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Œil rouge et affections cutanées Des troubles souvent associés De grandes similitudes existent entre l’œil et la peau, sur de nombreux plans : embryologiques, anatomiques et fonctionnels. Une inflammation de l’œil peut entraîner une perte définitive de la vision. E ssentielle à la vision, la cornée est un tissu protégé des agressions par les paupières, les larmes et par une structure extrêmement sensible : la conjonctive. La cornée ne contient pas de vaisseaux et peu de cellules inflammatoires. Ce n’est pas le cas de la conjonctive, très riche en ces deux composants. C’est pourquoi elle réagit très fortement en cas d’agressions, qu’elles soient allergiques, toxiques ou infectieuses. Elle participe également à la synthèse du flux lacrymal. La proximité de la peau et de l’œil fait qu’il peut y avoir une atteinte infectieuse des deux, soit simultanée, soit successive. Cette atteinte peut cependant avoir, selon le site, des manifestations différentes qu’il faut repérer et diagnostiquer. Un danger pour l’œil Les principales affections cutanées touchant l’œil sont l’herpès et le zona. La primo-infection herpétique peut s’associer à une conjonctivite et une kératite superficielles. Lors des crises récurrentes suivantes, l’herpès virus n’atteint qu’exceptionnellement l’œil. Le zona, quant à lui, laisse apparaître des lésions tout le long d’une branche nerveuse faciale. L’atteinte oculaire est, elle, fonction de la localisation des lésions. Lorsque des vésicules existent sur l’aile du nez concomitamment à des lésions oculaires, une atteinte de la branche nasale du facial est à craindre, avec son risque important de complications. L’atteinte des autres branches est beaucoup moins grave. Accompagnées de squames sur la base des cils, les blépharites sont des atteintes du bord libre des paupières. Elles accompagnent sou- 10 vent une dermatite séborrhéique et doivent être systématiquement recherchées. Dues à un staphylocoque le plus souvent, elles doivent être traitées par les antibiotiques. L’acné rosacée associe elle aussi des lésions cutanées et oculaires. Dans plus de la moitié des cas, l’atteinte cutanée précède l’atteinte oculaire. Dans 20 % des cas, c’est le contraire et, dans 30 % des cas, les deux sont simultanément apparues. Les affections cutanées sont classées en quatre stades : le simple érythème paroxystique du stade 1 devient permanent au stade 2, accompagné de télangiectasies. Au stade 3, les lésions pustulo-papuleuses sont enflammées, puis au stade 4, elles s’hypertrophient avec fibrose et œdème : principale- ment sur le nez, les joues, le front. Les lésions oculaires proprement dites comprennent une blépharoconjonctivite associée à une meibomiite. L’atteinte cornéenne peut être sévère, la kératite peut être superficielle ou plus profonde. Afin de ne pas laisser se développer ces lésions susceptibles de causer des séquelles irréversibles, le personnel médical doit aussitôt conseiller, voire mettre en œuvre, une hygiène locale parfaite associée à une antibiothérapie distribuée par voie générale. Principalement à base de cyclines à raison de 100 mg/jour, celle-ci doit être poursuivie pendant deux à trois semaines. La survenue d’atteintes oculaires lors de maladies cutanées étant fréquente, toutes ces affections nécessitent un diagnostic rapide. Car plus le diagnostic est tardif, plus le pronostic oculaire est réservé. Jacques Bidart Entretiens de Bichat 2002 Lecture rapide • L’œil est souvent touché lorsque la peau l’est, que ce soit celle du visage ou celle du corps, même à distance de l’œil. • Lorsque l’atteinte est allergique, auto-immune ou iatrogène, par contact des mains, de l’air, ou de tout produit appliqué volontairement (cosmétologie) ou involontairement (accident), les allergènes atteignent directement l’œil. L’atteinte cutanée est alors inapparente ou au deuxième plan. L’allergène identifié, le traitement consiste en son éviction, avec emploi conjoint de dermocorticoïdes. • La kérato-conjonctivite atopique consiste en une atteinte grave des paupières, de la conjonctive et surtout de la cornée. Ici, les manifestations cutanées sont de type urticarien. Ces lésions peuvent être responsables de déficits visuels définitifs par prolifération de néovaisseaux. Atteignant la jonction derme-épiderme, la pemphigoïde cicatricielle risque d’évoluer vers une fibrose des paupières mais surtout de la cornée. En ce cas, l’atteinte étant souvent bilatérale, la cécité est totale. Pour la prévenir, il convient de s’assurer d’une occlusion correcte des paupières et d’une bonne hydratation des yeux. Le traitement par voie générale comprend, lui, l’emploi de corticoïdes et d’immunosuppresseurs. • Une kératinisation de l’ensemble de la surface oculaire est possible au décours d’un syndrome de Stevens-Johnson ou de Lyell. Cette dermatite bulleuse très grave est due à une infection microbienne, voire à une cause iatrogène (lors d’un traitement à base de sulfamides). Professions Santé Infirmier Infirmière - No 40 - octobre 2002