nouveaux droits réduits de mutation sur la transmission d`entreprise
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nouveaux droits réduits de mutation sur la transmission d`entreprise
Droit fiscal NOUVEAUX DROITS RÉDUITS DE MUTATION SUR LA TRANSMISSION D’ENTREPRISE L’évolution fiscale Les données démographiques montrent qu’environ 700 000 entreprises sont susceptibles d’être cédées dans les dix années à venir. La transmission des entreprises est donc devenue un enjeu majeur du gouvernement. De nombreux efforts ont déjà été engagés ces cinq dernières années. Les régimes mis en place concourent à la pérennisation des activités, avec des exonérations des plus-values professionnelles dont l’application est conditionnée à la poursuite de l’activité. Dans le prolongement des mesures déjà adoptées, la loi de modernisation de l’économie (LME) du 4 août 2008 contient de nouvelles dispositions fiscales tendant à favoriser la transmission des entreprises en allégeant la charge fiscale pesant, cette fois-ci, sur les repreneurs. 8 Une convergence des droits de mutation sur les cessions de titres et de fonds de commerce Afin d’atténuer les différences de taxation selon la forme juridique de l’entreprise cédée, la LME aligne les droits de mutation à titre onéreux dûs en cas de cession de parts sociales et d’actions. Un taux unique de 3 % s’applique désormais (au lieu de 1,1 % pour les actions et 5 % pour les parts sociales). Cet alignement atteint toutefois ses limites dans la mesure où seules les cessions d’actions bénéficient toujours d’un plafond porté à 5 000 €, les parts sociales quant à elles conservant l’abattement de 23 000 €. Par ailleurs, les cessions de participations de sociétés à prépondérance immobilière restent taxées à 5 % quelle que soit la forme sociale. Toujours dans le souci de maintenir un traitement fiscal comparable avec les droits d’enregistrement appliqués aux cessions de parts sociales, la loi allège le barème de taxation des fonds de commerce afin de ramener le taux d’imposition de 5 % à 3 % pour la fraction du prix R.F.C. 415 Novembre 2008 comprise entre 23 000 € et 200 000 €. Le taux de 5 % s’applique à la seule fraction supérieure à 200 000 €. Une volonté de pallier l’absence d’exonération de droits d’enregistrement en cas de mutation à titre onéreux Actuellement, il n’existe aucun abattement ou exonération spécifique pour le calcul des droits de mutation en cas de reprise d’une entreprise opérée à titre onéreux. La LME institue à ce titre un dispositif pérenne d’abattement (article 732 ter du CGI) pour le calcul des droits de mutation dûs en cas de cession à titre onéreux d’un fonds de commerce, d’une clientèle ou de parts ou actions représentatives d’un fonds de commerce, lorsque la cession est réalisée soit au profit d’un ou plusieurs salariés de la société cédée, titulaires d’un CDI à temps plein depuis au moins deux ans ou d’un contrat d’apprentissage en cours, soit au profit d’un proche du cédant (conjoint, partenaire pacsé, ascendants ou descendants en ligne directe ou frères et sœurs). Les repreneurs devront s’engager à poursuivre l’activité pendant les cinq années qui suivent la vente, l’un d’entre eux devant par ailleurs assurer la direction effective de l’entreprise durant cette même période. Cet abattement de 300 000 € est appliqué sur la valeur du fonds, de la clientèle ou de la fraction des titres représentative du fonds. Il ne peut s’appliquer qu’une fois entre un même cédant et un même acquéreur. Aménagement du dispositif d’exonération de droits d’enregistrement pour les donations d’entreprise aux salariés En cas de donation d’une entreprise à un ou plusieurs salariés, l’article 790 A du CGI prévoit l’exonération de droits d’enregistrement lorsque la valeur du fonds ou de la clientèle n’excède pas 300 000 €. La LME transforme cette exonération en un abattement de même montant. Cette suppression de la limite de la valeur du fonds permet ainsi d’éviter l’effet de seuil qui conduisait à soumettre aux droits de mutation la totalité de la cession dès le premier euro de dépassement. Les conditions d’application de l’abattement sont identiques à celles de l’exonération, à savoir : • l’entreprise ou la société dont les titres sont cédés doit exercer une activité industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou libérale ; • l’exonération s’applique uniquement aux transmissions à titre gratuit portant sur la pleine propriété et réalisées entre vifs ; • enfin, le bénéficiaire de la donation doit être titulaire d’un CDI à temps plein depuis deux ans ou d’un contrat d’apprentissage en cours au jour de la donation. Ce dernier doit poursuivre l’exploitation pendant cinq ans et en assurer, pendant cette même période, la direction effective. L’abattement est pratiqué sur option par le donataire sur la valeur du fonds ou de la clientèle ou sur la valeur des titres représentative de ces actifs ; il est applicable une seule fois pour un même donateur et même donataire. La condition tenant à la valeur du fonds n’est plus exigée comme c’était le cas sous l’ancien régime. Pour en savoir plus Loi n° 2008-776 de modernisation de l’économie du 4 août 2008 ( JO n° 0181 du 5 août 2008) : articles 64, 65, 66. ■ Emmanuelle BADIN Consultante en droit fiscal Infodoc-experts