La semaine aux Etats-Unis L`an prochain, si tout va bien

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La semaine aux Etats-Unis L`an prochain, si tout va bien
Alexandra Estiot
31 octobre 2013 – 13-39
La semaine aux Etats-Unis
L’an prochain, si tout va bien
La Fed a laissé sa politique monétaire inchangée, ainsi que
l’essentiel de son communiqué de presse : les différences entre les
textes de septembre et d’octobre sont si mineures qu’elles en sont
presque indétectables. La référence à une situation financière
« tendue » a disparu, et la formulation légèrement différente du
premier paragraphe laisse penser que les membres du FOMC sont
légèrement moins confiants quant à la vigueur de la reprise.
Contrairement à la situation de septembre, où les intervenants de
marchés ont été majoritairement surpris que la Fed n'annonce pas
de freinage de ses achats au titre du « QE3 », il n'y avait cette-fois ci
aucun suspense. Certains continuent cependant d’attendre un
infléchissement de l’assouplissement quantitatif avant la fin de
l’année. Pour notre part, alors que nous anticipions déjà le statu quo
de septembre nous ne prévoyons pas de ralentissement de QE3
avant mars 2014. Via cette politique non orthodoxe, la Fed cherche à
obtenir une amélioration substantielle des conditions prévalant sur le
marché du travail. Or, d’après nos calculs, celles-ci n’indiquent pas
encore de retour à la normale (cf. encadré). QE3 continuera donc au
même rythme.
Certes, certains membres s’inquiètent des risques potentiels sur la
stabilité financière. Esther L. George, présidente de la Fed de
Kansas City, a été une dissidente constante depuis le début de
l’année pour cette raison. Face à des conditions conjoncturelles
encourageantes au début de l’année, Mme George (ainsi que
d’autres membres) avait bénéficié d’une oreille plus attentive de la
part de Ben Bernanke. Mais c’était avant la publication des chiffres
relativement décevants de l’emploi cet été, et l’épisode du
« shutdown ».
Le rapport emploi de septembre a montré que les conditions ne
s’étaient pas améliorées à la fin de l’été. Alors que sur les cinq
premiers mois de l’année, le secteur privé créait des emplois à un
rythme mensuel de 202 000, les performances sont tombées à
152 000 entre juin et août pour ralentir davantage encore en
septembre (126k). Les effets de la fermeture du gouvernement
fédéral pendant plus de deux semaines se feront sentir : le Council
of Economic Advisers de la Maison Blanche estime que 120 000
postes ont été (temporairement) supprimés de ce fait, et l’enquête,
menée par l’ADP et publiée cette semaine, confirme un
ralentissement marqué de l’emploi dans le secteur privé en octobre.
Ces emplois seront certainement recréés dès le mois de novembre,
mais la volatilité d’un mois sur l’autre des données compliquera
l’analyse, et les membres du FOMC pourraient attendre de disposer
des rapports emploi des mois de décembre et janvier pour pouvoir
juger de la tendance. C'est la raison principale pourquoi nous voyons
la réunion du FOMC de mars comme la première date à annoncer un
ralentissement de QE3.
■L’indice « Ben »
L’Indice « Ben » résume les indicateurs que Ben Bernanke a déclaré
analyser afin d’évaluer les conditions prévalant sur le marché du
travail. Il est construit à partir des données suivantes : hausse
mensuelle de l’emploi non agricole, taux de chômage, taux de
démission et d’embauche (rapport JOLTS du BLS), notre indicateur
maison d’activité (le M&N), premières demandes d’indemnisation du
chômage et glissement annuel des salaires horaires. L’Indice est
centré et réduit sur la période 2003-07. Nous calculons également
un Indice Janet (Mme Yellen devant succéder à M. Bernanke à la fin
du mois de janvier) qui exclut les deux derniers indicateurs de la
liste.
Encadré
automatiques de dépenses du gouvernement fédéral (sequester) ont
des effets plus négatifs sur l'économie qu’en première estimation. La
consommation des ménages en biens résiste, avec des ventes au
détail qui ont rebondi au troisième trimestre. Mais les dépenses en
services marquent le pas, tandis que l'activité manufacturière est
bien moins orientée qu’annoncé par l'enquête ISM. En septembre,
les nouvelles commandes de biens durables (hors dépenses
militaires et transport) étaient à l’arrêt (+0,3% en rythme annualisé
sur trois mois) tandis que la production manufacturière est repassée
en territoire négatif (-0,5% en rythme annualisé sur trois mois).
En ce qui concerne l'inflation, les données de septembre sont plutôt
rassurantes : une mesure étroite de l’indice des prix (fondée sur
l'indice privilégié par la Banque du Canada) a gagné 0,3% m/m,
après deux baisses consécutives. Pour que le glissement annuel
accélère à nouveau depuis le point bas actuel (de 0,9%), d’autres
hausses mensuelles sont nécessaires, mais il semble bien que le
point bas ait été atteint au début de l’automne. Reste qu’une
accélération des salaires est la condition nécessaire pour retrouver
des taux d’inflation plus élevés et proches de l’objectif de 2%.
Sans reculer franchement, les indicateurs d'activité et d'emploi ne
sont pas bien orientés. En fait, ils semblent indiquer que les coupes
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