J`ai étudié sans payer de frais scolaires
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J`ai étudié sans payer de frais scolaires
Democratic People’s Republic of Korea www.korea-dpr.com/users/switzerland J’ai étudié sans payer de frais scolaires On dit que bien des choses changent et s’effacent de la mémoire au fil des jours. Moi aussi, sexagénaire, j’oublie peu à peu beaucoup de choses. Mais une vive émotion m’envahit encore lorsque je me souviens que j’étudiais en recevant des bourses d’études sans savoir ce qu’étaient les taxes scolaires. Ma terre natale est un village montagneux reculé, province du Kangwon. A l’époque de l’occupation japonaise en Corée (1905-1945), mon père, sans avoir accès à une école, fut obligé de travailler dès son âge de 14 ans et ma mère souffrait d’une vie dure en faisant la lessive à façon, ce qui les réduisirent en analphabétisme. Ce n’est qu’après la libération de la Corée en août 1945 qu’ils ont appris à lire et à écrire à la faveur de la campagne pour l’alphabétisation. Mais ils ont été tués par des bombardements américains au cours de la Guerre de libération de la patrie (juin 1950-juillet 1953) et, dès lors, j’étais à la charge de ma grand-mère. Toutefois, je n’éprouvais pas de solitude. Car, la patrie prenait soin de moi. Je n’oublie pas encore que ma grand-mère, me voyant fréquenter une école primaire sans payer un sou dans le cadre de l’enseignement primaire obligatoire pour tous mis en vigueur en 1956, pleurait d’émotion en disant : « Comment répondre à ces bienfaits… » Sorti du primaire, je me suis fait inscrire à une école secondaire. Le jour de la rentrée scolaire, j’y suis allé avec joie, portant une casquette attachée de son insigne. Mais sans savoir comment cette fortune m’était venue. J’ai appris à l’âge de raison que dans l’après-guerre, le pays était en difficulté, mais que l’enseignement obligatoire secondaire pour tous avait été mis en vigueur depuis le premier novembre 1958, que les enfants comme moi en bénéficiaient et que ce système était sûrement garanti par l’enseignement gratuit pour tous, mis en place l’an suivant. Le système d’enseignement secondaire obligatoire mis en vigueur chez nous ne permettait pas simplement à tous les enfants de fréquenter l’école secondaire. Mais c’était à l’Etat de s’en charger entièrement. J’en ai fait alors réellement l’expérience. Un jour, au terme de cours, le directeur de notre école et notre maître de classe entrèrent dans notre salle de classe, portant une grande boîte. Promenant ses regards sur nous assis en silence, le directeur disait : « Chers élèves, l’Etat s’est arrangé pour fournir gratuitement des manuels, cahiers et autres articles scolaires. Je voudrais maintenant vous les remettre. » Je n’oublie pas encore que, malgré ma naïveté, j’eus les yeux mouillés, lui en étant reconnaissant. Ainsi, tout au long de mes études secondaires, j’ai étudié sans me faire aucun souci, gratuitement approvisionné en manuels et autres articles scolaires. Ce n’était pas tout. Je me suis gratuitement amusé à camper et c’était aux frais de l’Etat que j’ai fait le voyage d’études à travers des usines, entreprises et sites pittoresques, en autobus à l’usage exclusif de cette tournée. J’ai ainsi passé mes années scolaires sous le système d’enseignement bienveillant selon lequel l’Etat offre tout aux élèves loin de percevoir les frais scolaires. 1 Democratic People’s Republic of Korea www.korea-dpr.com/users/switzerland Sorti de l’Ecole normale supérieure Kim Hyong Jik et du stage de doctorants, je suis maintenant sousprofesseur universitaire et docteur ès sciences. Cheveux blancs, j’ai deux petits-enfants. Le temps passe ainsi, mais je n’oublierai jamais tout ce dont j’ai bénéficié et que j’ai vécu. Désormais, je mettrai tous mes soins au bien de ce régime socialiste qui a entraîné l’excellent système d’enseignement. Ri Tae Dok, docteur ès sciences, sous-professeur et chef de la chaire de psychologie à l’Ecole normale supérieure Kim Hyong Jik 2