exemples de travaux d`élèves

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exemples de travaux d`élèves
♦ Michel Houellebecq, La Carte et le territoire, critique rédigée par Julianne
« Mises en abyme »
La carte serait-elle plus intéressante que le territoire ? C'est la question que pose Michel Houellebecq dans son dernier roman. Et
ce constat amère ouvre le roman : les oeuvres d'art sont plus passionnantes que la réalité qu'elles cherchent à reproduire. C'est
du moins la révélation esthétique que connaît Jed après avoir acheté la carte routière « Michelin département » de la Creuse,
dans un relais de l'autoroute A20.
Jed Martin est un artiste contemporain à succès, trentenaire bienveillant mais paradoxalement insociable. Si l'on devait retracer
son parcours, on parlerait sans doute de ses photographies portant sur les objets manufacturés du monde, de son travail de
peintre et de sa série des métiers qui le rendit mondialement célèbre, de son père architecte avec qui il réveillonnait chaque
année et qui se laissa mourir après le suicide de sa femme. On évoquerait aussi des chiens, des femmes, le temps qui passe,
l'Irlande et la France... On énoncerait sa collaboration avec le commissaire Jasselin qu'il aida pour une atroce affaire criminelle et
sa rencontre avec Michel Houellebecq lui-même, ici décrit comme un écrivain solitaire et maniaco-dépressif, cultivant son art de
boire.
En fait, l'auteur s'incarne dans chaque personnage, autant dans l'artiste que dans l'enquêteur. Il est Jed Martin ; il est Jasselin ; il
est même Michou, le bichon polonais. Tous sont devenus avatars de lui-même, chacun représentant une facette de la démarche
de l'écrivain. Comme s'il se faisait observer par un autre dans son propre roman, Houellebecq se fait apparaître avec une distance
aussi comique que glaçante mais aussi avec tendresse et poésie.
La carte et le territoire, c'est aussi le portrait acéré du marché du livre et de l'art, portrait d'une société obsédée par son image et
sa présence dans les médias ; c'est un roman profond, ironique et stoïque sur l'état de notre monde.
♦ Fouad Laroui, Une année chez les Français, critique rédigée par Adrien
« Un petit homme dans un grand monde »
1969 : les Américains débarquent sur la Lune et Mehdi atterrit au Lycée Lyautey de Casablanca. Eh oui, c'est la fin des vacances
et Mehdi s'apprête à vivre une année chez les français. Il s'est fait repérer dès la classe de primaire par son professeur et excelle
dans toutes les matières. Mehdi, haut comme trois pommes et la tête dans les étoiles, arrive donc au lycée avec sa petite valise
et ses deux dindons. Et là une nouvelle vie commence.
Du réfectoire avec son curieux hachis Parmentier au dortoir avec ses lits superposés, Mehdi doit peu à peu décrypter le mode
d'emploi de sa nouvelle vie. Écarquillant les yeux, il décrit ce qu'il voit de sa hauteur : les grands escaliers qui mènent à la
lingerie, la vaste cour du lycée, les longs week-ends-ends où les autres rentrent chez eux tandis qu'il reste avec un surveillant
pour seul compagnon.
Il n'y a pas de nostalgie évoquée dans ce récit mais un humour détaché pour le pire et le meilleur : les surnoms racistes comme
« Fatima »ou « Le Nippon » dont on l'affuble, les préjugés, mais aussi l'amitié, la générosité, la découverte d'un autre monde, et
surtout, l'éducation par les livres. Une année chez les français est bien un de ces livres qui nous apprennent qu'en partant de
rien, on peut avoir beaucoup.
♦ Amélie Nothomb, Une forme de vie, critique rédigée par Mathilde
« Une vie et des lettres »
On sait qu'Amélie Nothomb reçoit beaucoup de courrier et qu'elle y répond. Un jour, elle reçoit une lettre, une lettre qui attire son
attention...
C'est l'auteur de cette lettre qu'elle met en scène dans son dernier livre, Une Forme de vie. Melvin Mapple, soldat américain, est
engagé à Bagdad ; et voici un des intérêts du roman : on en apprend beaucoup sur les conséquences de cette drôle de guerre en
Irak, sur le pourquoi de l'obésité de certains soldats. Du fait de toutes les horreurs qu'il voit et commet, Melvin se met en effet à
manger de plus en plus, jusqu'à prendre 130 kilos. Il écrit alors à Amélie, comme un appel au secours. S'ensuivent plusieurs mois
de conversation épistolaire. Il se confie à elle, qui lui donne les conseils les plus fantaisistes... Mais un jour, Melvin ne répond plus
à Amélie. Lui est-il arrivé quelque chose à la guerre ? Est-il mort ? Avec Amélie, nous nous interrogeons – saluons ici le choix de
la forme épistolaire – sans nous douter une seconde de la vérité. Et c'est là une des autres qualités du roman, que de nous avoir
engagé sur une fausse piste... Amélie sera trahie et nous aussi.
Voilà un roman épistolaire très agréable à lire : le vocabulaire est simple, l'écriture fluide. Les rebondissements nous lient à
l'histoire jusqu'à la fin et puis Amélie nous parle d'elle, de son amour pour l'écriture, des missives qu'elle reçoit faisant ainsi de
nous les destinataires d'une vie, d'une forme de vie...
♦ Virginie Despentes, Apocalypse bébé, critique rédigée par Emilie
« Apocalypse Virginie »
Lucie Toledo, détective travaillant dans une entreprise chargée d’espionner des ados pour le compte d’un parent, d’une tante,
d’un cousin a pris en filature Valentine, fille d’un écrivain pas très célèbre. Tous les matins elle observe l’adolescente, tous les
matins elle la regarde s’asseoir à la terrasse d’un café de l’autre coté de la rue, tous les matins elle la voit se mettre un peu en
retrait par rapport aux autres de son âge. Mais ce matin là, Valentine n’est pas dans le café d’en face, Valentine a disparu…
Commence alors une course contre la montre pour Lucie qui est chargée de retrouver l’adolescente. Elle va devoir faire équipe
avec un personnage réputé pour sa violence et son efficacité, la Hyène.
Entre romance lesbienne et satire sociale, le lecteur se promène de Paris à Barcelone sur les traces de Valentine, l’adolescente
égarée… Les personnages se croisent et se mêlent pour former un réseau qui mènera Lucie et sa coéquipière sur la route
empruntée par l’adolescente. Ainsi, à travers cette enquête, nous découvrons les différentes classes de la société d’aujourd’hui :
l’élite qui aime voir la misère hors de ses murs (« Les Français ont besoin de voir des pauvres qui ne les insultent pas ») ; les
intégristes ou les gens des banlieues à qui l'on apprend une culture qui n'est pas pour eux.
Apocalypse bébé est un roman touchant et puissant grâce à la plume radicale de Virginie Despentes évoque l’homosexualité, la
religion, les extrémistes de gauche et de droite. Son style, violent et criant de vérité, propre à elle même, fait sourire, frissonner
et appelle le lecteur à se questionner sur les préjugés de notre société.
Apocalypse bébé, c'est l'histoire d’une adolescente égarée qui se perd dans la méfiance, le mensonge et l’incompréhension. Le
sujet est sombre, les personnages sont attachants, l’histoire est bien menée : c'est un livre à lire absolument.
♦ Karine Tuil, Six mois, six jours, critique rédigée par Léna
« A qui la faute ? »
Il est sur Terre, une femme, première fortune allemande, plutôt froide, retenue et secrète, mariée. Elle a tout pour être heureuse.
Pourtant, elle ne fait que vivre le même petit bout de vie monotone, son éternel quotidien qui la suit depuis sa naissance.
Jusqu'au jour où surgit, tel un mirage, Herb Braun, homme magnifique à l'allure d'un prédateur sexuel. On pressent le danger, on
le contourne, on cherche à s'en écarter. Mais que peut faire une femme entourée de tant de monde et pourtant si continuellement
seule, qui n'a jamais eu l'occasion de goûter aux plaisirs simples et purs de l'existence ?
Ainsi, Juliana Kant va connaître l'amour, le désir, l'espoir et même la crainte à travers tous ses passages dans des hôtels, lors de
ces nuits volées aux côtés de son amant.
Il est sur Terre, une femme, première fortune allemande, heureuse auprès d'un homme qu'elle aime, qu'elle protège, à qui elle se
donne sans retenu.
Jusqu'au jour où cet homme la menace de la dénoncer : il a filmé tous leurs débats amoureux. Il est emprisonné. On s'efforce
d'oublier. Encore une fois. Simple coucherie prosaïque qui tourne au chantage sordide ?
Au fil de ce roman bouleversant, au fur et à mesure que l'histoire des Kant se découvre, les secrets, les vérités ressurgissent des
mémoires, jusqu'alors entravés. D'une écriture remarquable, les questions redoublent, s'enchaînent les unes aux autres,
recomposant le puzzle de l'histoire cachée de cette famille à la richesse pas si méritante : Si Herb Braun s'est ainsi joué de
Juliana, est-ce plus pour l'amour qu'il porte à son père que pour l'argent ? Et qui est véritablement cet homme ? Sait-on que le
grand-père de Juliana était nazi ? Pourquoi Magda Goebbels, sa première femme, a t-elle rejeté son père d'adoption qu'elle a,
ensuite, laissé mourir ?
Six mois, six jours, véritable bijou, décrypte avec tact l'amour comme un sentiment puissant, presque odieux parfois, qui écarte
toute autre émotion. Ce livre, d'une force tenace, raconte les passés familiaux, entachés, qui reviennent tels des boomerang aux
visages des enfants. Les pages se tournent avec allégresse, les mots se dévorent, les phrases restent construites dans nos
consciences. La plume de Karine TUIL arrache une vérité, un bout de l'humanité. Et puis, lorsque nos doigts finissent de caresser
la dernière page, que le livre vient à peine de se fermer - mais pas pour la dernière fois, espérons-le- et que dans nos
cerveaux résonnent encore les derniers mots, une nouvelle question fait surface pour s'étirer et mettre le trouble avec une
sincérité désarmante dans nos têtes encore imprégnées : Les enfants sont-ils responsables des actes de leurs parents ?