Télécharger le tome 3 - Ensemble Scolaire Saint

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Télécharger le tome 3 - Ensemble Scolaire Saint
étienne STAIN
Chair de poule bis
Tome 3
Pas de chance pour
le gagnant
Éditions : G.LAPETOCHE
Chair de poule
Pas de chance pour
le gagnant
Étienne Stain
Première édition
PASSION DE LIRE
bis
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-« Viv’ le vent ! Viv’ le vent ! Viv’ le vent d’hiver ! Qui s’en va siffl ...
Oups !! »
BOUM !!!
-« AHAHAHAHAH ! Tu es encore tombé, Martin ! », rirent mes amis.
-« Ho, çà va, hein ! », leur criai-je, vexé, en essayant de me relever .
Mais la croûte de neige épaisse qui recouvrait la cour faisait
déraper mes chaussures et je ne pouvais que gigoter, les quatre
fers en l’air .
-« Tu es tombé ! Tu es tombé ! », chantaient-ils en choeur .
-« Tiens, on pourrait en faire un tube », lança Chloé .
-« Ha ha, très drôle », dis-je, furieux .
Je venais de m’apercevoir que mon pantalon s’était déchiré aux
deux genoux . Que dirait ma mère ce soir ?
Je considérai mes camarades d’un oeil critique . On voyait tout de
suite que nous ne venions pas des beaux quartiers !
Antonin portait un survêtement qui n’était pas fait pour
affronter le froid glacial de cette fin d’après-midi d’hiver . Zoé
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grelottait dans une robe rapiécée . Les jumeaux, Quentin et
Gabin, semblaient flotter dans des pullovers appartenant à leur
grand-frère. Chloé trébuchait dans une jupe trop serrée. Quant à
Corentin, sa parka aurait été parfaite si le duvet qui la garnissait
n’avait eu tendance à fuir par les coutures.
Alors, avec mon pantalon déchiré, j’étais tout à fait assorti aux
autres !
-« Eh bien, vous comptez coucher ici ce soir ? », fit une voix
amusée.
Son trousseau de clés à la main, une surveillante s’approchait. -« Rien de cassé, Martin ? »
Comme par miracle, je me relevai sans problème. « Allez, Joyeuses
Fêtes et surtout bonnes vacances à tous ! », ajouta-t-elle en
fermant le portail derrière notre petit groupe.
Tout en bavardant, nous étions arrivés sur le boulevard.
Il faisait maintenant nuit noire mais les vitrines illuminées des
magasins jetaient mille feux. Les monuments étaient décorés
de guirlandes multicolores. Même les platanes étaient ornés
de grosses boules scintillantes. Tous les cinquante mètres, de
faux Pères Noël montaient la garde Les enfants riaient. Des
passants emmitoufflés chantonnaient sous la neige. Quel monde
féérique !!! Tant de couleurs à admirer !
-« Bon, ben, salut », dirent en même temps Quentin et Gabin,
en arrivant à l’angle de la Rue Brocante où nous nous quittions
chaque soir.
Très souvent, les jumeaux parlaient ensemble de la même chose
au même moment, ce qui nous étonnait beaucoup .
-« A demain », lancèrent les filles.
-« OK », dis-je, « même heure, même endroit ».
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Je partis, excité à l’idée de les revoir le lendemain. Au moment où
je me mettais à courir, pressé de rentrer chez moi, PATATRAS !
Je glissai sur une plaque de verglas et m’étalai une fois de plus.
Mon sac me retomba lourdement sur la figure.
-« Saleté de sac ! », criai-je en le jetant sur le côté. Dans ma chute,
sa dernière bretelle avait cédé. Il faut dire que cela faisait dix ans
que je trimballais le même cartable !
J’étais en train de me relever en m’accrochant à un poteau quand
j’aperçus à mes pieds, coincé sous une voiture en stationnement,
un objet rectangulaire, soigneusement enveloppé dans un
morceau de toile cirée.
Je m’en emparai et le fourrai dans ma poche.
Personne n’avait rien vu.
Puis, je saisis mon sac et repartis à fond en direction de ma maison
toute proche.
Bien que situé en plein centre-ville historique, mon quartier
ne payait pas de mine : rues étroites, sombres, sales ; bicoques
vétustes, lépreuses, grises. En plus, la nôtre était sans chauffage
depuis le début de l’hiver mais bah ! l’ambiance familiale y était
tellement chaleureuse !
Après quelques chutes et rechutes, j’arrivai enfin. Notre porte
fermait mal : il fallait l’ouvrir d’un bon coup d’épaule. Je lançai mon
sac (ou ce qu’il en restait) dans la cuisine déserte et montai dans
ma chambre . Il me tardait d’examiner ma trouvaille !!!
Je m’assis sur mon lit et dépliai le petit paquet. Un étui de cuir noir,
à la fois gonflé et moëlleux, apparut. J’hésitai. Je le tournai. Je le
retournai. Mes mains tremblaient.
Un morceau de papier s’en échappa. Qu’importe ce qu’il pouvait
dire ? Machinalement, je le froissai et le lançai dans la poubelle.
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J’ouvris le porte-feuille et étouffai un cri : il contenait des centaines
de billets craquants, bien serrés les uns contre les autres.
Mes yeux brillèrent.
-« C’est incroyable ! Quelle fortune !!! Je suis millionnaire !! »,
murmurai-je.
Il n’était que 6 heures du soir. Mes parents ne rentreraient pas
avant un bon moment.
Je ne pus résister à la tentation d’emprunter 100 euros dans la
liasse. Ensuite, je repris la direction du boulevard où j’achetai des
friandises, des cadeaux de Noël pour toute la famille et surtout du
pain bien frais pour le repas du soir.
J’étais épuisé !
Sur le chemin du retour, je mis le pied dans une crotte de chien.
-« Bah, ce n’est rien », pensai-je, en regardant autour de moi pour
chercher où essuyer mon pied. Mais il n’y avait rien. Seulement
le papier doré enveloppant le camion de pompiers que j’avais
l’intention d’offrir à mon petit frère. Pas de veine !
Un peu plus loin, un grand coup de vent me rabattit un volet sur
le visage. Coincidence malheureuse ? Je ne sais pas . En attendant,
j’avais une bosse au fron .
Il me tardait de trouver refuge à la maison qui, heureusement,
n’était plus très loi .
Comme mes parents étaient revenus, je me faufilai discrètement
jusqu’à ma chambre, rangeai les achats sous mon lit et dissimulai
l’argent dans l’armoire, au milieu d’un tas de vêtements sales dont
j’avais oublié l’existence.
-« Martin ! », appela Maman, « descend manger ! »
-« Tout de suite ! », criai-je, en tirant sur l’édredon du lit pour qu’il
pende jusqu’à terre et dissimule les paquets multicolores.
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Dans ma précipitation, je manquai la marche du haut et ...
dégringolai dans les escaliers.
Je commençais à me demander si ce porte-monnaie ne me
portait pas la poisse ! Et pourtant, non . C’est vrai que j’étais tombé
au moins trois fois ce même jour, mais c’était AVANT de le trouver.
A table, mon petit frère pleurnichait :
-« Maman, j’en ai marre de manger des petits pois ... »
-« Je n’ai rien d’autre à vous donner. Il n’y a que çà aux Restos du
Coeur, en ce moment. Ne fais donc pas la fine bouche et finis ton
assiette ! »
Notre Titounet se mit à bouder. Pour le distraire, je lui demandai
ce qu’il avait commandé au Père Noêl. Aussitôt, il battit des mains
et commença à réciter une longue liste de jouets. Mes parents
échangèrent un regard consterné.
Puis, ils me demandèrent comment s’était passée cette dernière
journée à l’école.
Le repas se termina dans la bonne humeur, malgré les quintes de
toux qui secouaient mon père, très enrhumé pour avoir travaillé
dehors.
Tout le monde s’était régalé avec le pain bien tendre que j’avais
apporté ... surtout moi, je dois dire. J’en avais mangé plus que ma
part !
-« Bon, je vais dans ma chambre », annonçai-je, en m’engageant
bravement dans l’escalier.
-« Hou, Martin ! T’as vu ton pantalon ? », s’écria mon petit frère.
Je m’arrêtai net, attendant une avalanche de reproches mais
Maman me dit simplement de le mettre au sale. Elle le repriserait
demain.
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Je me laissai tomber sur mon lit et me mis à réfléchir à l’usage que
je pourrais faire de la petite fortune que le hasard avait mis sur ma
route.
Tout-à-coup, au plus fort de mes calculs, j’eus l’impression que
quelque chose m’étouffait. C’était sûrement tout le pain que
j’avais ingurgité à table : il commençait à me peser sur l’estomac.
Je m’allongeai et m’endormis comme une masse.
Vers minuit, la soif me réveilla. Je voulus me lever mais tout
tournait autour de moi. Je devais avoir de la fièvre pourtant je
réussis à m’assoir au bord du lit.
Le temps passait et je me sentais de plus en plus faible. Je
frissonnai quand mes pieds se posèrent sur le plancher glacé .
Appeler mes parents ? Pas question . Je me redressai tant bien
que mal.
J’étais en train de faire quelques pas hésitants dans la chambre
quand brusquement une trappe s’ouvrit sous mes pieds.
Je glissai et je tombai en apesanteur, dans une chute interminable.
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Des couleurs éclatantes passaient devant mes yeux . Des idées
terrifiantes me traversaient l’esprit. Cela n’en finissait pas. C’était
pire que le pire des cauchemars.
Enfin, j’atterris avec un bruit sourd. Et puis le silence. Soudain, un
léger craquement me fit tressaillir. Un autre craquement. Je tendis
l’oreille, osant à peine respirer. Un pas, cette fois. Je n’étais donc
pas seul au fond de ce tombeau.
-« Où suis-je ? », demandai-je faiblement.
-« Te voilà au Pays des Riches, Martin », coassa une voix
caverneuse.
J’entr’ouvris prudemment un oeil.
Un géant difforme, enroulé dans une couverture et coiffé d’un
ridicule bonnet à pompon se tenait près de moi. Son visage
congestionné, éclairé par la bougie qu’il tenait sous son menton
était effrayant : gros nez rouge, moustache hérissée, yeux
larmoyants ...
Je retenais mon souffle.
Mon coeur battait si fort que je craignais qu’il n’explose.
C’est alors que le monstre se pencha pour allumer ma lampe de
chevet et poser son énorme patte sur mon front.
Enfin, après avoir fait claquer ses machoires, il ouvrit tout grand sa
bouche, en émettant toute une série de bruits étranges : « A-a-a
... », « A-a-a ... », « A-a-a ... »
-« A-a-a ... A-a-a-tchoum !!! »
Le personnage renifla deux ou trois fois, puis s’éclaircit la gorge.
-« Oh, ce rhube », grogna-t-il.
Mort de peur, je me recroquevillai sous les couvertures.
-« Allez, réveille-toi, Martin . Tu étais en train de faire un
mauvais rêve et tu es tombé du lit. A mon avis, c’est une petite
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indigestion », poursuivit mon père, d’une voix que je commençais
à trouver rassurante.
-« Qu’est-ce-que tu as dit tout à l’heure, Papa ? Tu as parlé d’être
riche ?», demandai-je.
-« Mais non, fiston . En te voyant si mal en point, je t’ai juste
reproché d’avoir fini toute la .... miche ! »
Le reste de la nuit, mon sommeil fut agité. Au réveil, je compris
que je devais faire quelque chose au sujet de ce porte-monnaie.
Ma première idée fut d’en parler à mes parents.
Justement, le samedi était aussi leur jour de congé (et en plus,
c’était l’avant-veille de Noël), ce serait plus facile.
Donc, pendant le petit-déjeuner, alors que je me préparais une
tartine, je déclarai :
-« Papa, Maman, je voudrais vous parler de quelque chose ... »
Au même moment, je réfléchis et me dis que jamais ils
n’utiliseraient cet argent comme moi.
-« Oui, on t’écoute », répondit Maman.
-« Non, rien », repris-je, « je vais aller sur le boulevard et je …. je ….
vais retrouver mes amis. »
-« Tu perds la tête », rigola Papa, entre deux gorgées de café.
Je terminai mon bol, montai dans ma chambre, m’habillai, fourrai
le porte-monnaie dans mon blouson . Ma décision était prise.
Je sortis dans le froid et pris la direction du Commissariat. Pendant
le trajet, j’eus tout le temps l’impression d’être espionné : la
neige crissait derrière moi et chaque fois que je me retournais,
j’entendais des bruits de genoux qui craquent, comme quand
ils se plient. Est-ce-que mon poursuivant se cachait derrière les
voitures ?
Arrivé au Commissariat, je me sentis enfin en sécurité. Un policier
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en civil me regarda entrer . J’avais l’air de l’ennuyer.
-« Que fais-tu ici, petit ? »
-« En fait, c’est un peu compliqué », répondis-je, « Hier soir, j’ai
trouvé un porte-monnaie et ... »
-« Déjà, est-ce-que tes parents sont au courant ? », questionna-t-il
d’un ton sévère.
-« Oui, bien sûr », affirmai-je en rougissant malgré moi.
-« Bon, viens t’assoir ici », dit l’homme . «Fais voir ce portemonnaie ! A propos, je m’appelle Monsieur Gadjet ».
-« Vous êtes Inspecteur ? », demandai-je.
-« Ici, c’est moi qui pose les questions », rétorqua le fonctionnaire,
« Voyons, reprenons l’interrogatoire ».
-« Voilà », commençai-je, « hier soir ... »
-« Quelle heure était-il ?» , coupa mon interlocuteu .
-« A peu près 18 h 15 », calculai-je . « J’ai glissé sur une plaque de
verglas et au moment de me relever, j’ai aperçu ce porte-monnaie
coincé sous une roue de voiture en stationnement ».
-« As-tu relevé le numéro du véhicule ? », interrogea l’agent .
-« Non, je n’y ai pas pensé », avouai-je, penaud.
-« Et tu n’as pas touché à cette somme ? », insista-t-il.
-« Bien sûr que non », mentis-je.
-« Ecoute moi bien, petit », dit l’homme, « Voilà ce que nous
allons faire : ce soir, je vais parler de ton aventure à mon Chef
et si personne n’a déposé de déclaration de perte, tu pourras
reprendre les sous et les garder en dépôt chez toi. Tu comprends,
nous n’avons pas de coffre-fort, ici . Mais tu nous laisseras ton
adresse pour le cas où le plaignant se manifesterait un jour ou
l’autre. Par contre, si personne ne se présente ici, l’argent sera à
toi au bout d’un an et un jour . Allez, file maintenant. Monsieur le
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Commissaire t’appellera demain matin .»
Je rentrai chez moi et composai les numéros de téléphone de tous
mes amis.
Pas de réponse. Il était trop tôt : ils devaient encore dormir.
Je laissai à tous le même message : « Coucou, c’est Martin . J’ai des
choses importantes à vous dire ! On se rejoint à l’endroit habituel
dans 20 minutes . Allez ! Debout, là-d’dans !!! »
Vingt minutes plus tard, nous étions tous réunis.
-« Qu’y-a-t-il de si grave ? », fit un des jumeaux.
-« Il fallait vraiment que tu nous réveilles ? », demanda l’autre.
-« Mes amis », commençai-je d’un air solennel, « j’ai à vous dire
quelque chose qui pourrait changer nos vies à tous . »
-« Pff ! » dit Cloé, « on a une vie malheureuse, on l’aura toujours ! »
-« Peut-être pas ... Peut-être pas ... Figurez-vous que l’autre jour j’ai
trouvé un porte-monnaie bien rempli », claironnai-je.
-« Montre vite !!! », s’exclamèrent-ils en choeur.
-« Impossible, je l’ai amené à la Police, mais en principe, je dois le
récupérer », ajoutai-je.
Pourvu que personne ne se soit présenté au Commissariat,
pensai-je …
-« Tu n’as pas peur qu’on te le vole ? », s’inquiéta Corentin.
-« Pas du tout », répliquai-je, « je le cache dans mon armoire sous
les piles de vêtements . »
Mes amis restaient bouche-bée . C’était trop drôle !!! Je les plantai
là et regagnai mon domicile .
Mes parents étaient à table . Je m’assis et je dis brusquement :
-« Vous savez, ce que je voulais vous dire ce matin, c’est qu’hier,
je suis tombé dans la rue, bon, çà, c’est comme d’habitude.
Seulement, par terre, il y avait un porte-monnaie plein de sous ... »
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-« ..... »
-« et là, tout-à-l’heure, je l’ai amené au Commissariat »
-« Mais ... mais ... tu es super ! C’est pas possible !!! Tu sais, Martin,
l’honnêteté fait tout dans la vie », approuva Maman, toute fière .
-« Presque tout », corrigea Papa . « Et .... que t’ont-ils dit ? », ajoutat-il d’un ton décontracté .
-« Qu’ils se renseignaient . Si personne ne réclame cette somme
dans les 24 heures, nous pourrons la garder chez nous, en dépôt,
à la disposition du propriétaire . Par contre, passé un délai d’un
an et un jour, elle nous appartiendra . Ils doivent nous rappeler
demain . »
La journée et la nuit s’étirèrent lentement . Le lendemain matin,
dès 7 heures, j’étais à côté du téléphone, même si je savais que le
Commissariat n’ouvrait qu’une heure plus tard.
Et à 8 heures précises, DRING, DRING ! Une secrétaire m’informa
que je pouvais venir chercher le paquet, personne n’ayant déclaré
d’argent perdu ou volé.
Accompagné par mon père, qui dût signer des tas de papiers, je
récupérai enfin le magot.
En arrivant à la maison, Maman me dit : -« Tu sais, avec Papa, on a bien réfléchi . Cet argent, c’est toi qui
l’as trouvé . Ce sera donc le tien . Fais-en ce que tu souhaites mais
pense à tes copains qui sont dans le besoin » . L’idée de mes parents me parut excellente.
Avec mon petit frère, je passai la matinée à nettoyer et à décorer
la salle à manger . Maman voulait que tout soit impeccable pour
le lendemain car mes grands-parents étaient invités à déjeuner.
Dans notre famille, c’était la tradition du 25 décembre.
Timothée m’aidait du mieux qu’il pouvait et au bout de quelques
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heures, tout étincelait. Demain, le décor serait magnifique pour le
déballage des cadeaux, les voeux et le repas !
Sitôt le déjeuner terminé, je décidai de rejoindre mes amis qui,
selon moi, devaient être au parc . J’enfilai un pull vert que maman
m’avait tricoté elle-même et me mis en route.
Je suivais une petite rue étroite et déserte . Je n’étais pas rassuré :
avec cette fortune dans mes poches, il me semblait que j’étais
exposé à mille dangers.
Soudain, à hauteur d’une vieille porte délabrée, j’entendis une
voix suppliante murmurer « S’il te plait, Martin, viens par ici ».
Je me retournai . Personne . Pourtant, la porte grinça et
s’entrebailla.
-« N’aie pas peur, entre », reprit une personne que je ne voyais pas.
-« Qui est là ? », demandai-je, tremblant de peur.
-« Je suis le propriétaire du porte-monnaie », fit la voix d’un ton
pitoyable, « Veux-tu me le rendre ? J’en ai grand besoin ».
-« Non ! », criai-je.
-« Mais pourquoi ? », gémit mon interlocuteur.
Je restai sans savoir quoi dire, puis tout d’un coup, l’inspiration me
vint .
-« Vous devrez me donner quelquechose en échange. »
-« D’accord », acquiesça l’homme invisible.
-« Mais montrez-vous d’abord ! », ajoutai-je.
-« C’est impossible. »
Il me sembla alors entendre sangloter . J’étais trop effrayé pour
chercher à en savoir plus ... Pas très fier de moi, je pris mes jambes
à mon cou . Longtemps, les échos de ces pleurs désespérés
résonnèrent dans mes oreilles.
J’aperçus mes amis de loin.
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Chloé riait aux éclats, tandis que les jumeaux s’éclaboussaient
avec l’eau du lac. Antonin, les mains dans les poches, écoutait
Corentin raconter une blague. Ils semblaient tous bien s’amuser.
J’arrivai en courant, les mains gelées par le froid.
-« Salut ! »
Ils s’arrêtèrent net, se demandant où j’étais passé tout à l’heure.
-« Qu’est-ce-que tu fais ici ? », me dit Corentin, tout surpris.
-« Ecoutez, vous n’allez jamais me croire ... », attaquai-je.
-« Tu vas encore nous faire gober quelquechose d’inimaginable ? »
interrogea Zoé avec ironie.
-« Ce n’est pas le moment de plaisanter », ripostai-je « le portemonnaie est à moi maintenant et ma mère aimerait que je
partage ce qu’il contient avec vous ! C’est super, non ? »
Zoé ouvrit des yeux ronds.
-« Attends, tu es en train de nous dire que tu vas partager ton
argent avec nous ? Mais je ne comprends pas . La dernière fois
que j’avais récolté des sous pour que nous achetions des pains
au chocolat, tu en as profité pour les garder pour toi tout seul ! »,
protesta-t-elle.
-« Ce n’était pas juste, Martin ! », insista Antonin.
-« Là-dessus ... »
-« ... tu nous as juré ... »
-« ... que tu nous rembourserais ...
-« ... et tu ne l’as ... »
-« ... jamais ... »
-« ... fait ! », conclurent Quentin et Gabin, à tour de rôle.
-« Je sais ... Je suis vraiment désolé », répondis-je, honteux.
-« Il y a de quoi ! », grommelèrent les deux frères.
Je fourrai mes mains dans ma bouche, ce que je fais quand je me
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sens mal à l’aise. Un lourd silence régnait autour de nous . Une
sensation presque paranormale . De plus, j’avais la désagréable
impression que nous n’étions pas seuls.
-« Alors ? », finis-je par lâcher.
-« Tu aimerais partager l’argent avec nous ? Tu sais, je n’aime pas
me disputer. Allez, je suis d’accord », répondit Chloé en me fixant
de son beau regard bleu et en repoussant ses cheveux en arrière.
-« Tu délires, Chloé, j’espère ? », intervint aussitôt Antonin. « Moi, je
n’accepte pas. Qui sait si le propriétaire ne va pas un jour réclamer
son dû ? »
-« Qui sait, çà, je n’en sais rien . Mais en tous cas, moi aussi,
j’accepte la proposition de Martin », fit Zoé, la main tendue.
-« Nous aussi, on veut bien », renchérirent les jumeaux, des rêves
plein la tête.
-« Sans façons, Antonin ? », dis-je gentiment.
-« Non, merci », répliqua-t-il très digne.
Je sortis rapidement le porte-monnaie de ma poche, comptai 5
parts égales et remis à chacun sa liasse de billets.
-« Au fait », s’exclama Chloé, « où est Corentin ? »
Mais oui, où était-il passé ?
Nous parcourûmes le parc dans tous les sens (il faisait un bon
kilomètre de long et autant de large) quand soudain, j’aperçus un
objet sur le sol.
-« Hé, venez voir ce que j’ai trouvé ! », criai-je.
-« Ne touchez pas à cette boite », hurla une voix.
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Dans le soleil couchant, un inconnu d’à peu près trente ans
s’avançait vers nous . Il portait un uniforme vert foncé, orné de
galons dorés mais usé jusqu’à la corde, avec un képi assorti .
-« Bonsoir les enfants ! Excusez-moi d’avoir crié comme celà »,
s’esclaffa-t-il.
Mes amis et moi échangeâmes un regard plein de points
d’interrogation . Qui était ce drôle de bonhomme ? Et que
pouvait-il savoir de cette mystérieuse boite ?
-« Vous ... vous ... êtes qui ...? », bafouillai-je.
-« Je m’appelle Mac Hapuch, James de mon prénom, et gardien
du parc depuis quinze ans maintenant . Et je n’ai encore jamais fait
une blague comme celle-ci . Je ne sais pas ce qui m’a pris . Désolé
si je vous ai fait peur . J’espère que vous ne m’en voulez pas . »
-« Non, ne vous inquiétez-pas, Monsieur », répondit Zoé en
soufflant.
-« Passons aux choses sérieuses », dit l’homme en se frottant les
mains. « Que faites-vous ici à une heure pareille, un 24 décembre,
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en plus ? La nuit va tomber et il va être l’heure de fermer le parc . »
-« A propos », reprit-il tout sourires, « vous pouvez m’appeler
Jaimie . Jaimie Mac Hapuch, donc ».
-« N’importe quoi », marmonna Antonin pour lui-même, « il a mis
son képi ! »
Les jumeaux éclatèrent de rire.
L’homme sembla contrarié . Il se renfrogna.
-« En fait ... James ..., euh, nous cherchons notre ami Corentin.
Il a disparu et ... », dis-je pour détendre l’atmosphère.
-« Corentin ? Corentin Hubert ? »
-« Oui . Vous le connaissez ? », demandai-je, ahuri.
-« Bien sûr . Corentin est mon neveu . Je l’ai vu sortir du parc il n’y a
pas 5 minutes . Que s’est-il passé exactement ? »
Soudain, un troisième sens m’avertit de me méfier de ce
personnage. Qui sait si ce n’était pas quelqu’un de.... méchant ? »
-« Il ne s’est rien passé du tout, bon sang », ripostai-je sèchement
. « Nous le cherchons juste parce qu’il a disparu, point à la ligne.
Maintenant si vous nous dites qu’il est parti, c’est bon ! Message
reçu ! »
-« Martin, comment tu parles à Jaimie ? », interrompit Chloé.
« Il nous explique et toi, tu ... tu l’agresses. Ce n’est pas gentil ! »
-« Dites », s’exclama soudain Mac Hapuch, « si on allait faire un tour
dans le magasin de mon ami Colibrac ? Il me l’a confié.
Je vais vous le faire visiter, d’accord ? »
Après quelques minutes de marche, nous nous retrouvâmes
devant une bâtisse d’aspect vieillot mais encore assez
majestueuse. Aucun d’entre nous ne l’avait jamais remarquée
avant. C’était un Bazar d’autrefois dont l’enseigne se balançait en
grinçant. Ses lettres d’or annonçaient : « Bric à Brac de Colibrac ».
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Je remarquai qu’une des fenêtres, située au premier étage, était
cassée et que le volet tapait au moindre coup de vent. Bien que
cadenassée, la porte faisait, elle aussi, un drôle de bruit.
Un frisson me parcourut le bas du dos.
-« Un de vos amis s’appelle Colibrac ? », demandai-je par curiosité.
-« Eh oui ... Quand il est né, le pauvre, il avait une malformation
du cou . On aurait dit qu’il avait la tête tordue . Alors, ses parents
l’ont appelé Colibrac . D’ailleurs, quand il était bébé ou enfant, il
portait souvent des pulls avec des cols montants, pour cacher son
infirmité . C’est fort, non ? »
-« Euh, oui, assez », approuvèrent les filles en hochant la tête.
Une bourrasque de vent souleva soudain la jupe de Chloé, ce qui
fit rire les jumeaux . Ce qu’ils peuvent être bêtes ! Chloé rougit et
elle nous adressa un sourire honteux en baissant ses jolis yeux
bleus.
-« Bon, eh bien, entrez donc, les enfants ».
L’homme déverrouilla la porte d’entrée qui s’ouvrit avec fracas.
Nous entrâmes dans le magasin, qui était immense.
Partout, se déployaient des étagères couvertes de jouets. Devant
nous, se dressait un grand bureau garni de personnages animés
qui bougeaient quand on leur touchait la tête.
Zoé était ravie car il y avait un coffre rempli de toutes sortes de
livres . Les jumeaux n’en revenaient pas de voir un flipper qui
marchait rien qu’en se plaçant devant lui. Chloé riait en appuyant
sur les touches d’un piano mal accordé.
Quant à Antonin, il faisait la tête, dans un coin.
De mon côté, je n’éprouvais aucun intérêt pour ces babioles. Je
saisis un chien en peluche puis le reposai avec ... dégoût. Du bric à
brac, quoi . D’où le nom de la boutique.
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-« Eh ! Regardez ce que nous avons déniché ! », s’exclamèrent les
jumeaux, « deux teeshirts, les mêmes ! Pour nous deux ! »
-« Moi, j’ai trouvé un briquet en forme d’allumette ! », fit Chloé, en
l’agitant comme une baguette magique.
-« Et moi, plein de livres géniaux ! Ce sont des journaux intimes, en
plus ... », s’émerveilla Zoé.
Un bruit provenant de la partie la plus obscure du local nous fit
sursauter . Non seulement Jaimie Mac Hapuch avait disparu mais
des pas saccadés se faisaient entendre tout près de nous.
Un homme âgé sortait de l’ombre . Vêtu d’une redingote grise, il
se déplaçait avec difficulté . En plus de ses rhumatismes, il était
sans doute handicapé par la minerve qui encerclait son cou.
Complètement édenté et sans un poil sur le caillou, il faisait plutôt
peur.
-« Bonjour les enfants », crachota-t-il, « et bienvenue au Bric à Brac
de Colibrac. »
-« Pourrions-nous savoir qui vous êtes ? », demanda Zoé en se
levant.
-« Je suis Colibrac »
-« Mais, nous pensions que vous étiez parti et que Monsieur Mac
Hapuch, votre ami, avait repris le magasin », balbutiai-je.
-« Ce n’est pas tout à fait faux . Mac Hapuch a réussi à avoir le
magasin mais il n’a heureusement pas obtenu mon poste. C’est
moi qui vend toujours les jouets aux enfants de passage . Lui, il
s’occupe juste de mettre les nouveautés en vitrine. »
-« Mais alors, il n’est pas gardien du parc ? »
-« Non, bien sûr que non . Mais comme il vit tout à côté, il dit à qui
veut l’entendre qu’il a le droit de surveiller ce qui s’y passe. »
Je lançai un regard entendu à Chloé . Elle plissa les yeux et
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changea de sujet.
-« Alors, on a le droit d’acheter tout ce qui nous chante ici ? »,
demanda-t-elle.
-« Bien sûr ! Et en plus, cela coûte bien moins cher que dans les
grandes surfaces. »
-« ... »
-« Bon, qui veut un jouet ? », reprit le vieillard.
-« Moi ! Moi ! Moi ! », répondirent mes amis.
-« Alors, choisissez-en un ! Et Joyeux Noël !!!»
Chloé prit son allumette géante, les jumeaux un teeshirt chacun,
Zoé des livres et moi une trousse de Premiers Secours.
Nous payâmes ce que nous devions, sortîmes du Bric-à-Brac et
chacun rentra chez soi.
Quand j’arrivai à la maison, je trouvai ma mère en larmes. Elle
venait d’apprendre que Papa était atteint d’un maladie grave .
Suite à un malaise, une ambulance était venue le chercher et en
ce moment même, il était aux Urgences . Maman devait retourner
à l’hôpital pour lui apporter ses affaires de toilette et un pyjama
de rechange.
Je me sentais seul, tout seul . Je savais maintenant que c’était à
cause de cet argent maléfique que tout allait si mal depuis trois
jours.
Je montai dans ma chambre et contemplai le triste paysage qui
m’entourait : un lit défait, une armoire sans porte, des rideaux
grisâtres, une table bancale, deux chaises dépareillées et ce baril à
lessive qui servait de poubelle !
Poubelle ?
Je me précipitai dans le coin où elle se trouvait et me mis à fouiller
comme un fou parmi les épluchures et les chewing-gums.
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La lettre que j’avais jetée était-elle toujours là ? Comme je
regrettais de ne l’avoir pas lue quand elle était tombée du portefeuille !
Un coup de sonnette strident interrompit mes recherches.
Je me penchai à la fenêtre et aperçus deux étranges « poussah »,
joufflus, ventrus et boudinés dans deux teeshirts identiques.
Ils attendaient patiemment sur le seuil, se dandinant de droite à
gauche et d’avant en arrière . Quand ils m’aperçurent, ils crièrent
: « C’est les teeshirts de Colibrac qui nous ont fait fait gonfler
comme çà !!! Fais quelque chose, Martin !! En attendant, on te met
l’argent sous la porte, on n’en veut plus ! »
J’étais en train de me diriger vers les escaliers pour accueillir mes
deux copains quand le téléphone retentit . C’était la maman
de Zoé qui m’annonçait que sa fille avait perdu la vue. Ses yeux
étaient collés par du pus qui séchait en grosses croûtes oranges
. L’infection avait commencé quand Zoé s’était plongée dans les
livres de Colibrac. Je l’entendais hurler de douleur.
Comme c’était dimanche, aucun docteur n’était disponible et
Madame Moulin était horriblement inquiète. Plus elle entendait
sa fille répéter qu’il fallait rendre de l’argent, moins elle savait quoi
faire.
Soudain, les modulations d’une sirène de pompiers envahirent le
quartier, la maison, la chambre. Je coupai la communication.
Dans la rue, les uns derrière les autres, trois camions rouges
défilaient à toute allure.
Ils s’arrêtèrent quelques centaines de mètres plus loin, en bas du
vieux HLM où vivait Chloé et sa nombreuse famille.
Depuis ma chambre, j’avais une vue imprenable sur le drame qui
se jouait . Mes yeux gravirent la façade jusqu’au dernier étage puis
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redescendirent au huitième . Et c’est alors que, malgré l’obscurité,
j’aperçus un peu de fumée qui sortait de la chambre de Chloé,
celle située à l’angle. Oh non ! Pas l’allumette géante de Colibrac !
Alors que les pompiers déroulaient leurs tuyaux, la fenêtre de
mon amie s’entrouvrit et une sorte d’enveloppe tourbillonna
quelques secondes dans les airs avant d’aller atterrir dans un
maigre buisson.
Mes amis avaient-ils compris qu’il y avait un rapport entre les
cadeaux achetés et les malheurs qui nous tombaient dessus ?
En tous cas, si des vêtements pouvaient provoquer une maladie
de peau, si des livres pouvaient entrainer des problèmes aux yeux,
et si un briquet (éteint) pouvait causer un incendie, aucun doute
n’était plus permis : c’était la trousse médicale qui avait déclenché
la maladie de mon père.
En toute hâte, je ramassai dans le couloir l’argent de Quentin et
Gabin.
Puis, je rendis visite à Zoé et lui promis, en empochant les billets,
du soulagement pour très bientôt.
Enfin, je poussai jusqu’à l’immeuble de Chloé et récupérai très
facilement le paquet qui était tombé dans le buisson.
Ces trois « opérations » effectuées, il ne me restait plus qu’à me
débarrasser de ma part. D’avance, j’étais soulagé en constatant
que le porte-monnaie avait retrouvé ses ... rondeurs !
Quelques minutes plus tard, je m’avançai dans la ruelle où j’avais
eu si peur dans l’après-midi . Maintenant, il y faisait noir comme
dans un four . Jamais je ne retrouverais l’endroit que je cherchais ...
Quelle sinistre veillée de Noël !
Au moment où j’allais faire demi-tour, complètement découragé,
un rayon de lune éclaira une façade que je reconnus tout de
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suite ... La porte en bois sculptée était fermée . D’ailleurs, toute
la maison semblait inhabitée. Je soulevai le heurtoir et, sans
attendre de réponse, jetai le porte-monnaie dans la boite aux
lettres. J’étais heureux comme si je venais d’accomplir une bonne
action ... de Noël !
Une fois sur le boulevard, tout me parut beau et joyeux . Dans
les vitrines des magasins encore éclairées, il me semblait que les
poupées, les peluches, les automates, et même les playmobils me
souriaient.
En croisant une foule de gens qui se rendaient à la Messe de
Minuit, je compris qu’il devait être vraiment tard.
Je pressai le pas . Inutile d’inquiéter ma famille d’avantage . Et
cette fois, pas question de me cogner, de me perdre, ou de me
casser la figure !
Finies, les catastrophes !!!
Il faisait bon dans le salon. Une dernière bûche achevait de se
consumer dans la cheminée. Le feu éclairait la pièce, en faisant
ressortir le drap blanc qui servait de nappe et la table dressée avec
nos plus jolies assiettes.
Il faut reconnaître que la crèche était ce que nous avions le moins
réussi : pourtant, la Sainte Vierge portait un magnifique voile bleu
turquoise doré sur les bords. Et Joseph, assis sur un banc de pierre,
son manteau sur le bras, la regardait tendrement.
Le problème, c’est qu’il y avait sept Rois Mages, dont trois sans
bras ou pieds. Il parait que quand j’étais petit, j’en avais brisé
quatre d’un coup ! On les avait réparés en leur confectionnant des
sandales avec de la pâte à modeler et des perles.
Les cartes de voeux de tous nos parents et amis dansaient sur
le fil où je les avais accrochées : il y avait celle de Raymond et
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Marthe, celle de nos cousins d’Amérique, celle du petit Christophe
qui en envoyait une tous les ans à ses grands-parents, celles de
tous mes copains ...
Dans un coin, le sapin que grand-père avait coupé pour nous
dans la forêt clignotait doucement . Il était surmonté d’une étoile
argentée, recouvert d’un manteau de guirlandes et chargé de
bonbons. Je souris en pensant que Mamie adorait ces décorations
mais que Papy les détestait : il trouvait que celles-ci « faisaient
maison de retraite » !
Nous avions déjà aligné nos chaussures : les miennes (que j’avais
cirées pour l’occasion), les escarpins de Maman, les godillots de
Papa, les petits chaussons en forme de tigre de Timothée, les
espadrilles de Papy . Quant à Mamie, elle avait choisi de poser
sous l’arbre sa plus jolie paire de pantoufles.
Au milieu de ce décor harmonieux, un morceau de papier posé
sous le sapin attira mon attention.
Je me levai, le ramassai, le dépliai.
Le document était rédigé à l’encre rouge : c’était un reçu
authentique, me libérant de ma dette et signé « le propriétaire du
porte-monnaie ».
Je poussai un soupir de soulagement, tout en me demandant
comment ce papier était arrivé chez nous.
A ce moment-là, des pas incertains se firent entendre dans le
vestibule et mon petit frère entra dans la pièce . Tout ensommeillé,
il demanda : « Le Père Noël est passé ? »
« Oui », répondis-je, en le prenant dans mes bras, « mais viens
te recoucher, Titi. Papa et Maman vont bientôt rentrer et nous
ouvrirons nos cadeaux tous ensemble demain ! »
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Auteurs : Héloïse
Inès
Martin
Maxime
Illustration &
mise en page : Léo
Vincentl
Merci aux élèves de sixième du collège et de première
bac pro Communication Graphique de l’ensemble
scolaire Saint-Étienne de Cahors.
© Mai 2012
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étienne STAIN
Chair de poule
bis
Tome 3
Pas de chance pour
le gagnant
-« Viv’ le vent ! Viv’ le vent ! Viv’ le vent d’hiver ! Qui
s’en va siffl ... Oups !! »
BOUM !!!
-« AHAHAHAHAH ! Tu es encore tombé, Martin ! »,
rirent mes amis.
« Ho, çà va, hein ! », leur criai-je, vexé, en essayant de
me relever.
Mais la croûte de neige épaisse qui recouvrait la cour
faisait déraper mes chaussures et je ne pouvais que
gigoter, les quatre fers en l’air.
-« Tu es tombé ! Tu es tombé ! », chantaient-ils en
choeur.
-« Tiens, on pourrait en faire un tube », lança Chloé.
-« Ha ha, très drôle », dis-je, furieux.
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Éditions : G.LAPETOCHE
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