La dématérialisation fait plonger les ventes de jeux vidéo

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La dématérialisation fait plonger les ventes de jeux vidéo
Tous droits réservés - Les Echos 201217/4/2012P.21High-tech
& Médias
ÉLECTRONIQUE
En France comme aux Etats-Unis, les ventes de jeux physiques sont en baisse de 25 %. Vieillissement de l’actuelle
génération de consoles, absence de blockbusters et développement du digital expliquent ce recul.
La dématérialisation fait plonger
les ventes de jeux vidéo
’industrie du jeu ne rit plus.
Selon nos informations, sur les
trois premiers mois de l’année,
le marché français des jeux vidéo
physiques, autrement dit hors téléchargements, recule de 25 % en
volume (6,65 millions d’unités
écoulées) par rapport à la même
période l’an dernier, et de 23 % en
valeur, à 230 millions d’euros de
chiffre d’affaires. Un véritable effondrement… « C’est clairement très
mauvais, on ne s’attendait pas à un
tel recul », reconnaît un industriel.
La situation est la même aux EtatsUnis. En fin de semaine dernière, le
cabinet NPD révélait que les ventes
dejeuxvidéos’yétaientécrouléesde
25 % en mars, à 585 millions de dollars, comparé à la même période de
2011.Unedégringoladequifaitsuite
à des mois de janvier et février particulièrement mauvais, puisque les
ventes avaient déjà plongé de 38 %
et 23 %.
L
Des ventes de consoles en baisse
Ces mauvaises performances reflètent les difficultés du marché physique du jeu vidéo – les chiffres de
marché ne prennent pas en compte
les ventes « digitales », qu’il s’agisse
des téléchargements de jeux dans
les boutiques en ligne ou des jeux
sur smartphones ou tablettes. Outre
la conjoncture économique, qui
restreint le budget de nombreux
« gamers », les industriels doivent
faire face au vieillissement de leurs
plates-formes traditionnelles (Wii
de Nintendo, Xbox de Microsoft,
PS3 de Sony), sorties en 2005
et 2006, et qui voient leurs ventes
baisser après des années de forte
croissance. Quant au marché des
jeux pour consoles portables, il est
handicapé par les débuts décevants
de la PS Vita, la console portable de
Sony lancée en février. Au total, sur
les trois premiers mois de l’année, le
marché des consoles (salon et portable) accuse ainsi une baisse de
18 % en volume (590.000 unités
écoulées) et de 25 % en valeur
(121 millions d’euros de chiffre
d’affaires). Le marché physique
souffre aussi de la stratégie des éditeurs, qui limitent la sortie de nouveauxtitresetprivilégientdeplusen
plus les canaux digitaux. « Depuis le
début d’année, hormis Mass Effect 3,
on n’a pas eu de grand lancement de
nouveau jeu. Dans une industrie où
c’est le ‘‘soft’’ qui guide la croissance,
on ne peut pas espérer de miracles en
l’absence de blockbuster », indique
Pierre Bernardin, analyste chez
Exane BNP-Paribas. Alors que les
jeux sur consoles nécessitent des
coûtsdedéveloppementtrèslourds,
les éditeurs misent avant tout sur les
franchises reconnues, donc moins
risquées. En 2009, Electronics Arts
avait ainsi sorti 68 jeux. En 2012, le
groupetablesurlasortiede21jeuxà
peine. Dans l’intervalle, le groupe
américain a accéléré sa politique de
dématéralisation, en misant sur les
jeux sociaux, les jeux sur mobiles et
lesjeuxmultijoueurs.Poursonexercice fiscal 2012, il s’attend ainsi à ce
quelesrevenusissusdudigitalatteignent 30 % de son chiffre d’affaires
global, contre 10 % à peine en 2009.
MAXIME AMIOT

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