LA GUERRE, Otto Dix - Collège Roquepertuse à Velaux

Transcription

LA GUERRE, Otto Dix - Collège Roquepertuse à Velaux
LA GUERRE, Otto Dix
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Titre : La Guerre
Forme et dimensions : triptyque monumental (4.68m x 2.04m)
Technique : tempera sur panneaux de bois
Date : réalisé entre 1929 et 1932.
Artiste : Otto Dix, peintre allemand (1891-1969)
I)
Identifiez et contextualisez l’œuvre
1. Cherchez le sens de « prédelle » et « tempera »
Prédelle : désigne le panneau inférieur, généralement horizontal qui soutient un polyptique. Ici le polyptique est un
triptyque, qui évoque en particulier celui d’Issenheim (Alsace) peint par M. Grünewald au XVIès.
(in Wikipedia)
La tempera ou détrempe : désigne un procédé de peinture d’émulsion de pigments naturels dans un liant
au jaune d’œuf, qui permet d’obtenir des couleurs éclatantes et une parfaite conservation de l’œuvre en
atmosphère sèche.
2. À l’aide la biographie d’Otto Dix, indiquez à la suite de quelle expérience personnelle l’artiste a
réalisé ce tableau.www.college-therouanne.net
Otto Dix (1892-1969) est un peintre allemand. En 1910, il intègre l’école des Arts décoratifs de Dresde. Il est encore
étudiant quand la guerre éclate en 1914. Il s’engage comme volontaire dans l’artillerie de campagne. En 1915, il
reçoit une formation de mitrailleur et participe aux campagnes de Champagne, Somme et Russie, batailles
pendant lesquelles il est blessé plusieurs fois. Après la première guerre, il devient professeur d’art. Considéré
comme un artiste « dégénéré » par le régime nazi, il sera l’un des premiers professeurs renvoyés et persécutés.
Certaines de ses œuvres seront brûlées par les nazis. Pour protéger ses toiles, il devra les cacher. Il est enrôlé de
force dans l’armée et sert sur le front occidental durant la seconde guerre mondiale. Il est fait prisonnier en Alsace
(près de Colmar) par l’armée française. Traumatisé par ces deux guerres, il se consacre ensuite à son art.
II)
Décrire l’œuvre et en expliquer le sens
1. Décrivez les scènes représentées sur chaque panneau.
Le triptyque se regarde comme on lirait une histoire (œuvre figurative). Plusieurs niveaux de lecture.
Lecture chronologique
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Panneau de gauche  Départ des soldats au combat le matin (brume)
Panneau central  après l’assaut, le résultat du carnage
Panneau de droite  le ramassage des victimes le soir
La prédelle  l’ensevelissement des morts dans un cercueil ou une fosse commune.
Lecture explicative
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Panneau de gauche : le départ vers le front. Les soldats, reconnaissables à leur équipement (casques,
baïonnettes, masque à gaz…) qui partent pour la guerre. Représentés de dos, ils s’avancent en masse
compacte et indistincte vers un horizon brumeux qui symbolise leur destin tragique
Panneau central : Le champ de bataille après l’assaut. C’est le plus grand car il montre le résultat abominable
des assauts : amoncellement de cadavres et de corps en décomposition, un paysage ravagé par les incendies
et les cratères d’obus. Un cadavre en décomposition empalé sur les ruines d’un pont est une forme
d’allégorie de la Mort. Un soldat portant un masque à gaz évoque cette nouvelle forme de violence invisible
et sournoise.
Panneau de droite : Arrêt des combats le soir et relève des blessés, ramassage des morts. Otto Dix lui-même
s’est représenté extirpant un camarade blessé de l’enfer. Il enjambe un soldat rampant au sol. Ce sont les
survivants, témoins de cette guerre.
La prédelle (panneau du dessous) représente des gisants, des corps sans vie. La forme du support
s’apparente désormais à celle d’un cercueil.
2. Que veut exprimer l’artiste ? Quelles couleurs utilise-t-il ?
Palette de couleurs intentionnellement limitée, très sombres, toutes associées à la mort et à la destruction.
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La mort : couleurs froides (vert, gris, blanc) pour les corps en décomposition, le ciel saturé de gaz …
Les destructions : couleurs chaudes, comme le rouge et l’orange, qui renvoient au feu, aux explosions d’obus
et au sang. Elles symbolisent aussi le déluge de boue et de sang dont parlent tous les témoignages de poilus.
Contraste entre les zones claires et les zones sombres. Il met certains éléments en valeur parmi ce qu’il est
impossible de discerner. C’est la mort qui domine avec les zones claires, mises en lumière, qui attirent le
regard.
III)
Distinguez l’intérêt historique et artistique
1. Après la Première Guerre mondiale, de quoi l’œuvre d’Otto Dix est-elle le témoignage ?
Sur les différents champs de bataille, O. Dix réalise plus de 600 dessins et croquis dans des carnets. En 1924, il
présente une grande série d’œuvres (environ 50) regroupées sous le titre « Der Krieg », « La guerre »
Par ce triptyque d’une grande densité, Otto Dix veut certes lutter contre l’oubli qui commence à survenir dans les
années 30. Il veut surtout s’opposer à la naissance du mythe du soldat « héroïsé » par la propagande nazie. La
Guerre n’a rien d’un Idéal, elle est présentée dans la sordide réalité du champ de bataille. Il choisit pour figurer la
guerre de ne pas montrer une bataille en tant que telle, mais l'avant et l'après, avec toutes les destructions que cela
comporte, et se met en scène à la fin, tel un acteur de cette tragédie.
2. À quel courant se rattache la guerre ?
L’œuvre est souvent présentée comme expressionniste, mais se rattacherait plutôt au courant de la « Nouvelle
Objectivité »(1918-1930) apparue en Allemagne dans les années 1920 et qui succède à l'expressionnisme. Les
artistes de cette tendance cherchent à provoquer une réaction émotionnelle intense chez le spectateur en projetant
dans les œuvres une subjectivité (= réalité sans effusion de sentiments) qui amplifie la réalité.
IV)
Mettre en relation avec une autre de ses œuvres.
1. Que montre O.Dix de la guerre et comment ? (doc4p55)
L’œuvre intitulée Pragerstrasse représente les victimes de la guerre, une fois la paix revenue. Il choisit de
représenter deux invalides de guerre mutilés de catégories sociales différentes . L’un mendie, l’autre sur un
appareil à roulette lui permettant de se déplace, arbore fièrement les médailles gagnées au combat. L’un est en
loques, le second bien vêtu. L’arrière-plan est constitué de boutiques dont l’une propose des prothèses, une fillette
qui joue, l’arrière-train d’une femme, ainsi que le bras d’un donateur complètent le tableau. La progression du
nazisme est figurée par le tire du journal : Juden raus ! (les juifs dehors)
2. En quoi les deux œuvres diffèrent-elles radicalement ?
Les deux œuvres s’opposent par :
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leurs thèmes : Le triptyque montre les atrocités des combats, Pragerstrasse présente les conséquences à
long terme de la guerre.
leurs supports : Le triptyque est composé de panneaux de bois, Pragerstrasse est une huile sur toile.
leurs couleurs : sombres pour le triptyque, clinquante et violentes pour Pragerstrasse.
leurs courants artistiques : Nouvelle objectivité pour le triptyque et Expressionnisme pour Pragerstrasse
(invalides présentés comme des pantins désarticulés) voir analyse p 55 du manuel.
3. En quoi chacune des œuvres constitue-t-elle une critique de l’autorité de l’Etat ?
Le triptyque de la Guerre pointe la responsabilité de l’Etat dans le recours à la guerre pour régler les conflits. L’Etat
considère les soldats non dans leur Humanité, mais comme de la « chair à canon ».
Pragerstrasse dénonce l’abandon des victimes, dont les associations réclament plus d’aide, de considération et de
soutien. Les anciens combattants « lâchés » par la République de Weimar, connaissent en grand nombre l’illusion
d’une solidarité et fraternité d’armes proposée par les mouvements extrémistes des années 30 (nazisme en
Allemagne).