TCHAD Mise à jour de la Sécurité Alimentaire Avril 2008 Calendrier

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Avril 2008
La hausse généralisée des prix des denrées alimentaires de base domine particulièrement la situation alimentaire en cette période et commence à susciter des craintes quant aux perspectives d’accessibilité à la nourriture. Les populations vulnérables aussi bien rurales qu’urbaines seraient particulièrement affectées avec l’amorce précoce de la soudure. La revue à la baisse des prévisions céréalières, bien que de moindre ampleur à l’échelle globale, réduit la période de couverture de certaines zones identifiées à risque et limite les possibilités de leur accès aux céréales. Le recadrage de ces zones à risque et le suivi de leur situation alimentaire s’averrent nécessaire. Dans les zones à déficit céréalier structurel et celles victimes des aléas climatiques et autres ennemis de cultures, des mesures sont programmées par le gouvernement et ses partenaires au développement pour atténuer les difficultés alimentaires prévisibles. Au niveau des zones de conflits, malgré l’afflux des nouveaux réfugiés, la situation humanitaire actuelle des réfugiés et personnes déplacés n’est pas alarmante. En dépit des restrictions opérées sur les rations alimentaires des réfugiés courant Avril 2008, les perspectives alimentaires du « pipeline » à travers le déblocage du corridor libyen s’averrent prometteuses. Des mesures logistiques particulières sont préconisées pour relever le défi de pré positionnement des vivres auprès des camps et sites avant l’installation de la saison pluvieuse. Calendrier des événements significatifs Mise à jour de la Sécurité Alimentaire Les résultats définitifs issus de l’enquête permanente publiés en Mars 2008 ramènent la production céréalière de la campagne 2007‐2008 à 1 972 000 tonnes. Ça c’est contre des prévisions de 2 080 000 tonnes pour la même campagne. Les emblavures céréalières définitives ont enregistré une baisse de 3,7% par rapport à celles de la campagne 2006‐2007. Ce recul s’explique essentiellement par la mauvaise répartition des précipitations au démarrage de la campagne. Quant à la production céréalière définitive de la campagne 2007‐2008, elle a accusé des baisses respectives de l’ordre de 5,2% par rapport aux prévisions de la campagne en cours et de 0.96% par rapport à la campagne précédente (2006‐2007). Les facteurs ayant concouru à ces baisses de la production sont entre autres, les effets néfastes des inondations, les attaques des ennemis des cultures et l’arrêt précoce des pluies ayant réduit les rendements. Le bilan céréalier révisé dégage ainsi un excédent de 144 370 tonnes et assure de ce fait un apport en céréales de 181Kg/personne/an contre la norme requise de 159 Kg/h/an pour le pays. FEWS NET Tchad
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Déficit alimentaire et recadrage des zones à risque La baisse de production bien que de faible ampleur à l’échelle globale du pays affecte considérablement la disponibilité et l’accessibilité alimentaires de certaines zones précédemment identifiées à risques. Les réductions de productions céréalières les plus significatives ont été constatées dans le Mayo Kebbi, le Logone Occidental, le Chari Baguirmi et le Moyen Chari préfectures, comme l’atteste le tableau ci‐dessous : Tableau No.1 : Écarts des productions céréalières tonnes par rapport aux prévisions (2007-2008)
Préfecture
Mayo Kebbi
Logone Occidental
Chari Baguirmi
Moyen Chari
Production
Prévisions 07/08
328 955
107 398
183 618
154 561
Écart
Définitive 07/08
285 294
81 307
159 138
130 530
En valeur
En %
-43,661
-26,091
-24,480
-24,031
-13,27%
-24,29%
-13,33%
-15,55%
Source : Rapport Secrétariat permanent du CASAGC, Mars 2008
Cette baisse enregistrée dans la production ramène la couverture des besoins céréaliers à huit mois dans le Logone Occidental et le Moyen Chari, et à 10 mois dans le Chari Baguirmi. Le Mayo Kebbi demeure excédentaire en dépit de pertes céréalières enregistrées. Pour le Kanem, une revue à la hausse de la production céréalière définitive par rapport aux prévisions ramène à quatre mois le taux de couverture des besoins céréaliers dans cette préfecture. Cependant, le contexte actuel caractérisé par une situation sécuritaire relativement précaire à travers le pays, un renchérissement du prix des produits alimentaires aussi bien à l’échelle sous‐régionale qu’internationale s’est soldée par une hausse quasi généralisée du prix de céréales de base sur les principaux marchés du pays. Le recadrage des zones à risque suite aux résultats définitifs de la campagne agricole 2007‐2008 et en lien avec la hausse du prix ayant érodé le pouvoir d’achat des ménages vulnérables ruraux et urbains est effectué à travers l’analyse spatiale de la vulnérabilité. Vulnérabilité en zones rurales Les populations vulnérables du Kanem et Batha Ouest préfectures, que sont structurellement déficitaires en céréales, peuvent se trouver dans la majeure partie en épuisement de stock et exposer à la hausse des prix des céréales à travers les achats. Aussi, ces deux préfectures ayant enregistré un niveau de la malnutrition chronique des plus élevés au pays, nécessitent un suivi rapproché de leur situation alimentaire. Dans les zones victimes des inondations, les dégâts sur les productions agricoles les plus importantes ont été observés dans les préfectures du Mayo Kebbi, du Moyen Chari et de la Tandjilé, en zone soudanienne. Le Guera, le Batha et le Chari Baguirmi, sont les préfectures les plus affectées par ces inondations, en zone sahélienne. Les populations rurales sinistrées de ces inondations sont estimées à 182 356 personnes dont 125 763 en zone soudanienne et 56 593 en zone sahélienne. Par ailleurs, d’importants dégâts provoqués par les sautereaux et les oiseaux granivores ont été constatés dans certaines sous préfectures du Mayo Kebbi Est, du Chari Baguirmi, du Batha Ouest, du Guera, du lac et du Wadi Fira. Toutefois, la quantification des pertes occasionnées par ces dégâts n’est pas encore disponible au niveau du Secrétariat Permanent du CASAGC. Pour atténuer ces difficultés, le Comité Technique du CASAGC a privilégié l’appui au développement des activités de contre saison. Les actions concrètes en cours ou en perspective sont entre autres : • Le Projet « African Emergency Locust Project » (AELP) sur fonds Banque Mondiale visant le financement à fonds perdus des activités de maraîchage et d’élevage dans les régions du Lac, Kanem, Wadi Fira, Ouaddai et BET ; • L’acquisition par le Programme National de Sécurité Alimentaire des semences en faveur des paysans nécessiteux; • Le soutien du Gouvernement italien aux victimes des inondations ; et • L’assistance alimentaire au profit des zones à risques, en période de soudure, allant de la vente à prix modéré à des distributions gratuites. Réseau de Systèmes d’Alerte Précoce Contre la Famine
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Vulnérabilité en zones urbaines En milieu urbain, la hausse des prix des denrées alimentaires est difficilement supportée par les couches des populations moyennes à pauvres. Face au pouvoir d’achat de plus en plus érodé de ces deux catégories de populations et du fait de la morosité économique ayant suivi les perturbations sécuritaires qu’ont connues la capitale et certains grands centres urbains du pays, l’accessibilité alimentaire est en voie de dégradation. Pour atténuer ces difficultés et prévenir des réactions aux conséquences désastreuses, telles que constatées dans certains pays limitrophes (Niger, Cameroun, Nigeria), le gouvernement a pris des mesures allant dans le sens de la réduction des impositions qui souvent grèvent le prix de ces denrées alimentaires. En Mars 2008, suite à une rencontre entre les services du Ministère du Commerce et les importateurs des produits alimentaires (farine, riz, lait et huile), les difficultés rencontrées par ces importateurs dans leur fonction et qui souvent affectent la formation du prix des produits importés ont été élucidées. Pour rendre accessibles ces produits à la grande masse des consommateurs, les importateurs ont recommandé à l’endroit du gouvernement entre autres mesures, l’exonération complète des droits de douanes sur ces produits. Dans la même lancée, le gouvernement a décidé en date du 10 Avril 2008 de la suppression des impositions qui renchérissent le prix de la viande. Ainsi, pour la consommation intérieure, les taxes par tête de bétail prélevées par la Mairie, l’Impôt Général Libératoire (IGL), les frais du marché de bétail, les prélèvements de la Chambre de Commerce, des chefs traditionnels et agents de la sécurité totalisant plus de 4000 FCFA/ tête de gros bétail, sont supprimées. Toutefois, les effets sont encore faiblement perçus sur le marché de la viande, vu le respect timide des mesures prises. Ce qui a suscité la réaction des autorités à travers une mise en garde. Vulnérabilité en zones de conflit La faiblesse relative des vivres pré positionnés dans la zone Est a conduit à une réduction de la ration alimentaire journalière du mois d’Avril dont la valeur calorifique est passée de 2100 Kcal précédemment reçues dans les camps des réfugiés soudanais à 1664 Kcal. Des réductions ont également été opérées au courant de ce mois dans les camps des réfugiés centrafricains dans le Sud du pays. Toutefois, avec le déblocage du corridor libyen, des rations normales seront envisageables dès les prochaines distributions de Mai 2008, et des prédispositions sont prises pour un pré positionnement adéquat au profit des camps et des sites avant l’hivernage. Sur les sites des déplacées, des distributions ciblées autour de Goz Beida et de Dogdoré tout comme celles visant les déplacées du site de Ideter sont programmées pour ce mois d’Avril. Les distributions pour la plupart des autres sites sont attendues pour le mois de Mai. Ces opérations de distributions sont d’autant plus urgentes que dans certains sites, notamment à Dogdoré, les risques d’une rupture de stock alimentaire touchant l’ensemble des ménages sont à redouter à partir de ce mois d’Avril (cf. Rapport ACF Surveillance Sécurité Alimentaire Site de Déplacés de Dogdoré‐ Mars 2008). La situation nutritionnelle bien que globalement sous contrôle, des cas spécifiques comme celui des sites de déplacés de Haouich où le taux de Malnutrition Aigue Globale (MAG) a varié entre 7,93% en Janvier 2008 et 9,88 en Février 2008 méritent un suivi rapproché. Cette situation demeure relativement préoccupante, car l’ONG « International Medical Corps » (IMC) pourrait être confronté à une rupture de financement pour continuer son programme au niveau dans cette zone à partir de juin 2008. Accessibilité alimentaire Prix des denrées de base (mil penicillaire, sorgho) La hausse des prix des céréales de base amorcée dès le mois de Février continue sa progression en Avril 2008 sur la quasi‐
totalité des principaux marchés du pays suivis par FEWS NET. Une comparaison du prix actuel du mil penicillaire sur le marché par rapport au prix d’Avril 2007 dégage des hausses respectives de 36 %, 20 % et 19 % sur les marchés de Sarh, Abéché et N’Djamena (graphiques 1‐4). Réseau de Systèmes d’Alerte Précoce Contre la Famine
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Graphique 1 : Mil, prix nominaux de détail à N’Djamena
Graphique 2 : Mil, prix nominaux de détail à Abéché
Graphique 3 : Mil, prix nominaux de détail à Moundou
Graphique 4 : Mil, prix nominaux de détail à Sarh
Sources : SIM. Analyses FEWS NET
Le marché de Moundou a plutôt réagi par une légère baisse (‐4%) par rapport à la même période de l’année dernière. La comparaison du prix actuel avec celui de la moyenne de cinq dernières années (2003‐2007) pour la même période dégage des hausses de 4%, 5%, 18% et 19% respectivement sur les marchés d’Abéché, N’Djamena, de Sarh et de Moundou. Cette hausse s’observe aussi sur le prix de sorgho qui constitue la principale céréale substitution du mil penicillaire. En effet, hormis le marché de Sarh qui a répondu par une baisse du prix de sorgho au courant de ce mois d’Avril, les marchés d’Abéché, N’Djamena et Moundou ont réagi par des hausses respectives de 11%, 30% et 52% du prix actuel du sorgho comparé au prix de cette denrée en Avril 2007. Comparé au prix moyen de cinq dernières années pour la même période, l’actuel prix de sorgho s’inscrit en hausses respectives de 2%, 8% et 24% sur les marchés d’Abéché, de N’Djamena et de Moundou. Par ailleurs, cette hausse généralisée n’a pas épargné les marchés ruraux de collecte et de regroupement approvisionnant les zones identifiées à risque aussi bien pour le mil penicillaire et le sorgho. En comparaison avec le prix d’Avril 2007, la hausse sur le marché de Pont Carol en zone soudanienne a été de (72%) pour le Sorgho, pour une hausse de 32% pour la même denrée au marché de Moussoro en zone sahélienne. Les hausses significatives actuelles sur les céréales locales mais aussi les céréales importées réduisent le pouvoir d’achat des personnes vulnérables des catégories sociales moyennes à pauvres aussi bien en milieu rural qu’urbain. Les catégories sociales moyenne à pauvre ne couvrent qu’une partie de leur besoin alimentaire et doivent par conséquent s’adresser au marché pour se procurer au prix courant leur complément alimentaire. Ainsi, une hausse généralisée sur les prix des denrées alimentaires est difficilement compensée par les faibles possibilités de diversification et d’accroissement de revenus du fait de l’exiguïté du tissu économique du pays. Ce qui se traduit par une baisse du pouvoir d’achat de ces catégories, et limitent leurs accessibilités alimentaires. Des stratégies adaptatives relativement sévères sont actuellement observées : réduction de la quantité et de la qualité de repas, étalement de la fréquence de prise de repas. Réseau de Systèmes d’Alerte Précoce Contre la Famine
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Toutefois, en dépit de la surenchère actuelle sur les céréales de base, les prix actuels des principales denrées de base sont restés en déca de ceux enregistrés durant la campagne commerciale de référence de 2004/2005 pendant la même période, où les prix ont connu une flambée significative sur les principaux marchés céréaliers du pays. Termes d’échanges mouton/mil Les termes d’échanges sont restés Graphique 5 : Termes d’échanges mouton/mil
pratiquement stables entre Mars et Avril de l’année en cours et ceci en dépit d’une augmentation de plus de 65% du prix actuel du mouton sur le marché de N’Djamena par rapport à l’année dernière, mais aussi à la moyenne des cinq dernières années pour la même période. Bien que la hausse actuelle du prix de mouton induite par la hausse généralisée des produits alimentaires et stimulée par les achats significatifs occasionnés par la formation en cours d’un nouveau
Sources : SIM/FEWS NET. Analyses FEWS NET
Gouvernement, celle‐ci est résorbée par la hausse du prix des céréales. Toutefois, par rapport à la même période de 2007, les termes d’échanges demeurent largement en faveur de l’éleveur qui a échangé son mouton moyen à 169 Kg de mil penicillaire contre 121 Kg de la même denrée en Avril 2007. Réseau de Systèmes d’Alerte Précoce Contre la Famine
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