des combattants pro-us re-catégorisés en tant que terroristes : une
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des combattants pro-us re-catégorisés en tant que terroristes : une
Des combattants pro-US re-catégorisés en tant que terroristes : Une situation kafkaïenne. cafétéria et pour se nourrir et nourrir leurs enfants. La nourriture rend fréquemment les enfants malades et ils perdent du poids. Les familles ne disposent que périodes très limitées de récréation à l’intérieur et à l’extérieur, et les enfants n’avaient aucun jouet en peluche lors de notre visite. Il existe des aspects plus positifs à l’existence dans un autre établissement établi depuis plus longtemps en Pennsylvanie, mais en général, les deux institutions ne sont pas du tout appropriées aux besoins de familles. Les deux établissements ôtent aux parents leur rôle d’arbitre et d’architecte du foyer et ils placent les familles dans des environnements basés sur le système juridique pénitentiaire. Il n’existe aucune exigence de Permis pour les établissements de détention des familles parce qu’il n’y a pas de précédent de détention de familles aux USA. L’absence de procédures d’évaluation des normes correctionnelles et d’inspection des centres de détention des familles donne à l’ICE une large indépendance dans la détermination du traitement des familles détenues. Les deux établissements sont en violation des normes en existence pour le traitement des enfants non accompagnés et des adultes dans les procédures d’immigration. L’Union pour les Libertés Civiles aux USA a déposé des plaintes pour les enfants détenus à Hutto2. Le DHS a détenu Luz, une femme en provenance de l’Equateur, et son fils de quinze ans. ‘J’habite aux USA depuis plus de quatre ans. J’ai une fille de presque deux ans qui est citoyenne des USA. J’ai fait venir mon fils de quinze ans. Il a traversé la frontière du Mexique mais il a été détenu. On m’a appelée pour venir le recueillir, j’ai donc laissé ma fille avec des amis qui habitent à côté et j’ai pris le bus pour l’Arizona pour aller le chercher. J’ai trouvé mon fils et nous sommes allés directement prendre le bus. A la gare des autobus, j’ai été interpellée par des agents de police et ils ont mis sous détention. Je suis ici depuis neuf mois sans voir mon bébé. Elle n’avait qu’un an lorsque je l’ai confiée à mes amis. Je ne sais pas ce qu’elle devient.’ Nous recommandons les changements suivants au système de procédures d’immigration dans le traitement des familles : n Mettre fin à la détention des familles dans institutions quasi-pénitentiaires n Donner le droit de parole aux demandeurs d’asile selon les normes internationales et les principes directeurs du DHS n Elargir les options de parole et de remise en liberté des familles appréhendées RMF 28 Michelle Brané 40 n Mettre en place des solutions alternatives à la détention des familles qui ne se qualifient pas pour parole ou remise en liberté n Héberger les familles qui ne se qualifient pas pour parole ou remise en liberté n dans des établissements appropriés, à caractère familial et non quasi-pénitentiaire n Elargir les partenariats entre les services publics et privés en vue d’offrir de l’assistance aux renseignements et aux services légaux pro bono à toutes les familles détenues. Michelle Brané (michelleb@ womenscommission.org) dirige le Programme de Détention et d’Asile de la ‘Women’s Commission for Refugee Women and Children’. 1. Locking Up Family Values: The Detention of Immigrant Families’ www.womenscommission.org/pdf/ famdeten.pdf 2. www.aclu.org/immigrants/detention/hutto.html Des combattants pro-US re-catégorisés en tant que terroristes : une situation kafkaïenne. Par Benjamin Zawacki Pendant la guerre d ‘Indochine, les USA ont recruté des combattants parmi la population Hmong au Laos afin de fracturer les mouvements de troupes et de matériel Nord Vietnamiens sur la piste Ho Chi Minh. Alors que près de 170 000 anciens combattants Hmong et leur famille vivent désormais aux USA, d’autres demandeurs d’ asile se sont heurtés à l’Acte PATRIOT après 9/11, une situation bizarre. ‘Au secours, les communistes arrivent !’. Le compte-rendu de la persécution de l’armée rebelle Hmong par le gouvernement Laotien est tout aussi frappant de nos jours que lors de sa publication. La seule différence est que ‘Welcome to the Jungle’1 [Bienvenue dans la jungle] ne date pas de plusieurs dizaines d’années, mais du 28 avril 2003, exactement 28 ans après la chute de Saigon aux Nord-Vietnamiens, jour pour jour. J’étais l’Officier Juridique auprès du Service Jésuite aux Réfugiés à Bangkok, en Thaïlande, lorsque j’ai lu cette histoire pour la première fois. Bien que j’aie étudié la guerre du Vietnam dans un Collège Américain, je n’avais jamais entendu parler de l’armée Hmong. La population Hmong est une minorité ethnique originaire de la Chine du sud, établie au Vietnam, au Laos, en Thaïlande et en Birmanie. Ils représentent le troisième groupe ethnique au Laos. En 1961, la CIA a identifié les Hmong au Laos comme une source d’aide à l’effort RMF 28 Des combattants pro-US re-catégorisés en tant que terroristes : Une situation kafkaïenne. de guerre Américain au Vietnam. La CIA a recruté, financé et entrainé une armée d’environ 40 000 combattants, dont la moitié furent tués avant le retrait des troupes US du Laos, et l’abandon de l’armée Hmong. Les Hmong sont alors devenus la cible de représailles et de persécutions, des milliers ont été envoyés dans des camps de rééducation par le Pathet Lao victorieux. Quelques Hmong sont rentrés dans leurs villages pour tenter de reprendre leur vie sous le nouveau régime, mais d’autres ont traversé le Mékong dans leur fuite vers la Thaïlande. Pendant les années 1990, des milliers de réfugiés Hmong vivant en Thaïlande ont été rapatriés par la force vers le Laos par le gouvernement Thaïlandais. On ignore le nombre de Hmong déplacés continuant à chercher refuge dans des régions. Malgré l’accès limité aux organisations pour les droits humains, les rapports d’Amnesty International indiquent que des milliers de femmes, hommes et enfants Hmong vivent en groupes éparpillés dans les jungles du Laos, se cachant des autorités qui attaquent leurs camps temporaires régulièrement, causant des morts et des blessés et les condamnant à des vies de clandestins. 2 ‘Human Rights Watch’ confirme que la détention arbitraire, la torture et les mauvais traitements sont toujours de mise dans les camps de ‘rééducation’3. On ne savait pas grand-chose des Hmong déplacés jusqu’à ce que le magazine Time expose les faits après avoir pu se défiler des patrouilles Laotiennes pour rendre compte du réseau clandestin de personnes au Laos qui apportent des provisions et des vivres au reliquat de l’armée Hmong et à leurs familles. Un autre article dans Time en 2004 (‘A Blackbird’s Song’4) a formé la base des demandes d’asile politique que j’ai faites avec succès auprès du HCR à Bangkok. En quelques mois, six personnes et leurs familles ont obtenu le statut de réfugiés de l’ONU et ont été repositionnées dans des communautés Hmong aux USA. En 2000, en reconnaissance de leur assistance, le congrès a ratifié l’Acte de Naturalisation des Vétérans Hmong, qui dérogeait à certaines demandes en vue de leur repositionnement et de leur citoyenneté aux USA. Etant de nationalité Américaine, j’ai ressenti une certaine fierté à avoir eu gain de cause pour eux au HCR, et j’anticipais de venir en aide aux nombres croissants de Hmong en Thaïlande. Les articles du Time et les pressions qu’ils ont exercées sur le gouvernement Laotien ont poussé beaucoup de personnes à traverser la frontière. Plus de 6 000 Hmong Laotiens vivant actuellement en Thaïlande sont arrivés entre 2004 et 2005. Pourtant, ces six familles étaient parmi les dernières à partir vers les USA ; les anciens alliés de l’Amérique contre le communisme – ainsi que ceux qui apportent leur soutien à ceux qui en restent dans les jungles montagneuses du Laos du nord – sont maintenant désignés comme ‘terroristes’. Immédiatement après les attaques du 11 septembre 2001, le congrès US a ratifié l’Acte ‘Strengthening America by Providing Appropriate Tools Required to Intercept and Obstruct Terrorism’ (PATRIOT). L’Acte PATRIOT5 a élargi les bases sur lesquelles une personne peut se voir refuser admission ou être expulsée du pays. Si une personne fait partie d’une organisation terroriste ou a fourni un soutien matériel – même si ce n’était que l’action de donner un verre d’eau à un soldat pointant une arme contre elle – il/elle ne sera pas admis(e) aux USA et pourra être déporté(e) si il/elle s’y trouve déjà. Cette loi ne s’appliquait pas aux Hmong jusqu’en 2005, lorsque le REAL ID Act a élargi la définition d’une organisation terroriste et y a inclus le reliquat de l’armée rebelle Hmong – et son réseau clandestin de ‘support matériel’, les ‘Blackbirds’ [les Merles]. Il est estimé qu’environ 10 000 personnes se sont vues refuser l’entrée aux USA depuis. Parmi elles se trouvent non seulement les Hmong Laotiens mais aussi des réfugiés de Birmanie, de Colombie, de Cuba, du Vietnam et d’ailleurs. L’inclusion de l’armée rebelle Hmong est bizarre parce que ce sont les USA qui ont créé et soutenu cette armée, dont les membres et leurs descendants ont besoin de protection. Et en contraste avec huit autres groupes de réfugiés pour lesquels le Congrès a fait une dérogation à l’application de la loi, -dont trois groupes en provenance de Birmanie que je représente en ce moment – les Hmong ne figuraient pas parmi eux, comme l’avait annoncé l’Administration Bush en janvier 2007. De toute manière, de telles dérogations ne peuvent être données qu’à ceux qui donnent un ‘soutien matériel’, comme les ‘Blackbirds’, et non pas aux organisations elles-mêmes. En poussant ce raisonnement à sa conclusion logique, ces faits mènent à penser que la CIA ellemême est une organisation terroriste. Ceci n’est pas une conclusion que les USA semblent vouloir clarifier ou corriger. Ces effets ne se font pas ressentir uniquement par les personnes cherchant refuge aux USA, mais aussi par celles qui y résident déjà. Tandis que les six familles auxquelles j’ai porté aide à Bangkok ont eu la chance d’être admises aux USA, trois ans plus tard, elles sont plus proches de la déportation que de la citoyenneté Américaine. L’Acte de Naturalisation des Vétérans Hmong de 2000, conçu en vue de récompenser les Hmong proactivement pour leur assistance aux USA, a été supplanté par l’acte de nature punitive rétroactive REAL ID qui menace de rendre persona non grata les milliers de Hmong aux Etats-Unis. En mi-2004, les officiels de l’Ambassade US à Bangkok m’ont dit expressément que sans l’assistance des Hmong, les dépouilles mortelles de beaucoup de pilotes abattus au Laos – comme celles apportées par les familles que j’aidais à l’époque – ne seraient jamais retrouvées. Le fait que l’Ambassade US s’est jointe au HCR en janvier 2007 pour faire pression sur le gouvernement Thaïlandais contre la déportation de 153 réfugiés Hmong, indique que les USA reconnaissent toujours les persécutions dont souffrent les Hmong Laotiens. Ce que les USA ont refusé d’admettre depuis 2005 est le rapport de cause à effet entre les deux assertions de son Ambassade : c’est à cause de l’assistance que les Hmong ont apporté aux USA et à ses pilotes au Laos pendant la guerre du Vietnam que le gouvernement Laotien continue de les persécuter. En 2003, l’article de Time se terminait par une remontrance d’un ancien combattant :’ Nous avons versé notre sang pour les USA. Ils devraient s’en souvenir. Ils devraient nous trouver un lieu où nous serons en sécurité’. En 2004, j’avais la confiance de dire à plusieurs d’entre eux que c’était précisément l’intention des USA – mon pays d’origine. Que dois-je leur dire maintenant ? De 2002 à 2004 Benjamin Zawacki ([email protected]) a travaillé avec le Service Jésuite aux Réfugiés à Bangkok, et depuis janvier 2006 avec le HCR en Thaïlande. Cet article est écrit en capacité personnelle et ne représentent pas nécessairement les opinions du SJR ou du HCR. 1. www.time.com/time/magazine/ article/0,9171,501030505-447253,00.html 2. http://web.amnesty.org/library/Index/ ENGASA260032007 3. http://hrw.org/english/docs/2006/12/12/thaila14822.htm 4. www.time.com/time/magazine/ article/0,9171,695913,00.html 5. http://thomas.loc.gov/cgi-bin/query/z?c107:H.R.3162. ENR: 41