le rôle institutionnel du président
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le rôle institutionnel du président
4 LE RÔLE INSTITUTIONNEL DU PRÉSIDENT Le président de la République est le chef de l’État Il représente les intérêts nationaux en tous endroits. Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et du respect de la constitution et des lois, ainsi que de l’exécution des traités. LES POUVOIRS PROPRES Articles 8, 9. Le président de la République nomme le Premier ministre (art. 8 de la constitution), sans aucune contrainte. Il préside le Conseil des ministres (art 9). Articles 12, 18. Dans le respect de la séparation des pouvoirs, le président de la République a l’interdiction de pénétrer à l’intérieur de l’enceinte des assemblées parlementaires. Mais il peut s’adresser à elles par l’intermédiaire d’un message lu par un tiers – le Premier ministre ou le président de l’Assemblée – (art 18). Il peut dissoudre l’Assemblée nationale (art 12). Ce pouvoir a été fréquemment utilisé sous la Ve République: Le « domaine réservé » en 1962, 1968, 1981, 1988 et 1997. Article 11. Il peut convoquer les élecLes journalistes évoquent parfois ce qui teurs au référendum (art. 11) sur proposiserait le « domaine réservé » du chef de tion du gouvernement ou sur proposition l’État. De fait, et traditionnellement, les conjointe des deux Assemblées. présidents de la République se sont efArticles 54, 56, 61. Il possède le pouforcés de garder en propre une partie voir de nomination de trois des membres, de la politique, généralement internationale, de la France. Ce fut en particulier du président du Conseil constitutionnel longtemps le cas des affaires africaines. (art. 56) et peut exercer le droit de saisine Le général de Gaulle estimait en effet de ce Conseil (art. 54 et art. 61). avoir avec nos anciennes colonies une Article 16. Dans les situations d’urrelation personnelle et privilégiée qu’ont gence mettant en cause la sûreté de l’État reprise à leur compte plusieurs de ses successeurs. Cependant, il n’existe et la continuité des institutions, le présiconstitutionnellement aucun domaine dent de la République peut mettre en réservé, et Lionel Jospin avait en son œuvre les pouvoirs exceptionnels (art. 16). temps rappelé que le gouvernement de À ce jour, seul le général de Gaulle, à la la France était indivisible. suite de la tentative de putsch des généraux à Alger a utilisé cette disposition. Article 15. On peut ajouter à ces pouvoirs propres la présidence du Conseil supérieur de la magistrature et, en tant que chef des armées, la présidence des conseils et comités supérieurs de la Défense nationale (art. 15). LES POUVOIRS PARTAGÉS Article 19. Le président exerce un certain nombre de pouvoirs qui sont conditionnés soit par la proposition, soit par le contreseing (action d’appliquer obligatoirement sa signa16 ture en dessous de celle du président pour valider celle-ci) du Premier ministre et, le cas échéant, des ministres responsables (art. 19). Le président de la République nomme les ministres et met fin à leurs fonctions, sur proposition du Premier ministre. Toutefois, en nommant le gouvernement Villepin, en juin 2005, le chef de l’État a immédiatement annoncé la nomination du ministre de l’Intérieur, ministre d’État, Nicolas Sarkozy, sans que la proposition ait eu matériellement le temps de se faire. Article 13, 14. Il signe les ordonFaut-il présidentialiser nances et les décrets délibérés en Conseil des ministres (art. 13) et dispose du poule régime ? voir réglementaire. Dans ce cadre, il nomme aux emplois civils et militaires de Parmi les tenants d’une Constitution profondément renouvelée (la VIe Répul’État. L’article 13 précise celles de ces blique), certains voudraient voir dispanominations qui doivent se faire en raître la possibilité de la dualité de la reConseil des ministres (c’est le cas des présentation nationale en période de préfets, des ambassadeurs de France cohabitation. Il faudrait pour cela faire – art. 14 –, des recteurs d’académie). le choix de la disparition de l’une des deux têtes de l’exécutif. Articles 17, 30. Il peut convoquer le Parlement en session extraordinaire à la Faire disparaître le président de la République amènerait à un régime parledemande du gouvernement ou de la majomentaire du type britannique, en l’abrité des députés (art. 30) et dispose du sence toutefois de la matérialisation de droit de faire grâce (art. 17). l’État que représente la reine. Il faudrait Article 52. Il négocie et signe les traialors revenir à une présidence symbotés internationaux (art. 52). Toutefois lique, ce qui semble aujourd’hui difficile à concevoir, vu l’importance qu’a prise ceux-ci ne prennent effet qu’après leur la fonction dans l’histoire constitutionratification par le Parlement ou par réfénelle française. rendum. Ainsi le traité constitutionnel sur Faire disparaître le Premier ministre l’Union européenne, signé par le président voudrait dire que l’on irait vers une Jacques Chirac, a-t-il été rejeté, lors du constitution à l’Américaine avec un viceréférendum du 29 avril 2005. président et des ministres dépendant directement du président. La question Article 10. Enfin, le président de la restant alors posée serait celle de la République est chargé de la promulgation possibilité d’une censure d’un tel gouverdes lois dans les quinze jours qui suivent la nement, qui reviendrait à une censure transmission au gouvernement de la loi du président. définitivement adoptée. Avant l’expiration de ce délai, il peut demander au Parlement une seconde délibération de la loi ou de certains de ses articles (art. 10). Il est le chef suprême des forces armées, déclare la guerre et conclut la paix avec l’approbation de la Chambre des députés. 17