Discours de Sa Majesté le Roi Hasan II concernant la création du

African Training and Research
Centre in Administration for
Development
‫اﻟﻤﺮآﺰ اﻹﻓﺮﻳﻘﻲ ﻟﻠﺘﺪرﻳﺐ‬
‫و اﻟﺒﺤﺚ اﻹداري ﻟﻺﻧﻤﺎء‬
Centre Africain de Formation et
de Recherche Administratives
pour le Développement
C.A.F.R.A.D.
Centre Africain de Formation et de Recherche
Administrative pour le Développement
Discours de Sa Majesté le Roi Hassan II au siège de
l’UNESCO concernant la création du CAFRAD
Paris
France
27 Juin 1963
Bd. Mohammed V, Pavillon International
P.O. Box 310, Tangier, 90001 Morocco
Tel: (212) 61 30 72 69 - Fax: (212) 39 32 57 85
E-Mail : [email protected]
Web Site: http://www.cafrad.org
Bd. Mohammed V, Pavillon International
B.P. 310 Tanger, 90001 Maroc
Discours de Sa Majesté le Roi Hassan II au siège de l’UNESCO concernant la création du
CAFRAD.
Au cours de la visite Royale à la République française, le Directeur Général de
l'UNESCO a donné une réception en l'honneur de Sa Majesté le Roi Hassan II au
siège de l’Organisation.
A cette occasion, le Souverain a prononcé l'allocution suivante :
« Monsieur le Directeur Général,
« Messieurs les honorables membres de l’Assemblée.
«Le Maroc et moi-même avons été profondément touchés des termes que vous
avez employés pour décrire notre modeste participation à cette oeuvre si grande et si
belle qu'est celle de l'UNESCO.
« Il n'est pas nécessaire d'appartenir à un vieux pays cultivé ni d'être une nation
qui, depuis toujours, a honoré la science, les savants pour se rendre compte de la
nécessité qu’il y a aujourd’hui et plus qu’avant à éduquer et à instruire.
«J'ai bien dit d’abord à éduquer. En effet, l’instruction ne peut aller sans
l'éducation, car, comme disait Rabelais, « science sans conscience n’est que ruine de
l’âme ».
«A quoi donc nous serviraient nos connaissances et notre savoir si nous n'avons
pas des idéaux internationaux et universels au service desquels nous mettrions nos
connaissances, nous mettrions tout ce que nous avons appris ? Nous considérons, que
de nos jours, le mot docte s'adresse d'abord aux sages, comme son étymologie
l'indique, avant de s'adresser aux puits de science. Mais en réalité, peut-on être un
puits de science sans être auparavant un sage ?
«Personnellement, je ne le pense pas, et les Musulmans aussi, car il est dit dans
le Coran que « ne craignent véritablement Dieu que ceux qui savent». Est-ce à dire
que ceux qui ne savent pas ne le craignent pas ? Non. Cela signifie tout simplement
qu’ils le craignent, non pas sur le plan négatif, non pas par la crainte d'un châtiment,
mais qu'ils le craignent en projetant en avant des actions humaines et des actions
éducatives.
« Mon pays, qui n’est pas autre chose qu'un modeste membre de votre
Assemblée, se doit d’apporter chaque jour sa contribution, si modeste soit-elle, à
l'édifice que vous avez entrepris de construire. Il se doit de le faire non seulement
dans votre Assemblée, ici même, mais encore sur son propre territoire, au prix des
plus grands sacrifices..
«En effet, comme a bien voulu le dire M. Maheu, notre budget de l’éducation
nationale représente plus de 20 % du total de notre budget général, c’est-à-dire du
budget d’un pays en voie de développement. Chaque année naissent 300.000
marocains. Mon gouvernement, mon pays, mon peuple ont décidé unanimement,
quels que puissent les sacrifices que cela représente, de scolariser chaque année les
enfants en âge de l’être. Cela suffit à vous montrer immédiatement toutes les
difficultés q’une telle décision peut entraîner: manque de locaux, manque de classes,
manque de professeurs et, partant, manque de règles nécessaires pour inculquer
convenablement à nos enfants l'éducation et l'instruction que nous souhaitons pour
eux. Néanmoins, nous sommes décidés, par une rationalisation de la tâche, par une
division du travail et aussi avec le concours de tous les pays amis, à marcher dans
cette vole civilisatrice, aussi lourd, Je le répète, que soit le fardeau.
CAFRAD – Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le
Développement.
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Discours de Sa Majesté le Roi Hassan II au siège de l’UNESCO concernant la création du
CAFRAD.
« Mais le Maroc, penché sur ses problèmes, n'en oublie pas pour autant les
problèmes de ses voisins, les problèmes des autres continents, et, plus
particulièrement, les problèmes du continent où il vit. C'est ce qui m'a amené à
proposer la création à Tanger d'un institut régional africain. Après le drame du
Congo, je me suis mis à médite, et je me suis dit qu'il ne fallait pas que les pays
d'Afrique, au lendemain d’un cataclysme tel que celui-là, ne se manifestent que par
l'envoi de troupe, mais qu’il fallait, au fur et à mesure qu'un pays accédait à
l'indépendance et que des besoins se faisaient sentir, que nous créions une banque
d'hommes. De même que nous avons créé une banque économique, nous devons créer
une banque de possibilités et de travail.
« C’est ce qui m’a amené à proposer personnellement à l'UNESCO que, dans un
institut africain, partant d'un niveau intellectuel commun, nous puissions former des
commandos de l'éducation et de l'administration qui pourraient être mis à la
disposition de tous les pays qui en auraient besoin. Ainsi, tous ceux qui
fréquenteraient cet institut, ayant une vie commune, recevant une formation commune
et liés par la camaraderie des études pourraient créer cette unité sans laquelle ne
saurait avoir son véritable sens.
«Il me plait de remercier ici, d’une façon très vive et très sincère, l'UNESCO,
tous ses membres, sa direction et touts les hautes personnalités qui en ont la
responsabilité, non seulement pour la compréhension qu’ils ont témoignée à l’égard
de ce projet, mais encore pour l’empressement qu’ils ont mis à le mettre à exécution.
« J’espère comme l’a dit M. Maheu tout à l’heure, que nous pourrons
commencer au début de l’année prochaine dans cette ville de Tanger que je voudrais
que l'UNESCO, c’est-à-dire la science et la conscience, puisse considérer comme une
ville toujours ouverte à tous.
«Je ne voudrais pas terminer cette allocution sans vous dire qu'à travers Ma
personne, le Maroc se joint à tous vos efforts, qu'il est ici présent, et qu'il restera
toujours parmi vous, et sans vous dire non plus que, dans le domaine de la science,
qui n’a point de limites, ni de frontières dans le domaine de la vertu, qui n'a jamais
connu de fin, mon pays comme les vôtre, apportera sa contribution, modeste mais,
vigilante, efficace et désintéressée ».
CAFRAD – Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le
Développement.
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