LA TRAGEDIE ET LE TRAGIQUE Les genres de - grec-latin

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LA TRAGEDIE ET LE TRAGIQUE Les genres de - grec-latin
LA TRAGEDIE ET LE TRAGIQUE Les genres de la tragédie : • La tragédie est un genre théâtral remontant à l’Antiquité. Née à Athènes au VIe siècle avant J.C., elle fait d’abord alterner le chant d’un chœur et le dialogue des acteurs. Elle représente les malheurs de grands personnages dont l’histoire est empruntée au mythe et à l’épopée. Elle doit, d’après la Poétique du philosophe grec Aristote, susciter la terreur et la pitié. La tragédie antique connaît son apogée au Ve siècle avant notre ère, avec Eschyle, Sophocle et Euripide ; elle est encore présente chez les latins, avec Sénèque. • A la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, apparaît un genre nouveau, la tragi-­‐comédie qui présente une action riche en rebondissements et un dénouement souvent heureux (Le Cid de Corneille). • C’est au cours du XVIIe siècle que se sont imposées les règles de la tragédie classique. Dans sa forme régulière, celle-­‐ci est écrite en vers, comprend cinq actes (Acte I : Exposition ; Acte II à IV : Action dramatique ; Acte V : Le dénouement), présente des personnages de haut rang (héros, rois, princes) et une action inspirée de l’histoire antique (Horace de Corneille), biblique (Athalie de Racine) ou mythologique (Andromaque et Phèdre de Racine). Cette action unique s’inscrit en une journée (24 heures) et en un même lieu : c’est la règle des trois unités. Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli / Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli. Boileau, L’Art poétique. Elle respecte à la fois la vraisemblance et les bienséances et son ton est élevé (sublime). Elle met le plus souvent en scène le conflit de la passion (amour, haine, jalousie) et de la raison (le code d’honneur ou la raison d’Etat propres à une société monarchique et aristocratique). Si le héros de la tragédie antique était soumis à la volonté des dieux, celui de la tragédie classique est plutôt déterminé par son sens du devoir, chez Corneille, ou par la fatalité intérieure de sa passion, chez Racine. • Au début du XIXe siècle, la tragédie, qui ne correspond plus aux attentes d’une société nouvelle est remplacée par le drame romantique qui cherche à concilier la grandeur des passions tragiques et le réalisme de la comédie. Hugo, Cromwell. • Au XXe siècle, les mythes tragiques de l’Antiquité ont inspiré les dramaturges sans que le genre de la tragédie ne réapparaisse véritablement : Giraudoux appelle sa pièce, La guerre de Troie n’aura pas lieu, une comédie tragique et Anouilh nomme son Antigone, « pièce noire ». Le retour au tragique témoigne chez des auteurs comme Camus (Caligula) ou Beckett, (En attendant Godot, Fin de partie) d’une angoisse existentielle universelle ; il conduit à une nouvelle définition de la liberté (Sartre, Les Mouches) Les procédés du tragique :  Différents registres caractérisent le genre de la tragédie : - Le pathétique propre au spectacle de la souffrance et aux lamentations d’êtres frappés par le malheur ; - L’épique dans certains récits inspirés d’un mythe (le récit de la mort d’Hippolyte par Théramène dans Phèdre de Racine). - Le lyrisme des tirades passionnées. - Le tragique proprement dit lorsque les personnages prennent conscience d’un destin qui les condamne. • Le registre tragique est marqué par l’expression de contradictions, de dilemmes qui ne trouvent souvent d’issue que dans la mort. Dès lors, le tragique peut s’exprimer par : - La pesée des termes d’un choix douloureux : c’est la délibération tragique L’hésitation de Phèdre entre son amour et ses devoirs d’épouse et de reine - De fortes antithèses Le ciel et l’enfer, le jour et la nuit, l’innocence et la culpabilité opposés par Phèdre. - Le lexique de la violence et de la mort. - Les images de la fatalité, de l’enfermement, du vide. - L’évocation de puissances obscures (en soi ou hors de soi). - L’hyperbole dans le discours de la lamentation, de la culpabilité ou de la lutte. Mes crimes désormais ont comblé la mesure, s’exclame Phèdre. - L’ironie tragique lorsque les personnages constatent avec une amère dérision qu’ils sont les jouets du destin ou lorsque les spectateurs les voient pris au piège d’une action qu’ils ne maîtrisent pas : ce mélange du tragique et du comique est fréquent dans le théâtre de l’absurde. Rien n’est plus drôle que le malheur, ironise un personnage de Beckett. Les fonctions de la tragédie :  inspirer la terreur et la pitié  purger les passions (catharsis)  susciter l’admiration (Corneille)  susciter l’émotion (Racine) 

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