombreux, motivés et aguerris. Face à une armée congolaise qui manquait encore cruellement de formation et dont les choix tactiques se sont révélés catastrophiques, la MONUC s’est trouvée dans une situation délicate. Apportant son soutien logistique à une offensive militaire gouvernementale que le Conseil de sécurité considérait comme inopportune, il lui était impossible de s’impliquer dans les combats pour empêcher la débâcle des FARDC car aucun des critères qu’elle s’était elle-même fixé n’était respecté : pour une fois, c’étaient les rebelles qui avaient été attaqués, avec des moyens disproportionnés, sans aucune gradation dans l’emploi de la force et surtout, sans aucune négociation préalable ou mesures préventives. Une impasse opérationnelle totale qui a de surcroît permis aux responsables congolais de faire porter une partie des responsabilités de leur échec sur les Casques bleus. On le voit, l’usage de la force dans le cadre des opérations de paix doit toujours être manié avec la plus grande circonspection et le maximum de rigueur, non seulement pour préserver l’éthique du maintien de la paix mais aussi pour assurer son efficacité. Finalement, la gageure reviendra à « trouver l’équilibre qui permette de donner un impact décisif [aux opérations de paix] sans se rendre antipathique, sans qu’on réclame votre départ ou, pire, qu’on l’exige » 30. Sans nul doute, la MONUC a franchi les premiers pas – même hésitants et imparfaits – dans l’application de ce type de mandat sur le terrain. 30. Salman Ahmed, Paul Keating et Ugo Solinas, “Shaping the future UN peace operations: is there a doctrine in the house?", Cambridge Review of International Affairs, Routledge, volume 20, n°1, mars 2007, pp. 11 à 28. 16 III. Acquis et défis en matière d’appui à la gouvernance démocratique et à la consolidation des institutions publiques L’action de la MONUC suivie par la MONUSCO en matière d’appui à la gouvernance démocratique et à la consolidation des institutions publiques en RD Congo a évolué en fonction du processus de pacification du pays. Son mandat illustre une prise en compte progressive des différentes dimensions de la gouvernance démocratique et du renforcement des institutions publiques. Le présent chapitre passe en revue les objectifs, les réalisations et les défis à relever dans les différentes composantes de ces deux thématiques complémentaires. Nous développerons successivement six problématiques, en l’occurrence le DDRRR, le DDR, la réforme de l’armée et de la police, l’appui aux processus électoraux, la protection des droits de l’homme et le renforcement du système judicaire; et enfin les stratégies de lutte contre les violences sexuelles. Il convient par ailleurs de noter que plusieurs acteurs interviennent dans les domaines de la gouvernance et du rétablissement de l’état de droit. Si la MONUC ou la MONUSCO y a joué ou y joue un rôle important c’est souvent en partenariat avec d’autres acteurs, aussi bien des agences de l’ONU comme le PNUD, le HCR, l’UNICEF, des agences multilatérales comme la Banque mondiale et les partenaires bilatéraux de la RDC. Rapport du GRIP 2011/4 étrangers. Conformément à l’Accord de Lusaka de juillet 1999, il visait les combattants rwandais organisés aujourd’hui au sein des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda32), les FNL (Forces nationales de libération) du Burundi et l’ADF/NALU (Forces démocratiques alliées et Armée nationale pour la libération de l’Ouganda). L’accent a été mis sur les combattants hutu rwandais et leurs dépendants parce que non seulement ils étaient les plus nombreux mais aussi leur nuisance était plus importante sur le plan de la sécurité des populations congolaises, de l’environnement et des relations entre la RDC et le Rwanda33. Selon la Cellule DDRRR de la MONUC et de la MONUSCO, le nombre de combattants rapatriés depuis 2002 n’a cessé d’augmenter. Les statistiques disponibles montrent que la plupart des combattants burundais et ougandais sont rentrés dans leur pays entre 2002 et 2006. Face aux réticences d’une grande partie des combattants rwandais et à leur nuisance, il a fallu recourir aux pressions diplomatiques (les FDLR ont été mises sur la liste des groupes terroristes par les étatsUnis) et militaires (opérations « Umoja wetu » en janvier-février 2009, suivie par « Kimia II » et plus récemment par l’opération « Amani leo »). D’où une augmentation du nombre de candidats au désarmement volontaire et au retour au Rwanda de ces combattants. Par exemple, en 2009, 1.500 ex-combattants FDLR ont été rapatriés au Rwanda de même qu’en 2010, soit 3.000 en deux ans. A. Objectifs, réalisations et défis en matière de DDRRR31 La MONUC a reçu le mandat en matière de désarmement, démobilisation, rapatriement, réinstallation et réinsertion (DDRRR) des groupes armés étrangers 15 juin 2001 avec le vote de la résolution 1355 par le Conseil de sécurité de l’ONU. Soin rôle dans ce domaine a été chaque fois rappelé dans les résolutions ultérieures. Ainsi la Monuc a mis en œuvre le programme DDRRR dès 2002 en collaboration avec les programmes de réintégration des pays d’origine des combattants 31. Désarmement, démobilisation, rapatriement, réinsertion et réintégration. 32. Avant la création de cette structure, on parlait d'anciennes Forces armées rwandaises (FAR) et des miliciens interahamwe, principaux auteurs du génocide de 1994, arrivés en RDC en juillet-août 1994. 33. Lire sur le sujet Hans Romkema, Opportunités et contraintes relatives au désarmement et au rapatriement des groupes armés étrangers en RD Congo. Cas des FDLR, FNL, et ADF/NALU, Programme MDRP, Banque mondiale. juin 2007 ; Ibidem, Hans Romkema, Le bout du tunnel ? Opportunités de désarmement et de rapatriement des FDLR en RDC. Note d'Information. MDRP, août 2009. 17 la mission des nations unies en rd congo Tableau 2 : Bilan du programme DDRRR entre 2002 et mars 2011 Combattants rapatriés par nationalité Rwandais Ougandais Burundais 2002 - 2006 2007 mars 2011 Total 4.446 5.370 9.816 410 145 555 3.656 116 3.772 8.541 5.631 14.1721 Autres Total 29 1. à la date du 24 mars 2009, 11.140 combattants étrangers en RDC avaient été rapatriés dans le cadre du programme DDRRR. Les opérations de DDRRR se concentraient alors sur le principal groupe de combattants étrangers encore en RDC, en l'occurrence les FDLR, qui étaient estimés entre 5000 et 6000. Cf. Conseil de sécurité de l'ONU, 27e rapport du Secrétaire général sur la MONUC. 27 mars 2009, S/2009/160, p.11. Le programme DDRRR a atteint des résultats significatifs grâce à l’action conjuguée de la MONUC/MONUSCO, de la Banque mondiale à travers le programme MDRP, du Gouvernement congolais, des pays d’origine des combattants et de différentes agences de l’ONU. Les statistiques présentées ci-dessus ne tiennent pas compte des dépendants de ces combattants ni des réfugiés, notamment rwandais, qui sont rentrés dans leur pays soit par le HCR ou pour leurs propres moyens. Toutefois la problématique des combattants rwandais en RDC reste d’actualité. Selon différentes sources, il y aurait encore 2.500 à 3.000 combattants actifs même si leur structure de commandement n’a plus le contrôle sur ses membres. La question des combattants ougandais de la LRA est également préoccupante parce qu’ils continuent à attaquer les populations civiles, à les tuer et à piller leurs biens dans le nord-est du pays. Ces derniers sont très mobiles et jouent sur la porosité des frontières entre la RDC, l’Ouganda, la Centrafrique et le Sud-Soudan. ment congolais et des donateurs multilatéraux en la matière. Le DDR était un enjeu important de la consolidation de la paix et de la stabilité dans un pays qui venait de vivre deux guerres entre 1996 et 2002 avec la participation d’une multitude de forces et groupes armés. L’Accord global et inclusif du 17 décembre 2002 constitue le cadre consensuel pour les actions de DDR axées sur les forces armées et les combattants congolais. Le PNDDR35 a été élaboré sur base d’une estimation de 330.000 combattants de différentes forces, mouvements et groupes à désarmer. Parmi ces derniers, 150.000 étaient censés intégrer la nouvelle armée nationale intégrée, les FARDC, alors que 180.000 (soit 150.000 combattants et 30.000 enfants associés aux forces et groupes armés) devaient être démobilisés et réinsérés dans la vie civile.36 Il est apparu plus tard que les statistiques avaient été gonflées par les protagonistes pour des raisons politiques et pécuniaires. Dès le début, la MONUC, le PNUD, la Banque mondiale à travers le programme multi-pays de démobilisation et réintégration (MDRP) ont apporté des appuis techniques et financiers au gouvernement congolais dans différents programmes de DDR. Entre 2003 et 2006, le PNDDR a été géré par la CONADER (Commission nationale de démobilisation et de réintégration). Après sa dissolution en juillet 2006 pour cause de mauvaise gestion, elle a été remplacée par une Unité de gestion des programmes DDR. Le tableau ci-dessous met en évidence les actions DDR réalisés et les résultats atteints. Il conviendra de noter que les statistiques présentées ont été élaborées sur base d’une comparaison de plusieurs sources, parfois non concordantes. En effet, certains projets ne portent pas les mêmes intitulés selon les auteurs ou n’indiquent pas les mêmes dates. Néanmoins les tendances globales sont pertinentes. B. Objectifs, réalisations et défis en matière de DDR34 La MONUC a reçu un mandat en matière de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) des groupes armés congolais le 28 juillet 2003 avec la résolution 1493. Toutefois, il s’agissait essentiellement d’appuyer les efforts du gouverne34. Désarmement, démobilisation et réintégration. 35. Programme national de Désarmement, démobilisation et réinsertion. 36. CONADER, Rapport mensuel, mars 2006. 18 Rapport du GRIP 2011/4 Tableau 3 : Résultats des programmes de DDR entre 2003 et 2010 Actions 1. Le Désarmement volontaire et spontané (Maniema, Nord et Sud Kivu) 2. Le Désarmement et la réinsertion communautaire (DRC) en Ituri : 1e phase (2004- 2005) et 2e phase en 2007 3.Programme national DDR : 1e phase (2004 - 2006) & 2e phase (2008 - 2010)3 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Total 535 5351 15.941 dont 4.522 enfants 2 17.806 1.865 - Désarmement 186.0004 10.000 196.000 - Démobilisation 132.000 dont 30.000 enfants 5.000 137.000 102.013 40.000 142.013 23.780 77.780 4.3296 4.329 - Réinsertion - Réintégration 4. Le DDR du programme Amani (2008-2009) 5. Le DDR des groupes résiduels (avril 2010)7 54.000 5 4.0008 4.000 1. PNUD, évolution du processus de DDR en RDC, juin 2005, paragraphe 13. 2. PNUD/MRR-COMREC, Plan opérationnel pour le désarmement et la réinsertion communautaire en Ituri, mars 2006, p. 7. 3. Lancée le 23 avril 2009 par le ministre de la Défense, la 2e phase du PNDDR est axée sur les 97.600 combattants restants (78.000 des FARDC et 19.600 éléments des groupes armés) qui n’avaient pu être complètement démobilisés et réinsérés durant la 1e phase. Les 10 mille membres de la Garde républicaine n’étaient pas concernés. En outre, le ministère de la Défense a informé la Banque mondiale, le 9 juin 2009, que ce PNDDR ne serait pas exécuté dans le Nord Kivu, le Sud Kivu et dans l’Ituri. Cf. 28e Rapport du SG sur la MONUC. S/2009/335, 30 juin 2009, p. 12. 4. Sur les 186.000 combattants désarmés, 50.000 décidèrent de rester dans l’armée. Des coûts imprévus, des budgets sous-estimés et une mauvaise gestion laissèrent 40.000 ex-combattants sans leur paquet de réintégration. Cf. Banque mondiale, DDR en RD du Congo. Mise à jour. Septembre 2009, p.3. 5. Fiche d’information MDRP. Tableau 2: Performance du MDRP au 29 février 2008. Ce chiffre correspond aux démobilisés moins les enfants. 6. Conseil de sécurité de l’ONU, 29e rapport du SG sur la MONUC. 18/09/2009, S/2009/472, p.11, par.49. Cette activité a été réalisée dans le cadre du programme de stabilisation et de reconstruction des zones de l’est de la RDC sortant des conflits armés lancé par le gouvernement et soutenu par l’ONU et plusieurs donateurs qui ont rassemblés plus de 135 millions de dollars pour la Stratégie d’appui de l’ONU à la sécurité et à la stabilisation. 7. Le 24 juin 2010, un nouveau programme DDR a été autorisé par le ministre de la Défense pour faire face au problème de combattants congolais restants, dont 4.000 actifs dans les Kivu et le Maniema. Cf. Conseil de sécurité, Rapport du SG sur la MONUSCO, 8 octobre 2010. S/2010/512, p.13. 8. Les 4.000 correspondent aux prévisions, parce que certains chiffres des résultats ne sont pas disponibles. La 1e phase du programme DDR (2004-2006) a été financée à hauteur de 200 millions USD par un fonds fiduciaire à bailleurs multiples et la Banque mondiale à travers le programme MDRP. La 2e phase du programme DDR (2008 – 2010) a bénéficié d’un fonds de 75 millions USD mis à disposition par la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD). Celle-ci devait traiter 70.000 membres des FARDC et 19.000 miliciens supplémentaires, ainsi que 40.000 non réintégrés au cours de la 1e phase. Cependant, la reprise des combats à l’est en 2008, l’intégration accélérée qui a suivi l’accord de paix de mars 2009 entre le CNDP et le gouvernement ainsi que l’exclusion de la garde présidentielle du processus DDR ont eu pour effet une baisse très importante des effectifs à démobiliser par rapport aux prévisions initiales : de 70.000 anciens combattants prévus à 10.000, dont seulement 5.000 hommes à démobiliser. Les prévisions pour la réintégration ont également été touchées : si les 40.000 ex-combattants laissés pour compte par la 1ère phase ont été réintégrés, les 19.000 miliciens n’étaient plus à l’ordre du jour. Globalement, entre 2004 et 2010, les deux phases du PNDDR ont permis une réintégration socio-économique de 77.780 anciens combattants. dans différents secteurs tels que l’agriculture, la pêche, la couture et la menuiserie. Cela correspond à 54.000 anciens combattants de la 1e phase et 23.780 des 40.000 anciens combattants de la seconde phase.37 Les difficultés rencontrées par les programmes DDR congolais sont liées notamment à la persistance de divers conflits après la signature 37. Banque mondiale, ibidem, p. 5-6. 19 la mission des nations unies en rd congo de l’Accord de paix global en 2002, à la multiplication des intervenants, aux faiblesses de l’état congolais, et à la diversité de forces et groupes armés concernés ainsi qu’à la mauvaise gestion des fonds destinés à ces projets. Pour ces différentes raisons, les actions n’ont pas été menées toujours jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la réinsertion des anciens combattants. Par ailleurs, la multiplication des projets et l’absence de données concordantes entre différentes sources précises sur les réalisations du DDR ne permet pas une évaluation précise des acquis et des défis encore à relever. (RSS) comme un des trois objectifs prioritaires de la transition politique, à côté de la mise en place d’un nouveau cadre légal et institutionnel et de l’organisation des élections. Cette RSS consiste à former et à intégrer les groupes rebelles dans une nouvelle armée nationale (les FARDC) et une police nationale sur base du brassage des ex-belligérants signataires de cet Accord de paix.38. Dans la pratique, le gouvernement de transition (2003-2006) a mis l’accent sur la réforme de l’armée et de la police, contrairement à l’approche plus holistique proposée par le Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE39. Deux périodes ont marqué ce processus : d’une part, la C. Bilan et défis en matière de réforme de l’armée et de la police 38. Pamphile Sebahara, La réforme du secteur de la sécurité en RD Congo, Note d’Analyse du GRIP, 13 mars 2006. 39. Organisation pour la coopération et le développement économique. L’Accord global et inclusif signé le 17 décembre 2002 a identifié la réforme du secteur de la sécurité Tableau 4 : Bilan en matière de réforme de l’armée (2004 -2010) 2004 2005 2006 Mise en place d’un cadre juridique et des structures de mise en œuvre. 6 brigades brassées et formées 8 brigades brassées et formées 2007 2008 4 brigades brassées et formées. Formation de base de 10 bataillons intégrés Présentation du Plan directeur de réforme de l’armée (25-26/2/08). 11 brigades (soit 23.100 soldats) formées1. 2009 Approbation du Plan de réforme de l’armée2. Intégration accélérée de 12.074 éléments du CNDP et autres groupes dans les FARDC3. 891 officiers FARDC formés par la MONUC sur les procédures judiciaires relatives à la violence sexuelle4 Formation de 600 agents de la police militaire et des commandants des FARDC en matière d’état de droit 5 400 officiers FARDC formés sur l’Etat de droit et la justice militaire6. Mission de l’UE (EUSEC – RDC) d’appui à la RSS. Signature d’un accord entre AFRICOM et la RDC (juin 2009) pour un appui à la mise en place d’une Force de réaction rapide. 1. à partir du 2 juillet 2007, la MONUC a commencé une formation sur le respect des droits de l'homme, le droit humanitaire international, la protection des enfants et la prévention des violences contre les femmes pour 11 brigades. Elle a aussi initié une formation sur la justice militaire. Cf. Bulletin de la MONUC, n°169 du 17 juillet 2007, p.4. 2. Conseil de sécurité, 28e rapport du SG sur la MONUC. 30 juin 2009, S/2009/335, p.13, par.55. Il avait été publié par le ministère de la Défense le 4 février 2009. 3. L'intégration accélérée du CNDP et d'autres groupes congolais armés dans les FARDC a commencé le 26 janvier et a pris fin officiellement le 18 avril 2009. Elle a permis d'intégrer 12.074 éléments parmi lesquels 5.800 du CNDP, environ 5.000 de la PARECO (Coalition de patriotes résistants congolais) et 665 des Maï Maï. Ces groupes armés ont en outre signé un Accord de paix avec le gouvernement congolais le 23 mars 2009 au Nord Kivu. Ce processus s'inscrit dans le cadre du rapprochement entre la RDC et le Rwanda à la fin de 2008 et surtout au début de 2009. En effet, une opération conjointe « Umoja Wetu » (Notre Unité) entre les FARDC et les Forces rwandaises de Défense a eu lieu du 20 janvier au 25 février 2009 et avait pour but de démanteler les groupes armés, notamment les FDLR. Elle a permis le retour, sous les auspices de la MONUC et du HCR, de plus de 6.000 rwandais de la RDC, parmi lesquels 1.476 combattants des FDLR et leurs dépendants. Cf. Conseil de sécurité de l'ONU, 28e rapport du SG sur la MONUC. 30/06/2009, S/2009/335, p. 3, par. 8 ; et Ibidem, 27e rapport du SG sur la MONUC. 27/03/2009, S/2009/160, p.2, par.5. 4. Conseil de sécurité de l'ONU, 30e rapport du SG sur la MONUC. 4 décembre 2009, S/2009/623, p.17, par.71. Selon le Rapport du SG sur la MONUC du 18 septembre 2009, les FARDC ont accepté de confier à la MONUC la formation militaire de certaines de leurs unités, entre septembre 2009 et à la fin 2010. Dans ce cadre, 15 brigades FARDC allaient bénéficier d'un programme élargi de formation délivré par la MONUC. Les 891 FARDC constituent les premiers résultats de cette formation. 5. Conseil de sécurité de l'ONU, 28e rapport du SG sur la MONUC. 30/06/2009, S/2009/335, p.14, par.61. Il s'agissait d'un programme de formation de 5 jours portant sur la justice militaire, le droit pénal international et le droit international relatif aux droits de l'homme, ainsi que sur les questions relatives à la responsabilité du supérieur hiérarchique et aux violences sexuelles. Financé par les Pays-Bas et réalisé par la MONUC, il a été mis en oeuvre dans toutes les provinces du pays. 6. Conseil de sécurité de l'ONU, 28e rapport du SG sur la MONUC. 30/06/2009, S/2009/335, p.14, par.61. Ce programme de formation a été organisé par la MONUC en collaboration avec les états-Unis dans le cadre de l'appui au renforcement de l'état de droit. 20 transition politique de 2003 à 2006, et d’autre part, la 3e République (2007-2011). Dans les deux cas, la MONUC/MONUSCO a joué un rôle important dans ce domaine. 1. Bilan de la réforme de l’armée Entre 2003 et 2006, un cadre juridique et réglementaire de la RSS a été mis en place, ainsi que les structures de mise en œuvre, à savoir la Structure militaire d’intégration et la CONADER. En mai 2005, un plan stratégique de réforme de l’armée a été mis en place avec l’objectif de former 18 brigades issues du brassage des soldats et des anciens combattants des différents protagonistes, pour 2006. Finalement, à la veille des élections générales de 2006, quatorze brigades ont été formées et brassées grâce à l’appui de la MONUC, de l’UE, et des partenaires bilatéraux. à partir de 2007, la MONUC a renforcé son appui conformément à l’évolution de son mandat. Les principaux acquis sont le brassage de 4 brigades supplémentaires en 2007-2008, le début de la formation des Forces de réaction rapide, l’organisation de la table ronde sur la RSS en février 2008, et la finalisation du Plan de réforme de l’armée en 2009. Malgré les multiples initiatives prises, l’armée de la RDC fait toujours face à de nombreux défis. Les 18 brigades brassées et intégrées n’ont été formées que pendant 45 jours en moyenne, ce qui est très peu pour mettre en place une armée professionnelle. En outre, une grande partie des 152.000 militaires officiellement recensés40 comme faisant partie des FARDC n’ont pas bénéficié de formation. La plupart des brigades souffrent d’un manque d’équipement, de discipline, et pour certaines d’entre elles, les soldes ne sont pas payées régulièrement. En outre, la forte concurrence entre les donateurs bilatéraux et les institutions internationales a un impact négatif sur les résultats du processus41. C’est pourquoi une amélioration des approches d’appui à ce processus est urgente pour faire face aux défis de la consolidation de la paix et des institutions publiques. 40. Des sources proches du dossier évaluent toutefois le nombre réel vraisemblable à 115.000 hommes, les autres étant soit décédés, soit enregistrés plusieurs fois ou n'étant pas des militaires. 41. Voir Sébastien Melmot, Candide au Congo. L'échec annoncé de la réforme du secteur de la sécurité, Focus stratégique n°9, IFRI, septembre 2008, 28 pages. Rapport du GRIP 2011/4 2. Bilan de la réforme de la Police Même si la réforme de la Police fait partie intégrante de la RSS, elle n’a pas reçu une grande attention par rapport aux initiatives prises en matière d’intégration de l’armée. Toutefois, la MONUC y joue aussi un rôle central à travers l’action de ses 750 policiers. Elle a appuyé le gouvernement congolais dans l’élaboration, dès 2005, d’un Plan national de formation de la police et sa mise en œuvre. Divers projets de renforcement des capacités de la police ont été réalisés ou sont en cours. Quelques exemples : - Au cours de la période de transition, (2003 et 2006), 53.000 policiers ont reçu une formation de base pour assurer la sécurité des élections. La MONUC a supervisé en outre la fourniture à quelque 32.000 policiers de matériels de base42. - En 2005, la MONUC s’est accordée avec le gouvernement pour mettre en place un Comité de planification de la réforme à long terme de la police. - En 2008 : formation de 2.600 éléments de la Police nationale congolaise par la MONUC en vue de leur déploiement à l’Est. En 2009 et 2010, les activités de la MONUC en faveur de la police ont concerné, entre autres : - La formation de 400 policiers en Ituri et l’appui à la création d’unités spécialisées dans la répression des violences sexuelles et sexistes au sein de la Police nationale congolaise pour toutes les provinces du pays 43 ; - La formation de 6.200 policiers de Kinshasa, Bas-Kongo, Nord-Kivu et Province Orientale par la MONUC et le PNUD (entre oct. 2009 et mars 2010) et 100 autres formés pour assurer les escortes humanitaires44 ; - Le lancement d’un recyclage pour 1.500 agents de la Police d’intervention rapide à déployer au Nord-Kivu, Sud-Kivu et au Haut-Uélé45 ; - La formation, à partir de juin 2009, de 75.000 42. Rapport du SG du 20 mars 2007, p. 9. 43. Conseil de sécurité, 30e rapport du SG sur la MONUC. 4 décembre 2009, S/2009/623, p.17, par.71. 44. Conseil de sécurité, 30e rapport du SG sur la MONUC. 4 décembre 2009, S/2009/623, p.18, par. 81. Ce programme de formation prévoit aussi la réfection de centres de formation dans ces localités. 45. Conseil de sécurité de l'ONU, 28e rapport du SG sur la MONUC. 30 juin 2009, S/2009/335, p. 11, par. 46. 21 la mission des nations unies en rd congo policiers chargés de sécuriser le processus électoral ; - La formation par la MONUC de 2.067 policiers issus du CNDP, de la PARECO et des Maï Maï46 ; - La formation par la MONUC de 8.625 policiers47 ; - La formation par le PNUD de 709 policiers et 210 membres de la police judiciaires en Ituri. Ces projets sont l’œuvre des partenariats entre la MONUC ou la MONUSCO, le gouvernement congolais et les donateurs bilatéraux (par ex. le Japon). Toutefois l’absence de données statistiques sur les effectifs de la Police et les bénéficiaires de ces formations ne permettent pas d’évaluer l’impact des initiatives réalisées. L’absence d’un plan global et cohérent de réforme et de renforcement des capacités de la police congolaise constitue une grande lacune. Malgré les initiatives prises, elle demeure faible, peu professionnelle et sous équipée. En outre, elle constitue dans certaines régions, une source d’insécurité pour les populations alors qu’elle est censée les sécuriser. D. Objectifs, réalisations et défis en matière d’appui aux processus électoraux L’organisation des élections générales pour mettre en place des institutions légitimes et démocratiques était l’une des priorités assignées au gouvernement de transition en juillet 2003. Malgré un environnement politique et économique peu favorable (un pays ruiné par plus de 35 ans de mobutisme, des services publics délabrés, une corruption généralisée et un pays divisé et contrôlé par les rébellions et des chefs de milices armées), le gouvernement d’union nationale pu relever le défi d’organiser des élections présidentielles, législatives et provinciales dans un délais de trois ans. L’appui de la MONUC dans ce processus fut considérable. Elle a collaboré et appuyé la Commission électorale indépendante (CEI) sur les plans matériels, logistiques, financiers et sécuritaires. On peut dire que la réussite des élections générales de 2006 est un des principaux succès de la MONUC. 46. Conseil de sécurité, 28e rapport du SG sur la MONUC. op.cit., p. 14, par. 60. 47. Rapport du SG sur la MONUC, 30 mars 2010, p. 13. En effet, la bonne tenue du référendum constitutionnel des 18-19 décembre 2005, du 1er tour de l’élection présidentielle et des législatives du 30 juillet 2006, et du second tour de la présidentielle et des élections provinciales du 29 novembre 2006 doit beaucoup à l’action de la MONUC qui a su appuyer efficacement les autorités congolaises de transition dans tous les domaines. Même si des problèmes n’ont pas manqué, la satisfaction des observateurs électoraux congolais et internationaux et la reconnaissance du verdict des urnes par tous les protagonistes illustre les capacités des institutions congolaises, avec l’appui des partenaires extérieurs, à s’accorder sur les voies et moyens de redresser le pays. à côté de la MONUC, d’autres partenaires de la RDC, notamment le PNUD, l’Union européenne et les partenaires bilatéraux tels que la Belgique et l’Afrique du Sud ont joué un rôle clé dans la réussite des élections. Toutefois, le gouvernement congolais n’a pas profité de cette dynamique pour organiser des élections locales qui étaient prévues avant la fin de la législature. Si le Premier ministre Gizenga avait sollicité, le 1er mars 2007, l’assistance technique et logistique de l’ONU ainsi que son aide pour mobiliser des ressources pour la préparation et l’organisation des élections locales, les préparatifs n’ont jamais réellement démarrés. Les élections générales auront à nouveau lieu en principe à la fin de l’année 2011 et au début de 2012. Le défi de la RDC réside maintenant dans la préparation et la conduite de ces élections générales. La Division électorale de la MONUSCO collabore déjà avec la CENI dans les préparatifs, notamment la révision des listes électorales dans différentes provinces. Même si le gouvernement s’est engagé à prendre en charge une grande partie du coût des élections, les défis financiers, matériels, logistiques et sécuritaires restent considérables compte tenu de la taille du pays, de l’état des infrastructures et de la persistance de l’insécurité dans certaines zones de l’est du pays. E. Bilan des actions de protection des droits de l’homme et renforcement du système judiciaire La Division des droits de l’homme de la MONUC est, avec 110 agents48, l’une des plus importantes 48. Chiffres de 2006. 22 Rapport du GRIP 2011/4 Tableau 5 : Violations des droits de l’homme entre 2008 et 2010 Type de violations 2008 2009 Enlèvements, pillages, destructions de biens, attaques des humanitaires Destruction de 200 édifices au Bas-Congo2. 125 attaques contre les humanitaires au Nord Kivu et 25 au Sud Kivu3. 64 attaques contre les civils au Nord Kivu4. 250 maisons incendiées par les FDLR à Lubero (Nord Kivu)5. Enrôlement des enfants dans les forces ou groupes armés Poursuite enrôlement d’enfants au Nord Kivu. 848 enfants dont 52 jeunes filles8. Assassinat et violation des droits de l’homme 27 personnes auraient été tuées en avril au Nord Kivu9. 1.250 civils tués par la LRA de septembre 2008 à septembre 200910. 45 éléments FARDC jugés par la justice militaire pour violations des droits de l’homme11. 125 civils tués et 50 blessés au cours de l’opération Kimia II contre les FDLR entre mars et juin 2009 au Nord Kivu12. 23 cas d’assassinat d’enfants et 12 de mutilation13. 2010 923 maisons et 42 boutiques pillées et 116 civils enlevés6. 120 attaques contre des humanitaires7. . Les données présentées dans le tableau n'ont pas la prétention d'exhaustivité. Ce sont des exemples pour rendre compte de l'ampleur de la problématique. 2. Conseil de sécurité, 26e rapport du SG sur la MONUC. 3 juillet 2008, S/2008/433, p.16. 3. Conseil de sécurité, 30e rapport du SG sur la MONUC. 4 décembre 2009, S/2009/623, p.9-10. 4. Conseil de sécurité, 28e rapport du SG sur la MONUC. 30/06/2009, S/2009/335, p.9. 5. Conseil de sécurité, 28e rapport du SG sur la MONUC. 30 juin 2009, S/2009/335, p.2, par.5. 6. Rapport du SG sur la MONUSCO, 17 janvier 2011, S/2011/20, p.11, par.48. Cf. aussi MONUSCO, Rapport préliminaire de la mission d'enquête du BCNUDH sur les viols massifs et autres violations des droits de l'homme commis par une coalition de groupes armés sur l'axe Kibua-Mpofi, en territoire de Walikale, province du Nord-Kivu, du 30 juillet au 2 août 2010. 24 septembre 2010, p.10. 7. Rapport du SG sur la MONUSCO, 8 octobre 2010, S/2010, S/2010/512, p. 7. 8. Conseil de sécurité, 31e rapport du SG sur la MONUC. 30 mars 2010, S/2010/164, p. 18, par. 72. 9. Conseil de sécurité, 26e rapport du SG sur la MONUC. 3 juillet 2008, S/2008/433, p. 16. Les statistiques sur les violations des droits de l'homme, notamment les tueries, doivent être prises avec précaution car certains cas signalés sont rapportés au conditionnel. 10. ONU, Rapport de la Haut-commissaire des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme et les activités du Haut-Commissariat en RDC. 28 janvier 2010. A/HRC/13/64, p.4. 11. Conseil de sécurité de l'ONU, 29e rapport du SG sur la MONUC. 18/09/ 2009, S/2009/472, p. 8, par. 35. Ces jugements et d'autres qui les ont suivis s'inscrivent dans le contexte de la déclaration du Président Kabila du 5 juillet 2009, selon laquelle il « imposerait aux FARDC une politique de « tolérance zéro » face aux cas d'indiscipline et de violations des droits de l'homme, notamment les violences sexuelles et sexistes. 12. Conseil de sécurité de l'ONU, 28e rapport du SG sur la MONUC. 30 juin 2009, S/2009/335, p. 2, par. 5. L'opération Kimia II a été lancée par les FARDC avec l'aide de la MONUC le 2 mars 2009 contre les FDLR au Nord et au Sud Kivu. Il s'agissait de maintenir sous le contrôle des FARDC les zones où les FDLR avaient été délogées par l'opération militaire conjointe « Umoja Wetu » entre les armées congolaises et rwandaises, du 20 janvier au 25 février 2009. Notons qu'un Accord de paix a été signé le 23 mars 2009 entre le gouvernement de la RDC et les groupés armés basés dans les Kivu. Il prévoyait notamment une loi d'amnistie (votée par le Parlement de la RDC le 6 mai 2009) et l'intégration accélérée des combattants de différents mouvements (CNDP et d'autres groupes congolais) dans les FARDC sans oublier leur transformation en partis politiques. Cette intégration accélérée a eu lieu officiellement du 26 janvier au 18 avril 2009. 13. Conseil de sécurité de l'ONU, 31e rapport du SG sur la MONUC. 30 mars 2010, S/2010/164, p. 18, par. 72. unités civiles de la mission. Elle recense les cas de violation et publie des rapports réguliers sur la situation des droits de l’homme par région. Elle publie non seulement des rapports annuels ou semestriels mais aussi des rapports spéciaux. Toutefois, son activité ne s’arrête pas là car elle agit également à trois niveaux : elle interpelle le gouvernement ou les groupes armés sur des éléments qui se seraient rendus coupables de violations ; elle prend le cas échéant des mesures de protection en faveur de certaines victimes si elles sont menacées de mauvais traitement ; elle stimule la lutte contre l’impunité en poussant la justice congolaise à arrêter et à juger ceux qui ont commis des violations. Cette section de la MONUC est devenue celle qui entretient le plus de contacts directs avec la population, parfois dans des villages très retirés. Rien qu’à ce titre, elle est fort appréciée. Bien sûr, il est probable que son action, aussi déterminée soit-elle, n’a pas eu d’impact significatif sur le nombre de violations des droits de l’homme dans le pays. Toutefois, c’est plutôt par l’accumulation des cas individuels traités qu’elle a acquis une 23 la mission des nations unies en rd congo notoriété indiscutable, en particulier dans l’est du pays. En outre, plusieurs chefs de guerre ont été capturés – en particulier dans la région de l’Ituri – et transférés à la Cour pénale internationale (CPI). Ce fut par exemple le cas de Thomas Lubanga, chef de l’Union des patriotes congolais (UPC), de Uzele Ubeme et de Mathieu Ngudjolo, tous deux anciens commandants de la milice du Front des nationalistes et intégrationnistes (FNI) ou de Germain Katanga (chef des Forces de résistance patriotique en Ituri FRPI, connu sous le nom de Simba). Ces évolutions sont de bonne augure mais restent des cas isolés. L’intégration de la mission a, selon les responsables eux-mêmes, contribué à améliorer leurs résultats grâce principalement à quatre éléments : l’accès facile et régulier aux moyens logistiques de la mission, y compris sa composante militaire qui transporte et protège les agents civils lors de certaines missions d’évaluation ; le recoupement de l’information donnée par les victimes et les témoins avec celle dont disposent d’autres branches de la MONUC49 comme les observateurs militaires, les policiers de l’ONU, JMAC50 ou même par OCHA ; 49. Dans chaque région de l'est de la RDC, une réunion de coordination générale – la Joint Operation Cell (JOC) – est organisée tous les matins et regroupe les principaux commandants des Casques bleus et toutes les unités civiles de la MONUC ainsi que certains opérateurs extérieurs si nécessaire. 50. Joint Mission Analysis Center : une unité multidisciplinaire rattachée au SRSG et chargée d'évaluer les risques sur le l’aide directe des Casques bleus, soit par la sécurisation d’une zone où des exactions sont commises (par exemple avec les MOB), soit par l’extraction et la protection d’une personne ou d’un groupe menacé de mauvais traitement ; la prise en charge des interpellations politiques au plus haut niveau par le Représentant spécial ou ses adjoints peut avoir des répercussions appréciables sur le terrain. Par ailleurs, l’action de la MONUC en matière de droits de l’homme est loin de satisfaire entièrement les Congolais qui subissent dans leur chair (et dans leur portefeuille) les exactions quotidiennes des rebelles mais aussi, de plus en plus souvent, des soldats de la nouvelle armée nationale. Car c’est devenu un cruel paradoxe en RDC : en totalisant 60% des violations des droits de l’homme, les FARDC incarnent, selon les derniers rapports de l’ONU, la plus grande menace sur la population civile. Pour tous ceux et celles-là – les femmes violées et mutilées en premier lieu –, le besoin de protection va au-delà des interventions ponctuelles de la MONUC. Chaque criminel, chaque agresseur devrait être poursuivi et puni sans relâche. Même si l’action de la MONUC/MONUSCO dans ce domaine est appréciée par les populations, l’ampleur des violations des droits de l’homme n’a cessé de s’amplifier au cours des dernières années. Les violations signalées ou relevées en 2009 et 2010 en témoignent. terrain pour l'ensemble du personnel de la mission. Tableau 6 : Premières évaluations des viols et violences sexuelles (2008-2010) 2008 2009 2010 6.693 cas de violences sexuelles signalées au cours du 1er semestre 2008, dont 3.209 viols commis dans les deux Kivu et en Ituri.1 1.100 viols signalés par mois2 de décembre 2008 à mars 2009. 15.297 cas de violences sexuelles recensés par le FNUAP en 20093. 20 militaires FARDC condamnés pour viol comme crime contre l’humanité le 24 avril 2009(Goma)4. 303 civils victimes de viols du 30 juillet au 2 août 2010 à Walikale5. 260 viols au Kivu (août). 2.000 cas de viols en octobre et novembre 20106. 1. Conseil de sécurité de l’ONU, 4e rapport spécial du SG sur la MONUC. 21 novembre 2008, S/2008/728, p. 9. 2. 27e Rapport du SG sur la MONUC, 27 mars 2009, S/2009/160, p. 15. 3. Conseil de sécurité de l’ONU, 31e rapport du SG sur la MONUC. 30 mars 2010, S/2010/164, p. 18, par. 73. Pour le seul mois de décembre 2009, 286 incidents ont été signalés au Nord Kivu et 360 autres au Sud Kivu. Peu de cas sont signalés à la justice. 4. Conseil de sécurité de l’ONU, 28e rapport du SG sur la MONUC. 30/06/2009, S/2009/335, p. 10, par. 42. 5. MONUSCO, Rapport préliminaire de la mission d’enquête du BCNUDH sur les viols massifs et autres violations des droits de l’homme commis par une coalition de groupes armés sur l’axe Kibua-Mpofi, en territoire de Walikale, province du Nord-Kivu, du 30 juillet au 2 août 2010. 24 septembre 2010, p. 9. 6. Rapport du SG sur la MONUSCO, 17 janvier 2011, S/2011/20, p. 12, par. 51. 24 Enfin, des membres de la MONUC elle-même se sont à plusieurs reprises rendus coupables de violation des droits humains et de non-respect de leur code de conduite en matière sexuelle ou d’activités illégales. Dans le cadre d’enquêtes menées par le Bureau des services de contrôle interne de l’ONU (BSCI-OIOS), pas moins de 296 dossiers d’abus sexuels sur mineurs ont été ouverts concernant la période 2004-2006 et 140 cas avérés ont été recensés, essentiellement parmi les Casques bleus51. Quelque 169 personnes ont été licenciées ou renvoyées dans leur pays. Seules quelques dizaines ont été poursuivies par leurs autorités nationales. Après ce scandale, un mot d’ordre de tolérance zéro a été lancé par les responsables de la MONUC, de même qu’un renforcement du code de conduite de l’ONU sans toutefois que les résultats positifs puissent être mesurés à ce jour. D’autres accusations ont été portées contre des Casques bleus, notamment en matière de trafic d’armes contre des matières premières (or et diamants) ou d’intelligence avec des mouvements rebelles. Des enquêtes internes ont également été menées mais l’ancienneté des faits ne semble pas avoir permis de conclure52. à côté de l’action en matière de protection des droits de l’homme, la MONUC joue un rôle non négligeable dans l’appui au gouvernement congolais dans le domaine de la justice et de la lutte contre l’impunité. Des formations sont organisées à l’attention des agents du ministère de la Justice et des programmes de rénovation ou de construction des infrastructures judiciaires sont réalisées. Plusieurs partenaires bilatéraux et le PNUD interviennent également dans le domaine. Cependant, face à l’ampleur des besoins, des initiatives ponctuelles et parfois concurrentes des partenaires extérieurs ne permettent pas de répondre aux besoins les plus urgents. Le secteur de la justice manque de capacités opérationnelles et l’impunité reste préoccupante. Autrement dit, le défi réside dans les capacités de la MONUSCO et des partenaires de la RDC à appuyer le Gouvernement dans l’élaboration d’un programme ambitieux de réhabilitation de la justice et dans sa mise en œuvre. Celle-ci doit s’inscrire, 51. « Problem of sexual abuse by peacekeepers now openly recognized », DPI, Conseil de sécurité SC/8649, 23 février 2006. 52. Marie-France Cros, « Les Casques bleus aidaient les FDLR », La Libre Belgique, 18 juillet 2007. Rapport du GRIP 2011/4 pour réussir, dans une perspective holistique de la réforme du secteur de sécurité. F. état des lieux et stratégies de lutte contre les violences sexuelles La question des violences sexuelles et des viols massifs est devenue un fléau en RDC au cours des trois dernières années, en particulier dans les provinces du Nord et du Sud Kivu et la Province Orientale. Ces violences sont non seulement l'oeuvre des groupés armés congolais et étrangers, notamment les membres des FDLR, mais aussi elles sont commises parfois par des éléments des FARDC. Les rapports publiés ces dernières années par la MONUC ou la MONUSCO illustrent l'ampleur du phénomène et ses conséquences sur les populations. Les victimes sont principalement des jeunes filles et des femmes, mais les hommes et les enfants ne sont pas épargnés. Pourtant, le gouvernement congolais avait pris les devants, le 20 juillet 2006, en adoptant les lois relatives aux violences sexuelles. Celles-ci ont amélioré le Code pénal et le Code de procédure pénale congolais mais n’ont pas produit les changements escomptés sur le terrain. Face à l’ampleur du fléau, les autorités nationales ont pris quelques initiatives en collaboration avec la MONUSCO. Le 5 juillet 2009, le président Kabila a déclaré une politique de tolérance zéro à l’égard des auteurs de violations des droits de l’homme, en particulier des violeurs, au sein des forces de sécurité congolaises. Toutefois, selon la Haut-Commissaire des droits de l’homme, malgré quelques résultats positifs enregistrés (des procès contres des soldats), les crimes sexuels demeurent impunis53. Dans la même perspective, le 25 novembre 2009, le gouvernement a lancé sa stratégie nationale de lutte contre les violences sexuelles qui est mise est mise en œuvre avec le soutien de la MONUSCO, les agences de l’ONU et les partenaires au développement du pays. Il s’agit d’un programme de deux ans avec cinq composantes et un budget important pour sa mise en œuvre. Le coût du programme (78.549.564 USD) illustre l’ampleur des besoins pour faire face au 53. Nations unies, Rapport de la Haut-commissaire des Nations unies sur la situation des droits de l’homme et les activités du Haut-Commissariat en RD Congo. A/HRC/13/64 ; 28 janvier 2010, p. 9. 25 la mission des nations unies en rd congo Tableau 7 : Stratégie globale de lutte contre les violences sexuelles en RDC (en USD) Fonds demandés Fonds mobilisés Gap financier jusqu’en septembre 2011 1. Lutte contre l’impunité des cas de violences sexuelles 11.545.000 2.784.587 8.760.413 2. Prévention et protection contre les violences sexuelles 11.520.000 3.027.271 8.492.729 8.196.014 310.554 7.885.460 41.549.550 16.107.000 25.442.550 5.739.000 86.000 5.653.000 Résultats sectoriels 3. Réforme du secteur de la sécurité et violences sexuelles 4. Réponse multisectorielle pour les survivantes de violences sexuelles 5. Transversale : Données et cartographie des violences sexuelles fléau. Or, le taux de mobilisation des fonds est à peine de 30%. C’est pourquoi un des défis à relever réside dans la mobilisation des donateurs pour que ce programme puisse être réalisé dans les délais. Il s’agit en effet de faire face aux questions urgentes tout en sachant que des solutions à long terme résident dans la reconstruction effective du système de sécuritaire (armée et police disciplinées et garantes de l’ordre), judiciaire et dans le rétablissement des structures publiques (de santé et d’éducation notamment) sur l’ensemble du pays. 26 IV. Acquis et défis en matière d’appui au développement économique des provinces affectées par les conflits A. Exploitation des ressources naturelles et pérennisation du conflit en RDC L’exploitation illégale des richesses naturelles dont dispose la RDC constitue à la fois une cause et une conséquence de la pérennisation du conflit congolais. En effet, l’appropriation des ressources naturelles autorise la perpétuation des affrontements d’une part, et inversement la poursuite des conflits permet l’exploitation des richesses naturelles. Il a été avéré à de nombreuses reprises que le pillage systématique et organisé des belligérants en RDC finance le commerce des armes et constitue le véritable « nerf de la guerre». Le lien existant entre exploitation des ressources naturelles et financement du conflit en RDC a d’abord été établi par un Groupe d’experts, mandaté par le Conseil de sécurité de l’Onu en juin 2000 pour rendre une série de rapports sur « l’exploitation illégale des ressources naturelles et autres richesses en RDC »54. Par ailleurs, le rapport final du Groupe d’experts des Nations unies de 2008 sur le financement des mouvements rebelles en RDC a mis en évidence l’importance des ressources naturelles comme source de financement des milices opérant sur le territoire congolais. Le Conseil de sécurité des Nations unies s’est saisi très tôt de la question de l’exploitation illégale des ressources naturelles en RDC à travers ses diverses résolutions sur la MONUC. Ainsi, dès le 15 juin 2001, le Conseil de sécurité, note dans sa résolution 1355, « le lien existant entre l’exploitation des ressources naturelles et autres richesses de la République démocratique du Congo et la poursuite du conflit » et se dit même « prêt à envisager les actions nécessaires pour mettre fin à cette exploitation »55. Par la suite, presque toutes les résolutions du Conseil de sécurité contiendront un ou plusieurs paragraphes mentionnant l’existence d’un tel lien et les conséquences induites en matière de stabilité et de sécurité en RDC et dans la région. Cependant il 54. Une série de quatre rapports a été rendu par le groupe d'experts en avril 2001, mai 2002, octobre 2002 et octobre 2003. 55. S/RES/1355 (2001). Rapport du GRIP 2011/4 faudra attendre la résolution 1856 du 22 décembre 2008 pour que la MONUC obtienne un mandat dans ce domaine. 1. La « revisitation » des contrats miniers Dès le 16 octobre 2002, le rapport final du Groupe d’experts sur « l’exploitation illégale des ressources naturelles et autres richesses en RDC » recommandait que les réformes des secteurs miniers et forestiers « s’accompagnent d’une renégociation de toutes les concessions et de tous les contrats signés durant les deux guerres »56. Ce processus de « revisitation » des contrats miniers sera mis en place par le gouvernement congolais près de cinq ans plus tard. En avril 2007, le ministre des Mines de la RDC, Martin Kabwelulu, annonçait la création d’une commission gouvernementale chargée de « revisiter » les contrats miniers déjà existants, considérés par le gouvernement comme étant des contrats léonins. La Commission a été mise en place le 20 avril par arrêté ministériel57. Elle se compose exclusivement de membres du gouvernement et de fonctionnaires et est placée sous l’autorité du ministre des Mines. Les travaux de la Commission ont été largement critiqués par les ONG qui lui ont reproché son manque d’indépendance, de transparence ainsi que la faible participation de la société civile à des travaux58. Une liste de soixante contrats à « revisiter » a été dressée par le directeur de Cabinet du ministre des Mines qui préside la Commission59. Les rapports des travaux de la Commission60, datés de Novembre 2007, répartissent les 61 contrats et conventions examinés en trois catégories : A (contrats viables), B (contrats à renégocier) et C (contrats à résilier). Aux termes des travaux de la Commission, aucun contrat n’a été répertorié dans la catégorie A, 39 l’ont été dans la 56. Rapport final au Conseil de sécurité de l’ONU du Groupe d’experts sur l’exploitation illégale des ressources naturelles et autres formes de richesses de la RDC, 16 octobre 2002. URL : http://www.grip.org/bdg/g2044.html 57. Arrêté ministériel n° 2745/Cab.Min/Mines/01/ 58. “NGOs fear that DRC mining contract review process has been hijacked”, Global Witness, 4 février 2008. URL: http://www. globalwitness.org/library/ngos-fear-drc-mining-contract-reviewprocess-has-been-hijacked 59. Cette liste n'est ni exhaustive, ni définitive. 60. Disponibles sur le site du ministère congolais des Mines de la RDC. Tome 1 : http://www.miningcongo.cd/pdf/TOME%2 01%20RAPPORT%20CRCM%20VERSION%20FINALE%20 270208%20&_h%C3%A9%C3%A8.pdf; Tome 2 : http://www. miningcongo.cd/pdf/tome2.pdf la mission des nations unies en rd congo catégorie B et 22 dans la catégorie C. Les conclusions et recommandations de la Commission ont été officiellement notifiées aux entreprises concernées en février 2008. Le gouvernement a alors chargé un panel de huit membres (sept ministres et le chef de cabinet du président Kabila) de superviser les négociations et la résiliation, selon les cas, des contrats miniers. Le 14 novembre 2009, le ministre des Mines a communiqué les résultats des dernières délibérations du processus de revisitation des contrats et conventions minières. Au total, 57 contrats et 6 conventions minières ont été « revisités »61. Selon le ministre des Mines, les négociations ont été très profitables au gouvernement62. L’État congolais aurait engrangé 307.283.040 USD de pas-de-porte ainsi que 5.206.000 USD de droits superficiaires. La renégociation aurait également permis l’amélioration de la participation des entreprises congolaises au capital social des partenariats et l’intégration du principe du paiement des royalties aux entreprises publiques dès l’entrée en production des partenariats. En outre, le ministre des Mines a évoqué dans son discours une série de retombées techniques comme la gestion courante des partenariats par les entreprises publiques congolaises, l’incessibilité des parts63 ou encore le principe de respect de la législation congolaise dans tous les partenariats. Cependant, alors que le gouvernement parle de contrats « gagnants-gagnants », l’opposition et les ONG dénoncent la signature de nouveaux contrats léonins au détriment de l’État congolais64. Ainsi, l’accord trouvé le 14 octobre 2010 sur la jointventure TFM (Tenke Fungurume Mining) après trois ans de négociation a été largement critiqué65. En outre, la résiliation de gros contrats, comme celui de KMT (Kingamyambo Musonoi Tailings), a contribué à dégrader le climat des affaires et la confiance des investisseurs en RDC. Par ailleurs, de nouveaux contrats miniers ayant alerté l’oppo61. Représentation économique et commerciale des trois Régions du Royaume de Belgique en RDC. URL : http://www. beltrade-congo.be/index2.php?page=5273&PHPSESSID=3678 bdd7010942098600f04b1eb392a7 62. Ibidem. 63. Engagement des partenaires à ne pas céder leurs parts à des tiers avant la phase de production commerciale des projets. 64. Le Potentiel, 17 novembre 2009. URL : http://www.lepotentiel.com/afficher_article.php?id_edition=&id_article=88937 65. Association Africaine de défense des droits de l'homme. URL: http://www.asadho-rdc.net/spip.php?article98 27 sition et les ONG ont été signés depuis le début du processus de « revisitation ». C’est notamment le cas du contrat sino-congolais « mines contre infrastructures » de septembre 2007, dont l’adoption du protocole d’accord s’est faite au Parlement sans les députés de l’opposition qui dénonçaient un « nouveau contrat léonin ». Enfin, un rapport sénatorial de septembre 2009 sur la gestion des ressources minières en RDC, (« rapport Mutamba Dibwe66 »), a mis en évidence une très mauvaise gestion du secteur minier, qui engendrerait un manque à gagner de 450 millions USD au trésor public congolais67. 2. Initiatives régionales et internationales en matière de lutte contre le trafic des ressources minières Au sein de la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL), plusieurs initiatives ont été mises en place afin d’assurer la traçabilité des matières premières et le contrôle des exploitations minières dans la sous-région. L’instrument juridique de référence en la matière est le « Protocole sur la lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles »68souscrit dans le cadre du « Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs », signé le 15 décembre 2006 à Nairobi. Plus récemment, un sommet spécial sur l’exploitation illégale des ressources naturelles dans la région des Grands Lacs, a réuni les chefs d’État et de gouvernement des 11 pays membres de la CIRGL69, à Lusaka (Zambie) le 15 décembre 2010. Six outils visant à lutter contre l’exploitation illégale des ressources naturelles dans la région, dont la pièce maîtresse est la certification des minerais, ont été adoptés : - le mécanisme de certification régionale - l’harmonisation des législations nationales - la banque de données régionales sur le flux des minerais - la formalisation du secteur minier artisanal 66. Rapport du Sénat sur la fraude minière. URL: http://www. congoforum.be/upldocs/Rapport-Mines-SénatRDC.pdf 67. Digitalcongo. URL : http://www.digitalcongo.net/article/61369 68. « Protocole sur la lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles ». URL : http://www.cirgl.org/IMG/pdf/ Protocoleluttecontre.pdf 69. Angola, Burundi, République centrafricaine, République du Congo, RDC, Kenya, Rwanda, Soudan, Tanzanie, Ouganda, Zambie. 28 - la promotion de l’Initiative de transparence dans l’industrie extractive (ITIE) - le mécanisme d’alerte précoce70. Les 17 et 18 mars 2011, l’Office de la Géologie et des mines du Rwanda (OGMR) a organisé en partenariat avec la CIRGL une « conférence sur la certification des minerais et le devoir de diligence pour la gestion responsable de la chaine d’approvisionnement qui est appliqué au Rwanda ». Le Rwanda et les autres pays membres de la CIRGL se sont notamment engagés à mettre en œuvre les outils que la CIRGL est en train de développer en matière de lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles, dont le mécanisme de certification régionale. Enfin, divers mécanismes régionaux et internationaux de certification et de traçabilité des minerais existent, tels que le processus de Kimberley (janvier 2003) pour les diamants, l’Initiative de transparence dans la Chaîne d’approvisionnement de l’étain (ITRI) ou encore la Chaîne de commerce certifiée (CTC), système de certification de la chaîne logistique qui va du puits d’extraction jusqu’au consommateur final, développé par le BGR (Institut fédéral allemand pour la géoscience et les ressources naturelles). B. L’action de la MONUC/MONUSCO en matière de lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles 1. Le mandat Si le Conseil de sécurité s’est saisi très tôt de la question de l’exploitation illégale des ressources naturelles, la MONUC n’a reçu un mandat que tardivement dans ce domaine, essentiellement en vertu des résolutions 1856 (2008), 1857 (2008), 1906 (2009) et 1925 (2010). La résolution 1856 adoptée le 22 décembre 2008 par le Conseil de Sécurité des Nations unies donne pour la première fois mandat à la MONUC, en collaboration avec les brigades intégrées des FARDC, « d’utiliser ses moyens de surveillance et d’inspection pour empêcher les groupes armés illégaux de bénéficier d’un appui provenant du trafic des ressources naturelles » ainsi que d’« empêcher la fourniture d’un appui aux groupes armés 70. Déclaration de Lusaka. URL : http://www.cirgl.org/IMG/ pdf/Declaration_de_Lusaka_version_finale_Decembre_2010.pdf Rapport du GRIP 2011/4 illégaux, y compris par des moyens tirés d’activités économiques illicites »71.En outre, le Conseil de sécurité « encourage » le gouvernement de la RDC à « s’employer, avec les organisations spécialisées, les institutions financières internationales et la MONUC (…) à établir un plan qui leur permette d’exercer un contrôle effectif et transparent sur l’exploitation des ressources naturelles, notamment en procédant à un relevé des principaux sites exploités illégalement »72. La résolution 1857 adoptée le même jour par le Conseil de sécurité « prie le gouvernement de la RDC, les gouvernements d’autres pays de la région selon qu’il convient, la MONUC et le Groupe d’experts de coopérer intensément, notamment en échangeant des informations sur (…) le trafic des ressources naturelles »73. Par ailleurs, elle « demande en particulier à la MONUC d’échanger avec le Groupe d’experts des informations, notamment sur l’appui reçu par les groupes armés ». Enfin, elle élargit les sanctions aux « personnes ou entités appuyant les groupes armés illégaux dans l’est de la République démocratique du Congo au moyen du commerce illicite de ressources naturelles »74. La Résolution 1906 adoptée le 23 décembre 2009 « encourage vivement la MONUC, agissant conformément à l'alinéa 3 j)75 de la résolution 1856, à renforcer et évaluer avec le gouvernement de la République démocratique du Congo le projet expérimental de création dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu de cinq comptoirs regroupant tous les services d'État concernés en vue d'améliorer la traçabilité des minerais »76. La résolution 1925 adoptée le 28 mai 2010, décide que la MONUSCO aura pour mandat d'« appuyer l’action que mène le gouvernement et renforcer ses capacités (…) pour empêcher qu’un appui ne soit apporté aux groupes armés, en particulier grâce au produit d’activités économiques illicites et du commerce illicite des ressources naturelles »77. 71. S/RES/1856 (2009). 72. Ibid. 73. S/RES/1857 (2009). 74. Ibid. 75. « Utiliser ses moyens de surveillance et d’inspection pour empêcher les groupes armés illégaux de bénéficier d’un appui provenant du trafic des ressources naturelles ». 76. S/RES/1906 (2009). 77. S/RES/1925 (2010). la mission des nations unies en rd congo 2. Actions menées et résultats attendus L’action de la MONUC en matière de lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles s’est axé autour de la création de « cinq comptoirs » dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu telle que mentionnée dans la résolution 1906. Ce programme expérimental est mis en œuvre par le ministère des Mines et appuyé par la MONUC et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Il a pour objectif général d’« améliorer la capacité du gouvernement de la RDC à régulariser et contrôler la production et le commerce des métaux et minerais dans des zones stratégiques minières à l’Est de la RDC et assister les autorités pour augmenter leurs recettes à travers la construction de cinq centres de négoce et en apportant une assistance au déploiement des autorités minières dans ces centres »78. D’une durée de un an (mars 2010-mars 2011) et d’un coût total de 1.367.247 USD, ce programme pilote s’inscrit dans le plan de STAREC pour l’est de la RDC79. Selon Roger Meece, le Représentant spécial du Secrétaire général en RDC, ces centres de négoce représenteront « un lieu de commerce sûr où les personnes légitimes obtiendront des licences »80 et aideront ainsi à améliorer la traçabilité des minerais dans la région. Dans le cadre de ce projet, la MONUC sera plus particulièrement chargée : - d’« effectuer des contrôles inopinés aux principaux points d’évacuation des minerais » ainsi que « dans les zones minières desquelles le minerais est dérouté ou/et détourné » ; - d’« établir une liste des acteurs principaux (légaux ou illégaux) impliqués dans le commerce des minerais » ; - d’ « appuyer le déploiement de 20 représentants des autorités minières dans les centres de négoce » ainsi que « la formation et le déploiement des 20 éléments de la police des mines pour la sécurisation des centres » ; - du « suivi et de la levée de toutes les barrières illégales » ; 78. Fonds de stabilisation et de relèvement (SRFF), annexe 5. URL : http://mdtf.undp.org/document/download/3037 79. Ibid. 80. Les dépêches de Brazzaville, 21 décembre 2010. URL : http:// www.brazzaville-adiac.com/index.php?action=depeche&dep_id=4 5080&oldaction=liste®pay_id=0&them_id=24&cat_id=4&ss_ cat_id=32&LISTE_FROM=0&select_month=0&select_year=0 29 - d’« effectuer des évaluations régulières (…) et soumettre des recommandations sur la nécessité d’étendre ou non cette approche à d’autres zones minières »81. Dans une interview datée du 17 décembre 2010 Roger Meece s’est prononcé sur l’état d’avancement du projet. Selon le Représentant spécial du Secrétaire général en RDC, il manque toujours des sources de financements pour mettre en place le cinquième centre de négoce mais les quatre autres sont en construction. Leur achèvement était prévu pour le mois de janvier 201182. La police de la MONUSCO et la Division provinciale des mines ont assuré du 22 novembre au 13 décembre 2010 une formation pour quarante éléments de la Police nationale congolaise (PNC), issus des deux Kivu, à la sécurisation des centres de négoce83. Par ailleurs, un draft du « United Nations Security and Stabilization Support Strategy (UN-SSSS) for Eastern DRC » daté du 7 septembre 2009, qui mentionne expressément la MONUC (JMAC84) comme « lead agency » en ce qui concerne l’appui aux mesures de contrôle des ressources naturelles85, dresse une liste des résultats attendus des actions de la MONUC (JMAC) dans ce domaine de compétence : - « Les acteurs clés dans le marché des ressources naturelles sont identifiés tout au long de la ligne de production depuis le site minier jusqu’à l’usine ». - « Des contrôles continus et inopinés sur les pistes d’atterrissages des aéroports et des points de ventes des minéraux (ports, poste frontière, routes) permettent une meilleure compréhension des vecteurs d’évacuation des ressources exploitées illégalement ». 81. Ibid. 82. Radio Okapi, 17 décembre 2010. URL : http://radiookapi. net/emissions-audio/2010/12/17/quelle-est-la-contribution-dela-monusco-dans-la-lutte-contre-l%E2%80%99exploitation-illegale-des-ressources-naturelles-roger-meece-repond/ 83. Reliefweb, 16 décembre 2010 ; URL : http://webcache. googleusercontent.com/search?q=cache:Zbdczqdr0s4J:www. reliefweb.int/rw/rwb.nsf/db900sid/AZHU-8C7T3F%3FOpenD ocument%26RSS20%26RSS20%3DFS+centres+de+n%C3% A9goce+RDC&cd=1&hl=fr&ct=clnk&gl=be&source=www. google.be 84. La « Joint Mission Analysis Cell » (JMAC) est une section de la MONUC qui analyse la menace et qui, à ce titre, s’intéresse également à l’exploitation illégale des ressources naturelles. 85. Ces mesures s'inscrivent dans le cadre de l'objectif 2 (« Restoration and strengthening of state authority ») du programme UNSSSS. 30 - « Dans le cadre de l’exercice pilote, les inspecteurs miniers (…) sont déployés au niveau des quatre localités choisis (2 au Nord-Kivu et 2 au Sud-Kivu) ». - « (…) la reproduction de l’exercice pilote dans trois autres localités du Nord-Kivu ainsi que trois autres localités du Sud-Kivu »86. L’action de la MONUC/MONUSCO en matière de lutte contre l’exploitation illicite des ressources naturelles en RDC ne s’est traduite sur le terrain que tardivement, malgré les nombreux travaux des groupes d’experts des Nations unies ainsi que la préoccupation du Conseil de sécurité pour la question. Il paraît donc prématuré d’opérer à une évaluation de son action dans ce domaine. Cependant, une page a été ouverte par la MONUC, des initiatives ont été prises et des actions menées, il importe désormais à la MONUSCO de poursuivre et renforcer les projets en cours, en vertu de la résolution 1925 du Conseil de sécurité. Toutefois, le principal défi réside dans la capacité des autorités congolaises à s’approprier ces initiatives pour les rendre durables. 86. United Nations Security and Stabilization Support Strategy For Eastern Democratic Republic of Congo, Integrated Programme Framework, Draft, 7 septembre 2009. Rapport du GRIP 2011/4 31 la mission des nations unies en rd congo V. Bonnes pratiques et enjeux de la stabilisation de la RDC A. Sécurité et protection des civils A.Du fait de la persistance de groupes armés et de leur criminalisation croissante, la doctrine militaire de la MONUC a évolué depuis 2004 d’une classique présence « rassurante » sur le terrain à une implication croissante dans des opérations offensives ciblées et limitées. Conçues au départ en appui aux FARDC, elles se sont étendues à des opérations unilatérales en 2010. B. Pour mener à bien ces opérations militaires, la MONUC a pu bénéficier (quoique insuffisamment) de moyens appréciables pour une mission de paix : hélicoptères d’attaque, forces spéciales, capacités (modestes) de renseignement. C. Du fait que les civils congolais ont été si souvent victimes d’abus et d’exactions de la part des rebelles et même de leurs propres forces armées ou de leur police, la MONUC a dû faire preuve d’une créativité permanente pour trouver les meilleurs techniques de prévention afin d’endiguer pacifiquement l’action des « spoilers ». Elles ont permis de faire des progrès significatifs dans l’évaluation des risques et la rapidité de réaction en situation de violence imminente sur la population civile. Parmi elles, notons : - les équipes communes de protection (JPT), - les Cellules d’alerte précoce (Community Alert Networks), - les Cellules d’enquête conjointes (Joint Prosecution Cells), - les Community Liaison Interpreters, - les Services de liaison et de communication locales avec les villages (Téléphones cellulaires avec numéros d’appel pré-encodés), - les Bases d’opération mobiles (MOB). D.Parmi les opérations robustes, les opérations d’encerclement et de recherche (search and cordon) ont prouvé leur efficacité comme outil de contrainte sur des groupes armés récalcitrants. Ils ne s’avèrent toutefois efficaces que s’ils visent au maximum quelques centaines de combattants. E. La conditionnalité apportée à l’appui de la MONUSCO aux unités des FARDC en fonction de leur respect des droits de l’homme est également de nature à diminuer les risques d’exactions tout en responsabilisant les officiers et officiers supérieurs sur la conduite de leurs troupes lors des opérations. B. Appui à la gouvernance et consolidation des institutions Si l’analyse de la problématique de l’appui à la gouvernance démocratique révèle de nombreux défis encore à relever, quelques bonnes pratiques méritent d’être soulignées. 1.En matière de DDRRR, l’approche régionale et la coordination entre les pays concernés a donné des résultats satisfaisants. La plupart des combattants étrangers sont rentrés dans leurs pays d’origine et l’on constate une augmentation des rapatriements volontaires ou forcés des combattants FDLR, le principal groupe étranger actif en RDC de façon permanente. 2.Dans les actions DDR ou DDRRR, la combinaison de trois facteurs a amené les combattants congolais ou étrangers à accepter de désarmer et de suivre le processus de réinsertion dans la société ou dans l’armée nationale. Ces facteurs sont la contrainte, la motivation matérielle et la possibilité de réinsertion. 3.Dans le domaine de la réforme de l’armée et de la police, l’appui important de la MONUC/ MONUSCO au processus de brassage et d’intégration a permis de mettre en place un embryon d’armée nationale à partir de plusieurs belligérants. La mise en place d’un système de paiement sécurisé avec l’appui de l’EUSEC/ RDC mérite d’être souligné pour son efficacité et son impact en termes d’amélioration des conditions de vie des soldats parce qu’ils sont sûrs de percevoir leur solde. 4.Les rapports de monitoring sur les droits de l’homme et les actions de plaidoyer auprès des autorités contribuent à l’appropriation des normes en la matière par les autorités à tous les niveaux. 5.Enfin, la mise en place des mécanismes d’aide aux victimes des violences sexuelles s’avère pertinente à la fois pour permettre de les soigner, 32 Rapport du GRIP 2011/4 mais aussi pour leur redonner confiance et permettre qu’elles puissent dénoncer les criminels à la justice. C. Appui au développement économique 1. Le processus de « revisitation » des contrats miniers conduit par le gouvernement de Kinshasa est en soi une bonne pratique. Si les travaux de la Commission gouvernementale, le processus de renégociation des contrats et les résultats obtenus ont été critiqués par certaines ONG et des membres de l’opposition, il n’empêche que le processus a permis d’assoir davantage le contrôle et l’exploitation de la RDC sur ses ressources minières. 2. La mise en place d’outils de certification et de traçabilité des minerais au niveau national, régional et international est une bonne pratique. Ainsi, les instruments adoptés au Sommet spécial de la CIRGL du 15 décembre 2010, et en particulier le mécanisme de certification régionale, comme la mise en place de centres de négoce par la MONUC sont des outils pertinents et nécessaires afin d’assurer le suivi et le contrôle de l’exploitation et du commerce des ressources naturelles en RDC et dans la région des Grands Lacs. 3. L’approche régionale en matière de lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles constitue une bonne pratique. Le trafic des ressources naturelles dans la région des Grands Lacs est un problème global qui doit trouver une réponse régionale, notamment à travers la coordination et l’harmonisation des activités des acteurs locaux, nationaux et multinationaux. la mission des nations unies en rd congo VI. Options pour l’appui de la MONUSCO à la stabilisation de la RDC A. Sécurité et protection des civils 1.Pour peu qu’elles se déroulent avec le plein accord du pays-hôte et du Conseil de sécurité, les opérations militaires offensives ciblées et limitées contre des groupes armés refusant le processus de paix devraient être systématisées et accompagnées des moyens logistiques suffisants pour être vraiment performantes et éviter tout dégât collatéral. 2.Approfondir et systématiser les initiatives de protection décentralisées au niveau local, que ce soit avec du personnel civil des unités spécifiques ou/et avec des casques bleus. 3.Continuer les opérations d’encerclement et de recherche chaque fois que cela semble approprié vis-à-vis de groupes armés récalcitrants. 4.Continuer et systématiser la politique de conditionnalité de l’appui militaire et logistique aux FARDC et l’accompagner si possible d’un programme de formation systématique en matière de droits humains et de droit international humanitaire. 5.Créer et mettre à jour un système complet et fiable de banque de données sur les activités de la MONUSCO telles que mandatées par le Conseil de sécurité (Collecte et saisies d’armes, DDR, DDRRR, RSS, reconstruction de la justice, violations des droits de l’homme, quick impact projects, …) afin de permettre une évaluation plus systématique de ses activités. B. Appui à la gouvernance et consolidation des institutions Le renforcement de la gouvernance démocratique et la consolidation des institutions publiques sur l’ensemble du pays constituent des défis considérables pour la RDC et ses partenaires, à commencer par la MONUSCO. Pour les relever, des leçons devraient être tirées des pratiques des dernières années afin de corriger les lacunes tout en renforçant les bonnes pratiques dans différents domaines. 33 Quelques pistes concrètes méritent d’être prises en compte : 1.L’adoption d’une approche globale de la Réforme du secteur de la sécurité par une coordination renforcée des plans de réforme de l’armée, de la police, de la justice et des services des douanes. 2.L’harmonisation des programmes d’appui à la réforme du secteur de la sécurité conçus par les donateurs. En effet, la concurrence entre les donateurs ou l’instrumentalisation des outils d’intervention par les partenaires a un impact négatif sur la mise en œuvre des politiques ou programmes. 3.Améliorer la collaboration entre le gouvernement de la RDC et la MONUSCO dans la mobilisation des ressources nécessaires à l’application des programmes ambitieux de RSS. 4.Poursuivre l’approche pluridisciplinaire en matière de DDR/DDRRR afin de mettre fin aux violences occasionnées par la présence des groupes armés étrangers et congolais à l’est du pays. Capitaliser les acquis et les expériences accumulées par le programme MDRP de la Banque mondiale en transférant les leçons apprises à une institution sous-régionale telle que la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs. 5.Renforcer les mécanismes d’aide aux victimes des violences sexuelles et prendre toutes les mesures pour les prévenir. C. Appui au développement économique 1.Poursuivre et approfondir le processus de « revisitation » des contrats miniers, notamment en élargissant la base des contrats « revisités » et en invitant les partenaires, privés et publics, à souscrire à un contrat type, empêchant la signature de nouveaux contrats léonins à l’avenir. 2.Poursuivre et approfondir la mise en place d’instruments de certification et de traçabilité des minerais, sur la base des initiatives prises par les gouvernements des États de la CIRGL, ainsi que du programme de construction de centres de négoce en RDC. Une collaboration renforcée entre la MONUSCO et le Secrétariat de la CIRGL pourrait avoir des effets positifs. 34 3.Poursuivre et renforcer l’approche régionale en matière de lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles dans la région des Grands Lacs, notamment par une coordination renforcée des activités entre les différents acteurs nationaux, régionaux et internationaux et une harmonisation des législations nationales. La reconnaissance du Secrétariat de la CIRGL comme point focal des différentes initiatives serait pertinente. Rapport du GRIP 2011/4 1273 1279 1291 1355 1376 1445 1484 1493 5 nov. 1999 30 nov. 1999 24 fév. 2000 15 juin 2001 9 nov. 2001 4 déc. 2002 30 mai 2003 28 juil. 2003 12 mars 2004 1533 1258 6 août 1999 Accord de Lusaka (10/7/99). Evénements importants et du désengagement des forces. Observation du cessez-le-feu Préparation de la mission. Sécurité Protection des civils Appui à la gouvernance Consolidation des institutions Inchangé personnes 10.800 Inchangé 8.700 personnes Inchangé Inchangé Démarche sexospécifique. Assistance à la RSS. Appui à la préparation des élections. Assistance au rétablissement de l’Etat de droit. Renforcement du programme DDRRR. Evaluation des besoins en formation de la police nationale. Appui au DDR volontaire. 4.700 Casques bleus forment désormais la Appui à la formation de la police nabrigade de l’Ituri (1/9/03). tionale. Retrait forces ougandaises (7/5/03). Autorisation de saisir les armes et matériel connexe en violation de l’embargo. Création d’un Groupe d’experts sur les armes en RDC. Prise de Bukavu par le général Nkundaba- Acte d’engagement de Kinshasa (reddition de tware (6/04, la Monuc n’intervient pas). 6 groupes armés d’Ituri, 14/5/04). 1/9/03). Embargo sur les armes à destination de l’Est Constitution de transition (4/4/03). Gouver- de la RDC. nement de transition (30/6/03). Autorisation d’utiliser tous les moyens nécesOpération Artémis à Bunia (12/6 au saires en Ituri et au Kivu. Accord de Sun City (2/4/03). Massacres de civils à Bunia par des milices armées. Création d’une Force multinationale d’urgence en Ituri (Artémis, 1850 h, 6/6-1/9/03). Retrait de 23.400 soldats rwandais. Interdiction du FDLR (24/9/02). Démilitarisation de Kisangani. Déploiement Casques bleus à l’est. Accord de Luanda (6/9/02). Accord de Pretoria (17/12/02). Création de Radio Okapi. Assistance au DDRR volontaire. Plan de retrait des forces ougandaises et Assistance au DDRRR volontaire. zimbabwéennes. Création capacité observation DH. Retrait contingent namibien. Dialogue intercongolais. Création de composantes CivPol. Assassinat de L-D Kabila (16/1/01) Appui au respect des droits de l’homme et protection des enfants. Protéger les civils se trouvant sous la menace imminente de violences (Chapitre VII). Bataille de Kisangani (mai-juin 2000, la Observation du cessez-le-feu et du retrait des Plan d’action DDRR. forces étrangères. dont 500 observateurs Monuc n’intervient pas). militaires Faciliter l’aide humanitaire. 5.537 militaires 500 observateurs mi- Création de la MONUC. litaires 90 militaires Résolu- Effectifs autorisés tion Date Annexe 1 : Évolution du mandat de la Monuc (1999-2011) Appel à la tenue d’une conférence de paix dans les pays des Grands Lacs. Premier rapport du Groupe d’experts sur l’exploitation illégale des ressources naturelles (12/4/2001). Appui au développement économique la mission des nations unies en rd congo 35 1565 1er oct. 2004 Inchangé 1596 1621 1635 1669 1736 1649 18 avril 2005 6 sept. 2005 28 oct. 2005 7 avril 2006 22 déc. 2006 21 déc. 2005 Inchangé + 916 personnes + 1 hôpital mil. + 50 MilObs + 300 militaires +300 militaires + 625 policiers + 841 militaires Inchangé 30 mars 2005 1592 341 CivPol 730 MilObs personnes dont 16.700 Résolu- Effectifs autorisés tion Date Sécurité Protection des civils Utilisation de tactiques d’encerclement et de recherche pour prévenir des attaques contre les civils. Extension des sanctions individuelles aux responsables des groupes armés congolais et étrangers (avec résol.1698). Référendum sur la nouvelle Constitution Dissuader toute tentative de recours à la Assister le gouvernement de transition à (18-19/12/05). force de la part de tout groupe armé étranger rédiger une stratégie DDRRR. ou congolais. Effectifs ONUB. Effectifs en provenance de l’ONUB. Un bataillon d’infanterie supplémentaire au Katanga. Deux prolongations successives de la Suite d’augmentations temporaires des transition politique (jusqu’en déc. 05, puis effectifs militaires et policiers jusqu’au 15 juin 06). mai 2007. Sanctions individuelles. Élargissement de l’embargo sur les armes à Assistance aux douanes de RDC. Création de EUPOL-Kinshasa (avr. 05- l’ensemble de la RDC (sauf les FARDC). juin 07). Premier rapport du Groupe d’experts ONU sur les armes. Création de EUSEC-RDC (8/6/05). MONUC. Faciliter la lutte contre l’impunité. Appuyer la FARDC pour désarmer les com- Formation et supervision de la police nationale. battants étrangers. 12.000 miliciens désarmés en Ituri par des Elaboration concept conjoint d’opérations avec FARDC pour désarmer les combattants actions « search and cordon ». Scandale d’abus sexuels au sein de la étrangers. Appui au développement économique Premier Sommet de la Conférence Assister élaboration de la constitution et internationale des Grands Lacs (CIRGL, 19-20/11/04). lois essentielles. Appui à la gouvernance Consolidation des institutions Contribuer à la sécurité des personnalités de Le RSSG coordonne l’ensemble du système des Nations unies en RDC. la Transition. Assister RSS et DDR. Améliorer la sécurité humanitaire. Création du Mécanisme conjoint de vérifica- Déploiement supplémentaire au Kivu. tion (MCV, 22/9/04). Accord de Kigali entre Dissuader la violence. RDC, Rwanda et Ouganda (26/10/2004). Rappel du mandat de protéger les civils. Evénements importants 36 Rapport du GRIP 2011/4 1671 1756 25 avril 2006 15 mai 2007 + 300 CivPol + 2.785 mil. 20 nov. 2008 1843 Inchangé 31 mars 2008 1807 391 Formateurs 750 CivPol 760 MilObs 17.030 mil. Inchangé Résolu- Effectifs autorisés tion Date Sécurité Protection des civils Offensive FARDC contre CNDP (juil. 08). Demande de reconfiguration de la structure Contre-offensive victorieuse du CNDP au de la MONUC. Kivu (oct.-déc. 08). Demande de redéploiement des casques Adolphe Muzito nommé Premier ministre bleus. (10/10/08). Arrestation de J-P Bemba à la demande de la CPI (24/5/08). Révolte Bundu dia Kongo au Bas-Congo (fév. 08). Lancement du programme Amani au Kivu Mandat du Groupe d’expert sur les armes. (3/4/08). Acte d’engagement de Goma sur la cessa- Nouvel exposé détaillé des mesures d’emtion des hostilités au Kivu (23/1/08). bargo. Accord de Nairobi entre RDC et Rwanda (9/11/07). Création de EUPOL-RDC (juillet 2007). Evacuation de J-P Bemba vers Lisbonne FARDC. (11/4/07). Antoine Gizenga nommé Premier ministre Nouvel exposé complet du mandat. (5 fév 07-25 sept 08). Patrouilles conjointes avec unités anti-émeute Affrontements violents à Kinshasa entre de la police nationale. miliciens de Bemba et garde présidentielle Augmentation de la capacité de déminage. (22-23/3/07). Assurer formation de base au DIH pour Dissolution de la CONADER (14/7/06) et création de l’Unité de gestion du PNDDR. Pacte régional de sécurité et de stabilité (CIRGL, Nairobi, 15/12/06). Joseph Kabila investi président de la République (6/12/06). Attaque du CNDP sur Saké et Bukavu (nov. 2006). Elections présidentielles à 2 tours (30/7 Autorisation de déploiement de l’EUFOR RD et 24/10/06). Congo (2000 h, avr.-nov. 2006). Evénements importants Environnement sûr et pacifié pour élections locales. Aider à la planification de la RSS : Table ronde de Kinshasa (25-26/2/08). Développer capacités de la police. Contribuer au PNDDR. Assistance aux élections locales. Appui à élaboration d’une stratégie de justice transitionnelle. Promouvoir les enquêtes DH. Renforcer la capacité du système judiciaire et pénitentiaire. Favoriser la réconciliation nationale et le dialogue politique. Renforcement des institutions nationales, provinciales, régionales et locales. Appui à la gouvernance Consolidation des institutions Deuxième Sommet de la Conférence internationale des Grands Lacs (CIRGL, 14-15/12/06). Appui au développement économique la mission des nations unies en rd congo 37 1896 1906 1925 7 déc. 2009 23 déc. 2009 28 mai 2010 -2000 militaires Inchangé Inchangé 1050 CivPol 391 Formateurs dont Rapports plus étroits avec la population civile. Etablir des règles d’engagement robustes. Adoption loi sur l’organisation des FARDC (5/1/11). Fête des 50 ans d’indépendance de la RD Création MONUSCO (jusque 30/6/11). Congo devant de nombreux chefs d’Etat Retrait de 2000 soldats au 30/6/10. (30/6/10). Développement d’opérations unilatérales des Viols de 303 femmes dans 13 villages du casques bleus (« Shop Window » au Nord Kivu (30/7-2/8/10). Kivu et « Protection Shield » au Sud Kivu, Viols de 260 autres femmes au Kivu (août sept.-nov. 2010). 2010). Opération FARDC-MONUC « Amani Leo » contre FDLR (jan.10). Conditionnalité appui MONUC aux unités FARDC. Présentation plan de réforme de l’armée Annonce reconfiguration du mandat. (jan. 2010). Annonce retrait progressif MONUC. Extension de l’embargo sur les armes. Opération FARDC-MONUC « Rudia II » contre la LRA (mai 09). Kabila demande un plan de retrait progressif Opération FARDC-MONUC « Kimia II » contre de la MONUC (fin 2009). FDLR (juin 09). GoRDC (23/3/09). Appui aux élections présidentielles et législatives prévues le 27/11/2011. réforme de la justice. Adoption de six outils de gestion des Appuyer le plan de stabilisation STAREC ressources naturelles. (UNSSSS). Lancement de 5 comptoirs régionaux assurant la traçabilité des minerais. Demande aux pays de la région des statistiques d’import-export de minerais. Demande au Groupe d’experts de fixer des directives sur l’acquisition des minerais en RDC. Appui au développement économique Assistance à la mise en place d’une admi- Sommet spécial de la Conférence nistration civile dans l’est de la RDC. internationale sur la Région des Assistance au plan de réforme de Grands Lacs (CIRGL) consacrée à la gestion et à la certification des resl’armée. Elaboration d’un plan stratégique de sources naturelles (15/12/2010). Priorité au DDRRR du FDLR. Opération conjointe FARDC-RDF « Umoja Intégration accélérée CNDP dans FARDC Aide planification RSS. (jan.-avril 09). Wetu » (jan.-fév. 09). Evaluation de l’appui au DDR et au Arrestation du général Laurent Nkunda. Désarmement des groupes armés étrangers DDRRR. Formation des FARDC. Accord de paix CNDP-PARECO-MAI MAI- et congolais. Appui à la gouvernance Consolidation des institutions 760 MilObs Sécurité Protection des civils Opération conjointe FARDC-UPDF « Light- Priorité absolue à la protection des civils contre Appui aux processus de Goma et de les violences de toutes les parties au conflit. Nairobi. ning Thunder » (14/12/08). 1856 22 déc. 2008 Evénements importants 19.815 pers. Résolu- Effectifs autorisés tion Date 38 Rapport du GRIP 2011/4 Annexe 2 : Évolution des effectifs autorisés Monuc/MONUSCO au regard des événements diplomatiques et militaires la mission des nations unies en rd congo 39 Les Rapports du GRIP 7/05 Guerres et déficits - Les deux piliers de l'économie des Etats-Unis, Luc Mampaey, 31p., 7 euros. 8/05 Le régime nucléaire - Les efforts de la communauté internationale en matière de désarmement et de non-prolifération, Céline Francis, 40p., 8 euros. 1/06 Trafics d'armes - Enquête dans la plaine de la Ruzizi (RDC-Burundi), Jacques Ntibarikure, avec la collaboration de Charles Nasibu Bilali, Nicolas Florquin et Georges Berghezan, 32 p., 7 euros. 2/06 La Conférence internationale sur l'Afrique des Grands Lacs - Enjeux et impact sur la paix et le développement en RDC, Pamphile Sebahara, 28 p., 7 euros. 3/06 RD Congo - Acquis et défis du processus électoral, Pamphile Sebahara, 21 p., 6 euros. 4/06 Trafics d'armes - Enquête de terrain au Kivu (RDC), coordination Georges Berghezan, 46 p., 8,50 euros. 5/06 Dépenses militaires et transferts d'armements conventionnels - Compendium 2006, Luc Mampaey, 33p., 7,50 euros. 6/08 Sécurité collective et environnement – Changements climatiques et dégradation de l’environnement, nouveaux enjeux des relations internationales, Patrice Bouveret et Luc Mampaey (éd.), 50 p., 8,50 € 7/08 Le commerce extérieur des armes dans le fédéralisme belge, Romain Leloup, 38 p., 7 € 8/08 Dépenses militaires, production et transferts d’armes – Compendium 2009, Luc Mampaey, 32 p., 7€ 9/08 La traçabilité des munitions, Pierre Martinot et Ilhan Berkol, 26 p., 6 € 1/09 Les armes nucléaires de l’OTAN – Fin de partie ou redéploiement ?, Jean-Marie Collin, 20 p., 6 € 2/09 La politique pyromane de Washington - Les transferts militaires des États-Unis vers le MoyenOrient, Caroline Pailhe, 56 p., 9 € 3/09 Le traité de Pelindaba - L'afrique face aux défis de la prolifération nucléaire, Cédric Poitevin, 40 p., 7 € 4/09 Contrôles post-exportation lors des transferts d'armement - Preuve d'arrivée et monitoring d'utilisation finale, Ilhan Berkol et Virigine Moreau, 40 p., 8€ 1/07 Agenda humanitaire à l'horizon 2015 - Principes, pouvoir et perceptions, collectif, 54p., 9 euros. 2/07 La Convention de la CEDEAO sur les armes légères et de petit calibre - Analyse et recommandations pour un plan d'action, Ilhan Berkol, 55p., 9 euros. 5/09 La réforme du secteur de la sécurité en République centrafricaine - Quelques réflexions sur la contribution belge à une expérience originale, Marta Martinelli et Emmanuel Klimis, 38 p., 8 € 3/07 Afrique de l'Ouest - L'harmonisation des législations nationales sur les armes légères - Burkina Faso, Luz Marius Ibriga et Salamane Yameogo, 24p., 6 euros. 6/09 Darfour. Mission impossible pour la MINUAD?, Michel Liégeois, 30 p., 6 € 7/09 RD Congo. Ressources naturelles et violence. Le cas des FDLR, Brune Mercier, 22 p., 5 € 8/09 Dépenses militaires, production et transferts d'armes - Compendium 2010, Luc Mampaey, 40 p., 8€ 9/09 La Convention sur les armes à sous-munitions - Un état des lieux, Bérangère Rouppert, 28 p., 6 € 4/07 Radiographie de l'industrie d'armements en Belgique, Clément Dumas et Luc Mampaey, 44p., 8 euros. 5/07 Le traité de Lisbonne et l'action extérieure de l'Union européenne, Federico Santopinto, 25p., 6 euros. 6/07 La gestion administrative des armes en Belgique – Les documents concernant l’exportation, l’importation, le transit et la détention, Pierre Martinot, 32 p., 8 € 7/07 Dépenses militaires et transferts d’armements conventionnels. Compendium 2008, Luc Mampaey, 38 p., 8 € 8/07 La législation américaine sur les transferts d’armes – Quels contrôles pour le premier exportateur mondial ?, Caroline Pailhe, 24 p., 6 € 1/08 La décentralisation en RDC : enjeux et défis, Michel Liégeois, 20 p., 6 € 2/08 Côte d’Ivoire – La paix malgré l’ONU ?, Xavier Zeebroek, 38 p., 8 € 3/08 Les munitions au cœur des conflits – état des lieux et perspectives, Pierre Martinot, collab. I. Berkol et V. Moreau, 36 p., 7€ 4/08 La problématique destination et utilisation finales dans les exportations d’armement, Damien Callamand, 30 p., 7€ 5/08 La mission des Nations unies au Congo – Le labo ratoire de la paix introuvable, Xavier Zeebroek, 30 p., 6 € La liste complète des Rapports est disponible sur www.grip.org 10/09 L'Union européenne et les armes légères - Une pluralité de politiques pour une problématique globale, Hadrien-Laurent Goffinet (avec la collaboration de Virigine Moreau), 28 p., 6 € 11/09 Le contrôle du courtage des armes légères - Quelle mise en oeuvre au sein de l'UE?, Virginie Moreau et Holger Anders, 32 p., 6 € 12/09 Le contrôle du transport aérien des armes légères - État des lieux et défis, Jihan Siniora, 32 p., 6 € 1/10 Recueil des articles concernant la politique extérieure de l’UE, Federico Santopinto, 66 p., 10 € 2/10 La guerre en sous-traitance – L’urgence d’un cadre régulateur pour les sociétés militaires et de sécurité privées, Luc Mampaey et Mehdi Mekdour, 32 p., 6 € 3/10 La gestion des frontières terrestres et le trafic illicite transfrontalier des armes légères, Jihan Seniora et Cédric Poitevin, 24 p., 6 € 4/10 Conférence de révision 2010 du Traité de nonprolifération - Succès et désillusions d’une nouvelle dynamique de désarmement nucléaire, Mehdi Mekdour et Bérangère Rouppert, 32 p., 7 € 5/10 Contrôle des transferts d’armes – L’exemple des états francophones d’Afrique subsaharienne, Virginie Moreau, Cédric Poitevin et Jihan Seniora, 34 p., 7 €
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