Entre la Russie et la France, il y a la volonté…
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Entre la Russie et la France, il y a la volonté…
R www.russiefrancophone.com La ussie № 12 (23 ) Décemb re 2015 francophone © reseauinternational.net Actualités • Culture • Économie • Histoire • Cinéma © img.gazeta.ru Entre la Russie et la France, il y a la volonté… pages 6-7 LA VIE EN RUSSIE Suivez l’actualité de La Russie francophone sur www.russiefrancophone.com HISTOIRE Le Nouvel An à la Russe : heure par heure pages 16-17 L’ambassade de France à Moscou pages 12-14 Décembre 2015 Décembre 5 St. Pétersbourg DANIEL PABOEUF UNITY AU FESTIVAL SKIF Un cadeau pour les amateurs de la musique française : l’Institut français invite Daniel Paboeuf à Saint-Pétersbourg et à Arkhanguelsk. À Centre Sergueï Kouriokhine. Décembre 10 Décembre Décembre 8 St. Pétersbourg BARTHES/PHOTOGRAPHIE : ENTRETIEN ENTRE UN LITTÉRAIRE ET UN PHILOSOPHE Avec la participation de Sergueï FOKINE, professeur à l’Université nationale d’économie, et Denis SKOPINE, maitre de conférences à l’Université d’Etat de Saint-Pétersbourg. VESNA Duo franco-russe de Veronika Bulycheva et Stéphanie Acquette La Dame de Canton (Peniche) Port de la Gare 75013 Paris, M° Bibliothèque François Mitterrand / Quai de la gare. Horaire : 20h30 Prévente 10 € / 12 € sur place Réservation : 01 53 61 08 49. 15 LOULOU, L’INCROYABLE SECRET Réalisé par Eric Omond, Grégoire Solotareff Avec Malik Zidi, Stéphane Debac, Anaïs Demoustier Animation, France, 80 min. Salles de cinéma de Russie. Décembre Décembre Paris 10-24 Moscou St. Pétersbourg SOIRÉES DE LECTURES PHILOSOPHIQUES AVEC DEIS VIENNET: DESIDERARE. LA PERTE DE L’ASTRE ET L’OUVERTURE À L’AUTRE. QUESTIONS AUTOUR DE L’ART ET DE L’AVENIR En français avec traduction. Entrée gratuite. 16+ 12, Perspective Nevski. 20 Paris Chœur d’hommes «Chantres Orthodoxes Russes» A l’occasion des fêtes de Noël, concert exceptionnel de chants orthodoxes russes dans la tradition polyphonique du monastère de la Trinité Saint Serge de Moscou par le choeur d’hommes “Chantres Orthodoxes Russes”. Église St. Loubin Place Jeanne D’Arc. Éditorial L’automne 2015 restera gravé dans notre mémoire. Les attentats meurtriers en France, l’avion civil russe abattu par Daech dans le nord de la péninsule du Sinaï... Ces actes de barbarie terroriste ont montré qu’aujourd’hui nous sommes en état de guerre. La guerre contre la djihadisme mondial. Devant l’épreuve, les présidents français et russe appellent à la concorde internationale et à la création d’une vaste coalition antiterroriste. A la une p. 6-7 Entre la Russie et la France, il y a la volonté… Politique Colloque France-Europe-Russie : p. 8-10 Schisme ou Réconciliation ? Impact économique sur p. 10-11 les relations Russo-Turques. Histoire p. 12-14 Dans le cadre de cette coalition un partenariat militaire entre la Russie et la France est déjà rétabli. Pour l’instant il ne s’agit que d’un rapprochement entre des groupes navals français et russe en Méditerranée orientale. D’après certains spécialistes, cette réconciliation « trouvera rapidement ses limites », pour cause des objectifs différents dans la région. Mais le fait que ce rapprochement ait lieu prouve qu’entre la Russie et la France existe une volonté de trouver une solution commune. L’ambassade de France à Moscou. La vie en Russie Novgorod Le Grand, Berceau de la Russie. p. 15 Le Nouvel An à la Russe : heure par heure. p. 16-17 p. 18-19 Les trains de banlieue, Kolomna. Éducation p. 20-21 De Piatigorsk à Paris en passant par Moscou. Le saviez-vous p. 22 Remerciements : Sévérine TCHERNYSHOVA Myhué JONCOUR Francoise RIGARD Alain TRANIER Jean-Pierre LENOTRE Dominique DUJARDIN Bien à vous, Boris VINOGRADOV Directeur du journal, [email protected] Commémorations en mois de décembre. L’art de présence p. 23 Picassomania à Paris. Cinéma LA SÉLECTION DU MOIS p. 24-25 Décembre 2015. Spécial Jean-Paul BELMONDO. p. 26 Paris. Le Monde francophone FRANCE Les attentats du 13 novembre 2015 en France revendiqués par Daesh. Au 14 novembre 2015, le bilan total des victimes fait état de 130 morts et de 352 blessés, dont 99 en situation d’urgence absolue. L’ampleur de l’événement est telle que le gouvernement décrète l’état d’urgence CANADA Les premiers avions transportant des réfugiés syriens atterriront le 10 décembre dans deux aéroports du pays, à Toronto et Montréal. SUISSE CÔTE D’IVOIRE Swissgrid, le propriétaire et exploitant national du réseau énergétique suisse, prévient que l’hiver sera «tendu». L’arrêt des centrales nucléaires de Beznau I et II et le recours limité aux importations sont à l’origine de cette situation. Le transporteur aérien Air France-KLM veut ériger la destination Abidjan en un Hub régional, capable de transporter d’ici une décennie les passagers dans toute l’Afrique de l’ouest, a affirmé son PDG, Alexandre de Juniac. • 220 millions de locuteurs de français répartis sur plus de 77 pays et territoires à travers les 5 continents. • 29 États souverains reconnaissent dans leur constitution le français, dont 13 comme langue officielle unique et 16 comme langue co-officielle. BELGIQUE Le parti Ecolo a réclamé mercredi des «mesures exceptionnelles» afin de compenser les pertes subies par les opérateurs culturels à Bruxelles et en Wallonie dans le contexte actuel de menace terroriste. MONACO MAROC A la tribune de la COP 21 le prince Albert II rappelle les efforts que Monaco fournit quotidiennement pour lutter, contre le réchauffement climatique, ainsi que ses engagements: « Notre but est de parvenir ainsi à la neutralité carbone à l’échéance 2050. » Le 10 octobre, le ministre de l’Education nationale annonçait le retour du français dans l’enseignement de quelques matières scientifiques. Cela avait provoqué la colère des islamistes et des défenseurs de l’arabe. ALGÉRIE RENCONTRE NATIONALE SUR L’INVESTISSEMENT CULTUREL. Cette rencontre a réuni plusieurs acteurs du secteur culturel et économique pour débattre de la situation de la production culturelle du pays. 6 © reseauinternational.net/ A la une Entre la Russie et la France, il y a la volonté… Le président français François Hollande s’est rendu jeudi 26 novembre à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine. La seconde visite de François Hollande à Moscou en 2015, intervient dans un contexte très tendu. L es relations entre Moscou et Ankara (allié de la France dans le cadre de l’OTAN) se sont dégradées après que l’aviation turque a abattu un bombardier russe SU-24. Lors de leur rencontre, « les dirigeants français et russe ont discuté des questions de la menace terroriste, en particulier la coordination des efforts dans la lutte contre l’Etat islamique, ainsi qu’une série de questions internationales d’actualité », a annoncé le service de presse du Kremlin. Après trois heures de discussions en tête à tête, François Hollande et Vladimir Poutine n’ont pas montré d’avancées significatives sur le dossier syrien. Durant les premiers échanges entre les deux hommes, devant la presse, Poutine a rappelé que les deux pays ont récemment été frappés par le terrorisme. www.russiefrancophone.com Formulant l’objet de sa visite – « nous devons intensifier nos actions contre le terrorisme de Daech ». Commentaire de Jacques SAPIR : « Vous fournissez beaucoup d’efforts à la création d’une vaste coalition antiterroriste. La Russie est prête à une telle coopération … Nous pensons que cette coalition est absolument nécessaire », Vladimir Poutine Président de la Russie. ... Lors de la réunion qui s’est tenue à Moscou entre le Président russe et le Président français, un accord a semble-t-il été trouvé pour que l’aviation russe suspende ses raids contre des groupes d’opposition syriens à la condition que ces derniers groupes se joignent aux attaques du gouvernement syrien contre DAESH. Ce point est de la plus haute importance. Il impliquerait qu’une trêve de fait soit en vigueur entre les troupes du gouvernement syrien et certains de ses opposants pour que les deux parties puissent concentrer leurs efforts contre DAESH. A la une Ceci est à mettre en perspective avec la réunion d’une conférence qui doit se tenir en décembre à Moscou entre le gouvernement syrien et l’opposition, pour discuter d’une issue politique à la crise. On notera alors : • Que la Russie s’impose de plus en plus comme un acteur incontournable et même décisif dans un possible règlement de la guerre civile syrienne. Cette conférence, si elle se tient, aura des effets bien plus importants sur le terrain que la conférence de Vienne. La Russie détient aujourd’hui une partie des clefs de l’avenir de la Syrie, que cet avenir passe, ou ne passe pas, par Bachar El-Assad. • Que la diplomatie française a été obligée de faire un nouveau « rétropédalage » en reconnaissant que la France pourrait coopérer avec l’armée syrienne (i.e. celle de Bachar) dans la lutte contre DAESH. De fait, la France se trouve dans une position de plus en plus inconfortable entre les Etats-Unis et la Russie, et la position personnelle de Laurent Fabius apparaît de plus en plus fragile au sein du gouvernement. On assiste donc à un retour aux réalités en ce qui concerne les relations entre la France et la Russie. Ce retour, François Hollande a cherché à le présenter sur un ton personnel lors de la réunion du 26 novembre. Ce fut pour ce faire rappeler, par Vladimir Poutine, que si la sympathie n’est pas nécessairement à exclure, les relations se situent de Président à Président. Et l’on a bien le sentiment que c’est la France qui a fait la plus grosse partie du chemin. Ce retour aux réalités est à souligner. Mais, il indique aussi l’importance de ce qui a été perdu par une politique stérile d’opposition à la Russie depuis 2014. Source : www.russeurope.hypotheses.org 7 Lancement des Soyouz Rapprochement depuis le Centre spatial militaire guyanais franco-russe Les ministères de la défense russe et français n’avaient plus de contact direct depuis le début de la crise ukrainienne, au printemps 2014. Mais après les attentats du 13 novembre, le président français prône une « coalition élargie et unique » contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie,. C’est le début de rapprochement avec la Russie qui a décidé d’intensifier ses frappes en Syrie en raison du crash d’un Airbus russe en Egypte à la fin d’octobre, considéré comme un attentat par Moscou. Des bombardiers stratégiques russes ont ainsi pour la première fois frappé des positions de l’EI en Syrie, où Moscou mène depuis le 30 septembre une campagne de frappes aériennes. Plusieurs éléments esquissent ce rapprochement. Les frappes aériennes coordonnées sur Raqqa par des chasseurs français (Mirage 2000 et Rafale) et par des missiles de croisière Kralibr russe depuis la Caspienne dessineraient une coopération militaire poussée. Grâce au rapprochement entre Paris et Moscou, la France semble capable d’établir une nouvelle fois une passerelle entre les Etats-Unis et la Russie, entre l’Iran et les monarchies sunnites, entre les démocraties européennes et les régimes autoritaires du Moyen-Orient. « Je pense que nous devons éviter qu’il y ait d’autres murs qui viennent nous séparer. A un moment, il faut aussi être capable de dépasser les obstacles et de trouver des solutions.» François Hollande Président de la France. www.russiefrancophone.com Politique COLLOQUE FRANCE EUROPE RUSSIE : Julia SIMON 8 SCHISME OU RÉCONCILIATION ? C’est moins de deux semaines après le crash du vol A321 dans le Sinaï égyptien et la veille des attentats de Paris, que s’est tenu le 12 novembre 2015 au Palais du Luxembourg le colloque « France-Europe-Russie : schisme ou réconciliation ? ». C ette journée de grande qualité organisée en partenariat avec l’Observatoire franco-russe, l’Iris, l’Institut Jean Lecanuet et le groupe sénatorial d’amitié France-Russie avait pour objectif de dresser le bilan des relations entre l’Europe et la Russie, deux ans après le début de la crise ukrainienne. La journée était articulée autour de trois tables rondes. • « Europe-Russie : quel avenir ? » • « Ukraine, Syrie, Iran, climat, migrations. Regards croisés franco-russes sur les grands défis du monde de 2015 » • « Où en est la relation franco-russe ? » Le colloque a réuni d’éminentes personnalités russes et françaises issues des sphères de l’expertise, des institutions publiques, de la diplomatie ou encore de l’économie. Face à la montée du « manichéisme » (A. Dubien), cet événement a mis en lumière des positions pragmatiques visant à comprendre la situation actuelle sans chercher à désigner de coupables, et à promouvoir la reprise du dialogue avec la Russie tant à l’échelle nationale qu’au niveau de l’Union Européenne. 1 L’état des relations : grands malentendus et antagonisme croissant « Être lucide » : un bilan inquiétant L’analyse des experts est unanime : les relations entre l’Europe et la Russie ont profondément été mises à mal depuis le début de la crise ukrainienne. La confiance a été brisée et un fort sentiment de défiance s’est imposé entre le Vieux Continent et Moscou. « Le spectre de la guerre froide resurgit » www.russiefrancophone.com (J.Bizet) alors même que les mécanismes de dialogue en place à l’époque sont inexistants aujourd’hui. Comme l’ont souligné de nombreux intervenants, les fondements de la crise que l’on connaît depuis 2013 remontent à bien des années auparavant. Des torts partagés à la source de la crise actuelle, a été conçu avec maladresse. Il a été considéré comme une menace pour la Russie qui souhaite préserver sa zone d’influence. François Loncle reconnaît que « placer l’Ukraine devant une alternative était une erreur ; l’Ukraine aurait pu être un pont entre l’Europe et la Russie ». Favoriser le dialogue Des conséquences néfastes pour les deux pays Dans l’état actuel des relations avec la Russie, « personne n’est gagnant » (I. Ivanov). Plusieurs participants se sont largement positionnés contre le système de sanctions imposé par l’Union Européenne à la Russie. Si l’économie russe a été touchée par la crise, la politique de sanctions et l’embargo mis en place par le Kremlin ont également des conséquences importantes pour les économies européennes. Les échanges entre la France et la Russie ont chuté de 50% cette année. La France est particulièrement sensible à l’évolution des relations avec Moscou. Gilles Rémy rappelle que les Mistral représentaient le plus gros contrat jamais conclu entre Paris et la Russie. Ce contrat était d’une importance capitale puisque le secteur de la défense implique une grande confiance. La reprise des relations bilatérales au sein du CEFIC (Conseil Economique, Financier et Commercial franco-russe) en janvier 2016 est donc très attendue. Mais comme le souligne Alexandre Orlov, ambassadeur de Russie en France, « le souvenir des sanctions persistera longtemps » ; Européens et Russes risquent de perdre l’habitude de travailler ensemble. La Russie est indéniablement un pays qui compte. Il est nécessaire de rétablir le dialogue avec elle. Pour cela, les participants au colloque ont largement recommandé de développer les contacts entre les cercles d’influence russes et européens. L’idée de la création d’un pendant européen au club de Valdaï a été suggérée. D’une autre façon, il faut favoriser la mobilité des jeunes et mettre en place plus d’échanges universitaires. Un système de bourse pourrait être créé pour faciliter ces échanges. Depuis la chute de l’URSS, nous n’avons pas connu de réunification du continent européen. Il s’agit bien là d’ « un gâchis, d’une occasion ratée » (A. Dubien). « La relation avec la Russie est bien moins gérée depuis 25 ans que dans les vingt dernières années de la guerre froide » (H. Védrine). D’un côté comme de l’autre, des erreurs ont été commises. L’expansion de l’Otan à l’est et le soutien des Européens aux révolutions de couleurs ont par exemple fortement influencé les actions de la Russie. Le partenariat oriental, Politique Participants du Colloque • • • • • • • • • • • • • • • • • • • Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) Arnaud Dubien, directeur de l’Observatoire franco-russe Jean Bizet, sénateur de la Manche, président de la commission des affaires européennes du Sénat Igor Ivanov, ancien ministre, ex-secrétaire du Conseil de sécurité nationale de la Fédération de Russie, président du Conseil russe pour les affaires internationales. Enrico Letta, ancien président du Conseil italien, doyen de l’Ecole des affaires internationales de Sciences-Po (PSIA) Florence Mangin, directrice de l’Europe continentale au ministère des Affaires étrangères et du Développement international Simon Sutour, sénateur du Gard Hubert Védrine, ancien ministre, fondateur et associé de Hubert Védrine Conseil François Loncle, ancien ministre, député de l’Eure Fiodor Loukianov, président du Conseil de politique étrangère et de défense (SVOP), rédacteur en chef de Russia in Global Affairs Vitali Naoumkine, directeur de l’Institut d’études orientales de l’Académie des sciences de Russie Alain Richard, ancien ministre, sénateur du Val-d’Oise Justin Vaïsse, directeur du Centre d’analyse, de prévision et de stratégie au ministère des Affaires étrangères et du Développement international Alexandre Orlov, ambassadeur de Russie en France Gilles Rémy, président-directeur général de CIFAL Groupe Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre, envoyé spécial de la France pour la Russie Gérard Longuet, ancien ministre, sénateur de la Meuse, président du groupe sénatorial d’amitié France-Russie. Anne Blondy-Touret, direction générale du trésor Isabelle Tempestini, ministère des Affaires étrangères et du Développement international, cadre d’orient. 9 Redéfinir les relations UE doit se rendre crédible en définissant les bases de ses relations avec la Russie (H. Védrine). Il ne faut pas l’exclure des programmes européens. Elle doit être au contraire partie intégrante de ses projets. Une fois la crise passée, il est possible que d’autres partenaires aient déjà pris la place des Occidentaux dans les échanges commerciaux. Des destins qui s’éloignent Les partenariats que l’on a essayé de mettre en place à partir de la fin de la guerre froide n’ont produit que de modestes résultats. Aujourd’hui, l’Europe et la Russie présentent des « systèmes de valeurs différents » (A. Richard) qui les poussent à prendre des chemins distincts. Il faut se résoudre à abandonner l’idée d’une « Grande Europe » (I. Ivanov et F. Loukianov). Les représentations et opinions des populations sont mauvaises. De plus, comme l’a souligné Andreï Kortounov, la France et la Russie « ont cessé de représenter une priorité l’un pour l’autre depuis 10 ans ». La relation entre Paris et Moscou pourrait même être représentée par l’image de « deux voisins vivant dans le même immeuble à un étage différent » et dont les interactions se limitent à prendre le même ascenseur sans partager de réel intérêt stratégique. Malgré ce bilan, tous l’ont souligné, l’Europe et la Russie ont un intérêt réciproque à coopérer. La culture au coeur : profiter de l’année croisée France/Russie Les liens entre la France et la Russie ne sont pas totalement rompus. Des initiatives sont encore en marche notamment dans le domaine de la culture. La culture russe est l’une des plus rayonnantes au monde. Multiplier les échanges franco-russes dans ce domaine ne peut que favoriser la reprise de bonnes relations. Il faut saisir les opportunités que va offrir l’année croisée du tourisme et du patrimoine national France-Russie. 2 Relancer les relations France/Russie : une urgente nécessité La Russie : un acteur incontournable des relations internationales En dépit des désaccords, les événements montrent que l’Europe a toujours besoin de la Russie qui est un « acteur incontournable » des relations internationales. La crise ukrainienne n’a pas empêché de travailler ensemble afin d’aboutir à un Accord sur le nucléaire iranien. Par ailleurs, il faut compter sur la Russie qui a un rôle déterminant concernant la question syrienne. Au sein des institutions internationales, il est nécessaire de débattre avec Moscou dans l’optique de la désignation du prochain secrétaire général des Nations Unies mais aussi pour « redonner de l’énergie au G20 » (E. Letta). Enfin, l’Europe et la Russie ont également tout à gagner à travailler ensemble pour la reconstruction et la stabilité de l’Ukraine. Il est impossible d’écarter Moscou des débats. Faire évoluer le régime des visas Il faut faciliter la procédure des visas et tendre petit à petit vers leur suppression notamment pour les séjours touristiques courts. On pourrait d’abord commencer par accélérer la procédure en 48 heures. La législation qui encadre la délivrance des visas peut évoluer très rapidement si l’on s’en donne les moyens. Plus les Russes viendront en Europe, plus un rapprochement sur les valeurs sera possible (S. Sutour). Lutter ensemble contre les menaces émergentes L’urgence à relancer les relations avec la Russie réside en priorité dans la nécessité de lutter ensemble contre les menaces émergentes. En dépit des désaccords, des champs d’initiatives communes sont possibles concernant notamment le climat, la question de l’Arctique, la gouvernance mondiale et surtout la Syrie. La France et la Russie ont des intérêts communs au Moyen-Orient : protection des minorités religieuses et intégrité territoriale de la Syrie. Elles ont aussi un ennemi commun, Daech. Face à la montée de la menace terroriste et au départ de citoyens russes et français pour le djihad, il est indispensable pour les deux pays d’agir ensemble. Des opportunités économiques à saisir Des partenariats importants peuvent être tissés avec la Russie. L’Europe ne doit pas passer à côté de la proposition russe de créer un cadre de coopération entre l’Union Européenne et l’Union Economique Eurasiatique (UEE). Il est nécessaire d’avoir une réflexion de long-terme. www.russiefrancophone.com Politique Il est nécessaire d’avoir une réflexion de long-terme. Une telle coopération serait l’occasion d’ « éviter la mise en place de deux blocs concurrents » (F. Mangin). Engager des négociations commerciales avec l’UEE pourrait participer à la construction d’un pont entre l’Europe et l’Asie. Individuellement, la France ne peut qu’être bénéficiaire de la reprise de bonnes relations avec Moscou. Il faut rappeler qu’en 2014 encore, Paris était le 1er investisseur en Russie. Il est donc temps d’aller vers une « coopération substantielle » (F. Loncle). Alors, comment remédier à l’incompréhension réciproque pour se diriger vers un véritable partenariat ? (voir les encadrés pour les recommandations). 10 Conforter la présence économique française en Russie Pavel Chinsky, directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe appelle les industries françaises à rester en Russie et à y reprendre leurs activités dès que cela sera possible. La création de sociétés mixtes est également recommandée. Dans le même temps, il est nécessaire d’engager des négociations commerciales avec l’UEE. Conclusion Les relations franco-russes représentent un « laboratoire pour l’Europe dans son ensemble » (A. Kortounov). Les intervenants présents lors de ce colloque ont donc unanimement appelé à une reprise rapide du dialogue entre Paris et Moscou. Les événements tragiques qui se sont produits à Paris le 13 novembre imposent désormais de réévaluer la situation. Il est en effet plus que jamais nécessaire de travailler à la reconstruction des relations franco-russes alors que les attaques terroristes ont déjà marqué un rapprochement entre les deux pays. Cette reconstruction prendra du temps, les cicatrices sont profondes mais la France, l’Europe et la Russie ne peuvent rester plus longtemps dans cette impasse. © img.over-blog-kiwi.com Impact économique sur les relations Russo-Turques Jacques SAPIR L’incident entre la Russie et la Turquie, qui a abouti à la destruction d’un appareil de type SU-24 de l’aviation russe en Syrie après le tir d’un missile depuis un F-16 de l’aviation turque aura certainement des conséquences diplomatiques profondes. M ais, c’est avant tout dans le domaine économique que ces répercussions pourraient être les plus significatives et entraîner causer des problèmes à l’économie turque. Etat des lieux Avant cet incident, la Russie et la Turquie étaient liées par de nombreux contrats commerciaux. La Russie approvisionne la Turquie en gaz (gazoduc Blue Stream) et avait le projet de développer le gazoduc Turkish Stream dans les prochaines années. Un contrat pour la construction d’une centrale nucléaire a par ailleurs été signé entre les deux pays. Les entreprises turques sont très actives en Russie, que ce soit dans le domaine du commerce et du bâtiment (BTP). Les entreprises turques ont réalisé de nomwww.russiefrancophone.com 4,38 millions de touristes russes ont visité la Turquie en 2014. breuses constructions dans les grandes villes de la Russie. Par ailleurs, ces flux de commerce ne concernent pas seulement les biens. Le commerce des services est aussi très développé. Ici, il faut signaler que le tourisme russe est très développé en Turquie, en particulier sur la côte. On a estimé à plus de 2 millions de touristes le nombre des touristes russes en Turquie. C’est essentiellement sur ce point que des mesures de rétorsion de la part de Russie pourraient rapidement déséquilibrer l’économie turque. Impact sur la balance commerciale Les flux de revenus engendrés par les activités touristiques sont comptabilisés dans la balance des services en ce qui concerne la balance commerciale. Le tourisme russe en Turquie est considéré, du point de vue de la balance commerciale de la Russie comme une « importation » de services (car de l’argent russe sort de Russie pour être dépensé à l’étranger). Sur l’année 2014, on constate les flux suivant (en millions de dollars des Etats-Unis) : Politique 11 Manifestation anti-russe à Istanbul. On constate la forte saisonnalité par trimestre de ce flux. Cela traduit bien les mouvements induits par le tourisme. On peut alors estimer autour des deux tiers les montants directement liés au tourisme, ce qui représenterait environ 6,4 milliards de dollars US. Si l’on suppose que le tourisme russe en Turquie sera réduit de 80% en 2016, cela implique une réduction des « importations » vis-à-vis de la Turquie d’environ 5,13 milliards de dollars. Le déficit commercial de la Russie vis-à-vis de la Turquie passerait alors de 6,759 milliards de dollars à 1,63 milliards de dollars. Impact sur la Turquie Que représenterait cette disparition de 5,3 milliards de dollars pour l’économie turque ? En réalité, chaque dollar dépensé par un touriste étranger en Turquie implique des consommations intermédiaires importantes, qu’il s’agisse de la nourriture, du transport, de l’entretien des logements…Il y a donc un coefficient multiplicateur entre la dépense nette des touristes et l’ensemble de la dépense dans l’économie turque. Ce multiplicateur est estimé entre 1,4 et 1,6 dans le cours terme (probablement plus, autour de 2 dans le long terme). L’impact sur le PIB de la Turquie pourrait alors être estimé entre 7,2 et 8,2 milliards de dollars. Rapporté au PIB de ce pays, qui est estimé à 800 milliards de dollars en 2014, cela impliquerait une perte de 1% du PIB. Cela peut paraître insignifiant. Mais, une perte du PIB de 1% concentrée dans le secteur des services et régionalement aussi très concentrée (la côte), combinée à la perte de la recette en devise, pourrait avoir des conséquences importantes sur l’économie turque. Impact sur la Russie La balance commerciale pour le secteur des services fait apparaître en 2014 un déficit de 55,2 milliards de dollars pour la Russie, déficit qui est plus que compensé par un excédent dans le domaine des biens. La Turquie représente la plus grande source à la fois des importations de service et de ce déficit. Deux pays apparaissent ici comme importants du fait des flux de tourisme, la Turquie et l’Egypte, auxquels il faut ajouter bien entendu la France, Chypre et la Thaïlande. Si 7,2 milliards de dollars L’impact estimé sur le PIB de la Turquie. l’on estime une forte réduction du tourisme en Egypte du fait de la crainte d’attentats et en Turquie, pour des raisons politiques, c’est probablement un total de 7,5 milliards de dollars qui sera en cause, dont entre 50% et 75% pourraient revenir vers l’industrie touristique russe. Non seulement on aurait alors un impact non négligeable sur l’économie turque, mais on pourrait s’attendre à un fort développement de l’industrie touristique en Russie, avec un effet sur le PIB de probablement +0,6% à +0,8%. Il n‘est pas dit que les mesures de rétorsions du gouvernement russe seront limitées au seul tourisme. Elles pourraient, aussi, toucher les activités dans lesquelles les entreprises turques sont très actives, comme le bâtiment. La Turquie peut donc s’attendre à une perte direct et indirect d’au moins 8 milliards de dollars, et peut-être 10 milliards, pour 2016. Le Ca Jacque r net de sS Russie apir sur la et l’Eu rope Jacques Sapir Ses travaux de chercheur se sont orientés dans trois dimensions, l’étude de l’économie russe et de la transition, l’analyse des crises financières et des recherches théoriques sur les institutions économiques et les interactions entre les comportements individuels. Il a poursuivi ses recherches à partir de 2000 sur les interactions entre les régimes de change, la structuration des systèmes financiers et les instabilités macroéconomiques. Depuis 2007 il s’est impliqué dans l’analyse de la crise financière actuelle, et en particulier dans la crise de la zone Euro. http://russeurope.hypotheses.org/ Histoire 12 L’ambassade de France à Moscou Nadejda SAZANOVITCH Savez-vous où se trouve l’ambassade de France à Moscou ? Je ne veux pas vous donner l’adresse que vous trouverez sans souci sur Internet. L’histoire de ce bâtiment est plus intéressante grâce aux mystères auxquels il se lie. M onsieur Igoumnov, le marchand moscovite, en bâtissant sa maison dans un arrondissement de Zamoskvoretche qui a été favori de ses homologues russes et étrangers, n’a jamais pu supposer que sa maison serait visitée par les savants brésiliens et les médecins et, finalement, deviendrait un des locaux des ambassadeurs français. La maison qui a été construite à la mode de la fin de XIXème siècle présente en elle-même le propre style moderne de l’architecture russe, elle est telle ressemblante au terem rouge où les actualités internationales se passent, où sa propre vie bat son plein, la vie française à Moscou. www.russiefrancophone.com La maison dans la rue Bolshaya Yakimanka est devenue l’ambassade de France en 1938. Mais jusqu’à ce temps-là cela avait été l’Institut d’étude du cerveau où les savants russes avaient étudié le cerveau de Vladimir Lénine après sa mort. Quand le pouvoir soviétique a tâché d’améliorer les relations internationales avec les Occidentaux, les diplomates français ont hérité de cet édifice plein de mystères et d’histoires colorées. Avant la mysticité d’intérieur il ne faut pas ignorer son premier propriétaire Nikolaï Vassilietvitch Igoumnov. Etant le directeur et possesseur de la Grande Manufacture à Yaroslavl, en 1888 il a présenté une demande sur la construction de la nouvelle maison en pierre à Moscou. Comme architecte il a choisi Nikolaï Pozdeev, un jeune homme doué de talant, ambitieux et vice-architecte urbain. Il avait 33 ans et le « terem rouge » a été son dernier chef-d’œuvre. En ayant foulé tous les couloirs bureaucratiques et visité tous les cabinets des fonctionnaires Nikolaï Igoumnov a obtenu la permission désirée. Donc en 1895 le palais dans le style pseudo-russe a été bâti sur le lieu de la petite maison en bois de Nikolaï Loukianov, un commerçant de la deuxième guilde. Cette petite maison médiocre a été érigée après le feu napoléonien en 1812. Histoire 13 Particularités d’architecture Pour cette maison on a choisi le style pseudo-russe qui était populaire en 1880-1890 et qui prenait l’inspiration des terems russes en pierre, le plus célèbre - le palais de XVIIème siècle du tsar Alexis Ier Mikhaïlovitch dans Kolomenskoïe. Les éléments du décor ont aussi été pris de l’architecture de cathédrale (la cathédrale Basile-le-Bienheureux et les églises d’Yaroslavl). Le « terem » d’Igoumnov abonde en grande quantité de détails décoratifs : les arcs ornés Nikolaï Pozdeev Né au gouvernement de Kalouga, Nikolaï Pozdeev avait appris la peinture, la sculpture et l’architecture à l’Ecole de Moscou et, ensuite, avait terminé l’Académie impériale des beaux-arts. A la sortie de l’Académie il avait commencé à gagner sa carrière dans sa petite patrie, à Iaroslavl. Mais il y a 30 ans elle avait été vendue pour 140 roubles au couple d’Igoumnov et ses enfants. À cette époque-là cette époque-là c’était une grosse somme ! Néanmoins tout le renouvellement principal n’a commencé qu’en temps des héritiers d’Igoumnov. Outre l’argent qui a été dépensé sur l’achat grandiose, le nouveau propriétaire voulait attacher l’emphase du processus de la construction : les briques envoyées des Pays-Bas et les carreaux multicolores à décorer fabriqués à l’usine célèbre de Kouznetsov. Tout d’un coup la maison est devenue «merveille-terem » ou, comme elle a été aussi nommée, « baguier-maison ». Naturellement il s’attirait l’attention dont M. Igoumnov a justement eu besoin. Comment peut-on encore recevoir une publicité gratuite à Moscou, si on s’occupe du business ? La maison s’est vraiment faite remarquer pour sa beauté architecturale. On a dit qu’Igoumnov a dépensé 1 million de roubles. Mais, malheureusement, la maison se situait dans une rue perdue et « mauvaise » où les bâtiments adjacents gâtaient l’impression. Monsieur Varentsov, un commerçant contemporain, se souvenait : « J’ai visité cette maison et posé la question à Nikolaï pourquoi il avait eu l’idée de l’édifier dans telle place ratée ? Il se trouve qu’il voulait immortaliser cette place où il était né et avait grandi...». de clef pendante, les fausses colonnes, les incorporations céramiques, la combinaison de briques et pierre, les pentes variées du toit. En dehors de la céramique on peut voir les éléments de sculpture sur bois et sur pierre blanche, le forgeage, les pièces de fonderie, la peinture sur les voûtes, les éléments du briquetage façonné. La décoration de l’intérieur est européenne sauf la salle « à la russe » avec un grand escalier. Quand l’ambassade de France s’y est installée, la maison a étonné les architectes venus de France. L’un d’eux a écrit : « Cette édifice est unique dans son genre. Il s’oppose à nos idées habituelles par son caractère. Malgré cela elle doit être appréciée à sa juste valeur... et il est impossible de trouver le bon moyen pour la refaire parce que tel résultat paraîtra amusant et stupide si on intervient dans l’ancienne apparence ». La restauration s’est passée avec succès. Les architectes et les stylistes ont restauré non seulement l’ancien luxe, mais aussi ils ont ajouté le chic particulier français aux salles du « terem ». 1 l’ordre composite - une continuation des trois ordres grecs ordre ionique, ordre dorique, ordre corinthien. 2 l’enfilade - c’est-à-dire des pièces alignées entre deux murs ; lorsqu’elles communiquent entre elles, sans couloir, leurs portes placées sur le même axe sont dites portes d’enfilade. La Grande salle de séjour est ensoleillée grâce aux 5 fenêtres installées aux portes voûtées profondes. Le long des murs ivoire les pilastres avec les chapiteaux splendides dans l’ordre composite 1 se sont placés : ils se rencontrent, alors se séparent. Sous Louis XV on étirait la soie lyonnaise ornée de broderie ou images dans les portes voûtées. Quelque temps après on a commencé à y placer les tableaux ou à couvrir entièrement ces niches de tapisseries. Dans la Grande salle de séjour deux énormes tapisseries flamandes du XVIIème siècle, en présentant les scènes allégoriques, sont suspendues. Les meubles correspondent aussi à ce style, surtout l’ensemble bleu-doré. L’antichambre et la Grande salle de séjour forment le début de l’enfilade 2 qui se transforme en Petite salle de séjour et en Petite salle à manger. Une telle idée originale de la partie intérieure principale y dominait, à l’exception de la Petite salle à manger qui est devenue la salle de réunion. Le décors de la Petite salle de séjour était ressemblant au « au style Louis XV » qui, un peu modernisé, s’appliquait à l’intérieur à la fin du XIXème siècle. Et ce style se distinguait d’autre intérieurs des pièces au premier étage. On y voit une autre époque – le temps du moderne. Au-dessus de la Grande salle à manger les voûtes puissantes s’élevaient. C’est fort probable qu’on ait choisi des motifs russes du XVIIème siècle pour les colorier. Les mythes et légendes du « terem ». La maison d’Igoumnov était toujours entourée de légendes sombres. Tout a commencé par la critique agressive des collègues moscovites quand Nikolaï Igoumnov a été déçu par l’architecture et n’a pas payé l’argent promis pour l’excès du devis. L’architecte V. Stassov a sardoniquement écrit sur la maison : « Comme vous voulez : voilà 5 archines de « le classicisme grec », oh, mais non - c’est trois-quart de la Renaissance italienne. Ou une tranche du roman, six zolotniks de la gothique et tout le poud du russe ». Quant à Pozdeev, il n’a pas survécu au déshonneur et s’est suicidé... www.russiefrancophone.com Histoire 14 Yakimanka Les quartiers de Zamoskvoretche se sont construites au sud de la colline de Kremlin desquelles les terres avaient été occupées par les potagers du tsar. Depuis le XIVème siècle la route au Khanat Tatar s’y passait, aujourd’hui le nom de la rue Bolchaïa Ordynka – porte le souvenir de la domination de la Horde d’or en Russie. Vers le XIXème siècle Zamoskvoretche tranquille est devenu la place favorable pour les logements des marchands moscovites. D’ailleurs Igoumnov et Pozdeev n’ont pas été les premiers qui se sont moqués de l’ancienne architecture de la capitale. L’histoire moscovite connait Arseniï Morozov et sa maison marrante de style portugais dans la rue Vozdvizhenka. Il y a des rumeurs que sa mère lui a dit : « Autrefois c’était moi qui savait que tu étais un imbécile, maintenant tout le Moscou le sait ». Leon Tolstoï a qualifié cette maison de « maison stupide » et « palais pour un imbécile » dans son ouvrage «Dimanche». Comme en ce-temps-là, comme et aujourd’hui, les nouvelles constructions portant quelques nouveautés provoquent les moqueries et la critique des contemporains (la maison d´Igoumnov dans Yakimanka n’est pas l’exception). La légende connue de ce « terem » raconte que le marchand y a donné une chambre à sa bien-aimée qui était danseuse, mais quand il l’a convaincue de l’infidélité, cette malheureuse, elle a été murée par Igoumnov, luimême, qui n’hésitait pas une minute. Depuis cet incident affreux le fantôme de « la femme en blanc » vague soi-disant dans les salles, en dérangeant les habitants. Selon cette légende le marchand a cédé cette petite maison avec le fantôme à sa femme entretenue. Après cela il, lui-même, demeurait Yaroslavl et parfois faisait les visites à Moscou. D’habitude il a informé sa dame de son cœur de son arrivée par un domestique. Mais un jour il est arrivé sans la prévenir et il a vu son amante être embarrassée par le cornette... Le maître a mis le cornette dehors de la maison et sa femme infidèle a disparu sans laisser de traces. Il y a une autre légende selon laquelle c’était un chauffeur de four qui était coupable. Il s’est soi-disant mis à séduire la fille du marchand, c’est pourquoi il a été chassé dehors pour toujours. A vrai dire, ce n’est pas la fin. On assure qu’avant de quitter le chauffeur offensé a rempli en secret les cheminées de puisois d’argile. Finalement, quand on a fait du feu dans les fours, les cheminées et les murs du «terem-palais» rendaient des sons www.russiefrancophone.com effrayants (surtout la nuit) dont le maître souffrait. Un autre mythe raconte que un jour Igoumnov a décidé d’étonner ses hôtes et il a demandé d’incruster le plancher de monnaies d’or dans une salle principale. C’était le bal en 1901. En dansant, naturellement, les hôtes foulaient les monnaies sur lesquelles le profil de l’empereur a été martelé. A Saint-Pétersbourg l’empereur l’a entendu et il a considéré ce bal comme affront de son honneur. Le colère de L’empereur est tombé sur le marchand Igoumnov qui a été forcé de quitter Moscou et aller dans son logement du Sud. Ensuit la Révolution a éclaté. Après l’histoire sur le bal et des tchervonets il a été déporté de Moscou en Abkhazie. En s’y étant adopté le marchand disgracié a pris pour rien 6 milles de déciatines des marais locaux et a commencé sa nouvelle vie. Il a invité les pêcheurs du Don et a ouvert la première conserverie sur la côte de la mer Noire. Il y a amené des eucalyptus et cyprès de marais qui ont vite absorbé l’humidité des sols locaux. On a livré du tchernoziom3 du Kouban, du bétail de race d’Yaroslavl, le marchand s’est aussi occupé du jardinage. Grâce à son grand zèle dans cette terre il sont apparues les plantations de mango, kiwi et tabacs et l’entreprise « Bambou d’Abkhazie » s’est mis à fonctionner, et ces années-là les allées de cyprès ont été plantées. Après la Révolution Nikolaï Vassilievitch a refusé d’émigrer en France. Il a de plein gré légué ce Bien à l’Etat et est devenu agronome à son sovkhoze 4 de agrumes de la Troisième Internationale auquel son domaine d’exil s’était transformé. Nikolaï Vassilievitch est mort en 1924, il a été enterré modestement et on y a planté ses cyprès bien-aimés. 3 Les terres noires 4 Une ferme d’Etat Nikolaï Igoumnov Le marchand Igoumnov faisait partie des gens très riches. Depuis lors on peut voir ses initiales « ИНВ » – Игумнов Николай Васильевич (Igoumnov Nikolaï Vassilievitch) – sur la carte satellite de l’Abkhazie dans le village Alakhadzie. Ces initiales se sont formés grâce à la disposition des allées de cyprès qui avaient plantées il y a 100 ans. Nikolaï Vassilievitch était non seulement un copropriétaire de la Grande manufacture à Yaroslavl, mais aussi il avait des mines d’or en Sibérie. La vie en Russie 15 NOVGOROD-LE-GRAND BERCEAU DE LA RUSSIE Julia SIMON Première capitale russe au IXème siècle, Novgorod-le-Grand mérite bien autant que Kiev le surnom de berceau de la Russie. Aux origines de la Russie moderne S ur la route qui relie Moscou et Saint-Pétersbourg, à quelques kilomètres du lac Ilmen s’élève Novgorod-le-Grand, la ville la plus ancienne de Russie. Il faut remonter à l’an 859 pour trouver la première mention de la cité dans une chronique locale. En cela, le nom de Novgorod, « nouvelle ville », semble aujourd’hui paradoxal tant la ville est devenue le symbole de l’ancienneté et du passé historique de la Russie. Novgorod a grandement participé à la formation et à la consolidation de l’Etat russe. En 862, le prince varègue (scandinave) Riourik, fondateur de la dynastie des Riourikovitchi, devient le premier monarque de Russie et fait de Novgorod sa capitale. Si Oleg le Sage, héritier de Riourik, décide de transférer le pouvoir à Kiev en 882, Novgorod restera pendant longtemps la deuxième cité de l’Etat. Plus tard, sous le règne de Iaroslav le Sage, Novgorod prouve de nouveau toute son importance et devient même à cette période le berceau de la démocratie russe. C’est dans cette cité que le prince adopte en 1016 le premier code légal du pays présenté dans un document intitulé « Droit russe » ou « Rousskaïa Pravda ». Iaroslav a également fait de Novgorod le plus ancien centre d’enseignement en Russie puisqu’il fonde en 1034 une école pouvant accueillir jusqu’à trois cents garçons. Novgorod est donc bel et bien à la source de la fondation de la Russie moderne. En 1136, la cité fait par ailleurs un pas de plus vers la démocratie en devenant une république autonome gouvernée par une assemblée des citadins appelée « vetché ». Naissance du rouble et du kopeck Novgorod, véritable carrefour commercial entre la mer Baltique et l’Empire Byzantin, pont entre l’Asie et l’Europe, a également laissé son empreinte sur la culture et l’économie du pays. Le nom de la monnaie russe « rouble » tient en effet son origine de cette ville. Du fait des échanges économiques importants entre Novgorod et des pays étrangers, les novgorodiens ne possédaient pas leur propre monnaie ; ils préféraient utiliser les monnaies étrangères acceptées au poids. Si cela était nécessaire, ces pièces étaient coupées pour les transformer ensuite en lingots qui reçurent le nom de rouble, du russe « roubit », couper. Le kopeck - un centième de rouble - est lui aussi étroitement lié à la ville de Novgorod puisqu’après l’unification de l’Etat russe, seules les monnaies de Moscou et de Novgorod sont conservées. Un cavalier muni d’une lance était représenté sur la monnaie novgorodienne ; c’est cette lance, en russe « kopio », qui donna son nom aux centimes russes. La permanence d’un héritage historique riche Novgorod est enfin particulièrement connue pour l’héroïsme de ses citoyens. Forteresse au rôle militaire de premier plan, elle lutte contre tous les envahisseurs et réussit même à résister aux célèbres Mongols de la Horde d’Or. Au fil des siècles, la cité perd cependant de son importance avec l’avènement de Saint-Pétersbourg. Ce déclin ne retire pourtant rien au potentiel historique de Novgorod qui est toujours très visible aujourd’hui notamment grâce à son Kremlin - le plus vieux de Russie -, et à son célèbre monument « Millénaire de la Russie ». Ce monument imposant est installé dans l’enceinte du Kremlin de Novgorod en 1862 pour commémorer, comme son nom l’indique, le millénaire de la naissance de la Russie. Sur cette cloche en bronze de 15 mètres de haut sont représentés les monarques russes, des personnalités historiques importantes mais aussi des artistes tels qu’Alexandre Pouchkine ou Nicolas Gogol. En face du « Millénaire de la Russie » se dresse l’incontournable Eglise Sainte-Sophie, l’une des premières constructions de pierre du pays. Les amateurs d’édifices religieux ne seront pas déçus ; Novgorod-le-Grand, ville pieuse ne compte pas moins d’une soixantaine d’églises parmi lesquelles l’église de la Transfiguration-du-Sauveur et ses fresques de Théophane le Grec. Par ailleurs, il ne faut pas manquer le quartier du marché et la très jolie cour de Iaroslav où se dressent 7 églises mais également la Tour de passage de l’ancienne galerie marchande. Ce lieu est un symbole du statut de puissance commerciale que la cité a conservé pendant plusieurs siècles. Novgorod est donc une destination idéale pour les passionnés d’Histoire qui pourront, le temps d’une visite, faire un saut dans le temps et partir à la découverte du Moyen-Âge russe. e i s s u R n e e i av www.russiefrancophone.com La vie en Russie 16 Le Nouvel An à la Russe: heure par heure Le 31 au soir, les cadeaux sont déjà disposés sous le sapin, les produits cultes comme la salade russe “olivier” et le champagne “soviétskoïe champanskoïe” sont servis, toute la famille s’est installée autour de la table décorée pour l’occasion, écouter les vœux du Président russe et porter ensuite des toasts… Par Gulnara Yusupova RUSSIE AUTREMENT www.russiefrancophone.com La vie en Russie L e Nouvel An est la fête la plus populaire de l’année en Russie, tandis qu’à l’Ouest les gens prêtent plus d’attention à Noël. Si en Europe le soir du Nouvel An clôt la « semaine joyeuse», le Réveillon du 31 décembre la débute en Russie. En Russie, le Nouvel An est une grande fête familiale. Les préparatifs commencent déjà en décembre lorsqu’on décore la maison et qu’on installe le sapin de Noël que l’on gardera jusqu’à mi janvier, l’Ancien Nouvel An selon le calendrier slave. Les rues commerçantes et les magasins du pays sont ornés de guirlandes lumineuses et d’arbres de Noël. Les deux principaux personnages, le Père Gel, ou « Ded Moroz », et sa petite-fille et assistante « Snégourochka », sont toujours au pied des sapins sur les places principales du pays où ils peuvent se faire prendre en photo. Russie Autrement vous invite à découvrir le déroulement des préparatifs et de la soirée du Nouvel An, traditions anciennes conservées depuis des décennies et qui se pratiquent toujours de la même façon aujourd’hui. 18h00 : Préparation des salades dans la cuisine. Les femmes russes ont l’habitude de préparer d’énormes quantités de salades pour les fêtes, y compris le Nouvel An. Le plus souvent les salades sont préparées dans des bassines car il n’y a pas assez de grands récipients à la maison. Il existe trois salades traditionnelles principales pour le Nouvel An : La plus populaire est sans aucun doute la salade « Olivier », créée par Lucien Olivier, chef cuisinier du restaurant moscovite Ermitage au milieu du XIXe siècle. La version d’origine de cette célèbre salade n’a pas grandchose à voir avec celle que nous connaissons aujourd’hui et qui est assaisonnée d’une bonne quantité de mayonnaise. « L’Olivier » est devenu une incontournable salade des « zakouski », des buffets d’entrées pendant les fêtes et en particulier pour les fêtes de fin d’année en Russie et dans les pays de l’ex-URSS. Une autre salade très appréciée est la « Vinaigrette », ou la salade aux légumes. Avant tout en Russie la vinaigrette n’est pas une sauce, mais une salade dont la recette est très simple et économique. L’ingrédient principal de la « Vinaigrette à-la-russe » est la betterave, à laquelle on peut ajouter selon les goûts variés: pommes de terre, carottes, cornichons ou choucroute, petits pois ou haricots, etc… La troisième salade du Nouvel An est le « Hareng sous un manteau de fourrure », dont la préparation consiste à superposer des couches de légumes, d’œufs et de mayonnaise par-dessus une couche de petits morceaux de hareng. 19h00 : Accueil des invités. En Russie, le Nouvel An est sans aucun doute la plus grande fête de l’année. Toute la famille se réunie autour de la table, et même les parents éloignés viennent de loin pour célébrer le réveillon avec leur famille. 20h00 : Déguisement en costumes de“DedMoroz” et de “Snégourotchka”. « Ded Moroz », ou le « Grand-Père Gel » en russe, est un avatar du Père Noël, laïcisé à l’époque de l’URSS. Ded Moroz porte a un grand sac rempli de cadeaux et il est toujours accompagné de sa petite-fille Snégourotchka, ou la « Fille de Neige », qui les distribue aux gens. Ded Moroz apporte des cadeaux aux enfants au cours du réveillon du Nouvel An. Il peut également les déposer à la maison pour que les petits les découvrent le lendemain matin au pied de l’arbre de Noël. Dans les familles russes, Ded Moroz et sa petite-fille se chargent du divertissement pour les petits. Habituellement, les enfants doivent réciter un petit poème en échange d’une sucrerie ou d’un cadeau préparés à l’avance par leurs parents. Aujourd’hui il est possible d’engager ce fameux couple auprès d’une agence dont les acteurs viendront chez vous pour présenter plusieurs scènes drôles et offrir des cadeaux. Mais le plus souvent ce sont deux membres de la famille qui se déguisent avec soin pour jouer ce rôle très important. 18h/21h00 : Révision d’anciens films soviétiques A l’époque de l’URSS et comme de nos jours d’ailleurs, la veille du Nouvel An, les Russes ont pour habitude de regarder à nouveau un ensemble de « films traditionnels » typiques, comme par exemple « Ivan Vassilievitch change de profession », de Leonid Gaïdaï, « Les Gentils hommes de la chance », comédie soviétique d’Alexandre Sery, ou encore « L’Ironie du sort », en russe « Ironia Soudby», d’Eldar Riazanov devenue ensuite une comédie culte pendant la période des fêtes de fin d’année. 23h50 : Allocution du Président. A minuit moins dix toutes les chaînes de la télévision et de la radio commencent à transmettre le bilan de l’année et les vœux du Président adressés à la population. www.russie com autrement. 17 00h00 : Ouvrir le champagne “Soviétique” à la sonnerie des douze coups de minuit. L’horloge à carillon de la Tour Spasskay du Kremlin sonne à minuit précise, l’hymne national retentit, tout le monde boit du champagne et se souhaite la bonne année. On dit aussi que tous les vœux auxquels on pense à ce moment-là seront réalisés. Le moment s’accompagne souvent d’une tradition qui exige un certain entraînement : on doit, lors du tout premier coup de l’horloge, écrire un souhait sur un morceau de papier, le brûler et mettre les résidus dans son verre de champagne pour boire le tout cul-sec avant que l’horloge ne termine de sonner. Ce n’est qu’à ce prix que votre souhait pourra se réaliser ! Les félicitations viennent ensuite de partout : tout le monde crie « S Novimgodom! S novimstchastiem ! » (« Nouvelle année ! Nouveau bonheur ! »). 00h10 : Lancement des feux d’artifice dans les rues Les gens sortent dans les rues pour lancer des feux d’artifice ou allumer des feux de Bengale. Ce sont les moments les plus joyeux et les plus passionnants de l’année pour beaucoup. Certains se dirigent vers la Place Rouge pour assister aux festivités, feux d’artifice et se plonger dans l’ambiance surexcitée qui y règne. L’atmosphère y est à la fête : c’est une ambiance chaleureuse, les gens se prennent dans les bras et boivent des verres avec des inconnus. Durant tout le reste de la nuit, on mange, on boit et on fait la fête qui ne s’achève que vers le matin, quand tout le monde a mangé et bu son plein et part se coucher épuisé. Le 1er janvier : Le 1er janvier, un petit mot sur la table: « Joyeux Nouvel An ! » P.S. La saumure de cornichon est au frigo. P.S.S. Le frigo est dans la cuisine :-) Passer les fêtes de fin d’année avec Russie Autrement Les fêtes de Noël et du Nouvel An sont une occasion unique pour partir à la rencontre des locaux et découvrir leurs traditions. Russie Autrement vous invite à participer aux fêtes de fin d’année, comme le Noël et Nouvel An prochains, à Saint-Pétersbourg sous son manteau de neige et ses illuminations extraordinaires. Sur notre site Internet www.russieautrement.com/nouvel_an/ vous découvrirez nos propositions de séjours, la première pour Noël (du 25 au 29 décembre 2015) et la seconde pour le Nouvel An (du 30 décembre 2015 au 03 Janvier 2016) . Venez découvrir la Russie en hiver pendant la période de fêtes avec tout le charme et la beauté de ses traditions locales! www.russiefrancophone.com La vie en Russie 18 Les trains de banlieue Kolomna Ilia LAKSTYGAL Il y a deux types de gens. Les uns détestent les gars de Moscou à cause de leur bruit, et de leur saleté. Les autres adorent ces édifices de l’époque et du style Moderne et ne peuvent pas vivre sans sifflements de locomotives. Pour eux les gares restent les portes de Moscou avec ses portes richement ornées ; à un endroit se trouvent les triples portes de Moscou. C’est la Place des Trois Gares : une place contradictoire. www.russiefrancophone.com Kazan. Cette gare accueille les passagers venus de la plus grande partie de la Russie, de Sibérie, de la région de la Volga, de l’Oural, du Tatarstan, du Caucase et des républiques post-sovétiques de l’Asie Centrale. On peut la comparer à la Gare de Lyon. Les personnes originaires d’Ossétie et Tcherkessie se mêlent aux Tatars, aux Russes de l’Oural et aux Ouzbeks. Mais notre destination est plus proche. Nous nous rendrons à Kolomna, au village de Konstantinovo et à Ryazan dont la gare portait le nom jusqu’en 1896, quand la ligne ferroviaire eut été prolongée jusqu’à Kazan. Maintenant, cette gare est le début de la ligne transsibérienne. Et nous prendrons le train en direction de Goloutvin (Kolomna). © Wikimedia Commons D ’une part, à vrai dire, cette place est pleine de marginaux, de sansabris, de petits magasins sales et de la foule des nouveaux venus. Parmi les étudiants on l’appelait encore «la place de chaurma» (une plate qui ressemble à un kebab). Mais les temps changent et la plupart des bistrots où l’on préparait des repas sont ouverts. Le nouveau maire de Moscou, Sobyanin , mène la compagnie contre les propriétaires de ces bistrots au centre de Moscou. Maintenant on ne peut trouver de « chaurma » qu’en banlieue. Chaurma cède sa place aux géants des fast-food. D’autre part, cette place est un espace énorme, encadré par trois grandes gares : celle de Leningrad, celle de Iaroslavl et celle de Kazan. C’est un ensemble de gares et le cœur ferroviaire de Moscou d’où l’on peut partir au Nord de la Russie, à Saint Petersbourg et à ses environs, à l’Est et au Caucase. La gare de Kazan est une des plus grandes gares de Moscou. Une tente énorme couvre le débarcadère sous son grand arc. La gare elle-même fut érigée en style pseudo-russe. C’est le mélange des édifices et des tours qui ressemble soit à un couvent, soit à un palais médiéval, soit aux Kremlins de Moscou et de Il est sept heures par un matin froid d’automne. Le train démarre et les banlieues du sud-est de Moscou, les plus habitées de la ville, se succèdent derrière la vitre – Vykhino, Ramenskoïe et Lioubertsy, célèbres par leurs bandes de jeunes gens dans les années 1980-90 - les fameux «lybers» - qui ressemblent aux «loubards» français. Mais la mégalopole et ses tentacules des faubourgs gris ont disparu. Les espaces des champs, des cours d’eau, des forêts, des collines et des vallées défilent, en accompagnant par les coupes des roues et les cris des vendeurs ambulants. Le train s’arrête à Voskresensk, et par la fenêtre je vois passer en courant les jeunes gens et, parfois, les jeunes filles, pendant que le train attend une demi-minute. La raison est simple : les contrôleurs des billets entrent dans notre wagon, et les sans-billets filent à la fin du train en vue d’éviter de tomber sur leurs chasseurs. Le prix d’un billet pour des étudiants est deux fois moindre que les billets ordinaires. Mais plein de jeunes gens inventent des trucs pour ne rien payer. La vie en Russie Parfois ce n’est pas à cause de la misère des étudiants, mais une sorte de sport, comme pour ceux qui voyagent sur les toits ou les tampons des wagons, risquant la mort ou pour s’amuser. On peut les comprendre : c’est un grand soulagement et une grande joie d’échapper à un danger, mais... © Wikimedia Commons En Russie on les appelle « les lièvres». Peut-être parce que ces resquilleurs s’enfuient très vite comme ces animaux. Le train s’approche de la ville de Kolomna après une heure et demie de voyage. On Kremlin de Kolomna peut descendre du train à la station Goloutvin ou à la gare suivante, à la petite plateforme Kolomna. La gare de Goloutvin, auprès de laquelle l’usine des locomotives (une entreprise principale de la ville et une des plus importantes de l’industrie ferroviaire en Russie) fut installée en 1860 et portait le nom de Kolomna, bien que cette gare fût destinée plutôt à l’usine et à ses besoins. Mais peu après, les habitants de la ville de Kolomna versèrent une somme pour bâtir la gare pour eux-mêmes, et «Kolomna» fut rebaptisée «Goloutvin». Aujourd’hui les quartiers de Kolomna se répandent depuis le centre historique jusqu’à la région industrielle de la ville. Le coeur économique s’est déplacé à Goloutvin et la plupart des habitants vivent là. Voila pourquoi ceux qui se rendent à Kolomna achètent un billet pour Goloutvin. Mais nous ne sommes pas originaires de Kolomna, nous sommes venus plutôt pour l’âme de la ville que pour des affaires nécessaires et quotidiennes. C’est pourquoi nous quittons notre wagon à la plate-forme Kolomna. Auprès de cette plate-forme se trouve un anneau des tramways. Etant un passionné de lignes ferroviaires, j’aime aussi beaucoup les tramways, frères cadets des trains et des locomotives. De là on peut aller au centre historique de Kolomna. Le trajet du tramway suit les ruelles tranquilles, étroites, vertes et semi-rurales, loin des rues principales. Les maisons semi-rurales m’entourent. Au bout de dix minutes nous nous trouvons près du Kremlin de Kolomna, coeur et symbole de la ville historique. Cette forteresse (l’un des favoris dans le concours de télévision « Le Nom de la Russie » en 2013), située au confluent de la Moskova et de la Kolomenka, a une longue et turbulente histoire par sa position stratégique. Dès la première invasion des Mongols (1238), la ville et sa citadelle de bois subirent plusieurs sièges de la part des nomades (en 1293, 1382, 1408, 1439). Débarassée du joug tatar (1480), la ville resta la citadelle principale contre les incursions des nomades de Crimée pendant le XVI siècle et l’endroit de la réunion des troupes destinées aux campagnes contre les Tatars. Pour renforcer la ville, au XVIème siècle, un architecte inconnu (c’était probablement le célèbre italien Aloisio da Milano (Aleviz Friazin) qui participa à la construction du Kremlin de Moscou) érigea les hauts murs en pierre et 17 tours dont seulement 7 subsistent aujourd’hui. De nos jours c’est un des exemples les mieux conservés de l’architecture de fortification en Russie. Les hautes murailles en brique rouge entourent plusieurs églises et une multitude de maisons de marchands des XVIIIème et XIXème siècles. Au cours de l’époque médiévale, Kolomna et ses faubourgs étaient aussi unes des plus riches villes de la principauté de Moscou, et les traditions commerciales restèrent vivantes jusqu’à la Révolution de 1917. En plus d’être un avant-poste contre la steppe et un centre commercial de la région, Kolomna jouait le rôle de terre d’exil. On peut nommer deux célèbres prisonniers (aventuriers et usurpateurs à la fois) de cet endroit – le prince Dimitri Chemyaka et Marina Mniszek. Le premier fut un des personnages principaux de la Guerre Civile du XVème siècle, deux fois Grand Prince de Moscou. Une autre personne est plus intéressante : Marina Mniszek, une noble aventurière d’origine polonaise, épouse de deux Faux Dimitri (imposteurs et usurpateurs russes du début du XVIIème siècle, quand la Russie plongea dans le chaos et la désagrégation du « Temps des Troubles »). Et un autre aventurier : Ivan Zarucki, ataman des cosaques du Don, autre prétendant au pouvoir sur la Russie. Arrêtée dans les steppes de l’Oural, Marina Mniszek, une femme ingénieuse, fut emprisonnée dans une des tours du Kremlin de Kolomna qui s’appelle aujourd’hui Marinkina (« celle de Marina »). Selon la légende populaire, elle s’enfuit en se métamorphosant en oiseau. A vrai dire, elle mourut probablement emprisonnée dans la tour du Kremlin. 19 Kolomna est une ville de l’oblast de Moscou, en Russie, et le centre administratif du raïon de Kolomna. Sa population s’élevait à 144 316 habitants en 2014. Kolomna est située au confluent de la Moskova et de l’Oka, un affluent de la Volga. Elle se trouve à 75 km au nordouest de Riazan et à 104 km au sud-est de Moscou. Économie La principale entreprise de Kolomna est l’usine OAO Kolomenski Zavod, du groupe Transmach (en). Fondée en 1867, elle est aujourd’hui spécialisée dans la fabrication de locomotives diesel, de moteurs diesel et de systèmes de propulsion pour la marine. Elle emploie 8 200 salariés en 2012. Après avoir traversé plusieurs fois le Kremlin, visité les musées et après avoir déjeuné dans un des restaurants, on peut traverser la Kolomenka et se retrouver sur la rive gauche, boisée et tranquille. L’endroit le plus agréable pour se distraire est le confluent de la Moskova et de la Kolomenka d’où l’on peut contempler les monastères, les forêts et les murs du Kremlin. Rien n’empêche de goûter les vues pittoresques une tasse de thé à la main. On peut passer une éternité là, hypnotisé par le cours d’eau et le bruit dans la frondaison des arbres. Mais le voyage n’est pas teminé. Nous revenons à la plate-forme Kolomna pour attendre un des trains en direction de Riazan. Nous devons visiter le village natal du célèbre poète russe et une autre ville ancienne. Continuons notre route. e i s s u La R Éducation 20 De Piatigorsk à Paris en passant par Moscou Ekaterina ZAVODSKAÏA Qui n’a jamais rêvé de passer du bon temps en France ? Une semaine, un an ou peut-être toute la vie ? Certes, rien n’est impossible à ceux qui n’ont peur de rien et croient à fond dans leur rêve. L’histoire que je raconte ci-dessous démontre parfaitement cela… PIATIGORSK www.russiefrancophone.com Éducation I 21 Piatigorsk Mais un jour notre cours de français fut animé par une stagiaire. C’était une jeune fille qui n’avait qu’un an de plus que nous et qui enseignait de façon très intéressante. Avec elle le français n’était plus une Moscou PARIS l y a 6 ans je me suis inscrite à l’université de langues de Piatigorsk, une ville thermale du Caucase du Nord. Comme langues, j’ai choisi l’anglais et l’allemand et j’ai passé une année agréable avec des études intéressantes et une vie étudiante très riche. Tout aurait été magnifique sans un «mais» qui nous fait parfois changer complètement notre vie. L’amour qui ne connait ni distance ni convention m’a attirée à Moscou et il me fallait à tout prix changer d’université et monter à la capitale. C’était devenu une idée fixe ! Quand nous voulons quelque chose et que nos intentions sont pures, l’univers nous aide toujours, n’est-ce pas ? Il y a bien sûr des exceptions mais en fin de compte, nous réalisons que tout est pour mieux et que, si nous n’avons pas reçu quelque chose, c’est que la vie nous a préparé un autre cadeau. L’université de langues Se faire transférer en deuxième année de l’université de Piatigorsk à celle de Moscou et qui plus est, avec le financement du gouvernement, certains pensaient qui cela serait impossible : il y a toujours quelqu’un qui ne croit MOSCOU pas en nos rêves mais ce n’est pas le prétexte pour y renoncer, au contraire, il faut encore plus continuer à aller de l’avant. Ce n’était pas facile mais les circonstances m’ont été favorables et un an plus tard, à Moscou, j’ai repris mes cours d’anglais et…non pas d’allemand car, selon le programme, je devais étudier le français. Je ne voulais pas apprendre cette langue mais je n’avais pas le choix. Je n’avais jamais rêvé de Paris, la langue et la culture française m‘indifféraient et seuls les impressionnistes m’inspiraient un peu quelque chose. Alors j’ai passé un an et demi à apprendre le français sans grande motivation et sans comprendre pourquoi je le faisais. langue de manuels et de grammaire, mais vivante et proche de la réalité ! Notre stagiaire nous a raconté beaucoup d’histoires sur les mœurs des Français, leur vie quotidienne et la culture. La jeune fille partageait sa propre expérience et, ce qui est plus important, elle nous parlait d’égale à égal, en s’intéressant vraiment à notre opinion. Le français était devenu le moyen de communication et non plus l’objectif final et, dans ces circonstances, tout notre groupe était passionné par les cours. Elle avait donné un coup de pouce, une bouffée d’air frais et nos études prenaient un sens. Cet hiver là je suis allée à Paris pour la première fois et ma longue histoire d’amour avec cette ville a commencé. En me promenant dans le jardin des Tuileries, j’ai eu la chance de rencontrer un maître de conférences venu de l’Italie pour animer des conférences à la Sorbonne. Tout mon séjour nous nous sommes baladés à Paris et il m’a plongée dans le monde de la littérature française en parlant de Rimbaud, Baudelaire, Verlaine… J’ai découvert par exemple que Victor Hugo écrivait aussi des poèmes magnifiques alors qu’en Russie il est plus connu pour sa prose et j’étais fascinée par le monde qui s’ouvrait pour moi. Dans notre vie il y a des rencontres qui font bifruquer notre route et cette rencontre en France était de celles là. Quand un an et demi plus tard, j’ai fini l’université de langue, comme beaucoup de diplômés, j’étais à un carrefour, me demandant où aller. Travailler ? Continuer des études de langues ? Mon professeur de français, voyant mes hésitations, me dit un jour : « Vous devez vous inscrire au CUF. » Au CUF..? n o i t a c Édu CUF Le CUF ou Collège Universitaire Français à Moscou (il y en a un aussi à Saint Pétersbourg) est une place unique, d’abord parce que tous les cours sont animés par des enseignants français selon le système français. Les étudiants ont le choix entre des disciplines telles que l’histoire, la philosophie, le droit, la sociologie ou la littérature. Tentée par l’idée de pouvoir étudier la littérature dans une atmosphère authentique, je me suis inscrite au CUF. Les études sont gratuites, comme en France, et il faut seulement réussir un test d’orientation de niveau B2. La première année, il faut choisir 2 disciplines parmi lesquelles on choisit une pour la 2ème année. Mon choix se portait sur la littérature. IL y a tellement à raconter sur les études au CUF que c’est un sujet pour un autre article. Mais, en quelques mots, ce collège est devenu pour moi, aussi bien que pour mes camarades de classe, un petit monde à part avec une ambiance magique. C’est comme la maison où tu veux toujours revenir et comme le paradis pour ceux qui aiment le français, car tu te plonges complètement dans cette langue. De plus les 2 années d’études au CUF se concluent par la rédaction d’un mémoire et équivalent à un Master 1 en France. Les étudiants ont la possibilité de continuer leurs études en Master 2 en France et d’obtenir une bourse de recherche. Personnellement je ne suis pas boursière car la vie m’a fait encore un cadeau et, en septembre, je suis venue en France comme étudiante. De Piatigorsk par Moscou, je suis arrivée à… Paris Paris-4 Sorbonne Maintenant je fais mes études à Sorbonne Paris 4 en Littérature comparée. La vie d’étudiant à Paris est aussi une longue histoire. Les étudiants sont libres dans leurs choix de séminaires de spécialité et chacun peut donc trouver ce qu’il aime. IL y a de nombreux ateliers parmi lesquelles poésie, improvisation théâtrale, chorale, photographie… de nombreux sports et, bien sûr, les ressources nécessaires aux recherches. Bien sûr Paris n’est pas la France : il y a de nombreuses universités dans d’autres villes. Le principale c’est que les études permettent de se plonger dans la recherche et tout simplement dans la vie de ce pays formidable et de faire beaucoup de belles rencontres. Le message au coeur de cet article n’est pas de raconter mon histoire elle-même mais que dans la vie, tout est possible. Je vous incite à croire en vos rêves et à ne pas avoir peur de changer de vie. Il faut toujours essayer. Le pire qui puisse se passer, c’est acquérir quelque chose d’autre, une autre expérience, mais, comme tout est pour le mieux, le pire n’est jamais le pire du tout. Les rêves sont une force de la nature et un jour ils peuvent devenir réalité. Le saviez-vous 22 S N O I T A R O M E M M O C N E S E L A N N AT IO E R B M E C É D E D S I O M Il y a 350 ans... Le décès de Catherine de Vivonne, marquise de Rambouillet 2 décembre 1665 F rançois de La Rochefoucauld, Madame de La Fayette, Pierre Corneille, François de Malherbe et beaucoup d’autres de la haute société du XVIIeme siècle étaient les membres de son fameux salon. À cette époque le salon à l’hôtel de Rambouillet était opposé à la Cour avec ses mœurs. Dans les petites chambres intimes régnait un esprit chatoyant. Dame de rares qualités de coeur, Catherine de Vivonne créait l’atmosphère de gaieté et d’amusement autour d’elle. Son salon a exercé une grande influence sur la langue française et sur la littérature du temps. Il y a 150 ans... Il y a 100 ans... La naissance de Félix Édouard Valloton 28 décembre 1865 Fils d’un fabricant de chocolat, Félix Édouard est né à Lausanne. À seize ans, il a déménagé à Paris pour devenir un peintre. « Il n’y a pas à dire, mes racines sont à Paris », avoué Valloton en 1900. La personne très féconde, il est resté après soi plus de 1700 peintures, 200 gravures, beaucoup de dessins et illustrations, des sculptures et des ouvrages d’art appliqué, trois romans, quelques pièces de théâtre, des écrits sur l’art. Georges Annenkov, un peintre et dessinateur russe était son élève en 1911 – 1912. La naissance d’Édith Piaf 19 décembre 1915 Le ciel bleu sur nous peut s’effondrer Et la terre peut bien s’écrouler Peu m’importe si tu m’aimes Je me fous du monde entier Tant que l’amour inondera mes matins Tant que mon corps frémira sous tes mains Peu m’importent les problèmes Mon amour, puisque tu m’aimes... Rubrique préparée par : Konstantin KRASNOSLOBODTSEV Konstantin KRASNOSLOBODTSEV Picassomania à Paris Le 15 juin 1932, sortant d’une exposition consacrée à Picasso, le critique d’art Alexandre Benois livra son scepticisme à un journal : « je m’interroge pour savoir si c’est bon, je ne sais pas... ». Actuellement, Picasso est omniprésent à Paris. En cette fin d’année on compte deux expositions majeures. Toute la vie du peintre, et celle du musée, sont présentées sur les cinq niveaux de l’Hôtel Salé. C’est « l’exposition anniversaire » qui se tient au Musée Picasso. En franchissant tous les niveaux, du sous-sol au troisième étage les visiteurs sont amenés à traverser cinq époques: De l’atelier au musée, Picasso 1897-1929, Picasso 1922-1973, et pour finir, Picasso figure publique et Picasso intime. Au sous-sol, dans la salle des « Archives », une surprise est réservée aux visiteurs russes. La vie après la mort, que porte en titre l’exposition « PICASSOMANIA », accueillie par le Grand Palais. La scénographie des 16 salles est construite comme une série de dialogues. Les différentes périodes du maître sont ainsi représentées tout à la fois par ses œuvres mais également par celles des artistes contemporains qui subirent son influence. Le XXème siècle est arrivé à son terme. En matière artistique, et pour un grand nombre de gens, ce fut indéniablement celui de Picasso. Un très grand nombre d’expositions furent organisées à travers le monde. Et quant aux Musées Picasso, on en trouve un peu partout : à Paris, Antibes, Barcelone, Málaga, ou Vallauris... Que ressent-on devant cette oeuvre ? Alexandre Benois répondait « je ne sais pas »... ¡ Picasso ! l’exposition anniversaire – Musée Picasso Paris – à partir du 20 octobre PICASSO.MANIA – Grand Palais, Galeries nationales entrée Champs-Elysées au 7 octobre 2015 du 27 février 2016. Cinéma 24 Notre partenaire ©STUDIOCANAL LA SÉLECTION DU MOIS Décembre 2015 O D N O M L E B L U A P SPÉCIAL JE AN Jean-Paul Belmondo, aussi appelé « Bébel », est l’une des plus grandes vedettes du cinéma français et un champion incontesté du box-office au même titre que Louis de Funès et Alain Delon à la même époque… En cinquante ans de carrière, l’acteur a attiré dans les salles près de 130 millions de spectateurs jouant aussi bien dans les films de la Nouvelle Vague, que dans les comédies populaires ou les films d’action. Les quatre films, À bout de souffle, L’homme de rio, Le professionnel, Les tribulations d’un chinois en Chine sont des grands classiques du catalogue Belmondo ! Ne manquez pas la spéciale Belmondo en décembre sur TV5MONDE. LE PROFESSIONNEL Avec 5,2 millions d’entrées au box office, Le Professionnel a rencontré un énorme succès commercial, rythmée par une musique originale d’Ennio Morricone devenue culte ! Synopsis : Après deux ans d’incarcération, Joss Beaumont parvient enfin à s’évader. Ex-agent des services secrets, il était chargé d’exécuter le président du Malawi lorsqu’un revirement de la politique hexagonale l’a laissé sans aucun soutien sur place, dénoncé aux autorités. De retour à Paris, il est bien décidé à régler ses comptes… Réalisation : Georges Lautner (France, 1981) Vous pouvez voir ce film avec sous-titres russes sur le canal TV5Monde Dimanche 20 décembre à 23h TV5MONDE la première chaîne culturelle mondiale de télévision en français. Elle est créée le 2 janvier 1984 et diffuse dans le monde entier à travers différents réseaux de télédiffusion. • • • Regardez TV5MONDE chez les opérateurs AKADO Rostelecom MTS • • Tricolor Beeline Pour avoir plus d’information contactez [email protected] Cinéma 25 ©1960 STUDIOCANAL / Société Nouvelle de Cinématographie À BOUT DE SOUFFLE Considéré comme emblématique de la Nouvelle Vague, ce film est aussi celui qui a fait connaître l’acteur au grand public et qui a fait de « Bébel » une vedette ! Synopsis : Michel Poiccard, poursuivi par des motards après le vol d’une voiture, tire sur l’un d’entre eux et s’enfuit. Il retrouve à Paris son amie américaine et réussit à redevenir son amant. Il la convainc de l’accompagner en Italie. Mais la police découvre l’identité du meurtrier et le traque... Réalisation : Jean-Luc Godard (France, 1960, noir et blanc) Palmarès : Prix Jean Vigo (1960), Ours d’argent du Meilleur réalisateur (Berlinale, 1960). Vous pouvez voir ce film avec sous-titres russes sur le canal TV5Monde, Dimanche 6 décembre à 23:30h ©1965 TF1 International L’HOMME DE RIO Source d’inspiration pour de nombreux films, il l’a notamment été pour Indiana Jones de Steven Spielberg, Le Cinquième élément de Luc Besson ou encore plus récemment OSS117, Rio ne répond plus avec Jean Dujardin. Synopsis : Adrien assiste à l’enlèvement d’Agnès, sa fiancée. Cela fait suite à la disparition d’une statuette amazonienne et de l’ethnologue, par ailleurs tuteur d’Agnès, qui l’avait rapportée du Brésil. Se lançant à la poursuite des ravisseurs, Adrien monte clandestinement à bord d’un avion en partance pour… Rio de Janeiro. Réalisation : Philippe de Broca (France, 1963) Vous pouvez voir ce film avec sous-titres russes sur le canal TV5Monde, Dimanche 13 décembre à 23h ©1965 TF1 INTERNATIONAL LES TRIBULATIONS D’UN CHINOIS EN CHINE Film au succès mondial, il représente un nouveau genre, celui de la « comédie d’aventures » et correspond également au début du couple Ursula Andress - Belmondo… Synopsis : Arthur, jeune milliardaire blasé, veut se suicider. M. Goh, un vieil ami, lui propose se souscrire une assurance-vie à son nom. Lui-même se chargera de le faire mourir. Arthur accepte, puis rencontre l’amour. Il retrouve le goût de vivre. Mais les tueurs de M. Goh sont désormais après lui… Réalisation : Philippe de Broca (France/Italie, 1965) Vous pouvez voir ce film avec sous-titres russes sur le canal TV5Monde, Dimanche 27 décembre à 23h Symbole de la culture française, abritant des monuments parmi les plus prestigieux au monde, Paris surnommée la ville Lumière occupe encore une place prépondérante dans le milieu de la mode, du luxe et de l’art de vivre. Attirant près de trente millions de visiteurs par an, c’est une des capitales les plus visitées au monde. Plongez-vous dans l’univers parisien ! Décembre à Paris Lundi 07 décembre à 14h35 Mercredi 23 décembre à 14h35 Lundi 28 décembre à 14h35 Cinéma 26 à Paris, tel qu’il était, tel qu’il est, tel qu’il sera toujours Lyubov RAKOVA « Paris passion, Paris la fête, Paris la chanson, Paris émotion…. Mais aussi, Paris boulot, Paris métro, Paris du luxe, Paris misère, Paris canaille … Oui, Paris… A travers ces milles visages, Paris… Mais qui es-tu ? »* *citation du film Plus qu’un portrait Le film de Cédric Klapisch, Paris, est plus qu’un portrait d’une ville, c’est la ville elle-même et c’est la vie avec son rythme, sa respiration, sa musique. Dire que Klapisch a touché le cœur de la ville / vie sera une banalité qui fait partie des stéréotypes répandus dans la plupart des articles sur le cinéma, mais en effet, le réalisateur du film a réussi de saisir l’air parisien. Aujourd’hui, comme à l’époque de Baudelaire, la capitale de la France « n’a ni queue ni tête », mais il a l’esprit de la liberté. Coincé entre la tradition et la modernité, Paris se moque des stéréotypes et continue de mettre en évidence une seule valeur de notre courte existence : la vie. Insouciants dans Paris Il n’est pas possible de distinguer personnage principal de l’histoire car elle est racontée à travers plusieurs destins qui se croisent sous le ciel de Paris. Un professeur à la Sorbonne, une assistante sociale, un vendeur du marché, une étudiante. Pourtant, le récit est encadré par le regard de Pierre. Danseur dans son passé, malade dans son présent, Pierre ne sait plus si l’avenir signifie quelque chose pour lui car il n’a que 50 pourcents de chance de rester en vie. En voyant les passants depuis son balcon, Pierre les envie d’être en vie, d’avoir leur problèmes, d’être en retard, de s’engueler, bref d’avoir une chance d’exister. Pourtant, il ne sait pas encore qu’avec sa maladie il a finalement repris goût à la vie et qu’il est capable d’apprécier sa chance de vivre, beaucoup plus pleinement que la plupart des habitants de Paris. « J’avais oublié que cela pouvait être aussi bien » En parcourant les quartiers parisiens qui lui sont devenus familiers, le spectateur qui a déjà habité ou visité la capitale, peut retrouver les sensations que cette ville offre à ses passants. Dans le contexte actuel, le film de Cédric Klapisch nous rappelle la chance qu’on avait ou qu’on a de vivre ... à Paris. Les événements les plus marquants de décembre 1766 5 décembre Départ de Bougainville pour un tour du monde Le comte Louis-Antoine de Bougainville prend le commandement d’une expédition autour du monde. Le départ est donné depuis la rade de Brest. Le gouvernement de Louis XV charge sa flotte, composée de deux frégates royales «La Boudeuse» et «l’Etoile», de restituer officiellement la colonie des îles Malouines (îles Falklands) au gouvernement espagnol. Le 6 avril 1768 il arrivera à Tahiti et procèdera à l’observation scientifique de la Polynésie. 2015 Du 5 au 8 décembre Fête des Lumières La Fête des lumières est née le soir du 8 décembre 1852, alors que les Lyonnais éclairaient leurs fenêtres à l’aide de bougies pour célébrer l’installation de la statue de la Vierge Marie sur la colline de Fourvière. Depuis lors, la fête a été reconduite chaque année, et est aujourd’hui devenue un évènement populaire urbain des plus importants, attirant plusieurs millions de visiteurs. Le fleuron des artistes lumière se retrouvent ainsi à Lyon tous les ans au mois de décembre pour présenter plus de 70 créations durant quatre nuits. 1888 23 décembre Van Gogh se mutile l’oreille Dans leur atelier d’Arles, le peintre Vincent Van Gogh tente de blesser son ami Gauguin avant de se trancher l’oreille avec une lame de rasoir. Il offrira le morceau de chair à une prostituée. Gauguin, est arrêté puis aussitôt relâché. Rapidement rétabli, Van Gogh peindra son autoportrait avec son pansement autour de la tête. Pour Paul Gauguin, cette nouvelle crise de folie marque la fin de la collaboration des deux peintres dans leur «atelier du Midi» installé à Arles. Rubrique préparée par Konstantin KRASNOSLOBODTSEV La Russie francophone est un journal édité par l’Association à but non lucratif russe « COMMUNAUTÉ FRANCOPHONE » (ЧСКУ «ФРАНКОЯЗЫЧНОЕ СОДРУЖЕСТВО») Siège social : Bureau 43, 10A bat.2 rue Pionerskaïa, 141074 Région de Moscou, Korolev, Russie Directeur de la rédaction : Boris VINOGRADOV Rédaction : Tatiana POCHERSTNIK, Oscar RASSON, Stephane GAESSLER (Politique), Ishita PUROHIT (Économie), Philippe DELHUMEAU (Culture), Konstantin KRASNOSLOBODTSEV (Événements), Lyubov RAKOVA (Cinéma) Site Internet : Boris VINOGRADOV Annoncer avec La Russie francophone - Augmenter votre visibilité. - Améliorer votre image. - Possibilité d’achat d’annonces en nombre avec tarif dégressif. - Diffusion ciblée de votre annonce Contact : [email protected]