Virus herpès humain 8 et maladie de Kaposi au cours de l infection
Transcription
Virus herpès humain 8 et maladie de Kaposi au cours de l infection
M I S E A U P O I N T Virus herpès humain 8 et maladie de Kaposi au cours de l’infection par le VIH : interactions et impact des traitements antirétroviraux Human herpesvirus 8 and AIDS-associated Kaposi’s sarcoma: interaction and impact of antiretroviral therapy # V. Martinez1, 2, N. Dupin1 RÉSUMÉ. On distingue quatre formes épidémiologiques de maladie de Kaposi (MK) : la MK classique, endémique, iatrogénique, et épidémique associée à l’infection par le VIH. Le virus HHV-8 est associé à toutes les formes épidémiologiques de MK. Au sein des lésions, la majorité des cellules est infectée de façon latente. Les cellules caractéristiques de la MK sont des cellules d’origine endothéliale dérivant possiblement de l’endothélium lymphatique. Le génome du HHV-8 est caractérisé par un certain nombre de gènes impliqués dans la régulation de la division cellulaire, la régulation de la réponse inflammatoire et le développement de l’angiogenèse. Le caractère opportuniste de la MK est souligné par la régression de MK iatrogénique à la baisse ou à l’arrêt des immunosuppresseurs et, dans le cadre de la MK épidémique, l’amélioration voire la régression des lésions sous traitement antirétroviral combiné (HAART). L’action bénéfique des HAART sur la MK dépend de deux mécanismes principaux : la restauration immune et la modulation de la production de protéines du VIH ayant un effet prokaposien comme la protéine tat du VIH. L’action propre antiangiogénique des inhibiteurs de protéases démontrée in vitro n’est pas encore prouvée dans des études cliniques, notamment chez des sujets ayant une MK mais non infectés par le VIH. Les études menées chez des patients ayant une MK et traités par HAART soulignent l’importance du contrôle de la réplication du VIH comme facteur de réponse de la MK. Mots-clés : Kaposi - HHV-8 - KSHV - HAART - VIH. ABSTRACT. Kaposi’s sarcoma is classified in 4 types, classical KS, endemic KS, iatrogenic KS and epidemic KS associated with HIV. HHV-8 is associated with all epidemiological forms of KS. In KS lesions, most of the cells are latently infected. The hallmark cells of KS are from endothelial origin and presumably from the lymphatic endothelium. The genome of HHV-8 is characterized by the presence of genes implicated in the regulation of cellular division, the inflammatory response and angiogenesis. The opportunistic feature of KS is illustrated by the regression of iatrogenic KS when immunosuppressors are stopped and in the context of epidemic KS, with the benefit of HAART with partial or complete remission in most of cases. The positive impact of HAART on KS is mainly due to 2 different mechanisms: immune restoration and downregulation of the production of HIV protein implicated in Kaposi progression such as the tat protein of HIV. The direct antiangiogenic effect of protease inhibitors which has been demonstrated by in vitro experiments has not yet been confirmed by clinical trials notably in patients with KS but without HIV. Studies on patients with KS and treated by HAART have demonstrated that the control of HIV replication is the main factor associated with KS response. Keywords: Kaposi - HHV-8 - KSHV - HAART - HIV. a maladie de Kaposi (MK) a été décrite pour la première fois en 1872 par un dermatologue hongrois, Moritz Kaposi, comme un sarcome cutané, multifocal, pigmenté et idiopathique. Ces patients, essentiellement des hommes âgés originaires du bassin méditerranéen ou d’Europe centrale, présentaient des tumeurs cutanées prédominant aux membres inférieurs. Cette forme clinique a été décrite initialement comme la forme classique de MK. Depuis cette description initiale, trois nouvelles formes épidémiologiques ont pu être identifiées : % la MK endémique en Afrique subtropicale : responsable d’un tableau clinique plus agressif touchant la peau et les ganglions lymphatiques et survenant chez les enfants et les adultes séronégatifs pour le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ; L Service de dermatologie, université Paris-V, hôpital Tarnier-Cochin, 75006 Paris. Service des maladies infectieuses et tropicales, université Paris-VI, hôpital Pitié-Salpêtrière, 75013 Paris. 1 2 44 % la MK iatrogène ou après transplantation d’organes solides chez des patients traités par immunosuppresseurs ; % la MK épidémique associée au déficit immunitaire induit par le VIH et décrite au début des années 1980 chez des hommes homosexuels. Cette néoplasie est une tumeur mésenchymateuse touchant les vaisseaux sanguins et lymphatiques, dont l’origine est multifactorielle, mais repose essentiellement sur la présence d’un nouvel herpèsvirus appelé HHV8 (virus herpès humain 8) (1, 2). INFECTION PAR HHV8 ET PATHOGÉNIE Le HHV8, découvert en 1994 par Chang et al., est considéré comme l’agent étiologique principal de la MK (3). Il fait partie de la famille des herpèsvirus humains, sous-famille des γ-Herpesviridae, et c’est actuellement le seul herpès humain La Lettre de l’Infectiologue - Tome XX - n° 2 - mars-avril 2005 M du genre rhadinovirus. Ce virus est associé aux quatre formes épidémiologiques de MK, ainsi qu’à la forme multicentrique de la maladie de Castleman et à certains lymphomes des séreuses. En effet, il existe une forte corrélation entre l’épidémiologie du HHV8 et celle de la MK, avec une incidence plus élevée de la MK dans les pays à forte endémie de HHV8, avec néanmoins quelques exceptions, notamment en Afrique (Gambie), où la prévalence du HHV8 est élevée mais la MK rare, suggérant un rôle de cofacteurs environnementaux. I S E A U P O I N T auteurs. Pour certains, 1 à 5 % des cellules de l’infiltrat supportent une infection lytique (6). La majorité de ces cellules appartiendrait à la lignée des monocytes-macrophages. La nécessité d’une infection lytique pour le maintien du virus au sein des lésions a été récemment rapportée et, pour certains, justifierait de reconsidérer la place de molécules actives sur le HHV8 dans le traitement de la MF (7). TRANSMISSION HHV8 possède une douzaine de gènes, codant pour des protéines dont le rôle est de moduler la réponse immunitaire, l’apoptose et la croissance cellulaire. Parmi ces gènes, on retrouve des gènes homologues à des gènes cellulaires humains impliqués dans la régulation de la prolifération et de la différenciation cellulaires. Ces gènes auraient été intégrés par HHV8 au cours de son évolution, dans le but probable de maintenir la survie des cellules après infection en leur conférant un avantage de croissance. Le HHV8 possède un gène codant pour une protéine proche de l’interleukine 6 humaine (vIL-6), dont le rôle semble pivot dans la pathogénie de la maladie de Castleman. D’autres gènes codent pour des protéines virales impliquées dans l’inhibition de l’apoptose cellulaire (protéine codée par le gène homologue au gène bcl-2), ou encore dans l’initiation de l’angiogenèse (vGPCR, qui est une protéine codée par un gène homologue à celui codant pour le récepteur à la protéine couplée G). Les techniques d’amplification génomique (PCR) ont permis de retrouver des séquences de HHV8 dans pratiquement 100 % des tissus kaposiens si les prélèvements ont été congelés immédiatement et conservés en azote liquide ou à - 80 °C. Des séquences virales peuvent être également mises en évidence en peau saine chez ces mêmes malades à un titre très faible. En dehors de la peau lésée, la PCR a permis de mettre en évidence le virus HHV8 dans les cellules lymphocytaires circulantes (4), et la détection de séquence de HHV8 dans le compartiment sanguin serait un élément prédictif du développement d’une MK chez les sujets infectés par le VIH. Si la charge virale est très élevée dans les lymphocytes au cours des poussées de la maladie de Castleman, la virémie cellulaire est moindre dans le cadre de la MK, mais pourrait, pour certains auteurs, être un témoin indirect de l’évolutivité de la MK. Les techniques morphologiques comme l’hybridation in situ, la microscopie électronique ou l’immunohistochimie ont pu démontrer que, dans les tissus kaposiens, la plupart des cellules étaient infectées de façon latente (5). Au stade précoce de la maladie, le virus est présent à l’état latent dans les cellules fusiformes qui bordent les fentes et les “lacs” vasculaires caractéristiques des stades initiaux de la MK. Aux stades plus avancés, le virus est présent dans la grande majorité des cellules fusiformes ou “spindle cells” qui caractérisent la lésion au stade nodulaire. L’existence d’une réplication même minime est discutée par la plupart des La Lettre de l’Infectiologue - Tome XX - n° 2 - mars-avril 2005 Le virus HHV8 est un virus non ubiquitaire dans le monde. Dans la population adulte, la séroprévalence globale varie de moins de 5 % dans la plupart des pays occidentaux (États-Unis et Europe du Nord) et en Asie du Sud-Est à plus de 50 % en Afrique de l’Est et centrale, et est de l’ordre de 10 à 20 % dans les pays du bassin méditerranéen, en Amérique du Sud et en Afrique de l’Ouest. Dans les pays de faible endémie, le mode de transmission prédominant est sexuel. La séroprévalence est élevée dans les groupes aux contacts sexuels nombreux, et surtout en cas d’antécédents d’autres infections sexuellement transmissibles (8). Plusieurs autres facteurs de risque ont été identifiés comme la promiscuité, l’infection par le VIH, la durée de l’activité homosexuelle masculine, le nombre élevé de partenaires sexuels, des contacts orogénitaux chez les individus non infectés par le VIH ou génitoanaux ou anobuccaux chez les homosexuels masculins (8-11). Il existe actuellement peu d’arguments pour une transmission hétérosexuelle, hormis chez les femmes à risque élevé comme celles infectées par le VIH, en cas d’antécédents d’autres infections sexuellement transmissibles, d’un nombre élevé de partenaires sexuels homosexuels ou de toxicomanie intraveineuse (12-16). Dans les pays de moyenne ou forte endémie, en particulier l’Afrique, la séroprévalence est très élevée dans l’enfance, après l’âge de 2 ans, évoquant une transmission horizontale de HHV8 de la mère à l’enfant ou d’enfant à enfant au sein de la même fratrie, par contacts rapprochés ou partage d’ustensiles domestiques, plutôt qu’une transmission verticale lors de l’accouchement ou de l’allaitement (17-20). La salive apparaît aussi comme une voie de transmission possible en Afrique, en Europe du Sud et chez les patients infectés par le VIH (21-23). Des cas d’infections à HHV8 ont été décrits après transfusion sanguine ou après transplantation d’organes à partir d’un donneur infecté par ce virus (24, 25). HISTOLOGIE La coloration utilisée en routine pour le diagnostic est l’éosinehématoxyline associée à une analyse immunohistochimique. En histologie, trois types de lésions sont individualisables et correspondent à trois formes cliniques différentes : 45 M I S E A U P O I N T % les macules : lésions débutantes avec présence d’ectasies et/ou de fentes vasculaires et d’un infiltrat lymphoplasmocytaire ; % les papules : lésions plus avancées comportant des ectasies et/ou des fentes vasculaires, un infiltrat lymphoplasmocytaire, une prolifération de cellules fusiformes d’origine endothéliale CD34+ et CD31+ ; % les nodules : constitués d’un infiltrat de cellules fusiformes denses (26, 27). Il existe aussi généralement un infiltrat lymphocytaire inflammatoire, des dépôts d’hémosidérine et un infiltrat de cellules fusiformes dans l’endothélium. L’épiderme est habituellement sain. Des études récentes suggèrent que ces cellules fusiformes dériveraient d’une cellule endothéliale d’origine probablement lymphatique qui exprime les marqueurs CD31, CD34 et VEGFR3, mais pas le marqueur PAL-E (marqueur de l’endothélium vasculaire). MALADIE DE KAPOSI ET INFECTION PAR LE VIH Épidémiologie La MK était la néoplasie la plus fréquente au cours de l’infection par le VIH et survenait en cas d’immunodépression peu profonde (CD4 > 200/mm3). Le risque relatif de développer une MK a été évalué comme 310 fois plus élevé chez les patients infectés par le VIH que chez les adultes non infectés. Néanmoins, l’incidence des affections opportunistes et de la MK a diminué depuis l’introduction des trithérapies antirétrovirales (28, 29). De manière générale, la probabilité pour un patient coïnfecté par le VIH et par le HHV8 de développer une MK en 10 ans est de 30 à 50 % (30, 31). Cette probabilité est accrue chez les hommes homosexuels, ayant une charge virale VIH élevée et des lymphocytes CD4 bas (30-32). Récemment, l’étude de 1994 à 1998 de la cohorte EuroSIDA a montré que l’incidence de la MK est de l’ordre de 1,8 pour 100 patients non traités par antirétroviraux et par année d’observation, versus 0,7 pour 100 patients traités par trithérapie antirétrovirale (HAART), sans différence statistiquement significative (p = 0,53) (33). Dans cette cohorte, la proportion de MK au sein des infections opportunistes était stable depuis 1994 et représentait environ 7 % des affections opportunistes, versus 15 % en 1989. Classification et pronostic Plusieurs classifications sont utilisées pour définir la gravité de la MK et orienter le choix thérapeutique. La classification la plus utilisée est clinico-immunologique ; elle permet de classer les patients en deux groupes : bon et mauvais risque. Elle est fondée d’une part sur l’extension de la tumeur “T”, le statut immunitaire “I” et l’existence de signes généraux “S” et, d’autre part, sur les essais du groupe AIDS Clinical Trials Group (ACTG), et date de l’époque pré-HAART (34). 46 Le pronostic de la maladie de Kaposi au cours de l’infection par le VIH est fonction de nombreux facteurs : la localisation de la MK ; la réponse au traitement spécifique de la MK ; la réponse immunovirologique (nombre de lymphocytes CD4 et charge virale VIH) sous HAART ; l’association à d’autres infections opportunistes. Interactions VIH et HHV8 Les études de transmission du VIH ont montré que la protéine MIP-1 du HHV8 est identique à celle intervenant dans l’infection par le VIH. De ce fait, MIP-1 est capable d’inhiber la réplication des souches de VIH-1 faisant intervenir le récepteur CCR5 (35, 36). De plus, le gène Tat, inclus dans le génome du VIH, produit des protéines stimulant la prolifération des cellules fusiformes et inhibe l’apoptose probablement via l’IFNγ ou via l’activation du gène codant pour l’IL-6 (35-40). Par ailleurs, Tat a un effet angiogénique direct via l’interaction avec des récepteurs comme le récepteur au VEGF (40). En fait, la restauration immune sous HAART contribue à la latence de HHV8. Une réplication VIH non contrôlée contribue à la progression de la MK et à l’expression de la protéine Tat, qui elle-même régule la croissance de HHV8. De ce fait, le VIH semble accélérer l’évolution clinique de la maladie de Kaposi, entre autres via les interactions de HHV8 avec les corécepteurs du VIH (35, 41). IMPACT DES TRITHÉRAPIES ANTIRÉTROVIRALES CHEZ LES PATIENTS COÏNFECTÉS VIH/HHV8 L’incidence de la MK a été réduite de 50 % depuis l’introduction des HAART (28, 29, 31), qui permettent aussi de prolonger la survie de ces patients (42, 43). Les trithérapies antirétrovirales favorisent une reconstitution immunitaire avec augmentation du taux de lymphocytes CD4 et réduction de la charge virale VIH, et, par ce biais, une stabilisation ou une rémission des lésions de la MK. L’augmentation relative du nombre de lymphocytes CD4 après l’introduction des HAART a été décrite comme facteur prédictif indépendant de réponse thérapeutique de la MK (44). La reconstitution immunitaire sous HAART rendrait possible une meilleure reconnaissance du HHV8 et une réponse immune spécifique. De plus, les trithérapies permettent d’augmenter la période sans rechute chez les patients ayant une MK traitée par chimiothérapie et de réduire de 81 % le risque de décès (42). La régression de la MK sous HAART est liée à différents effets : reconstitution immunitaire spécifique de HHV8, inhibition de la réplication virale VIH, et donc diminution de la protéine angiogénique Tat, réduction de la production de cytokines intracellulaires qui activent la production d’autres facteurs angiogéniques et participent de ce fait à l’activation et à la réactivation du HHV8. La Lettre de l’Infectiologue - Tome XX - n° 2 - mars-avril 2005 M Effets spécifiques des inhibiteurs de la protéase (IP) Le traitement par HAART seul incluant des IP a permis chez plus de 50 % des patients la rémission complète des lésions de MK (45, 46). Les IP comme l’indinavir, le ritonavir, le nelfinavir et le saquinavir ont un effet direct antiprolifératif ou antiangiogénique (47, 48). En effet, chez les souris nude, l’utilisation de l’indinavir et du saquinavir bloquent le développement et induisent la régression des lésions de MK par effet antiprolifératif. Le ritonavir, un des IP, a lui aussi un effet direct antitumoral (49). Effets spécifiques des inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse (INNTI) Des études contradictoires ont été publiées sur le rôle des INNTI (50-52). Quelques rares cas d’efficacité des INNTI ont été rapportés (51). Ainsi, Murdaca et al. ont décrit pour la première fois un cas de rémission complète chez un patient très immunodéprimé (CD4 30/mm3) et traité avec une association comportant de l’efavirenz et deux analogues nucléosidiques de la transcriptase inverse sans IP (51), mais BaniSadr et al. ont rapporté les cas de cinq patients ayant eu une rechute de la MK après modification d’une trithérapie comprenant des IP à un régime incluant des INNTI (52). Une étude récente a cependant montré que les patients recevant des trithérapies comportant des INNTI ont une incidence de MK inférieure à ceux traités par IP, soit 0,2 cas versus 1,1 cas pour 1 000 patients/années (50). STRATÉGIES THÉRAPEUTIQUES DE LA MALADIE DE KAPOSI AU COURS DE L’INFECTION PAR LE VIH La décision thérapeutique chez les patients infectés par le VIH ayant une MK dépend de nombreux facteurs comme la localisation de la MK, le nombre de lymphocytes CD4, la charge virale VIH. La prise en charge thérapeutique des patients coïnfectés peut être résumée de la façon suivante (1) : Atteinte viscérale et cutanéomuqueuse sévère de la MK Chimiothérapie spécifique de la MK associée à un traitement par HAART pouvant être commencé en même temps si le nombre de lymphocytes CD4 est inférieur à 200/mm3, en tenant compte des interactions médicamenteuses entre les antirétroviraux et les chimiothérapies spécifiques de la MK. Le traitement par HAART sera différé si le nombre de lymphocytes CD4 est supérieur à 200/mm3. Atteinte cutanéomuqueuse modérée Traitement antirétroviral en première intention qui va permettre de restaurer l’immunité HHV8 spécifique et de contrôler l’infection par le VIH, et cela quel que soit le taux de lymphocytes La Lettre de l’Infectiologue - Tome XX - n° 2 - mars-avril 2005 I S E A U P O I N T CD4. Le critère d’efficacité correspond à la régression partielle ou totale des lésions. En l’absence d’involution des lésions dans les trois mois, il faudra discuter l’association à une chimiothérapie spécifique de la maladie de Kaposi. CONCLUSION Le virus HHV8 est le virus responsable de la maladie de Kaposi. Il induit l’expression de nombreux gènes viraux jouant un rôle dans la croissance cellulaire, la prolifération, l’inflammation et l’angiogenèse via la production de cytokines. Au cours de l’infection par le VIH, il existe de nombreuses interactions entre les deux virus, qui sont capables de se réguler positivement l’un l’autre. Néanmoins, depuis l’introduction des trithérapies antirétrovirales, l’incidence, l’évolution et le pronostic de la maladie de Kaposi ont évolué favorablement. $ R É F É R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S 1. Hengge UR, Ruzicka T, Tyring SK et al. Update on Kaposi’s sarcoma and other HHV8 associated diseases. Part 1: Epidemiology, environmental predispositions, clinical manifestations, and therapy. Lancet 2002;2:281-92. 2. Hengge UR, Ruzicka T, Tyring SK et al. Update on Kaposi’s sarcoma and other HHV8 associated diseases. Part 2: Pathogenesis, Castleman’s disease, and pleural effusion lymphoma. Lancet 2002;2:344-52. 3. Chang Y, Cesarman E, Pessin MS et al. Identification of herpesvirus-like DNA sequences in AIDS-associated Kaposi’s sarcoma. Science 1994;266:1865-9. 4. Ambroziak JA, Blackbourn DJ, Herndier BG et al. Herpes-like sequences in HIV-infected and uninfected Kaposi’s sarcoma patients. Science 1995;268:582-3. 5. Dupin N, Fisher C, Kellam P et al. Distribution of human herpesvirus 8 latently infected cells in Kaposi’s sarcoma, multicentric Castleman’s disease, and primary effusion lymphoma. Proc Natl Acad Sci USA 1999;96:4546-51. 6. Sturzl M, Hohenadl C, Zietz C et al. Expression of K13/v-FLIP gene of human herpesvirus 8 and apoptosis in Kaposi’s sarcoma spindle cells. J Natl Cancer Inst 1999;91:1725-33. 7. Grundhoff A, Ganem D. Inefficient establishment of KSHV latency suggests an additional role for continued lytic replication in Kaposi’s sarcoma pathogenesis. J Clin Invest 2004;113:124-36. 8. Martin JN, Ganem DE, Osmond DH, Page-Shafer KA, Macrae D, Kedes DH. Sexual transmission and the natural history of human herpesvirus 8 infection. N Engl J Med 1998;338:948-54. 9. Melbye M, Cook PM, Hjalgrim H et al. Risk factors for Kaposi’s sarcomaassociated herpesvirus (KSHV/HHV8) seropositivity in a cohort of homosexual men, 1981-1996. Int J Cancer 1998;77:543-8. 10. O’Brien TR, Kedes D, Ganem D et al. Evidence for concurrent epidemics of human herpesvirus 8 and human immunodeficiency virus type 1 in US homosexual men: rates, risk factors, and relationship to Kaposi’s sarcoma. J Infect Dis 1999;180:1010-7. 11. Osmond DH, Buchbinder S, Cheng A et al. Prevalence of Kaposi’s sarcomaassociated herpesvirus infection in homosexual men at beginning of and during the HIV epidemic. JAMA 2002;287:221-5. 12. Beral V, Peterman TA, Berkelman RL, Jaffe HW. Kaposi’s sarcoma among persons with AIDS: a sexually transmitted infection? Lancet 1990;335:123-8. 13. Tedeschi R, Caggiari L, Silins I et al. Seropositivity to human herpesvirus 8 in relation to sexual history and risk of sexually transmitted infections among women. Int J Cancer 2000;87:232-5. 14. Greenblatt RM, Jacobson LP, Levine AM et al. Human herpesvirus 8 infection and Kaposi’s sarcoma among human immunodeficiency virus-infected and uninfected women. J Infect Dis 2001;183:1130-4. 47 M I S E A U P O I N T 15. Cannon MJ, Dollard SC, Smith DK et al. Blood-borne and sexual transmis- 34. Krown SE, Metroka C, Wernz JC. Kaposi’s sarcoma in the acquired immune sion of human herpesvirus 8 in women with or at risk for human immunodeficiency virus infection. N Engl J Med 2001;344:637-43. 16. Masquelier B, Boralevi F, Mercie P, Dupon M, Fleury HJ. Heterosexual transmission of Kaposi’s sarcoma-associated herpesvirus between two patients developing AIDS-Kaposi’s sarcoma. Aids 2000;14:471-2. 17. He J, Bhat G, Kankasa C et al. Seroprevalence of human herpesvirus 8 among Zambian women of childbearing age without Kaposi’s sarcoma (KS) and mother-child pairs with KS. J Infect Dis 1998;178:1787-90. 18. Plancoulaine S, Abel L, van Beveren M et al. Human herpesvirus 8 transmission from mother to child and between siblings in an endemic population. Lancet 2000;356:1062-5. 19. Gessain A, Mauclere P, van Beveren M et al. Human herpesvirus 8 primary infection occurs during childhood in Cameroon, Central Africa. Int J Cancer 1999;81:189-92. 20. Bourboulia D, Whitby D, Boshoff C et al. Serologic evidence for mother-tochild transmission of Kaposi’s sarcoma-associated herpesvirus infection. JAMA 1998;280:31-2. 21. Koelle DM, Huang ML, Chandran B, Vieira J, Piepkorn M, Corey L. Frequent detection of Kaposi’s sarcoma-associated herpesvirus (human herpesvirus 8) DNA in saliva of human immunodeficiency virus-infected men: clinical and immunologic correlates. J Infect Dis 1997;176:94-102. 22. Vieira J, Huang ML, Koelle DM, Corey L. Transmissible Kaposi’s sarcomaassociated herpesvirus (human herpesvirus 8) in saliva of men with a history of Kaposi’s sarcoma. J Virol 1997;71:7083-7. 23. Pauk J, Huang ML, Brodie SJ et al. Mucosal shedding of human herpesvirus 8 in men. N Engl J Med 2000;343:1369-77. 24. Challine D, Roudot-Thoraval F, Sarah T et al. Seroprevalence of human herpes virus 8 antibody in populations at high or low risk of transfusion, graft, or sexual transmission of viruses. Transfusion 2001;41:1120-5. 25. Enbom M, Urassa W, Massambu C, Thorstensson R, Mhalu F, Linde A. Detection of human herpesvirus 8 DNA in serum from blood donors with HHV8 antibodies indicates possible bloodborne virus transmission. J Med Virol 2002;68:264-7. 26. Modlin RL, Hofman FM, Kempf RA, Taylor CR, Conant MA, Rea TH. Kaposi’s sarcoma in homosexual men: an immunohistochemical study. J Am Acad Dermatol 1983;8:620-7. 27. Sturzl M, Brandstetter H, Roth WK. Kaposi’s sarcoma: a review of gene expression and ultrastructure of KS spindle cells in vivo. AIDS Res Hum Retroviruses 1992;8:1753-63. 28. Palella FJ Jr, Delaney KM, Moorman AC et al. Declining morbidity and mortality among patients with advanced human immunodeficiency virus infection. HIV Outpatient Study Investigators. N Engl J Med 1998;338:853-60. 29. Jones JL, Hanson DL, Dworkin MS, Ward JW, Jaffe HW. Effect of antiretroviral therapy on recent trends in selected cancers among HIV-infected persons. Adult/Adolescent Spectrum of HIV Disease Project Group. J Acquir Immune Defic Syndr 1999;21:S11-7. 30. Renwick N, Halaby T, Weverling GJ et al. Seroconversion for human herpesvirus 8 during HIV infection is highly predictive of Kaposi’s sarcoma. Aids 1998;12:2481-8. 31. Jacobson LP, Jenkins FJ, Springer G et al. Interaction of human immunodeficiency virus type 1 and human herpesvirus type 8 infections on the incidence of Kaposi’s sarcoma. J Infect Dis 2000;181:1940-9. 32. Rezza G, Andreoni M, Dorrucci M et al. Human herpesvirus 8 seropositivity and risk of Kaposi’s sarcoma and other acquired immunodeficiency syndromerelated diseases. J Natl Cancer Inst 1999;91:1468-74. 33. Mocroft A, Katlama C, Johnson AM et al. AIDS across Europe, 1994-98: the EuroSIDA study. Lancet 2000;356:291-6. deficiency syndrome: a proposal for uniform evaluation, response, and staging criteria. AIDS Clinical Trials Group Oncology Committee. J Clin Oncol 1989;7:1201-7. 35. Nicholas J, Ruvolo VR, Burns WH et al. Kaposi’s sarcoma-associated human herpesvirus 8 encodes homologues of macrophage inflammatory protein-1 and interleukin-6. Nat Med 1997;3:287-92. 36. Boshoff C, Schulz TF, Kennedy MM et al. Kaposi’s sarcoma-associated herpesvirus infects endothelial and spindle cells. Nat Med 1995;1:1274-8. 37. Barillari G, Ensoli B. Angiogenic effects of extracellular human immunodeficiency virus type 1 Tat protein and its role in the pathogenesis of AIDS-associated Kaposi’s sarcoma. Clin Microbiol Rev 2002;15:310-26. 38. Ensoli B, Sturzl M. Kaposi’s sarcoma: a result of the interplay among inflammatory cytokines, angiogenic factors and viral agents. Cytokine Growth Factor Rev 1998;9:63-83. 39. Deregibus MC, Cantaluppi V, Doublier S et al. HIV-1-Tat protein activates phosphatidylinositol 3-kinase/AKT-dependent survival pathways in Kaposi’s sarcoma cells. J Biol Chem 2002;277:25195-202. 40. Albini A, Barillari G, Benelli R, Gallo RC, Ensoli B. Angiogenic properties of human immunodeficiency virus type 1 Tat protein. Proc Natl Acad Sci USA 1995;92:4838-42. 41. Brodt HR, Kamps BS, Helm EB, Schofer H, Mitrou P. Kaposi’s sarcoma in HIV infection: impact on opportunistic infections and survival. AIDS 1998;12:1475-81. 42. Tam HK, Zhang ZF, Jacobson LP et al. Effect of highly active antiretroviral therapy on survival among HIV-infected men with Kaposi’s sarcoma or nonHodgkin lymphoma. Int J Cancer 2002;98:916-22. 43. Brodt HR, Kamps BS, Gute P, Knupp B, Staszewski S, Helm EB. Changing incidence of AIDS-defining illnesses in the era of antiretroviral combination therapy. AIDS 1997;11:1731-8. 44. Pellet C, Chevret S, Blum L et al. Virologic and immunologic parameters that predict clinical response of AIDS-associated Kaposi’s sarcoma to highly active antiretroviral therapy. J Invest Dermatol 2001;117:858-63. 45. Cattelan AM, Trevenzoli M, Aversa SM. Recent advances in the treatment of AIDS-related Kaposi’s sarcoma. Am J Clin Dermatol 2002;3:451-62. 46. Dupont C, Vasseur E, Beauchet A et al. Long-term efficacy on Kaposi’s sarcoma of highly active antiretroviral therapy in a cohort of HIV-positive patients. CISIH 92. Centre d’information et de soins de l’immunodéficience humaine. AIDS 2000;14:987-93. 47. Sgadari C, Barillari G, Toschi E et al. HIV protease inhibitors are potent antiangiogenic molecules and promote regression of Kaposi’s sarcoma. Nat Med 2002;8:225-32. 48. Sgadari C, Monini P, Barillari G, Ensoli B. Use of HIV protease inhibitors to block Kaposi’s sarcoma and tumour growth. Lancet 2003;4:537-47. 49. Pati S, Pelser CB, Dufraine J, Bryant JL, Reitz MS Jr, Weichold FF. Antitumorigenic effects of HIV protease inhibitor ritonavir: inhibition of Kaposi’s sarcoma. Blood 2002;99:3771-9. 50. Portsmouth S, Stebbing J, Gill J et al. A comparison of regimens based on non-nucleoside reverse transcriptase inhibitors or protease inhibitors in preventing Kaposi’s sarcoma. AIDS 2003;17:F17-22. 51. Murdaca G, Campelli A, Setti M, Indiveri F, Puppo F. Complete remission of AIDS/Kaposi’s sarcoma after treatment with a combination of two nucleoside reverse transcriptase inhibitors and one non-nucleoside reverse transcriptase inhibitor. AIDS 2002;16:304-5. 52. Bani-Sadr F, Fournier S, Molina JM. Relapse of Kaposi’s sarcoma in HIVinfected patients switching from a protease inhibitor to a non-nucleoside reverse transcriptase inhibitor-based highly active antiretroviral therapy regimen. AIDS 2003;17:1580-1. Erratum Des erreurs se sont glissées dans l'infos-réunion “Actualité sur les infections fongiques sévères” de La Lettre de l’Infectiologue de novembredécembre 2004. Dans le tableau, page 4, “Spectre d'activité des principaux antifongiques”, issu de la Conférence de consensus commune sur la prise en charge des aspergilloses et des candidoses invasives de l'adulte, concernant la sensibilité des Candida parapsilosis à la caspofungine, celle-ci est S/? et non R (S : sensible ; R : résistant) ; la sensibilité des Candida glabrata au voriconazole est jugée S/? et non R. Enfin, la sensibilité des Aspergillus fumigatus à la caspofungine est rapportée S/R avec la mention suivante : "Malgré des CMI élevées rapportées par quelques études et dont la signification clinique est incertaine, A. fumigatus est considéré comme sensible à la caspofungine”. 48 La Lettre de l’Infectiologue - Tome XX - n° 2 - mars-avril 2005