La plus grave crise de l`histoire d`Air France

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La plus grave crise de l`histoire d`Air France
Roissy, le 19 mars 2012
La plus grave crise de l’histoire d’Air France !
Les résultats du groupe Air France/KLM sont tombés et ils sont catastrophiques, encore plus que ce que
les analystes imaginaient. La perte de l’exercice du 01 janvier au
A chaque minute
31 décembre 2011 est de 809 millions d’euros soit 2,216 millions d’euros
par jour ou encore 92.300 € par heure et 1.539 € par minute. Et ce d’autant
qui passe
qu’elle est reflétée par la chute de la trésorerie qui a été de
la compagnie perd... plus
1,213 milliards d’euros pendant la même période, soit encore de 2.308 €
1 539 euros !
par minute ou encore 38 € par seconde...Le dernier exercice profitable
remonte à 2007...A force de dégrader la qualité du produit, en particulier sur
le moyen et court courrier, celui-ci est devenu comparable à celui proposé par les transporteurs low-cost
sauf qu’il coûte plus cher au client…Force est de constater que nos dirigeants ont mené une politique
inverse, et on voit ce que cela donne comme résultat. Qui peut supporter une telle perte ?
Les conséquences pour nous et pour la compagnie:
1ère phase: Gel des salaires en 2012 et 2013, 3 jours d’hiver au lieu de 6, refonte des grilles
horaire ,baisse de l’offre pour nos R1, investissements revus à la baisse, report de commandes des avions.
2ème phase: Elle est à venir après l’élection présidentielle sur demande du gouvernement mais nous
craignons vraiment cette échéance car qui dit « plus grosse crise de l’histoire » dit aussi « plus importantes
mesures de l’histoire »
Le cash flow ne finance plus les investissements !
Nous pensons que les français vont malheureusement entendre parler de la compagnie nationale dans les
mois qui viennent, et pas qu’en bien...
Qu’est ce qui ne va pas chez Air France ?
Les salaires ?
Peut-être mais sachez que nous avons le plus petit salaire moyen brut des majors européennes.
En revanche le salaire moyen chargé « taxes et prélèvements sociaux » est de loin le plus haut. Cela veut
dire que nous sommes très largement, en France, les plus taxés.
Le pétrole ?
Peut être aussi, mais British Airways par exemple le paie plus cher que nous et fait un bénéfice de
550 millions d’euros cette année (cherchez l’erreur !)…
Quelles sont les méthodes pour soigner notre compagnie ?
Certainement pas le plan qui nous est proposé car déséquilibré parce qu’il ne s’intéresse qu’aux coûts. Les
recettes commerciales sont indispensables à la réalisation d’un objectif annoncé et
celles-ci sont absentes. Pourtant, des progrès substantiels sont réalisables dans
tous les secteurs passagers et Fret de l’entreprise. Nous devons absolument sortir
de la logique du coefficient de remplissage « politique importée de KLM ». Lufthansa
gagne nettement plus que nous par passager transporté. C’est pour cette raison qu’Air
France devrait trouver des solutions, car celles-ci existent, afin d’améliorer ce ratio.
Le mariage avec KLM : Faisons le point 8 ans après :
Nous ne contrôlons toujours pas les finances de KLM. Nous ne sommes pas dans la situation d’une
entreprise avec 2 marques, mais bien de 2 entreprises distinctes.C’est comme un ménage où chacun
aurait son porte monnaie, avec une mariée «KLM» qui fait lit à part et continue de vivre sa vie à
Amsterdam. La mariée est terriblement endettée, à hauteur de 3 Milliards contre 3.5 pour Air France. De
plus, la mariée présente des vices cachés ( voir notre tract du 6 Février « Notre avenir s’écrit ensemble »
sur notre site Internet www.cftcairfrance.fr
Que doit faire Alexandre De Juniac ?
Le nouveau PDG est courageux et volontaire mais: « on ne résout pas un problème avec les modes de
pensée qui l’ont engendré », une équipe dirigeante pour l’heure identique: même équipe : même recette !
Lorsque Christian
BLANC arrive en 1993,
la compagnie est dans
un triste état ...
En 1993, le PDG comprend tout de suite que la famille Air France est
beaucoup plus solidaire qu'il n'y parait. C'est le propre des bons guerriers,
face à une situation d'urgence. Sa confiance dans les femmes et les
hommes de l'entreprise lui permet de tisser un réseau, dans lequel il
apporte l'innovation et la compétence, venues de l'extérieur.
A coup de bouchées doubles et d'une recapitalisation de 3 milliards d'€uros (20 milliards de Francs à l’époque), il remet Air France sur de bons rails.
Vingt ans après,
l'arrogance qui a failli faire disparaître Air France en 1993 s'est réinstallée, pour créer une aristocratie qui
vit au dessus des moyens de l'entreprise et pourrait bien la mener par la stratégie de l'échec, dans une
situation alarmante. C'est dans ces conditions, que le nouveau PDG doit faire ses preuves. Si c'est un
guerrier, nous n'aurons aucune difficulté pour réussir et recoller au peloton de tête, à défaut nous aurons
affaire à un technocrate de plus, qui écoute le dernier qui a parlé et son avenir en sera d’autant écourté.
Le modèle des années 90 a vécu
Dans la crise que nous traversons les talents sont bien souvent ailleurs, cela Christian BLANC
l’avait compris. Il est allé chercher Rakesh GANDWALL qui a inventé le hub de Roissy avec ses
plages horaires. C'est ce modèle qui a tenu pendant pratiquement 20 ans. Aujourd'hui, ce génial
inventeur est à la tête de la compagnie indienne INDIGO, qui alignera bientôt 250 avions, après
avoir été un brillant président d’US AIR.
Le modèle Lufthansa
L’intelligence de la compagnie allemande en termes d'anticipation: alors que tout va bien et qu’elle a su
traverser a crise sans dommages, elle se remet en cause pour l'avenir, décidant le démantèlement de son
organisation et un redéploiement pour une meilleure réactivité, sans dénoncer les accords d'entreprise.
Une dénonciation précipitée des conventions d’entreprise
Mr De Juniac n’a pas compris que la modestie est de mise et qu’avant de déclarer la guerre aux acquis
sociaux il ferait mieux de se livrer à un vrai diagnostic. On ne peut soumettre un malade à une purge de
cheval, sans une auscultation préalable. La faute à qui ? La direction des ressources humaines, qui
s'enhardit en proposant la dénonciation des accords d'entreprise. Cette idée lumineuse plait à notre PDG,
qui claironne sur tous les médias, un credo qui confine à la démonstration par l'absurde : dénoncer les
accords d'entreprise, pour retrouver le chemin de la croissance. Dénoncer de manière autoritaire, au
risque de se faire retoquer dans 15 mois (12 mois de préavis et 3 mois de négociation), ne nous parait pas
la méthode la plus adéquate. Se mettre autour d'une table et s'accorder sur les efforts à faire, par des
suspensions d'acquis consenties avec la garantie de l’emploi et un retour sur investissement au
terme de deux années, aurait été plus sage.
En 1997, en quittant Air France,
Christian Blanc,
la larme à l’œil, nous disait :
« Sachez rester unis... »
La CFTC, consciente de la situation économique particulièrement dégradée de notre entreprise ne
peut cautionner des décisions dont le but est de faire supporter au seul personnel toutes catégories
Professionnelles confondues les écarts de gestion de nos dirigeants. Nous prônons plutôt des
mesures à durée limitée et à caractère suspensif permettant à l'entreprise comme à ses salariés
de sortir par le haut dans le cadre d'un accord gagnant-gagnant.
Dans le rapport de force qui s’engage, notre organisation a choisi son camp : celui des salariés…
Bien à vous, à nous, l’équipe CFTC Groupe Air France
SNGAF CFTC - 1, rue de la Haye - BP 10957 Tremblay-en-France - 95733 ROISSY CDG CEDEX
Tél. +33(0)141569758 - Email : [email protected] - Site : http://www.cftcaf.fr