Passage de témoins
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DÉCEMBRE 2013 19-1 Éditorial L Bien vivre son âge à Paris ’année 2013, a vu les membres du Coderpa de Paris se renouveler et je souhaite la bienvenue aux représentants de syndicats de retraités, de professionnels des secteurs médico-social et sanitaire et d’associations qui ont rejoint ce comité départemental pour porter la parole des retraités parisiens. Leurs échanges témoignent du dynamisme de cette instance qui débat de tous les sujets intéressant les seniors Parisiens : loisirs, aménagement du domicile, mobilité, isolement, perte d’autonomie, accueil dans les établissements, questions de santé… L’ensemble des questions abordées s’étend d’ailleurs à toutes les générations, tant il s’agit de s’inPorter terroger sur le vivre-enla parole semble, sur l’apport des des retraités plus âgés pour leur ville et parisiens sur les défis de l’âge. La création d’une nouvelle commission thématique consacrée à la santé illustre aussi le souci du Coderpa de Paris de suivre les travaux nationaux et de s’adapter à l’actualité réglementaire, par exemple avec la mise en place des Agences régionales de santé. Cette thématique a d’ailleurs fait l’objet de la journée annuelle du Coderpa, organisée en juin, sur le thème “Être acteur de sa santé”. Aujourd’hui en effet, nous ne pouvons plus concevoir des réponses fractionnées entre le médical et le social, il est impératif d’envisager un parcours de vie. Je tiens beaucoup à cette approche la plus globale possible qui fasse place aussi bien à l’histoire de vie, qu’au besoin de soutien, d’aide pour le quotidien et aux soins de santé. J’en suis convaincue, c’est en croisant les perspectives, en faisant ensemble que l’on pourra offrir le meilleur accompagnement possible pour que chacune et chacun puisse « Bien vivre son âge à Paris ». Je vous adresse mes meilleurs vœux pour l’année 2014. “ CODERPA 75 INFO Adresse : 15, rue de Chaligny 75012 Paris Tél. : 0 149 279 579 - Mail : [email protected] Directrice de la publication : Liliane Capelle Rédacteur en chef : Paul Dubost Rédaction : Agence Atouts Presse Senior (atoutspresse.com). Conception graphique et réalisation : Caroline Paux ([email protected]) Impression : Azaprim - 12, Avenue du Gué Langlois ZAC du Gué Langlois - 77600 Bussy-Saint-Martin Passage de témoins > En 2007, Joëlle Guignard avait pris la lourde succession de Raoul de Plinval à la vice-présidence du Coderpa 75. Après six années en fonction, elle a exprimé le souhait de se décharger des multiples obligations inhérentes à sa charge, afin de consacrer un plus large temps à ses obligations familiales. La dernière Assemblée plénière du Coderpa 75 a décidé de nommer à la vice-présidence une direction bicéphale en les personnes de Maud Giloux et Jacqueline Pasquier. Maud Giloux (à g.) et Jacqueline Pasquier, co-vice-présidentes du Coderpa 75 œuvreront pour que l’on puisse mieux vivre à Paris quand on est retraité… PHOTO : JACQUES DONAT © DR PAR LILIANE CAPELLE Adjointe au maire de Paris, chargée des Seniors et du Lien Intergénérationnel, Présidente du Coderpa 75 M aud Giloux, Parisienne d’ascendance bretonne, a fait des études supérieures de management et est diplômée de l’IFAG (Institut de formation aux affaires et à la gestion). Tout au long de sa carrière, elle s’est trouvée confrontée aux fusions-rachats des entreprises et au plafond de verre pour les femmes. Militante au sein de la CFE CGC (Confédération générale des cadres), elle a été mandatée par cette organisation pour la représenter au sein du Coderpa 75. Elle considère comme un défi de prendre le poste de co-vice-présidente avec Jacqueline Pasquier et entend œuvrer pour que l’on puisse mieux vivre à Paris quand on est retraité, prévenir la fragilité liée à l’âge, aider aux situations de perte d’autonomie et à leur prise en charge en proposant des solutions aux élus, aux instances administratives sanitaires, sociales et médico-sociales. acqueline Pasquier, Parisienne d’adoption, née à Lyon est très attachée à l’est de la France, berceau de sa famille. Ayant fait des études de langue et de civilisation alle- J mandes elle a passé plusieurs années en Allemagne et en Suisse. Installée à Paris, elle a rejoint l’Éducation nationale et exercé dans un lycée du Marais. Elle a milité au sein de du syndicat de l’enseignement secondaire, le SNES, qui adhère à la Fédération générale des retraités de la Fonction publique, la FGRFP, et où elle assuma des responsabilités nationales en étant responsable du dossier de la protection sociale. Malgré tout elle a toujours pris le temps de flâner, de chiner dans les brocantes, d’aller au théâtre, et de s’intéresser en particulier à l’histoire et à la littérature d’Europe centrale. En remerciant Joëlle Guignard pour le beau travail qu’elle a effectué au sein du Coderpa 75 pour le mieux vivre des retraités et des personnes âgées, nous souhaitons qu’elle épaule de ses précieux conseils la nouvelle équipe dirigeante. Que Maud Giloux et Jacqueline Pasquier soient assurées de pouvoir compter sur tous les membres du Coderpa 75 pour les aider dans leur lourde tâche. Jacques Donat Bonne et heureuse année 2014 CODERPA 75 Info - N° 19 DECEMBRE 2013 PRESENTATION Cinq commissions Mieux connaitre le fonctionne Le CODERPA s’organise autour de cinq commissions consacrées à des sujets très importants pour les retraités et les personnes âgées. Commission “Emploi et services à domicile” Commission “Accueil et habitat” Elle axe ses travaux sur l’autonomie, la liberté de choix et la citoyenneté, en lien avec les autres commissions. Après avoir beaucoup participé à la mise en place des accueils de jour thérapeutiques pour malades Alzheimer, elle s’est saisie du thème de l’habitat intergénérationnel. Que des jeunes étudiants puissent être accueillis par des personnes âgées est une des solutions, toutes proportions gardées, pour répondre à la pénurie de logements pour les jeunes et à la solitude des personnes âgées. Les services réciproques qu’ils se rendent relèvent de la citoyenneté et du maintien de l’autonomie pour les uns et les autres. Actuellement cette commission s’intéresse à la fin de vie en EHPAD, en lien avec l’enquête nationale qui vient de produire ses conclusions, à l’amélioration d’un service de nuit suffisant dans les établissements ainsi qu’à la télémédecine La commission « Accueil et habitat », considérant le rôle majeur d’information joué par les CLIC Paris Émeraude, les invitent tous à participer à ses réunions. Elle invite également de nombreux experts pour s’informer de toutes questions touchant au logement (logements-foyers, petites unités de vie, hébergement temporaire, résidences services). Commission “Citoyenneté” Elle s’est donnée pour perspective d’aider et d’accompagner les seniors à rester intégrés dans la cité. Ils doivent pouvoir être insérés socialement, être présents et participants aux activités sociales et culturelles, pouvoir faire entendre leurs besoins et leurs propositions. Après avoir travaillé sur la situation des migrants âgés, elle se préoccupe de l’isolement d’un trop grand nombre de personne âgées à Paris, d’une participation citoyenne à la vie de la cité, et d’une réflexion sur la bientraitance. Cette commission travaille avec les professionnels des arrondissements au plus près des problèmes des personnes âgées. Commission “Communication” En lien avec les actions des autres commissions, elle participe à la préparation des journées d’information organisées par le Coderpa 75. Elle est également chargée de préparer et de diffuser plusieurs fois par an La Lettre du Coderpa disponible dans les mairies d’arrondissement et les CLIC Paris-Emeraude. Enfin elle prépare et diffuse également le rapport d’activité du Coderpa qui est publié tous les deux ans. Commission “Santé” Les trois piliers du parcours de santé de la personne âgée : prévention, soin et accompagnement médico-social sont à prendre en charge.La commission participe à la connaissance des recommandations de l’ARS en matière de soins, et également aux questions touchant à la santé des Parisiens âgés. La commission santé doit donc suivre deux volets : • connaissance des textes publiés ou à venir, pour donner un avis ou des recommandations à l’Assemblée plénière du Coderpa • connaissance des questions touchant à la santé des Parisiens, lieux d’accueil, tarifs et prises en charge, avancées et difficultés. PHOTO : CAROLINE PAUX 2 Elle travaille avec des représentants d’associations d’aide et d’accompagnement à domicile pour personnes âgées pour faire des propositions d’amélioration du fonctionnement des services, en particulier la nuit et le week-end. Elle entend souligner la spécificité de ces services pour les personnes âgées qui restent de plus en plus longtemps à domicile et ont droit à y vivre dans de bonnes conditions, quel que soit leur statut social. Actuellement elle suit avec attention les énormes difficultés financières de fonctionnement d’un trop grand nombre d’entre elles, malgré un effort important d’une meilleure professionnalisation de ces services et les aides du conseil général. CODERPA 75 Info - N° 19 DECEMBRE 2013 ement du Coderpa Le Coderpa fait partie d’un réseau Le Coderpa assure une présence dans les différentes commissions du département et de l’Agence régionale de santé de l’Ile-de-France (ARS). AU NIVEAU DU DÉPARTEMENT • Un représentant au Conseil d’administration du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris (CASVP) • Deux représentants à la Commission de recours amiable de l’Aide Personnalisée d’Autonomie (APA) • Un représentant dans chacun des 6 CLIC Paris Émeraude (Centres locaux d’information et de coordination) • Un représentant au Comité de suivi du PAM (Paris Accompagnement Mobilité), • Un représentant à la commission d’entrée en résidences du CASVP • Un représentant au Comité de suivi du Schéma gérontologique • Un représentant à la commission d’entrée en résidence du CASVP • Un représentant au jury EXAPAD (appel à projets pour les gérontotechnologies) AU NIVEAU DE L’AGENCE RÉGIONALE DE SANTÉ • Un représentant à la Conférence régionale de la santé et de l’autonomie • Un représentant à la Conférence du territoire de santé de Paris • Un représentant à la Commission d’appels à projets départementale • Trois représentants aux Commissions d’appels à projets mixtes Agence Régionale de Santé – département. • Le Coderpa a été signataire du Contrat de territoire – parcours de santé personnes âgées 9-10-19 La composition du Coderpa 1er collège •CFE CGC Confédération française des cadres et de l’encadrement • CFTC Confédération française des travailleurs chrétiens •CFDT Confédération française démocratique du travail •CGT Confédération générale du travail •FGR/FP Fédération générale des retraités de la Fonction publique •FO Force ouvrière •UNSA Union nationale des syndicats autonomes •ANR Poste-Association nationale des retraités de La Poste •CNR Confédération nationaledes retraités •CNRPL Confédération nationale des retraités des professions libérales •FENARA Fédération nationale des associations de retraités de l’artisanat • FNAR Fédération nationale des associations de retraités • UDAFUnion Départementale des Associations Familiales •UFR Union française des retraités •UNRPA Union nationale des retraités et des personnes âgées • FSU Fédération syndicale unitaire 2e collège •CASVP Cente d’action sociale de la ville de Paris •AP/HP Assistance publique hôpitaux de Paris •FNADEPA Fédération nationale de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées •Petits frères des Pauvres •UNA PARIS Union nationale de l’aide, des soins et des services aux domiciles •Réseau santé Paris Nord •CLIC/MAIA Centre d’information et de coordination - Maison de l’autonomie et de l’intégration des malades Alzheimer •CAJT Association des centres d’accueil de jour thérapeutiques •URIOPSS Union régionale interfédérale des organismes privés sanitaires et sociaux 3e collège •Conseil général de Paris Six élus •Représentants des six partis politiques •DASES Direction de l’action sociale, de l’enfance et de la santé •ARS Agence régionale de santé •CNAV Caisse nationale de l’assurance vieillesse •AG2R •Mutualité française Personnes qualifiées • Equipe Saint-Vincent • Association des aidants familiaux • AREPA/CETAF Association de résidences pour personnes âgées • ISATIS Association de résidences et d’accueil de jour pour personnes âgées • Les transmetteurs INFORMATION PRATIQUE > Une initiative louable La Préfecture de Police de Paris propose aux Parisiens âgés et à mobilité réduite de collecter à domicile les documents nécessaires à l’établissement d’une carte d’identité lors d’une perte, d’un vol ou pour un renouvellement. À cette fin il faut contacter la Brigade Mobile au 0 149 963 169 pour expliquer votre problème et fixer un rendez-vous. 3 CODERPA 75 Info - N° 19 DECEMBRE 2013 CODERPA Être Journée annuelle d’information le 3 juin 2013 acteur de sa santé « Être acteur de sa santé », tel était le thème de la journée annuelle d’information, proposée par le Coderpa le 3 juin 2013, en direction de la population et des professionnels du 18e arrondissement, lieu choisi cette année pour cette rencontre. L ’ouverture de cette journée a été assurée par Mme Liliane Capelle, adjointe au Maire de Paris, chargée des seniors et du lien intergénérationnel, et présidente du Coderpa, en présence de Mme Élisabeth de Larochelambert, directrice du groupe hospitalier universitaire Paris Nord Val de Seine. M. Daniel Vaillant, maire du XVIII e arrondissement, est venu l’après-midi Après avoir remercié la mairie de son accueil ainsi que les intervenants et les deux modérateurs Mme Christine Lebée, directrice du CLIC Paris NordOuest et le Dr Olivier Drunat médecin à l’hôpital Bretonneau, Mme Capelle a insisté sur l’importance que chaque senior prenne en main ses choix pour assurer son maintien en bonne santé et sur la nécessité de connaître les possibilités qui lui sont offertes. Ces infor- mations, en lien avec les soignants, mais aussi avec les accompagnateurs de diverses activités proposées auxquelles on peut participer, parfois méconnues du public, méritent d’être diffusées au plus grand nombre. La mairie de Paris soutient la plupart de ces actions du mieux qu’il lui est possible, et se félicite de l’intérêt manifesté, vu le nombre de participants à cette réunion. Entre responsabilité individuelle et déterminants collectifs Par M. Bernard ENNUYER sociologue, spécialiste des questions liées au vieillissement introduit ensuite la journée E n septembre 2011, 29 % des Français ont renoncé à se faire soigner, alors qu’ils n’étaient que 11 % en 2009 et ce essentiellement à cause de l’insuffisance de leurs ressources. Les soins dentaires et ophtalmologiques sont les premiers sacrifiés. Il me semble que ce constat alarmant montre bien, s’il en était besoin, que le fait de prendre soin de soi et de sa santé ne peut être considéré uniquement comme un comportement individuel, comme on ne l’entend que trop dans les injonctions au « bien vieillir » devenue le leitmotiv des recommandations gouvernementales depuis une dizaine d’années. Comme le dit l’Inserm, référence en la matière, il a été démontré à propos du tabagisme, de la consommation d’alcool, de l’alimentation et de l’activité physique que le niveau socio-économique expliquait plus de 70 % de la mortalité en relation directe avec ces différents facteurs : « ces comportements ne doivent plus être considérés comme des comportements individuels mais comme des comportements sociaux eux-mêmes dépendants de multiples facteurs : éducation, emploi, revenus, relations sociales, estime de soi, stress (…) pour réduire ces inégalités sociales de santé, il est nécessaire d’intervenir sur un ensemble très large ce qui veut dire “revisiter” l’ensemble de nos politiques pour lutter contre toutes les formes d’inégalités » Éducation à la santé La vieillesse, dernière étape de la vie, donc du processus de vieillissement qui a commencé à notre naissance, ne peut donc échapper à ces déterminants sociaux comme en témoigne l’espérance de vie sans incapacité des hommes ouvriers, de dix ans inférieure à celle des hommes cadres supérieurs. Ceci ne veut pas dire que la personne qui avance en âge ne puisse être un acteur individuel de sa santé en essayant d’adopter un comportement préventif en matière d’alimentation, d’activités sociales, d’exercices physiques, d’examens de santé, de prise de médicaments avec discernement, etc. Mais fondamentalement si on veut améliorer la santé aux âges élevés, nous avons besoin d’une politique de correction des inégalités de ressources et d’accès aux soins élémentaires et aux professionnels de la santé, tellement absents de certains territoires. Nous avons aussi besoin de modifier les conditions de travail de toute une population, notamment de femmes, qui arrivent à l’âge de la retraite dans un état de santé fortement délabré par des années de travail pénible. On sait aussi que le “prendre soin de soi” passe par l’éducation à la santé et par l’accès à l’information, liés bien sou- PHOTO : JACQUES DONAT 4 “ Bernard Ennuyer Il est nécessaire de “revisiter” l’ensemble de nos politiques pour lutter contre toutes les formes d’inégalités vent au niveau d’instruction et d’éducation des personnes. Alors au lieu de culpabiliser les individus de ne pas faire ce qu’il faut, pour vieillir en bonne santé ce qui est notre souhait à tous, combattons sans relâche auprès des pouvoirs publics pour que les choix collectifs faits par notre société donnent à tout un chacun les mêmes chances d’avancer en âge avec le minimum d’incapacités, c’est là notre “métier” de citoyen. CODERPA 75 Info - N° 19 DECEMBRE 2013 5 Une matinée consacrée au partenariat avec son médecin et à la nécessité de l’exercice physique P our être partenaire de son médecin, la personne âgée doit « être acteur de sa santé » et doit pouvoir : • faire valoir ses valeurs, ses projets, ses priorités • s’approprier les connaissances utiles à une meilleure gestion de sa santé, de ses maladies chroniques et de ses traitements, pour pouvoir, notamment, alerter de façon pertinente et précoce son médecin traitant • se saisir de son parcours de santé de façon adaptée Différents programmes existent : l’éducation thérapeutique est un moyen mis en place par les soignants et proposés à la personne âgée. Ces programmes ont été élaborés après un constat alarmant de réhospitalisation fréquente (entre 3 et 6 mois) dans près de 40 % des cas traités tant aux urgences gériatriques qu’en soins de suite. La nécessité de mieux informer le patient et de le faire devenir partie prenante dans la prise en charge de sa maladie a été le but proposé pour diminuer les risques de retour à l’hôpital. A Bretonneau/Bichat le programme OMAGE a été conçu : • pour des personnes poly pathologiques âgées de plus de 75 ans • qui vise, en particulier, à diminuer oedèmes des membres inférieurs POIDS le risque lié aux traitements médicamenteux • qui est initié en milieu hospitalier (UGA ou SSR) (Unité de gériatrie aiguë ou soins de Pr Sylvie Legrain suite et de réadaptation) mais avec un suivi lors du retour à domicile. Trois thèmes ont retenu l’attention : l’insuffisance cardiaque, la nutrition et l’activité physique centrée sur la vie quotidienne. La personne âgée, avec l’infirmier et le médecin gériatre, se met d’accord sur ses problèmes de santé, en identifie les priorités pour mieux comprendre les liens entre ses symptômes, ses maladies et ses traitements. Trois outils utilisés dans le cadre de ce programme sont présentés pour comprendre la prise en charge du soin : • le jeu de cartes avec des dessins parlants et un commentaire ou une question, • les planches chevalet, également avec des dessins, qui précisent les personnes-ressources, les signes d’alerte, les risques de déstabilisation • le guide papier individualisé pour noter régulièrement les constats et les questions, qui seront revus lors de la rencontre suivante patient soignant. À la suite d’entretiens avec l’Infirmier(e) et/ou le médecin traitant, la personne âgée comprend mieux les raisons de ce que le corps médical lui propose et adhère au projet proposé. PHOTO : JACQUES DONAT Par le Pr Sylvie LEGRAIN, médecin gériatre et Mme Pascale SAINTGAUDENS, infirmière dans le parcours de santé du 18e MALAISE Ce qui doit m’inquieter CHUTE CHANGEMENT DE CARACTERE SIGNES D’ALERTE Désorientation et trous de mémoire Exemple de planche chevalet FATIGUE ESSOUFLEMENT Les bienfaits de l’activité physique Par le Pr Agathe RAYNAUD-SIMON, du département de gériatrie des Hôpitaux Bichat-Beaujon et de la faculté de médecine Denis Diderot, Université Paris 7. PHOTO : JACQUES DONAT Comment être partenaire de son médecin ? D Pr Agathe Raynaud-Simon es travaux scientifiques ont montré que la masse musculaire diminue de 3 % à 8 % en dix ans à partir de trente ans, et de 1 % à 2 % par an à partir de cinquante ans et que la force musculaire diminue également, ce dont toute personne âgée de soixante-quinze ans et plus se rend parfaitement compte dans tous les actes de la vie quotidienne. Si une activité physique est pratiquée, des études scientifiques montrent aussi que celle-ci : • diminue le risque d’infarctus du myocarde • permet une prévention primaire du cancer (risque diminué de 20 % à 25 %) • a un effet bénéfique sur les performances cognitives • évite mieux les risques de chute par un renforcement musculaire. Les recommandations internationales sont : • Une activité physique régulière modérée de trente minutes par jour, cinq fois par semaine • Ou vingt minutes intenses trois fois par semaine. • Sans oublier, chaque jour, une alimentation saine. ••• Comment pratiquer une activité physique adaptée à son état de santé ? Par Thomas Le Cam, de Domisiel U ne présentation de Thomas Le Cam de Domisiel a mieux permis de comprendre que chacun(e) peut améliorer ses performances physiques, sans envisager de faire de la Thomas Le Cam compétition, quel que soit son état de santé mais en agissant quotidiennement ou au moins régulièrement chaque semaine. L’activité physique adaptée est un outil de prévention de la santé, : elle a pour but d’accompagner dans l’autonomie et la prévention tout au long de la vie. On constate une diminution de notre activité physique tout au long de la vie pour des raisons sociétales, selon Domisiel Groupe associatif loi 1901, implanté depuis 1997, a pour objectif de faire reculer la perte d’autonomie et de maintenir les liens sociaux à l’aide de l’activité physique. Présent dans de nombreux départements dont Siel Bleu à Paris, il bénéficie de l‘agrément simple et qualité des services à la personne dans plusieurs départements et le coût de ses interventions peut être ainsi déduit des impôts à hauteur de 50 %. Contacts : 15 rue Mercœur 75011 Paris www.domisiel.org ou www.sielbleu.org l’OMS 70 % de la population n’est pas suffisamment active pour se maintenir en bonne santé. Les bénéfices généraux de l’activité physique sont multiples : • ralentissement du vieillissement musculaire (masse musculaire, force, élasticité) • meilleure oxygénation et résistance à la fatigue (endurance) • soulagement des articulations : amplitude articulaire et aisance des mouvements • diminution des effets néfastes de l’arthrose • maintien de l’équilibre postural • densification osseuse (diminution d’ostéoporose) • meilleure estime de soi • diminution des risques de diabète • lutte contre certains cancers (du sein et de la prostate) • veille sur la prise de poids • brise le cycle de la sédentarité et recul de la dépendance. Des propositions adaptées sont données et pratiquées en groupes ou individuellement, en prévention auprès de tous les publics, comme les jeunes retraités, les personnes âgées à domicile ou en établissement, les personnes en situation de handicap, les personnes atteintes de maladies chroniques ou de pathologies lourdes. Daniel Vaillant, maire du XVIIIe : « Au-delà du strict médical » Après avoir salué tous les représentants es qualité, les intervenants et les participants présents, et excusé l’absence du Conseiller délégué en charge des personnes âgées de l’arrondissement Bruno SARRE, M le maire Daniel Vaillant s’est adressé à l’assemblée « C ’’est un réel plaisir pour moi de vous accueillir en mairie du 18ème, notre maison commune, à l’occasion de cette journée d’information du CODERPA sur le thème « Etre acteur de sa santé. La mairie vous a ouvert ses portes à vous professionnels, aidants et bien entendu usagers pour réfléchir ensemble, aux moyens à mettre en œuvre pour une meilleure qualité de vie, tout au long de la retraite. Nos modes de vie entraînent souvent des facteurs qui contribuent à l’isolement. Afin de combattre celui-ci, nous savons que la mise en œuvre de solidarités de proximité et de voisinage, qui se mettent en place dans nos quartiers, sont porteuses d’espoir. Nous sommes heureux de compter sur la présence depuis quelques mois Daniel Vaillant, maire du 18e arrondissement de l’Accorderie dans le 18ème arrondissement. Cette association a pour objectif de développer des échanges, non monétaires, de services entre ses membres. Dans le même état d’esprit, le réseau Voisin’Age, porté par l’Association des « Petits frères des pauvres » favorise non seulement les rencontres entre générations, mais aussi la solidarité de proximité. A l’échelle de l’arrondissement, les solidarités s’organisent aussi autour des commerçants qui constituent un facteur non négligeable d’intégration pour PHOTO : JACQUES DONAT ••• CODERPA 75 Info - N° 19 DECEMBRE 2013 PHOTO : JACQUES DONAT 6 nos aînés. A cet égard, je salue le rôle primordial de prévention exercé notamment par les pharmaciens. Cette chaîne de solidarité contribue elle aussi, à la cohésion sociale et bien entendu à la question qui nous réunit aujourd’hui, la qualité de vie des personnes âgées. Je n’oublie pas les aidants familiaux ou professionnels, dont le rôle est indispensable à la société. C’est pourquoi nous terminerons cette journée par le thème « être aidant et prendre soin de soi ». Je veux remercier tout particulièrement les équipes du CLIC Paris Emeraude Nord-Ouest et de l’hôpital Bretonneau, qui ont participé de manière active à l’organisation de cette journée et qui, tout au long de l’année placent la personne âgée au centre de leurs actions. Je n’oublie pas non plus le travail que mènent les services sociaux, les centres de santé et les clubs et associations du 18ème. Je voudrais avoir un mot particulier pour les personnes âgées qui ne pourront venir aujourd’hui, nous pensons à elles. Notre souhait est de répondre aux besoins de tous nos aînés, des plus autonomes aux plus dépendants. Je vous remercie et vous souhaite une belle après-midi à la mairie du 18e. » 7 CODERPA 75 Info - N° 19 DECEMBRE 2013 Une après-midi consacrée aux liens sociaux Par Henri Naudet, directeur de la Fondation Maison des Champs, XIXe H enri Naudet, prend la parole et définit “les liens sociaux” avant de présenter leur mise en œuvre concrète dans l’arrondissement du 18e. Les liens sociaux sont “l’ensemble des appartenances, des affiliations et de relations qui unissent les personnes ou les groupes sociaux entre eux”, c’est par exemple, l’intensité qui relie les membres d’une famille entre eux. Lien social et sociabilité, deux termes qui se complètent, mais des thèses qui diffèrent, voire s’affrontent. Pour Aristote l’existence politique est naturelle à l’homme, l’homme est fait pour vivre en société et celle-ci se fonde dans une sociabilité naturelle. Pour Freud, l’existence sociale et la civilité ne sont pas contradictoires. La vie sociale exige des sacrifices qu’il n’est pas naturel de consentir. Elle requiert la frustration des pulsions et leur sublimation. Pour Adam Smith, la solidarité sociale est le résultat involontaire de l’interaction des comportements individuels : la poursuite par chacun de son intérêt propre concourant, par une sorte de ruse de la nature à l’intérêt public. Les interventions respectives de l’association les petits frères des Pauvres et de l’Accorderie en sont un témoignage. Les petits frères des Pauvres ont comme valeur fondatrice la “Fraternité” concept où chacun, dans une notion d’universalité a le devoir du souci de l’autre. Le lien social peut être distendu pour les plus “pauvres” par les circonstances de la vie et les contraintes des modes de vie en société. Les actions de l’association vont tendre à retisser le lien social en permettant, tout simplement, la rencontre de l’un et de l’autre. « Restaurer la relation avec l’autre, quand plus personne n’est là, donne sens à toutes les actions déclinées ensuite. Accueillir, visiter, organiser des animations collectives, des réveillons, Henri Naudet PHOTO : JACQUES DONAT Comment être partenaire de son médecin ? des vacances, aider matériellement, protéger, héberger, loger… ». Concernant l’Accorderie, nous sommes en présence de la mise en œuvre concrète et pragmatique, sur un territoire, de la pensée des moralistes anglais du XVIIIe siècle. L’action des Accorderies et les interactions font société et le lien social découle naturellement de ces interactions. Cependant, il est indispensable de tenir compte d’un paramètre fondamental : chaque personne est porteuse de son histoire, autant d’individus, autant de fragilités, de modes de relations et d’interactions. » Par Philippe Durand et Sylvie Gourio N ées au Québec en 2002, les Accorderies sont arrivées à Paris dès 2011 dans le 19 e arrondissement. Depuis elles ont essaimé : dans les 18e et 14e arrondissements ainsi que dans le Grand Belleville incluant les 10e, 11e et 20e arrondissements. Un succès bien compréhensible pour ces espaces d’échanges et de services regroupant toutes les personnes intéressées habitant le secteur sur lequel l’accorderie est implantée. Le fonctionnement fait preuve d’une grande originalité : les échanges reposent sur le temps et non sur l’argent. Une heure de service rendu vaut une heure de service reçu. Tous les services sont sur un pied d’égalité. Chaque participant, un accordeur, bénéficie d’“un compte temps” débité lorsqu’il reçoit et crédité lorsqu’il offre ses compétences. Il existe trois types d’échanges : • Les échanges individuels entre deux personnes, • Les activités collectives d’échanges concernant plusieurs accordeurs comme, par exemple, des groupements d’activités. • Les échanges associatifs qui ont pour but de faire fonctionner l’accorderie. • Être accordeur c’est faire émerger des solidarités nouvelles, mais c’est aussi faire partie d’une entreprise d’économie sociale et solidaire dans son quartier. Contacts dans le 18e : Le Petit Ney, 10, avenue de la Porte de Montmartre, 75018 Paris - Tél. : 01 84 17 35 14 Courriel : [email protected] Sylvie Gourio et Philippe Durand PHOTO : JACQUES DONAT L’Accorderie pour échanger et coopérer ••• 8 ••• CODERPA 75 Info - N° 19 DECEMBRE 2013 Moins seul avec Voisin’age Par Virginie BOURSIN, de Voisin’Age PHOTO : JACQUES DONAT V oisin-Age est une expérience inédite. Sa vocation est de permettre de développer les rencontres entre les générations et les solidarités de proximité. À travers les liens simples, légers et souples des amitiés de Virginie Boursin voisinage. Chacun intervient à son rythme, selon ses moyens et ses préférences. Voisin-Age est porté par les petits frères des Pauvres, association créée en 1946, reconnue d’utilité publique et non confessionnelle, qui œuvre en faveur des personnes âgées en situation d’isolement ou de précarité, en France et dans 8 autres pays. Proximité, liberté, réciprocité… • Vous rencontrez des personnes âgées près de chez vous, entre voisins • Aucun engagement sur la durée, la fréquence ni le type d’activités… • On donne, et on reçoit : des coups de main, des gardes d’enfant, des cours… les personnes âgées ont bien plus à donner que leur tendresse ou leur sourire • Comme en amour ou en amitié, on ne se subit pas, on se choisit : à chacun son/sa chacun(e) ! • Vivre avec ses aînés, c’est simple, c’est important, c’est bon, pourquoi s’en passer ? Et c’est vieux comme le monde… • Chacun quel que soit son âge peut voisiner avec un aîné. Voisin’Age : www.voisin-age.fr Tél. : 01 42 93 69 19 Être aidant et prendre soin de soi Par Florence LEDUC, Présidente de l’Association Française des Aidants vons-nous apporter afin de maintenir les aidants en bonne santé ? Les missions Depuis sa création en 2003, l’Association Française des Aidants milite pour la reconnaissance du rôle et de la place des aidants dans la société. Elle oriente et soutient les aidants localement notamment via l’animation du réseau national des Cafés des Aidants, assure des formations sur les questions liées à l’accompagnement pour les proches aidants et les équipes professionnelles, diffuse l’information, développe des partenariats et participe à la construction d’outils pour mieux appréhender les attentes et les besoins des aidants. Association française des aidants, 250 bis bd Saint-germain, 75007 Paris. Accompagnement des aidants et des aidés par la culture par Dominique SPIESS, présidente du réseau Culture, ville, santé Le maillage original créé en 2007 à travers les Réseaux Culture Ville Santé permet de tisser des liens inédits entre des acteurs de la santé, du médico-social, du social, de la culture, des habitants et associations d’usagers, en intégrant la dimension du sensible dans des parcours de soins. Sous l’instigation de l’association Culture & Hôpital, plusieurs projets à caractère expérimental ont vu le jour. À Paris, un Groupement de coopération sociale et médico - sociale « Culture Ville Santé Île de France » s’est constitué, réunissant partenaires publics et privés des secteurs sanitaire, social, médico-social, culturel, écoles et universités, associations d’usagers. Ils sont engagés aux côtés des personnes hospitalisées, accueillies en établissement médico-social et soignées à domicile. Ce réseau a pour missions : • Préserver et améliorer la qualité de vie et la santé des personnes hospitalisées, vivant en institution et soignées à domicile et favoriser leur maintien à la vie sociale. • Favoriser le développement d’une communauté solidaire participant à la vie de la cité sur les questions de santé. • Établir un programme d’actions coordonnées visant à promouvoir la prévention des situations et des maladies pouvant entraîner une perte d’autonomie ou son aggravation, et permettre le maintien à domicile Dans ce cadre des opérations destinées à informer les aidants et à proposer des activités culturelles diverses (musées, expositions, chorales, concerts...) sont conduites en Dominique Spiess milieu hospitalier ou à domicile. Ce réseau vient en appui de dispositifs existants de la ville et dans la prise en charge spécifique des maladies Alzheimer. PHOTO : JACQUES DONAT PHOTO : JACQUES DONAT L es enquêtes sur la question des aidants sont constantes depuis de nombreuses années : les Français apportent largement leur contribution dans l’accompagnement d’un proche touché par les Florence Leduc difficultés de vie, que ce soit du fait de la maladie, du handicap ou du grand âge et à tous les âges de la vie. Ainsi, la moitié des personnes ayant de lourdes difficultés sont aidées exclusivement par un proche ; à ce jour on dénombre 8 millions de personnes en situation d’aidant. Le proche aidant est aux premières loges et sa contribution mérite d’être prise en compte, que ce soit au niveau des soignants, du travail, du groupe famille ! Reconnaître sa contribution, sa place, sa parole, son avis, son expertise. Reconnaître ses difficultés, ses besoins, ses attentes, afin de le prendre en compte pour sa propre part, tant ses besoins sont aussi légitimes que ceux des personnes concernées par la maladie, mais ce ne sont pas les mêmes. Une attention doit être portée à sa santé ; les chiffres le montrent : 14 % des aidants déclarent avoir le sentiment que l’aide affecte leur santé, 29 % déclarent se sentir anxieux, 27 % ressentent une fatigue physique, 20 % ont des troubles du sommeil. Ainsi, quelles réponses pou- • Association Culture et Hôpital 21 rue Raymond Losserand 75014 Paris Tél. : 01 82 09 37 68 REMERCIEMENTS. Les conclusions de cette journée, ont été présentées par Mme Christine Lebee , directrice du CLIC Paris Nord-Ouest avec le Dr Olivier Drunat de l’hôpital Bretonneau, modérateurs de cette rencontre et qui sont vivement remerciés par le Coderpa.