7 propos sur le 7e ange
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7 propos sur le 7e ange
CONFÉRENCE - CONCERT 7 PROPOS SUR LE 7E ANGE TEXTE MICHEL FOUCAULT PREFACE DE LA GRAMMAIRE LOGIQUE DE JEAN-PIERRE BRISSET MISE EN SCÈNE BRUNO BOULZAGUET COMPOSITION JEAN-CHRISTOPHE FELDHANDLER DU 18 AU 23 JUIN du lundi au samedi [19H30] – le dimanche [17H] Durée 1h 59, AVENUE DU GENERAL DE GAULLE 93170 BAGNOLET – METRO GALLIENI TARIFS 13/10€ - RESERVATIONS 01 43 62 71 20 – [email protected] – WWW.LECHANGEUR.ORG 7 PROPOS SUR LE 7E ANGE Compagnie Theodoros Group Mise en scène et jeu Bruno Boulzaguet Percussions et composition Jean-Christophe Feldhandler Lumière Olivier Oudiou Production Cie Theodoros Group Co-réalisation L’ÉCHANGEUR – Cie Public Chéri Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie de n’être pas fou. Pascal Ce n’est pas en enfermant son voisin que l’on se convainc de son propre bon sens. Dostoïevski Michel Foucault, passionné par le thème de la folie, s’éprend du célèbre « fou littéraire » de la fin du XIXe siècle, Jean-Pierre Brisset, qui fût apprenti pâtissier puis officier de la police judiciaire puis inventeur de la bouée, avant de devenir Grammairien et donner des leçons de langues vivantes. La Grammaire logique ?est une recherche sur l’origine de toutes les langues, il y développe une scénographie phonétique où tous les mots de toutes les langues s’expliquent par le bruit qu’ils font. Dans le langage en émulsion, les mots sautent au hasard, comme les grenouilles dans les marécages, bondissent selon un sort aléatoire, au commencement étaient les dés. En 1973, Foucault écrit un portrait drôle et vertigineux de Brisset intitulée 7 propos sur le 7e ange. C’est le texte de notre conférence/concert sur l’origine de toutes les langues, un cours de linguistique décalé. Un conférencier et un percussionniste, pour que le jeu des mots se mêle au jeu des sons. Univers phonétique MICHEL FOUCAULT Michel Foucault, au milieu des années 70, passait à la télévision, ilétait très médiatique; il remplissait l’écran, et son crâne lisse, ses grandes lunettes, son œil allumé, ludique, son esprit loufoque bandé comme un arc, sa parole rythmée, percussive, accentuée, convaincue, sa lucidité solaire et clownesque, son style dandy raffiné, son sous pull moulant, son corps sportif, ses mains papillonnantes, nous sont resté en mémoire. C’était le philosophe de la télévision, il était populaire, même les enfants le reconnaissaient ! A chaque fois il était saisissant, tout autant qu’à leur façon, Salvador Dali ou Coluche ; et quelle surprise, même si l’on est un spectateur très éloigné de la philosophie et des belles lettres, que l’on puisse à ce point tout comprendre et ne rien pouvoir répéter, et écouter à ce point sans savoir pourquoi on écoute, captivé par le spectacle du verbe en mouvement et de la pensée voyageant à travers des contrées si inconnues qu’on en connaissait même pas le nom. Cette capacité d’oralité, de parole, est exceptionnelle. Il suffit de passer aujourd’hui quelques minutes sur Youtube pour l’écouter et le voir, et constater que ces impressions sont intactes. Quelle intelligence, quel orateur, quel auteur, quel acteur, quelle présence, quelle virtuosité, quelle précision, quel metteur en scène des idées, quel artiste du récit ! Il écrit comme il parle, ce qu’il écrit se parle et s’adresse avec passion, à l’auditoire, à l’interlocuteur, au spectateur. La langue de Michel Foucault est une langue orale, c’est une langue vivant au présent, une langue scénique. QUI EST JEAN PIERRE BRISSET ? Michel Foucault (passionné par les fous et le thème de la folie - il n’y a qu’à lire son ‘histoire de la folie’ qui se lit comme un roman d’aventure) s’éprend du célèbre « fou littéraire » de la fin du XIX ième siècle, Jean Pierre Brisset , qui fût apprenti pâtissier puis officier de la police judiciaire puis inventeur de la bouée, avant de devenir Grammairien et donner des leçons de langues vivantes. JP Brisset est un phénomène littéraire, nous connaissons de lui 7 publications à compte d’auteur dont: « La Grammaire logique » résolvant toutes les difficultés et faisant connaître par l’analyse de la parole la formation des langues et celle du genre humain ; « La Science de Dieu » Conçu rentrant chez lui un soir de juin 1883 en et écrit en gare d’Angers. « La grammaire Logique » & « la science de Dieu » se donnent comme une recherche sur l’origine de toutes les langues. Brisset y développe une scénographie phonétique, tous les mots d’une langue s’expliquant par le bruit qu’ils font, tous les mots étaient dans la bouche sous forme sensible avant de prendre un sens spirituel, et démontre ainsi que les hommes étaient autrefois des grenouilles ! Dans le langage en émulsion, les mots sautent au hasard, comme dans les marécages primitifs nos grenouilles d’ancêtres bondissaient selon les lois d’un sort aléatoire. Au commencement étaient les dés. Il suffit de laisser tomber le livre à une page quelconque pour être traversé de sourires, rires, surprises, enchantement, stupéfaction ! Brisset est juché en un point extrême du délire linguistique : Mort, lutte avec les diables, déchéance des hommes, guerre pour les mots que les dieux et les grenouilles se livrèrent jadis au milieu des roseaux bruyant du matin… Une trouvaille ! En 1973, Michel Foucault participe à la réédition de « La Grammaire logique & la science de Dieu» en écrivant un portrait drôle et vertigineux de J P Brisset intitulée : ‘7 propos sur le 7ième ange’. Une perle de littérature, de poésie, et d’humour... Autre trouvaille ! LE SPECTACLE Notre spectacle est une conférence/concert sur l’origine de toutes les langues selon Brisset. Un cours de linguistique décalé. Sur une même table, face public : Un conférencier Un percussionniste Pour que le jeu avec les mots se mêle au jeu des sons, des bruits. Scénographie phonétique et sonore. Car chez Brisset le ‘son’ est la scénographie du ‘sens’. Lumières qui isolent la table dans l’espace. La table, petite scène de théâtre Sur la table : Des percussions. Quelques Objets pour raconter Brisset, une photo de lui, ses 7 livres.. Parole&percussions &objets. 60minutes. Oreille bruissante, répétitions instables, violences et appétits déchaînés, c’est le sommet, celui de l’ivresse et de la danse, celui de la gesticulation orgiaque : point d’irruption de la poésie et du temps aboli, répété. EXTRAIT 1 : L’origine du Français : L’origine du Français ce n’est point, selon Brisset, ce qui est antérieur au Français ; c’est le Français jouant sur lui même, et tombant là, à l’extérieur de soi, dans une poussière ultime qui est son commencement. Soit la naissance du pouce : « Ce pouce = ce ou ceci pousse. Ce rapport nous dit que l’on vit le pousse pousser, quand les doigts et les orteils étaient déjà nommés. Pouds ce = prends cela. On commence à prendre des jeunes pousses des herbes et des bourgeons quand le pouce alors jeune se forma. Avec la venue du pouce l’ancêtre devint herbivore » … A l’origine, ce que Brisset découvre, c’est la langue telle que nous la parlons aujourd’hui, cette langue ellemême à l’état de jeu, au moment ou les dés sont jetés, où les sons roulent encore, laissant voir leurs faces successives. En ce premier âge, les mots bondissent hors du cornet décisif, et sans cesse sont repris par lui, retombant à nouveau selon de nouvelles formes et suivant des règles différentes de décomposition et de regroupement : « Le démon=le doigt mien. Le démon montre son dé, son dais, ou son dieu, son sexe… la construction inverse du mot démon donne : le mon dé = le mien dieu. Le monde ai = je possède le monde. Le démon devient ainsi le maître du monde en vertu de sa perfection sexuelle… » …. Dans le langage en émulsion, les mots sautent au hasard, comme dans les marécages primitifs nos grenouilles d’ancêtres bondissaient selon les lois d’un sort aléatoire. Au commencement étaient les dés. C’est pourquoi Brisset était si fier d ‘avoir démontré que le latin n’existait pas. Si latin il y avait eu il faudrait bien remonter du français actuel vers cette autre langue différente de lui. Et au delà il faudrait bien remonter vers l’état stable d’une langue élémentaire. Supprimé le latin, le calendrier chronologique disparaît ; le primitif cesse d ‘être l’antérieur ; il surgit comme les chances, soudain toutes retrouvées de la langue. … Ainsi pour l’expression « En société » « En ce eau sieds té = sieds toi en cette eau. En seau sieds té, en sauce y était ; il était dans la sauce en société. Le premier océan était un seau, une sauce, ou une mare. Les ancêtres y étaient en société. » …. EXTRAIT 2 : Le bruit des choses dites. « Voici les salauds pris; ils sont dans la sale eaux pris, dans la salle aux prix. Les pris étaient les prisonniers que l’on devait égorger. En attendant le jour des pris, qui était aussi celui des prix, on les enfermait dans une salle, une eau sale, où on leur jetait des saloperies. Là, on les insultait, on les appelait salauds. Le pris avait du prix. On le dévorait, et pour tendre un piège, on offrait du pris et du prix : c’est du prix. C’est duperie, répondait le sage, n’accepte pas de prix, ô homme, c’est duperie » Un mot, c’est le paradoxe, le miracle, le merveilleux hasard d’un même bruit que pour des raisons différentes, des personnages différents, visant des choses différentes, font retentir tout au long d’une histoire. C’est la série improbable du dé qui , sept fois de suite, tombe sur la même face. Peu importe qui parle, et, quand il parle, pour quoi dire, le même cliquetis, invraisemblablement, retentit ; « Voici les salauds pris » : Cri de guerre sans doute de nos ancêtres nageurs, rugissement de la victoire. Aussitôt la rumeur de la bataille se répand : les messagers tout autour d’eux racontent la défaite des ennemis et comment on s’est emparé d’eux – dans la sale eau ; murmure des grenouilles atour du marécage, froissement des roseaux au soir de la bataille, coassante nouvelle. Retentit alors le mot d’ordre ; on hâte les préparatifs, les cages s’entrouvrent et se referment, et sur le passage des captifs, la foule crie : «Dans la salle aux pris, dans la salle aux pris. » Mais les affamés, les avides, les avares, tous les marchands de la tétar de cité pensent plutôt à la viande et au marché : autres désirs, autres mots, même brouhaha : « salle aux prix » Cependant aux grilles de la prison, la foule bave et crie : « Salauds ! ». Et voilà qu’au dessus de ces invectives multiples, de ses scènes bariolées traversées de cris de guerre, se met à tourner la grande forme ailée, majestueuse, acharnée et noire de la saloperie elle-même. Bruit unique. Saloperie des guerres, et des victoires dans la boue. Saloperie de la foule en fête injuriant les captifs. Saloperie des prisons. Saloperie des récompenses distribuées, saloperie des marchés ou s’achète la viande des hommes. … Autour d’un mot quelconque de la langue, aussi gris qu’on peut le trouver dans le dictionnaire, Brisset convoque, à grand cris allitératifs, d’autres mots dont chacun traîne derrière lui les vieilles scènes immémoriales du désir, de la guerre, de la sauvagerie, de la dévastation – petits criailleries des démons et des grenouilles, sautillant au bord des marécages. Il entreprend de restituer les mots aux bruits qui les ont fait naître, et de remettre en scène les gestes, les assauts. Les violences dont ils forment comme le blason maintenant silencieux. Rendre le dictionnaire au vacarme primitif ; retransformer les mots en théâtre, replacer les sons dans ces gorges coassantes ; les mêler à nouveau à tous ces lambeaux de chair arrachés et dévorés ; les ériger comme un rêve terrible et contraindre une fois encore les hommes à l’agenouillement. … EXTRAIT 3 … « …Quelle heure ? L’heure, en donnant le heurt donne l’heure. C’est avec l’heure qu’on leurrait. Qui avait l’heure était heureux, heure eux. Tant que l’heure n’était pas venue, on manquait de cœur. Le cœur est aussi : le queue re. Le sexe sous le nom de cœur heurta et donna le premier l’heure. C’est Lui qui donne du cœur au ventre. Le queue relevée montrait le cœur élevé… » … « Eva, le nom donné par Adam à sa femme ; ce nom signifie grenouille. Nous le démontrons en examinant la phrase Populaire suivante : Eh ! Va donc, grenouille. Car nous entendons : Eva, donc grenouille, évadons grenouille… » L’EQUIPE Un duo : Jean-Christophe Feldhandler et Bruno Boulzaguet se sont rencontrés en 2004 en Haute Corse lors des Rencontres internationales de théâtre, sur un texte de Jacques Rebotier, Litaniques. 2005, pour Césaré, centre national de création musicale à Reims, ils dirrigent deux ateliers pédagogiques (Ligne 1 et Ligne 2) expériences musicales mêlant voix, dispositif électroacoustique, percussions. 2006 pour Athénor de Saint-Nazaire ils créent Mon navire sur la mer, micro-opéra pour une voix féminine destiné aux nourrissons. Composition de Christophe Feldhandler, mis en scène de Bruno Boulzaguet. Puis New York Nox de Christian Salmon au festival Musique action du CCAM. En 2009, ils co-réalisent Misérable Miracle, une adaptation théâtrale et musicale des récits d’Henri Michaux dans le monde la mescaline. (Théâtre 71, Théâtre Echangeur) En 2010, ils co-réalisent Une vie de rêves, récit musical de la vie d’un homme qui ne raconterait que ses rêves, d’après les récits de Carl Gustav Jung. (Théâtre 71, Théâtre Echangeur) En 2010, au Théâtre de l’Atalante nous avons créé le duo 7 Propos sur le 7 ième ange Un collectif : Bruno boulzaguet & Olivier Oudiou & John Arnold & Jocelyn Lagarrigue fondent le collectif Théodoros Group ou chacun est libre d’utiliser la structure, d’initier, mener son projet personnel, de se servir des autres membres du collectif comme collaborateurs et de compléter l’équipe artistique à sa guise. Depuis 2004, notre collectif a réalisé : Un ange en Exil / Le visage des poings (J.Lagarrigue) // Misérable miracle / Une vie de rêves / 7 Propos sur le 7ième ange (Br.Boulzaguet & JC.Feldhandler) // Norma Jean (J.Arnold). Toutes les créations lumières sont de Olivier Oudiou. CONTACT EQUIPE ARTISTIQUE Bruno Boulzaguet 06 16 40 37 22 [email protected] http://theodorosgroup.com 59, AVENUE DU GENERAL DE GAULLE 93170 BAGNOLET – METRO GALLIENI TARIFS 13/10€ - RESERVATIONS 01 43 62 71 20 – [email protected] WWW.LECHANGEUR.ORG