davantage de place pour la colchicine, moins

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davantage de place pour la colchicine, moins
Les cahiers
Vol. 10 Nº 12
14 juillet 2010
Votre développement professionnel continu
Médecine basée sur des données probantes
Traitement des péricardites aiguës et récidivantes
Sont représentés au conseil
de rédaction de MedActuel DPC
L’Association
des médecins
de langue française
du Canada
La faculté
de médecine
de l’Université Laval
Le Collège québécois
des médecins de
famille
Conseil de rédac­tion
et révi­sion scien­ti­fi­que
Davantage de place
pour la colchicine, moins
pour les corticostéroïdes
Par les Drs Paul Farand*, MD, M.Sc., et
Émilie P. Belley-Côté*, MD
Objectifs pédagogiques
●
Reconnaître les présentations
cliniques de la péricardite aiguë.
●
Prescrire les examens diagnostiques appropriés.
●
Préciser les traitements de
la péricardite aiguë.
Mots-clés
Péricardite, colchicine, corticostéroïdes, maladie cardiaque.
*Service de cardiologie,
Centre hospitalier universitaire
de Sherbrooke,
Centre de recherche clinique
Étienne-Le Bel
Président du conseil
Dr François Croteau
Omnipraticien,
hôpi­tal Santa-Cabrini,
Montréal;
Membre du Comité de
formation médicale
continue de l’Association
des médecins de langue
française du Canada;
Directeur médical du
Groupe Santé, Québec,
Rogers Média.
Les péricardites aiguës et récidivantes sont des pathologies fréquemment observées en clinique. Bien que les complications soient rares,
généralement sous forme de tamponnades ou de péricardites constrictives, la majorité des patients souffrant de péricardites aiguës auront
une évolution clinique sans complication majeure liée à cette
maladie. Les récidives des péricardites et de leurs symptômes
douloureux sont des problèmes beaucoup plus fréquents. À ce
propos, les données les plus récentes montrent que la colchicine
jouerait un rôle protecteur significatif pour prévenir la récidive de
péricardite, tandis que les corticostéroïdes, longtemps donnés
en première ligne de traitement, augmenteraient l’incidence des
récidives.
Dre Johanne Blais
Membre du Conseil de
FMC de la faculté de
médecine de l’Université
Laval;
Responsable du Comité
de FMC du dépt. de
médecine familiale de
l’Université Laval;
Professeur titulaire de
clinique, CHUQ, hôpital
Saint-François d’Assise. Dr Roger Ladouceur
Responsable du Plan
d’autogestion de DPC,
Collège des médecins
du Québec;
Professeur agrégé de
clinique du dépt. de
médecine familiale
de l’Université de Montréal;
Médecin de famille,
Hôpital de Verdun du CSSS
du Sud-Ouest-Verdun.
Dre Francine Léger
Médecin de famille;
Chargé d’enseignement
clinique au département
de médecine familiale de
l’Université de Montréal;
Service de périnatalité
du CHUM.
Dre Diane Poirier
Médecin, M.Sc.;
Chef du service des
soins intensifs au CSSS
Richelieu-Yamaska;
Professeur
d’enseignement
clinique au CHUS;
Membre du comité de FPC
de l’AMLFC.
L
a péricardite est une entité clinique fréquente. L’analyse des
diagnostics finaux des patients
se présentant à la salle d’urgence pour
des douleurs thoraciques non angineuses révèle une incidence de 5 %
de péricardite aiguë parmi cette
population1. Peu de recherches se
sont intéressées au traitement des
péricardites aiguës et récidivantes.
Jusqu’à tout récemment, les recommandations portant sur le traitement
des péricardites étaient limitées à
quelques petites études. Aussi, un des
documents les plus complets sur le
sujet, le consensus de traitement sur
les maladies du péricarde de la Société
européenne de cardiologie2, est basé
en bonne partie sur des opinions
d’experts. Toutefois, au cours de la
dernière décennie, plusieurs études
cliniques sur la péricardite ont été
publiées, la majorité en provenance
de chercheurs d’Italie et d’Israël, et
sont résumées dans un article récemment paru dans Circulation3. Quelques études récentes renforcent les
recommandations actuelles de n’utiliser les corticostéroïdes que dans les
cas d’échec ou d’intolérance aux
autres traitements et de favoriser
l’utilisation de la colchicine même
pour un premier épisode de péricardite.
Dans cet article, nous traiterons
sommairement de la pathophysiologie, du diagnostic et du pronostic
des péricardites, puis nous nous
attarderons davantage aux traitements disponibles. Nous n’aborderons pas les autres atteintes du péricarde, tels la péricardite constrictive,
l’épanchement chronique et la tamponnade.
La pathophysiologie
L’espace péricardique est bordé par
deux couches : le péricarde fibreux et
le péricarde viscéral. Ce dernier est
accolé sur le liséré de graisse épicardique qui se trouve sur la partie
externe des cavités cardiaques. En
temps normal, une petite quantité de
liquide (25-50 mL) est présente dans
l’espace péricardique et prévient la
friction entre les deux couches du
péricarde et, par le fait même, entre
le cœur en mouvement et les structures adjacentes2.
La maladie péricardique la plus fréquente est la péricardite aiguë dont
l’étiologie est idiopathique dans la très
grande majorité des cas. Précisons
qu’il est présumé que ces péricardites
aiguës idiopathiques sont souvent
causées par des virus. Les étiologies
non infectieuses les plus fréquentes
comprennent les maladies autoimmunes, les néoplasies, les causes
iatrogéniques (généralement postchirurgie cardiaque) et, dans les pays
en développement, la tuberculose4.
Cette dernière cause semble toutefois
en recrudescence, notamment avec
l’épidémie de VIH.
Bien que plusieurs auteurs considèrent la péricardite survenant à la suite
d’un infarctus du myocarde comme
une entité à part, il reste que cela
demeure une cause fréquente de péricardite. Toutefois, son traitement diffère des autres types, considérant que
l’utilisation des corticostéroïdes et
de comprimer le remplissage des
cavités cardiaques et mener à une
tamponnade. Contrairement à
l’épanchement péricardique chronique, l’épanchement péricardique
dans le cadre d’une péricardite aiguë
régresse une fois que l’inflammation
a diminué et que le péricarde a repris
ses fonctions habituelles. D’un autre
côté, l’inflammation chronique peut
Quelques études récentes renforcent les recommandations
actuelles de n’utiliser les corticostéroïdes que dans
les cas d’échec ou d’intolérance aux autres traitements
et de favoriser l’utilisation de la colchicine même pour
un premier épisode de péricardite.
des anti-inflammatoires durant la
phase aiguë d’un infarctus est délétère et que l’innocuité de la colchicine
dans ce contexte reste encore à
démontrer. Cela laisse donc uniquement une place pour l’acide acétylsalicylique (AAS) dans cette situation
clinique.
L’inflammation des couches du
péricarde mène généralement à une
exsudation accrue de liquide dans
l’espace péricardique tout en diminuant le drainage normal du liquide
péricardique par les conduits lymphatiques. Cette quantité de liquide
est généralement petite, mais peut
par moment être importante au point
mener à la fibrose et à l’augmentation
de la rigidité du péricarde, deux
caractéristiques des péricardites
constrictives.
Le pronostic
La tamponnade et la péricardite
constrictive sont les deux complications les plus dangereuses des péricardites aiguës. La tamponnade peut
mettre la vie des patients en danger
en empêchant le remplissage des
cavités cardiaques à cause de la compression de ces dernières par le liquide

14 juillet 2010 | MedActuel DPC | www.ProfessionSante.ca | L’actualité médicale | 47
Traitement des péricardites aiguës et récidivantes
Figure 1
Échographie cardiaque transthoracique. Vue parasternale long axe démontrant la présence
d’un épanchement péricardique modéré sans compression des cavités cardiaques.
La tamponnade et la péricardite constrictive sont les deux
complications les plus dangereuses des péricardites aiguës.
La tamponnade peut mettre la vie des patients en danger
en empêchant le remplissage des cavités cardiaques à cause
de la compression de ces dernières par le liquide accumulé.
accumulé. Le traitement nécessite le
drainage du liquide, habituellement
par le biais d’une péricardiocentèse.
Quant à la péricardite constrictive,
elle implique la compression des
cavités cardiaques par le péricarde
rigidifié. Sa présentation clinique
usuelle se fait par le biais de signes
d’insuffisance cardiaque droite et de
bas débit cardiaque. Le traitement
privilégié est la décortication du péricarde, une procédure risquée et morbide. Heureusement, ces deux complications surviennent rarement des
suites d’une péricardite aiguë ou récidivante tel que l’a montré une revue
de plusieurs études cliniques de péricardites. Cette revue montre que seulement 3 % des patients avec péricardites récidivantes avaient évolué vers
une tamponnade et qu’un seul des
296 patients étudiés avait évolué vers
une péricardite constrictive5.
Plusieurs études ont tenté d’identifier les patients les plus à risque
d’avoir des complications à la suite
d’un épisode de péricardite afin de
cibler ceux qui devraient idéalement
être surveillés en milieu médical. Les
patients les plus à risque sont les
patients avec : un épanchement péricardique de plus de 20 mm, des fac-
teurs de risque d’épanchement péricardique hémorragique (usage
d’anticoagulants, néoplasies, trauma
thoracique accidentel ou iatrogénique), hyperthermie supérieure à
38 ºC, myopéricardite, pouls paradoxal, évidence d’inflammation systémique, évolution subaiguë (contrairement à aiguë) et, finalement, les
patients avec échec au traitement6. Il
est à noter que la majorité des patients
ne présentent aucun de ces signes.
Aussi, en plus d’identifier les patients
à risque plus élevé de complications,
ces caractéristiques ciblent les patients
chez qui une cause étiologique précise a plus de chance d’être découverte et qui bénéficient généralement
d’une investigation complémentaire
au bilan de base décrit ci-dessous.
Possiblement en raison du fait que
les myocardites et les péricardites ont
plusieurs agents étiologiques communs, notamment les infections virales, une partie des patients avec péricardite aiguë se présentent aussi avec
un certain degré d’atteinte myocardique. Ces patients sont détectés par une
augmentation des enzymes cardiaques
sériques (troponine, CK-MB) et une
dysfonction systolique ventriculaire
gauche de novo généralement démon-
trée à l’échographie cardiaque7. En
plus de fournir au besoin un traitement de support hémodynamique, les
thérapies usuelles en cas de cardiopathies non ischémiques (bêtabloqueurs
et inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine) sont conseillées.
Aussi, à cause de l’effet délétère possible des anti-inflammatoires dans les
cas de myocardite, il est recommandé
de diminuer les doses données aux
patients avec périmyocardite et de
favoriser l’acide acétylsalicylique. Certaines causes de myocardites nécessitent toutefois des traitements particuliers que décrit bien un récent article
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sur le sujet paru dans le New England
Journal of Medicine8.
Une particularité de l’évolution des
péricardites aiguës réside dans le taux
élevé de récidives qui est de l’ordre de
24 % en moyenne dans les grandes
séries de cas disponibles9. Ce taux de
récidive est environ deux fois plus fréquent dans les cas de péricardites
récidivantes.
Le diagnostic
La présence de deux critères diagnostiques sur quatre permet de poser le
diagnostic de péricardite. Les critères
recherchés sont : 1) la présence d’une
douleur thoracique caractéristique,
2) les sus-décalages diffus du segment
ST, 3) la présence d’un frottement
péricardique et 4) la présence d’un
épanchement péricardique10.
Considérant que la grande majorité
des péricardites rencontrées dans les salles d’urgence des pays développés se
révéleront d’étiologie idiopathique, un
bilan extensif n’est pas pertinent pour
la plupart des patients. Le bilan complémentaire à l’histoire clinique et à l’examen physique devrait comprendre :
 un électrocardiogramme (ECG)
 une radiographie pulmonaire
Traitement des péricardites aiguës et récidivantes
Figure 2
Échographie cardiaque transthoracique. Vue sous-costale démontrant la présence d’un épanchement péricardique léger sans compression des cavités cardiaques.
Des données récentes identifient l’usage de corticostéroïdes
comme étant un élément favorisant la récidive de
la péricardite. En effet, plusieurs études mettent en doute
l’usage libéral des corticostéroïdes dans le traitement des
péricardites aiguës et récidivantes.
devraient pas être sevrés sans avoir
obtenu une résolution complète des
symptômes. Le suivi des marqueurs
inflammatoires, telle la CRP, pourrait
aussi guider le sevrage. Une normalisation des marqueurs inflammatoires
est alors suggérée avant chaque diminution de dose3.
Les corticostéroïdes
Dans le cadre du traitement des péricardites aiguës et récidivantes, les corticostéroïdes sont souvent utilisés en
raison de la réponse clinique rapide
qu’ils entraînent malgré le rôle plus
limité qui leur est accordé dans les dernières recommandations. Celles-ci
sont basées sur le peu d’évidence clinique à moyen et à long terme appuyant
l’usage des corticostéroïdes pour le
traitement des péricardites. Effectivement, l’usage d’une corticothérapie
dans le contexte de péricardite récidivante n’est appuyé que par une étude
rétrospective de 12 patients traités par
des doses élevées de prednisone11.


une échographie cardiaque transthoracique
 des enzymes cardiaques sériques
(troponines et créatine kinase)
 des marqueurs d’inflammation
(protéine C réactive (CRP) et vitesse
de sédimentation)
 une formule sanguine complète et
un profil rénal de base.
Les examens plus spécifiques
devraient être ciblés en cas de suspicion d’une cause secondaire de péricardite, notamment néoplasique,
inflammatoire ou tuberculeuse3.
Le traitement
Contrairement à plusieurs champs de
pratique du domaine cardiovasculaire, il existe peu de guides de pratique en ce qui a trait à la prise en
charge des maladies péricardiques. La
Société européenne de cardiologie est
actuellement la seule organisation
d’importance en médecine cardiovasculaire à avoir établi en 2004 des
lignes directrices de pratique concernant les maladies affectant le péricarde2. La majorité des recommandations de ce guide de pratique
reposent sur des opinions d’experts.
Effectivement, la littérature scientifique disponible jusqu’à tout récemment concernant les affections du
péricarde comprenait très peu d’études contrôlées et ces dernières
incluaient souvent un faible nombre
de patients. Ces dernières années,
plusieurs études cliniques étudiant
notamment le rôle de la colchicine et
des corticostéroïdes dans le traitement des péricardites aiguës et récidivantes ont été publiées. Voyons les
traitements offerts aux patients souffrant d’une péricardite.
Les anti-inflammatoires non
stéroïdiens (AINS)
Bien qu’il n’existe pas d’étude de
grande envergure sur l’usage des antiinflammatoires dans le traitement
des péricardites, ces derniers sont la
pierre angulaire du traitement des
péricardites aiguës et récidivantes.
L’expérience clinique nous laisse
croire que les doses d’anti-inflammatoires et la durée du traitement doivent être adéquates afin de prévenir
un échec au traitement2. Les doses et
les durées de traitement habituellement suggérées sont présentées au
tableau I (page suivante). Il est à noter
que les anti-inflammatoires ne
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Traitement des péricardites aiguës et récidivantes
Tableau I
Des données plus récentes identifient l’usage de corticostéroïdes
comme étant un élément favorisant
la récidive de la péricardite. En effet,
plusieurs études mettent en doute
l’usage libéral des corticostéroïdes
dans le traitement des péricardites
aiguës et récidivantes. L’usage de
doses élevées par rapport à de faibles
doses de corticostéroïdes dans le traitement des péricardites récidivantes
a été évalué dans le cadre d’une étude
rétrospective de 100 patients12. Les
patients ayant reçu les doses élevées
avaient non seulement davantage
d’effets secondaires, majoritairement
sous forme d’ostéoporose, mais aussi
davantage de récidives de péricardites
et d’hospitalisations. L’augmentation
des récidives de péricardites à la suite
d’un traitement de corticostéroïdes a
été observée dans deux autres études
rétrospectives observationnelles13,14.
Il est à noter que les patients sous stéroïdes dans ces études n’étaient pas
des patients ayant des caractéristiques les mettant à plus haut risque de
complications à la base, ce qui aurait
pu entraîner un biais défavorable
pour le groupe exposé aux corticostéroïdes.
Les recommandations sont donc de
réserver l’usage des corticostéroïdes
aux patients souffrant d’une péricardite inflammatoire incessante ou
récidivante chez qui il y a un échec
des autres options de traitement
(AINS et colchicine) ou chez qui il y
a intolérance ou contre-indication à
ces thérapies1. Les patients traités par
Utilisation suggérée des médications dans le contexte du traitement des péricardites
aiguës et récidivantes**
Médication
Dose de départ
Acide acétylsalicylique
(préféré pour patients
avec athérosclérose)
650 mg po qid
pour 1 à 2 semaines
(2-4 semaines dans le cas
d’une récidive)
Ibuprofène
600 mg po tid
pour 1 à 2 semaines
(2-4 semaines dans le cas
d’une récidive)
Indométacine
50 mg po tid
pour 1 à 2 semaines
(2-4 semaines dans le cas
d’une récidive)
Colchicine
(adultes)
0,5 mg (ou 0,6*) po bid
pour 3 mois
(6 mois pour une récidive)
Sevrage
(si patient est asymptomatique et CRP normalisée)
n
n
n
iminuer de 30 % la dose de
D
départ à toutes les 1-2
semaines puis cesser
iminuer de 30 % la dose de
D
départ à toutes les 1-2
semaines puis cesser
iminuer de 30 % la dose de
D
départ à toutes les 1-2
semaines puis cesser
-
Surveillance/suivi
(en plus du suivi
de l’état de santé)
n
n
n
n
n
Utiliser 0,5 mg (ou 0,6*)
po die chez patients
intolérants aux doses plus
élevées, de plus de 70 ans
ou de moins de 70 kg
Prednisone
0,2 à 0,5 mg/kg/jour po die
pour 2 semaines
(2-4 semaines dans le cas
d’une récidive)
n
n
iminuer la dose quotidienne
D
en cours de 10 % à toutes les
1-2 semaines
Faire sevrage graduellement
plus lentement surtout à
partir de 15 mg/jour où les
diminutions pourraient être
aussi faibles que 1,0 mg/jour
à toutes les 6 semaines
n
Utiliser protection
gastrique
Utiliser protection
gastrique
Utiliser protection
gastrique
esoin d’ajustement en
B
cas d’insuffisance rénale.
AST, ALT, CK, créatinine
au début du traitement
et à 1 mois
P rotection de
l’ostéoporose
* Les comprimés de 0,5 mg ne sont pas disponibles au Canada, mais les comprimés de 1 mg sont sécables.
** Adaptation à la pratique médicale au Québec des tableaux disponibles dans les dernières recommandations disponibles3.
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corticothérapie doivent toutefois
recevoir un traitement préventif pour
l’ostéoporose sous forme de vitamine D, calcium et biphosphonates
(si la corticothérapie dure plus de
trois mois)15. Les doses proposées de
corticostéroïdes sont basées sur l’expérience du traitement des sérosites
dans le cadre du lupus et des maladies
inflammatoires systémiques et sont
présentées dans le tableau I. Les diminutions des doses de corticostéroïdes
doivent être associées à une résolution clinique des symptômes et à une
CRP normale.
La colchicine
L’action de la colchicine se fait principalement via la modulation de la
formation des microtubules des cellules. La colchicine est habituellement utilisée pour le traitement de la
goutte et de la fièvre méditerranéenne16. Au cours des années 1990,
l’analyse de plusieurs petites séries de
patients avait soulevé le potentiel
possible de la colchicine pour la prévention des récidives de péricardites.
Ce n’est cependant qu’en 2005 avec
la publication des études CORE17 et
COPE18 que la colchicine a été
démontrée efficace pour le traitement des péricardites.
L’étude COPE était randomisée sans
toutefois être à l’insu. Cent vingt
patients ont été approchés dans le
cadre d’un premier épisode de péricardite et assignés au hasard à un
traitement anti-inflammatoire seul
Traitement des péricardites aiguës et récidivantes
ou avec l’ajout de colchicine. Les
récidives de péricardite à 18 mois ont
diminué de 32 % à 11 % chez les
patients traités par la colchicine. Seulement cinq patients ont cessé la colchicine en raison de diarrhée, l’effet
indésirable le plus fréquent de cette
médication.
L’étude CORE était aussi randomisée sans être à l’insu et s’adressait à
des patients atteints d’un premier
épisode de récidive de péricardite.
Quatre-vingt-huit patients ont été
randomisés à un traitement standard
d’anti-inflammatoire seul ou avec
l’ajout de colchicine. Les récidives de
péricardite à 18 mois ont diminué de
51 % à 24 % chez les patients traités
par la colchicine.
Trois études multicentriques randomisées et contrôlées sont en évolution depuis 2007 concernant l’usage
de la colchicine dans le traitement des
péricardites aiguës19 et récidivantes20.
Ces études devraient permettre d’établir davantage la place que doit avoir
la colchicine dans le traitement des
péricardites. Toutefois, en raison des
données actuelles sur la colchicine
qui sont plus solides que les données
portant sur les corticostéroïdes et du
profil d’effets indésirables plus favorable de la colchicine, elle doit certainement être considérée avant les corticostéroïdes en cas de péricardite
aiguë ou récidivante.
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Les autres traitements
Dans les cas réfractaires, une investigation plus exhaustive devrait rechercher une cause secondaire de péricardite où un traitement spécifique
serait disponible ou une étiologie
pouvant expliquer l’échec du traitement.
Très peu de littérature scientifique
appuie les recommandations chez les
patients avec péricardite récidivante
réfractaire au traitement usuel. La
première ligne thérapeutique consiste
en une triple association (AINS, colchicine et corticostéroïdes)3. S’il y a
échec à la triple thérapie, divers régimes d’immunosuppression ont été
rapportés efficaces chez de petits
nombres de patients. Les moins toxiques et les plus documentés de ces
régimes comprennent l’azathioprine
ou le méthotrexate21. Aussi, selon des
opinions d’experts, sans toutefois
prescrire un repos complet, les
patients avec évidence de péricardite
devraient être retirés des activités
sportives compétitives pour une
période de trois mois22.
En conclusion
Les péricardites aiguës et récidivantes
sont des entités fréquemment rencontrées en clinique. Bien que de rares cas
développent des complications, généralement sous forme de tamponnade
ou de péricardite constrictive, la majorité des patients souffrant de péricardite aiguë auront une évolution clinique sans complication majeure liée à
leur maladie. Les récidives des péricardites et de leurs symptômes douloureux sont des problèmes beaucoup
plus fréquents. Les données les plus
récentes montrent que la colchicine
aurait un rôle protecteur significatif
pour prévenir la récidive de péricardite,
tandis que les corticostéroïdes, longtemps donnés en première ligne de
traitement, augmenteraient l’incidence
des récidives. n
14 juillet 2010 | MedActuel DPC | www.ProfessionSante.ca | L’actualité médicale | 51