Administration publique camerounaise
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Administration publique camerounaise
Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement Nations Unies Département des Affaires Economiques et Sociales SEMINAIRE SUR LES ACTIVITES DE FORMATION EN ETHIQUEPROFESSIONNELLE POUR LES FONCTIONNAIRES D’AUJOURD’HUI PROJET DE CD-ROM POUR L’AFRIQUE L’Administration Publique Camerounaise Forces, Faiblesses et Perspectives d’Avenir Par : Ngambo Fondjo Pierre Vincent Tanger Maroc 22 Mai 2 Juin 2000 Bd. Mohammed V, Pavillon International P.O. Box 310, Tangier, 90001 Morocco Tel: (212) 61 30 72 69 - Fax: (212) 39 32 57 85 E-Mail : [email protected] Web Site: http://www.cafrad.org Bd. Mohammed V, Pavillon International B.P. 310 Tanger, 90001 Maroc L’Administration Publique Camerounaise :Forces, Faiblesses et Perspectives d’Avenir, Séminaire sur la Formation en Ethique Professionnelle pour les Fonctionnaires d’Aujourd’hui, Tanger, 22 mai-2Juin 2000 Table des Matières I. INTRODUCTION............................................................................................................................. 3 II. RAYONS ET OMBRES DE L'ADMINISTRATION PUBLIQUE CAMEROUNAISE....................... 3 III. L'ADMINISTRATION CITOYENNE DU 21ème SIECLE............................................................... 5 IV. CONCLUSION ............................................................................................................................... 14 Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement –CAFRAD Département des Affaires Sociales et Economiques des Nations Unies - UNDESA 2 L’Administration Publique Camerounaise :Forces, Faiblesses et Perspectives d’Avenir, Séminaire sur la Formation en Ethique Professionnelle pour les Fonctionnaires d’Aujourd’hui, Tanger, 22 mai-2Juin 2000 I. INTRODUCTION La présente communication se veut un diagnostic et un pronostic relativement à l'Administration publique camerounaise. Le diagnostic met en évidence son profil en termes de forces et de faiblesses, c'est-à-dire de rayons et d'ombre. Le diagnostic de l'Administration publique camerounaise est connu. Il a été rappelé à diverses occasions. Mon intervention sera donc un nouveau rappel, mais avec un autre regard ni laudatif ni corrosif. Le pronostic présente dans une phase normative les axes d'amélioration adaptés au profil décliné. Ce sera donc un appel qui dessine, de manière prospective le visage de l'Administration publique camerounaise au prochain millénaire et plus spécifiquement au 2 le siècle ; une Administrationcitoyenne au service du développement durable et équitable. Il s'agit d'une administration qui fait son aggionamento, reconsidère ses certitudes, ses Habitudes, ses rigidités structurelles et procédurales pour satisfaire les aspirations de ses propres agents, celles ensuite de ses citoyens-usagers de plus en plus gagnés par une exigence accrue de qualité et une soif de participation à l'action publique, celles enfin de la société toute entière. II. RAYONS ET OMBRES DE L'ADMINISTRATION PUBLIQUE CAMEROUNAISE L'Administration publique camerounaise a ses forces davantage des faiblesses. Forces de l'Administration publique camerounaise • • • • • L'Administration publique est au confluent d'un triptyque juridique auquel s'agrège des coutumes ancestrales. Elle a en effet des traditions soldes qui portent la marque d'un héritage historique constitué du droit allemand, anglo-saxon et davantage français, notamment le modèle napoléonien visualisé comme cadre de référence. les règles de jeu existent à travers des textes et des procédures formelles ; bien que les pratique au quotidien mettent en évidence l’écart entre le règle de droit et son application . Une expertise nationale certaine, souvent peu ou mal utilisée. Une Administration nationale ; l'Etat centraliste et régalien dont elle est le bras séculier à servi à unifier les pratiques sur toute l'étendue territoire. Une pureté d'intention; le Cameroun peut témoigner d'une histoire au cours de laquelle les autorités se sont fait le devoir à chaque fois d'exprimer l'intérêt qu'ils accordent à l'Administration sans laquelle l'Etat de droit, et par suite le développement ne peuvent durablement s'envisager. Cependant, cette pureté d'intention ne s'accompagne pas toujours de pureté d'action générant l'une de grande faiblesse de l'Administration camerounaise. Elle n'est pas la seule. Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement –CAFRAD Département des Affaires Sociales et Economiques des Nations Unies - UNDESA 3 L’Administration Publique Camerounaise :Forces, Faiblesses et Perspectives d’Avenir, Séminaire sur la Formation en Ethique Professionnelle pour les Fonctionnaires d’Aujourd’hui, Tanger, 22 mai-2Juin 2000 Faiblesses de l'Administration Camerounaise L'univers administratif camerounais est traversé par des cris multiformes, d'ordre financier, organisationnel, managerial et procédural. • La crise de légitimité La crise de légitimité traduit le divorce entre le citoyen et l'administration. Elle résulte des déceptions subies par les citoyens dans leurs relations avec l'Administration. Les citoyens sont déçus par le service public, peu au service du public. Ils s'en méfient désormais et lui accorde peu de crédit, remettent en cause les modalités de son action et doutent de sa capacité à jouer le rôle auquel il prétend. Les citoyens développent alors de nouveau partenariat avec les autres acteurs non Etatiques (Société civile, ONG, Secteur privé, acteurs internationaux). La « déligitimation » de l'Administration résulte de ce que : • L'Administration sert des intérêts occultes et des exclusivismes partisan clientélistes et claniques ; Elle se sert elle-même ; Elle dessert les citoyens , mieux encore concourent à leur asservissement ; elle symbolise la fascisation de l’Etat dans sa capacité répressive ; Elle est le lieu de déploiement de l'ethnicisme agressif des confréries militantes et des réseaux pré-mafieux et des réseaux pré-mafieux ; L'administration se gère à plusieurs vitesses, créant des fractures sociales potentiellement explosives. La crise de Financement L'Administration publique a un coût. Or les ressources disponibles de l'Etat se raréfient. Ce coût doit être maîtrisé. La crise de financement fonde ainsi la priorisation de la gestion quantitative des réformes. Il s'agit d'atteindre une situation budgétaire saine, maîtrisée par une réduction de l'importance relative de la masse salariale par rapport aux recettes budgétaires. En somme le financement des services publics restent une préoccupation. • La crise d'efficacité La question d'efficacité demeure une conquête dans l'administration publique camerounaise. Les fonctionnaires sont démotivés voire démobilisés. Leur plan de carrière est chaotique, incertain et confus. La gestion d'emploi public s'opère sous la forme de redistribution sociale récompensant davantage la loyauté politique et personnelle que le mérite par ailleurs non défini. Le déficit d'évaluation demeure également une réoccupation. Les agents publics ne sachant pas exactement ce que l'on attend d'eux ne peuvent être performant. Le système de notation en cours ne donne pas satisfaction. Les appréciations sont biaisées. Il existe des contradictions entre la note et l’appréciation . Un tel système ne peut ni permettre d'effectuer une appréciation véritable de la valeur des agents, ni les motiver. Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement –CAFRAD Département des Affaires Sociales et Economiques des Nations Unies - UNDESA 4 L’Administration Publique Camerounaise :Forces, Faiblesses et Perspectives d’Avenir, Séminaire sur la Formation en Ethique Professionnelle pour les Fonctionnaires d’Aujourd’hui, Tanger, 22 mai-2Juin 2000 L'Administration rémunère le diplôme qui a conféré au fonctionnaire le grade dont il est titulaire et non le service fait ou mieux la manière dont il est fait c'est-à-dire la performance. La recherche de l'efficacité des services publics s'accommode mal de l’impersonnalité de la rémunération fixées à l’avance à l’exclusion de la compétence et du rendement . Certes il existe de plus en plus une différenciation de rémunération mais elle varie plus selon les corps ou le ministère que les performances individuelles . • La crise d'affectivité Les textes existent mais ne sont pas toujours appliqués. Des réformes ont été annoncées mais n'ont pas été conduites jusqu'à leurs termes. L'inachèvement des réformes tant à fragiliser les résultats escomptés. Tel est le diagnostic ; Qu'en est-il du pronostic ? III. L'ADMINISTRATION CITOYENNE DU 21ème SIECLE L'Administration citoyenne du 2 le siècle se construira par rapport aux défis majeurs des sociétés auxquels elle devra faire face. Il convient d'en répertorier quatre (4). Le défi de la bonne gouvernance l’administration publique doit être le socle de la nouvelle légitimité de l’Etat à travers la promotion de la bonne gouvernance visualisée comme Le système de gestion politique et administrative des ressources publiques qui avec l'aide de l'autorité politique et d'un pouvoir de contrôle, vise le développement social et économique d'une société. La notion de gouvernance prend en effet en compte une grande variété d'aspect tel que le fonctionnement des dispositifs institutionnel, les relations entre les gouvernants et les gouvernés, l'efficacité du leadership, les éléments formels, informels, officiels et non officiels du système politique. En d'autres termes, le concept implique de façon large les idées de légitimité, d'adéquation, d'obligation réditionnelle et d'intégrité dans la gestion publique, de pluralisme politique, de transparence et de compétence. Il en résulte que- toute stratégie de développement repose sur la nécessité d'une bonne gouvernance. Le défi de la mondialisation- globalisation L'émergence des zones économiques continentales, la libéralisation et la planétarisation des échanges commerciaux et monétaires créent un nouvel ordre mondial extra-étatique. Le poids de l'Etat est relativisé et son influence marginalisé aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. C'est dire que la mondialisation-globalisation affecte l'ensemble de la société et appelle les ajustements de leurs structures administratives. Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement –CAFRAD Département des Affaires Sociales et Economiques des Nations Unies - UNDESA 5 L’Administration Publique Camerounaise :Forces, Faiblesses et Perspectives d’Avenir, Séminaire sur la Formation en Ethique Professionnelle pour les Fonctionnaires d’Aujourd’hui, Tanger, 22 mai-2Juin 2000 Le défi éthique La dégradation des valeurs morales , la croissance dramatique des malversations dans la gestion des biens publics sont de plus en plus mis en cause et dénoncés tant au plan national qu'international Les valeurs d'intégrité (le transparence et de désintéressement sont par contre sublimées. Le défi technologique Les nouvelles technologies de l'information et de la communication connaissent un effort considérable. Elles bouleversent nos modes de vie, notre organisation sociale, les conditions de production et d'échange, notre rapport au temps, à l'espace et à la connaissance. L'Administration publique camerounaise ne saurait rester à l'écart de ce mouvement. Les technologies de l'information et de la communication sont appelées à accompagner les changements au sein de l'Etat et de son Administration. Les nouvelles technologies concourent à l‘inversion de la réalité du pouvoir dans nos Administrations. Le pouvoir n’appartient plus comme dans l'Administration traditionnelle à celui qui dispose des informations et les gardent par divers lui mais à celui qui les diffusent. A ces défis majeurs. s'agrègent des paris de l'Administration citoyenne cristallisés autour des quatre (4) repères : le paris de la simplicité Une administration publique plus lisibles et plus souple . le paris de la productivité une administration moins coûteuse et plus performante . le pari de la citoyenneté Une administration de proximité, plus proche du citoyen et plus ancrée dans son milieu . Le pari de la communication Une Administration plus ouverte et plus transparente. Pour gérer ces défis et ces paris cumulés, des actions doivent être envisagées relativement à la place et au rôle de l'Etat, au niveau des hommes. des structures, des procédures, des usagers, de la gestion de l'avancée technologiques et des paradigmes de la réforme administrative. Redéfinir la place et le rôle de l'Etat L'Etat ne peut plus et ne pourra plus jamais tout faire. Il s'agit de redéfinir une nouvelle conception de l'Etat, notamment sa place, face à d'autres acteurs supra nationaux, son champ d'intervention, son mode de fonctionnement et ses structures constitutionnelles. Dans cette perspective, il est aujourd'hui admis que l'Etat tentaculaire, pyramidal et interventionniste a vécu. L'Etat modernisé, en somme l'Etat de qualité, doit se redimensionner et se recentrer progressivement sur ce qu'il fait de mieux et surtout Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement –CAFRAD Département des Affaires Sociales et Economiques des Nations Unies - UNDESA 6 L’Administration Publique Camerounaise :Forces, Faiblesses et Perspectives d’Avenir, Séminaire sur la Formation en Ethique Professionnelle pour les Fonctionnaires d’Aujourd’hui, Tanger, 22 mai-2Juin 2000 donner la priorité aux missions qui ne peuvent être déléguées. Ce faisant, il ne sera plus encombrant lorsqu’il n'est pas indispensable et absent lorsqu'il est nécessaire. Il convient à cet effet, de préciser son domaine réservé, son domaine partagé et celui à transférer. C'est dire que là où l'Etat est indispensable, il doit être efficace. C'est l'Etat garant de 1"identité, de l'unité et de la cohésion ainsi que la solidarité nationale dans des contextes de. rivalités tribopatriacales, ethniques et régionales. De même, c'est un Etat qui assure ses missions régaliennes (sécurité, justice, diplomatie). Pareillement, c'est un Etat qui se substitue temporairement à une société civile en cours d'émergence pour assurer la gestion de certains services publics, ne participant pas à priori de sa seule compétence. Mais dans le même temps, et afin que cette substitution puisse rester temporaire, l'Etat doit être le facilitateur de l'émergence de cette société civile, afin qu'elle puisse prendre le nécessaire relais. Parallèlement, l'Etat régulateur, en créant un environnement favorable, doit impulser et coordonner l'activité de l'économie nationale. Un tel Etat fait du secteur privé, un partenaire incontournable dans l'amélioration des performances économiques. Moderniser, c'est aussi privatiser. Toutefois, le redimensionnement de l'Etat ne signifie ni désengagement précipité, ni abandon de sa mission régulatrice au demeurant nécessaire à cette phase de restructuration, politique et institutionnelle. L'Etat redimensionné est un Etat dynamique, plus souple dans ses interventions. Un Etat efficace qui rationalise ses choix. Un Etat plus médiateur qu'acteur, qui oriente plus qu'il ne produit mieux qui fait faire plus qu'il ne réalise lui-même. L'action au niveau des hommes L'action au niveau des hommes appelle la mobilisation des agents d'administration, sa principale ressource et moteur incontournable de l'efficacité de l'Etat. Elle sera obtenu par la consultation effective des syndicats et des représentants des agents publics dans les divers comités et commissions qu'il convient de réactiver. Outre cette mobilisation classique, la mise en oeuvre des cadres nouveaux de concertation doit être recherchée. Il importe également d'asseoir un système d'évaluation permettant selon les méthodes adaptées à la nature des activités de chaque service de saisir le fonctionnaire dans sa dimension personnelle, dans son efficacité professionnelle et dans ses capacités potentielles. L'on instituera à cet effet un système participatif d'évaluation des performances des agents en lieu et place du système actuel. Chaque agent pourrait ainsi discuter avec son supérieur hiérarchique direct des objectifs à réaliser ainsi que des problèmes et solutions y afférent. L'évaluation devra également avoir des conséquences sur les carrières et les rémunérations. De même, il convient d'élaborer et de mettre en oeuvre les programmes (le perfectionnement et de recyclage qui s'imposent aussi bien aux agents qu'à l'Administration. Toutes choses qui permettront d'atténuer l'effet des inadéquations entre le profil de' l'agent et les exigences de l'emploi. Des programmes ' de formation ne sont pas toujours adaptés au besoin. Les concours internes gardent par exemple un caractère scolaire et rébarbatif Les agents reçoivent les « formations catalogues » selon leur goût et leur centre d'intérêt propre, satisfaisant d'avantage « le tourisme administratif ». La formation doit être remaniée dans ses objectifs et ses contenus. Elle doit cessé d'être dominée par les offres et reposées sur l'analyse des besoins. La formation ne doit pas en outre être considérée comme un appoint, sans ressources suffisantes. « La formation-coût » ou « la formation cadeau » doit se Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement –CAFRAD Département des Affaires Sociales et Economiques des Nations Unies - UNDESA 7 L’Administration Publique Camerounaise :Forces, Faiblesses et Perspectives d’Avenir, Séminaire sur la Formation en Ethique Professionnelle pour les Fonctionnaires d’Aujourd’hui, Tanger, 22 mai-2Juin 2000 transformer en « formation-investissement ». Les actions y relatives doivent s'inscrire dans le cadre d'un accord de performance dans lequel seront définis les obligations de la structure ou évolue les participants et ces derniers. De lus, chaque programme devra s'achever par l'élaboration d'un plan d'action individuel couvrant les six (6) mois à venir. Un atelier de suivi pourrait être organisé six (6) mois après pour évaluer l'exécution des plans d'action individuel. La valorisation de l'expertise nationale doit être développée. L'on constituera à cet effet un réseau d'expert camerounais et l'on développera un programme de formation qui renforce les capacités nationales. La rémunération doit faire l'objet d'une attention particulière. L'insuffisance criarde du traitement actuel des agents publics entretient la contre-performance et les maintient dans une indignité croissante qui « légitime » la recherche de « compensations salariales » à travers « la privatisation du poste de travail » et le développement des activités parallèles. L'on veillera donc à verser aux agents publics les salaires adéquats en liaison avec leur performance. Il importe d'asseoir un plan de carrière fondé sur des règles de jeu connues, acceptées et respectées. Dans ce cadre, il conviendrait notamment d'opérer la séparation des fonctions techniques des fonctions politiques dont on S'efforcera par ailleurs de décliner les listes. On pourrait envisager de précariser les emplois supérieurs par leur contractualisation. Des systèmes de mandat pourrait également être mis en place. L'on assurera la promotion des valeurs éthiques. A ce titre il convient de lutter particulièrement contre la corruption. Dans cette perspective, il faut éviter : - le pièce de l'universalité, de la fatalité ou de la relativité ; l'opération coup de point. Il n'y a pas un peuple de corrompus ou corrupteurs et un peuple d'intègres. Nul ne doit être livré à la vindicte populaire. L'on pourrait pour ce qui est de l'Administration publique : - restaurer la dignité économique de l'agent public ; sensibiliser les citoyens au problème ; instaurer pour les agents publics une déclaration systématique des biens ; rédiger un code éthique qui renforce les normes professionnelles et morales ; réduire la centralisation et une bureaucratie excessive ; promouvoir des associations de lutte contre la corruption ; instaurer l'éducation civique en associant les leaders traditionnels ; sanctionner de manière systématique et impartiale ceux qui violent les normes. Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement –CAFRAD Département des Affaires Sociales et Economiques des Nations Unies - UNDESA 8 L’Administration Publique Camerounaise :Forces, Faiblesses et Perspectives d’Avenir, Séminaire sur la Formation en Ethique Professionnelle pour les Fonctionnaires d’Aujourd’hui, Tanger, 22 mai-2Juin 2000 L'action sur les structures S'agissant des structures, il convient de maîtriser leur évolution dans un cadre définit à l'avance. Il s'agira de consolider les audits organisationnels déjà réalisés et parachever ceux en cours. Ces audits doivent couvrir l'ensemble des structures étatiques y compris les structures de souveraineté. L'on arrêtera les principes fondamentaux de création, d'organisation des gestions et de contrôle des structures des services publics. Toutes choses qui permettront de mettre en place un cadre juridique de référence en matière de structuration des services publics. Il s'agira par ailleurs de promouvoir une Administration décentrée, crise de l'avènement d'une bonne gouvernance locale, c'est-à-dire de gestion de proximité en termes de pouvoirs, de moyens et de formations. Les deux voies traditionnelles qui concourent à cette « déconcentralisation » sont la décentralisation et la déconcentration. La décentralisation vise le transfert d'une partie du pouvoir d'Etat vers le pouvoir local des collectivités territoriales. Ce principe a été réaffirmé par la dernière Constitution. Sa mise en oeuvre doit être effectivement envisagée. Il doit donc d'opérer un transfert réel des pouvoirs vers la périphérie locale par une définition claire et précise des domaines d'intervention respectif de chacune des deux entités. La déconcentration doit accompagner le processus de décentralisation. Il ne peut y avoir de décentralisation efficace sans déconcentration effective. La déconcentration qui consiste à transférer au sein même du pouvoir d'Etat le pouvoir d'échelon centraux vers les échelons territoriaux permet de renforcer le pouvoir de décision sur place, au plus près des réalités et loin des féodalités de la capitale. Le rôle des responsables des services déconcentrés de l'Etat demeure encore vital pour le développement du Cameroun. Ces responsables sont en effet les interlocuteurs directs des élus du peuple et à ce titre, ils ont besoin d'un pouvoir suffisant pour assurer au niveau local les fonctions d'animation, de contrôle, de régulation et de conseil qui leur reviennent. L'on pourrait consigner ces orientations dans une charte de déconcentration. L'action sur les procédures L'action sur les procédures consiste en leur simplification pour en accroître la lisibilité. La suppression de certaines autorisations administratives doit être accélérée ; l'inflation normative maîtrisée. Il convient à cet effet de Légiférer mieux et moins. Il s'agit également de promouvoir les Guichets uniques pour alléger les formalités. Ce faisant, l'on pourrait ainsi passer d'une Administration de procédure à une Administration de responsabilité. Assurer le meilleur service à l'usager L'usager attend désormais, en toute légitimité, une plus grande proximité administrative et des prestations de qualité. Il tient à être bien accueilli, traité et servi. En tant que. prestataire de service, le service public doit répondre à des critères de fiabilité, disponibilité, compétence, accessibilité, sécurité, courtoisie. Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement –CAFRAD Département des Affaires Sociales et Economiques des Nations Unies - UNDESA 9 L’Administration Publique Camerounaise :Forces, Faiblesses et Perspectives d’Avenir, Séminaire sur la Formation en Ethique Professionnelle pour les Fonctionnaires d’Aujourd’hui, Tanger, 22 mai-2Juin 2000 Dans cette perspective, dix (10) questions fondamentales peuvent permettre d'assurer Lin service de qualité : - Quel est notre raison d'être, notre mission ? - Qui sont nos usagers ? - Quels problèmes prioritaires se posent à nos usagers ? - Quel est notre métier ? - Quelles sont les bases à partir desquelles nous exerçons notre métier ? - Quelles sont les contraintes dont nous devons tenir compte pour exercer notre métier ? - Quels sont nos objectifs (qualitatifs et/ou quantitatifs) ? - Quelles sont nos valeurs essentielles dans notre métier ? Comment pouvons-nous mesurer notre succès ? - Que récompense-t-on dans notre métier ? De même, quelques pratiques destinées à améliorer le service public peuvent être formulées : - Se mettre à l'écoute des usager pour mieux connaître leurs besoins, leurs points de vue et leurs suggestions. Améliorer l'accès aux services en révisant les horaires d'ouverture, en accueillant mieux, en orientant et en consultant les usagers. Accélérer la résolution des litiges en privilégiant le dialogue et le règlement à l'amiable. Produire moins de textes mais appliquer mieux ceux qui existent. Fixer les normes de service en terme de niveau, qualité et quantité. Evaluer les prestations des administrations Innover sans cesse pour renouveler et moderniser l'offre du service. L'Administration pourrait s'inspirer du slogan « Cinq (5) zéros de la qualité ». - Zéro retard ; Zéro panne; Zéro erreur ; Zéro papier ; Zéro mépris. Par ailleurs l'opinion publique est le premier censeur de l'administration et doit être de ce fait l'aiguilleur de la modernisation. Dans cette perspective, les enquêtes publiques, les sondages d'opinion doivent orienter les prises de décisions affectant les usagers. Les résultats de ces sondages doivent leur être communiqués, assortis de la présentation des moyens envisagés pour juguler les lacunes identifiées. Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement –CAFRAD Département des Affaires Sociales et Economiques des Nations Unies - UNDESA 10 L’Administration Publique Camerounaise :Forces, Faiblesses et Perspectives d’Avenir, Séminaire sur la Formation en Ethique Professionnelle pour les Fonctionnaires d’Aujourd’hui, Tanger, 22 mai-2Juin 2000 Gestion de l'avancée technologique Outre les actions de simplifications des procédures administratives et de réorganisations des structures, des nouvelles technologies de l'information et de la communication peuvent contribuer à favoriser l'accès au service public, renforcer les capacités de communication et de gestion ainsi que l'amélioration de la qualité de service et des prestations offerts au usager. Une administration au service des citoyens doit pouvoir offrir à ces derniers la bonne information à temps et abolir les contraintes de déplacement, d'attente et de fermeture en dehors des heures du bureau. L'implantation des nouvelles technologies de l'information et de la communication exige une volonté et une implication salis faille des dirigeants. Il s'agit de veiller à ce doter d'un plan directeur et d'un chronogramme a cet effet. Sa mise en place a un coût qui doit être visualisé comme un investissement et non une dépense. Paradigmes pour une réforme administrative réussie • Une volonté politique affirmée et partagée. Une réforme administrative ne peut se faire sans une volonté politique clairement affirmée dès le départ et maintenue constante tout au long de sa réalisation. Les plus hautes autorités politiques doivent préciser, de façon claire et ferme, les grandes politiques de réforme, les objectifs poursuivis, les grands programmes à mettre en place et doivent investir formellement les responsables qui auront à mener à terme la réforme. Cette volonté politique doit être partagée sans équivoque par l'ensemble des membres du Gouvernement et par les hauts fonctionnaires. Les changements découlant de la réforme devront s'appliquer ultimement à toutes les organisations, dans toutes ses parties et à tous les niveaux. • Un projet national Le projet de réforme doit être national et non pas un projet élaboré, en circuit fermé, par certains experts internationaux. Il doit faire l'objet d'une approbation officielle par le Président et, idéalement, par le Conseil des ministres puisqu'il doit être un programme de Gouvernement. Les instances politiques du pays s'approprient ainsi les responsabilités en matière de réforme administrative et prennent les décisions qui en découlent. Ces décisions tiennent compte bien sûr des divers éléments des contextes international et national. • Une structure d'appui responsable et efficace La réalisation du projet de réforme doit être confiée à Lin fonctionnaire en autorité qui a la pleine confiance du Président et du Premier ministre et doit jouir d'une crédibilité certaine auprès de ses collègues, de façon à assurer une impulsion soutenue à la réforme et à en garantir l'exécution la plus Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement –CAFRAD Département des Affaires Sociales et Economiques des Nations Unies - UNDESA 11 L’Administration Publique Camerounaise :Forces, Faiblesses et Perspectives d’Avenir, Séminaire sur la Formation en Ethique Professionnelle pour les Fonctionnaires d’Aujourd’hui, Tanger, 22 mai-2Juin 2000 efficace possible. Un dispositif institutionnel doit être mis en place dès le départ et être rattaché aux plus hautes autorités politiques de l'Etat. Enfin, une unité de réforme administrative, placée sous l'autorité politique désignée pour diriger la réforme, est mise sur pied afin de réaliser les diagnostics de l'administration publique nationale, de proposer les orientations et objectifs à poursuivre, la structure d'appui et les autres mécanismes supports à mettre en place, les stratégies, démarches et approches à retenir, de coordonner les actions à réaliser et de procéder au suivi et aux évaluations requises. Bref, le projet national de réforme doit être la responsabilité de l'ensemble de l'appareil politique et administratif. • Une réforme globale et intégrée Pour être porteuse de résultats significatifs, une réforme administrative doit être globale. Elle peut donc toucher un ensemble d'objets tels : l'élaboration des politiques et des programmes, les structures et le fonctionnement des ministères et organismes gouvernementales, les systèmes et processus de gestion des ressources humaines, financières, matérielles et informationnelles, les rôles des organismes centraux chargés de la gestion des ressources gouvernementaux ainsi que la façon dont les managers exercent leur rôle de gestionnaire. Une réforme administrative doit aussi être intégrée c'est-à-dire inscrite dans un ensemble plus vaste de réformes de l'Etat, de ses institutions et de ses missions : révision du rôle et du fonctionnement de l'Etat, re-questionnement des rôles et pouvoirs de l'administration centrale et de l'administration décentralisée, réforme économique et fiscale, réforme de l'éducation, de la santé et des politiques sociales. • Une réforme culturellement adaptée Qui dit réforme dit aussi apports nationaux, emprunts à d'autres sociétés, d'autres administrations. Le succès d'une réforme passe donc souvent par une nécessaire acculturation entre autres en ce qui a trait à la direction des personnes et à la gestion des organisations. Par ailleurs, une réforme administrative ne peut se faire sans tenir compte de la culture en tant que variable importante de fonctionnement des organisations à réformer. Le succès d'une réforme passe donc aussi par le respect des coutumes, valeurs et autres manifestations culturelles des administrations concernées. • Des objectifs bien définis et priorisés Les objectifs que poursuit la réforme administrative doivent être bien définis et « priorisés » les uns par rapport aux autres ; une réforme doit avant tout viser l'amélioration de la productivité des organisations et des agents de l'Etat et, ultimement, contribuer ainsi à une utilisation plus judicieuse des rares ressources de l'Etat ; pour ce faire elle doit entre autres assurer la redéfinition des missions et la réorganisation des ministères et organismes de l'Etat, la réallocation des ressources en conséquence, la rationalisation de leur gestion et la formation des ressources humaines en vue d'une meilleure prestation de services. Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement –CAFRAD Département des Affaires Sociales et Economiques des Nations Unies - UNDESA 12 L’Administration Publique Camerounaise :Forces, Faiblesses et Perspectives d’Avenir, Séminaire sur la Formation en Ethique Professionnelle pour les Fonctionnaires d’Aujourd’hui, Tanger, 22 mai-2Juin 2000 • Une approche progressive, sélective et soucieuse de ses impacts «L'approche progressive, gradualiste, qui s'ajuste bien au rythme des personnes, aux possibilités et moyens d'action limités », et sélective, c'est-à-dire « qui permet de choisir les secteurs d'intervention en fonction de leur importance objective, de leur degré de réceptivité au changement et de leur capacité d'exercer un effet multiplicateur sur le reste de l'administration », semble être la stratégie gagnante en matière de réforme administrative. Par ailleurs, compte tenu des impacts que ne manque pas d'avoir une réforme sur les agents de l'Etat d'une part et les citoyens d'autre part, il est impossible qu'il n'y ait pas de résistances aux multiples changements envisagés : les responsables de la réforme doivent savoir les envisager, les discuter avec les personnes concernées et rechercher les compromis qui permettront de poursuivre l'action et de rencontrer les objectifs. Des stratégies de communication appropriées, une sensibilisation des agents et des citoyens ainsi qu'une mise à contribution des secrétaires généraux et directeurs sont autant de moyens qui limiteront ces résistances. • Une approche participative Une réforme administrative doit encore privilégier une approche participative, c'est-à-dire qui implique étroitement les secrétaires généraux et les directeurs en tant que « véritables agents » de la réforme. A l'inverse, une réforme ne pourra jamais se réaliser si elle demeure le seul apanage des équipes centrales chargées de la concevoir et si elle n'est pas prise en charge par les hauts fonctionnaires. Cette implication devrait pouvoir aller jusqu'à la prise d'initiatives par les ministères et organismes dans une perspective de recherche-action. Afin de pouvoir assumer correctement cette responsabilité, les secrétaires généraux et directeurs devraient être formés aux concepts et techniques modernes de management. • Une démarche structurée Une réforme administrative est une activité d'envergure qui exige d'être menée de façon structurée : démarche itérative, elle devrait normalement comprendre les grandes opérations suivantes : - analyse des contextes international et national ; établissement d'un diagnostic d'ensemble sur d'administration publique nationale, ce qui implique cueillettes de données, inventaires, descriptions de situations et analyses ; détermination des orientations à prendre et des objectifs à poursuivre par la reforme; choix et mise en place des structures d'appui à la réforme et des autres mécanismes de support ; identification des stratégies d'invention et de processus ou étapes à suivre pour réaliser la réforme ; identification des objets de réforme, établissement des diagnostics/problématiques, identification et choix des solutions, mise en oeuvre des solutions ; 3.1.suivi de la mise en oeuvre des solutions, évaluation des résultats et mesure des impacts. Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement –CAFRAD Département des Affaires Sociales et Economiques des Nations Unies - UNDESA 13 L’Administration Publique Camerounaise :Forces, Faiblesses et Perspectives d’Avenir, Séminaire sur la Formation en Ethique Professionnelle pour les Fonctionnaires d’Aujourd’hui, Tanger, 22 mai-2Juin 2000 • Des collaborations nationales Les réformes administratives doivent être réalisées le plus possible avec la collaboration d'institutions nationales d'enseignement compétentes dont, particulièrement, l'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature et l'Institut Supérieur de Management Public. Cependant, ces structures doivent consolider leurs programmes et développer leurs ressources afin de pouvoir contribuer de façon significative à la modernisation de l'Administration. IV. CONCLUSION Au total, si le chantier de la réforme de l'Etat et de son Administration, envisagé de manière récurrente reste inachevé au Cameroun, mon intervention quant à elle s'achève sur une conviction. L'Administration publique camerounaise, autrement c'est possible. Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement –CAFRAD Département des Affaires Sociales et Economiques des Nations Unies - UNDESA 14