Rencontre avec Blandine Rannou, grande spécialiste de la musique

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Rencontre avec Blandine Rannou, grande spécialiste de la musique
Rencontre avec Blandine Rannou, grande spécialiste de la musique baroque française. Le clavecin peut être perçu comme un instrument austère. Vous avez développé ce projet avec passion, pouvez‐vous nous la faire partager ? Il est vrai que l'on peut avoir une vision un peu « sèche » du clavecin, instrument de cour et cordes pincées… En réalité, c'est un instrument qui peut développer de grandes capacités d'expression, je vous assure ! Tous les compositeurs de l'époque baroque disent et répètent que leur grande idée est de transmettre des sentiments, des passions. Le répertoire du clavecin, aussi bien en solo qu'en musique de chambre, est caractérisé par ce désir de transmettre de l'émotion. Et c'est cette émotion que j'aime à transmettre à mon tour au public d'aujourd'hui. Votre récital reprend Les Nations de François Couperin. C’est une musique à voir et une danse à écouter. Qu’est‐ce que cela signifie ? Au‐delà des idées reçues le répertoire est finalement très accessible. C'est là une autre caractéristique de la musique baroque : le rapport très étroit entre danse et musique, le corps et le cœur. Voilà qui va aussi à l'encontre de l'idée qu'on peut avoir d'une musique compassée et raide : le geste, l'élan, le rebond, le saut, le ralenti… voilà plutôt ce dont est constitué notre répertoire ! En réalité, la danse baroque est à son époque ce que le slow ou les danses de salon sont à la nôtre. Quand est‐elle devenue une mode et comment ? Je ne pense pas qu'on puisse parler de mode, plutôt de fondement d'une société, axée sur le paraître bien sûr, le fait de se montrer en train de danser, le paraître dans le beau, l'harmonieux. Le roi Louis VIX dansait, non pour être à la mode, mais pour frapper les esprits et les âmes. Il n'est donc pas question de frivolité ou de séduction, mais d'un art consommé de la présentation de soi‐même. 

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