Le bateau coule pour les uns, la croisière s`amuse

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Le bateau coule pour les uns, la croisière s`amuse
N° 33 -2013 - Roissy, Octobre 2013
Le bateau coule pour les uns,
la croisière s’amuse
pour les autres…
L
undi 7 octobre, soit trois jours après
les annonces du durcissement de
Transform’2015 qui va sacrifier 2800
emplois équivalent plein temps supplémentaires
(soit plus de 3000 postes en réalité), la direction
de l’entreprise organisait une soirée très très
privée avec des people, des dirigeants de grandes
entreprises (Veolia, BMW, SNCF, …) ainsi que des
présentateurs de Journaux Télévisés et de radio
(Claire CHAZAL - TF1, David PUJADAS - France 2,
Xavier de MOULINS - M6, Jean-Pierre ELKABBACH
- Europe 1).
Même le PDG de l’AFP, source de l’ensemble des
médias français, était de la fête. Mais pas les
salariés Air France…
Le coût de cette soirée restera
certainement inconnu afin que les
salariés ne montent pas en température
par ces temps de massacre social à la
Transformeuse…
Nous avons trouvé une petite photo de cette
petite « sauterie » très privée qui en dit long sur
l’état d’esprit de nos dirigeants puisqu’Alexandre
Begoügne de Juniac et Frédéric Gagey,
respectivement PDG de la holding AF/KLM et
PDG d’Air France, prennent la pose autour de
Bernard ATTALI.
Bernard ATTALI, l’homme qui a
mis tous les syndicats d’accord
en 1993 !
Pour les salariés qui n’étaient pas dans
l’entreprise au début des années 90, Bernard
ATTALI était le PDG d’Air France (1988-1993), il a
lancé un double plan social (tiens tiens…) en
1993. S’en était suivi une énorme mobilisation de
plusieurs semaines des salariés Air France,
d’abord au Fret et à la Maintenance, puis au reste
de l’entreprise avec la participation de tous les
syndicats de la compagnie.
Ce mouvement spontané de salariés avait
provoqué le limogeage de Bernard ATTALI par
le gouvernement et conduit au retrait de son
plan social. Nous avions même obtenu de l’Etat
une recapitalisation de l’entreprise à hauteur
de 3 Milliards d’euros, jugée alors impossible...
Vingt ans plus tard, cet hommage à Bernard
ATTALI en forme de réhabilitation nous apparait
pour le moins déplacé et sonne comme une
provocation de plus de la part d’une direction qui
ne prend même plus de gants pour low-costiser
notre entreprise, nos emplois et nos vies de
famille.
Pendant ce temps, comme dans l’histoire de
Cendrillon, les petits fours et les cocktails se sont
« Transform’és » en pain rassis et en eau plate
pour les salariés passés les 12 coups de minuit...
L’exemple des bases province est révélateur de
cette stratégie décomplexée. La direction, lors du
CCE du 4 octobre, reconnaît qu’il n’y a pas de
sureffectif sur les bases compte-tenu de la charge
de travail.
Qu’importe, celle-ci décide d’externaliser de la
charge afin de créer les conditions du sureffectif.
Les bases province, lancées il y a à peine deux
ans, sont déjà dans le collimateur de nos
dirigeants qui communiquent sur leur maintien
tout en leur retirant une bonne partie de leur
activité.
…/…
Les affirmations de l’entreprise sur le prétendu
déficit des bases province ne reposent sur rien
de tangible.
Concernant Marseille, que la direction tient
absolument à « mettre au pas » en sortant des
chiffres fantaisistes, nous sommes en mesure
d’affirmer que cette base fait gagner de l’argent
à la compagnie.
Pourtant, 188 emplois sont menacés afin de
faire place à des entreprises de sous-traitance,
notamment sur la piste. Les salariés de l’escale
de Marseille n’acceptent pas cette décision,
ils entament leur 9ème mois d’action pour la
défense de l’emploi local Air France.
La direction a même été contrainte de
reconnaître, lors de la session du CCE du
4 octobre, qu’il n’y avait pas de sureffectif à
Marseille au regard de la charge de travail.
La situation est identique dans les 2 autres
bases, à Nice et à Toulouse. Quant aux autres
escales, de Province à Roissy en passant par
Orly, elles subissent la même tactique qui
consiste à décréter un sureffectif afin de
désorganiser les services et confier de la
charge de travail Air France à des grands
groupes aux multiples filiales spécialisées
dans l’assistance aéroportuaire (3S, Vinci,
Derichebourg, …)
Concernant le Cargo, la direction vient de
décider de la sortie des B747 de la flotte,
réduisant à l’été 2015 notre flotte tout Cargo
à 2 appareils (B777). Nous n’oublions pas que
la direction elle-même déclarait il y a encore
quelques mois qu’en dessous de 5 appareils,
nous n’aurions plus la « taille critique » pour
être un acteur de Fret de premier plan. Ça n’a
plus l’air de l’effrayer aujourd’hui, contrairement
aux salariés …
A l’industriel, la situation est tout autre puisque
ce secteur apporte de l’argent dans les caisses
de l’entreprise. Pourtant, le travail ne cesse de
partir par pans entiers vers l’étranger.
Après les A320 Euroconcept (Moyen Courrier)
qui vont se faire entretenir au Maroc, après les
B747 en Chine, après les A340 en Afrique du
Sud, c’est au tour des A380 d’aller visiter des
hangars à Manille aux Philippines.
Les salariés du Centre Industriel de Toulouse,
dont la viabilité est menacée en raison de
l’externalisation de charges de travail Air
France, sont en conflit depuis 4 mois. Qu’on se
le dise, même un secteur bénéficiaire n’est pas
à l’abri de basculer vers la sous-traitance ou la
filialisation…
Les PNC ne sont pas épargnés non plus par ce
Transform’2. La recette est connue à l’avance,
l’entreprise va invoquer du sureffectif, du temps
de vol supplémentaire, et des compositions
équipages réduites. Si ce plan est signé, quelle
différence y aura-t-il à entre un PNC Air France et
un PNC Low-Cost ?
Transform’2015 : une imposture.
La preuve…
Dans une interview accordée au magazine
Challenges le 11 octobre, soit une semaine
après les annonces du durcissement de
Transform, Alexandre de Juniac avoue que la
seule augmentation du temps de travail au Sol
représente 17 % de gain de productivité.
Pourtant, toutes les mesures contenues dans
ce plan social sont censées augmenter la
productivité de 20 %.
Ainsi, la perte de 3 jours de Jours d’Hiver, le
blocage des salaires et des avancements pendant
2 ans, la baisse de rémunération de l’ancienneté,
ainsi que la révision à la baisse de la totalité de
la Convention d’entreprise Personnel Sol ne
compteraient que pour 3 % ...
L’ex PDG d’Air France, qui est le nouveau PDG de la holding AF/KLM, vient tout
simplement de dévoiler à la presse ce qu’il avait caché à tous les salariés.
L’entreprise vient de nous imposer un double plan social qui va très largement audelà des 20 % de productivité annoncés. Bernard ATTALI n’aurait pas mieux fait….