Arts plastiques : option facultative 1 LES

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Arts plastiques : option facultative 1 LES
HISTOIRE DES ARTS 2011/12 -
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Collège C.F.Daubigny Auvers sur Oise -
Arts plastiques - M.Digeon -
ARTS, RUPTURES, CONTINUITÉ
Tête mécanique
ou
l’Esprit de notre temps
I - Analyse d’une œuvre
Caractéristiques Titre : Tête mécanique ou l’Esprit de notre temps
de base
Auteur : Raoul Hausmann [ 1]
Date : 1919
Dimensions : 32,5 x 21 x 20 cm
Lieu de conservation : MNAM Paris Achat (1974)
Type
Volume
Style
Figuratif
Genre
Portrait Dada [2]
Sujet
Une tête constituée d’une marotte de coiffeur [3] en bois et divers objets ou
éléments d’objets.
Composition
La marotte est surmontée d’un gobelet métallique, télescopique et
cylindrique à partir duquel descend jusqu’au milieu des sourcils un
morceau de ruban de couturière déroulé sur 10cm.
Une plaque rectangulaire, numérotée 22, est clouée sur le front, à gauche
du ruban, entre le 5 et le 8.
A partir du coin du haut gauche de la plaque, l’intérieur d’une montre
laisse apparaître les rouages de son mécanisme.
Une boite ouverte (étui à bijou en cuir contenant un rouleau de caractère
d'imprimerie axé sur un tuyau de pipe) prend la place de l’oreille gauche.
Juste derrière, un porte monnaie en peau de crocodile est déplié, on peut y
lire le nom et l’adresse du fabriquant « …wein Berlin Budapest… ».
Un système cranté en métal surmonté de deux molettes de réglages est
fixé à l’endroit de l’oreille droite, il maintien un double décimètre qui part
de la base du cou et s’érige à droite au dessus de la tête.
Deux gros clous sont enfoncés à la « Frankenstein » sur chaque tempes.
Couleur
Aucun revêtement de peinture n’a été réalisé, aucune modification des
surfaces .
Chaque élément a gardé les couleurs des matériaux qui le constituent :
bois naturel (vernis pour la marotte, brut pour le réglet)
blanc /gris métallique pour le gobelet, la montre, le rouleau, les clous
brun jaune pour le ruban, la plaque et les boutons
noir et rouge marbré pour l’étui.
Technique
assemblage [4]
Problématique
et apport
En associant des matériaux hétéroclites, cet assemblage réalisé en 1919
dépasse la notion habituelle de sculpture.
De l’intérieur de la marotte de coiffeur, à l’esthétique anonyme,
industrialisée et base pour une fabrication de perruques personnalisées,
surgissent des objets ou morceaux d’objets, en l’état, sans modification,
puisés dans le hasard [5] de la réalité.
Mais le choix de ces objets, mélange et associe le sens lié à leurs fonctions,
à leurs symbolismes ou en métaphores, avec la forme, la couleur ou le
positionnement de ceux-ci :
Ce qui est à l’intérieur de la boite crânienne est ici visible à l’extérieur (la
boite / oreille ouverte en induit l’idée).
Le porte monnaie préfigure les débuts de la société de consommation.
La parole n’est que du vent (tuyau de pipe), l’écriture normalisée (rouleau
typographique), .
La pensée est affaire de rouages (mécanisme de la montre).
L’émotion chiffrée (22).
L’intelligence peut se calculée, sur le bombage d’un front, par un étalon de
mesure en centimètres.
L’acuité auditive se réglée de façon millimétrée (crans, molettes et réglets).
Si le contenant variable du cerveau a la capacité de s’agrandir ou se réduire,
le contenu peut néanmoins resté vide (gobelet télescopique).
Raoul Haussmann est plus engagé que les autres artiste du mouvement
Dada. Par des prises de positions politiques écrites, il dénonce la société
bourgeoise de son époque qui a, entre autre, conduit à la guerre.
Mais surtout par ces œuvres, d’une approche anticonformiste de la notion
de l’art, il transgresse les limites des disciplines artistiques classiques
(collage / dessin, peinture / objet du quotidien, sculpture / assemblage,
photomontages…)
Cette petite tête de bois critique la société , « de l’homme machine » qui
empêche de penser par soi même. Car « penser comme une machine » était,
selon Hausmann, le principal défaut de ses contemporains dont le visage est
« une image faite par le coiffeur…leur cerveau est vide…leurs seules
capacités sont celles que le hasard leurs a collées à l’extérieur du crane ».
Elle caractérise l’une des revendications de Dada qui n’est pas de faire un
anti art car « l’anti art c’est aussi l’art » (Huelsenbeck) mais de détruire
pour reconstruire.
« Ce n’est pas simplement de faire table rase mais c’est renverser la table »
comme le dit Behar [6].
Notes
[1]Raoul Hausmann (1886 – 1971) artiste d’origine autrichienne cofondateur avec
Huelsenbeck du groupe Dada-Berlin de Berlin en 1918
[2] Dada « un mot venant dont ne sait où » disait Tristan Tzara.
Le mouvement Dada naît en 1916, à Zurich, autour de l’écrivain et poète Hugo Ball, et
réunit Marcel Janco, Tristan Tzara, Jean Arp, bientôt rejoints par Richard Huelsenbeck,
Hans Richter, Sophie Taeuber et Emmy Hennings.
En 1917, Huelsenbeck quitte Zurich et introduit Dada à Berlin. Il fonde le Club Dada en
1918 avec Raoul Hausmann, Johannes Baader, Franz Jung, George Grosz, Hannah Höch et
les frères Herzfelde.
Dada a la volonté de tourner le dos à la peinture classique et de réinventer la relation entre
l’art et la réalité.
[3] Tête de mannequin en bois qui sert à la réalisation de perruque.
[4] Les assemblages sont des œuvres en volume, obtenues associant des objets divers sur
un support rigide.
Les collages sont des œuvres obtenues en réunissant des matériaux divers collés sur un
support.
Le photomontage est une découpe de photographies collés sur une nouvelle photographie
(Hausmann semble être le premier créateur du photomontage en 1918).
Les photogrammes sont des photographies tirées en déposant des fragments de matériaux,
sur la surface sensible d’une plaque ou d’un papier photographique.
Les poèmes phonétiques de Raoul Hausmann associent les sons récités, la gestuelle du
conteur ainsi que le caractère esthétique de la typographie et de la mise en page employées
pour leur impression. Ces poèmes « bruitistes » sont des assemblages de syllabes,
d’onomatopées déclamées.
[5] Tristan Tzara dans le numéro 3 de la revue Dada en 1918, donne le ton d’ une poésie
fondée sur le hasard. Il y publie notamment un poème énonçant sa fabrication. Il propose
de prendre des coupures de journaux, de découper des mots au hasard de la page, et de les
assembler ensuite au gré de la pioche.
[6] Henri Béhar, né en 1940 à Paris, professeur et historien de littérature française,
spécialiste de la littérature d’avant-garde :Alfred Jarry, Dada et le Surréalisme.
Kurt Schwitters
Francis Picabia
Sophie Taeuber
Francis Picabia
Sans titre 1920-1922
L’œil cacodylate 1921
Tête Dada 1920
Danse de Saint-Guy
1919-1920
Bois tourné et peint,
hauteur : 29,43 cm
Carton, encre, ficelles,
bois, 104,4 x 84,7 cm
MNAM Paris
MNAM Paris
assemblage, huile sur miroir huile sur toile collage de
cloué à une toile
photographies cartes
28,50 x 11 cm
postales et papiers
découpés
Musée d’art moderne de la
148,6x117,4 cm
ville de Paris
MNAM Paris

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