Nutrition des patients greffés
Transcription
Nutrition des patients greffés
Hôpitaux Universitaires de Genève Département APSI Service des Soins Intensifs Dicastère Nutrition, Métabolisme & Gastro-entérologie Fiche 10 : Nutrition des patients greffés Définition : Transfert de cellules, de tissus ou d'un organe prélevés soit sur le malade lui-même (autogreffe) soit sur un donneur (allogreffe ou xénogreffe). En pratique : Une évaluation nutritionnelle comprenant une anamnèse alimentaire, accompagnée de conseils adaptés, une mesure de composition corporelle, dans le cas des greffes intestinales une calorimétrie indirecte, sont réalisés systématiquement lors du bilan pré-greffe. Principaux facteurs de risque en relation avec la nutrition chez les patients greffés Infections d’origine alimentaire Rétention hydro-sodée favorisée par la corticothérapie Rejet de la greffe ou intensification de l’immunosuppression si interaction entre l’alimentation et les médicaments (ex : pamplemousse augmente les taux de ciclosporine) Résistance à l’insuline favorisée par la corticothérapie Points clés de l’alimentation chez les patients greffés : Principes de précaution : hygiène des mains, transport, conservation et cuisson des aliments pour limiter le risque de prolifération bactérienne ou des champignons. Régime « SAS » (historiquement : SAS = portes isolantes pour les patients en agranulocytose), lien intranet : http://pps.hug-ge.ch/_library/Dieteticiens/pdf/Documentation/RegimeSASListeAlimentsAutorisesInterdits2011.pdf • • • • Légumes et fruits : cuits, pas de crudités Viandes, crustacés, poissons et œufs: bien cuits (70°C), pas de viande séchée Pas de fromage cru ou produits non pasteurisés, laitage du commerce en emballages individuels operculés Pas de jus de pamplemousse (interaction avec immunosuppresseurs) Précautions spécifiques : Introduire traitement par inhibiteur de la pompe à protons (Nexium), chez tous les patients greffés, excepté en cas de contre-indications. Administration des immunosuppresseurs : http://pharmacie.hug-ge.ch/infomedic/utilismedic/tab_couper_ecraser.pdf La prise des médicaments est planifiée sur la journée à horaire fixe. Il n’y a pas de délais de prise en 2 traitements immunosuppresseur. Légende : cpr = comprimé, caps = capsule, sol = solution, susp = suspension, efferv = effervescent, gtte = gouttes NB: Sécabilité définie au sens « peut être coupé d'un point de vue pharmaceutique », n'implique pas qu'une rainure soit présente à la surface du comprimé Immunosuppresseurs Présentation Cellcept (mycophénolate mofétil) caps à 250 mg cpr à 500 mg Prograf (tacrolimus) caps à 0,5 mg, 1 mg et 5 mg Couper en 2 Ecraser Ouvrir Remarques/Sondes Non Non Non Alternative : CellCept susp à 200 mg/ml. Sonde : doit être ≥ 8 F ; suivre les taux plasmatiques Oui Alternative, à préférer : Tacrolimus susp à 0,5 mg/ml Sonde : Ne pas utiliser une sonde en PVC. Validation en novembre 2013 – révision en juin 2016 Hôpitaux Universitaires de Genève Département APSI Service des Soins Intensifs Dicastère Nutrition, Métabolisme & Gastro-entérologie Interrompre la nutrition entérale pendant au moins 30 min avant et après l’administration ; suivre les taux plasmatiques. Prednisone Streuli (prednisone) cpr non enrobés à 1 mg, 5 mg, 20 mg et 50 mg Oui Oui Alternative, à préférer : Prednisolone sol orale Bichsel à 10 mg/ml de prednisolone (sur avis médical) : http://pharmacie.hugge.ch/infomedic/fichiers/prednisolone_officine.pdf En cas de résidu gastrique significatif : (voir fiche 7) • Envisager sonde naso-jéjunale, SNJ à double lumière à discuter avec les gastro-entérologues. • Eviter l’érythromycine car interaction avec immunosuppresseurs. ® ® ® • Eviter le métoclopramide (Primperan , Paspertin ) et dompéridone (Motilium ) en cas d’insuffisance • hépato-cellulaire après greffe hépatique (aggravation de l’encéphalopathie hépatique). Prise en charge A. Greffe hépatique, rénale, pulmonaire, cardiaque, du pancréas, de cellules souches hématopoïétiques (médullaire) et greffes combinées, excepté intestinale. Patient greffé arrive aux SI (J0) A JEUN Jusqu’à l’accord du chirurgien Le patient peut-il manger per os ? Débuter l’alimentation par voie orale le plus vite possible : *Profil léger SAS, petite ration, sans crudité (*aversion), sans pamplemousse (*allergie). OUI NON Débuter une nutrition artificielle (voir fiche 4 et 5) ou reprendre l’alimentation avec le support nutritionnel préexistant à la greffe (notamment dans les cas de dénutrition sévère). Greffe médullaire : *SAS minimum 3 premiers mois, stop si lymphocytes (CD4) < 400 mm3. Autres greffes : SAS » 1 mois et durant les périodes d’aplasie Si autorisation médicale : élargissement du profil à alimentation légère ou normale, sans crudités, sans pamplemousse. + Demande d’évaluation et enseignement nutritionnel. Attention Si le patient est en agranulocytose, remettre un régime léger SAS sans crudités sans pamplemousse OH interdit à vie => cumul toxicité hépatique Viandes, poissons, crustacés et œufs crus déconseillés à vie. * Pour des questions de facilité de prescription les régimes proposés correspondent au profil repas disponible ® ® dans PRESCO et dans WINREST pour éviter les confusions. Validation en novembre 2013 – révision en juin 2016 Hôpitaux Universitaires de Genève Département APSI Service des Soins Intensifs Dicastère Nutrition, Métabolisme & Gastro-entérologie B. Greffe intestinale Patient greffé arrive aux SI (J0) A JEUN Jusqu’à l’accord du chirurgien Sur ordre médical débuter la nutrition : Nutrition parentérale selon cible calorique mesurée par calorimétrie en pré-greffe + Addamel® : oligo-éléments + Cernevit® : vitamines hydrosolubles et liposolubles + Dipeptiven® (0.4g/kg/j) : glutamine + Omegaven® (1 à 2 ml/kg/j) : acide gras polyinsaturés oméga 3 (EPA/DHA + vitamine E + glycérol) 1 semaine post-greffe : Refaire mesure de calorimétrie indirecte (diététicienne) Selon résultats des biopsies débuter avec 15 ml/h de Jevity® ou Survimed® sur 24h J8 : Augmenter la nutrition entérale de 5ml/h toutes les 12 à 24h, selon la tolérance digestive (en fonction des pertes par la stomie). J15 : Dès atteinte de la cible calorique avec la nutrition entérale et selon les résultats des biopsies, test au D-xylose et dosage de la citrulline. Prévoir une diminution progressive de la nutrition parentérale pour éviter une suralimentation. ® Dès arrêt de la nutrition parentérale et donc du Dipeptiven , switcher sur la solution ® Reconvan (solution semi-élémentaire enrichie en glutamine). Prévoir la mesure de composition corporelle 1x par semaine (diététicienne) Prévoir 1 dosage de la citrulline¤ 1x par semaine dès J15 Prévoir test au D-xylose 1x/15jours dès J15 Dès réalimentation orale possible, introduire un régime pauvre en fibre strict, puis élargir sur ordre médical (« SAS »). Procédure : http://w3.hcuge.ch/cgi-bin/Labo-l-vert/lvGetFiche?968 A jeun depuis 12 heures (possibilité de boire). Adulte : 25 g de D-xylose dans 500 ml d'eau. - 1ère prise de sang avant surcharge. - 2ème prise de sang 120 minutes après surcharge. - conserver le tube à 4 ºC et envoyer à 4 ºC. - Transport : transporteur CERBA. - Dernier envoi : vendredi 15h. ¤ http://w3.hcuge.ch/cgi-bin/Labo-l-vert/lvGetFiche?447 - Transporter l'échantillon à l'ECA dans de la glace. - Centrifuger immédiatement et décanter le plasma dès son arrivée à l'ECA. - Congeler immédiatement le plasma à - 20 ºC. - Conserver le tube à -20 ºC. - Dernier envoi : vendredi midi. - Transport : transporteur HUG-CHUV dans la glace sèche. Validation en novembre 2013 – révision en juin 2016