Entre la Russie et la France, il y a la volonté…

Transcription

Entre la Russie et la France, il y a la volonté…
R
www.russiefrancophone.com
La ussie
№ 12 (23
)
Décemb
re
2015
francophone
© reseauinternational.net
Actualités • Culture • Économie • Histoire • Cinéma
© img.gazeta.ru
Entre la Russie et la France,
il y a la volonté…
pages 6-7
LA VIE EN RUSSIE
Suivez l’actualité de
La Russie francophone sur
www.russiefrancophone.com
HISTOIRE
Le Nouvel An
à la Russe : heure
par heure
pages 16-17
L’ambassade de
France à Moscou
pages 12-14
Décembre
2015
Décembre
5
St. Pétersbourg
DANIEL PABOEUF UNITY
AU FESTIVAL SKIF
Un cadeau pour les amateurs de la
musique française : l’Institut français
invite Daniel Paboeuf à Saint-Pétersbourg et à Arkhanguelsk.
À Centre Sergueï Kouriokhine.
Décembre
10
Décembre
Décembre
8
St. Pétersbourg
BARTHES/PHOTOGRAPHIE :
ENTRETIEN ENTRE UN LITTÉRAIRE ET UN PHILOSOPHE
Avec la participation de Sergueï
FOKINE, professeur à l’Université
nationale d’économie, et Denis
SKOPINE, maitre de conférences
à l’Université d’Etat de
Saint-Pétersbourg.
VESNA
Duo franco-russe de
Veronika Bulycheva et
Stéphanie Acquette
La Dame de Canton
(Peniche) Port de la Gare
75013 Paris, M° Bibliothèque
François Mitterrand / Quai de la
gare. Horaire : 20h30
Prévente 10 € / 12 € sur place
Réservation : 01 53 61 08 49.
15
LOULOU, L’INCROYABLE SECRET
Réalisé par Eric Omond, Grégoire
Solotareff
Avec Malik Zidi, Stéphane Debac,
Anaïs Demoustier
Animation, France, 80 min.
Salles de cinéma de Russie.
Décembre
Décembre
Paris
10-24 Moscou
St. Pétersbourg
SOIRÉES DE LECTURES
PHILOSOPHIQUES AVEC DEIS
VIENNET: DESIDERARE. LA
PERTE DE L’ASTRE ET L’OUVERTURE À L’AUTRE. QUESTIONS AUTOUR DE L’ART ET DE
L’AVENIR
En français avec traduction.
Entrée gratuite. 16+
12, Perspective Nevski.
20
Paris
Chœur d’hommes «Chantres
Orthodoxes Russes»
A l’occasion des fêtes de Noël,
concert exceptionnel de chants
orthodoxes russes dans la tradition polyphonique du monastère de la Trinité Saint Serge de
Moscou par le choeur d’hommes
“Chantres Orthodoxes Russes”.
Église St. Loubin
Place Jeanne D’Arc.
Éditorial
L’automne 2015 restera gravé dans
notre mémoire. Les attentats meurtriers
en France, l’avion civil russe abattu par
Daech dans le nord de la péninsule
du Sinaï... Ces actes de barbarie terroriste ont montré qu’aujourd’hui nous
sommes en état de guerre. La guerre
contre la djihadisme mondial. Devant
l’épreuve, les présidents français et
russe appellent à la concorde
internationale et à la création d’une
vaste coalition antiterroriste.
A la une
p. 6-7 Entre la Russie et la France,
il y a la volonté…
Politique
Colloque France-Europe-Russie :
p. 8-10 Schisme ou Réconciliation ?
Impact économique sur
p. 10-11 les relations Russo-Turques.
Histoire
p. 12-14
Dans le cadre de cette coalition un
partenariat militaire entre la Russie et la
France est déjà rétabli.
Pour l’instant il ne s’agit que d’un
rapprochement entre des groupes
navals français et russe en Méditerranée
orientale. D’après certains spécialistes,
cette réconciliation « trouvera
rapidement ses limites », pour cause des
objectifs différents dans la région.
Mais le fait que ce rapprochement
ait lieu prouve qu’entre la Russie et la
France existe une volonté de trouver
une solution commune.
L’ambassade de France à Moscou.
La vie en Russie
Novgorod Le Grand,
Berceau de la Russie.
p. 15
Le Nouvel An à la Russe :
heure par heure.
p. 16-17
p. 18-19 Les trains de banlieue, Kolomna.
Éducation
p. 20-21
De Piatigorsk à Paris
en passant par Moscou.
Le saviez-vous
p. 22
Remerciements :
Sévérine TCHERNYSHOVA
Myhué JONCOUR
Francoise RIGARD
Alain TRANIER
Jean-Pierre LENOTRE
Dominique DUJARDIN
Bien à vous,
Boris VINOGRADOV
Directeur du journal,
[email protected]
Commémorations
en mois de décembre.
L’art de présence
p. 23
Picassomania à Paris.
Cinéma
LA SÉLECTION DU MOIS
p. 24-25 Décembre 2015.
Spécial Jean-Paul BELMONDO.
p. 26 Paris.
Le Monde
francophone
FRANCE
Les attentats du 13
novembre 2015 en France
revendiqués par Daesh.
Au 14 novembre 2015, le
bilan total des victimes fait
état de 130 morts et de 352
blessés, dont 99 en
situation d’urgence absolue.
L’ampleur de l’événement est
telle que le gouvernement
décrète l’état d’urgence
CANADA
Les premiers avions
transportant des réfugiés syriens atterriront
le 10 décembre dans
deux aéroports du pays,
à Toronto et Montréal.
SUISSE
CÔTE D’IVOIRE
Swissgrid, le propriétaire
et exploitant national
du réseau énergétique
suisse, prévient que l’hiver sera «tendu». L’arrêt
des centrales nucléaires
de Beznau I et II et le
recours limité aux importations sont à l’origine de
cette situation.
Le transporteur aérien
Air France-KLM veut
ériger la destination Abidjan en un Hub régional,
capable de transporter
d’ici une décennie les
passagers dans toute
l’Afrique de l’ouest,
a affirmé son PDG,
Alexandre de Juniac.
• 220 millions de locuteurs de français
répartis sur plus de 77 pays et territoires à
travers les 5 continents.
• 29 États souverains reconnaissent dans leur
constitution le français, dont 13 comme
langue officielle unique et 16 comme langue
co-officielle.
BELGIQUE
Le parti Ecolo a réclamé
mercredi des «mesures
exceptionnelles» afin de
compenser les pertes
subies par les opérateurs
culturels à Bruxelles et en
Wallonie dans le contexte
actuel de menace
terroriste.
MONACO
MAROC
A la tribune de la COP 21 le
prince Albert II rappelle les
efforts que Monaco fournit quotidiennement pour
lutter, contre le réchauffement climatique, ainsi que
ses engagements: « Notre
but est de parvenir ainsi
à la neutralité carbone à
l’échéance 2050. »
Le 10 octobre, le ministre de
l’Education nationale
annonçait le retour du
français dans l’enseignement
de quelques matières
scientifiques. Cela avait
provoqué la colère des
islamistes et des
défenseurs de l’arabe.
ALGÉRIE
RENCONTRE NATIONALE
SUR L’INVESTISSEMENT
CULTUREL.
Cette rencontre a réuni
plusieurs acteurs du
secteur culturel et
économique pour
débattre de la situation
de la production
culturelle du pays.
6
© reseauinternational.net/
A la une
Entre la Russie et la France,
il y a la volonté…
Le président français François Hollande s’est rendu
jeudi 26 novembre à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine.
La seconde visite de François Hollande à Moscou en 2015,
intervient dans un contexte très tendu.
L
es relations entre Moscou et Ankara (allié de la France dans le cadre
de l’OTAN) se sont dégradées après
que l’aviation turque a abattu un bombardier russe SU-24.
Lors de leur rencontre, « les dirigeants
français et russe ont discuté des questions
de la menace terroriste, en particulier la
coordination des efforts dans la lutte contre
l’Etat islamique, ainsi qu’une série de questions internationales d’actualité », a annoncé le service de presse du Kremlin.
Après trois heures de discussions en
tête à tête, François Hollande et Vladimir
Poutine n’ont pas montré d’avancées significatives sur le dossier syrien. Durant les
premiers échanges entre les deux hommes,
devant la presse, Poutine a rappelé que les
deux pays ont récemment été frappés par le
terrorisme.
www.russiefrancophone.com
Formulant l’objet de sa visite – « nous devons intensifier nos actions contre le terrorisme de Daech ».
Commentaire de Jacques SAPIR :
« Vous fournissez beaucoup
d’efforts à la création d’une
vaste coalition antiterroriste. La Russie est prête
à une telle coopération …
Nous pensons que cette
coalition est absolument
nécessaire »,
Vladimir Poutine
Président de la Russie.
... Lors de la réunion qui s’est tenue à
Moscou entre le Président russe et le Président français, un accord a semble-t-il été
trouvé pour que l’aviation russe suspende
ses raids contre des groupes d’opposition
syriens à la condition que ces derniers
groupes se joignent aux attaques du gouvernement syrien contre DAESH. Ce point est
de la plus haute importance. Il impliquerait
qu’une trêve de fait soit en vigueur entre les
troupes du gouvernement syrien et certains
de ses opposants pour que les deux parties
puissent concentrer leurs efforts contre
DAESH.
A la une
Ceci est à mettre en perspective avec la réunion d’une conférence qui doit se tenir en
décembre à Moscou entre le gouvernement syrien et l’opposition, pour discuter d’une issue
politique à la crise. On notera alors :
•
Que la Russie s’impose de plus en plus
comme un acteur incontournable et
même décisif dans un possible règlement de la guerre civile syrienne. Cette
conférence, si elle se tient, aura des effets bien plus importants sur le terrain
que la conférence de Vienne. La Russie
détient aujourd’hui une partie des clefs
de l’avenir de la Syrie, que cet avenir
passe, ou ne passe pas, par Bachar
El-Assad.
• Que la diplomatie française a été obligée de faire un nouveau « rétropédalage
» en reconnaissant que la France pourrait coopérer avec l’armée syrienne (i.e.
celle de Bachar) dans la lutte contre
DAESH. De fait, la France se trouve
dans une position de plus en plus inconfortable entre les Etats-Unis et la
Russie, et la position personnelle de
Laurent Fabius apparaît de plus en plus
fragile au sein du gouvernement.
On assiste donc à un retour aux réalités en
ce qui concerne les relations entre la France et
la Russie. Ce retour, François Hollande a cherché à le présenter sur un ton personnel lors
de la réunion du 26 novembre. Ce fut pour ce
faire rappeler, par Vladimir Poutine, que si la
sympathie n’est pas nécessairement à exclure,
les relations se situent de Président à Président.
Et l’on a bien le sentiment que c’est la France
qui a fait la plus grosse partie du chemin. Ce
retour aux réalités est à souligner. Mais, il indique aussi l’importance de ce qui a été perdu
par une politique stérile d’opposition à la Russie depuis 2014.
Source : www.russeurope.hypotheses.org
7
Lancement
des
Soyouz
Rapprochement
depuis le Centre spatial
militaire
guyanais
franco-russe
Les ministères de la défense russe et français n’avaient
plus de contact direct depuis le début de la crise
ukrainienne, au printemps 2014. Mais après les
attentats du 13 novembre, le président français prône
une « coalition élargie et unique » contre le groupe
Etat islamique (EI) en Syrie,.
C’est le début de rapprochement avec la Russie qui a
décidé d’intensifier ses frappes en Syrie en raison du
crash d’un Airbus russe en Egypte à la fin d’octobre,
considéré comme un attentat par Moscou.
Des bombardiers stratégiques russes ont ainsi pour la
première fois frappé des positions de l’EI en Syrie,
où Moscou mène depuis le 30 septembre
une campagne de frappes aériennes.
Plusieurs éléments esquissent ce rapprochement. Les
frappes aériennes coordonnées sur Raqqa par des
chasseurs français (Mirage 2000 et Rafale) et par des
missiles de croisière Kralibr russe depuis la Caspienne
dessineraient une coopération militaire poussée.
Grâce au rapprochement entre Paris et Moscou, la
France semble capable d’établir une nouvelle fois une
passerelle entre les Etats-Unis et la Russie, entre l’Iran
et les monarchies sunnites, entre les démocraties européennes et les régimes autoritaires du Moyen-Orient.
« Je pense que nous devons
éviter qu’il y ait d’autres
murs qui viennent nous
séparer. A un moment, il
faut aussi être capable de
dépasser les obstacles et de
trouver des solutions.»
François Hollande
Président de la France.
www.russiefrancophone.com
Politique
COLLOQUE
FRANCE
EUROPE
RUSSIE :
Julia
SIMON
8
SCHISME OU
RÉCONCILIATION ?
C’est moins de deux semaines après le crash du vol A321 dans
le Sinaï égyptien et la veille des attentats de Paris, que s’est tenu
le 12 novembre 2015 au Palais du Luxembourg le colloque
« France-Europe-Russie : schisme ou réconciliation ? ».
C
ette journée de grande qualité organisée en partenariat avec l’Observatoire franco-russe, l’Iris, l’Institut Jean Lecanuet et le groupe sénatorial
d’amitié France-Russie avait pour objectif de
dresser le bilan des relations entre l’Europe et
la Russie, deux ans après le début de la crise
ukrainienne.
La journée était articulée autour
de trois tables rondes.
•
« Europe-Russie : quel avenir ? »
•
« Ukraine, Syrie, Iran, climat,
migrations. Regards croisés
franco-russes sur les grands défis
du monde de 2015 »
•
« Où en est la relation franco-russe ? »
Le colloque a réuni d’éminentes personnalités russes et françaises issues des sphères de
l’expertise, des institutions publiques, de la
diplomatie ou encore de l’économie. Face à
la montée du « manichéisme » (A. Dubien),
cet événement a mis en lumière des positions pragmatiques visant à comprendre la
situation actuelle sans chercher à désigner de
coupables, et à promouvoir la reprise du dialogue avec la Russie tant à l’échelle nationale
qu’au niveau de l’Union Européenne.
1
L’état des relations : grands malentendus
et antagonisme croissant
« Être lucide » : un bilan inquiétant
L’analyse des experts est unanime : les relations entre l’Europe et la Russie ont profondément été mises à mal depuis le début
de la crise ukrainienne. La confiance a été
brisée et un fort sentiment de défiance s’est
imposé entre le Vieux Continent et Moscou.
« Le spectre de la guerre froide resurgit »
www.russiefrancophone.com
(J.Bizet) alors même que les mécanismes
de dialogue en place à l’époque sont inexistants aujourd’hui. Comme l’ont souligné de
nombreux intervenants, les fondements de la
crise que l’on connaît depuis 2013 remontent
à bien des années auparavant.
Des torts partagés à la source de la crise actuelle, a été conçu
avec maladresse. Il a été considéré comme
une menace pour la Russie qui souhaite préserver sa zone d’influence. François Loncle
reconnaît que « placer l’Ukraine devant une
alternative était une erreur ; l’Ukraine aurait
pu être un pont entre l’Europe et la Russie ».
Favoriser le dialogue
Des conséquences néfastes pour
les deux pays
Dans l’état actuel des relations avec la Russie, « personne n’est gagnant » (I. Ivanov).
Plusieurs participants se sont largement positionnés contre le système de sanctions imposé par l’Union Européenne à la Russie. Si
l’économie russe a été touchée par la crise,
la politique de sanctions et l’embargo mis
en place par le Kremlin ont également des
conséquences importantes pour les économies européennes.
Les échanges entre la France et la Russie
ont chuté de 50% cette année. La France est
particulièrement sensible à l’évolution des
relations avec Moscou. Gilles Rémy rappelle que les Mistral représentaient le plus
gros contrat jamais conclu entre Paris et la
Russie. Ce contrat était d’une importance
capitale puisque le secteur de la défense
implique une grande confiance. La reprise
des relations bilatérales au sein du CEFIC
(Conseil Economique, Financier et Commercial franco-russe) en janvier 2016 est
donc très attendue. Mais comme le souligne
Alexandre Orlov, ambassadeur de Russie en
France, « le souvenir des sanctions persistera
longtemps » ; Européens et Russes risquent
de perdre l’habitude de travailler ensemble.
La Russie est indéniablement un
pays qui compte. Il est nécessaire
de rétablir le dialogue avec elle.
Pour cela, les participants au colloque ont largement recommandé
de développer les contacts entre
les cercles d’influence russes et
européens. L’idée de la création
d’un pendant européen au club de
Valdaï a été suggérée. D’une autre
façon, il faut favoriser la mobilité
des jeunes et mettre en place plus
d’échanges universitaires. Un système de bourse pourrait être créé
pour faciliter ces échanges.
Depuis la chute de l’URSS, nous n’avons
pas connu de réunification du continent européen. Il s’agit bien là d’ « un gâchis, d’une
occasion ratée » (A. Dubien). « La relation
avec la Russie est bien moins gérée depuis
25 ans que dans les vingt dernières années
de la guerre froide » (H. Védrine). D’un côté
comme de l’autre, des erreurs ont été commises. L’expansion de l’Otan à l’est et le soutien des Européens aux révolutions de couleurs ont par exemple fortement influencé les
actions de la Russie. Le partenariat oriental,
Politique
Participants du Colloque
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Pascal Boniface, directeur de l’Institut de
relations internationales et stratégiques
(IRIS)
Arnaud Dubien, directeur de
l’Observatoire franco-russe
Jean Bizet, sénateur de la Manche,
président de la commission des affaires
européennes du Sénat
Igor Ivanov, ancien ministre, ex-secrétaire
du Conseil de sécurité nationale de la
Fédération de Russie, président du Conseil
russe pour les affaires internationales.
Enrico Letta, ancien président du Conseil
italien, doyen de l’Ecole des affaires internationales de Sciences-Po (PSIA)
Florence Mangin, directrice de l’Europe
continentale au ministère des Affaires
étrangères et du Développement
international
Simon Sutour, sénateur du Gard
Hubert Védrine, ancien ministre,
fondateur et associé de Hubert Védrine
Conseil
François Loncle, ancien ministre,
député de l’Eure
Fiodor Loukianov, président du Conseil de
politique étrangère et de défense (SVOP),
rédacteur en chef de Russia in Global
Affairs
Vitali Naoumkine, directeur de l’Institut
d’études orientales de l’Académie
des sciences de Russie
Alain Richard, ancien ministre, sénateur
du Val-d’Oise
Justin Vaïsse, directeur du Centre
d’analyse, de prévision et de stratégie au
ministère des Affaires étrangères et du
Développement international
Alexandre Orlov, ambassadeur de Russie
en France
Gilles Rémy, président-directeur général
de CIFAL Groupe
Jean-Pierre Chevènement, ancien
ministre, envoyé spécial de la France
pour la Russie
Gérard Longuet, ancien ministre, sénateur
de la Meuse, président du groupe sénatorial d’amitié France-Russie.
Anne Blondy-Touret, direction générale
du trésor
Isabelle Tempestini, ministère des Affaires
étrangères et du Développement international, cadre d’orient.
9
Redéfinir les relations
UE doit se rendre crédible en
définissant les bases de ses relations avec la Russie (H. Védrine).
Il ne faut pas l’exclure des programmes européens. Elle doit être
au contraire partie intégrante de
ses projets.
Une fois la crise passée, il est possible que
d’autres partenaires aient déjà pris la place
des Occidentaux dans les échanges commerciaux.
Des destins qui s’éloignent
Les partenariats que l’on a essayé de mettre
en place à partir de la fin de la guerre froide
n’ont produit que de modestes résultats. Aujourd’hui, l’Europe et la Russie présentent
des « systèmes de valeurs différents » (A.
Richard) qui les poussent à prendre des chemins distincts. Il faut se résoudre à abandonner l’idée d’une « Grande Europe » (I. Ivanov et F. Loukianov). Les représentations et
opinions des populations sont mauvaises. De
plus, comme l’a souligné Andreï Kortounov,
la France et la Russie « ont cessé de représenter une priorité l’un pour l’autre depuis
10 ans ». La relation entre Paris et Moscou
pourrait même être représentée par l’image
de « deux voisins vivant dans le même immeuble à un étage différent » et dont les interactions se limitent à prendre le même ascenseur sans partager de réel intérêt stratégique.
Malgré ce bilan, tous l’ont souligné, l’Europe et la Russie ont un intérêt réciproque à
coopérer.
La culture au coeur : profiter de
l’année croisée France/Russie
Les liens entre la France et la Russie
ne sont pas totalement rompus. Des
initiatives sont encore en marche
notamment dans le domaine de la
culture. La culture russe est l’une
des plus rayonnantes au monde.
Multiplier les échanges franco-russes dans ce domaine ne peut
que favoriser la reprise de bonnes
relations. Il faut saisir les opportunités que va offrir l’année croisée du
tourisme et du patrimoine national
France-Russie.
2
Relancer les relations France/Russie : une
urgente nécessité
La Russie : un acteur incontournable des
relations internationales
En dépit des désaccords, les événements
montrent que l’Europe a toujours besoin de
la Russie qui est un « acteur incontournable »
des relations internationales. La crise ukrainienne n’a pas empêché de travailler ensemble
afin d’aboutir à un Accord sur le nucléaire
iranien. Par ailleurs, il faut compter sur la
Russie qui a un rôle déterminant concernant
la question syrienne. Au sein des institutions
internationales, il est nécessaire de débattre
avec Moscou dans l’optique de la désignation
du prochain secrétaire général des Nations
Unies mais aussi pour « redonner de l’énergie au G20 » (E. Letta). Enfin, l’Europe et la
Russie ont également tout à gagner à travailler
ensemble pour la reconstruction et la stabilité
de l’Ukraine. Il est impossible d’écarter Moscou des débats.
Faire évoluer le régime des visas
Il faut faciliter la procédure des
visas et tendre petit à petit vers
leur suppression notamment pour
les séjours touristiques courts.
On pourrait d’abord commencer
par accélérer la procédure en 48
heures. La législation qui encadre la délivrance des visas peut
évoluer très rapidement si l’on s’en
donne les moyens. Plus les Russes
viendront en Europe, plus un rapprochement sur les valeurs sera
possible (S. Sutour).
Lutter ensemble contre les menaces
émergentes
L’urgence à relancer les relations avec la Russie réside en priorité dans la nécessité de lutter
ensemble contre les menaces émergentes. En
dépit des désaccords, des champs d’initiatives
communes sont possibles concernant notamment le climat, la question de l’Arctique, la
gouvernance mondiale et surtout la Syrie. La
France et la Russie ont des intérêts communs
au Moyen-Orient : protection des minorités
religieuses et intégrité territoriale de la Syrie.
Elles ont aussi un ennemi commun, Daech.
Face à la montée de la menace terroriste et au
départ de citoyens russes et français pour le
djihad, il est indispensable pour les deux pays
d’agir ensemble.
Des opportunités économiques
à saisir
Des partenariats importants peuvent être
tissés avec la Russie. L’Europe ne doit pas
passer à côté de la proposition russe de créer
un cadre de coopération entre l’Union Européenne et l’Union Economique Eurasiatique
(UEE). Il est nécessaire d’avoir une réflexion
de long-terme.
www.russiefrancophone.com
Politique
Il est nécessaire d’avoir une réflexion de
long-terme.
Une telle coopération serait l’occasion
d’ « éviter la mise en place de deux blocs
concurrents » (F. Mangin). Engager des négociations commerciales avec l’UEE pourrait participer à la construction d’un pont
entre l’Europe et l’Asie. Individuellement,
la France ne peut qu’être bénéficiaire de la
reprise de bonnes relations avec Moscou. Il
faut rappeler qu’en 2014 encore, Paris était le
1er investisseur en Russie.
Il est donc temps d’aller vers une « coopération substantielle » (F. Loncle). Alors,
comment remédier à l’incompréhension
réciproque pour se diriger vers un véritable
partenariat ? (voir les encadrés pour les recommandations).
10
Conforter la présence
économique française en Russie
Pavel Chinsky, directeur général
de la Chambre de commerce et
d’industrie franco-russe appelle
les industries françaises à rester en Russie et à y reprendre
leurs activités dès que cela sera
possible. La création de sociétés
mixtes est également recommandée. Dans le même temps, il est
nécessaire d’engager des négociations commerciales avec l’UEE.
Conclusion
Les relations franco-russes représentent
un « laboratoire pour l’Europe dans son ensemble » (A. Kortounov). Les intervenants
présents lors de ce colloque ont donc unanimement appelé à une reprise rapide du dialogue entre Paris et Moscou.
Les événements tragiques qui se sont produits à Paris le 13 novembre imposent désormais de réévaluer la situation. Il est en
effet plus que jamais nécessaire de travailler à la reconstruction des relations franco-russes alors que les attaques terroristes
ont déjà marqué un rapprochement entre les
deux pays. Cette reconstruction prendra du
temps, les cicatrices sont profondes mais la
France, l’Europe et la Russie ne peuvent rester plus longtemps dans cette impasse.
© img.over-blog-kiwi.com
Impact économique
sur les relations
Russo-Turques
Jacques
SAPIR
L’incident entre la Russie et la Turquie, qui a abouti à
la destruction d’un appareil de type SU-24 de l’aviation russe en
Syrie après le tir d’un missile depuis un F-16 de l’aviation turque
aura certainement des conséquences diplomatiques profondes.
M
ais, c’est avant tout dans le domaine économique que ces répercussions pourraient être les
plus significatives et entraîner causer des
problèmes à l’économie turque.
Etat des lieux
Avant cet incident, la Russie et la Turquie étaient liées par de nombreux contrats
commerciaux. La Russie approvisionne
la Turquie en gaz (gazoduc Blue Stream)
et avait le projet de développer le gazoduc
Turkish Stream dans les prochaines années.
Un contrat pour la construction d’une centrale nucléaire a par ailleurs été signé entre
les deux pays. Les entreprises turques sont
très actives en Russie, que ce soit dans le domaine du commerce et du bâtiment (BTP).
Les entreprises turques ont réalisé de nomwww.russiefrancophone.com
4,38
millions de touristes
russes ont visité
la Turquie en 2014.
breuses constructions dans les grandes
villes de la Russie. Par ailleurs, ces flux de
commerce ne concernent pas seulement les
biens. Le commerce des services est aussi
très développé.
Ici, il faut signaler que le tourisme russe
est très développé en Turquie, en particulier
sur la côte. On a estimé à plus de 2 millions
de touristes le nombre des touristes russes
en Turquie. C’est essentiellement sur ce
point que des mesures de rétorsion de la
part de Russie pourraient rapidement déséquilibrer l’économie turque.
Impact sur la balance commerciale
Les flux de revenus engendrés par les activités touristiques sont comptabilisés dans
la balance des services en ce qui concerne
la balance commerciale. Le tourisme russe
en Turquie est considéré, du point de vue
de la balance commerciale de la Russie
comme une « importation » de services (car
de l’argent russe sort de Russie pour être
dépensé à l’étranger). Sur l’année 2014, on
constate les flux suivant (en millions de dollars des Etats-Unis) :
Politique
11
Manifestation anti-russe à Istanbul.
On constate la forte saisonnalité par trimestre de ce flux. Cela traduit bien les mouvements induits par le tourisme. On peut
alors estimer autour des deux tiers les montants directement liés au tourisme, ce qui
représenterait environ 6,4 milliards de dollars US. Si l’on suppose que le tourisme russe
en Turquie sera réduit de 80% en 2016, cela
implique une réduction des « importations
» vis-à-vis de la Turquie d’environ 5,13 milliards de dollars. Le déficit commercial de la
Russie vis-à-vis de la Turquie passerait alors
de 6,759 milliards de dollars à 1,63 milliards
de dollars.
Impact sur la Turquie
Que représenterait cette disparition de 5,3
milliards de dollars pour l’économie turque
? En réalité, chaque dollar dépensé par un
touriste étranger en Turquie implique des
consommations intermédiaires importantes, qu’il s’agisse de la nourriture, du
transport, de l’entretien des logements…Il y
a donc un coefficient multiplicateur entre la
dépense nette des touristes et l’ensemble de
la dépense dans l’économie turque. Ce multiplicateur est estimé entre 1,4 et 1,6 dans le
cours terme (probablement plus, autour de 2
dans le long terme).
L’impact sur le PIB de la Turquie pourrait
alors être estimé entre 7,2 et 8,2 milliards
de dollars. Rapporté au PIB de ce pays,
qui est estimé à 800 milliards de dollars en
2014, cela impliquerait une perte de 1% du
PIB. Cela peut paraître insignifiant. Mais,
une perte du PIB de 1% concentrée dans le
secteur des services et régionalement aussi
très concentrée (la côte), combinée à la perte
de la recette en devise, pourrait avoir des
conséquences importantes sur l’économie
turque.
Impact sur la Russie
La balance commerciale pour le secteur
des services fait apparaître en 2014 un déficit de 55,2 milliards de dollars pour la Russie, déficit qui est plus que compensé par
un excédent dans le domaine des biens. La
Turquie représente la plus grande source à
la fois des importations de service et de ce
déficit.
Deux pays apparaissent ici comme importants du fait des flux de tourisme, la Turquie et l’Egypte, auxquels il faut ajouter bien
entendu la France, Chypre et la Thaïlande. Si
7,2
milliards de dollars
L’impact estimé sur le PIB
de la Turquie.
l’on estime une forte réduction du tourisme
en Egypte du fait de la crainte d’attentats et
en Turquie, pour des raisons politiques, c’est
probablement un total de 7,5 milliards de
dollars qui sera en cause, dont entre 50% et
75% pourraient revenir vers l’industrie touristique russe.
Non seulement on aurait alors un impact
non négligeable sur l’économie turque, mais
on pourrait s’attendre à un fort développement de l’industrie touristique en Russie,
avec un effet sur le PIB de probablement
+0,6% à +0,8%.
Il n‘est pas dit que les mesures de rétorsions du gouvernement russe seront limitées
au seul tourisme. Elles pourraient, aussi,
toucher les activités dans lesquelles les entreprises turques sont très actives, comme
le bâtiment. La Turquie peut donc s’attendre
à une perte direct et indirect d’au moins 8
milliards de dollars, et peut-être 10 milliards, pour 2016.
Le Ca
Jacque r net de
sS
Russie apir sur la
et l’Eu
rope
Jacques Sapir
Ses travaux de chercheur se sont
orientés dans trois dimensions,
l’étude de l’économie russe et de
la transition, l’analyse des crises
financières et des recherches théoriques sur les institutions économiques et les interactions entre
les comportements individuels. Il
a poursuivi ses recherches à partir
de 2000 sur les interactions entre
les régimes de change, la structuration des systèmes financiers et
les instabilités macroéconomiques.
Depuis 2007 il s’est impliqué dans
l’analyse de la crise financière actuelle, et en particulier dans la crise
de la zone Euro.
http://russeurope.hypotheses.org/
Histoire
12
L’ambassade de
France à Moscou
Nadejda
SAZANOVITCH
Savez-vous où se trouve l’ambassade de France à Moscou ?
Je ne veux pas vous donner l’adresse que vous trouverez sans souci
sur Internet. L’histoire de ce bâtiment est plus intéressante
grâce aux mystères auxquels il se lie.
M
onsieur Igoumnov, le marchand
moscovite, en bâtissant sa maison dans un arrondissement
de Zamoskvoretche qui a été favori de ses
homologues russes et étrangers, n’a jamais
pu supposer que sa maison serait visitée par
les savants brésiliens et les médecins et, finalement, deviendrait un des locaux des
ambassadeurs français. La maison qui a été
construite à la mode de la fin de XIXème
siècle présente en elle-même le propre style
moderne de l’architecture russe, elle est telle
ressemblante au terem rouge où les actualités internationales se passent, où sa propre
vie bat son plein, la vie française à Moscou.
www.russiefrancophone.com
La maison dans la rue Bolshaya Yakimanka est devenue l’ambassade de France en
1938. Mais jusqu’à ce temps-là cela avait été
l’Institut d’étude du cerveau où les savants
russes avaient étudié le cerveau de Vladimir
Lénine après sa mort. Quand le pouvoir soviétique a tâché d’améliorer les relations internationales avec les Occidentaux, les diplomates français ont hérité de cet édifice plein
de mystères et d’histoires colorées.
Avant la mysticité d’intérieur il ne faut
pas ignorer son premier propriétaire Nikolaï
Vassilietvitch Igoumnov. Etant le directeur
et possesseur de la Grande Manufacture à
Yaroslavl, en 1888 il a présenté une demande
sur la construction de la nouvelle maison en
pierre à Moscou. Comme architecte il a choisi Nikolaï Pozdeev, un jeune homme doué de
talant, ambitieux et vice-architecte urbain.
Il avait 33 ans et le « terem rouge » a été son
dernier chef-d’œuvre.
En ayant foulé tous les couloirs bureaucratiques et visité tous les cabinets des fonctionnaires Nikolaï Igoumnov a obtenu la permission désirée. Donc en 1895 le palais dans le
style pseudo-russe a été bâti sur le lieu de la
petite maison en bois de Nikolaï Loukianov,
un commerçant de la deuxième guilde. Cette
petite maison médiocre a été érigée après le
feu napoléonien en 1812.
Histoire
13
Particularités d’architecture
Pour cette maison on a choisi le style pseudo-russe qui était populaire en 1880-1890 et
qui prenait l’inspiration des terems russes en
pierre, le plus célèbre - le palais de XVIIème
siècle du tsar Alexis Ier Mikhaïlovitch dans
Kolomenskoïe. Les éléments du décor ont
aussi été pris de l’architecture de cathédrale
(la cathédrale Basile-le-Bienheureux et les
églises d’Yaroslavl).
Le « terem » d’Igoumnov abonde en grande
quantité de détails décoratifs : les arcs ornés
Nikolaï Pozdeev
Né au gouvernement de Kalouga,
Nikolaï Pozdeev avait appris la
peinture, la sculpture et
l’architecture à l’Ecole de Moscou et,
ensuite, avait terminé l’Académie
impériale des beaux-arts. A la sortie
de l’Académie il avait commencé à
gagner sa carrière dans sa petite
patrie, à Iaroslavl.
Mais il y a 30 ans elle avait été vendue pour
140 roubles au couple d’Igoumnov et ses
enfants. À cette époque-là cette époque-là
c’était une grosse somme ! Néanmoins tout
le renouvellement principal n’a commencé
qu’en temps des héritiers d’Igoumnov.
Outre l’argent qui a été dépensé sur l’achat
grandiose, le nouveau propriétaire voulait attacher l’emphase du processus de la construction : les briques envoyées des Pays-Bas et les
carreaux multicolores à décorer fabriqués à
l’usine célèbre de Kouznetsov.
Tout d’un coup la maison est devenue
«merveille-terem » ou, comme elle a été aussi
nommée, « baguier-maison ». Naturellement
il s’attirait l’attention dont M. Igoumnov a
justement eu besoin. Comment peut-on encore recevoir une publicité gratuite à Moscou, si on s’occupe du business ?
La maison s’est vraiment faite remarquer pour sa beauté architecturale. On a dit
qu’Igoumnov a dépensé 1 million de roubles.
Mais, malheureusement, la maison se situait
dans une rue perdue et « mauvaise » où les
bâtiments adjacents gâtaient l’impression.
Monsieur Varentsov, un commerçant
contemporain, se souvenait : « J’ai visité cette
maison et posé la question à Nikolaï pourquoi
il avait eu l’idée de l’édifier dans telle place
ratée ? Il se trouve qu’il voulait immortaliser
cette place où il était né et avait grandi...».
de clef pendante, les fausses colonnes, les incorporations céramiques, la combinaison de
briques et pierre, les pentes variées du toit.
En dehors de la céramique on peut voir les
éléments de sculpture sur bois et sur pierre
blanche, le forgeage, les pièces de fonderie, la
peinture sur les voûtes, les éléments du briquetage façonné. La décoration de l’intérieur
est européenne sauf la salle « à la russe » avec
un grand escalier.
Quand l’ambassade de France s’y est installée, la maison a étonné les architectes venus de France. L’un d’eux a écrit : « Cette édifice est unique dans son genre. Il s’oppose à nos
idées habituelles par son caractère. Malgré
cela elle doit être appréciée à sa juste valeur...
et il est impossible de trouver le bon moyen
pour la refaire parce que tel résultat paraîtra
amusant et stupide si on intervient dans l’ancienne apparence ».
La restauration s’est passée avec succès. Les
architectes et les stylistes ont restauré non
seulement l’ancien luxe, mais aussi ils ont
ajouté le chic particulier français aux salles
du « terem ».
1 l’ordre composite - une continuation des trois ordres grecs ordre
ionique, ordre dorique, ordre corinthien.
2 l’enfilade - c’est-à-dire des pièces alignées entre deux murs ;
lorsqu’elles communiquent entre elles, sans couloir, leurs portes
placées sur le même axe sont dites portes d’enfilade.
La Grande salle de séjour est ensoleillée
grâce aux 5 fenêtres installées aux portes
voûtées profondes. Le long des murs ivoire
les pilastres avec les chapiteaux splendides
dans l’ordre composite 1 se sont placés : ils se
rencontrent, alors se séparent. Sous Louis XV
on étirait la soie lyonnaise ornée de broderie
ou images dans les portes voûtées. Quelque
temps après on a commencé à y placer les
tableaux ou à couvrir entièrement ces niches
de tapisseries. Dans la Grande salle de séjour deux énormes tapisseries flamandes
du XVIIème siècle, en présentant les scènes
allégoriques, sont suspendues. Les meubles
correspondent aussi à ce style, surtout l’ensemble bleu-doré.
L’antichambre et la Grande salle de séjour
forment le début de l’enfilade 2 qui se transforme en Petite salle de séjour et en Petite
salle à manger. Une telle idée originale de
la partie intérieure principale y dominait, à
l’exception de la Petite salle à manger qui est
devenue la salle de réunion.
Le décors de la Petite salle de séjour était
ressemblant au « au style Louis XV » qui, un
peu modernisé, s’appliquait à l’intérieur à la
fin du XIXème siècle. Et ce style se distinguait d’autre intérieurs des pièces au premier
étage. On y voit une autre époque – le temps
du moderne.
Au-dessus de la Grande salle à manger les
voûtes puissantes s’élevaient. C’est fort probable qu’on ait choisi des motifs russes du
XVIIème siècle pour les colorier.
Les mythes et légendes du « terem ».
La maison d’Igoumnov était toujours
entourée de légendes sombres. Tout a commencé par la critique agressive des collègues
moscovites quand Nikolaï Igoumnov a été
déçu par l’architecture et n’a pas payé l’argent
promis pour l’excès du devis.
L’architecte V. Stassov a sardoniquement écrit sur la maison : « Comme vous voulez : voilà 5 archines de « le classicisme grec »,
oh, mais non - c’est trois-quart de la Renaissance italienne. Ou une tranche du roman,
six zolotniks de la gothique et tout le poud du
russe ».
Quant à Pozdeev, il n’a pas survécu au
déshonneur et s’est suicidé...
www.russiefrancophone.com
Histoire
14
Yakimanka
Les quartiers de Zamoskvoretche se
sont construites au sud de la colline
de Kremlin desquelles les terres
avaient été occupées par les potagers du tsar. Depuis le XIVème siècle
la route au Khanat Tatar s’y passait,
aujourd’hui le nom de la rue
Bolchaïa Ordynka – porte le souvenir
de la domination de la Horde d’or en
Russie. Vers le XIXème siècle
Zamoskvoretche tranquille est
devenu la place favorable pour les
logements des marchands
moscovites.
D’ailleurs Igoumnov et Pozdeev n’ont pas
été les premiers qui se sont moqués de l’ancienne architecture de la capitale. L’histoire
moscovite connait Arseniï Morozov et sa
maison marrante de style portugais dans la
rue Vozdvizhenka. Il y a des rumeurs que
sa mère lui a dit : « Autrefois c’était moi qui
savait que tu étais un imbécile, maintenant
tout le Moscou le sait ». Leon Tolstoï a qualifié cette maison de « maison stupide » et
« palais pour un imbécile » dans son ouvrage
«Dimanche». Comme en ce-temps-là, comme
et aujourd’hui, les nouvelles constructions
portant quelques nouveautés provoquent les
moqueries et la critique des contemporains
(la maison d´Igoumnov dans Yakimanka
n’est pas l’exception).
La légende connue de ce « terem » raconte
que le marchand y a donné une chambre à sa
bien-aimée qui était danseuse, mais quand il
l’a convaincue de l’infidélité, cette malheureuse, elle a été murée par Igoumnov, luimême, qui n’hésitait pas une minute. Depuis
cet incident affreux le fantôme de « la femme
en blanc » vague soi-disant dans les salles, en
dérangeant les habitants.
Selon cette légende le marchand a cédé
cette petite maison avec le fantôme à sa
femme entretenue. Après cela il, lui-même,
demeurait Yaroslavl et parfois faisait les visites à Moscou. D’habitude il a informé sa
dame de son cœur de son arrivée par un
domestique. Mais un jour il est arrivé sans
la prévenir et il a vu son amante être embarrassée par le cornette... Le maître a mis
le cornette dehors de la maison et sa femme
infidèle a disparu sans laisser de traces.
Il y a une autre légende selon laquelle
c’était un chauffeur de four qui était coupable. Il s’est soi-disant mis à séduire la fille
du marchand, c’est pourquoi il a été chassé
dehors pour toujours. A vrai dire, ce n’est pas
la fin. On assure qu’avant de quitter le chauffeur offensé a rempli en secret les cheminées
de puisois d’argile. Finalement, quand on a
fait du feu dans les fours, les cheminées et les
murs du «terem-palais» rendaient des sons
www.russiefrancophone.com
effrayants (surtout la nuit) dont le maître
souffrait.
Un autre mythe raconte que un jour Igoumnov a décidé d’étonner ses hôtes et il a demandé d’incruster le plancher de monnaies
d’or dans une salle principale. C’était le bal
en 1901. En dansant, naturellement, les hôtes
foulaient les monnaies sur lesquelles le profil
de l’empereur a été martelé. A Saint-Pétersbourg l’empereur l’a entendu et il a considéré ce bal comme affront de son honneur. Le
colère de L’empereur est tombé sur le marchand Igoumnov qui a été forcé de quitter
Moscou et aller dans son logement du Sud.
Ensuit la Révolution a éclaté. Après l’histoire sur le bal et des tchervonets il a été déporté de Moscou en Abkhazie. En s’y étant
adopté le marchand disgracié a pris pour
rien 6 milles de déciatines des marais locaux
et a commencé sa nouvelle vie. Il a invité
les pêcheurs du Don et a ouvert la première
conserverie sur la côte de la mer Noire. Il y
a amené des eucalyptus et cyprès de marais
qui ont vite absorbé l’humidité des sols locaux. On a livré du tchernoziom3 du Kouban, du bétail de race d’Yaroslavl, le marchand s’est aussi occupé du jardinage. Grâce
à son grand zèle dans cette terre il sont apparues les plantations de mango, kiwi et tabacs
et l’entreprise « Bambou d’Abkhazie » s’est
mis à fonctionner, et ces années-là les allées
de cyprès ont été plantées.
Après la Révolution Nikolaï Vassilievitch
a refusé d’émigrer en France.
Il a de plein gré légué ce Bien à l’Etat et est
devenu agronome à son sovkhoze 4 de agrumes de la Troisième Internationale auquel
son domaine d’exil s’était transformé.
Nikolaï Vassilievitch est mort en 1924, il a
été enterré modestement et on y a planté ses
cyprès bien-aimés.
3 Les terres noires
4 Une ferme d’Etat
Nikolaï Igoumnov
Le marchand Igoumnov faisait
partie des gens très riches. Depuis lors on peut voir ses initiales
« ИНВ » – Игумнов Николай
Васильевич (Igoumnov Nikolaï Vassilievitch) – sur la carte satellite de
l’Abkhazie dans le village Alakhadzie.
Ces initiales se sont formés grâce à
la disposition des allées de cyprès
qui avaient plantées il y a 100 ans.
Nikolaï Vassilievitch était non seulement un copropriétaire de la Grande
manufacture à Yaroslavl, mais aussi il
avait des mines d’or en Sibérie.
La vie en Russie
15
NOVGOROD-LE-GRAND
BERCEAU DE LA RUSSIE
Julia
SIMON
Première capitale russe au IXème siècle, Novgorod-le-Grand
mérite bien autant que Kiev le surnom de berceau de la Russie.
Aux origines de la Russie moderne
S
ur la route qui relie Moscou et
Saint-Pétersbourg, à quelques kilomètres du lac Ilmen s’élève Novgorod-le-Grand, la ville la plus ancienne de
Russie. Il faut remonter à l’an 859 pour trouver la première mention de la cité dans une
chronique locale. En cela, le nom de Novgorod, « nouvelle ville », semble aujourd’hui
paradoxal tant la ville est devenue le symbole
de l’ancienneté et du passé historique de la
Russie.
Novgorod a grandement participé à la formation et à la consolidation de l’Etat russe. En
862, le prince varègue (scandinave) Riourik,
fondateur de la dynastie des Riourikovitchi,
devient le premier monarque de Russie et fait
de Novgorod sa capitale. Si Oleg le Sage, héritier de Riourik, décide de transférer le pouvoir à Kiev en 882, Novgorod restera pendant
longtemps la deuxième cité de l’Etat. Plus
tard, sous le règne de Iaroslav le Sage, Novgorod prouve de nouveau toute son importance
et devient même à cette période le berceau
de la démocratie russe. C’est dans cette cité
que le prince adopte en 1016 le premier code
légal du pays présenté dans un document
intitulé « Droit russe » ou « Rousskaïa Pravda ». Iaroslav a également fait de Novgorod le
plus ancien centre d’enseignement en Russie
puisqu’il fonde en 1034 une école pouvant accueillir jusqu’à trois cents garçons. Novgorod
est donc bel et bien à la source de la fondation
de la Russie moderne. En 1136, la cité fait par
ailleurs un pas de plus vers la démocratie en
devenant une république autonome gouvernée par une assemblée des citadins appelée
« vetché ».
Naissance du rouble et du kopeck
Novgorod, véritable carrefour commercial
entre la mer Baltique et l’Empire Byzantin,
pont entre l’Asie et l’Europe, a également
laissé son empreinte sur la culture et l’économie du pays. Le nom de la monnaie russe « rouble » tient en effet son origine de cette
ville. Du fait des échanges économiques importants entre Novgorod et des pays étrangers, les novgorodiens ne possédaient pas
leur propre monnaie ; ils préféraient utiliser
les monnaies étrangères acceptées au poids.
Si cela était nécessaire, ces pièces étaient
coupées pour les transformer ensuite en lingots qui reçurent le nom de rouble, du russe
« roubit », couper. Le kopeck - un centième
de rouble - est lui aussi étroitement lié à la
ville de Novgorod puisqu’après l’unification
de l’Etat russe, seules les monnaies de Moscou et de Novgorod sont conservées. Un cavalier muni d’une lance était représenté sur
la monnaie novgorodienne ; c’est cette lance,
en russe « kopio », qui donna son nom aux
centimes russes.
La permanence d’un héritage
historique riche
Novgorod est enfin particulièrement
connue pour l’héroïsme de ses citoyens.
Forteresse au rôle militaire de premier plan,
elle lutte contre tous les envahisseurs et réussit même à résister aux célèbres Mongols de la
Horde d’Or. Au fil des siècles, la cité perd cependant de son importance avec l’avènement
de Saint-Pétersbourg.
Ce déclin ne retire pourtant rien au potentiel historique de Novgorod qui est toujours
très visible aujourd’hui notamment grâce à
son Kremlin - le plus vieux de Russie -, et à son
célèbre monument « Millénaire de la Russie ».
Ce monument imposant est installé dans l’enceinte du Kremlin de Novgorod en 1862 pour
commémorer, comme son nom l’indique, le
millénaire de la naissance de la Russie. Sur
cette cloche en bronze de 15 mètres de haut
sont représentés les monarques russes, des
personnalités historiques importantes mais
aussi des artistes tels qu’Alexandre Pouchkine ou Nicolas Gogol.
En face du « Millénaire de la Russie » se
dresse l’incontournable Eglise Sainte-Sophie,
l’une des premières constructions de pierre
du pays. Les amateurs d’édifices religieux ne
seront pas déçus ; Novgorod-le-Grand, ville
pieuse ne compte pas moins d’une soixantaine d’églises parmi lesquelles l’église de la
Transfiguration-du-Sauveur et ses fresques de
Théophane le Grec. Par ailleurs, il ne faut pas
manquer le quartier du marché et la très jolie
cour de Iaroslav où se dressent 7 églises mais
également la Tour de passage de l’ancienne
galerie marchande. Ce lieu est un symbole du
statut de puissance commerciale que la cité a
conservé pendant plusieurs siècles.
Novgorod est donc une destination idéale
pour les passionnés d’Histoire qui pourront,
le temps d’une visite, faire un saut dans le
temps et partir à la découverte du Moyen-Âge
russe.
e
i
s
s
u
R
n
e
e
i
av
www.russiefrancophone.com
La vie en Russie
16
Le Nouvel An à la
Russe: heure
par heure
Le 31 au soir, les cadeaux sont déjà disposés sous le sapin, les
produits cultes comme la salade russe “olivier” et le champagne
“soviétskoïe champanskoïe” sont servis, toute la famille s’est
installée autour de la table décorée pour l’occasion, écouter
les vœux du Président russe et porter ensuite des toasts…
Par Gulnara Yusupova
RUSSIE AUTREMENT
www.russiefrancophone.com
La vie en Russie
L
e Nouvel An est la fête la plus populaire de l’année en Russie, tandis qu’à
l’Ouest les gens prêtent plus d’attention à Noël. Si en Europe le soir du Nouvel An
clôt la « semaine joyeuse», le Réveillon du 31
décembre la débute en Russie.
En Russie, le Nouvel An est une grande fête
familiale. Les préparatifs commencent déjà
en décembre lorsqu’on décore la maison et
qu’on installe le sapin de Noël que l’on gardera jusqu’à mi janvier, l’Ancien Nouvel An
selon le calendrier slave. Les rues commerçantes et les magasins du pays sont ornés de
guirlandes lumineuses et d’arbres de Noël.
Les deux principaux personnages, le Père Gel,
ou « Ded Moroz », et sa petite-fille et assistante
« Snégourochka », sont toujours au pied des sapins sur les places principales du pays où ils
peuvent se faire prendre en photo.
Russie Autrement vous invite à découvrir
le déroulement des préparatifs et de la soirée
du Nouvel An, traditions anciennes conservées depuis des décennies et qui se pratiquent
toujours de la même façon aujourd’hui.
18h00 : Préparation des
salades dans la cuisine.
Les femmes russes ont l’habitude de
préparer d’énormes quantités de salades
pour les fêtes, y compris le Nouvel An. Le
plus souvent les salades sont préparées dans
des bassines car il n’y a pas assez de grands
récipients à la maison.
Il existe trois salades traditionnelles principales pour le Nouvel An :
La plus populaire est sans aucun doute la
salade « Olivier », créée par Lucien Olivier,
chef cuisinier du restaurant moscovite Ermitage au milieu du XIXe siècle. La version
d’origine de cette célèbre salade n’a pas grandchose à voir avec celle que nous connaissons
aujourd’hui et qui est assaisonnée d’une
bonne quantité de mayonnaise.
« L’Olivier » est devenu une incontournable
salade des « zakouski », des buffets d’entrées
pendant les fêtes et en particulier pour les
fêtes de fin d’année en Russie et dans les pays
de l’ex-URSS.
Une autre salade très appréciée est la
« Vinaigrette », ou la salade aux légumes.
Avant tout en Russie la vinaigrette n’est pas
une sauce, mais une salade dont la recette
est très simple et économique. L’ingrédient
principal de la « Vinaigrette à-la-russe » est
la betterave, à laquelle on peut ajouter selon
les goûts variés: pommes de terre, carottes,
cornichons ou choucroute, petits pois ou haricots, etc…
La troisième salade du Nouvel An est le
« Hareng sous un manteau de fourrure »,
dont la préparation consiste à superposer des
couches de légumes, d’œufs et de mayonnaise
par-dessus une couche de petits morceaux de
hareng.
19h00 : Accueil des invités.
En Russie, le Nouvel An est sans aucun
doute la plus grande fête de l’année. Toute la
famille se réunie autour de la table, et même
les parents éloignés viennent de loin pour
célébrer le réveillon avec leur famille.
20h00 : Déguisement en
costumes de“DedMoroz” et de
“Snégourotchka”.
« Ded Moroz », ou le « Grand-Père Gel »
en russe, est un avatar du Père Noël, laïcisé à
l’époque de l’URSS.
Ded Moroz porte a un grand sac rempli de cadeaux et il est toujours accompagné de sa petite-fille Snégourotchka, ou la
« Fille de Neige », qui les distribue aux gens.
Ded Moroz apporte des cadeaux aux enfants
au cours du réveillon du Nouvel An. Il peut
également les déposer à la maison pour que
les petits les découvrent le lendemain matin
au pied de l’arbre de Noël.
Dans les familles russes, Ded Moroz et sa
petite-fille se chargent du divertissement pour
les petits. Habituellement, les enfants doivent
réciter un petit poème en échange d’une sucrerie ou d’un cadeau préparés à l’avance par
leurs parents.
Aujourd’hui il est possible d’engager ce
fameux couple auprès d’une agence dont les
acteurs viendront chez vous pour présenter
plusieurs scènes drôles et offrir des cadeaux.
Mais le plus souvent ce sont deux membres
de la famille qui se déguisent avec soin pour
jouer ce rôle très important.
18h/21h00 : Révision
d’anciens films soviétiques
A l’époque de l’URSS et comme de nos
jours d’ailleurs, la veille du Nouvel An, les
Russes ont pour habitude de regarder à nouveau un ensemble de « films traditionnels »
typiques, comme par exemple « Ivan Vassilievitch change de profession », de Leonid Gaïdaï,
« Les Gentils hommes de la chance », comédie soviétique d’Alexandre Sery, ou encore
« L’Ironie du sort », en russe « Ironia Soudby»,
d’Eldar Riazanov devenue ensuite une comédie culte pendant la période des fêtes de fin
d’année.
23h50 : Allocution du
Président.
A minuit moins dix toutes les chaînes de
la télévision et de la radio commencent à
transmettre le bilan de l’année et les vœux du
Président adressés à la population.
www.russie
com
autrement.
17
00h00 : Ouvrir le champagne
“Soviétique” à la sonnerie des
douze coups de minuit.
L’horloge à carillon de la Tour Spasskay du
Kremlin sonne à minuit précise, l’hymne national retentit, tout le monde boit du champagne et se souhaite la bonne année. On dit
aussi que tous les vœux auxquels on pense à
ce moment-là seront réalisés. Le moment s’accompagne souvent d’une
tradition qui exige un certain entraînement :
on doit, lors du tout premier coup de l’horloge, écrire un souhait sur un morceau de papier, le brûler et mettre les résidus dans son
verre de champagne pour boire le tout cul-sec
avant que l’horloge ne termine de sonner. Ce
n’est qu’à ce prix que votre souhait pourra se
réaliser !
Les félicitations viennent ensuite de
partout : tout le monde crie « S Novimgodom!
S novimstchastiem ! » (« Nouvelle année !
Nouveau bonheur ! »).
00h10 : Lancement des feux
d’artifice dans les rues Les gens sortent dans les rues pour lancer
des feux d’artifice ou allumer des feux de Bengale. Ce sont les moments les plus joyeux et
les plus passionnants de l’année pour beaucoup. Certains se dirigent vers la Place Rouge
pour assister aux festivités, feux d’artifice et
se plonger dans l’ambiance surexcitée qui y
règne. L’atmosphère y est à la fête : c’est une
ambiance chaleureuse, les gens se prennent
dans les bras et boivent des verres avec des
inconnus.
Durant tout le reste de la nuit, on mange, on
boit et on fait la fête qui ne s’achève que vers le
matin, quand tout le monde a mangé et bu son
plein et part se coucher épuisé.
Le 1er janvier :
Le 1er janvier, un petit mot sur la table:
« Joyeux Nouvel An ! »
P.S. La saumure de cornichon est au frigo.
P.S.S. Le frigo est dans la cuisine :-)
Passer les fêtes de fin d’année
avec Russie Autrement
Les fêtes de Noël et du Nouvel An sont une
occasion unique pour partir à la rencontre
des locaux et découvrir leurs traditions. Russie Autrement vous invite à participer aux
fêtes de fin d’année, comme le Noël et Nouvel An prochains, à Saint-Pétersbourg sous
son manteau de neige et ses illuminations
extraordinaires.
Sur notre site Internet
www.russieautrement.com/nouvel_an/ vous
découvrirez nos propositions de séjours, la
première pour Noël (du 25 au 29 décembre
2015) et la seconde pour le Nouvel An
(du 30 décembre 2015 au 03 Janvier 2016) .
Venez découvrir la Russie en hiver pendant
la période de fêtes avec tout le charme et la
beauté
de ses traditions locales!
www.russiefrancophone.com
La vie en Russie
18
Les trains
de banlieue
Kolomna
Ilia
LAKSTYGAL
Il y a deux types de gens. Les uns détestent les gars de Moscou à
cause de leur bruit, et de leur saleté. Les autres adorent ces édifices de
l’époque et du style Moderne et ne peuvent pas vivre sans sifflements
de locomotives. Pour eux les gares restent les portes de Moscou avec ses
portes richement ornées ; à un endroit se trouvent les triples portes de
Moscou. C’est la Place des Trois Gares : une place contradictoire.
www.russiefrancophone.com
Kazan. Cette gare accueille les passagers venus de la plus grande partie de la Russie, de
Sibérie, de la région de la Volga, de l’Oural,
du Tatarstan, du Caucase et des républiques
post-sovétiques de l’Asie Centrale. On peut
la comparer à la Gare de Lyon. Les personnes originaires d’Ossétie et Tcherkessie
se mêlent aux Tatars, aux Russes de l’Oural
et aux Ouzbeks. Mais notre destination est
plus proche. Nous nous rendrons à Kolomna, au village de Konstantinovo et à Ryazan
dont la gare portait le nom jusqu’en 1896,
quand la ligne ferroviaire eut été prolongée
jusqu’à Kazan. Maintenant, cette gare est le
début de la ligne transsibérienne. Et nous
prendrons le train en direction de Goloutvin
(Kolomna).
© Wikimedia Commons
D
’une part, à vrai dire, cette place
est pleine de marginaux, de sansabris, de petits magasins sales
et de la foule des nouveaux venus. Parmi
les étudiants on l’appelait encore «la place
de chaurma» (une plate qui ressemble à un
kebab). Mais les temps changent et la plupart des bistrots où l’on préparait des repas
sont ouverts. Le nouveau maire de Moscou,
Sobyanin , mène la compagnie contre les
propriétaires de ces bistrots au centre de
Moscou. Maintenant on ne peut trouver de
« chaurma » qu’en banlieue. Chaurma cède
sa place aux géants des fast-food. D’autre
part, cette place est un espace énorme, encadré par trois grandes gares : celle de Leningrad, celle de Iaroslavl et celle de Kazan.
C’est un ensemble de gares et le cœur ferroviaire de Moscou d’où l’on peut partir au
Nord de la Russie, à Saint Petersbourg et à
ses environs, à l’Est et au Caucase.
La gare de Kazan est une des plus grandes
gares de Moscou. Une tente énorme couvre
le débarcadère sous son grand arc. La gare
elle-même fut érigée en style pseudo-russe.
C’est le mélange des édifices et des tours qui
ressemble soit à un couvent, soit à un palais
médiéval, soit aux Kremlins de Moscou et de
Il est sept heures par un matin froid d’automne. Le train démarre et les banlieues du
sud-est de Moscou, les plus habitées de la
ville, se succèdent derrière la vitre – Vykhino, Ramenskoïe et Lioubertsy, célèbres par
leurs bandes de jeunes gens dans les années
1980-90 - les fameux «lybers» - qui ressemblent aux «loubards» français. Mais la
mégalopole et ses tentacules des faubourgs
gris ont disparu. Les espaces des champs,
des cours d’eau, des forêts, des collines et
des vallées défilent, en accompagnant par
les coupes des roues et les cris des vendeurs
ambulants.
Le train s’arrête à Voskresensk, et par la
fenêtre je vois passer en courant les jeunes
gens et, parfois, les jeunes filles, pendant que
le train attend une demi-minute. La raison
est simple : les contrôleurs des billets entrent
dans notre wagon, et les sans-billets filent
à la fin du train en vue d’éviter de tomber
sur leurs chasseurs. Le prix d’un billet pour
des étudiants est deux fois moindre que les
billets ordinaires. Mais plein de jeunes gens
inventent des trucs pour ne rien payer.
La vie en Russie
Parfois ce n’est pas à cause de la misère des
étudiants, mais une sorte de sport, comme
pour ceux qui voyagent sur les toits ou
les tampons des wagons, risquant la mort
ou pour s’amuser. On peut les comprendre :
c’est un grand soulagement et une grande
joie d’échapper à un danger, mais...
© Wikimedia Commons
En Russie on les appelle « les lièvres».
Peut-être parce que ces resquilleurs s’enfuient très vite comme ces animaux.
Le train s’approche de la ville de Kolomna après une heure et demie de voyage. On
Kremlin de Kolomna
peut descendre du train à la station Goloutvin ou à la gare suivante, à la petite plateforme Kolomna. La gare de Goloutvin,
auprès de laquelle l’usine des locomotives
(une entreprise principale de la ville et une
des plus importantes de l’industrie ferroviaire en Russie) fut installée en 1860 et
portait le nom de Kolomna, bien que cette
gare fût destinée plutôt à l’usine et à ses
besoins. Mais peu après, les habitants de la
ville de Kolomna versèrent une somme pour
bâtir la gare pour eux-mêmes, et «Kolomna»
fut rebaptisée «Goloutvin». Aujourd’hui les
quartiers de Kolomna se répandent depuis
le centre historique jusqu’à la région industrielle de la ville. Le coeur économique s’est
déplacé à Goloutvin et la plupart des habitants vivent là. Voila pourquoi ceux qui se
rendent à Kolomna achètent un billet pour
Goloutvin. Mais nous ne sommes pas originaires de Kolomna, nous sommes venus
plutôt pour l’âme de la ville que pour des
affaires nécessaires et quotidiennes. C’est
pourquoi nous quittons notre wagon à la
plate-forme Kolomna.
Auprès de cette plate-forme se trouve un
anneau des tramways. Etant un passionné
de lignes ferroviaires, j’aime aussi beaucoup
les tramways, frères cadets des trains et des
locomotives. De là on peut aller au centre
historique de Kolomna. Le trajet du tramway
suit les ruelles tranquilles, étroites, vertes et
semi-rurales, loin des rues principales. Les
maisons semi-rurales m’entourent. Au bout
de dix minutes nous nous trouvons près du
Kremlin de Kolomna, coeur et symbole de
la ville historique.
Cette forteresse (l’un des favoris dans
le concours de télévision « Le Nom de la
Russie » en 2013), située au confluent de la
Moskova et de la Kolomenka, a une longue
et turbulente histoire par sa position stratégique. Dès la première invasion des Mongols
(1238), la ville et sa citadelle de bois subirent
plusieurs sièges de la part des nomades (en
1293, 1382, 1408, 1439). Débarassée du joug
tatar (1480), la ville resta la citadelle principale contre les incursions des nomades de
Crimée pendant le XVI siècle et l’endroit de
la réunion des troupes destinées aux campagnes contre les Tatars. Pour renforcer la
ville, au XVIème siècle, un architecte inconnu (c’était probablement le célèbre italien Aloisio da Milano (Aleviz Friazin) qui
participa à la construction du Kremlin de
Moscou) érigea les hauts murs en pierre et
17 tours dont seulement 7 subsistent aujourd’hui. De nos jours c’est un des exemples
les mieux conservés de l’architecture de fortification en Russie. Les hautes murailles en
brique rouge entourent plusieurs églises et
une multitude de maisons de marchands
des XVIIIème et XIXème siècles. Au cours
de l’époque médiévale, Kolomna et ses faubourgs étaient aussi unes des plus riches
villes de la principauté de Moscou, et les
traditions commerciales restèrent vivantes
jusqu’à la Révolution de 1917.
En plus d’être un avant-poste contre la
steppe et un centre commercial de la région, Kolomna jouait le rôle de terre d’exil.
On peut nommer deux célèbres prisonniers
(aventuriers et usurpateurs à la fois) de cet
endroit – le prince Dimitri Chemyaka et
Marina Mniszek. Le premier fut un des personnages principaux de la Guerre Civile du
XVème siècle, deux fois Grand Prince de
Moscou. Une autre personne est plus intéressante : Marina Mniszek, une noble aventurière d’origine polonaise, épouse de deux
Faux Dimitri (imposteurs et usurpateurs
russes du début du XVIIème siècle, quand la
Russie plongea dans le chaos et la désagrégation du « Temps des Troubles »). Et un autre
aventurier : Ivan Zarucki, ataman des cosaques du Don, autre prétendant au pouvoir
sur la Russie. Arrêtée dans les steppes de
l’Oural, Marina Mniszek, une femme ingénieuse, fut emprisonnée dans une des tours
du Kremlin de Kolomna qui s’appelle aujourd’hui Marinkina (« celle de Marina »).
Selon la légende populaire, elle s’enfuit en se
métamorphosant en oiseau. A vrai dire, elle
mourut probablement emprisonnée dans la
tour du Kremlin.
19
Kolomna
est une ville de l’oblast de Moscou, en
Russie, et le centre administratif du raïon
de Kolomna. Sa population s’élevait à 144
316 habitants en 2014.
Kolomna est située au confluent de la
Moskova et de l’Oka, un affluent de la
Volga. Elle se trouve à 75 km au nordouest de Riazan et à 104 km au sud-est
de Moscou.
Économie
La principale entreprise de Kolomna
est l’usine OAO Kolomenski Zavod, du
groupe Transmach (en). Fondée en 1867,
elle est aujourd’hui spécialisée dans la
fabrication de locomotives diesel, de
moteurs diesel et de systèmes de propulsion pour la marine. Elle emploie 8 200
salariés en 2012.
Après avoir traversé plusieurs fois le
Kremlin, visité les musées et après avoir
déjeuné dans un des restaurants, on peut
traverser la Kolomenka et se retrouver sur
la rive gauche, boisée et tranquille. L’endroit le plus agréable pour se distraire est le
confluent de la Moskova et de la Kolomenka
d’où l’on peut contempler les monastères,
les forêts et les murs du Kremlin. Rien n’empêche de goûter les vues pittoresques une
tasse de thé à la main. On peut passer une
éternité là, hypnotisé par le cours d’eau et le
bruit dans la frondaison des arbres. Mais le
voyage n’est pas teminé. Nous revenons à la
plate-forme Kolomna pour attendre un des
trains en direction de Riazan. Nous devons
visiter le village natal du célèbre poète russe
et une autre ville ancienne. Continuons
notre route.
e
i
s
s
u
La R
Éducation
20
De
Piatigorsk
à Paris en
passant
par
Moscou
Ekaterina
ZAVODSKAÏA
Qui n’a jamais rêvé de passer du bon
temps en France ? Une semaine, un
an ou peut-être toute la vie ?
Certes, rien n’est impossible à ceux
qui n’ont peur de rien et croient à
fond dans leur rêve. L’histoire que
je raconte ci-dessous démontre
parfaitement cela…
PIATIGORSK
www.russiefrancophone.com
Éducation
I
21
Piatigorsk
Mais un jour notre cours de français fut animé par une stagiaire. C’était une jeune fille
qui n’avait qu’un an de plus que nous et qui
enseignait de façon très intéressante.
Avec elle le français n’était plus une
Moscou
PARIS
l y a 6 ans je me suis inscrite à l’université de langues de Piatigorsk, une ville
thermale du Caucase du Nord. Comme
langues, j’ai choisi l’anglais et l’allemand et
j’ai passé une année agréable avec des études
intéressantes et une vie étudiante très riche.
Tout aurait été magnifique sans un «mais»
qui nous fait parfois changer complètement
notre vie. L’amour qui ne connait ni distance
ni convention m’a attirée à Moscou et il me
fallait à tout prix changer d’université et
monter à la capitale. C’était devenu une idée
fixe ! Quand nous voulons quelque chose et
que nos intentions sont pures, l’univers nous
aide toujours, n’est-ce pas ? Il y a bien sûr des
exceptions mais en fin de compte, nous réalisons que tout est pour mieux et que, si nous
n’avons pas reçu quelque chose, c’est que la
vie nous a préparé un autre cadeau.
L’université de langues
Se faire transférer en deuxième année de
l’université de Piatigorsk à celle de Moscou
et qui plus est, avec le financement du
gouvernement, certains pensaient
qui cela serait impossible : il y a
toujours quelqu’un qui ne croit
MOSCOU
pas en nos rêves mais ce n’est pas le prétexte
pour y renoncer, au contraire, il faut encore
plus continuer à aller de l’avant. Ce n’était
pas facile mais les circonstances m’ont été
favorables et un an plus tard, à Moscou,
j’ai repris mes cours d’anglais et…non pas
d’allemand car, selon le programme, je devais étudier le français. Je ne voulais pas
apprendre cette langue mais je n’avais pas
le choix. Je n’avais jamais rêvé de Paris, la
langue et la culture française m‘indifféraient
et seuls les impressionnistes m’inspiraient
un peu quelque chose. Alors j’ai passé un an
et demi à apprendre le français sans grande
motivation et sans comprendre pourquoi je
le faisais.
langue de manuels et de grammaire, mais vivante et proche
de la réalité ! Notre stagiaire
nous a raconté beaucoup d’histoires sur les mœurs des Français,
leur vie quotidienne et la culture. La
jeune fille partageait sa propre expérience
et, ce qui est plus important, elle nous parlait d’égale à égal, en s’intéressant vraiment
à notre opinion. Le français était devenu le
moyen de communication et non plus l’objectif final et, dans ces circonstances, tout
notre groupe était passionné par les cours.
Elle avait donné un coup de pouce, une
bouffée d’air frais et nos études prenaient
un sens. Cet hiver là je suis allée à Paris
pour la première fois et ma longue histoire
d’amour avec cette ville a commencé. En
me promenant dans le jardin des Tuileries,
j’ai eu la chance de rencontrer un maître de
conférences venu de l’Italie pour animer des
conférences à la Sorbonne. Tout mon séjour
nous nous sommes baladés à Paris et il m’a
plongée dans le monde de la littérature française en parlant de Rimbaud, Baudelaire,
Verlaine… J’ai découvert par exemple que
Victor Hugo écrivait aussi des poèmes magnifiques alors qu’en Russie il est plus connu
pour sa prose et j’étais fascinée par le monde
qui s’ouvrait pour moi. Dans notre vie il y a
des rencontres qui font bifruquer notre route
et cette rencontre en France était de celles
là. Quand un an et demi plus tard, j’ai fini
l’université de langue, comme beaucoup de
diplômés, j’étais à un carrefour, me demandant où aller. Travailler ? Continuer des
études de langues ? Mon professeur de français, voyant mes hésitations, me dit un jour :
« Vous devez vous inscrire au CUF. » Au
CUF..?
n
o
i
t
a
c
Édu
CUF
Le CUF ou Collège Universitaire Français
à Moscou (il y en a un aussi à Saint Pétersbourg) est une place unique, d’abord parce
que tous les cours sont animés par des enseignants français selon le système français. Les
étudiants ont le choix entre des disciplines
telles que l’histoire, la philosophie, le droit, la
sociologie ou la littérature. Tentée par l’idée
de pouvoir étudier la littérature dans une
atmosphère authentique, je me suis inscrite
au CUF. Les études sont gratuites, comme
en France, et il faut seulement réussir un
test d’orientation de niveau B2. La première
année, il faut choisir 2 disciplines parmi lesquelles on choisit une pour la 2ème année.
Mon choix se portait sur la littérature. IL y
a tellement à raconter sur les études au CUF
que c’est un sujet pour un autre article. Mais,
en quelques mots, ce collège est devenu pour
moi, aussi bien que pour mes camarades de
classe, un petit monde à part avec une ambiance magique. C’est comme la maison où
tu veux toujours revenir et comme le paradis pour ceux qui aiment le français, car tu
te plonges complètement dans cette langue.
De plus les 2 années d’études au CUF se
concluent par la rédaction d’un mémoire et
équivalent à un Master 1 en France. Les étudiants ont la possibilité de continuer leurs
études en Master 2 en France et d’obtenir
une bourse de recherche. Personnellement je
ne suis pas boursière car la vie m’a fait encore
un cadeau et, en septembre, je suis venue en
France comme étudiante. De Piatigorsk par
Moscou, je suis arrivée à…
Paris
Paris-4 Sorbonne
Maintenant je fais mes études à Sorbonne Paris 4 en Littérature comparée. La
vie d’étudiant à Paris est aussi une longue
histoire. Les étudiants sont libres dans leurs
choix de séminaires de spécialité et chacun
peut donc trouver ce qu’il aime. IL y a de
nombreux ateliers parmi lesquelles poésie,
improvisation théâtrale, chorale, photographie… de nombreux sports et, bien sûr, les
ressources nécessaires aux recherches. Bien
sûr Paris n’est pas la France : il y a de nombreuses universités dans d’autres villes. Le
principale c’est que les études permettent de
se plonger dans la recherche et tout simplement dans la vie de ce pays formidable et de
faire beaucoup de belles rencontres.
Le message au coeur de cet article n’est pas
de raconter mon histoire elle-même mais que
dans la vie, tout est possible. Je vous incite
à croire en vos rêves et à ne pas avoir peur
de changer de vie. Il faut toujours essayer.
Le pire qui puisse se passer, c’est acquérir
quelque chose d’autre, une autre expérience,
mais, comme tout est pour le mieux, le pire
n’est jamais le pire du tout. Les rêves sont
une force de la nature et un jour ils peuvent
devenir réalité.
Le saviez-vous
22
S
N
O
I
T
A
R
O
M
E
M
M
O
C
N
E
S
E
L
A
N
N AT IO
E
R
B
M
E
C
É
D
E
D
S
I
O
M
Il y a 350 ans...
Le décès de Catherine
de Vivonne, marquise de
Rambouillet
2 décembre 1665
F
rançois de La
Rochefoucauld,
Madame de La
Fayette, Pierre Corneille,
François de Malherbe et
beaucoup d’autres de la
haute société du XVIIeme
siècle étaient les membres
de son fameux salon. À
cette époque le salon à
l’hôtel de Rambouillet
était opposé à la Cour
avec ses mœurs. Dans les
petites chambres intimes
régnait un esprit chatoyant. Dame de rares
qualités de coeur, Catherine de Vivonne créait
l’atmosphère de gaieté
et d’amusement autour
d’elle. Son salon a exercé
une grande influence sur
la langue française et sur
la littérature du temps.
Il y a 150 ans...
Il y a 100 ans...
La naissance de Félix
Édouard Valloton
28 décembre 1865
Fils d’un fabricant de
chocolat, Félix Édouard
est né à Lausanne. À seize
ans, il a déménagé à Paris
pour devenir un peintre.
« Il n’y a pas à dire, mes
racines sont à Paris »,
avoué Valloton en 1900.
La personne très féconde,
il est resté après soi plus
de 1700 peintures, 200
gravures, beaucoup de
dessins et illustrations,
des sculptures et des ouvrages d’art appliqué,
trois romans, quelques
pièces de théâtre, des
écrits sur l’art. Georges
Annenkov, un peintre et
dessinateur russe était
son élève en 1911 – 1912.
La naissance
d’Édith Piaf
19 décembre 1915
Le ciel bleu sur nous
peut s’effondrer
Et la terre peut bien
s’écrouler
Peu m’importe si tu
m’aimes
Je me fous du monde
entier
Tant que l’amour inondera mes matins
Tant que mon corps frémira sous tes mains
Peu m’importent les
problèmes
Mon amour, puisque tu
m’aimes...
Rubrique préparée par :
Konstantin
KRASNOSLOBODTSEV
Konstantin
KRASNOSLOBODTSEV
Picassomania à Paris
Le 15 juin 1932, sortant d’une exposition consacrée à Picasso, le critique d’art
Alexandre Benois livra son scepticisme à un journal :
« je m’interroge pour savoir si c’est bon, je ne sais pas... ».
Actuellement, Picasso est omniprésent à Paris. En cette fin d’année on compte deux
expositions majeures. Toute la vie du peintre, et celle du musée, sont
présentées sur les cinq niveaux de l’Hôtel Salé.
C’est « l’exposition anniversaire » qui se tient au Musée Picasso. En franchissant tous les
niveaux, du sous-sol au troisième étage les visiteurs sont amenés à traverser cinq époques:
De l’atelier au musée, Picasso 1897-1929, Picasso 1922-1973, et pour finir, Picasso figure
publique et Picasso intime. Au sous-sol, dans la salle des « Archives »,
une surprise est réservée aux visiteurs russes.
La vie après la mort, que porte en titre l’exposition « PICASSOMANIA », accueillie par le
Grand Palais. La scénographie des 16 salles est construite comme une série de dialogues.
Les différentes périodes du maître sont ainsi représentées tout à la fois par ses œuvres
mais également par celles des artistes contemporains qui subirent son influence.
Le XXème siècle est arrivé à son terme. En matière artistique, et pour un grand nombre de
gens, ce fut indéniablement celui de Picasso. Un très grand nombre d’expositions furent
organisées à travers le monde. Et quant aux Musées Picasso, on en trouve un peu partout :
à Paris, Antibes, Barcelone, Málaga, ou Vallauris...
Que ressent-on devant cette oeuvre ? Alexandre Benois répondait « je ne sais pas »...
¡ Picasso ! l’exposition anniversaire – Musée Picasso Paris – à partir du 20 octobre
PICASSO.MANIA – Grand Palais, Galeries nationales entrée Champs-Elysées
au 7 octobre 2015
du 27 février 2016.
Cinéma
24
Notre partenaire
©STUDIOCANAL
LA SÉLECTION
DU MOIS
Décembre
2015
O
D
N
O
M
L
E
B
L
U
A
P
SPÉCIAL JE AN
Jean-Paul Belmondo, aussi appelé « Bébel », est l’une des plus grandes vedettes du cinéma français et un champion
incontesté du box-office au même titre que Louis de Funès et Alain Delon à la même époque… En cinquante ans de
carrière, l’acteur a attiré dans les salles près de 130 millions de spectateurs jouant aussi bien dans les films de la
Nouvelle Vague, que dans les comédies populaires ou les films d’action. Les quatre films, À bout de souffle, L’homme
de rio, Le professionnel, Les tribulations d’un chinois en Chine sont des grands classiques du catalogue Belmondo !
Ne manquez pas la spéciale Belmondo en décembre sur TV5MONDE.
LE PROFESSIONNEL
Avec 5,2 millions d’entrées au box office, Le Professionnel a rencontré un énorme succès commercial, rythmée par
une musique originale d’Ennio Morricone devenue culte !
Synopsis : Après deux ans d’incarcération, Joss Beaumont parvient enfin à s’évader. Ex-agent des services secrets, il
était chargé d’exécuter le président du Malawi lorsqu’un revirement de la politique hexagonale l’a laissé sans aucun
soutien sur place, dénoncé aux autorités. De retour à Paris, il est bien décidé à régler ses comptes…
Réalisation : Georges Lautner (France, 1981)
Vous pouvez voir ce film avec
sous-titres russes sur le canal TV5Monde
Dimanche 20 décembre à 23h
TV5MONDE
la première chaîne culturelle
mondiale de télévision en français. Elle
est créée le 2 janvier 1984 et diffuse
dans le monde entier à travers
différents réseaux de télédiffusion.
•
•
•
Regardez TV5MONDE chez les
opérateurs
AKADO
Rostelecom
MTS
•
•
Tricolor
Beeline
Pour avoir plus d’information contactez
[email protected]
Cinéma
25
©1960 STUDIOCANAL / Société Nouvelle de Cinématographie
À BOUT DE SOUFFLE
Considéré comme emblématique de la Nouvelle Vague, ce film est
aussi celui qui a fait connaître l’acteur au grand public et qui a fait de
« Bébel » une vedette !
Synopsis : Michel Poiccard, poursuivi par des motards après le vol
d’une voiture, tire sur l’un d’entre eux et s’enfuit. Il retrouve à Paris
son amie américaine et réussit à redevenir son amant. Il la convainc
de l’accompagner en Italie. Mais la police découvre l’identité du
meurtrier et le traque...
Réalisation : Jean-Luc Godard (France, 1960, noir et blanc)
Palmarès : Prix Jean Vigo (1960), Ours d’argent du Meilleur réalisateur (Berlinale, 1960).
Vous pouvez voir ce film avec sous-titres russes
sur le canal TV5Monde, Dimanche 6 décembre à 23:30h
©1965 TF1 International
L’HOMME DE RIO
Source d’inspiration pour de nombreux films, il l’a notamment été
pour Indiana Jones de Steven Spielberg, Le Cinquième élément de
Luc Besson ou encore plus récemment OSS117, Rio ne répond plus
avec Jean Dujardin.
Synopsis : Adrien assiste à l’enlèvement d’Agnès, sa fiancée. Cela fait
suite à la disparition d’une statuette amazonienne et de l’ethnologue, par ailleurs tuteur d’Agnès, qui l’avait rapportée du Brésil. Se
lançant à la poursuite des ravisseurs, Adrien monte clandestinement
à bord d’un avion en partance pour… Rio de Janeiro.
Réalisation : Philippe de Broca (France, 1963)
Vous pouvez voir ce film avec sous-titres russes
sur le canal TV5Monde, Dimanche 13 décembre à 23h
©1965 TF1 INTERNATIONAL
LES TRIBULATIONS
D’UN CHINOIS EN CHINE
Film au succès mondial, il représente un nouveau genre, celui de
la « comédie d’aventures » et correspond également au début du
couple Ursula Andress - Belmondo…
Synopsis : Arthur, jeune milliardaire blasé, veut se suicider. M. Goh,
un vieil ami, lui propose se souscrire une assurance-vie à son nom.
Lui-même se chargera de le faire mourir. Arthur accepte, puis rencontre l’amour. Il retrouve le goût de vivre. Mais les tueurs de M.
Goh sont désormais après lui…
Réalisation : Philippe de Broca (France/Italie, 1965)
Vous pouvez voir ce film avec sous-titres russes
sur le canal TV5Monde, Dimanche 27 décembre à 23h
Symbole de la culture française, abritant des monuments parmi les
plus prestigieux au monde, Paris surnommée la ville Lumière occupe
encore une place prépondérante dans le milieu de la mode, du luxe
et de l’art de vivre. Attirant près de trente millions de visiteurs par
an, c’est une des capitales les plus visitées au monde. Plongez-vous
dans l’univers parisien !
Décembre à Paris
Lundi 07 décembre à 14h35
Mercredi 23 décembre à 14h35
Lundi 28 décembre à 14h35
Cinéma
26
à Paris, tel qu’il était, tel qu’il est, tel qu’il sera toujours
Lyubov
RAKOVA
« Paris passion, Paris la fête, Paris la chanson, Paris émotion….
Mais aussi, Paris boulot, Paris métro, Paris du luxe, Paris misère, Paris canaille …
Oui, Paris… A travers ces milles visages, Paris… Mais qui es-tu ? »*
*citation du film
Plus qu’un portrait
Le film de Cédric Klapisch, Paris, est plus qu’un portrait d’une ville, c’est la ville elle-même et c’est la vie avec son
rythme, sa respiration, sa musique.
Dire que Klapisch a touché le cœur de la ville / vie sera une banalité qui fait partie des stéréotypes répandus dans la
plupart des articles sur le cinéma, mais en effet, le réalisateur du film a réussi de saisir l’air parisien.
Aujourd’hui, comme à l’époque de Baudelaire, la capitale de la France « n’a ni queue ni tête », mais il a l’esprit de la
liberté. Coincé entre la tradition et la modernité, Paris se moque des stéréotypes et continue de mettre en évidence
une seule valeur de notre courte existence : la vie.
Insouciants dans Paris
Il n’est pas possible de distinguer personnage principal de l’histoire car elle est racontée à travers plusieurs destins
qui se croisent sous le ciel de Paris. Un professeur à la Sorbonne, une assistante sociale, un vendeur du marché, une
étudiante.
Pourtant, le récit est encadré par le regard de Pierre. Danseur dans son passé, malade dans son présent, Pierre ne
sait plus si l’avenir signifie quelque chose pour lui car il n’a que 50 pourcents de chance de rester en vie.
En voyant les passants depuis son balcon, Pierre les envie d’être en vie, d’avoir leur problèmes, d’être en retard, de
s’engueler, bref d’avoir une chance d’exister. Pourtant, il ne sait pas encore qu’avec sa maladie il a finalement repris
goût à la vie et qu’il est capable d’apprécier sa chance de vivre, beaucoup plus pleinement que la plupart des habitants
de Paris.
« J’avais oublié que cela pouvait être aussi bien »
En parcourant les quartiers parisiens qui lui sont devenus familiers, le spectateur qui a déjà habité ou visité la
capitale, peut retrouver les sensations que cette ville offre à ses passants.
Dans le contexte actuel, le film de Cédric Klapisch nous rappelle la chance qu’on avait ou qu’on a de vivre ... à Paris.
Les événements les plus
marquants de décembre
1766
5 décembre
Départ de Bougainville
pour un tour du monde
Le comte Louis-Antoine de
Bougainville prend le commandement d’une expédition autour du
monde. Le départ est donné depuis
la rade de Brest. Le gouvernement
de Louis XV charge sa flotte, composée de deux frégates royales «La
Boudeuse» et «l’Etoile», de restituer officiellement la colonie des
îles Malouines (îles Falklands) au
gouvernement espagnol. Le 6 avril
1768 il arrivera à Tahiti et
procèdera à l’observation scientifique de la Polynésie. 2015
Du 5 au 8 décembre
Fête des Lumières
La Fête des lumières est née le
soir du 8 décembre 1852, alors
que les Lyonnais éclairaient
leurs fenêtres à l’aide de bougies pour célébrer l’installation
de la statue de la Vierge Marie
sur la colline de Fourvière.
Depuis lors, la fête a été reconduite chaque année, et est
aujourd’hui devenue un évènement populaire urbain des
plus importants, attirant plusieurs millions de visiteurs. Le
fleuron des artistes lumière se
retrouvent ainsi à Lyon tous les
ans au mois de décembre pour
présenter plus de 70 créations
durant quatre nuits.
1888
23 décembre
Van Gogh se mutile
l’oreille
Dans leur atelier d’Arles,
le peintre Vincent Van Gogh
tente de blesser son ami
Gauguin avant de se trancher
l’oreille avec une lame de
rasoir. Il offrira le morceau de
chair à une prostituée.
Gauguin, est arrêté puis aussitôt relâché. Rapidement
rétabli, Van Gogh peindra son
autoportrait avec son pansement autour de la tête. Pour
Paul Gauguin, cette nouvelle
crise de folie marque la fin
de la collaboration des deux
peintres dans leur «atelier du
Midi» installé à Arles.
Rubrique préparée par
Konstantin KRASNOSLOBODTSEV
La Russie francophone est un journal édité
par l’Association à but non lucratif russe
« COMMUNAUTÉ FRANCOPHONE »
(ЧСКУ «ФРАНКОЯЗЫЧНОЕ СОДРУЖЕСТВО»)
Siège social : Bureau 43, 10A bat.2 rue Pionerskaïa,
141074 Région de Moscou, Korolev, Russie
Directeur de la rédaction : Boris VINOGRADOV
Rédaction : Tatiana POCHERSTNIK, Oscar RASSON,
Stephane GAESSLER (Politique),
Ishita PUROHIT (Économie),
Philippe DELHUMEAU (Culture),
Konstantin KRASNOSLOBODTSEV (Événements),
Lyubov RAKOVA (Cinéma)
Site Internet : Boris VINOGRADOV
Annoncer avec
La Russie francophone
- Augmenter votre visibilité.
- Améliorer votre image.
- Possibilité d’achat d’annonces en nombre avec tarif dégressif.
- Diffusion ciblée de votre annonce
Contact : [email protected]

Documents pareils