Changeons de regard "faut po avoir peur"
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Changeons de regard "faut po avoir peur"
CHANGEONS DE REGARD “ r u e p ir o v a ô p t u “fa ional.fr cap-internat www.handi ains.fr www.ville-st “fa ut CHANGEONS DE REGARD pô eu r“ p r i avo 4 Changeons de regard Quand à 6, 12 ou 15 ans, on respire la santé, quand la tête et les jambes fonctionnent bien, Trente ans on de abande dessinée à qu’on Angoulême, vingtetans d’action pour Handicap quand la vie devant soi et la rêve belle souriante, comment regarde-t-onInternaceux tional, une européenne des personnes : voilà trois bonnes de pour quiAnnée tout semble aller de travers, ceux pourhandicapées qui les membres ne bougent jamaisraisons ou gesticulent dans tousinattendue les sens, ceux qui solidarité ne voient rien, ne parlentpour pas ou, pire, plus baragouinent susciter une rencontre entre et création, encore de convides mots tordus, ceux qui vous regardent d’un drôle d’air, vous bousculent sans raison, ou vialité. tout simplement parce que leur corps est déformé. Solidarité, quand Handicap International et la Ville d’Angoulême décident de promouvoir Comment se comporter face: le à une personne ? De surcroit lorsqu’on est enfant ensemble un message simple handicap nehandicapée fait de personne un citoyen à part. ? Pas toujours très à l’aise, desconvictions sentiments ded’un peur,artiste de rejet, de culpabilité, le silencenos qui peurs Création, quand le talent et les populaire questionnent s’installe... partagées, nous parlent de liberté et de fraternité. Convivialité, lorsque lade cité se veut plus accueillante, ses habitants attentifs au Avec le personnage Titeuf, son auteur Zep et l’association Handicapplus international, il biennous a semblé important deses prendre avec vouschaque le tempsjour d’expliquer pourquoi certains sont être et à l’autonomie de tous, associations plus innovantes. différents, le handicap ne fait de chacun personnede unnous être àà part. L’ambition de pourquoi ce petit ouvrage est d’inviter poser un regard nouveau sur les personnes handicapées et leurs familles, en surmontant nos propresetinquiétudes. Titeuf questionne nos peurs partagées, nous parle de liberté, de solidarité de fraternité. L’excès de sollicitude, tout autant que la gêne, constituent les principales barrières de la Avec lui, nous sommes posernaître un regard nouveau sur les des personnes handicapées dans et rencontre ; pourtant, d’elleinvités seuleàpeut la compréhension bouleversements leurs familles, en surmontant nos propres inquiétudes, à relativiser nos petits maux. une vie, et dans celle d’une famille. Bonne année toutes et à autant tous ! que la gêne, constituent les principales barrières de la L’excès de àsolitude, tout 4 rencontre ; pourtant d’elles seules peut naître la compréhension des bouleversements dans une vie, etRichardier dans celle d’une famille. Jean-Baptiste Philippe Mottet Codirecteur Bonne lecture à tous ! Handicap International Farida Aoudia, Conseillère municipale déléguée à L’intégration des personnes handicapées dans la ville, Et à la lutte contre les discriminations Maire Ville d’Angoulême Michel Beaumale, Maire de STAINS, Vice-président de Plaine Commune © L. Maréchaux pour Handicap International « Titeuf décrit le monde tel qu’il est » Qu’ y a t-il de commun entre Titeuf, le héros des 9-13 ans, et une association humanitaire qui vient en aide aux personnes handicapées, en France comme dans les pays lointains ? Titeuf est un personnage espiègle, mais ouvert sur le monde et attentif aux injustices. Son regard sur le handicap est dépourvu de misérabilisme : un copain « différent » est un copain avant tout. Titeuf est une bande dessinée réactive et moderne. Zep regarde ce qui se passe autour de lui : il décrit le monde tel qu’il est, et non pas comme les adultes croient que les enfants se l’imaginent. « Le thème du handicap m’intéresse et me touche. J’ai été sensible à la façon dont Handicap International en parle. J’ai trouvé une approche plus intégrante, n’utilisant pas la pitié, ni la culpabilité de ceux qui sont “en bonne santé”. Quand la BD fait “de l’humanitaire”, elle le fait souvent avec des bons sentiments mais d’une façon un peu mièvre. Tout à coup tout le monde est gentil. Titeuf, lui, n’est pas plus sympa qu’un autre gamin. Face à un handicapé, il a peur, il a envie de se moquer ; enfin, il est comme tout le monde. Même si le handicap n’est pas un sujet rigolo, le rire des enfants, c’est bien mieux que l’indifférence. 56 Ce qui compte, c’est de leur dire : Vous avez raison de vous révolter, de ne pas accepter. C’est vrai, “c’est pô juste” ! Manifestez-vous ! Cette énergie, cette envie de changer le monde est géniale. J’ai envie d’y croire et de croire qu’on ne la perd pas forcément quand on a dépassé 12 ans… » Zep 56 Être handicapé, qu’est-ce que ça veut dire ? Jouer au ballon, finir son exercice de maths, discuter avec ses amis ou regarder la télévision : autant d’activités qui ne demandent pas (trop) d’efforts avec un organisme en bon état. Mais chacune des fonctions qui nous permettent de percevoir, de comprendre ou d’agir sur le monde peut être détruite ou gravement altérée, ce qui constitue alors une déficience. On parle de handicap moteur quand la personne ressent une gêne pour se mouvoir, de handicap sensoriel si la déficience l’empêche d’entendre ou de voir, de handicap intellectuel pour ceux qui sont limités dans les apprentissages. Certaines malformations et de nombreuses maladies handicapantes sont inscrites dans les gènes dès avant la naissance, d’autres apparaissent au cours de la vie. Celles que l’on ne sait pas encore guérir peuvent laisser des traces graves et permanentes. Certaines, comme les myopathies, s’aggravent avec le temps et, malgré les soins, les personnes qui en souffrent ont une vie plus brève. Des accidents de la vie peuvent aussi blesser le corps et le cerveau d’enfants ou d’adultes qui étaient nés sans handicap. Quelles que soient l’origine et la nature de leur déficience, tous les êtres humains ont les mêmes droits : aller à l’école, travailler, fonder une famille et participer à la vie sociale autant qu’ils le peuvent et qu’ils le souhaitent. Il nous revient à tous de compenser l’injustice qui frappe les personnes handicapées, pour que leurs droits deviennent une réalité. 78 Surmonter nos peurs Quand un accident de la route brise le dos d’un jeune, c’est une catastrophe pour lui, mais aussi pour ses proches. S’il est devenu paraplégique ou tétraplégique, il lui faut beaucoup d’énergie pour surmonter le découragement et apprendre à vivre avec un fauteuil roulant. Le handicap de naissance n’est pas plus facile à supporter. Un enfant trisomique 21, par exemple, se rend compte dès la maternelle qu’il ne réussit pas à écrire ou à dessiner aussi bien que ses camarades, et il en souffre. Chaque famille a un long chemin à parcourir avec son enfant handicapé pour accepter ce qui lui arrive. Il leur faut apprendre à vivre avec le regard des autres. Nous pouvons faire beaucoup pour que ce ne soit pas une difficulté supplémentaire, en apprenant à mieux connaître le handicap et à ne pas en avoir peur. Par timidité ou ignorance, beaucoup d’enfants et d’adultes évitent le contact avec les personnes handicapées, ne sachant pas comment se comporter avec elles. Certaines situations sont déroutantes : un aveugle ne regarde pas son interlocuteur dans les yeux et l’on peut croire par erreur qu’il ne s’intéresse pas à la conversation. Les personnes IMC (infirmité motrice cérébrale) ont des mouvements involontaires et articulent mal ; on peut penser à tort qu’elles ne comprennent pas bien ce qu’on leur dit. Bien sûr, vous ne pouvez pas tout savoir, mais il n’est pas interdit de poser des questions. C’est tellement plus facile d’échanger quand on se connaît mieux. 78 91 9 10 On peut être différent et doué Le handicap concerne un domaine précis. Il n’empêche donc pas d’être doué ou même génial dans un autre. Le physicien Stephen Hawking souffre d’une maladie qui détruit progressivement les muscles, la sclérose latérale amyotrophique, mais c’est l’un des spécialistes mondiaux des « trous noirs ». Grand MichelCorps Petrucciani, handicapé parsuite la maladie Malade, handicapé à un l’un des des meilleurs musiciens de jazz de sa génération. Emmanuelle des os accident de verre, était grave est l’un plus talentueux slameur Laborit, comédienne sourde, captive un public sans parler. Comme il aurait été dommage que des scientifiques et des artistes comme eux soient exclus et séparés du monde des gens « normaux » ! Plus près de vous, vous connaissez peut-être un fan de mangas en fauteuil roulant, ou un crack en informatique qui n’a plus l’usage de ses yeux. Vous avez peut-être été épatés par une pièce de théâtre jouée par des adolescents autistes. C’est bien simple, il suffit d’avoir un seul copain handicapé pour s’apercevoir que la différence n’est pas une montagne pour ceux qui ont envie de partager leurs passions, ou simplement de bons moments. Afin que nous puissions tous faire cette expérience, il est important que les personnes handicapées vivent au milieu de tous, à l’école, dans les loisirs et au travail. Si nous partageons vraiment la même société, au lieu de faire connaissance avec « un handicapé », vous deviendrez ami avec Nadia, Jonathan ou Marine. Et cela fait toute la différence… 11 1 Aller à l’école, c’est toujours possible Les jeunes handicapés ont le droit d’aller à l’école. Évidemment, il ne suffit pas de les accueillir en leur demandant de se débrouiller. Ils sont souvent désavantagés parce que leur déficience les rend plus lents ou que la maladie les fatigue. Les élèves qui souffrent de mucoviscidose, par exemple, ratent fréquemment l’école pour aller à l’hôpital et passent parfois cinq heures par jour à se soigner. Certains élèves ont besoin d’une personne qui les accompagne en classe, pour leur répéter ce qu’ils n’ont pas entendu s’ils sont sourds, pour les aider à aller aux toilettes s’ils ne peuvent pas se déplacer seuls... Quand la déficience motrice est importante, ce système peut devenir trop compliqué et certains jeunes préfèrent continuer dans des établissements spécialisés, avec d’autres élèves handicapés. Ceux qui ne peuvent pas écrire travaillent sur ordinateur, et l’emploi du temps tient compte des soins nécessaires au cours de la journée. Cela ne les empêche pas de retrouver leurs copains valides le soir ou le week-end. Les enfants déficients intellectuels comme ceux qui ont un syndrome de l’X fragile suivent bien le rythme scolaire dans les premières classes du primaire. Plus tard, ils se découragent à force de réussir moins bien que les autres. Il est alors préférable pour eux de se retrouver dans de petites classes spéciales, les Cliss, qui existent pour chaque type de handicap et sont situées dans les écoles ou les collèges ordinaires. Vous rencontrez peutêtre certains élèves de Cliss dans la cour de récréation ou à la cantine. 1 12 13 1 3 14 L’intégration professionnelle Un trisomique ne peut pas devenir ingénieur, un aveugle ne sera jamais professeur de dessin, ni un myopathe conducteur de bus. Mais après tout, nous avons chacun des capacités et des défaillances qui nous ouvrent certaines portes et en ferment d’autres. Les jeunes handicapés doivent choisir leur métier avec une contrainte supplémentaire. Il existe toutefois de multiples emplois compatibles avec un handicap moteur ou sensoriel, parce qu’ils ne mobilisent pas le mouvement ou la force musculaire. Les déficients mentaux s’intègrent facilement dans les métiers qui ne demandent pas un niveau scolaire trop élevé. Un grand nombre de personnes handicapées pourraient se débrouiller sans aide… s’il n’y avait pas de chômage. Mais dans notre société où il faut être très performant et ne pas tomber malade pour obtenir et conserver un emploi, le handicap est un gros désavantage. C’est pourquoi, en France, la loi oblige les patrons des grandes entreprises à embaucher 6 % de personnes handicapées parmi leurs employés. En réalité, peu d’entre elles respectent la règle et le principal patron, l’État, non plus ! C’est un domaine où il y a encore beaucoup à faire. Pour les adultes handicapés qui ne pourraient pas supporter un rythme de travail normal, et services par le travail les ateliers il existe aussi des entreprises spéciales, Établissement les centres d’aide pard’aide le travail (CAT)(ESAT) et les etateliers protégés, qui embauchent exclusivement des personnes qui ont les mêmes déficiences. 15 1 Les aides techniques Les aides techniques pour compenser le handicap ont évolué de façon extraordinaire ces dernières années. Peut-être y a-t-il dans votre classe un élève qui a une agénésie ou qui a perdu une jambe après un accident. Il peut pourtant marcher normalement, grâce à sa prothèse, et son handicap ne se remarque qu’à la piscine. Des jeunes sourds apprennent à entendre et à parler à l’aide d’implants invisibles, placés à l’intérieur de leurs oreilles pour remplacer les organes défaillants. Des systèmes informatiques très perfectionnés permettent aux aveugles de scanner des textes et de les traduire en braille à volonté. Il existe des fauteuils roulants adaptés aux très jeunes enfants, qui peuvent ainsi se déplacer et même faire des bêtises. Des malades atteints de certaines myopathies ou d’une ataxie de Friedreich ne peuvent plus se servir que de leurs mains. Avec des fauteuils électriques, et dans des appartements où les portes et les appareils obéissent à la voix, ils peuvent vivre indépendants comme tous les jeunes de leur âge. On a même inventé des ordinateurs qui se pilotent avec les yeux. Ces petits miracles techniques ne suppriment pas le handicap, mais quel progrès ! Malheureusement, seule une toute petite partie des personnes handicapées dans le monde ont accès à cette technologie, qui est très coûteuse et parfois inadaptée aux modes de vie (par exemple, l’électricité n’est pas toujours disponible dans les villages d’Afrique ou d’Asie). 5 16 17 1 7 18 L’accessibilité L’ensemble des activités et des loisirs proposés à la collectivité (transports, spectacles, commerces, musées) devrait être accessible à tous ceux qui ont envie d’en profiter. Selon la loi, toutes les nouvelles constructions doivent permettre l’accès aux personnes handicapées. Il y a encore, hélas dans bien desetvilles, desdes trottoirs à Stains ailleurs trottoirstrop trophauts hautspour pourque queles lesfauteuils fauteuils bâtiments constitueun un roulants circulent facilement, et l’entrée monumentale de nombre certainsdethéâtres constitue Himalaya infranchissable. Mais, depuis quelque de nombreuses dessont efforts faits et temps, années, des efforts faitssont et profitent àprofitent tout le monde. à tout le monde. Souvent petit du aménagement peutdans changer vieindispensable de bien despour personnes handiL’annonceun vocale nom des stations les buslaest les personnes capée, les autres. Baisser de de quelques centimètres un distributeur de aveugles,sans maisgêner cela permet aussi aux étourdis descendre au bon moment. Les trams ou monnaies billets de par exemple, cela auxen fauteuil roulant à y les autobusou quides’arrêtent autrain, ras des trottoirs aident lespermet personnes et à ceux qui se déplacent enaussi fauteuil roulant les qui utiliser. monter facilement. Ils rendent service à tousde ceux sont chargés de paquets, qui Les automobilistes valides se doivent de ne pas garer leurs véhicules sur les emplane marchent plus très bien à cause de l’âge ou qui promènent leur bébé dans une pouscements marqué d’un fauteuil roulant. sette. Si vous avez eu un jour une jambe dans le plâtre, vous avez pu constater que c’était très pratique. Souvent un petit aménagement peut changer la vie de bien des personnes handicapées, sans gêner les autres. Baisser de quelques centimètres un distributeur de monnaie ou de billets de train, par exemple, cela permet aux personnes de petite taille et à ceux qui se déplacent en fauteuil roulant de les utiliser. 19 2 On peut protéger sans exclure Certaines personnes sont polyhandicapées. Elles ont à la fois une grave déficience mentale et des difficultés motrices. À l’âge adulte, les polyhandicapés ont encore besoin d’une présence constante à côté d’eux, comme un tout petit bébé. Ils ne peuvent pas se déplacer, manger ou se laver seuls. Souvent, ils ne parlent pas et ont de la peine à comprendre ce qui se passe autour d’eux. Il leur faut des soins, mais aussi de l’affection : même s’ils ne l’expriment pas par la parole, ils peuvent souffrir et être tristes ou heureux, comme vous. De nombreuses familles choisissent de vivre avec leur enfant polyhandicapé quand il est petit. La société leur apporte un soutien financier, mais il se révèle insuffisant pour faire face à tout. Il faut souvent réaménager ou adapter la maison, et l’un des parents est obligé de s’arrêter de travailler. À l’âge de l’école, il est important que le jeune polyhandicapé ait une vie en dehors de sa famille, et qu’il ait l’occasion de fréquenter d’autres personnes. Des centres très spécialisés peuvent l’accueillir pendant la journée ou en internat pendant la semaine, mais leur nombre est trop faible pour répondre à toutes les demandes. Quand il atteint l’âge adulte, ses parents ont vieilli et ne sont plus toujours capables de le porter, de le soigner. Il va souvent vivre définitivement dans un centre où l’on peut lui offrir une vie agréable. 9 20 21 2 1 22 Une place pour tous En France, la vie n’est pas facile pour les personnes handicapées qui n’ont pas une famille assez riche pour les soutenir. Celles qui ne peuvent pas travailler reçoivent de l’État une aide qui est moins importante que le salaire minimum. Ce n’est pas suffisant, et il faut aller plus loin. Avec le même degré de déficience, mais dans un pays pauvre, le handicap est beaucoup plus lourd et la vie encore plus dure. Sans jambes ou sans yeux, comment continuer à cultiver son champ et faire vivre sa famille ? La déficience peut être évaluée par des médecins : on est plus ou moins malvoyant, plus ou moins capable de se déplacer ou de suivre une scolarité normale. Ces données sont valables dans tous les pays. Le handicap, lui, ne se mesure pas de la même façon. Il dépend surtout de la place que la société réserve aux personnes qui en souffrent et de l’aide qu’elle leur apporte. Les médecins travaillent à prévenir les déficiences, à les soigner et à compenser certaines d’entre elles. Ils ont beaucoup progressé, et sans doute que de nouvelles thérapies réussiront à guérir les maladies génétiques. Mais faire reculer le handicap est un combat tout aussi important : il consiste à rendre la société moins injuste et plus accueillante pour tous, avec leur différence. Et il reste beaucoup à faire pour cela, dans tous les pays. 23 2 Le scandale des handicaps évitables Un accident qui survient au hasard et entraîne un handicap est toujours révoltant. Une maladie génétique qui prive un enfant de 10 ans de l’usage de ses jambes alors qu’il rêvait d’être un athlète, quoi de plus injuste ? Mais il est plus inacceptable encore de savoir que des hommes ont fabriqué consciemment des engins qui tuent ou provoquent des mutilations. Ces engins sont les mines antipersonnel, des armes de guerre qui tuent ou mutilent surtout des civils, et qui continuent à faire des victimes même quand le conflit est achevé depuis longtemps. En Afrique, en Asie, en Amérique latine et même en Europe, certains pays en sont littéralement truffés. Toutes les trente minutes, quelque part dans le monde, une femme, un enfant ou un homme qui était allé ramasser du bois, se promenait, revenait de l’école ou cultivait son champ saute sur une mine. Ceux qui ne meurent pas sur le coup ont les pieds ou les jambes arrachés, souvent le visage et les yeux blessés. Handicap International se bat avec d’autres associations dans le monde pour que les mines ne soient plus fabriquées. Depuis 1997, les trois quarts des pays ont déjà renoncé à cette arme. C’est un premier pas, mais il reste à déminer des régions entières. Dans les pays pauvres et ruinés par la guerre, le handicap qui empêche de travailler et de nourrir sa famille mène tout droit à la pire des misères. Il serait juste que ceux qui ont fabriqué les mines pendant des années, ou qui en fabriquent encore, réparent le mal qu’ils ont fait. 3 24 25 2 Glossaire HANDICAP MOTEUR On parle de handicap moteur quand une personne est privée d’un ou de plusieurs membres, ou lorsqu’elle ne peut plus se servir correctement de ses muscles par manque de force ou parce que son cerveau ne donne plus les ordres nécessaires. HANDICAP SENSORIEL Le handicap sensoriel touche l’audition ou la vue. Des appareils auditifs peuvent parfois compenser la surdité. L’autre solution est l’apprentissage de la langue des signes. Les aveugles doivent apprendre très tôt à se déplacer sans l’aide de la vue, mais aussi à lire et à écrire le braille pour pouvoir suivre une scolarité normale. HANDICAP INTELLECTUEL OU MENTAL On parle de handicap intellectuel ou mental lorsqu’un enfant ou un adulte n’a pas les capacités intellectuelles moyennes des personnes de son âge. 5 26 MYOPATHIE La myopathie est une maladie génétique qui affaiblit progressivement les muscles. Elle commence dans l’enfance ou à l’âge adulte, et aboutit à un grave handicap moteur. Une des plus graves, la myopathie de Duchenne, touche 1 garçon sur 3 500 à la naissance. PARAPLÉGIE C’est une paralysie des membres inférieurs. Quand le haut de leur corps est assez musclé, les personnes paraplégiques peuvent utiliser un fauteuil roulant manuel. TÉTRAPLÉGIE C’est une paralysie des quatre membres. Souvent, les personnes tétraplégiques ont encore l’usage d’une main ou d’un doigt, ce qui leur permet de se déplacer en fauteuil électrique. TRISOMIE 21 C’est une erreur dans le nombre des chromosomes qui provoque une déficience mentale et donne un visage particulier. La trisomie touche 1 enfant sur 800 naissances. INFIRMITÉ MOTRICE CÉRÉBRALE (IMC) C’est un handicap moteur qui provient d’une blessure du cerveau. Il touche 3 enfants sur 5 000 naissances. Les infirmes moteurs cérébraux n’arrivent pas à commander correctement leurs mouvements pour marcher ou pour parler. Certains parviennent à se déplacer avec des béquilles, d’autres ont besoin d’un fauteuil roulant SCLÉROSE LATÉRALE AMYOTROPHIQUE C’est une maladie dont on ne connaît pas la cause. Elle touche surtout les adultes après 50 ans, mais des jeunes peuvent aussi en souffrir. Elle aboutit progressivement à l’affaiblissement des muscles de l’ensemble du corps, ce qui provoque un grave handicap moteur. MALADIE DES OS DE VERRE C’est une maladie génétique qui touche 1 enfant sur 15 000 naissances. Elle rend les os tellement fragiles qu’ils se cassent au moindre choc pendant toute l’enfance. À l’âge adulte, la taille des personnes atteintes reste inférieure à la moyenne. AUTISME Avant 2 ans, un enfant autiste cesse de rechercher le contact avec ses parents, et il se replie sur lui-même. Cela l’empêche souvent d’apprendre à parler. Personne ne connaît la cause de l’autisme, qui touche 3 garçons pour 1 fille et environ 1 enfant sur 3 000. MUCOVISCIDOSE C’est une maladie génétique qui touche 1 enfant sur 2 000. Elle rend les poumons très fragiles. Au cours de leur vie, les jeunes qui souffrent de mucoviscidose ont de plus en plus de mal à respirer. SYNDROME DE L’X FRAGILE C’est une anomalie génétique qui touche surtout les garçons (1 sur 40 000) et qui provoque une légère ou une importante déficience mentale. ATAXIE DE FRIEDREICH C’est une maladie qui affecte le cerveau à l’adolescence. Elle touche 1 personne sur 50 000. La marche et la parole deviennent de plus en plus difficiles au cours de la vie, mais l’intelligence reste intacte. PERSONNE DE PETITE TAILLE Quand la petite taille provient d’une maladie de la croissance des os, cela provoque certains problèmes de santé. Mais le principal handicap des petites personnes est de vivre dans un monde de grands. 27 POLYHANDICAP Les personnes polyhandicapées ont à la fois une grave déficience mentale, sensorielle et des problèmes moteurs, souvent depuis la naissance, mais parfois à cause d’une maladie progressive. 7 Rédaction : Sylvie Boutaudou Maquette : Cyril Vibert Correction : Elodie Chanrion Conception éditoriale : Emmanuelle Chardin et Pascal Dreyer ISBN 2-909064-65-4 Document imprimé sur Creatorsilk 115 grammes du groupe Torraspapel www.handicap-international.fr www.ville-stains.fr