Témoignages autour de l`arrivée d`un premier enfant

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Témoignages autour de l`arrivée d`un premier enfant
Soirée annuelle Bloom and Boom
28 novembre 2014 – témoignages d’ouverture
Une femme raconte l’arrivée de son premier enfant
Ma grossesse était désirée, c’était un choix avec mon compagnon. J’avais envie
d’avoir un bébé, de faire une famille, comme une envie d’aventure, envie qu’il
arrive un événement incroyable, un inconnu excitant et fantasmé, qui vienne
illustrer et concrétiser le lien avec mon ami.
J’ai vécu ma grossesse, comme le commencement d’un grand bouleversement
dès les premiers instants! Je ressentais un certain vertige, parfois teinté d’effroi.
Cependant, j’avais l’illusion que la naissance de mon enfant viendrait me libérer
de ces ressentis troublants, car je croyais que la maternité ne pouvait qu’épanouir
et recouvrir la vie de douceur, faisant se taire tout questionnement ou angoisse.
Juste après la naissance de ma fille, j’étais euphorique. Dans le fantasme de
perfection, tout avait bien fonctionné, l’accouchement s’était passé sans
problème, et hop, je suis en super en forme ! 10 sur 10 à l’accouchement !
Comme dans les livres !
Alors que je découvrais cette petite demoiselle chevelue que je ne connaissais
qu’en petits coups de pied, j’avais toujours ce petit fond d’angoisse qui n’était pas
parti avec le liquide amniotique… J’attendais toujours cet apaisement intérieur
total, cette plénitude promise par les magazines et modes d’emploi pour futures
mamans.
Moi, j’étais plutôt bouleversée et loin d’être absorbée d’épanouissement planant !
La rencontre réelle avec mon bébé avait été tellement forte et tellement réelle !
Passer de maman imaginaire à maman réelle en quelques heures, m’avait fait
atterrir brusquement, sans que l’instinct maternel que je croyais si naturel ne
vienne à ma rescousse pour gérer ce tourbillon psychique !
Le travail a été long et très solitaire pour accepter ce changement brutal qu’est
devenir mère. et je ne sais pas si cela sera jamais vraiment acquis, comme un
examen qu’on aurait passé: ok, c’est bon je suis reçue à l’examen des mamans,
avec un instinct maternel parfait ! WHAOU ! Parcours sans faute !
Je crois que j’avais terriblement peur de ne pas être à la hauteur de ce qu’une
maman devait être selon moi! En plus, m’appeler maman, moi ? Ben non,
maman c’est ma mère.
Mais moi, je ne suis plus une enfant, car l’enfant, c’est ce petit être à qui j’ai
donné la vie !
Ce que j’ai trouvé très dur c’est de ne pas pouvoir vraiment dire haut et fort, sans
en avoir honte que j’étais psychologiquement chamboulée et apeurée ! C’était
censé être « LE plus beau jour de la vie », alors que moi je ne savais plus qui
j’étais…
J’aurais aimé qu’on me dise : « vous avez peur ? C’est normal, devenir maman,
c’est aussi une crise identitaire. Et moi, je me suis dit : mince, je suis entrain de
me taper une bonne crise identitaire, ça tombe mal, je viens d’accoucher !! Je
suis entrain de gâcher ce qui devrait être les plus beaux jours de ma vie et en plus
je suis pas normale car en tant que femme, tout cela devrait venir naturellement…
Un homme raconte l’arrivée de son premier enfant
J'ai relativement bien vécu la grossesse de ma femme. Neuf mois teintés
d'irréalité voir abstraits, car même si l'effet des hormones et du développement
fœtal induisaient des changements drastiques sur le corps et l'esprit de la future
mère, je dois bien avouer que j'étais fort incapable de comprendre ou ressentir
cette grossesse. De ce fait, je me souviens avoir quelque peu culpabilisé par
manque d'implication. D'autant plus que l'envie de bébé venait exclusivement de
ma femme. Ayant fait de très longues études, j'avais toujours réussi à repousser
l'heure fatidique: " Après mes études! Après mes études, nous aurons plus de
moyens et de temps!" répétais-je en boucle. Puis vint le jour ou moi, je défendais
Soirée annuelle Bloom and Boom
28 novembre 2014 – témoignages d’ouverture
thèse de doctorat, signant par la même occasion la fin définitive de mes études
rien à voir avec l'amour que l'on porte à sa compagne ou à notre famille, là
(j'ai bien cherché, je vous assure, un diplôme quelconque a effectuer, mais il n'y
en avait plus). Elle, tiraillée au plus profond de son âme par le besoin de
procréation, n'en pouvait plus. Cette fois, plus d'excuses à ses yeux! Mais je ne
paniquais pas: "Six mois d'attente pour que les hormones de la pilule descendent,
puis encore six mois parce qu'on entend souvent dire que les femmes voulant trop
tomber enceinte n'y parviennent pas. Ceci va me laisser le temps d'organiser mes
projets de carrière à l'étranger et de repousser encore l'échéance..." pensais-je.
Mais mes calculs sont formels, notre premier bébé à été conçu le soir même de la
défense de ma thèse. Il était là dans son ventre, fait totalement abstrait comme je
le disais et encombrant de surcroît, mais étonnamment excitant. Avec le recul, je
c'était du nouveau! Un instinct paternel insoupçonné a surgi en moi, comme une
promesse faite en une fraction de seconde de tout faire pour protéger la vie de ce
petit bout de chou.
pense que c'est le fait de plonger dans l'inconnu qui m'a le plus plu: l'imprévu et la
curiosité, la vie somme toute.
questionner sur son rôle de mère tout en aimant profondément ses enfants. Peut
être d’une manière plus distante ou moins exclusive que l'image qu'on se fait de
l'amour d'une mère. Du coup, selon nos propres déductions, dans notre famille,
la mère, c'est moi... Et c'est très bien ainsi!
Je passerai sous silence les supplices qu'ont été les cours de préparation à
l'accouchement, les "bienvenue sur la planète parents" lancés par ces couples
avec enfants et la sensation d'atterrir dans un autre monde parlant une langue
incompréhensible faite de maxicosy, babycook et autre boogaboo, horrible! "Pas
pour nous ces accessoires inutiles, tout ce qu'il aura c'est de l'amour et de l'eau
fraîche" affirmais-je! Bien évidemment, la chambre du futur rejeton fut repeinte de
bleu et remplie de joujoux et accessoires par mes soins et ceci bien avant la
naissance. Malheureusement, la fin de la grossesse fut un peu plus stressante
puisque sa seigneurie était en siège avec une grosses tête de surcroît, impossible
d'accoucher par voie basse, planification de césarienne. Ça a été la prise de
conscience: "et si tout ça était bien réel? Et si ça tournait mal pour ma femme?
Ou pour futur bébé ?" Ça y est, je me sentais père pour la première fois...
Puis vint le jour J. et je me suis pris d'un amour subit et inconditionnel pour ce petit
garçon. D'un coup, je n'étais plus seul sur cette terre mais j'étais deux. Cela n'avait
Pendant les jours qui ont suivi la naissance, ma femme qui m'avait travaillé au
corps pendant une bonne décennie pour faire un bébé, ne semblait pas du tout
heureuse de cet événement. Allaiter, ne pas dormir, langer ou être responsable de
quelqu'un l'angoissait, la fatiguait moralement. L'instinct maternel n’était donc pas
inné chez toutes les femmes ? Ou était-il passé chez elle ? Elle a beaucoup
culpabilisé de cette découverte d'elle-même et continue à s'en vouloir et à se

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