CLASSE DE 3e La Guerre, Otto Dix, 1929

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CLASSE DE 3e La Guerre, Otto Dix, 1929
CLASSE DE 3e
La Guerre, Otto Dix, 1929-1932.
Triptyque avec prédelle, tempera sur bois, 204 x 204 cm, 204 x 102 cm, Gemäldegalerie
Neue Meister, Dresde.
06 : 33 min
Période historique : XXe siècle
Grand domaine artistique : Arts du visuel
Thématique : Arts, États et pouvoir
I – Contexte
Otto Dix (1891-1969) 00 : 09 min
Otto Dix est l’un des plus grands artistes allemands du début du XXe siècle. Engagé
volontaire au début de la Première Guerre mondiale, il découvre rapidement l’horreur et la
souffrance qu’il cherche à exprimer par sa peinture, comme en témoigne un nombre
considérable de dessins, gravures et peintures. En 1933, l’arrivée au pouvoir des nazis
bouleverse sa vie : accusant l’artiste de produire un art « dégénéré », ces derniers lui
interdisent d’enseigner, d’exposer et confisquent ses œuvres.
Le courant artistique 00 : 40 min
Otto Dix a participé au dadaïsme, puis au mouvement expressionniste qui apparaît en
Europe du Nord au début du XXe siècle. Si le mouvement dada se complaît dans la
provocation et le rejet de toute contrainte morale et artistique, l’expressionnisme cherche à
exprimer la souffrance et le tragique en les exagérant. Sous la République de Weimar, Otto
Dix devient, à partir de 1924, un des principaux animateurs d’un mouvement artistique en
rupture avec le courant expressionniste, la « Nouvelle Objectivité » qui s’attache à porter un
regard réaliste sur la société de l’entre-deux-guerres.
Le contexte historique de création de l’œuvre 01 : 16 min
Otto Dix réalise La Guerre entre 1929 et 1932, c’est-à-dire plus de dix ans après l’armistice.
Sous la République de Weimar, les idées nationalistes s’affirment en Allemagne. C’est dans
ce contexte particulier que le peintre réalise cette œuvre, afin de rappeler les souffrances de
la guerre, la brutalité des combats et le traumatisme du conflit. Dix a composé son œuvre sur
le modèle d’un retable (décor peint ou sculpté, surmontant la table d’autel dans une église)
de la Renaissance. Cette œuvre, composée de trois panneaux principaux et d’une prédelle,
est appelée « triptyque ». La technique de la tempera sur bois est un procédé de peinture
utilisant le jaune d’œuf pour lier les pigments.
II – Analyse de l’œuvre
Les soldats en marche vers le front (panneau de gauche) 02 : 00 min
Sur le panneau de gauche, des soldats en armes tournent le dos au spectateur et marchent
dans la brume sous un ciel tourmenté. Masse aveugle, les soldats avancent d’un même pas
et suivent le long défilé militaire vers le front. L’artiste parvient à donner un effet de
profondeur et d’éloignement malgré l’étroitesse du format de ce panneau. Deux soldats de
trois quarts nous entraînent dans la marche et nous dirigent vers l’intérieur du tableau
comme une invitation à découvrir la barbarie et l’inhumanité des combats.
Une violence extrême (panneau central) 02 : 32 min
Le panneau central est occupé par des ruines : maisons détruites, paysages dévastés par
les bombardements. Au premier plan, la tranchée est représentée dans toute son horreur :
amoncellement de corps déchiquetés, éviscérés et criblés de balles. C’est l’enfer. Au-dessus
de cet amas de cadavres et de corps flotte un squelette qui désigne de son doigt la mort et la
barbarie qui s’entassent plus bas. L’artiste exprime la déshumanisation des combats et la
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bestialité de la mort. À gauche de l’image, l’unique survivant assiste à la scène, dissimulé
sous un masque à gaz.
Les soldats (panneau de droite et prédelle) 03 : 08 min
Sur le panneau de droite, un personnage se distingue de tous les soldats représentés dans
le triptyque : il avance vers le premier plan, sans casque, sans uniforme, sans masque, sans
armes. Figure fantomatique, il secourt un soldat blessé, la tête ensanglantée. Le regard fixe,
il scrute le spectateur. Otto Dix souligne le sentiment de fraternité qui unissait les soldats.
Sur le panneau inférieur au format rectangle, la prédelle, des soldats, morts ou endormis,
sont allongés. Les visages et les corps semblent apaisés.
Une composition de désolation et de chaos 03 : 45 min
Aucune ligne ne permet de trouver le point de fuite. Tout n’est que désordre, débris de chair
et cadavres. C’est une vision d’épouvante. L’espace de la toile est traversé par des lignes
horizontales, verticales et courbes qui se coupent et se croisent. Même le ciel semble
inquiétant : des nuées, des tourbillons rougeâtres menacent et évoquent la violence des
champs de bataille. La stabilité de la prédelle renvoie à une tranquillité qui contraste avec
l’atmosphère insupportable du panneau central.
Pluie, boue et sang (les couleurs et la lumière) 04 : 16 min
Otto Dix utilise une gamme chromatique alliant des nuances de rouge, symbolisant le sang,
et de brun, révélant la terre des tranchées. Le rouge est utilisé pour représenter tour à tour le
ciel tourmenté sous lequel les soldats partent au front (panneau de gauche), l’amas de
viscères ensanglanté (panneau central) et le feu du champ de bataille (panneau de droite).
Les trois panneaux principaux sont éclairés d’une lumière blafarde. Elle provient du coin
supérieur gauche de la partie centrale et atteint les deux panneaux extérieurs, créant ainsi
un lien entre les trois moments de la guerre.
III – Portée de l’œuvre
La Guerre, un cycle infernal 04 : 52 min
La succession des panneaux marque le cycle d’une journée : la marche vers le front le
matin, les combats la journée, les survivants blessés le soir, enfin le repos. L’espace formé
par les éléments décrit une boucle infernale. Il s’agit d’un éternel recommencement : des
soldats combattent et meurent, d’autres reviennent, se reposent, puis repartent. Otto Dix
exprime la vision cauchemardesque de la Première Guerre mondiale et les pertes humaines.
La Guerre, une œuvre engagée 05 : 20 min
La Guerre d’Otto Dix est une œuvre engagée : l’artiste dénonce les horreurs de la guerre. Ce
triptyque est un constat d’un saisissant et violent réalisme sur les ravages de la guerre, la
déshumanisation des combats et la barbarie. Il y montre les réalités du champ de bataille et
y exprime le traumatisme du conflit. Otto Dix réalise une œuvre d’une rare intensité
exprimant sa vision désabusée et révoltée de la guerre.
Vallotton, une autre façon de montrer la guerre 05 : 50 min
Félix Vallotton représente également une scène du front : un paysage dévasté par les
combats au centre (troncs d’arbres calcinés), des faisceaux lumineux colorés (bleus, rouges,
noirs) se croisant au-dessus de flammes et de nuées de gaz (blanches et noires) et des
lignes obliques de la pluie (ou de balles) sur la gauche. Vallotton ne représente pas de
soldats ou de corps meurtris par les combats. Ici, les hommes se battent à distance. L’accent
est mis sur l’affrontement des forces ennemies et les moyens mis en œuvre pour combattre.
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