Serge Nessi

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Serge Nessi
Serge Nessi
LE DR. HUGO OLTRAMARE ET LA
CROIX ROUGE SUISSE, SECOURS AUX ENFANTS
(1942-1945)
PREFACE PAR CORNELIO SOMMARUGA
Qu’a fait Genève pour les enfants victimes de la deuxième guerre mondiale ?
Qu’a fait la Croix-Rouge suisse en faveur des enfants français victimes de la
guerre, que cela soit en France – avec assistance dans les homes d’enfants – et en
Suisse – avec hébergement de moyenne durée d’enfants en provenance de France
– et en Suisse encore en faveur d’enfants réfugiés et des enfants juifs ?
En bref est-ce que la Croix-Rouge suisse a accompli son mandat de protection et
assistance en faveur des enfants victimes de la guerre des pays limitrophes ?
L‘ouvrage de Serge Nessi donne une réponse exhaustive à ces questions et
démontre comment d’un Comité neutre d’action pour les enfants dans la guerre
civile d’Espagne (1937-1939), l’assistance en France est reprise dès 1939 par le
Cartel suisse de secours aux enfants victimes de la guerre, et enfin par la CroixRouge suisse, Secours aux enfants dès 1941. Au centre de cette évolution une
personnalité genevoise, le dr. Hugo Oltramare, théologien et médecin, reprend
comme bénévole la responsabilité de fait pour l’accueil à Genève de nombre de
convois en provenance de la France libre et de la France occupée, ainsi que la
responsabilité pour tous les aspects médicaux liés à cet accueil temporaire en
Suisse. Combien de difficultés à surmonter avec les hauts et les bas de la
politique à Paris, à Vichy, mais aussi à Berne. Combien d’obstacles pour étendre
le secours aux enfants de Belgique, d’Italie et d’Allemagne, avec l’interférence
politique de Berlin !
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Hugo Oltramare, se rendant compte qu’il fallait surmonter les difficultés, surtout
internes, pour cette importante activité humanitaire, rédige en août 1941 un Appel
à ses collègues du Cartel. Il y préconise la création d’une nouvelle institution,
d’inspiration suisse essentiellement, totalement indépendante de toute attache
étrangère, avec le patronage des autorités fédérales, pour pouvoir accomplir les
diverses tâches de protection et assistance en faveur des enfants victimes de la
guerre. Sa vision est à long terme, car il prévoit des années de souffrance, qui
l’incite à demander à la Suisse d’assumer ses responsabilités.
C’est ainsi que – non pas sans difficultés, surtout d’ordre personnel – le premier
pas vers la création de cette institution semi indépendante Croix-Rouge suisse,
Secours aux Enfants est fait. Cet ouvrage décrit en détail tout ce que de
remarquable a été accompli dans ce contexte par Hugo Oltramare et par la
nouvelle institution. Les difficultés d’une société Nationale de Croix-Rouge,
« auxiliaire des pouvoirs publics », quant à l’observation du principe
fondamental d’indépendance apparaissent clairement et les interférences du
Conseil fédéral et son administration, à travers d’un diplomate chevronné, bien
connu par le CICR, Edouard de Haller, rendent la tâche des personnes engagées
sur le terrain tout autre que facile, même si en certaines circonstances l’appui des
autorités diplomatiques suisses se révèle essentiel.
A Genève Hugo Oltramare reste très vigilant sur les problèmes médicaux en
insistant sur l’importance des examens sanitaires en France avant le départ des
convois. Pour rendre plus efficace ce volet du programme, il se rend même en
France pour y voir l’équipe responsable. Il aborde aussi, en coopération avec les
autorités des Cantons suisses d’accueil, le problème des enfants pré tuberculeux.
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C’est également grâce à Hugo Oltramare que en 1942 l’ancien Hôtel Carlton es
transformé en Centre Henri-Dunant, pour l’accueil de jusqu’à 800 enfants.
L’inauguration a lieu lors de l’arrivée à Genève d’un important convoi de la zone
non occupée. Par la suite aussi des enfants de la France occupée arrivent à
Genève et sont également hébergés là où se trouve aujourd’hui le siège du CICR.
Les chiffres relatifs à cette activité humanitaire sont impressionnants. On
dénombre à 80 mille les enfants français hébergés en Suisse pendant la guerre et à
plus de 80 mille les enfants originaires d’une douzaine de pays européens,
souvent hébergés dans les familles de 1945 à 1949, toujours sous l’égide le
Croix-Rouge suisse. Mais aussi l’aide apportée entre 1942 et 1945 sur le terrain
en France est impressionnante : plus de 550 mille enfants ont reçu une aide
alimentaire. L’ensemble de l’action a comporté une dépense de 123 millions de
francs suisses !
Les résultats de la protection et assistance de la Croix-Rouge suisse, Secours aux
Enfants sont tout à fait remarquables. Trop peu a été écrit et dit à ce sujet. C’est le
mérite de mon Ami et ancien collègue du CICR, Serge Nessi, de les avoir portés à
la connaissance non seulement des historiens, mais aussi du monde de la CroixRouge, car il ne doit pas y avoir d’autre Société Nationale qui se soit engagée en
telle ampleur pour des secours en dehors de son propre pays pendant les années
1942-1945. Tout cela a demandé une recherche approfondie et sérieuse, qui a
amené l’auteur aux Archives fédérales, cantonales, Croix-Rouge et autres.
Mais le livre est surtout un hymne au bénévolat responsable du
théologien/médecin genevois Hugo Oltramare et à sa vision hmanitaire. Sans lui
il n’y aurait peut-être pas eu la création de Croix-Rouge suisse, Secours aux
Enfants ; le médecin genevois fur aussi l’allié de la Croix-Rouge suisse dans la
démarche combien importante de poursuivre le secours aux enfants de France si
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courageusement initié par Genève. Oui, l’Esprit de Genève a accompagné avec
succès toute l’action humanitaire décrite dans cet ouvrage !
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