20/11 - Metro

Transcription

20/11 - Metro
metro
[email protected]
D E B AT
15
DEBAT
LES PROFESSIONS EN PÉNURIE :
UN PROBLÈME PERSISTANT
Foto xxx
Depuis des décennies, les employeurs tirent la sonnette d’alarme
car ils n’arrivent pas à pourvoir à certains postes vacants. Aucune
amélioration structurelle n’a en effet été observée au cours de ces
dernières décennies. Pourtant… les entreprises se montrent de plus
en plus inventives pour rechercher les profils adéquats et veillent
à octroyer leurs propres formations. Le moment est venu de lancer
un débat entre 4 responsables de recrutement qui recherchent de
manière créative les profils les plus difficiles à trouver.
Mieke Meul, recruitment officer
chez TUC Rail, Mireille Protin,
recruitment manager aux Chemins de fer belges, Christine
Smet, experte en recrutement
chez Eandis et Margot Vonckx,
senior recruitment officer chez
Telenet possèdent beaucoup
d’expérience dans le recrutement de personnes dans les
professions en pénurie. Tant
aujourd’hui qu’à l’époque où
elles ont commencé, les métiers
critiques sont un problème
d’actualité.
Six problèmes font des professions en pénurie un sujet
brûlant. Nous les parcourrons
aujourd’hui et demain, à l’occasion du récent débat RH du
journal Metro.
• Quel est le problème ?
• Comment les recruteurs
cherchent-ils à y remédier ?
PROBLÈME 1:
« L’INADÉQUATION ENTRE
L’ENSEIGNEMENT ET LE
MARCHÉ DU TRAVAIL »
L’enseignement est crucial dans
la recherche d’une solution au
problème des professions critiques. « Si seulement les formations étaient plus étroitement
liées aux besoins du marché du
travail », déplore-t-on depuis
des années.
Le récent débat RH révèle
qu’une solution est loin d’être
trouvée. L’apprentissage délivré par l’école ne prépare
pas suffisamment les élèves
à la vraie vie. « L’inadéquation avec l’enseignement est
grande », soupire Mireille
Protin, recruitment manager
aux Chemins de fer belges. «
Ainsi, nous remarquons qu’en
« 35.000
candidats
postulent chez
nous chaque
année. À la
fin d’un salon
de l’emploi,
les candidats
sélectionnés
peuvent rentrer
chez eux avec un
« contrat » ».
Mireille Protin /
Belgische
Spoorwegen
16
D E B AT
metro
[email protected]
PLUS DE 460 EMPLOIS ÉVOQUÉS
LORS DU DÉBAT METRO SUR LES
PROFESSIONS EN PÉNURIE
TUC Rail est un bureau d’ingénierie qui gère de grands
projets en matière d’infrastructure ferroviaire.
• Engagés en 2014 : 60 personnes
• Recherchés en 2014 : un certain nombre d’ingénieurs civils
et techniques, de surveillants et de directeurs de chantier.
Les concepteurs CAO sont particulièrement difficiles à
trouver.
www.tucrail.be
Les Chemins de fer belges comptent parmi les plus importants recruteurs de Belgique, avec 2000 postes pourvus
par an.
• Engagés en 2014 : 1600
• Recherchés en 2014 : 400 personnes, surtout des administrateurs, des accompagnateurs de train et des techniciens.
www.lescheminsdeferengagent.be
Eandis assure le raccordement au réseau de distribution
pour l’électricité et le gaz naturel des habitations et entreprises.
• Engagés en 2014 : 104 personnes
• Recherchés en 2014 : 10 profils techniques pour effectuer
des raccordements et releveurs de compteurs
www.eandis.be/eandis/jobs.htm
Telenet est un opérateur de téléphonie, de télévision et de
services Internet sur réseau câblé pour les particuliers et les
entreprises.
• Engagés en 2014 : 259 personnes
• Recherchés en 2014 : 50 personnes
jobs.telenet.be
termes de connaissances techniques, les jeunes ne sont pas
aussi forts qu’on pourrait s’y
attendre. Leur base technique
laisse parfois à désirer. Or,
elle est cruciale pour pouvoir
aller de l’avant. Nous essayons
de parer à ce problème en
octroyant des formations supplémentaires. Et avec le VDAB
et Actiris (Bruxelles Formation
et Iristec), nous avons lancé un
projet pilote. Ils forment les
candidats les plus motivés avec
l’intention de réussir dans les
épreuves de sélection des Chemins de fer belges ».
Entre-temps, les entreprises
cherchent elles-mêmes des solutions en proposant de nombreuses formations internes, en
employant des jeunes dans des
emplois de base, en les faisant
ensuite évoluer vers des fonctions plus complexes et en combinant travail et apprentissage.
Telenet et Eandis investissent
aussi beaucoup à cet égard.
L’évolution rapide de la technologie ne fait qu’accroître le problème. « Vu que nous sommes
une entreprise très innovante
et lançons constamment de
nouvelles technologies, nous
ne pouvons pas nous attendre
à ce que tout cela soit intégré
dans le programme d’études
actuel », dit-on chez Telenet.
« Nous essayons de répondre
à ce besoin en demandant aux
gestionnaires de l’entreprise
d’organiser régulièrement des
ateliers dans les écoles. Les visites d’entreprises permettent
aussi de mieux comprendre à épreuves de sélection des Chequoi ressemble le quotidien mins de fer belges ».
dans une entreprise. »
Entre-temps, les entreprises
cherchent elles-mêmes des solutions en proposant de nombreuses formations internes, en
PROBLÈME 2:
employant des jeunes dans des
« LA DIVERSITÉ DE
emplois de base, en les faisant
ensuite évoluer vers des foncFORMATION EST TROP
tions plus complexes et en comGRANDE »
binant travail et apprentissage.
L’enseignement est crucial dans Telenet et Eandis investissent
la recherche d’une solution au aussi beaucoup à cet égard.
problème des professions cri- L’évolution rapide de la technotiques. « Si seulement les forma- logie ne fait qu’accroître le protions étaient plus étroitement blème. « Vu que nous sommes
liées aux besoins du marché du une entreprise très innovante
travail », déplore-t-on depuis des
années.
Le récent débat RH révèle
« Les métiers en
qu’une solution est loin d’être
trouvée. L’apprentissage délipénurie évoluent
vré par l’école ne prépare pas
également.
suffisamment les élèves à la
Autrefois, on
vraie vie. « L’inadéquation avec
l’enseignement est grande »,
se concentrait
soupire Mireille Protin, recruitpurement sur les
ment manager aux Chemins
connaissances
de fer belges. « Ainsi, nous
techniques d’un
remarquons qu’en termes de
connaissances techniques, les
ingénieur ou
jeunes ne sont pas aussi forts
d’un responsable
qu’on pourrait s’y attendre. Leur
IT. Aujourd’hui,
base technique laisse parfois à
désirer. Or, elle est cruciale pour
les compétences
pouvoir aller de l’avant. Nous
non techniques
essayons de parer à ce problème
gagnent de
en octroyant des formations supplus en plus en
plémentaires. Et avec le VDAB
et Actiris (Bruxelles Formation
importance. »
et Iristec), nous avons lancé un
projet pilote. Ils forment les
Margot Vonckx /
candidats les plus motivés avec
Telenet
l’intention de réussir dans les
metro
et lançons constamment de
nouvelles technologies, nous
ne pouvons pas nous attendre
à ce que tout cela soit intégré
dans le programme d’études
actuel », dit-on chez Telenet. «
Nous essayons de répondre à
ce besoin en demandant aux
gestionnaires de l’entreprise
d’organiser régulièrement des
ateliers dans les écoles. Les visites d’entreprises permettent
aussi de mieux comprendre à
quoi ressemble le quotidien
dans une entreprise. »
[email protected]
manuels qu’intellectuels. Heureusement d’ailleurs ! De plus,
bon nombre de jeunes sont à la
fois doués de leurs mains et de
leur tête. Les profils techniques
doivent en effet aussi être bien
formés.
Le VDAB ne cesse de le répéter :
« Ces parents doivent se rendre
compte que leurs enfants gagneront souvent mieux leur vie
après avoir suivi une formation
technique qu’une formation
dans l’enseignement secondaire
général. » Mais ce discours reste
vain ou presque.
17
FACEBOOK EST LE MOYEN DE S’ADRESSER AUX JEUNES
Où un recruteur doit-il être actif pour trouver
des jeunes ? La réponse est unanime : « Sur
Facebook ».
Eandis poste notamment sur la page Eandis
Jobs des vidéos dans lesquelles les collaborateurs parlent fièrement de leur profession.
Chaque semaine, la parole est donnée à une
autre personne. Les meilleures citations sont
également diffusées sur Twitter.
« Cette stratégie est un processus de
longue haleine », explique Christine Smet.
« Le lancement a été assez lent. Nous avons
commencé en mars 2013, mais le nombre de
« J’aime » et d’abonnés s’élevait alors à 10 à
20 par mois. Quand nous avons réuni la masse
critique de 500 fans, cela a soudain pris un
meilleur envol. La tache d’huile a commencé
à s’étendre plus rapidement, avec plus de 50
fans supplémentaires par mois. Aujourd’hui,
Les employeurs tentent de
remédier à ce problème en se
rendant visibles juste avant que
les élèves ne doivent choisir une
école secondaire. C’est en effet à
ce moment-là que tout se joue et
qu’ils peuvent opter pour l’enseignement technique. Mais il
est clair qu’ils sont fortement
influencés par le vaste choix
Quel parent ne veut pas le meil- d’emplois techniques qui leur
leur pour son enfant ? Par consé- est présenté, par les campagnes
quent, nombreux sont ceux d’image et les salons interactifs. de l’enseignement technique »,
qui préfèrent voir leur enfant
déclare Mireille Protin. « Nous
étudier dans l’enseignement Ainsi, dans les cabines à haute leur montrons qu’il s’agit d’un
secondaire général afin qu’il tension d’Eandis, les élèves de emploi d’avenir, qui n’impose
commence au plus haut niveau. l’enseignement secondaire pas toujours de travailler dans
Une orientation technique est technique se rendent clairement des conditions difficiles et à des
toujours considérée comme plus compte de la manière d’abor- heures impossibles. »
faible. À tort, car pourquoi ne der la haute tension. Quant Présenter les emplois et s’entrepas permettre aux enfants de aux Chemins de fer belges, ils tenir avec des collaborateurs perdéployer immédiatement leurs montrent aux jeunes et à leurs met aussi d’infirmer les clichés
talents ? Pourquoi ne pas faire le familles en quoi consiste le tra- sur les métiers techniques. Ils ne
choix positif d’une orientation vail de technicien ferroviaire. sont pas forcément durs et mal
technique ?
« Cela peut certainement in- payés. Mieke Meul, recruitment
Certains sont en effet plus fluencer leur choix en faveur officer chez TUC Rail déclare :
PROBLÈME 3:
« LES PARENTS VEULENT
QUE LEURS ENFANTS
ÉTUDIENT DANS
L’ENSEIGNEMENT
SECONDAIRE GÉNÉRAL »
D E B AT
Facebook a dépassé notre campagne de
recrutement classique, avec 1600 fans et
de nombreux candidats. Ainsi, en quelques
semaines seulement, nous avons engagé 15
nouveaux releveurs de compteurs, la majeure
partie par le biais de Facebook.
L’authenticité est un mot magique à cet égard.
De vraies personnes, de vraies histoires. Le
temps des images de stock et des modèles
dans les offres d’emploi est révolu.
Le réseau professionnel LinkedIn joue également un grand rôle dans le recrutement des
profils adéquats. « Pour générer un afflux supplémentaire, nous nous appuyons fortement
sur notre programme de référence », déclare
Margot Vonckx de Telenet. « Le réseau social
de nos collègues est fortement mis en avant.
LinkedIn joue un rôle très important à cet
égard. »
« Nos employés apprécient de
travailler à l’extérieur, y compris la nuit. Ils nous plaignent
de devoir toujours travailler
assis. Et ils sont également bien
rémunérés pour le travail de
nuit. Un élément important
pour bon nombre d’entre eux.
» Chez d’autres employeurs également, les techniciens ne voudraient pas échanger leur travail
à l’extérieur contre un travail de
bureau. « Nous considérons le
fait d’être toujours à l’extérieur
comme un avantage, combiné
à la diversité, à des environnements variés et aux contacts
avec les clients », témoignent
les techniciens qui travaillent
sur la voie.
Hans Hermans
Demain, de plus amples informations seront délivrées sur les métiers
techniques méconnus, les stages trop
courts et les deux marchés du travail
différents dans notre pays.

Documents pareils