Marc DACHY, Dada, la révolte de l`art - Comprendre

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Marc DACHY, Dada, la révolte de l`art - Comprendre
Encres Vagabondes
Marc DACHY, Dada, la révolte de l'art
Amateur d’« œuvres fortes, droites, précises et à jamais
incomprises* » , Marc Dachy a toujours éprouvé le
besoin de rendre compte des mouvements et des artistes
les plus fantasques et les plus marginaux du royaume de
« poésure et peintrie** ». Fou de William Burroughs,
éditeur du poète et plasticien Kurt Schwitters, traducteur
de John Cage et Gertrud Stein, passionné par les
situationnistes, l’auteur, traducteur et commissaire
d’exposition Marc Dachy vit en Dadaland depuis
plusieurs décennies. En 1990, on décernait le Grand Prix
du Livre d’Art à son Journal du mouvement Dada
(Albert Skira, 1989). Il participait, en 1993, à l’aventure
marseillaise de Poésure et Peintrie (Musée de
Marseille / Réunion des Musées Nationaux, 1993) en
rédigeant les chapitres de l’ouvrage consacrés à l’utopie
dadaïste du langage et à l’Ursonate de Schwitters, une
partition de quarante pages de poésie pré-syllabique
agençant des sons primitifs. Quant à ses Archives du
Mouvement Dada, elles paraîtront chez Hazan, à la mioctobre.
Mais pour accompagner, en l’éclairant au mieux, la
Rétrospective Dada, qui sera présentée au Centre
Georges-Pompidou, du 5 octobre 2005 au 9 janvier
2006, j’ai choisi de feuilleter Dada, la révolte de l’art
(coll. « Découvertes », éditions Gallimard, en librairie
depuis le 15 septembre 2005), un mince manuel,
néanmoins très complet et tout particulièrement illustré
d’Arp et de Duchamp, d’Hausmann et de Man Ray, de
Picabia et de Sophie Taeuber.
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Sommaire
Lectures
Editions Gallimard, 2005
Collection "Découvertes"
128 pages
11,80
* Tristan Tzara,
Manifeste Dada 1918
** Raoul Hausmann et
Kurt Schwitters,
Préface-manifeste pour
le projet de la revue Pin,
27 décembre 1946,
in Poésure et Peintrie.
D’un Art l’autre, Musée
de Marseille/Réunion
des Musées Nationaux,
1993
Qu’est-ce donc que Dada ? « Un mot, un signe de
ralliement, un anti-label, volontairement dérisoire »
souligne Marc Dachy. Railleurs de critique d’art
(« Critiques dard », dit Marcel Duchamp), réinventant
les mécanismes de la création et de la pensée, un groupe
de jeunes artistes incandescents et révolutionnaires va
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inoculer Dada, ce « microbe vierge », à l’Europe
artistique de 1916.
Comment ce nom de Dada fut-il trouvé ? Les versions
divergent. Tristan Tzara, lui-même, dira en 1921 : « Le
fait d’avoir choisi Dada pour titre de ma revue, en 1916,
en Suisse, n’a rien d’anormal : j’étais avec des amis, je
cherchais dans un dictionnaire un mot approprié aux
sonorités de toutes les langues, il faisait presque nuit
lorsqu’une main verte déposa sa laideur sur la page du
Larousse – en indiquant d’une manière précise Dada –
mon choix fut fait, j’allumai une cigarette et bus un café
noir. Car DADA ne devait rien dire et n’entraîner aucune
explication pour cette poussée de relativisme qui n’est
pas un dogme ni une école, mais une constellation
d’individus et de facettes libres. » La même année, Jean
Arp proposait une autre légende : « Tzara a trouvé le mot
Dada le 8 février 1916 à 6 heures du soir ; j’étais présent
avec mes 12 enfants lorsque Tzara a prononcé pour la
première fois ce nom qui a déchaîné en nous un
enthousiasme légitime. Cela se passait au café Terrasse à
Zurich et je portais une brioche dans la narine gauche. Je
suis persuadé que ce mot n’a aucune importance et qu’il
n’y a que des imbéciles et des professeurs espagnols qui
puissent s’intéresser aux dates. »
A quoi sert Dada ? Dans son Manifeste Dada 1918,
l’impétueux Tzara répondait tout de go : « Je détruis les
tiroirs du cerveau et ceux de l’organisation sociale :
démoraliser partout et jeter la main du ciel en enfer, les
yeux de l’enfer au ciel, rétablir la roue féconde d’un
cirque universel dans les puissances réelles et la fantaisie
de chaque individu. » Fasciné par le Manifeste, le jeune
André Breton appelle Tzara à Paris. Dans Les Champs
magnétiques, Breton et Soupault avaient repris le
procédé de l’écriture automatique déjà pratiquée à Zurich
par Arp et Tzara. Les ressources de l’inconscient allaient
nourrir le surréalisme. Quant à Tzara, il voyait dans cet
attrait pour l’inconscient et la folie une redoutable
facilité sentimentale. Lui appréhendait la langue
physiquement, comme les peintres, sculpteurs et
photographes découpent, montent et collent un matériau.
Et l’ouvrage de Marc Dachy met parfaitement en relief la
diversité des procédures créatrices nouvelles initiées par
le « laboratoire formel » des dadas : photomontage,
poèmes libres, poésie abstraite sonore, photogrammes,
collages, assemblages, photographies, typographie…
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Quand finit Dada ? On date de 1923 la fin officielle de
Dada mais cette révolution artistique n’a pas fini de
retentir et affecte encore, via le Nouveau Réalisme et
Fluxus, entre autres, les artistes les plus contemporains.
Régine Detambel
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