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Transcription

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Conseil de
l'Union européenne
Bruxelles, le 6 novembre 2015
(OR. en)
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SPORT 49
EDUC 280
JEUN 92
CULT 65
SOC 615
EMPL 405
MIGR 57
NOTE
Origine:
Destinataire:
Secrétariat général du Conseil
Comité des représentants permanents/Conseil
Nº doc. préc.:
13290/15 SPORT 45 EDUC 277 JEUN 89 CULT 62 SOC 609 EMPL 400
MIGR 56
Objet:
Le potentiel éducatif du sport: aider les jeunes défavorisés à trouver
leur place dans la société
- Débat d'orientation
(Débat public conformément à l'article 8, paragraphe 2, du règlement
intérieur du Conseil [proposé par la présidence])
Après avoir consulté le groupe "Sport", la présidence a élaboré le document de réflexion ci-joint,
qui servira de base au débat d'orientation prévu lors de la session du Conseil "Éducation, jeunesse,
culture et sport" des 23 et 24 novembre 2015.
Afin de préparer le débat au sein du Conseil, la présidence a recueilli auprès des États membres des
informations sur leurs meilleures pratiques; elle compte diffuser à toutes les délégations, bien avant
la session du Conseil, un recueil des contributions reçues. Les États membres seront ainsi en mesure
de concentrer le débat sur le recensement des synergies et la coopération au niveau européen.
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ANNEXE
Le potentiel éducatif du sport:
aider les jeunes défavorisés à trouver leur place dans la société
Introduction
En 2013, on dénombrait dans l'UE plus de 120 millions de personnes, soit 25 % de la population,
menacées de pauvreté ou d'exclusion sociale 1. Par ailleurs, la diminution du nombre de personnes
menacées de pauvreté ou d'exclusion sociale dans l'UE est l'un des principaux objectifs de la
stratégie Europe 2020. Ce sont les femmes, les enfants, les familles monoparentales et les jeunes qui
sont les plus touchés, presqu'un tiers des jeunes, hommes et femmes confondus, étant en situation
de pauvreté ou d'exclusion sociale 2. Dans ce contexte, un groupe cible de "jeunes défavorisés" a été
défini, désignant des jeunes moins favorisés, socialement déconnectés et vulnérables.
Sachant que 81 % des 689 000 personnes demandant officiellement l'asile dans les pays de l'UE
cette année (jusqu'au mois d'août inclus) sont âgés de moins de 35 ans 3 et que le pourcentage de
personnes menacées de pauvreté ou d'exclusion sociale est plus élevé parmi les jeunes nés en dehors
de l'UE (49,3 %) que parmi les jeunes étrangers nés dans l'UE (32,2 %) 4, l'intégration des jeunes
migrants dans la société représente l'un des grands défis auxquels l'UE sera confrontée dans
les années à venir.
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Communiqué de presse 168/2014 d'Eurostat, du 4 novembre 2014.
UE-28, Eurostat, 2012.
http://ec.europa.eu/eurostat/web/asylum-and-managed-migration/data/database
http://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php/Migration_integration_statistics__at_risk_of_poverty_and_social_exclusion
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Compte tenu du fait que le sport peut jouer un véritable rôle éducatif et promouvoir les liens
sociaux, il n'est pas seulement considéré comme une activité ludique, saine et bénéfique, mais aussi
comme une composante centrale des politiques d'intégration sociale. Une activité sportive peut
en effet créer un sentiment de cohésion et de solidarité et contribuer à l'acquisition d'aptitudes 5 et
au développement personnel en dehors des institutions traditionnelles telles que l'école, les lieux
de travail ou la famille. Les acteurs privés que sont, notamment, les clubs sportifs et associations
sportives peuvent donc jouer un rôle essentiel à cet égard, puisqu'ils constituent la catégorie
d'organisations privées la plus importante en Europe (on en comptait plus de 700 000 en 2009) 6
et accueillent en général un public très jeune (22 % des jeunes de 15 à 24 ans) 7. La majorité
des Européens (81 %) perçoivent aussi le sport comme un facteur essentiel pour développer le
dialogue entre les différentes cultures coexistant au sein de l'UE 8. Toutes ces affirmations reflètent
les attentes très élevées suscitées par les possibilités qu'offre le sport pour faciliter l'intégration
de jeunes défavorisés issus de milieux culturels différents.
Stimuler les compétences relationnelles et l'aptitude à diriger
Les activités sportives peuvent être conçues pour créer des occasions d'interactions positives
entre pairs et d'expériences d'intégration réussie au sein d'une population. Ces expériences sont
essentielles pour des jeunes menacés d'exclusion sociale car ils vivent dans des environnements
sociaux offrant peu d'occasions de ce genre, étant donné que les structures de socialisation
traditionnelles telles que les écoles et la famille pourraient ne pas jouer un rôle aussi important.
Dans le sport, la notion de franc-jeu renferme un certain nombre de valeurs qui sont capitales non
seulement dans ce domaine mais aussi dans la vie de tous les jours: l'esprit d'équipe, la concurrence
loyale et le respect de règles écrites et non écrites telles que l'égalité, l'intégrité, la solidarité et la
tolérance sont les éléments constitutifs de ce franc-jeu que l'on peut vivre et apprendre à connaître
grâce au sport.
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Conclusions du Conseil sur le thème "Utiliser au mieux le sport de masse pour développer
les compétences transversales, en particulier chez les jeunes", 18 et 19 mai 2015.
Le rapport d'Helsinki sur le sport (COM(1999) 644 final, 10.12.1999).
Rapport Eurobaromètre n° 412, de 2014, "Le sport et l'activité physique" (point 2.2.
"Adhésion à un club").
Rapport Eurobaromètre n° 213, de 2004, "Les citoyens de l'Union européenne et le sport"
(point 3.2. "Le sport comme vecteur d'intégration et d'égalité").
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De surcroît, l'activité physique aide les jeunes à développer de véritables aptitudes à diriger.
Dans toute une série de disciplines sportives, en particulier les sports collectifs, les programmes
de formation à l'encadrement comprennent le repérage des dirigeants potentiels et des qualités de
commandement, ces compétences étant indispensables à une équipe qui gagne. L'expérience de ces
structures de coopération efficaces a en outre un effet positif sur la vie sociale des jeunes athlètes
et contribue donc de manière fondamentale à l'intégration des jeunes défavorisés. La coopération
et la flexibilité sont d'ailleurs des compétences qui sont devenues de plus en plus indispensables
dans la vie et le travail aujourd'hui.
Développer l'estime et la maîtrise de soi
Pratiquer une activité sportive permet également aux jeunes d'acquérir toute une série de
compétences personnelles essentielles qui les aident à développer leur personnalité et à assumer
par la suite des responsabilités au sein de leur communauté.
D'abord, les jeunes exposés au risque d'exclusion sociale ont souvent une piètre opinion
d'eux-mêmes et manquent de confiance en eux, et font fréquemment de ce fait, sur le plan social
et en termes de mode de vie, de mauvais choix. Selon les experts, un niveau élevé d'estime de soi
est indispensable à tout enfant pour s'épanouir en tant qu'être humain. Or l'estime de soi s'acquiert
en apprenant à nous accepter nous-mêmes, en étant conscients de nos défauts sans que cela
n'entame notre amour-propre. À cet égard, la pratique d'une activité sportive fait ressortir clairement
les points forts et les faiblesses de chacun et sensibilise chacun à ses propres qualités, l'aidant ainsi
à trouver sa place au sein d'une équipe.
En outre, l'accélération sociale et la société du haut débit entraînent une diminution de la durée de
l'attention, ce qui rend plus difficile de se concentrer sur des objectifs à long terme. Or la capacité
de garder le cap et la volonté de mener à bonne fin un processus malgré les difficultés rencontrées
peuvent être considérées comme l'expression d'une force mentale. En effet, cela suppose de pouvoir
renoncer à une satisfaction immédiate et instantanée au profit de la satisfaction à long terme
qu'inspire la réalisation d'objectifs plus importants. Dans la mesure où il apprend à ceux qui en
pratiquent à se fixer des objectifs et à maîtriser leurs pulsions et leurs émotions, le sport constitue
un excellent moyen de renforcer l'autodiscipline. Dans le même ordre d'idées, la force mentale que
l'on acquiert en repoussant ses limites dans le cadre de la pratique d'un sport peut être mise à profit
dans la vie quotidienne.
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Encourager la citoyenneté active dans des sociétés multiculturelles
Les activités sportives étant de nature à réunir des personnes issues de milieux sociaux et culturels
différents, elles offrent une possibilité unique de jeter des ponts entre ces personnes en les
impliquant dans des démarches de citoyenneté active partagée. De ce point de vue, le sport et
l'éducation physique ne doivent pas se cantonner à leurs disciplines de base: ils doivent également
associer les jeunes, dès un âge précoce, à l'organisation et à la gestion des activités sportives. Les
jeunes peuvent ainsi apprendre à contribuer au fonctionnement d'associations sportives et à assumer
des responsabilités en ce qui concerne le bien-être de leur communauté.
Conclusion
En conclusion, le sport peut constituer un facteur de motivation de jeunes d'horizons culturels
différents et les aider à acquérir des compétences qui jouent un rôle crucial dans leur intégration
sociale. Le sport peut aussi contribuer à améliorer les résultats scolaires et à préparer les jeunes
à entrer sur le marché du travail. Ce potentiel que recèle le sport est particulièrement précieux dès
lors qu'il s'agit d'aider les jeunes défavorisés, en particulier les jeunes migrants, à trouver leur place
dans la société, alors même qu'ils sont les plus exposés au risque d'exclusion sociale. Cela étant, le
sport ne permet pas automatiquement de véhiculer des valeurs positives ni de faciliter l'intégration
sociale: si l'on veut tirer profit de ce potentiel, il est essentiel que toutes les parties prenantes, qu'il
s'agisse d'associations privées ou d'institutions publiques, œuvrent avec détermination et activement
en ce sens.
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Débat ministériel
La présidence voudrait progresser encore dans la définition des mesures qu'il y a lieu de prendre
sur le plan politique pour mieux exploiter le potentiel que recèle le sport pour ce qui est faciliter
l'intégration des jeunes défavorisés, y compris les jeunes migrants. Dans ce contexte, les ministres
sont invités à se pencher sur les questions suivantes:
1.
Le potentiel que recèle le sport sur le plan éducatif, notamment en faveur des jeunes
défavorisés, y compris les jeunes migrants, est-il suffisamment reconnu?
2.
Comment les pouvoirs publics peuvent-ils soutenir les institutions publiques et privées
qui s'emploient activement à promouvoir les possibilités qu'offre le sport de faciliter
l'intégration des jeunes défavorisés et des jeunes migrants? Compte tenu des meilleures
pratiques que les États membres ont présentées précédemment, quelles synergies
convient-il de mettre en place en termes de coopération intersectorielle afin d'optimiser
les effets de la pratique du sport en ce qui concerne l'intégration sociale?
Afin de favoriser un débat interactif et spontané, la présidence a invité deux intervenants extérieurs
de premier plan:
-
M. Edwin Moses (président du conseil d'administration de l'USADA 9), qui apportera
son éclairage et son point de vue uniques en la matière.
-
M. Richard Allicock (Project Manager, Tottenham Hotspurs FC).
Dans leurs interventions, les ministres devraient tenir compte à la fois des questions susvisées
et des exposés des intervenants extérieurs. Les ministres seront encouragés à s'exprimer
librement pour répondre aux intervenants, sans interventions préparées à l'avance, en posant
des questions ou en formulant des commentaires. La présidence invitera également les intervenants
extérieurs à s'exprimer dans la suite du débat et à réfléchir aux remarques des ministres.
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L'agence antidopage des États-Unis.
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Afin que les ministres aient tous la possibilité de contribuer au débat, les interventions seront
limitées à deux minutes au maximum.
L'objectif de la présidence est que les ministres quittent la réunion avec quelques idées concrètes
dont ils pourront débattre dans leurs capitales.
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