article paru dans le numéro 10 d`Objectif Grand Paris

Val d’Europe
le cluster
de tous
les espoirs
Paris fait figure de destination touristique par
excellence. Mais la concurrence est rude. Afin de
conserver sa place en pole position, le cluster
Tourisme de Val d’Europe mise sur la recherche et
l’innovation pour favoriser de nouvelles initiatives
et former les acteurs de la profession.
C’
Par Juliette Kinkela
des entreprises se sont rapidement associés
aux projets. « Le cluster Tourisme est bien
plus qu’une association, c’est un laboratoire
d’idées dont les membres se concertent pour
identifier des sujets prioritaires aussi bien
en termes de recherche que de formation »,
explique Bernard Saint-Girons, directeur général du cluster Tourisme.
Villages Nature en renfort
Premier objectif : diversifier l’offre touristi­
que. Le territoire de Marne-la-Vallée y tra­
vaille depuis quelques années avec la cons­
truc­tion des Villages Nature, un complexe
© T. Huau/Interscène ; Jean de Gastines Architectes ; Kreaction
est sur le territoire de l’Est parisien qu’est né, en 2010, le dixiè­
me cluster d’Île-de-France. De
la Cité Descartes, un pôle de
recherche et d’enseignement
situé à Champs-sur-Marne, à Chessy, la
commu­ne d’Eurodisney, acteurs publics et
privés se dotent d’un outil inédit pour innover dans le tourisme. À l’origine de cet ancrage terri­torial, l’extension d’une convention
signée entre l’État, la région Île-de-France
et Disneyland, visant à faire naître des lieux
d’innovation. Le département de Seine-etMarne, l’université de Marne-la-Vallée et
L’Aqualagon ​attendu au sein des Villages Nature.
Les Jardins suspendus et la Promenade du lac du futur complexe Villages Nature.
134 objectif nouveau grand paris
de loisirs « fondé sur la quête de l’harmonie
entre l’homme et la nature ». Il regroupera,
à terme, plus de 2 000 hébergements implantés sur 259 hectares, à proximité d’un
lac et de nombreux de jardins. Une ferme
pédagogique, des parcours en forêt ou encore des activités aquatiques occuperont les
900 000 visiteurs attendus chaque année.
La première tranche sera livrée en 2016.
Demain, le tourisme devra aussi, selon le
cluster, utiliser davantage l’outil numérique.
C’est la mission d’Innovigo, une société de
conseil, membre du cluster, qui rassemble et
accompagne des start-ups du tourisme, des
loisirs et des services. C’est aussi l’objectif de
Smart Destination : « Nous avons déposé ce
projet à l’Agence nationale de la recherche
pour favoriser la recherche appliquée dans
le domaine du tourisme numérique. Nous
espérons qu’un autre projet, I-SITE, porté
par Université Paris-Est, sera aussi inscrit
au programme “Investissements d’Avenir” »,
annonce Bernard Saint-Girons.
Du luxe au château de Ferrières
Enfin, le cluster souhaite devenir un lieu
d’en­seignement regroupant l’ensemble des
filières et des métiers de l’hôtellerie-restauration. Les différents cursus sont rassemblés
au sein du Centre de Formation d’Apprentis
Tourisme, construire le futur
© Cluster Tourisme Paris Val d’Europe
© Jacques Ferrier Architectures (JFA)
Le Forum des métiers du tourisme en 2015.
des métiers du tourisme, qui propose des formations allant du CAP au Master. Par ailleurs,
une grande école de gastronomie et de gestion hôtelière, spécialisée dans le tourisme
de luxe, ouvrira ses portes en septembre 2015
au château de Ferrières, situé à Ferrières-enBrie. Cet établissement, qui espère bien faire
de l’ombre à la fameuse École hôtelière de
Lausanne, devrait fonctionner en partenariat
avec la Cité de la gastronomie de Rungis, dont
l’inauguration est prévue en 2023.
Le cluster est candidat au label Campus des
métiers et des qualifications, délivré par le
ministère de l’Éducation nationale. Dans le
domaine du tourisme, seules Montpellier,
Nice et Grenoble l’ont obtenu. l
État, Région Île-deFrance, Département
de Seine-et-Marne,
Université de ParisEst–Marne-la-Vallée,
EpaFrance, San du
Val d’Europe, Euro
Disney Associés SCA,
CFA des métiers du
tourisme, Chambre
de commerce et
d’industrie de Seineet-Marne, Consortium
Efficacity, Groupe
Accelis, Innovigo,
Vallée Village, Lycée
hôtelier de Serris,
Lycée Jean Moulin
de Torcy, Manpower,
Syndicat National
des Espaces de
Loisirs, d’Attractions
et Culturels
(SNELAC), Transdev,
Villages Nature,
Value Retail.
Un label
pour encou­
rager les
recrutements
Depuis 2013, les
Campus des métiers
et des qualifications
encouragent le
rapprochement
entre les structures
d’ensei­gnement et
les entreprises issues
d’un même domaine
d’acti­vité. Leur
vocation ? Faciliter
l’insertion profession­
nelle sur un secteur
porteur d’emplois.
Près de 14 campus
ont été labelli­sés
en 2013 et 17 en
2015. Dans le
secteur du tourisme,
3 acadé­mies ont
obtenu ce label :
Nice, Montpellier
et Grenoble.
“Pour Paris,
rien n’est acquis”
trois questions à
Bernard
Saint-Girons
directeur général
du cluster Tourisme
de Val d’Europe.
© Cluster Tourisme . Yann Piriou
Les membres
du cluster
Propos recueillis par juliette kinkela
Pourquoi Paris doit-elle se renouveler
pour conserver son leadership touristique ?
La Capitale est certes la première ville touristique
depuis de nombreuses années mais cette position est
contestée par d’autres métropoles. Elle court le risque
d’apparaître comme un gigantesque musée… D’où
la réflexion à apporter pour de nouvelles initiatives
diversifiant l’offre. À Serris, en Seine-et-Marne, il existe
déjà la Vallée Village, un centre commercial en plein
air comprenant des commerces de luxe fréquentés
par de nombreux touristes. En 2016, Marne-la-Vallée
accueillera la nouvelle destination écotouristique
Villages Nature.
Le Grand Paris pourrait-il renforcer l’attractivité
touristique du territoire ?
Pour commencer, l’Île-de-France possède une grande
diversité d’offres touristiques sur un territoire très
étendu. Il faut s’interroger sur la façon de créer des
synergies pour les touristes étrangers. Ensuite, il
faut proscrire la concurrence car c’est la réussite de
l’ensemble du territoire qui importe. Reste à définir
qui de la Région ou de la Métropole propose le meilleur
niveau de concertation dans le cadre des réformes
en cours.
Les quartiers en difficulté accueillent des lieux
touristiques, cela peut-il apaiser les tensions sociales ?
J’ai été recteur de Créteil pendant quatre ans,
notamment lors de la crise des banlieues en 2005. Il ne
faut pas que les habitants des quartiers sensibles se
sentent exclus. A contrario, les touristes ne doivent
pas y être regardés comme des intrus, notamment
parce qu’ils concourent au développement économique.
Je pense à la tour Utrillo à Clichy-Montfermeil, qui
pourrait devenir une résidence d’artistes. C’est une
bonne idée à condition que les habitants du quartier
en aient aussi l’usage. l
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