Olivier Dachkin
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Olivier Dachkin
SAVOIR-FAIRE E SÉRI b NOUVELLE un Chaque mois, lge entrepreneur be une connu livre, dans e, les siv clu ex w vie inter és ult fic principales dif et es tré on nc re a qu’il re co en tre qu’il rencon gesla ns da i ’hu rd aujou . ise pr tre en tion de son ntre Ce du , hn Ka er Olivi s en diffipour Entreprise e cellule un – ) Ed (C culté ambre de Ch la attachée à uxelles –, Br de ce er Comm ux qui ce us conseille to genre me mê au ce fa font . es de problèm Les entrepreneurs ne voient pas toujours la vie en rose M me Olivier Dachkin L’entrepreneur belge Olivier Dachkin, coiffeur et créateur de la chaîne de salons de coiffure qui porte son nom, n’a pas connu un parcours sans embûches. Après une levée de capitaux difficile, il doit aujourd’hui faire face à un manque cruel de personnel qualifié. Camille van Vyve/Xavier Van Dooren V ous allez bientôt franchir le cap des 150 salons à votre nom en Belgique et au Luxembourg. Quelle a été la difficulté majeure que vous avez rencontrée au début de votre carrière ? « Après avoir travaillé à Paris chez JeanLouis David, et avoir franchisé son commerce par la suite en Belgique, j’ai décidé de lancer ma propre marque en 1988. Au début, la difficulté principale a été de trouver les fonds nécessaires. Comme je n’avais pas de famille fortunée derrière moi pour m’aider, je n’avais que le peu d’argent que j’avais pu mettre de côté entre 1984 et 1987, soit pas grand-chose. 2 | MAI 2008 | BIZZ Or, il fallait non seulement réunir 750.000 francs pour créer la société, mais aussi trouver un emplacement idéal, qui se paie généralement au prix fort. » Comment avez-vous géré ce manque de moyens ? « Il m’a fallu six mois de galères auprès des banques, pour finalement obtenir un crédit. N’ayant pas droit à l’erreur, j’ai travaillé entre douze et quinze heures par jour, six jours sur sept. Un rythme de travail que j’ai connu pendant treize ans. » « Il est très difficile pour un jeune de démarrer son activité s’il n’a pas un minimum d’argent à la base. Les banques ne prêtent qu’aux riches, et il est pratiquement impossible d’obtenir un financement si vous n’avez pas de solides garanties financières derrière vous. J’ai eu la chance d’avoir une banque qui m’a fait confiance, mais j’étais obligé de réussir ; je n’avais pas le choix. » Avez-vous eu le sentiment de vous retrouver seul devant ces difficultés ? « Bien sûr, on n’est entouré par personne. Heureusement, avec la notoriété que j’ai acquise avec le temps, j’ai trouvé des accords auprès de gros groupes, comme l’Oréal et Wella, qui permettent à des jeunes de réaliser leur rêve en avan- SAVOIR-FAIRE çant les fonds nécessaires à l’ouverture d’un salon. J’ai maintenant le pouvoir d’ouvrir certaines portes, malheureusement souvent pas auprès des banques, mais auprès de certains gros partenaires comme ceux cités précédemment. » Le financement est-il toujours un problème ? « Personnellement, je n’ai plus besoin de crédit auprès des banques ; ma société fonctionne très bien et c’est elle qui me sert de banque pour financer mes projets. Mais un problème important auquel je dois faire face tous les jours est la formation de mon personnel. Comme j’estime que je fais un métier lié à la mode, et que la mode change tous les six mois, je pensais que je n’aurais à éduquer mon personnel que sur ce point précis. Mais en fait, le problème est beaucoup plus vaste. Il faut tout apprendre à ses collaborateurs, en commençant par des problèmes d’éducation, vu que la plupart d’entre eux ne savent pas comment se comporter dans un milieu commercial. Il y a la manière de se tenir, d’accueillir les clients, de ne pas mâcher un chewing-gum en travaillant, etc. J’ai même dû créer un DVD sur les choses à faire et à ne pas faire quand on commence à travailler dans un de mes salons. » N’y a-t-il pas de bonnes écoles de coiffure en Belgique ? « Le niveau de formation des coiffeurs en Belgique est plus bas que bas. Ce sont les patrons des salons de coiffure, en contact permanent avec la mode, qui devraient donner les cours, et pas des pseudo professeurs qui ont raté leur vie professionnelle et qui trouvent une petite planque bien pratique dans une école de coiffure. Quand des jeunes diplômés viennent me voir avec un diplôme en poche – et avec une formation au ras des pâquerettes –, je suis obligé de les payer un montant minimum fixé par l’état, même s’ils ont deux mains gauches et qu’il faut totalement leur réapprendre le métier. » Est-ce qu’il vous a fallu parfois choisir entre l’humain et le financier ? « Non. J’adore vivre en Belgique, mais mon problème est que je n’arrive pas à trouver du personnel. Je serais prêt à signer 100 nouveaux contrats d’engagement dans l’heure, si j’en avais l’occasion. » N’est-ce pas étonnant, vu l’attractivité que suscite la coiffure auprès des jeunes ? « Etonnant ? Pas vraiment, car le barème d’un coiffeur est exactement le même que celui d’un chômeur. » Quel serait le premier conseil que vous donneriez à un indépendant qui démarre son entreprise ? « Ne compter que sur lui-même, et connaître parfaitement l’activité dans laquelle il veut s’engager. » Et quelle serait l’erreur à ne surtout pas commettre ? « Ne pas être présent physiquement dans l’activité que vous lancez. Si vous pensez pouvoir la contrôler à distance, laissez tomber tout de suite. Ça ne marchera pas. » 쮿 a eu des soucis 6 conseils aux entreprises en difficulté A « u départ et comme beaucoup d’autres entrepreneurs, Olivier Dachkin a souffert d’une certaine frilosité de la part des institutions financières, ce qui est légitime quand on est en phase de démarrage ou en période de crise », détaille Olivier Kahn, du Centre pour Entreprises en difficulté. Pour gagner la confiance des banques, il n’y a pas de secret : l soyez capable d’exposer clairement, au moyen d’un dossier ’en béton’, une stratégie et surtout les raisons qui justifieraient leur prise de risque ; l entretenez un contact régulier avec votre banquier, pour qu’il sache où vous en êtes ; l faits en sorte de ne pas dépendre d’une seule institution financière. Mais le vrai problème d’Olivier Dachkin réside actuellement dans ses ressources humaines. Et il n’est pas le seul : tout le monde s’accorde aujourd’hui pour dire qu’il est de plus en plus difficile de trouver les bonnes personnes. Etant donné que ce problème ne risque pas d’être résolu dans un futur proche, je conseillerais à tous les entrepreneurs qui font face à une pénurie de personnel de placer l’aspect humain au même niveau d’importance que leur produit et leur marché. L’enjeu principal est évidemment de garder ses ressources-clés, car ces dernières n’auraient aucun mal à trouver autre chose ailleurs. Pour ce faire : l agissez au quotidien plutôt que d’organiser un gros événement annuel. Olivier Dachkin, par exemple, coiffe une journée par semaine dans un de ses salons, entretenant ainsi un contact simple et direct avec ses équipes ; l ne négligez pas l’information de votre personnel, car la transparence dans l’entreprise est le premier moteur de motivation des gens ; l n’utilisez pas que la rémunération comme moyen de rétention. La formation est essentielle pour faire progresser ses employés et les responsabiliser.» Olivier Khan www.ced-com.be BIZZ | MAI 2008 | 3