Voix du Nord Publié le 10/03/2015 Région > Armentières et ses

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Voix du Nord Publié le 10/03/2015 Région > Armentières et ses
Voix du Nord Publié le 10/03/2015
Région > Armentières et ses environs > Armentières
Armentières : portraits sensibles et témoignages de ceux qui croisent la santé mentale
Certains ne souhaitent pas apparaître sur les photos mais confient leur témoignage.
PAR CATHERINE QUÉTELARD
À l’issue de sa résidence de création à l’EPSM, à Armentières, Saint-André et Lambersart, Marc Helleboid
a livré vingt-huit photos et témoignages forts d’une expérience humaine pas évidente à traduire en mots
et images. Cette exposition sera l’une des manifestations des 400 ans de l’EPSM.
Une grande humanité se dégage de chacun de ces portraits forts d’empathie et bienveillance. « Je ne
cherche pas de performances ni une prise de vue particulière » confie doucement Marc Helleboid. Disons
quand même que la perfection technique est au rendez-vous de ces grands formats carrés au grain
sensible de clichés argentiques (6x6).
Mais l’essentiel est sans doute ailleurs. « J’ai passé six mois sans prendre de photo » explique cet artiste qui
a passé un an et demi en résidence de création à l’EPSM dans le secteur de Lille ouest du Dr Edvick Elia.
D’Armentières à Saint-André et à Lambersart, il a pu s’immerger dans la santé mentale et en percevoir «
une vision assez large » allant de l’hôpital de jour au centre d’accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP)
en passant par l’unité d’hospitalisation à temps plein. Il y a côtoyé des personnes en crise, en traitement et
plus ou moins stabilisées. Ce qu’il a vu ce sont « des personnes comme nous : certaines vivent avec ça toute
leur vie, pour d’autres c’est un passage ».
Rencontre autour d’une pratique artistique
Son travail artistique n’est pas de l’ordre du reportage. Les patients (et soignants) ont posé une fois la
confiance établie. Pour apprivoiser l’objectif, il a proposé au groupe du CATTP des randonnées, le mardi.
Les participants prenaient des photos et un album est né. « Une façon de rencontrer des personnes autour
d’une pratique artistique » apprécie Marc.
Petit à petit, le photographe a rempli la double mission confiée par l’EPSM : changer le regard du public sur
la santé mentale et amener les personnes en souffrance psychologique à consulter, une démarche pas
évidente. « La plupart préfèrent ne pas en parler avec leur entourage. Ils ne parlent pas de leur pathologie
entre eux mais savent ce que les autres ont » remarque l’artiste qui rencontre pour la première fois l’univers
de la santé mentale mais est un habitué du domaine social. Comment la population vit dans son
environnement et le brassage des milieux sociaux l’intéressent. À 53 ans, il a réalisé de nombreuses séries,
vit de la location de ses expos et allie à la photo le témoignage : « Je restitue un espace de liberté à la
personne qui pose » commente-t-il. « Par peur de l’extérieur, j’ai vécu enfermée chez moi plus d’un an. Les
infirmiers m’ont bien aidée à sortir de cet enfer… Même si j’ai besoin de me sentir en sécurité » écrit Béatrice,
jaillie de derrière un tronc d’arbre. « Moi j’aime bien venir ici, cette fragilité des personnes liée à la
bienveillance ; il y a un respect mutuel bien plus fort qu’ailleurs » note le photographe tandis que l’infirmier
Denis Duhamel qui l’a accompagné acquiesce.
« De la confidence à la parole publique » Du 9 au 23 avril à l’hôtel de ville de Lomme. Lundi de 13 h 30 à 17
h 30 ; mardi au vendredi de 8 h 30 à midi et de 13 h 30 à 17 h 30 ; samedi de 8 h 30 à midi.
Coup d’envoi des 400 ans de l’EPSM, jeudi 19 mars
Depuis la Maison des Bons Fieux (bons fils), créée par Henri Pringuel, artisan retraité d’Armentières, en
1615, et accolée au couvent des Capucins, à la sectorisation actuelle, la santé mentale a évolué.
Du 19 mars au 5 novembre, plusieurs manifestations sont prévues pour célébrer cet anniversaire. Elles
auront lieu à Armentières mais aussi à Lomme, Halluin, Seclin, Hellemmes, Tourcoing.
– La conférence inaugurale, le 19 mars (de 9 h à 18 h), à la salle polyvalente du centre social. Des
intervenants sur l’histoire, l’art et l’architecture se succéderont. Avec des intermèdes musicaux et
souriants. Des solistes du concert d’Astrée (musique baroque) interviendront (10 h 40 à 11 h 15). La «
psychanalyse » de l’EPSM, par Laurent Petit (14 h à 14 h 30), à prendre au second degré (il n’est pas
psychanalyste mais artiste) sera suivie d’un débat avec la salle (public bienvenu) sur « la semaine folle (mai
1984) » animé, entre autres, par Jean-Luc Roelandt, président de la commission médicale d’établissement.
La fanfare du collectif L’Âme Strong mettra un terme aux débats et exposés et on dégustera le gâteau des
400 ans, une production maison de l’unité centrale de restauration commune de l’EPSM Lille métropole, à
17 h.
– Dimanche 12 avril à 16 h : avec le Vivat et le chorégraphe Thierry Thieû Niang, restitution d’ateliers
dansés menés avec des patients et des danseurs amateurs de tous âges, en trois temps et autant de
saisons (automne, hiver, printemps).
Contact : 03 20 10 20 02. Inscription en ligne www.epsm-lille-metropole.fr