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kamel mennour 47
47 rue saint andré des arts
paris 75006 france
tel +33 1 56 24 03 63
fax +33 1 56 24 03 64
kamelmennour.com
DANIEL
BUREN
C’ÉTAIT,
C’EST,
CE SERA
Travaux situés in situ
6 novembre 2007 - 19 janvier 2008
Pour l’exposition inaugurale de la nouvelle galerie kamel mennour, Daniel Buren démontre
une fois de plus son incroyable capacité d’invention de nouveaux chemins pour l’œuvre qu’il
déploie depuis plus d’une quarantaine d’années. Habitué à concevoir des projets pour de
nouveaux lieux, c’est néanmoins la première fois qu’il se retrouve à construire pour un
espace qui est lui-même en train d’achever sa construction. D’où une appréhension qui s’est
faite d’après les plans et surtout grâce à une anticipation nourrie d’expérience : « l’espace
du lieu me donne certaines routes, certaines visions. Ici, j’ai eu la sensation que ce qui
pourrait exister par la suite dans un autre lieu resterait en partie attaché à ce lieu-ci. C’est,
Ce sera1».
En effet, quand on pense au travail de Daniel Buren, c’est avant tout
l’indissociabilité/l’interdépendance entre l’œuvre et l’espace qui s’impose. Reconnaissable
entre tous par ses rayures verticales dont la largeur est invariablement de 8,7 cm, Daniel
Buren s’est singularisé dès la fin de 1967 en créant la notion d’œuvre in situ : « un travail
prenant en considération le lieu dans lequel il se montre/s’expose, [qui] ne pourra être
transporté autre part et [qui] devra disparaître à la fin de l’exposition2». Liée à l’espace de
façon intrinsèque, l’œuvre n’a aucune possibilité de mobilité et donc de diffusion hors du
lieu qui l’a engendrée. Par exemple, Les Deux Plateaux dans la cour d’honneur du Palais Royal
à Paris (1986).
En 1975, au musée de Mönchengladbach où il réalise une exposition personnelle et
temporaire, Daniel Buren est confronté au problème que soulève le déplacement de son
intervention in situ vers les collections permanentes du musée. Cette expérience et les
solutions qu’il trouve ont jeté les bases des « cabanes éclatées » puis des œuvres dites «
situées ». Ainsi, en 1984 s’opère le deuxième virage de sa vie « artistique », avec la mise au
point de la deuxième « cabane éclatée ». Il s’agit d’un cube formé par une armature en bois
(la « cabane ») recouvert de toile tendue puis trouée afin de créer des éléments libres
(portes, fenêtres, etc.) qui iront s’éclater et se fixer sur les premières parois parallèles au
cube d’origine. Avec les « cabanes éclatées », le travail de Buren évolue vers la production
d’œuvres qui pourront être reconstituées dans divers lieux et cadres, en tenant compte
de leurs dimensions et à condition que certaines règles (de présentation et d’installation)
soient respectées. Les « cabanes » sont « mobiles et la mobilité est d’ailleurs l’une des
caractéristiques d’importance, comparée à la plupart de mes autres travaux3» explique
Buren. Ceci a pour effet d’ouvrir la notion de répétition, essentielle dans son œuvre (la
constance du motif à rayures) sur celle de régénération.
1
Entretien avec l’artiste le 3 novembre 2007
2
Daniel Buren, in catalogue raisonné thématique, volume 2, cabanes éclatées 1975/2000 – «Notes sur le travail par
rapport aux lieux où il s’inscrit, prises entre 1967 et 1975 et dont certaines sont spécialement récapitulées ici », Studio
international, 190, printemps 1975.
3
Daniel Buren, in Béatrice Salmon, « Entretien avec Daniel Buren » (1998) repris dans catalogue raisonné thématique,
volume 2, cabanes éclatées 1975
kamel mennour 47
47 rue saint andré des arts
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Pour son exposition au 47, rue Saint-André des Arts, Buren inaugure un autre virage
historique en formulant pour la première fois la notion d’œuvre « située in situ » (relevant
toutefois que cette qualification aurait pu concerner des œuvres antérieures). Ainsi,
explique-t-il, « on peut imaginer que tous les éléments qui se trouvent dans cette exposition pourraient se retrouver ailleurs mais tronqués, agrandis…avec des éléments en plus et
en moins4 ». En effet, ces travaux sont « situés » car ils répondent à une règle (leur définition
est relative à l’espace) mais ils sont également in situ : ils se modulent pour s’adapter au
nouveau lieu, et pour ceci – grande première - des éléments peuvent être soit ajoutés soit
retranchés… à condition bien sur de conserver l’identité de l’œuvre. Ainsi, « elle peut
changer de façon drastique à cause du nouveau lieu d’accueil », ce qui fait rupture avec les «
cabanes éclatées » dont le nombre d’éléments est absolument invariant. L’intervention dans
la première salle de la galerie combine, à ce propos, des éléments in situ qui seront détruits
à la fin de l’exposition (les adhésifs directement collés sur les murs) ; des parties qui peuvent
être transportées, multipliées et disposées d’une autre façon (les caissons de bois) et,
d’autres éléments qui devront être refaits comme celui qui s’adapte à la banque d’accueil
de la galerie et qui fait partie de la salle pour le temps de l’exposition.
Avec la notion d’œuvre « située in situ», le titre de l’exposition (C’était, C’est, Ce sera)
prend tout son sens. « C’était » renvoie à la pensée de Buren, pour qui « les expositions sont
des suites de travaux précédents5 ». Elles se relient par des continuations, des reprises de
travaux réalisés il y a longtemps ou plus récemment. Quand elles ne sont plus, seule la «
photo-souvenir » en garde la trace. Le « mémento souvenir » vise à empêcher toute
substitution de la photo à l’œuvre elle-même. « C’est » renvoie à l’exposition telle qu’elle se
donne présentement à voir tandis que le « Ce sera » contient en germe d’autres propositions visuelles que pourrait générer l’œuvre dans des contextes différents, si elle trouve
toutefois un nouveau lieu d’accueil. Cette volonté de voir ses pièces ainsi évoluer et se
transformer à partir d’un « socle » initial et défini (le principe de l’œuvre et ses modules) est
animée par le plaisir naturel du géniteur de voir la famille s’agrandir et prospérer. Buren
parle d’ailleurs souvent de « familles d’œuvres » ou de « familles de préoccupations ». Avec
les travaux « situés in situ », il met en place un nouveau système d’œuvres au développement « organique » ou « programmatique » : définie et conçue dans et pour un espace initial
–l’œuvre, dans un autre contexte, s’adapte (par des ajouts ou des retraits) à cette nouvelle
situation tout en respectant le principe et le fonctionnement. Ainsi, on peut penser qu’une
pièce pourrait être refaite sans la présence de l’artiste, mais seulement en suivant le
programme inscrit au cœur de celle-ci. On mesure donc le parcours accompli depuis la
notion d’ in situ. Et, on saisit alors toute l’intelligence du géniteur qui cherche à donner à son
œuvre la possibilité de croître au-delà de lui. En effet, dans un nouveau contexte, l’œuvre «
située in situ » fera mentir la formule de Verlaine. Elle ne sera pas « Ni tout à fait la
même/Ni tout à fait une autre6 » mais comme Daniel Buren l’affirme : « la pièce sera donc la
même et complètement une autre ».
Marie-Cécile Burnichon, novembre 2007
Daniel Buren « C’était, C’est, Ce sera » est présentée à
galerie kamel mennour du mardi au samedi, de 11h à 19h.
4
Entretien avec l’artiste le 3 novembre 2007
Pour toute information complémentaire, vous pouvez
contacter Marie-Sophie Eiché et Emma-Charlotte
Gobry-Laurencin.
5
Entretien avec l’artiste le 3 novembre 2007
6
Mon rêve familier, Verlaine, Poèmes saturniens, 1866