La guerre OTTO DIX

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La guerre OTTO DIX
HISTOIRE DES ARTS 2011
La Guerre, 1929, Otto Dix
Collège Jean Bene
FICHE D’IDENTITE
Thématique :
Arts, États et pouvoir
Domaine :
Arts du visuel
PRESENTATION DE L’OEUVRE
Nature/genre de L’œuvre :
Cette ouvre est un triptyque, c'est-à-dire qu'elle se compose de trois parties.
Il s’agit d’une peinture à l’huile réalisée sur des panneaux de bois.
Artiste + moments importants de sa vie :
- Otto Dix est allemand. Il est né en 1891 et meurt en 1969 à Singen.
- Quand la guerre éclate (1914) , il s'engage comme volontaire (à Dresde) dans l'artillerie.
«Il fallait que je parte à la guerre… il le fallait. Il fallait que je vois de mes propres yeux tomber un
homme à côté de moi, puis disparaître, touché par une balle, en plein cœur. »
L'année suivante, il reçoit une formation de mitrailleur et participe à de nombreuses campagnes en
France (Champagne, dans la Somme), en Flandres, en Pologne ou en Russie jusqu’à l’automne 1918.
Pendant ses « quatre ans d’exercice de fou », il réalise des gouaches de petits formats, des dessins pris
sur le vif : des centaines…
Comme tous ses condisciples, Otto Dix a fait l’expérience avec la Première Guerre mondiale des limites
de la peinture. Mais, loin de renoncer, il s’est fait le témoin de ce moment indescriptible. Le produit le
plus abouti de cette volonté est la série de 50 gravures sur La Guerre publiée en 1924.
- Après la prise du pouvoir par les nazis en 1933, Otto Dix est l'un des premiers professeurs d'art à être
renvoyé, persécuté qu'il l'est en tant que bolchevique de la culture selon les nationaux-socialistes. Ses
œuvres sont dites « dégénérées » par les nazis. 170 d'entre elles sont retirées des musées et une partie
est brûlée, d'autres sont exposées lors de l'exposition nazie « art dégénéré ».
En 1938, Dix est arrêté et enfermé pendant deux semaines par la Gestapo. Durant ces temps difficiles, il
peint une représentation de St Christophe à la demande de la brasserie de Köstritz, dans le style des
grands maîtres.
Il participe par obligation à la Seconde Guerre mondiale. Il sert sur le front occidental en 1944-1945. Il
est fait prisonnier en Alsace par les Français.
Style, mouvement ou courant :
Il fait partie des peintres expressionnistes qui déforment la réalité pour provoquer une émotion. La
vision des peintres expressionnistes est souvent pessimiste et retranscrit les angoisses liées à leur
époque.
Contexte historique de création :
Otto Dix réalise cette œuvre entre 1929 et 1932 c'est -à dire entre les deux guerres mondiales.
L’ oeuvre à relier à la 1ère Guerre Mondiale (1914-1918) et à ses conséquences morales et humaines.
Elle est la première guerre industrielle. L'usage de nouvelles armes très meurtrières a traumatisé les
hommes et les femmes sur le front et à l'arrière. 10 millions de soldats sont morts au combat, des
millions d'hommes reviennent du front mutilés ou blessés.
Il s'agit pour l'artiste de peindre les angoisses de son expérience dans les tranchées.
Au moment où Otto Dix peint son tableau (années 30), l'Allemagne connaît une crise
économique et sociale importante. Cette période se caractérise par une ascension fulgurante du parti
nazi.
Dans l'Allemagne nazie, ses œuvres seront interdites et il sera relégué au rang des peintres
« dégénérés » (voir l’autre fiche concernant le même artiste)
En quoi l’œuvre a-t-elle marqué son temps ?
- Otto Dix dénonce les traumatismes liés à la guerre de façon réaliste.
- Il condamne la guerre et ses horreurs
- Il voulait témoigner par ses peintures de ce qu’il voyait, de ce qu’il vivait.
- A cette volonté de témoigner s’ajoute un défi esthétique : peindre la réalité, la laideur et montrer les
traumatismes liés à la guerre.
Il déclare dans un entretien en 1961 :
« C'est que la guerre est quelque chose de bestial : la faim, les poux, la boue, tous ces
bruits déments. Tenez, avant mes premiers tableaux, j'ai eu l'impression que tout un
aspect de la réalité n'avait pas encore été peint : l'aspect hideux. La guerre, c'était une
chose horrible, et pourtant sublime. Il me fallait y être à tout prix. Il faut avoir vu
l'homme dans cet état déchaîné pour le connaître un peu.»
Crise des
années 30
Repérage chronologique :
1850
1900
1950
1ère
Guerre
Mondiale
19141918
DESCRIPTION DE L’OEUVRE
2000
2ème
Guerre
Mondial
e
19391945
« La guerre », 1929-1932
Le triptyque la Guerre: description et interprétation
Cette oeuvre composée de trois panneaux principaux est appelée triptyque, elle rappelle la forme
des retables* de la Renaissance. Le peintre n'a pas choisie cette composition par hasard
Portée
ou influence
puisqu'elle
évoque de
unel’œuvre
oeuvre majeure de la Renaissance : Le retable d'Issenheim de Mathias
GRÜNEWALD.
Panneau de gauche : des soldats en armes portant sac au dos (il est possible d'identifier là les
armes et l'uniforme portés par les poilus) tournent le dos au spectateur et marchent dans la brume,
ainsi ils forment une armée humaine sans visage et sans identité, masse aveugle avançant d'un
même pas vers le front.
Panneau central :,A l'arrière plan du panneau central des ruines apparaissent. Ce sont les restes
de maisons écroulées ou calcinées. On ne repère aucune trace de présence humaine. Ceci
évoque les ravages causés par les bombardements comme à Verdun par exemple. Au premier
plan c'est la tranchée dans toute son horreur et son inhumanité qui est évoquée : (en bas à droite)
amoncellement de corps déchiquetés et éviscérés) surplombé par un cadavre, à la bouche ouverte
d'où jaillit un vers et à la peau parsemée de pustules qui évoquent tout à la fois le Christ de
Mathias GRÜNEWALD mais aussi les conditions d'hygiène abominables dans lesquelles ont vécu
les poilus dans les tranchées (maladies, épidémies). Ce cadavre tend une main. Il tente
désespérément d'obtenir de l'aide dans un univers d'où l'humanité a disparu. Au dessus de cet
amas de viscères et de corps flotte un squelette embroché sur un résidu d'architecture (cf.Christ
crucifié) et qui désigne de son doigt la mort.
Quasiment invisible, à gauche de l'image un unique survivant assiste à la scène. Son visage et
son regard sont dissimulés sous son masque. Il est pétrifié par l'inhumanité dont il est le
spectateur, il est à son tour comme privé de son humanité.
Panneau de droite : Otto DIX se représente en sauveur transportant dans ses bras un soldat
blessé. C'est le seul qui fait face au spectateur et qui avance vers le premier plan. C’est aussi le
seul qui possède la capacité de voir. Enfin il est également l'unique personnage de cette scène
qui ne porte pas l'uniforme complet du soldat : ni casque, ni masque, ni arme. Ce "sauveur"
avance à découvert ne craignant pas l'attaque ennemie et n'étant pas soucieux non plus de se
défendre.
Prédelle : Panneau inférieur au format rectangle allongé : le peintre inscrit dans ce format la
représentation de ce qui semble être un caveau ou un cercueil collectif : des soldats allongés
évoquent le corps du Christ mort représenté dans la prédelle du retable d'Issenheim
Dix a exécuté ce qui demeure l'œuvre la plus importante qu'ait suscitée la Grande Guerre, un
triptyque composé sur le modèle des maîtres anciens.
*Retable : Dans une église, tableau placé sur un autel et sur lequel sont représentés les épisodes de la vie
du Christ et des saints. C'est à la Renaissance que le retable peint fait son apparition (il peut également être
sculpté).
**Prédelle : C'est la partie inférieure du retable
La couleur : dans cette œuvre Otto DIX utilise principalement des nuances de rouge et de
brun. La couleur dominante est le brun, brun de la terre des tranchées, environnement
quotidien des poilus. Le rouge est utilisé pour représenter tour à tour le ciel tourmenté sous
lequel les soldats partent au front (panneau de gauche), l’amas de viscères ensanglanté
(panneau central) et le feu du champ de bataille (panneau de droite). L’artiste choisit le rouge
parce que c’est celle du sang mais aussi pour sa valeur symbolique ; dans notre culture le
rouge symbolise en effet le violence et parfois la mort.
Les couleurs sont sombres, ternes et sales comme l’est l’univers guerrier que dépeint Otto
DIX : une guerre qui se déploie dans la boue et « la crasse » et qui répand la violence et la
mort.
La lumière : la principale touche de lumière se trouve dans le panneau de droite dans lequel le
peintre éclaire grâce à l’emploi de couleurs claires le personnage du sauveur. Cet éclairage
puissant guide notre regard de spectateur vers cette partie importante de l’image, peut-être la
plus importante pour l’artiste car elle est la seule à présenter une part d’espérance et de vie.
CONCLUSION
La Guerre d’Otto DIX est une œuvre que l’on peut qualifier d’engagée, c’est en quelque
sorte un acte politique par lequel l’artiste énonce très clairement son dégoût de la guerre et le
pacifisme qui en est la conséquence. Mais son intention ne se limite pas à cette « déclaration
de pacifisme » car il souhaite également nous convaincre, nous spectateurs, de l’horreur et de
la bêtise de la guerre.
C’est certainement pour cela qu’il se représente en sauveur : il est celui qui nous met en garde
contre la guerre et ses atrocités.
REGARD PERSONNEL
Chaque élève exprimera :
-
son ressenti…
ses premières impressions
son avis
Rapprochement possible à d’autres œuvres :
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