Sortir n° 1

Transcription

Sortir n° 1

Cinéma
Léa Seydoux
Le monde à ses pieds
N° 1 | Février 2014
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S
SOMMAIRE
LE TEMPS | FÉVRIER 2014
SORTIR
En couverture
Photographie
L’art du rebond
4
La partition
de Ken Ossola
Le chorégraphe suisse
entraîne le Ballet du Grand
Théâtre dans les tourbillons
de Gustav Mahler avec
«Mémoire de l’ombre»
18
Sculpture
AGENDA
20
36
38
40
41
44
46
49
51
52
54
55
56
Festival
Germaine Richier,
la main à la pâte
Explorez Antigel
Berne consacre à la sculptrice une rétrospective
et Lausanne une belle exposition collective.
Ses figures tourmentées témoignent
de la cruauté d’une époque
Editeur Le Temps S.A.
GETTY IMAGES
DR
16
Ne peut être vendu
séparément
12
Danse
Le pianiste, improvisateur
et animateur TV adore rendre
accessible la musique classique.
Il présente au public lausannois
la «5e Symphonie» de Schubert
Supplément du Temps
paraissant un samedi par mois
Son talent a explosé avec «La Vie
d’Adèle» et «L’Enfant d’en haut».
L’année commence pour elle avec
un conte de fées, «La Belle et la
Bête», et un César en perspective
8
10
Jean-François
Zygel, le farfadet
Le Temps Sortir
Le couronnement
de Léa Seydoux
L’Américain Philippe
Halsman a conceptualisé
la «jumpologie», l’art de faire
sauter ses sujets pour les
capter au naturel. Le Musée
de l’Elysée lui rend hommage
Classique
IMPRESSUM
Cinéma
Président du conseil
d’administration
Stéphane Garelli
Directrice générale
Valérie Boagno
Rédacteur en chef
Pierre Veya
Responsable
Marie-Claude Martin (MCM,
rédactrice en chef adjointe)
Rédaction
Alexandre Demidoff (ADF,
chef de rubrique Culture et
Société)
Elisabeth Chardon (ELC)
Laurence Chauvy (LC)
Norbert Creutz (NC)
Antoine Duplan (ADN)
Marie-Pierre Genecand (MPG)
Lisbeth Koutchoumoff (LK)
Philippe Simon (PS)
Quarante-sept projets musicaux, sportifs
ou de danse sont attendus dans des lieux
insolites du canton de Genève. Le festival
vous invite notamment à une promenade
sonore le long de la ligne du tram 12
Arnaud Robert (ARO)
Khadidja Sahli (KS)
Caroline Stevan (CST)
Eléonore Sulser (ESR)
Julian Sykes (JS)
Assistante de production
Khadidja Sahli
Responsable production
Nicolas Gressot
Conception maquette
Bontron & Co SA
Réalisation, graphisme,
photolitho
Cyril Domon, Christine Immelé,
Mathieu de Montmollin
Direction, rédaction
Place de Cornavin 3
CH-1201 Genève
Responsable iconographie
Sabine Baumgartner
Cinéma
Musique
Classique
Opéra
Actuelles
Spectacle
Théâtre
Danse
Humour, enfants
Expositions
Musées
Europe
Autres lieux
Courrier
CP 2570, CH-1211 Genève 2
Tél. +41 22 888 58 58
Fax +41 22 888 58 59
Publicité
Responsable du département
Marianna Di Rocco
Responsable correction
Jean-Marc Meunier
3
Internet – Site d’information:
www.letemps.ch/sortir
Impression
IRL plus SA
Merci
de nous faire parvenir
vos programmes culturels
par écrit au minimum deux
semaines avant la publication
de Sortir
Adresse Le Temps, Mémento,
CP 2570, CH-1211 Genève 2,
fax 022 888 57 90
Courrier électronique
[email protected]
EEXPOSITIONS
SORTIR
PHOTO
Etonnez-moi!
>
Lausanne
Philippe
Halsman
Sautez, vous êtes
photographiés!
Par Caroline Stevan
Grand fournisseur
de couvertures
pour le magazine
«Life», le photographe
américain a
conceptualisé
la «jumpologie»,
ou l’art de faire
sauter ses sujets
pour les capturer
au naturel
Lorsque la photographie débarque en terre inconnue, nombreux
sont ceux qui redoutent l’emprise
de l’appareil, craignant de se faire
voler leur âme. Une fois la pratique
bien installée, ce sont les photographes qui désespèrent de ne pas
parvenir à capter la nature profonde de leur sujet. Devant l’objectif, chacun pose et essaie de donner la meilleure image de soi. Il
existe quelques parades à ce contrôle de faciès. Jouer les paparazzis
et prendre des images à la sauvette.
Photographier des individus aux
yeux fermés. C’est ce que propose
Die Zeit dans une série sur les rêves
des personnalités – Kofi Annan a
beaucoup résisté avant de se laisser ainsi capturer. Philippe Halsman, portraitiste des vedettes des
années 1950, a imaginé un autre
stratagème: déclencher l’obturateur alors que les sujets sont en
plein saut. L’idée lui vient lors du
portrait de groupe d’une douzaine
de comédiens de la NBC. Quelques-uns bondissent spontané-
4
ment et ce sont les prémices à une
formidable série de célébrités sautillantes, dont certaines seront
bientôt exposées au Musée de l’Elysée, à Lausanne.
«Lorsque vous demandez à une
personne de sauter, son attention
est essentiellement portée sur l’action de sauter et le masque tombe,
révélant la vraie personnalité», estime l’Américain d’origine lettonne. Vraiment? Dans la galerie
des 178 portraits réalisés ainsi, Richard Nixon apparaît droit
comme un i. Jean Seberg se marre
et se disloque, lançant avec elle un
matou dans les airs. Marilyn Monroe rayonne. Le duc et la duchesse
de Windsor semblent plus amusés
que gênés. Surgissent encore Brigitte Bardot, Grace Kelly, François
Mauriac, Salvador Dalí, Eleanor
Ford, Edward Steichen… Halsman
réalise ses clichés à la fin des séances de pose organisées pour Life,
Time ou Esquire. Conquis par l’aspect ludique de la démarche, la
très grande majorité de ses modè-
les, jusqu’aux politiciens les plus
influents, accepte de jouer le jeu,
en studio, chez eux ou sur une
plage. Seule la hauteur de plafond
est contraignante, aime à souligner le photographe, né en 1906 et
décédé en 1979.
Les femmes se montrent souvent pieds nus – ce qui constitue
déjà une sorte d’abandon. Le dynamisme de la pose permet de jauger
la qualité des brushings en vogue à
l’époque. Certains sujets écartent
les genoux et tendent les bras,
d’autres se recroquevillent. Les
pin-up et les danseuses présentent
un jeu de jambes affriolant. En
1959, Halsman publie son étonnante moisson dans un Jump Book
aux visées scientifiques. Il classe les
sauteurs en différentes catégories
et s’applique à dresser leur profil
psychologique en fonction de leur
manière de s’élancer. La «jumpologie» est née. Bondir en pointant les
mains vers le plafond, par exemple, dénoterait forcément une
grande ambition. «Ce travail marie
2013 PHILIPPE HALSMAN ARCHIVE / MAGNUM PHOTOS
Les femmes
se montrent souvent
pieds nus – ce qui
constitue déjà une
sorte d’abandon.
Seule la hauteur
du plafond
est contraignante
La séance de pose
avec Marilyn a donné
lieu à de nombreuses
images, dont une
couverture de «Life».
MAGNUM PHOTOS
>
On peut être
aristocrate et sauter
les convenances.
Le duc et la duchesse
de Windsor semblent
plus amusés que
gênés par l’exercice.
5
EEXPOSITIONS
OLIVIER CULMANN/TENDANCE FLOUE
SORTIR
On ne compte plus les photos
de mariage inspirées
de la «jumpologie» de Halsman.
Le saut, qui devait, à l’origine,
révéler le visage d’un people
au naturel, devient outil
de promotion pour de nombreux
artistes. Ici, Justin Bieber.
Les héritiers
DAN HALLMAN/CORBIS OUTLINE
l’approche psychologique du portrait défendue par Halsman à son
goût de la mise en scène», note
Anne Lacoste, commissaire de l’exposition avec Sam Stourdzé. «C’est
un projet extrêmement frais. Il a
réussi à produire quelque chose de
beaucoup plus naturel qu’à l’ordinaire, mais de là à dire qu’il a capté
l’essence de ses sujets, je ne le crois
pas.»
Didier Grandjean, professeur à
l’Université de Genève et chercheur au Pôle de recherche national en sciences affectives, ne balaie
pas totalement les intuitions de
Philippe Halsman, qui n’a jamais
réussi à faire valider son «outil
scientifique». «Il y a évidemment
peu d’études à ce propos, mais il
est vrai que les mouvements larges
et automatisés requièrent un
moindre contrôle de certaines zones corticales, explique le spécialiste des émotions. Des gestes
comme sauter ou tomber, appris
très tôt dans le développement humain, n’exigent ni réflexion ni planification volontaire et pourraient
être encodés à des niveaux souscorticaux. On peut donc supposer
que le sujet est plus naturel lorsqu’il les effectue que s’il s’adonne à
une activité minutieuse.»
La méthode Halsman - so dynamique - a fait de nombreux émules. Steve Schapiro la reprend pour
6
photographier Dustin Hoffman,
Bert Hardy immortalise Audrey
Hepburn s’élançant par-dessus un
tronc d’arbre. C’est une figure récurrente dans la presse et la publicité. Et l’on ne compte plus les faire-part de mariage mettant en
scène un jeune couple entre ciel et
terre. Mais si le portrait bondissant
a été systématisé et conceptualisé
par Philippe Halsman, il lui est
bien antérieur. «Le saut a été un
motif central pour les photographes amateurs au moment de l’arrivée des plaques de gélatino-bromure au XIXe siècle», rappelle
l’historien de la photographie Olivier Lugon. «On se devait alors de
montrer la conquête de l’instantané à travers ce court moment débridé. Albert Londe, ainsi, a photographié ses collègues de la
Salpêtrière en train de sauter
comme des enfants.» Maître du
mouvement, Jacques Henri Lartigue, lui aussi, a souvent demandé à
ses proches de bondir devant son
objectif.
La «jumpologie» n’est qu’une
des trouvailles de Philippe Halsman, membre de l’agence Magnum, dans sa quête du portrait
psychologique. Une autre, qu’il a
également théorisée, est la «photointerview», initiée avec Fernandel
lorsque le photographe vivait en
France. A une question répond une
mimique et ainsi file le dialogue.
La discussion a duré une trentaine
d’années avec Salvador Dalí.
Philippe Halsman. Etonnez-moi!
29.01.2014 – 11.05.2014
Lausanne.
Musée de l’Elysée,
www.elysee.ch
héros antiques
La tapisserie fLamande
face à L’archéoLogie
musée rath, genève
29 novembre 2013 - 2 mars 2014
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www.ville-ge.ch/mah
PRAESENS
Dans «Les Adieux
à la reine», de Benoît
Jacquot, elle regarde
sombrer la monarchie.
CINÉMA
Léa, plus Belle
que jamais
Les bonnes fées du cinéma se sont penchées sur Léa Seydoux.
Elle s’apprête à étinceler dans «La Belle et la Bête»
Par Antoine Duplan
Branca de Montfort dans Les Mystères de Lisbonne de Raul Ruiz? Ses
petits rôles dans Inglourious Basterds, de Quentin Tarantino, ou
Midnight in Paris, de Woody Allen,
brillent d'un bel éclat dans sa filmographie mais ne suffisent à
marquer les esprits.
La fenêtre de tir de la gloire s'est
précisée avec Mission Impossible:
Ghost Protocol. Léa Seydoux y
donne la réplique à Tom Cruise,
incarnant non seulement une
dangereuse aventurière internationale, mais aussi la félonie française, ce fantasme hollywoodien
récurrent. 2012 a été l'année de la
révélation, avec L'Enfant d'en haut
et Les Adieux à la reine. 2013, celle
de la consécration universelle
avec une Palme d'or pour La vie
8
Cheveux bleus, elle est
une des protagonistes
de «La Vie d’Adèle»,
Palme d’or à Cannes.
FRENETIC
Certains acteurs s'imposent
avec une scène ou une répliqueculte, tels Leonardo DiCaprio
beuglant «Je suis le roi du monde»
à la proue du Titanic ou Sharon
Stone oubliant de mettre sa culotte dans Basic Instinct. D'autres
s'invitent à pas feutrés dans l'imaginaire collectif. Bien malin celui
qui dira quand il a vu pour la
première fois Léa Seydoux, hormis, bien entendu, les retardataires qui l'ont découverte en train
de lécher sa partenaire dans La Vie
d'Adèle.
Etait-ce lorsqu'elle a dévoilé
ses seins doux dans le cadre d'une
publicité pour des textiles? Dans
De la guerre, de Bertrand Bonello?
En Isabelle d'Angoulême dans le
Robin Hood de Ridley Scott? En
nifesté le moindre intérêt, ni levé
le petit doigt pour ma carrière. Et
je ne lui ai jamais demandé quoi
que ce soit», réplique la comédienne.
Lorsque Télérama demande à
Rebecca Zlotowsky ce qu'elle
pense de Léa Seydoux, le premier
mot qui lui vient à l'esprit est
«mystère». Ce mystère qui magnétise les spectateurs, Léa le cultive à
la ville. Elle ne fait pas la une des
torchons people, on ignore tout
de sa vie privée. Davantage
qu'une vedette d'aujourd'hui,
elle serait «plutôt une star à l'ancienne, c'est-à-dire possédant une
Elle irradie en prolétaire
dans «Grand Central»,
de Rebecca Zlotowsky.
FRENETIC
d'Adèle – sans oublier l'excellent
Grand Central, de Rebecca Zlotowsky.
Née en 1985, Léa est la petitefille de Jérôme Seydoux, président de Pathé, un des grands patrons du cinéma français. Cette
ascendance nourrit les soupçons
de népotisme chez les aigris.
Après que Léa eut dénoncé les dérives autocratiques d'Abdellatif
Kechiche sur le tournage de La Vie,
l'acrimonieux réalisateur l'a renvoyée à ses origines. «Si Léa n'était
pas née dans le coton, elle n'aurait
jamais dit cela», a-t-il grincé.
«Mon grand-père n'a jamais ma-
Elle est aussi
juste en
prédatrice
qu’en proie, en
roturière qu’en
aristocrate.
«Léa, c’est
Bardot, plus
Binoche, plus
Kate Moss»
aura singulière», conjecture la
réalisatrice de Grand Central.
Quant à Thierry Frémont, délégué
général du Festival de Cannes, il
s'enthousiasme: «Léa, c'est Bardot, plus Binoche, plus Kate
Moss.»
Actrice instinctive, Léa Seydoux ne se dit jamais «je vais incarner une prolétaire ou une lesbienne. Je ressens le personnage,
je ne l'intellectualise pas.» Cheveux courts ou longs ou bleus, en
jeans moulant, en robe flottante
ou en bleu de travail, à l'aise dans
les blockbusters et les films
d'auteur, Léa Seydoux, avec sa
beauté indiscutablement féline,
un peu lunaire, voire butée, et le
voile de mélancolie tempérant la
réprobation de son regard, est
aussi juste en proie qu'en prédatrice, en roturière qu'en aristocrate.
Cette ambiguïté sert à merveille le personnage de Louise, la
paumée de L'Enfant d'en haut,
d'Ursula Meier: «Léa m'a vraiment
permis de décoller du film social.
9
PATHÉ
Le conte de fées lui
sied naturellement:
elle illumine
«La Belle et la Bête»,
un conte réinventé
par Christophe Gans.
Elle a ce physique très singulier,
on ignore de quel milieu social
elle vient. Elle a quelque chose
d'assez atemporel, qui permet au
spectateur de sentir des failles
sans tout expliquer. Elle avait surtout été filmée comme objet de
désir. Moi, je lui ai fait bouffer de
la boue.»
Parce qu'elle est la «Belle officielle du cinéma français» («C'est
gentil, mais c'est vous qui le dites», répond-elle à Première), Léa
Seydoux tient le rôle titre de La
Belle et la Bête. La jeune comédienne s'y connaît indéniablement en matière de conte de fées.
La Belle et la Bête,
de Christophe Gans,
avec Vincent Cassel, Léa Seydoux
et André Dussollier.
FICTION
La Belle
et la Bête
>
sortie le 12 février
SORTIR
M
MUSIQUE
CLASSIQUE
Master class
>
Lausanne
Jean-François Zygel,
facile comme une chanson
Le credo du pianiste
et animateur TV?
Rendre la musique
classique accessible.
Il présente au public
lausannois
la «5e Symphonie»
de Schubert
Par Julian Sykes
Le pianiste et improvisateur
s’inspire de Leonard Bernstein
et Glenn Gould pour partager
avec le grand public les œuvres
qui lui tiennent à cœur.
lons viennois sur des thèmes à la
mode proposés par des marquises
et des duchesses en extase... Tout
le monde l'admirait, le choyait, le
cajolait. Ce jour-là, j'ai décidé que,
«comme Mozart», je serai pianiste,
compositeur et improvisateur.»
10
FRANCK JUERY/NAIVE
Jean-François Zygel a l'art de
vulgariser la musique classique
comme nul autre. Pianiste, compositeur, improvisateur, il s'est
fait connaître grâce à La boîte à
musique sur France 2 ou Les clés de
l'orchestre sur Arte. Aux «Concerts
Découvertes» de l'OCL à Lausanne,
il décrypte la 5e Symphonie de
Schubert. Une œuvre lumineuse,
composée en l'espace de quelques
jours seulement par un jeune
homme de 19 ans...
Faire comprendre que la musique classique n'est pas synonyme
d'austérité, tel est le credo de JeanFrançois Zygel. Il a grandi en banlieue parisienne, élevé par des parents communistes. Ses premiers
souvenirs musicaux? «Ma mère
écoutant dans le silence, presque
religieusement, le Concerto pour
clarinette de Mozart sur un vieil
électrophone 33 tours.» La découverte de sa vocation? «A l'âge de 8
ans, à l'école, on nous avait projeté
un petit film intitulé Mozart, enfant prodige. On y voyait le jeune
Mozart improvisant dans les sa-
Jean-François Zygel a beau être
passé par des études très sérieuses
à Paris, son profil est atypique.
«J'improvise tous les jours depuis
l'âge de 8 ans. Les grands compositeurs des XVIIIe et XIXe siècles
(Bach, Mozart, Beethoven, Men-
delssohn, Liszt...) étaient tous des
improvisateurs, au piano ou à
l'orgue.» D'où l'envie de lancer
lui-même des soirées d'improvisation. «Pour le public, un concert
d'improvisation est un moment
exceptionnel de partage, d'invention, de fantaisie. Mes auditeurs
savent que ce concert est unique,
que j'invente ce jour-là pour eux et pour eux seuls - de la musique.»
S'il est parvenu à entrer dans le
monde de la télévision, c'est parce
qu'il avait pris l'habitude d'organiser chaque mois, dans la salle
des mariages d'un arrondissement populaire de Paris, des «Leçons de musique», sortes de «concerts commentés» où la musique
alternait avec la parole. «Ces concerts ont été filmés pour la chaîne
Mezzo, puis édités en DVD par
Naïve. La série des «Leçons de musique» ayant obtenu une Victoire
de la musique en 2006, le directeur de France 2 m'a alors proposé d'imaginer une émission estivale d'initiation à la musique
classique.»
Jean-François Zygel marie sans
complexes sa double vocation.
«Beaucoup de mes collègues musiciens considèrent que ce n'est
pas leur rôle d'expliquer ou de
transmettre. Je n'ai pas l'impression en le faisant de déroger à
mon statut d'artiste. Dans ce domaine, mes modèles sont Leonard
Bernstein et Glenn Gould.»
Jean-François Zygel présente
la «5e Symphonie» de Schubert.
L’OCL est dirigé
par Aziz Shokhakimov
Mercredi 19 février à 17h.
Lausanne. Salle Métropole.
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SSPECTACLE
SORTIR
Dans l’antre de
Ken Ossola
Le chorégraphe suisse
entraîne le Ballet
du Grand Théâtre
dans les tourbillons
de Gustav Mahler
Il a toujours eu peur de faire le
premier pas. C'est lui qui le dit. Et
cet aveu pose un danseur. Ken Ossola, 43 ans, est un timide, de ceux
que la lumière effarouche, qu'un
faux contact anéantit. Cela ne l'a
pas empêché de briller au sein du
Nederlands Dans Theater (NDT),
phalange dirigée par le charismatique Jiri Kylian – un maître. Ken
Ossola est un rêveur, tendance
surfeur: à Lisbonne où il vit
aujourd'hui une partie de l'année,
il frôle l'écume et le ciel sur une
planche équipée d'un parachute –
le sky-surf l'accapare. Ces jours,
l'albatros joue pourtant les capitaines de troupe, pattes au plancher, avec le Ballet du Grand Théâtre. Il répète Mémoire de l'ombre, sa
nouvelle création, sur des musiques de Gustav Mahler. Avec cette
même phalange genevoise, il a
marqué les esprits: Ombre fragile
en 2008, le Requiem de Fauré en
2010 ont révélé une intelligence
théâtrale, un trait aussi élégant
DAVID WAGNIÈRES
Par Alexandre Demidoff
que sensible, un art de la composition picturale.
Ce matin d'hiver, Ken Ossola
nous attend au foyer Honegger,
au Grand Théâtre. On y respire le
grand air de l'Empire. La table est
majestueuse et spartiate. Un miroir solennel toise les occupants.
Droit sur une chaise, Ken Ossola
s'étonnerait presque qu'on ait
voulu le rencontrer. «Je suis
quelqu'un d'introverti.» Cela, il le
dit avec douceur, comme en s'excusant. Son élégance n'est pas
hostile, mais farouche. Gustav Mahler, justement, ce serait tout le
12
«Sur scène, j’attache
de l’importance
aux mains.
Mon maître Jirí
Kylián m’a appris
à les laisser à l’état
naturel. Il faut
que la vie passe
à travers elles.»
contraire. L'expansion du sentiment. «C'est Philippe Cohen, le directeur de la compagnie, qui m'a
proposé de travailler sur cette musique. J'ai accepté avec appréhension. Tout impressionne chez Mahler, à commencer par les pièces
qu'il a inspirées à de grands artistes, Maurice Béjart notamment.
Mais Philippe Cohen m'a dit: «Ne
pense pas à ça, fais-toi plaisir.» Mahler, c'est un moyen de me sortir
de moi.»
Sortir de soi. L'expression consacrée suggère bien l'écart, le jeu
entre deux «je»: celui qui garde la
S
SORTIR
SPECTACLE
DANSE
Mémoire
de l’ombre
>
Première le 12 février
«L'enfant
que j’étais
ne parlait pas.
Je me cachais
dans
le silence»
DAVID WAGNIÈRES
forteresse, celui qui s'aventure au
loin. Ken Ossola assume cette ambivalence. Il veut bien passer à la
lumière, mais n'oublie pas l'antre.
Ombre fragile, Mémoire de l'ombre:
ces titres ne dessinent pas seulement un univers esthétique où la
chair paraît promise à la nuit; ils
cernent une manière d'être au
monde. «L'enfant que j'ai été, raconte-t-il, ne parlait pas. Je me cachais dans le silence.» A quoi rêvet-il à cette époque, dans la ville de
Meyrin où il grandit au sein d'une
famille d'adoption formidable?
«Je suis né en Corée à Séoul, d'une
mère coréenne et d'un père noir
américain que je n'ai pas connu. A
3 ans et demi, j'ai été envoyé en
Suisse et adopté. De cette Corée, je
garde le souvenir de ma petite
chambre, de la cuisine, des visages
de ma sœur et de ma mère biologiques. A Genève, j'ai découvert la
chaleur d'un foyer où je n'ai jamais manqué de rien. J'ai adopté
mes parents et ma sœur.»
Si l'enfant Ken Ossola ne parle
pas, il bouge merveilleusement,
sur les chevaux d'arçon, les anneaux, les poutres. Il a 16 ans et
son professeur l'encourage à sui-
vre une classe de ballet pour développer sa force. «Un matin, je me
suis réveillé et je me suis dit: «Je
veux devenir danseur.» Mes parents m'ont encouragé.» Sa
chance, c'est d'être admis au cours
de Beatriz Consuelo, étoile brésilienne au Grand Ballet du marquis
de Cuevas dans les années 1960,
puis au Grand Théâtre. Cette
femme secrète et charismatique a
formé des générations à l'Ecole de
danse de Genève. «Elle m'a appris
la passion et la précision.» Ken Ossola sort alors vraiment de lui. Il
enchaîne les auditions, ose La
13
«Quand je dansais,
mon visage était
calme. Il l’est aussi
dans la vie. Mes yeux
étaient perçants,
c’est du moins
ce que je croyais.
En visionnant des
vidéos de spectacles,
j’ai découvert qu’ils
étaient fermés.»
SORTIR
SSPECTACLE
«La nuque, c’est
ce que j’avais de plus
fragile. Comme
j’étais très souple,
les disques avaient
tendance à sortir.»
Haye et est admis au NDT 3, la
compagnie junior du NDT. Jiri Kylian le remarque. Election. Envol.
«Ma force, c'était le saut. Ce que
j'aimais, c'était rester le plus haut
le plus longtemps possible.»
Qui est-il alors comme interprète? Un alliage de puissance,
d'instinct, de retenue; un éclat
d'âme aussi. «J'étais comme un
volcan, mais je contrôlais l'explosion. Ce que je cherchais,
c'était l'état de grâce. Quand on
atteint cette dimension si rare,
c'est magnifique. Ça peut durer
des heures après le spectacle.
C'est indescriptible.» Jiri Kylian
est un pygmalion enviable. Il lui
apprend à écouter une partition,
à composer un pas de deux, à
penser le temps d'un mouvement. Il lui enseigne surtout à
soustraire, c'est-à-dire à renoncer à la séduction d'un geste
pour toucher à l'essentiel. Pendant huit ans, Ken Ossola traverse les airs et se fait violence
pour goûter cette ivresse. Ses
pieds sont des plaies. Mais qu'importe puisque les ailes sont là.
Jusqu'à ce jour où il renonce à la
danse. A 28 ans, il aspire soudain
à autre chose. «Je ne parvenais
toujours pas à mettre un mot
derrière l'autre. J'ai envisagé une
carrière de physiothérapeute, je
voulais m'ouvrir, parler.»
Parler, c'est ce qu'il fait
aujourd'hui au studio avec les
danseurs du Grand Théâtre. Il
n'ordonne rien. Il observe puis
suggère, se laisse porter par le
mouvement des interprètes, corrige un geste, reformule un pas,
anticipe un tableau. Ses pièces
épousent des nuits intérieures. Et
ses aurores sont éblouissantes.
Mémoire de l'ombre est sa création
la plus ambitieuse. Et il n'imagine rien au-delà. Il n'a pas l'esprit de carrière. Ou très peu. Ses
paysages sont océaniques.
«J'aime beaucoup rêver et Lisbonne est idéal pour ça, c'est un
paradis terrestre.»
Sur son rivage là-bas, il est
beaucoup avec lui-même, avouet-il dans un rire. Dans Ode maritime, l'auteur lisboète Fernando
Pessoa écrit: «Partir, partir, partir,
partir une fois pour toutes/Tout
mon sang rage pour des ailes!/
Tout mon corps se jette en
avant!/Je grimpe à travers mon
imagination en torrents!/Je me
renverse, je rugis, je me précipite!.../Explosent en écume mes
désirs/Et ma chair est un flot qui
cogne contre les rochers.» Ainsi
file Ken Ossola.
Mémoire de l’ombre
Du 12 au 20 février. Genève. BFM.
www.geneveopera.ch
14
PHOTOS: DAVID WAGNIÈRES
«Un danseur n’est
jamais content de lui.
Le miroir montre les
défauts, masque les
qualités. Je n’ai jamais
été fier de moi comme
interprète. Avec
le recul, je pense
que je n’ai pas été un
si mauvais danseur.»
I
MARD
PRÉSENTE
ROCH VOISINE
28.01 / LÉMAN - GENÈVE
FÉVRIER
01.02.14 LE SOLDAT ROSE
LÉMAN - GENÈVE
15.02.14 NOLWENN LEROY
STRAVINSKI - MONTREUX
15.02.14 BERNARD LAVILLIERS
À VENIR
LÉMAN - GENÈVE
26.02.14 L’EMPEREUR DE JADE
AVEC LES ÉTOILES DU CIRQUE DE PÉKIN
ARENA - GENÈVE
<wm>10CAsNsja1MLUw1DUwMDAytgQA6lT0dw8AAAA=</wm>
20.03 D.I.S.C.O.
ARENA - GENÈVE
<wm>10CFWLIQ7DMBAEX3TW7p59tXOwCosCqnKTKjj_R03DCkZDZrYtW8HNc93f6ytbb50GQD4y5CWk7FJBfSRICKwLQ8Bw1L_-UnhFm7_GQCMmwzjMNa-xnJ_jC6ZN6PxyAAAA</wm>
21 & 22.03 MURIEL ROBIN
ARENA - GENÈVE
25.04 CHRISTOPHE MAÉ
ARENA - GENÈVE
02 au 04.05 ROBIN DES BOIS
ARENA - GENÈVE
08 & 10.05 PATRICK BRUEL
MALLEY - LAUSANNE
LITTORAL - NEUCHÂTEL
23.05 TAL
ARENA - GENÈVE
26 au 28.05 GAD ELMALEH
ARENA - GENÈVE
L’AGENDA COMPLET SUR LIVEMUSIC.CH / SUIVEZ-NOUS :
LIVEMUSICPRODUCTION
LIVEMUSICPROD
Locations: Ticketcorner - livemusic.ch / Renseignements au 0901 566 500 (CHF 1.49/min. depuis le réseau fixe)
SORTIR
EEXPOSITIONS
BEAUX-ARTS
Une artiste
à l’honneur
>
Berne et Lausanne
Germaine
Richier,
sculpter la vie
Par Elisabeth Chardon
On avait trop peu
l’occasion de croiser
ses figures âprement
vivantes. A Berne,
dans une rétrospective,
et à Lausanne,
en dialogue
avec les sculptures
de Giacometti
et Marini, elles
sont de retour
De son vivant, Germaine Richier a inspiré Francis Ponge,
Jean Paulhan, André Pieyre de
Mandiargues ou encore René de
Solier, son second mari. Elle, mais
surtout ses œuvres, où l'animal et
le végétal le disputent à l'humain, à moins qu'ils ne s'allient,
sculptures souvent boursoufflées, parfois émaciées, scarifiées,
que leurs apparentes malfaçons
rendent finalement plus vivantes, plus organiques.
C'est d'abord dans son Sud natal, aux Beaux-Arts de Montpellier,
que la jeune femme se forme,
avant de rejoindre Paris en 1926.
Elle fait partie des rares élèves
d'Antoine Bourdelle admis dans
l'atelier personnel du sculpteur.
Elle y rencontre des Suisses,
comme Alberto Giacometti et Otto
Bänninger. Ce dernier prépare les
marbres du maître. Elle l'épouse
en 1929 et, quand éclate la Seconde Guerre mondiale, le couple
s'installe à Zurich. Elle s'y lie notamment d'amitié avec Marino
Marini, sculpteur italien réfugié en
Suisse. Le conflit fini, Paris l'attire à
nouveau. Elle y retourne seule.
16
Pendant la guerre, les sculptures de Germaine Richier ont commencé à perdre de leur unité, de
leur poli. A La Sauterelle ou à
L'Homme-forêt succèdent aprèsguerre L'Araignée, La Mante. Germaine Richier sculpte aussi
L'Orage et L'Ouragane, deux figures massives, la première plus
masculine, la seconde clairement
«Elle nous fait
apercevoir des
fièvres et des
peurs qui sont
primordiales»,
a écrit André
Pieyre de
Mandiargues
féminine, comme empêtrées dans
la matière et en même temps habitées par le désir de se mouvoir.
Pesantes et fécondes, douloureuses mais vivantes, elles sont à
l'image de l'époque, meurtries
mais cherchant un avenir. Elles seront exposées aux 24e et 26e Biennales de Venise.
C'est une figure d'un autre ordre, filiforme, émaciée, presque
abstraite et qu'on perçoit pourtant repliée de douleur et de peine
qu'elle sculpte pour la nouvelle
église du Plateau d'Assy, en HauteSavoie. Derrière le maître-autel,
pour l'inauguration de 1950, ce
christ en croix rejoint dans NotreDame-de-Toute-Grâce les œuvres
de Jean Bazaine, Georges Braque,
Marc Chagall, Fernand Léger...
Mais l'année suivante, les pressions des catholiques extrémistes
sont trop fortes. Ils dénoncent ces
athées qui «prétendent renouveler l'art chrétien». Le crucifix est
mis en réserve dans la chapelle
des Morts et ne retrouvera sa place
qu'en 1969.
Ces œuvres tourmentées, la
sculptrice les construit, les dompte
ERNSTSCHEIDEGGER, ARCHIVES F. GUITER/PRO LITTERIS 2013
d'abord de la manière la plus géométrique qui soit, grâce à la méthode de la triangulation, apprise
chez Bourdelle. Il s'agit de marquer les points osseux du modèle,
puis de le quadriller de lignes
pour bien en comprendre la
forme articulée. Ainsi, l'artiste
manie le compas et le fil à plomb
autant que des outils tranchants
qu'elle appelle ses épées. De la
glaise première au bronze final,
elle coupe, prolonge, incise,
troue, maltraite la matière pour y
faire entrer la lumière et la vie.
Elle évide, elle ajoute aussi,
d'autres matériaux, des objets, de
la couleur, même dans les œuvres
tardives. «J'ai commencé à introduire la couleur dans mes statues
en y incrustant des blocs de verre
colorés où la lumière jouait par
transparence. Ensuite, j'ai demandé à des peintres de peindre
sur l'écran qui sert de fond à certaines de mes sculptures. Maintenant, je mets la couleur moimême. Dans cette affaire de
couleurs, j'ai peut-être tort, j'ai
peut-être raison. Je n'en sais rien.
Ce que je sais en tous les cas, c'est
que ça me plaît. La sculpture est
grave, la couleur est gaie. J'ai envie que mes statues soient gaies,
actives. Normalement, une couleur sur de la sculpture, ça distrait. Mais, après tout, pourquoi
pas ?» se demande-t-elle dans la
revue XXe siècle en 1958. L'Echiquier, composée des cinq personnages du jeu d'échecs, mêle ainsi
le plâtre peint au métal. C'est la
dernière sculpture qu'elle réalise
en 1959 avant d'être vaincue par
le cancer.
17
Germaine Richier travaillant
sur «L’Eau» (1953-1954),
figure féminine mêlée
à une amphore trouvée
sur une plage de Camargue.
Germaine Richier. Rétrospective
Jusqu'au 6 avril. Berne.
Kunstmuseum.
www.kunstmuseumbern.ch
Giacometti, Marini, Richier
Du 31 janvier au 27 avril.
Lausanne. Musée cantonal
des beaux-arts. www.mcba.ch
M
MUSIQUE
SORTIR
La ville
par les oreilles
FESTIVAL
Antigel
>
Genève
Dans le cadre du Festival Antigel, le collectif Ici-Même propose
une promenade sonore le long d'une ligne de tram genevoise
Le bruit
urbain agit
comme
un voile
acoustique
qu’il faut
déchirer
ICI-MÊME
Mobiliser son ouïe
autrement pour
redécouvrir la diversité
des sons de la ville,
une expérience insolite
et enrichissante.
Par Philippe Simon
En 1974, la compositrice Hildegard Westerkamp livrait à la revue
Sound Heritage un article qui allait
faire date et dans lequel elle détaillait la nature et la fonction de
ce qu'on appelle une «promenade
sonore»: marcher (où que ce soit),
écouter avec attention et apprendre à l'oreille à se déprendre de ses
habitudes pour se réapproprier
l'environnement. Cette démarche
participative de reconquête de
l'espace (généralement urbain)
par le tympan a depuis fait école:
le Festival Antigel en propose une
nouvelle actualisation, par l'expérience que proposera le collectif
grenoblois Ici-Même les 6, 7 et 8
février prochain.
Il s'agira pour les participants
de suivre les concepteurs le long
du tracé de la ligne 12, le tram qui
relie Genève au poste frontière de
Moillesulaz, pour réentendre ce
qui fait la ville et ses environs.
Collectif aux talents protéiformes, Ici-Même a déjà concocté
des parcours du même type dans
sa ville d'attache mais aussi, par
exemple, à Marseille: habillezvous chaudement, déambulez et
tendez l'oreille, le savoir-faire devrait être au rendez-vous.
Le bruit de la ville, cette basse
continue du quotidien, agit
comme un voile acoustique. Il faut
le déchirer, par l'attention, par le
geste presque géométrique qui
consiste à diriger l'ouïe, pour redécouvrir enfin la diversité de ses
18
sons, leurs combinaisons – qu'elles soient aléatoires (la pluie qui
frappe) ou régies par une intention: c'est presque tout le reste, les
pas, les voitures, les chocs des
chantiers qui se réverbèrent.
Alors, des bribes de mélodie, des
embryons d'harmonie et, surtout,
des rythmes se font sensibles. L'expérience est ludique, et on peut en
maximiser les effets en se munissant d'un micro et d'écouteurs: là,
le bras qui spatialise la perception
du son d'une manière nouvelle à
chacun de ses gestes a pour effet
de créer un genre de grand 8
acoustique...
On l'a dit, la promenade sonore a une histoire, et des références – pour la Suisse, on se souvient du Stadt hören qu'Andres
Bosshard avait consacré aux rues
de Zurich (NZZ Libro, 2009). Le
paradigme du bruit sur lequel
elle se développe la fait se rapprocher d'autres champs: écoutez la
musique concrète, le field recording, ou les travaux de sonorisation comme ceux effectués par
Kiyoharu
Kuwayama
(alias
Lethe), qui s'emploie à faire résonner entrepôts abandonnés et
usines désaffectées en jouant sur
leurs structures mêmes. Mais le
soundwalk possède une caractéristique inimitable: vous en êtes
le héros discret.
Festival Antigel
01.02.2014-16.02.2014.
Divers lieux à Genève.
www.antigel.ch
festival de danse steps
Danser le monde 24.4.–17.5.2014
www.steps.ch
Patronage d’honneur: le Conseiller fédéral Alain Berset
Patronage Zurich: la Syndique Corine Mauch
Animation
Le vent se lève
Hayao Miyazaki
Le maître du dessin animé japonais conclut
sa filmographie en retraçant la vie du concepteur
du chasseur bombardier Mitsubishi A6M1.
Avec une maîtrise absolue du graphisme et de la mise
en scène, il s’interroge sur le sens de la vie, la difficile
adéquation du destin individuel et du destin collectif,
et dépeint la réalité du Japon dans les années 30.
Drame historique
Documentaire
12 Years a Slave
L’Escale
Steve McQueen
Kaveh Bakhtiari
Citoyen new-yorkais, Solomon
Northup fut enlevé et vendu
comme esclave avant
de réussir à recouvrer la liberté.
Son témoignage inspire
ce film caractérisé par
une reconstitution historique
minutieuse et une
responsabilité morale
pleinement assumée.
A Athènes, des immigrants
iraniens vivent reclus en soussol, dans la peur de la police
et le mal du pays. Le réalisateur
a partagé pendant près
d’un an leur quotidien.
Son documentaire donne une
voix et un visage à ces ombres
dans la prospérité occidentale.
Comédie dramatique
Comédie
American Bluff
Les Trois Frères,
le retour
David O. Russell
Un escroc qui cache sa calvitie.
Sa complice qui met de gros
bigoudis. Sa femme enchoucroutée comme une virago.
Un agent du FBI qui se rêve
frisé. Et un mafieux qui se met
à parler arabe… Ces Pieds
Nickelés de la côte Est,
pathétiques et hila- rants,
brassent plus d’air qu’ils
n’amassent d’or.
Didier Bourdon
& Bernard Campan
«C’est nous les gugusses
Bourdon Campan Légitimus»,
chantent-ils avec entrain.
Avec eux, les années 80
se sont gondolées. Et puis,
après le carton des «Trois
Frères» en 1995, le trio s’est
séparé. De retour aux affaires,
Les Inconnus sauront-ils
dérider le XXIe siècle?
C
CINÉMA
DISNEY
NOS PRÉFÉRENCES
SORTIR
C
CINEMA
«Ethiquement…
C’est le genre
de mot
qu’on utilise
quand l’assiette
est pleine»
DR
La phrase du mois
«Les Rayures du zèbre», de Benoît Mariage
Le plus fameux des zèbres belges,
Benoît Poelvoorde, retrouve Benoît Mariage,
son vieux complice des Convoyeurs attendent
et de Cow-boy, pour épingler quelques
finesses du néocolonialisme: prospection,
détection et exploitation des espoirs du football
en Afrique.
LES ÉTOILES DU TEMPS
Par Antoine Duplan et Norbert Creutz
NC
100% Cachemire
12 Years a Slave
VVV
2 Automnes 3 Hivers
VVV
9 Mois ferme
U
Aime et fais ce que tu veux
VVV
All about Albert
VV
Amazonia – 3D
V
American Bluff
An Episode in the Life of an Iron Picker
V
Angélique
V
A Touch of Sin
VVV
Avant l'hiver
V
Belle et Sébastien
V
Blue Jasmine
VVV
Bouge!
Capitaine Phillips
VV
Casse-tête chinois
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Don Jon
V
Du sang et des larmes
U
Evasion
V
Fruitvale Station
V
Gravity – 3D
VV
Henri
VV
Homefront
U
Hunger Games – L'embrasement
V
Il était une forêt
VV
Inside Llewyn Davis
VVV
Jacky au royaume des filles
V
Je fais le mort
VV
Jimmy P. (Psychothérapie d'un Indien des plaines) VVV
La Grande Bellezza
VVV
La Marche
VV
L'amour est un crime parfait
VV
La Reine des neiges – 3D
VV
La Vénus à la fourrure
VVVV
La Vie d'Adèle - Chapitres 1 & 2
VVVV
La Vie rêvée de Walter Mitty
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22
ADN
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-
La Voleuse de livres
Le Cinquième Pouvoir
Le Hobbit: La désolation de Smaug – 3D
Le Loup de Wall Street
Le Manoir magique – 3D
L’Escale
Le vent se lève
Les garçons et Guillaume, à table!
Les Grandes Ondes (à l'Ouest)
Les Rayures du zèbre
Les Trois Frères, le retour
Loulou – L'incroyable secret
Mandela: Un long chemin vers la liberté
Mary, Queen of Scots
Match retour
Minuscule – La vallée des fourmis perdues
Mon âme par toi guérie
Nymph()maniac – Vol. 1
Nymph()maniac – Vol. 2
Philomena
Pierre Rabhi – Au nom de la terre
Prêt à tout
Reconciliation, Mandela's Miracle
Rush
Sur la terre des dinosaures – 3D
Suzanne
Tableau noir
The Immigrant
The Lunchbox
The Ryan initiative
Un Eté à Osage County
Vergiss mein nicht – Ne m'oublie pas
Viva la libertà
Wakolda – Le médecin de famille
When I saw you
Yves Saint Laurent
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V
VVVVj'adule VVVj'admire VVj'estime Vje supporte U je peste UU j'abhorre -- je n'ai pas vu
C
SORTIR
CINEMA
LE 22 JANVIER 2014
Libre et asservi
Le film dont tout le monde parle pour les Oscars et autres prix de fin
d'année est une curiosité: un film sur l'esclavage pour une fois réalisé
par un réalisateur noir, venu de l'art contemporain de surcroît. L'Anglais Steve McQueen s'est basé sur un témoignage classique de Solomon Northup, l'histoire d'un Afro-Américain qui, dans la première
moitié du XIXe siècle, fut enlevé et vendu comme esclave dans des
plantations du sud des Etats-Unis. Confronté à un travail de reconstitution et à une responsabilité historique, l'auteur radical de Hunger et de
Shame livre cette fois un film de facture plus classique. Mais même si
on le regrette un peu, son travail remet l'église au milieu de village.
Ni Grand-Guignol ni mélodrame, 12 Years a Slave raconte au plus près
de cette expérience l'entreprise de déshumanisation que fut l'esclavage.
Du coup, même si on retrouve les personnages connus du Noir exploité,
du Blanc raciste et de sa femme frustrée, ce film-ci échappe aux clichés,
tant pour ce qui est de l'héroïsme que du sadisme. Comment rester en
vie, conserver sa dignité, faire valoir ses droits, voire comment s'échapper ou changer le système (cela se passe avant la guerre de Sécession),
deviennent des questions qu'on partage avec le protagoniste. Difficile
d'imaginer plus beau point d'orgue à une année qui a déjà vu apparaître Django Unchained, Lincoln et The Butler! Norbert Creutz
Sorties du 22 janvier
VVV
A Touch of Sin
(Tian Zhu Ding)
Drame psychologique
de Jia Zhang-ke
avec Wu Jiang, Wang Baoqiang,
Zhao Tao, Luo Lanshan
Primé à Cannes, le grand cinéaste
chinois du moment s’inquiète de la
violence sociale
Exaspéré par la corruption des dirigeants de son village, un mineur passe à l'action. Un travailleur migrant sort son fusil.
L'hôtesse d'accueil d'un sauna est
poussée à bout par un riche client
qui l'humilie. Un jeune homme
passe d'un travail à un autre dans
des conditions de plus en plus dégradantes. Quatre personnages,
quatre provinces, un seul et
même reflet de la Chine contemporaine: celui d'une société au
développement économique brutal que gangrènent le désespoir et
la violence. Venu de la peinture et
du roman, Jia Zhang-ke s'est
ouvert au cinéma en voyant La
Terre jaune de Chen Kaige. Le regard critique qu'il porte sur l'évo-
lution de la Chine déplaît aux
autorités et ses films, tels Dong et
Still Life, un documentaire et une
fiction sur la construction du barrage des Trois-Gorges, ne sont pas
autorisés à être montrés sur le territoire chinois. Avec ses paysages
dévastés et ses destins fracassés, A
Touch of Sin évoque les ravages du
capitalisme de manière particulièrement glaçante – à l'image de
cette femme giflée avec une liasse
de billets. ADN
ASCOT ELITE
Avec «12 Years a Slave», Steve McQueen signe un puissant rappel
de ce que fut l'esclavage, vécu «de l'intérieur»
Revisité par un Noir, l'esclavage n'a plus rien d'un Grand-Guignol
à la Tarantino! Mais on regrette un peu la veine plus radicale du cinéaste
VVV 12 Years a Slave. Film historique de Steve McQueen
avec Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender, Paul Dano,
Benedict Cumberbatch, Brad Pitt, Sarah Paulson,
Garret Dillahunt, Paul Giamatti
agace au plus haut point la juge
d'instruction... François Damiens
excelle dans cette comédie policière bien écrite, qui exploite un
décor inhabituel de station de
sports d'hiver hors saison. Dommage que Jean-Paul Salomé (Belphégor, Arsène Lupin) ne soit décidément pas Blake Edwards et que
Géraldine Nakache paraisse toujours aussi fade. Car avec une réplique à la hauteur et une mise en
scène plus étudiée, on tenait une
vraie réussite. NC
VV
Je fais le mort
Comédie de Jean-Paul Salomé
avec François Damiens, Géraldine
Nakache, Lucien Jean-Baptiste,
Anne Le Ny, Nanou Garcia
François Damiens brille dans cette
comédie policière mieux écrite que
réalisée
A 40 ans, Jean Renault est un comédien au creux de la vague. Au
Pôle emploi spectacle, sa conseillère lui propose un job un peu
particulier: participer à des reconstitutions de scènes de crime,
dans le rôle du mort. Envoyé à
Megève, où a eu lieu une série de
meurtres, son obsession du détail
VV
L'Amour est un
crime parfait
Drame psychologique
d'Arnaud et Jean-Marie Larrieu
avec Mathieu Amalric, Karin Viard,
Maïwenn, Denis Podalydès,
Sara Forestier, Marion Duval
Les malicieux frères Larrieu signent
un polar psychologique qui se joue
en terre vaudoise
Professeur de littérature à l'université, Marc traîne une belle réputation de don Juan. Mais le jour
où sa dernière conquête, une de
ses étudiantes, disparaît, sa vie se
23
complique. Face à sa sœur qui désapprouve, la police qui enquête
et son recteur qui hésite à le couvrir, il ne trouve rien de mieux
que de craquer pour Anna, la belle-mère de la disparue... Après le
récent Impardonnables porté à
l'écran par André Téchiné, les actions de Philippe Djian (37°2 le
matin) au cinéma continuent de
remonter grâce à un nouveau
film tiré de son roman Incidences.
Ce polar psy qui se joue dans le
canton de Vaud a ses limites, côté
vraisemblance et enjeux émotionnels. Mais les frères Larrieu
(Peindre ou faire l'amour, Les Derniers Jours du monde) en tirent un
spectacle séduisant, avec leur malice coutumière. Et un Mathieu
Amalric au top. NC
VVV
Le Vent se lève
(Kaze Tachinu - The Wind Rises)
Film d'animationde Hayao Miyazaki
avec les voix de: Hideaki Anno,
Miori Takimoto, Hidetoshi
Nishijima, Masahiko Nishimura
Le titre provient d’un vers du «Cimetière marin» de Paul Valéry: «Le
vent se lève, il faut tenter de vivre»
SORTIR
C
CINEMA
LE 29 JANVIER 2014
L’espoir s’est
arrêté à Athènes
FILMCOOPI
Dans «L'Escale», Kaveh Bakhtiari va à la rencontre
des immigrants clandestins bloqués en Grèce
Le jeune Jiro monte sur le toit où
l'attend un aéroplane blanc empenné comme un oiseau bleu. Il
décolle vers le zénith où passe un
dirigeable puissant comme un cachalot. Dans ses rêves, il rencontre
aussi Giovanni Caproni, célèbre
concepteur d'avions. Derrière ses
grosses bésicles, Jiro se grise
d'azur. Il sera ingénieur en aéronautique. Annoncé comme le dernier film de Hayao Miyazaki, Le
vent se lève évoque la vie et l'œuvre
de Jiro Horikoshi, l'homme qui a
dessiné le chasseur bombardier
Mitsubishi A6M1, le fameux Zero.
Il ne s'agit naturellement pas d'un
film militariste, mais d'une réflexion sur le sens de la vie doublée
d'une évocation du Japon d'avantguerre, féodal, indigent. Le souffle
des tempêtes, le souffle de l'esprit
passent sur l'île, portant les espoirs
et les avions. Mais les rêves trop
grands finissent à la casse. Annoncé comme le chant du cygne
de Miyazaki, ce film d'une grande
splendeur graphique et d'une inspiration supérieure s'avère toutefois longuet. Et décevant dans le
sens où le maître nippon renonce
aux sidérantes métamorphoses
constituant l'essence de ses plus
grandes réussites – Princesse Mononoké, Le Voyage de Chihiro… ADN
V
Match retour
Ils sont sept immigrants iraniens bloqués en Grèce à squatter la
«pension» d'Amir. Dans cet appartement en sous-sol, Rassoul,
Kamran, Farshad, Yasser, le cousin Mohsen, sans oublier Hamid ou
Gayana l'Arménienne, se serrent les coudes, vivent dans la peur de
la police et l'espoir de partir plus avant dans leur rêve d'Europe.
Né à Téhéran, Kaveh Bakhtiari est arrivé en Suisse quand il avait 9
ans. Il a étudié à l'ECAL, à Lausanne, et son premier court-métrage,
La Valise, a été remarqué dans de nombreux festivals. A Athènes, il a
partagé pendant près d'un an le quotidien de ces clandestins. Documentaire d'immersion, dans lequel le cinéaste est obligé de jouer
un rôle (sortir Mohsen de prison…), L'Escale a le mérite de donner
un visage aux immigrants, ces ombres dans la mauvaise conscience
occidentale.
Il fait sentir la peur, le déracinement, les désillusions, mais aussi
la solidarité, l'espérance, la joie. Il montre les larmes de Yasser parlant par Skype avec sa mère et les fourmis humaines s'agglutinant
autour des camions qui roulent vers l'ailleurs. Il suit la grève de la
faim que mène Hamid, échoué depuis trop longtemps à Athènes,
qui a poussé le désespoir jusqu'à se coudre les lèvres. Il relate les
plans improbables, les photos d'identité pas ressemblantes, les déguisements rudimentaires, ou surprend un moment paisible, sur
une plage, autour d'un feu et d'une petite fille. Forcément, à documenter la stagnation, ce film poignant stagne par moments.
Antoine Duplan
Pour regarder en face la réalité de l'immigration
VV L’Escale.
Documentaire de Kaveh Bakhtiari
24
(Grudge Match)
Comédie de Peter Segal
avec Sylvester Stallone, Robert
De Niro, Kim Basinger, Alan Arkin,
Kevin Hart, Jon Bernthal
Raging Bull et Rocky remontent
sur le ring. Qui va au tapis?
Personne n'a oublié les deux
matchs légendaires qui, dans les
folles années 80, ont opposé
Henry «Razor» Sharp (Sylvester
Stallone) et Billy «The Kid» McDonnen (Robert De Niro). Chacun a remporté une victoire, mais
le match de belle n'a jamais eu
lieu, car Razor a raccroché les
gants. Il est parti bosser à l'usine,
tandis que son adversaire s'est
lancé dans les affaires. Trente ans
plus tard, un petit mariolle a
l'idée de faire monter sur le ring
les deux ex-champions, qu'une
haine farouche oppose - cherchez
la femme (Kim Basinger)… Les
chnoques ont la cote: Stallone
joue les prolongations dans Ex-
pendables, De Niro le vieux ronchon dans Last Vegas. Peter Segal
(Anger Management, Get Smart)
sublime cette tendance revivaliste
en réunissant Rocky et Raging
Bull dans un produit parfois
amusant, assurément faisandé et
éminemment référentiel. De Niro
reste bon comédien, Stallone ne
l'a jamais été. ADN
-
Meteora
Film d’art et essai
de Spiros Stathoulopoulos
avec Theo Alexander,
Tamila Koulieva-Karantinaki
Au cœur de la Grèce, les monastères de Météora trônent sur des colonnes de grès vieilles de millions
d'années, comme suspendus entre ciel et terre. Loin de la vie paysanne dans la vallée, le jeune
moine Theodoros et la nonne
Urania ont voué leur existence à
Dieu. Mais une attirance grandissante les pousse l'un vers l'autre…
Présenté en compétition à la dernière Berlinale, le deuxième film
d'un jeune cinéaste grec remarqué à Cannes (PVC-1, à la Quinzaine des réalisateurs 2007) est
un conte atemporel avec des passages en dessin animé inspirés
d'art orthodoxe. La critique s'est
montrée divisée, mais les plus
convaincus ont invoqué un «style
sensuel onirique à la Paradjanov»
(Les Inrocks). Vu l'originalité, évidente, comment ne pas avoir envie de vérifier? NC
V
Prêt à tout
Comédie de Nicolas Cuche
averc Max Boublil, Aïssa Maïga,
Patrick Timsit, Chatal Lauby
Le retour d’une conscience de
classe dans la comédie française
Etudiant médiocre confondant
Lennon et Lénine, Max (Max Boublil, des Gamins) se meurt
d'amour pour une de ses condisciples, la belle Alice (Aïssa Maïga).
Mais il est gauche, timide, juste
capable d'affabuler sottement
pour attirer son attention. Elle
sort de sa vie, il rate ses études et
devient millionnaire. Huit ans
plus tard, Max voit au journal télé
Alice, syndicaliste en colère, devant une usine menacée de fer-
C
SORTIR
CINEMA
meture. Alors, il rachète l'entreprise. Comme l'objet de son désir
déteste les patrons, il se fait passer
pour un ouvrier syndicaliste courageux, obtenant du mystérieux
racheteur des privilèges comme
un service traiteur au réfectoire…
Ces ruses porteront-elles leur
fruit? Auteur de quelques moches
thrillers et guimauves gluantes
qui n'ont pas marqué le 7e art, Nicolas Cuche tire miraculeusement
son épingle du jeu avec l'improbable scénario de Prêt à tout,
troussant une jolie comédie économique avec conscience de
classe et sans vulgarité. ADN
Sorties du 29 janvier
V
Jacky au royaume
des filles
Comédie de Riad Sattouf
avec Vincent Lacoste, Charlotte
Gainsbourg, Didier Bourdon,
Anémone, Valérie Bonneton
Didier Bourdon porte aussi bien la
burqa que Charlotte Gainsbourg
l’uniforme militaire
voir. Cette pochade dystopique
prête à sourire, mais traîne en
longueur. Quatre pages de bande
dessinée, façon Pascal Brutal, seraient sans doute un format plus
approprié qu'un long-métrage de
cinéma. ADN
Sous sa burqa rouge, Jacky (Vincent Lacoste) est plutôt beau
gosse. Et gentil avec ça: il prépare
la bouillie pour sa maman, submergée par les demandes en mariage que son garçon suscite. Sur
ce, le Gouvernement annonce la
Grande Bubunnerie, cette cérémonie au cours de laquelle la Colonelle (Charlotte Gainsbourg)
choisit le Grand Couillon, c'est-àdire le géniteur de ses descendant(e)s… Après avoir procédé à
une sociologie de l'âge boutonneux dans Les Beaux Gosses, Riad
Sattouf se risque à un exercice satirique que n'aurait pas désavoué
Swift: la Bubune, le pays où se situe l'action de Jacky au royaume
des filles, est un régime islamiste
en négatif - les hommes portent
le voile, les femmes sont au pou-
-
Minuscule – La
vallée des fourmis
perdues
Film d’animation 3D
de Thomas Szabo et Hélène Giraud
Dans une paisible forêt, les reliefs d'un pique-nique déclenchent une guerre sans merci entre deux bandes rivales de
fourmis convoitant le même butin: une boîte en fer-blanc pleine
de sucres! C'est dans cette tourmente qu'une jeune coccinelle va
se lier d'amitié avec une fourmi
noire et l'aider à sauver son peuple des terribles fourmis rouges.
Au temps préhistorique de
l'image de synthèse, les animateurs privilégiaient les personnages lisses (insectes, jouets…)
pour des raisons techniques.
Aujourd'hui, faire bouger un
poil n'est plus un mystère, mais
Thomas Szabo et Hélène Giraud,
se souvenant des charmes de
Fourmiz ou 1001 Pattes, renouent,
dans Minuscule – La vallée des
fourmis perdues, avec les hyménoptères et autres coléoptères
pour un film d'aventures jouant
sur le contraste entre le réalisme
des décors et la fantaisie des personnages. ADN
-
Nymph()maniac –
Vol. 2
Film d’art et essai de Lars von Trier
avec Charlotte Gainsbourg, Stellan
PUBLICITÉ
10
NOMINATIONS AUX OSCARS
"#$!
MEILLEUR FILM I MEILLEUR RÉALISATEUR
MEILLEURS ACTEURS (PRINCIPAUX ET SECONDS RÔLES) I MEILLEUR SCÉNARIO
bradley
amy christian
jennifer
jeremy
COOPER ADAMS BALE L
LAWRENCE
AWRENCE RENNER
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<wm>10CFWKsQ6AIAwFv6jktbRQZDRsxMG4sxhn_38S3Rwul0uu92oBH2vbjrZXc3MmAAKtphrEpMbkwWaDOQtYFxQkiVHw-6dSVNh4HwIT54FCMFIf4hLu83oAsPDZM3IAAAA=</wm>
le nouveau film de DAVID
O. RUSSELL après
HAPPINESS THERAPY et THE FIGHTER
LE 5 FÉVRIER AU CINÉMA
25
ascot-elite.ch
C
CINEMA
SORTIR
Skarsgard, Shia LaBoeuf, Jamie Bell,
Willem Dafoe, Connie Nielsen
Suite et fin des aventures sexuelles de Joe, nymphomane autodiagnostiquée qui se confie au
vieux Seligman, lequel l'a recueillie chez lui. Après s'être découverte frigide, retrouvera-t-elle
la voie du plaisir? Enceinte de Jerôme, elle se lance avec sa bénédiction dans de nouvelles expériences-limite… Le premier volet,
hétérogène en diable, était plus
stimulant
intellectuellement
qu'érotiquement. A vrai dire, on
ne voit pas le tortueux auteur de
Breaking the Waves, Les Idiots et
Antichrist renverser la vapeur
dans le second. Mais on se réjouit
de voir la révélation Stacy Martin
passer le flambeau à Charlotte
Gainsbourg, idéale pour donner
une âme à tout ce sexe froid, piètre palliatif pour une solitude qui
pourrait bien être le vrai problème de Joe. NC
VV
Pierre Rabhi –
Au nom de la terre
Documentaire
de Maire-Dominique Dhelsing
Parce qu’il est urgent de rétablir le
contact avec la terre nourricière
Au Burkina Faso, Pierre Rabhi
prononce l'éloge d'un arbre. Il
donne de l'ombre et des fruits, il
abrite les oiseaux, il fait chanter le
vent comme une harpe, il prend
la force du ciel et la transmet à la
terre. Ce poème célébrant la grandeur de la nature résume la philosophie de Pierre Rabhi, pionnier
de l'agroécologie. Né dans le sud
du Sahara, il s'est établi il y a plus
de cinquante ans dans les Cévennes, où à force de patience et
d'amour il a tiré un jardin de la
terre rocailleuse. Depuis, il n'a
cessé de lutter contre le productivisme agricole détruisant la terre
et conduisant l'homme à sa perte,
prônant des méthodes douces,
rappelant que sur un hectare de
terre saie les lombrics font plus
de travail que deux bœufs, animant des mouvements comme
Oasis en tous lieux ou Colibris –
qui appelle chacun à se responsabiliser selon ses capacités. Avec
Pierre Rabhi – Au nom de la terre,
Marie-Dominique Dhelsing consacre un beau portrait à cet apôtre de la non-violence susceptible
de nous rendre confiance en
l'avenir. ADN
U
The Ryan Initiative
(Jack Ryan: Shadow Recruit)
Thriller de Kenneth Branagh
avec Chris Pine, Kevin Costner,
Keira Knightley, Kenneth Branagh
Kenneth Branagh se vend
à l'empire américain
avec ce film d'espionnage
navrant
Etudiant en économie qui a rejoint l'armée suite au 11 septembre 2001, Jack Ryan est recruté
par la CIA. Devenu analyste financier, il découvre des mouvements de fonds aussi suspects
que massifs. Il est alors envoyé à
Moscou par son mentor Thomas
Harper, à l'insu de sa fiancée,
pour enquêter sur l'homme d'affaires Viktor Cherevin. Ce dernier
mène une opération de déstabilisation de l'économie américaine pour le compte du
Kremlin... Ce nouveau reboot (le
troisième en cinq films) des
aventures de Jack Ryan, héros des
romans d'espionnage de feu Tom
Clancy, est aussi le premier à ne
plus s'appuyer sur un livre.
Même réalisée par un Kenneth
Branagh passé hollywoodien depuis Thor (et qui s'est réservé le
rôle du méchant), cette tentative
douteuse de réchauffer la Guerre
froide ne vaut hélas guère mieux
que l'ignoble Die Hard 5 sorti l'an
dernier. Contemporains, Jack
Ryan et John McClane vieillissent
mal. NC
Sorties du 5 février
V
All about Albert
(Enough Said)
Comédie dramatique
de Nicole Holofcener
avec Julia Louis- Dreyfus, James
Gandolfini, Catherine Keener,
Toni Collette, Ben Falcone
James «Soprano» Gandolfi
dans son dernier rôle
Kinésithérapeute, Eva (Julia
Louis-Dreyfus) mène une vie
routinière. Elle ne détesterait pas
se trouver un compagnon. Au
cours d’une soirée mondaine,
elle rencontre successivement
Marianne (Catherine Keener),
une poétesse dont elle devient
l’amie, et Albert (James Gandolfini), un solide gaillard qu’elle ne
laisse pas indifférent. Ces deux
divorcés entament une liaison timide que pourrissent quelques
quiproquos… Le couple, les enfants qui grandissent, les soucis
domestiques… Avec All About Albert, Nicole Holofcener signe
une fable bavarde sur la crise de
la quarantaine dans la classe
moyenne. En gros nounours mélancolique, James «Soprano»
Gandolfini est formidable dans
PUBLICITÉ
société
de musique
la chaux-de-fonds
sa 1er février
20h15
salle de musique
münchener kammerorchester
alexander liebreich direction
vilde frang violon
Cappella Andrea Barca
András Schiff
direction et piano
Mozart
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<wm>10CAsNsja1MLUw1DUwMDAyNwMAf4wngw8AAAA=</wm>
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ve 7 février
salle de musique
piotr anderszewski piano
Ahmad
<wm>10CFXKqw7DMBBE0S9aa2a9DysLqzAroCo3iYL7_6hpWcHVJWfO8oZfj_147c_y4YMCQDOKms2j1L1RC2QoaBvTusLof_pedIOvrxFQGIsppoJcpLb3eX0AaQayonAAAAA=</wm>
20h15
<wm>10CAsNsja1MLUw1DUAAgtjAFGwUXcPAAAA</wm>
<wm>10CFWKsQqAMBBDv6jlcjV6543SrTiIu4s4-_-T1c1AyCO81oJZvi513esWNBqS9FgJ6JQ5hpIZGgJxFQwzQBd3Tj-7z1gG4fE6SfrtB5BoqXRwy_d5PV6nJUxwAAAA</wm>
JAMAL
<wm>10CAsNsja1MLUw1DUwMDAysAQAKQfZXA8AAAA=</wm>
<wm>10CFWKqw7EMBDEvmijmd1OkzTwFFYdOJWHVMX9f9QHO2BZlryuTQkvn_7d-q-pqNAAOGqj5yTV5lIiy92eHYyF4Mwpov79t-aYoPE8RjfPgzDKwgdD6dyPC9NUbdNyAAAA</wm>
Victoria
Hall
Genève
Samedi
Je 20 février
20h15
salle de musique
orchestre de chambre de bâle
giovanni antonini direction
sol gabetta violoncelle
1 février 2014
Mercredi 29 janvier | 20 h 00 | Victoria Hall
Location
Service culturel Migros
www.grandsinterpretes.ch
Places de chf 30.– à chf 60.–
(étudiants et moins de 16 ans : chf 10.–)
Tél.: +41 32 967 60 50 / +41 32 717 79 07
www.musiquecdf.ch
Agence de concerts et spectacles
26
promoted by:
20h30
LOCATION : Ticketcorner–www.ticketcorner.com
Fnac – www.fnac.ch Tél. 0900 800 800 (CHF 1.19/min)
La Poste, Manor, CFF • GENÈVE: Globus, Centre Balexert, La Praille
C
SORTIR
CINEMA
-
Jack et la
mécanique
du cœur
Film d’animation de Mathias
Malzieu et Stéphane Beria
avec les voix de : Mathias Malzieu,
Olivia Ruiz, Jean Rochefort
Né au plus froid de l'hiver, Jack a
eu le cœur gelé. On lui greffe une
horloge à la place. Ce bricolage
lui sauve la vie – à condition de ne
jamais tomber amoureux, le coucou lui servant de palpitant n'y
résisterait pas. Mais peut-on rester raisonnable lorsque l'on
croise Miss Acacia? Cette petite
chanteuse de rue va introduire
des complications. Tic-tac, tictac… Luc Besson produit cette
adaptation d'un livre de Mathias
Malzieu, par ailleurs chanteur du
groupe Dionysos et auteur de la
bande-son - «Moi qui vis avec une
horloge dans le cœur/Je ne regarde plus jamais l'heure», chante-t-il allégrement. Stéphane Beria signe la mise en scène de cette
love story steampunk, dont les
sources d'inspiration graphiques
et symboliques sont à chercher
de côté de Tim Burton, grand ami
des monstres et des enfants bizarres (Edward aux mains d'argent,
Frankenweenie), du Freaks de Tod
Browning, de Méliès (le pionnier
du 7e art joue un rôle dans la
quête de Jack), voire de
Dumbo… ADN
V
La Voleuse de livres
(The Book Thief)
Drame historique de Brian Percival
avec Sophie Nélisse, Geoffrey Rush,
Emily Watson, Ben Schnetzer,
Nico Liersch, Barbara Auer
L’Allemagne nazie réduite
à des clichés pour l’édification
des «jeunes adultes»
Dans l’Allemagne nazie peu
avant la guerre, l’orpheline Liesel,
12 ans, est adoptée par un couple
modeste d’une petite ville. Illettrée, elle apprend à lire auprès de
son nouveau papa et développe
une telle passion pour la lecture
qu’elle dérobe des volumes dans
la bibliothèque du maire pour
les lire à Max, un jeune juif caché
dans leur cave. Tiré d’un roman
pour «jeunes adultes» de l’Australien Markus Zusak, La Voleuse de
livres a pour principale particularité d’avoir la Mort en personne
comme narratrice. Pour le reste,
le réalisateur venu de la TV britannique Brian Percival (Downtown Abbey) s’applique à recréer
une Allemagne nazie de carte
postale, où l’horreur a le bon
goût de rester hors champ. Tout
cet étalage de joliesses, de clichés
et de coïncidences a hélas de
quoi décourager les meilleures
volontés. Tant le Cheval de guerre
de Steven Spielberg que Lore de
l’Australienne Cate Shortland
étaient d’une autre trempe! NC
LE 5 FÉVRIER 2014
Des escrocs
qui frisent
la catastrophe
Embrouilles, arnaques, coups fourrés et bigoudis
dans «American Bluff» de David O. Russell
VV
Les Rayures
du zèbre
Comédie dramatique
de Benoît Mariage
avec Benoît Poelvoorde, Marc Zinga,
Tom Audenaert, Tatiana Rojo
Benoît Poelvoorde porte sur ses
épaules ce petit film belge qui
épingle les relations EuropeAfrique
José est agent de footballeurs. Sa
spécialité: repérer en Afrique des
talents prometteurs. Lorsqu'il
déniche Yaya en Côte d'Ivoire, un
talent brut plus tout jeune et
sans attaches, il l'emmène en Belgique persuadé d'avoir trouvé la
poule aux œufs d'or. Mais rien ne
se passe comme prévu... Venu de
l'émission culte Striptease, Benoît
Mariage a développé avec son
ami Benoît Poelvoorde un humour réaliste et grinçant qui
échappe au formatage comique
français. Dans cette quatrième
collaboration (après Le Signaleur,
Les convoyeurs attendent et Cowboy), ils se penchent sans tabou
sur les relations Nord-Sud, et
plus précisément Europe-Afrique. Mais s'il y avait là un grand
film potentiel, ce n'est pas vraiment celui-ci, un peu court dans
son inspiration et trop quelconque dans sa réalisation. NC
ASCOT ELITE
son dernier rôle, sa partenaire
crispante à force de sourires crispés. Là où Woody Allen aurait pu
faire une comédie alerte et
cruelle, sa consoeur new-yorkaise stagne dans le sentimentalisme consensuel… ADN
Irving Rosenfeld (Christian Bale, avec bide et calvitie d'hypocrite) est un escroc. Il tient une blanchisserie dans laquelle il puise
les déguisements dont il a besoin pour vendre de faux tableaux. Il
fait équipe avec Sydney (Amy Adams), qui n'a pas son pareil pour
prendre l'accent d'une lady anglaise auprès de gogos désireux de
faire des investissements. Ils se font alpaguer par l'agent DiMaso.
Celui-ci, assoiffé de gloire, a une idée fixe: coincer des hommes politiques prévariqués, quitte à leur tendre une valise pleine de dollars. Il contraint les deux filous à corrompre le maire Carmine Polito (Jeremy Renner). Le charme du flic opère sur Sydney. Tandis
que Irving se dépatouille avec Rosalyn (Jennifer Lawrence), son
épouse sotte et hystérique…
Adultes, âpres et décalés, les films de David O. Russell détonnent
dans le morne paysage hollywoodien – voir Les Rois du désert (la
guerre du Golfe avec George Clooney), Fighter (la trajectoire sinueuse d'un boxeur junkie) ou Happiness Therapy (comédie romantique avec un grain de folie). Lointainement inspiré d'une histoire
vraie, American Bluff ne déroge pas à la dinguerie réaliste. Passé un
démarrage empêtré dans une structure en flash-back un peu embrouillée, le film propose des moments intensément jubilatoires,
des arnaques à rebondissements multiples, des bigoudis en folie on est en 1978 et le tif ondule. Le climax est atteint dans une scène
panique incluant un Mexicain déguisé en cheikh arabe, un tueur
de la mafia (Robert De Niro en caméo vintage), une maîtresse jalouse et une épouse désinhibée. Les comédiens se surpassent – avec
mention pour Jennifer Lawrence! Antoine Duplan
Pour voir Jennifer Lawrence jeter sa gourme et Robert De Niro parler
arabe
VVVAmerican Bluff.
Comédie dramatique de David O. Russell
avec Christian Bale, Bradley Cooper, Amy Adams, Jeremy Renner, Jennifer
Lawrence, Robert De Niro, Jack Huston, Michael Peña
27
SORTIR
C
CINEMA
LE 12 FÉVRIER 2014
Le poil dru, c’est doux
Christophe Gans signe une nouvelle adaptation de «La Belle
et la Bête», avec Léa Seydoux et Vincent Cassel
Parce que «les contes de fées sont comme un rempart contre la dépression» (Léa Seydoux)
-
L’Ile des miamnimaux – Tempête
de boulettes
géantes
(Cloudy with a Chance of Meatballs 2)
Film d’animation de
Cody Cameron & Kris Pearn
avec les voix de: (v.o.) Bill Hader,
Anna Faris, James Caan, Will Forte
Inventeur d'une machine capable
de transformer l'eau en nourriture, Flint Lockwood avait déchaîné une terrible tempête qui
avait menacé la planète. Engagé
par la prestigieuse compagnie Live
Corp, il apprend que sa machine
n'a pas disparu et crée des croisements entre animaux et aliments,
les «miam-nimaux»! Flint et ses
amis s'embarquent dans une périlleuse mission pour affronter des
tacodiles, serpents à galettes et
autres hippopatates… Il y a quatre
ans Tempête de boulettes géantes
avait créé la surprise en s'inspirant
avec bonheur d'un petit livre illus-
tré pour la jeunesse. Les studios
d'animation de Sony tentent le bis
avec d'autres réalisateurs et scénaristes. Opération mercantile vouée
à l'échec, ou bien l'esprit de doux
délire surréaliste soufflera-t-il également sur cette suite? NC
-
Mea Culpa
Thriller de Fred Cavayé
avec Vincent Lindon, Gilles
Lellouche, Nadine Labaki,
Gilles Cohen, Medi Sadoun
Flics à Toulon, Simon (Vincent Lindon) et Franck (Gilles Lellouche)
causent un accident mortel après
avoir trop fêté la fin d'une mission.
Six ans plus tard, Simon, qui a
perdu son job et sa femme dans
l'affaire, est devenu convoyeur de
fonds, tandis que Franck, toujours
flic, veille à distance sur lui. Lorsque le petit Théo, fils de Simon, est
témoin d'un règlement de comptes mafieux, le duo se reforme
pour le tirer d'affaire… Après le
correct Pour elle (2008, aussitôt
adapté par Hollywood) et le navrant A bout portant (2010), le nou-
28
Traversant de nuit un jardin enchanté, un marchand ruiné (André
Dussollier) cueille une rose pour sa fille. Surpris par le maître des lieux,
un monstre au mufle léonin, le pauvre homme est condamné à mort
pour ce larcin. A moins que sa fille, Belle (Léa Seydoux), ne prenne sa
place. La courageuse enfant se sacrifie pour son père et se rend dans le
château où vit la Bête (Vincent Cassel), grand seigneur velu et carnassier. Il ne tue pas sa captive, mais l'envoûte; elle ne tremble plus devant
son maître, elle l'apprivoise…
Variation sur un mythe remontant aux Métamorphoses d'Ovide, le
conte publié par Jeanne-Marie Leprince de Beaumont en 1757 a inspiré à Jean Cocteau un chef-d'œuvre poétique, avec Josette Day et Jean
Marais, et, plus tard, un dessin animé de Disney. Cinéphile fébrile,
Christophe Gans (Silent Hill) s'y connaît en lycanthropie, puisque la
bête du Gévaudan lui a inspiré Le Pacte des loups. Entièrement filmée en
studio, à Babelsberg, et sublimée par l'imagerie numérique, cette
nouvelle version de La Belle et la Bête tourne «autour de la bestialité,
c'est-à-dire de la passion d'une femme pour un hybride mi-homme,
mi-animal, un demi-dieu à proprement parler», explique le réalisateur
dans Première. «Les princes charmants n'existent pas si on n'accepte pas
l'idée que, dans chacun d'eux, il y a une bête», précise Vincent Cassel,
qui trouve un nouveau rôle à sa démesure. Antoine Duplan
- La Belle et la Bête. Film fantastique de Christophe Gans
avec Léa Seydoux, Vincent Cassel, André Dussollier, Eduardo Noriega,
Sara Giraudeau
veau spécialiste du polar français
Fred Cavayé réunit les vedettes de
ses deux premiers films pour ce
nouvel opus qui concilierait émotion et action. Reste à savoir s'il a
vraiment tiré les leçons de son
échec. Et la surprise de retrouver la
belle actrice-réalisatrice libanaise
Nadine Labaki (Caramel, Et maintenant on va où?) au générique d'un
tel projet. NC
-
néaste serbe (L'Automne dans ma
rue, 2009), sélectionné au festival
de Karlovy Vary, va connaître une
sortie discrète en vertu d'une participation helvétique à sa production. Tiré d'une pièce de Dusan
Spasojevic, le film offrirait une vision authentique des conditions
de vie dans une région frappée
par l'exode rural. Apparemment,
pas de quoi rigoler, mais une occasion rare de sortir des sentiers
battus de notre distribution. NC
Odumiranje
-
(Withering)
RoboCop
Drame de Milos Pusic
avec Branislav Trifunovic, Boris
Isakovic, Dara Dzokic, Jasna
Djuricic, Emir Hadzihafizbegovic
Film de science-fiction de José
Padilha
avec Joel Kinnaman, Gary Oldman,
Michael Keaton, Abbie Cornish,
Jennifer Ehle, Samuel L. Jackson
A 28 ans, Janko revient dans son
village de montagne après des années infructueuses passées à Belgrade. Il est prêt à tout pour aller
travailler en Suisse et gagner enfin
sa place au soleil. Jusqu'à vendre
la terre où se trouve la tombe de
son père. Sa mère va tout faire
pour qu'il change d'avis… Ce
deuxième opus d'un jeune ci-
L'officier Murphy a été mitraillé à
mort. C'est un steak haché qui arrive aux urgences. Mais les services
de cybernétique rafistolent le moribond et l'améliorent: protégé
par un exosquelette blindé qui décuple ses forces, le policier devient
RoboCop, le cyborg justicier, le
bras armé de la justice, la terreur
C
SORTIR
CINEMA
des malfrats de Detroit! Lancé en
1987 par Paul Verhoefen, le Hollandais violent, RoboCop s'impose
comme un petit mythe et entre
dans le langage courant. Le cyberflic connaît deux remakes, se décline en séries télé, affronte Terminator dans des divertissements
vidéo… A l'heure du premier cœur
artificiel, et alors que Detroit n'est
toujours pas sortie du marasme, il
reprend du service dans une armure relookée et un reboot forgé
par le Brésilien José Padhila,
auteur du rude Troupe d'élite. Est-ce
raisonnable? ADN
VV
Viva la libertà
Comédie de Roberto Andò
avec Toni Servillo, Valeria Bruni
Tedeschi, Valerio Mastandrea,
Anna Bonaiuto, Michela Cescon
Une comédie politique un peu
trop convenue, avec le grand Toni
Servillo dans un double rôle
Enrico Oliveri, secrétaire général
du principal parti d'opposition,
est inquiet: les sondages le donnent perdant. Un soir, il disparaît
en ne laissant qu'une note laconique. Pour éviter la panique au
sein du parti, son assistant Andrea
Bottini échafaude un plan risqué:
le remplacer temporairement par
son frère jumeau Giovanni Ernani, philosophe et original. Pendant que Giovanni surprend et relance le parti, Enrico refait surface
à Paris chez une ex qui travaille
dans le cinéma… Metteur en
scène de théâtre et d'opéra réputé, le Sicilien Roberto Andò a
moins de chance avec le cinéma:
ce cinquième long-métrage n'est
que le deuxième montré hors
d'Italie, après Le Prix du désir (Sotto
falso nome, avec Daniel Auteuil, en
2004). Transposant à l'écran son
roman Il Trono vuoto, il signe une
comédie politique dont le principal mérite est d'offrir un double
rôle au grand Toni Servillo. Pour le
reste, le film ne tient pas vraiment
ses promesses, la satire paraissant
plutôt vague et l'appel à plus de
décence convenu, dans un style
trop classique. NC
qu'elle n'a pas bien mesuré, c'est
sa propre faiblesse... Catherine
Breillat donne à son tour dans
l'autofiction en évoquant ses récents déboires médicaux, son
projet avorté Bad Love (devenu un
roman) et sa mésaventure avec
l'escroc Christophe Rocancourt,
qui aboutit sur une condamnation pour «abus de faiblesse».
D'une matière déjà évoquée dans
un livre (Fayard, 2009), elle a à
présent tiré un film où Isabelle
Huppert donne la réplique au
rappeur Kool Shen. Cinéaste courageuse et frontale, Breillat a les
moyens de réussir dans cet exercice difficile. NC
Sorties du 12 février
-
Abus de faiblesse
Drame psychologique
de Catherine Breillat
avec Isabelle Huppert, Kool Shen,
Laurence Ursino, Christophe
Sermet, Ronald Leclercq
Victime d'une hémorragie cérébrale, Maud, cinéaste, se réveille
un matin hémiplégique, face à
une solitude inéluctable. Alitée
mais déterminée à poursuivre un
projet de film, elle découvre en
regardant un talk-show télévisé
Vilko, arnaqueur de célébrités.
Son arrogance crève l'écran? Elle
le veut pour son prochain film. Ce
VV
Les Trois Frères,
le retour
Comédie de Didier Bourdon,
Bernard Campan & Pascal Légitimus
avec Didier Bourdon, Bernard
PUBLICITÉ
“D’UNE ÉCRITURE CINÉMATOGRAPHIQUE MAGNIFIQUE.”
TV8
“UNE ŒUVRE QUI
FORCE LE RESPECT!”
“RADICAL
ET FASCINANT.”
L’HEBDO
TRIBUNE DE GENÈVE
“D’UNE PROFONDEUR VERTIGINEUSE. DU GRAND CINÉMA!” LA CÔTE
<wm>10CAsNsja1MLUw1DUwMDAyMAYAN-4MvA8AAAA=</wm>
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UN FILM DE
charlotte gainsbourg
LARS VON TRIER
shia labeouf
jamie bell
uma thurman
DEUXIÈME PARTIE
LE 29 JANVIER AU CINÉMA
29
ascot-elite.ch
SORTIR
C
CINEMA
Campan, Pascal Légitimus,
Sofia Lesaffre, Daniel Russo
«Nous sommes les gugusses
Bourdon Campan Légitimus»
Film d’animation de Rob Minkoff
avec les voix de: (v.o.) Ty Burrell,
Max Charles, Ellie Kemper,
Ariel Winter, Stephen Colbert
En 1995, Didier, Bernard et Pascal
Latour, trois jean-foutre, étaient
convoqués chez le notaire où ils
découvraient 1) qu’ils étaient frères et 2) millionnaires. En avant la
java, mais attention à la gueule de
bois! Dix-huit ans plus tard, les
trois frères sont à nouveau convoqués pour un reliquat qui mettra
plus de sable dans les rouages de
leurs existences que de beurre dans
leurs épinards. Après des années
de relations tendues et des carrières en dents de scie (quelques bons
films pour Bernard Campan, de sinistres comédies pour Didier Bourdon, de fades téléfilms pour Pascal
Légitimus), Les Inconnus, le trio
qui a su dérider les 80’s, tentent
leur come-back. Leur scénario est
du niveau des Pieds Nickelés, mais
les trois bouffons conservent un indéniable potentiel comique. ADN
M. Peabody, un chien qui parle,
est lauréat du Prix Nobel. Génie
dans tous les domaines, il devient père. Voulant aider son fils
adoptif Sherman (un humain)
pour sa rentrée scolaire, il décide de lui faire découvrir l'Histoire en construisant une machine à voyager dans le temps.
Mais les choses tournent mal
quand Sherman enfreint les règles et perd dans le temps
Penny, sa camarade de classe…
Personnages de l'âge d'or de la
TV américaine (1959-62), issus
du Rocky and Bullwinkle Show, Mr
Peabody et Sherman sont ressuscités par les studios DreamWorks, sous la direction de
l'anonyme Rob Minkoff (Le Roi
lion, Stuart Little, Le Manoir
hanté). Sauront-ils changer de
format sans encombre? NC
Ewan McGregor, Chris Cooper,
Juliette Lewis, Julianne Nicholson
Un casting cinq étoiles rehausse ce
psychodrame familial dans lequel
chacun peut se reconnaître
Suite à la disparition de leur
père, les trois filles Weston retrouvent leur mère et leur tante
après plusieurs années de séparation. Dans une belle demeure
familiale de l'Oklahoma, leurs
différences, leurs hommes et
surtout leur mère lunatique atteinte d'un cancer vont créer un
cocktail explosif. Sans compter
un secret de famille trop long-
Les principaux films encore à l’affiche
VVV
VVV
Aime et fais
ce que tu veux
Blue Jasmine
(In the Name of – W imie)
-
VV
M. Peabody
et Sherman:
Les voyages
dans le temps
Un Eté à Osage
County
(August: Osage County)
Drame psychologique de John Wells
avec Julia Roberts, Meryl Streep,
(Mr. Peabody & Sherman)
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par pers.
/ par nuit
117.-
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30
temps gardé... Dramaturge à la
mode depuis que William Friedkin a porté à l'écran ses pièces
Bug et Killer Joe, Tracy Letts voit
son psychodrame familial couronné d'un Prix Pulitzer recevoir
le traitement d'un film de prestige, coproduit par Harvey
Weinstein et George Clooney. De
facture très classique, cette
adaptation signée par l'auteur et
réalisée par John Wells (The Company Men) s'avère aussi d'excellente compagnie, en particulier
grâce à l'affrontement entre Meryl Streep et une impressionnante Julia Roberts. NC
Drame psychologique
de Malgorzata Szumowska
avec Andrzej Chyra, Mateusz
Kosciukiewicz, Lukasz Simlat
Adam, un prêtre quadragénaire,
rejoint une paroisse rurale de Pologne où il s'occupe d'un foyer accueillant de jeunes adultes. Par
son implication et son charisme, il
suscite rapidement l'admiration
de tous. Mais son célibat ne va pas
sans tentations et son attirance
pour un garçon du village, se
transforme en véritable chemin
de croix… Dix ans après Priest de
l'Anglaise Antonia Bird, un nouveau film réalisé par une femme,
polonaise cette fois, s'attaque au
sujet des prêtres homosexuels. En
compétition au dernier Festival de
Berlin, le nouveau film de Malgoszka Szumowska (Elles avec Juliette Binoche) y a remporté le
Teddy Award du meilleur film à
thématique gay et lesbienne. Mais
on lui ferait un grand tort à le limiter à un public spécialisé, qu'il
soit polonais, catholique ou
homo. La beauté du style, hautement visuel, la finesse du récit, qui
ne tombe dans aucun piège, et la
profonde humanité du propos signalent l'avènement d'une cinéaste majeure. Quant à Andrzej
Chyra, dont le physique rappelle
Daniel Craig et Steve McQueen, il
a vraiment l'étoffe d'une star. NC
Comédie dramatique
de Woody Allen
avec Cate Blanchett, Sally Hawkins,
Alec Baldwin, Andrew Dice Clay
A San Francisco, Jasmine (Cate
Blanchett) retrouve sa sœur, Ginger (Sally Hawkins). Un gouffre
socioculturel sépare la grande
blonde au bord de la crise de
nerfs avec ses valises de marque
et la petite brune pleine de gentillesse qui peine à nouer les
deux bouts avec ses deux gosses.
Jasmine a vécu dans le luxe pendant des années; maintenant
qu’elle a tout perdu, elle s’incruste chez Ginger et tente de refaire sa vie. La crise économique
inspire à Woody Allen un de ses
films les plus durs, un portrait
de femme fracturée à la Another
Woman, un conte moral dans la
veine sombre de Match Point, opposant l’Amérique d’en haut
(New York, Wall Street, la finance) et l’Amérique d’en bas (la
côte Ouest, les laissés-pourcompte de l’économie). Comme
on ne se refait pas, le réalisateur
émaille son film de quelques
gags cruels. Mais, adoptant une
structure en flash-back, il révèle
progressivement, impitoyablement, les malversations du mari
de Jasmine (Alec Baldwin), et ses
tromperies, mais aussi sa vilenie
à elle, son naufrage inexorable,
ses dénis pathétiques, son indifférence aux autres et les mensonges désespérés qu’elle profère. ADN
C
SORTIR
CINEMA
VV
V
VV
Der Imker /
L'Apiculteur
Don Jon
La Reine des neiges
(Don Jon)
(Frozen )
Documentaire de Mano Kahlil
Comédie dramatique
de Joseph Gordon-Levitt
avec Joseph Gordon-Levitt, Scarlett
Johansson, Julianne Moore, Tony
Danza, Glenne Headly, Brie Larson
Film d'animation 3D de Chris Buck
et Jennifer Lee
avec les voix de: (v.o.) Kristen Bell,
Idina Menzel, Josh Gad, Jonathan
Groff, Santino Fontana, Alan Tyduk
D'avantage qu'un homme à femmes, Jon est un sex addict. Mais, à
la copulation, Jon préfère la masturbation: un bon petit porno sur
le Web attise les fantasmes et permet de jouir débarrassé du souci
de la pesanteur des corps. Va-t-il
se calmer auprès de la belle Barbara (Scarlett Johansson), qui se
refuse le premier soir? Elle le largue après l'avoir surpris en train
de se «branler comme un loser».
Puis il soigne son priapisme
auprès d'Esther (Julianne Moore),
femme mûre, veuve formée à
l'amour dans les 70's. Comédien
peu enthousiasmant (500 Jours
ensemble, 50/50, Inception, Looper…). Joseph Gordon-Levitt s'attribue le premier rôle de Don Jon,
le premier long métrage qu'il réalise. Produit bizarre esquissant
une sociologie du nerd, plus à
l'aise dans la virtualité que dans
la réalité, puis souscrivant au puritanisme pour rappeler la prépondérance du sentiment sur le
fantasme. ADN
Il était une fois dans quelque
royaume septentrional deux princesses. L'aînée, Elsa, avait le don
de givrer tout ce qu'elle touchait.
En jouant avec sa sœur Anna, elle
lui gèle le cerveau. Elle en
éprouve d'incurables remords et
s'enferme dans sa chambre jusqu’au jour de son couronnement.
La fête tourne mal, Elsa libère son
pouvoir congélateur et s'enfuit au
nord du nord y fonder un inexpugnable château de glace. Anna
part à sa recherche, accompagnée
d'un tailleur de glace, de Sven le
renne et d'Olaf le bonhomme de
neige. Walt Disney projetait déjà
d'adapter La Reine des neiges d'Andersen en dessin animé. Le vieux
rêve se concrétise, en animation
digitale 3D, sous la direction de
Chris Buck (Tarzan, Les Rois de la
glisse) et Jennifer Lee. Certes, Frozen (titre américain) ne garde que
3% du matériau de base: une
reine, un renne, la neige... Une
concession est faite aux mangas,
l'esprit des X-Men remplace la
Né en 1946 dans le Kurdistan
turc, Ibrahim Gezer gérait quelque 500 colonies d'abeilles produisant entre 10 et 18 tonnes de
miel annuelles. La rébellion
kurde s'est intensifiée dans les
années 90, durement réprimée
par l'armée turque. Une fille
d'Ibrahim a été tuée. On l'a arrêté, torturé. Ses ruches sont détruites, sa famille éclate, sa
femme se suicide. Réfugié en
Suisse, un pays où l'apiculture
n'est pas un métier mais un
hobby, il se retrouve à emballer
des caramels. Né en 1964 dans le
Kurdistan syrien, le producteur et
réalisateur Mano Khalil (Notre
Jardin Eden, plongée dans le microcosme multiculturel des jardins familiaux) propose dans
L'Apiculteur (Der Imker) un émouvant portrait de ce réfugiée plein
de sagesse et de douleur, sa lente
reconstruction auprès de nouveaux amis, ses larmes lorsqu’il
voit la photo de son fils tué dans
le journal, sa tristesse de déraciné, son émerveillement devant
les abeilles, la nature et les gens.
Lauréat du Prix de Soleure
2013. ADN
mélancolie du conte originel.
Mais truffée de gags, cette féerie
hivernale séduit par son rythme et
l'excellence qu'elle met à rendre
graphiquement la cristallisation,
les reflets et les transparences de
la glace. ADN
VV
La Vie rêvée
de Walter Mitty
(The Secret Life of Walter Mitty)
Comédie de Ben Stiller
avec Ben Stiller, Kristen Wiig, Adam
Scott, Sean Penn, Shirley MacLaine
A New York, le quadragénaire Walter Mitty est un homme ordinaire,
qui n'ose s'évader qu'à travers ses
rêves. Responsable des négatifs au
magazine Life, il est amoureux
d'une nouvelle collègue lorsque
tombe la nouvelle: le titre bascule
on line. Pour retrouver la photo de
couverture de la dernière édition
papier, l’iconographe saura-t-il
passer à l'action dans le monde
réel? Personnage mythique entré
dans l'imaginaire américain via
une courte nouvelle de James
Thurber (1939) et un amusant film
avec Danny Kaye (Norman Z.
McLeod, 1947), Walter Mitty attendait sa nouvelle vie annoncée par
Hollywood depuis presque deux
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DANSE
Vendredi 7 FéVrier 2014 - 20H00
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31
C
CINEMA
SORTIR
décennies. Finalement signée par
Ben Stiller (acteur et réalisateur)
sur un scénario de Steve Conrad
(The Weather Man, The Pursuit of
Happyness), cette remise au goût
du jour ne retient guère que le
conflit entre rêve et réalité, bizarrement inscrit dans un contexte de
crise des médias à l'heure numérique. En préférant un réel de plus
en plus surréaliste aux rêveries du
protagoniste et en transforment ce
dernier en véritable aventurier, la
fable devient parfaitement incohérente. Mais comme toujours chez
Stiller, le foisonnement d'idées
contient aussi du bon. NC
VV
Le Loup
de Wall Street
(The Wolf of Wall Street)
Drame de Martin Scorsese
avec Leonardo DiCaprio, Jonah Hill,
Margot Robbie, Kyle Chandler,
Matthew McConaughey, Rob Reiner
A 20 ans, Jordan Belfort sait déjà
ce qu'il veut: devenir riche le plus
vite possible. Lorsqu'il débarque
à Wall Street à la fin des années
1980, il tombe dans un milieu
déjà rompu aux pires excès. Il
fonde sa propre société de courtage, Stratton Oakmont. Champion des pratiques douteuses, il
parvient à gagner des millions en
quelques heures. - qu’il flambe en
voitures de sports, fêtes, drogues
et prostituées. Maisle fisc l’a à
l’œil… Imaginez Casino + The
Aviator et vous aurez une idée de
ce que Scorsese visait avec cette
chronique des «années fric» inspirée des Mémoires (2007) d'un
authentique «magicien de la finance». C'est dire si ce film-mammouth narré à la manière des Affranchis est impressionnant, mais
aussi redondant, avec son interminable cocktail argent-sexedrogue et sa prévisible trajectoire
ascension-chute. Décidé à surpasser les deux Wall Street d'Oliver
Stone, Scorsese en rajoute dans la
moindre scène, flirte dangereusement avec le grotesque et la complaisance, faisant regretter la
(re)tenue de Margin Call (J. C.
Chandor), Cosmopolis (David Cronenberg) et Le Capital (Costa-Gavras). NC
manoir appartenant à Lorenz, un
magicien retraité. Très vite, le chaton rebaptisé Tonnerre se sent
comme chez lui dans cette maison peuplée par d'étranges objets
animés, mais aussi par Jack le lapin et Maggie la souris, qui ne
l'entendent pas de cette oreille.
Quand Daniel, le neveu agent immobilier de Lorenz veut convaincre ce dernier de vendre, tous
vont devoir unir leurs forces pour
repousser la menace... Quatrième
long-métrage de l'as de l'animation belge Ben Stassen (Fly Me to
the Moon, Le Voyage extraordinaire
de Samy et Sammy 2), Le Manoir
magique est né d'un court métrage pour écrans IMAX réalisé en
2001 déjà. Disney et son Manoir
hanté (avec Eddie Murphy) étant
passé par là depuis, celui-ci est
devenu «magique», avec un chaton craquant et plein de petites
créatures amusantes pour ne pas
manquer le public cible: les plus
petits. Il n'empêche, le charme
opère aussi pour les adultes. Si le
VVV
Le Manoir
magique – 3D
Film d'animation 3D de Ben Stassen
et Jérémie Degruson
avec les voix de: Bernard Alane,
Henri Bungert, Céline Monsarrat,
Patrick Poivey
Abandonné par ses propriétaires,
un jeune chat erre dans dans un
quartier résidentiel de Boston.
Poursuivi par un molosse, il
trouve refuge dans un mystérieux
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du 21 janvier
au 2 février 2014
Texte et mise en scène
Nasser Djemaï
— Rencontres
arts et sciences
Immortels
Rencontres arts et sciences
Un partenariat entre la Commission culturelle
et la Haute Ecole de Musique de Lausanne
Autour du thème
« Objectif / subjectif : interprétations »
Mercredi 19 février 2014 à 19h
Auditoire César Roux du Bâtiment hospitalier
Conférence musicale
Objectivité et subjectivité de l’interprétation musicale :
l’exemple de la Fantaisie en do mineur KV 457
pour piano de Mozart
<wm>10CAsNsjY0MDAy0jW0MDWwMAAAvhXnZg8AAAA=</wm>
<wm>10CFXKKw4DMRAE0RON1e352MrAlZm1YBVuEgXn_ihO2IIq9OZML_h3jPM5riRQq7A7OrJGFPOWGr04LEFqBe3BcKNaazcvQKjB188IKNTF2BfG2rx8Xu8v4v6IlnIAAAA=</wm>
© Mario Del Curto
Adriano Giardina
Approche musicologique, professeur invité, HEMU
Avec la participation d’étudiants
de la Haute Ecole de Musique de Lausanne
Location :
021 619 45 45 ou www.vidy.ch
Vidy-L
Partenaire média
32
Retransmissions télévisée et radio
en direct à l’intention des patients
Entrée libre
Réservation recommandée : [email protected]
Informations sur www.chuv.ch/culture
Activités culturelles 021 314 18 17
C
SORTIR
CINEMA
scénario reste plutôt basique,
l'enchantement naît ici du soin
apporté au moindre personnage
et d'un graphisme qui, malgré
l'américanisation du sujet, s'inscrit nettement dans la tradition
de la BD belge. NC
VV
Loulou –
L'incroyable secret
Film d'animation d'Eric Omond
et Grégoire Solotareff
avec les voix de: Malik Zidi,
Stéphane Debac,
Anaïs Demoustier
Ayant appris que sa mère est vivante, Loulou met le cap sur la
principauté de Wolfenberg. Il arrive au moment où commence le
Festival de Carne, de sanglantes
réjouissances au cours desquelles les plus grands carnassiers se
réunissent pour perpétuer la loi
de la jungle. Créé par l'écrivain et
illustrateur pour enfants Grégoire Solotareff, Loulou a la particularité d'avoir grandi chez les
lapins: à leur contact, ce petit
loup est devenu doux et végétarien. Eric Omond porte ses aventures à l'écran dans ce film de
facture artisanale recelant de
splendides images et des gags
malins, mais dont l’action finit
par s'enliser un tantinet. ADN
VV
Mandela:
Un long chemin
vers la liberté
(Mandela:
Long Walk to Freedom)
Film historique de Justin Chadwick
avec Idris Elba, Naomie Harris,
Tony Kgoroge, Riaad Moosa
Calquée sur le Gandhi de Richard Attenborough, cette
adaptation de l'autobiographie
de Mandela (1990) donne un
film typiquement plus respectueux que réellement inspiré.
Mais dans la mesure où l'on
pouvait craindre bien pire, on
n'hésitera pas à le conseiller
comme introduction ou comme
rappel pour mémoire... Né et
élevé à la campagne, le jeune
Mandela gagne Johannesburg,
où il ouvre le premier cabinet
d'avocats noirs et devient un des
leaders de l'ANC (Congrès national africain), parti noir, socialiste et anti-apartheid. A travers
la clandestinité, la lutte armée,
mais surtout de longues années
de prison où il devient un apôtre de la non-violence, sa vie se
confond de plus en plus avec
son combat pour la liberté. Une
aura qui n'a que grandi en son
absence fait de lui l'homme clé
pour sortir l'Afrique du Sud de
l'impasse où l'ont enfermée quarante ans d'apartheid . Au-delà
d’un style très hollywoodien, la
reconstitution du réalisateur anglais Justin Chadwick (Deux
sœurs pour un roi, 2008) est crédible, les acteurs, dominés par l'imposant Idris Elba, peu connus
mais bons. Surtout, le digest proposé par l'éminent William Nicholson (Sarafina!, Gladiator) résiste à la tentation de faire de
Mandela un saint. NC
VVV
courage à lui raconter sa vie, gouvernée par une sexualité dévorante. S'ensuivent les cinq
premiers chapitres (sur huit), qui
évoquent sa révolte adolescente,
sa méfiance envers l'amour, les
dégâts qu'elle crée autour d'elle,
la mort du père, la quête d'une
polyphonie amoureuse – pour finir sur un grand cri d'angoisse.
Plus que jamais, le cinéaste ose
l'hétérogénéité, brise les tabous,
tente les associations les plus
inattendues. Ne manque au fond
que la clé de cette nymphomanie
très théorique. NC
Nymph()maniac –
Vol. 1
Film d’art et essai de Lars von Trier
avec Charlotte Gainsbourg,
Stacy Martin, Stellan Skarsgård,
Shia LaBeouf, Christian Slater,
Uma Thurman, Connie Nielsen
Lars von Trier banni de Cannes,
c'est peu dire que cette évocation
de la vie érotique d'une femme
auto-diagnostiquée
nymphomane, de sa naissance jusqu'à
l'âge de 50 ans, était attendue. Le
premier volet est intensément
sexuel à défaut d'être très érotique ou pornographique. Mais
surtout déconcertant, conceptuel, douloureux et singulièrement ambitieux. Seligmann (Stellan Skarsgard), vieux célibataire,
découvre Joe (Charlotte Gainsbourg) au sol d'une sombre
ruelle, salement arrangée. Après
l'avoir ramenée chez lui, il l'en-
VV
Philomena
Comédie dramatique
de Stephen Frears
avec Steve Coogan, Judi Dench,
Sophie Kennedy Clark
Journaliste inactif et désabusé,
Martin Sixsmith trouve de quoi
VV
Mary, Queen
of Scots
Film historique de Thomas Imbach
avec Camille Rutherford,
Sean Biggerstaff, Aneurin Barnard,
Edward Hogg, Mehdi Dehbi, Tony
Curran, Bruno Todeschini
Mary, reine d'Ecosse, grandit en
France, perd son premier mari, le
roi François II. De retour en
Ecosse, elle écrit des lettres é sa
cousine Elizabeth, reine d’Angleterre, se remarie avec Lord Darnley, qu’elle fait assassiner pour
convoler avec le comte de Bothwell. Elle se met à dos le peuple et doit faire face aux tensions
religieuses entre catholiques et
protestants. C'est un pari rare
dans le cinéma suisse qu'a relevé
le couple Thomas Imbach (Lenz)
– Andrea Staka(Das Fräulein) en
réalisant ce film historique
d'après la biographie de Stefan
Zweig (1935). Economiquement
risqué, il est artistiquement plutôt réussi: on se laisse entraîner
dans ce drame d'une jeune reine
bilingue, parfois habile et parfois d'une grande naïveté politique. Mais si la mise en scène sait
jouer des limites budgétaires, un
certain manque de radicalité et
un casting inégal en font un objet un peu incertain. NC
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MIGROS-POU
Saison 201
IC
S
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L
C
L
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R-CENT-CULT
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V
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3/2014
S
0h
Jeudi 13 février 2014
ORCHESTRE DE CHAMBRE DE POLOGNE
Maxim Vengerov (direction et violon)
Œuvres de Mozart, Tchaïkovski, Saint-Saëns
Jeudi 13 mars 2014
<wm>10CAsNsjY0MDAy0jW0MDUxMgcAS8BlBQ8AAAA=</wm>
ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL
<wm>10CFXKoQ7DMAxF0S9y9J5jO1YNp7KoYBoPqYr3_2jd2MAlV2fO8oZfj_147c8ioCpMNx2lEc18VI9sDiuQQ0HbGIieFn9ccE-Dry8RUDgWQ-BiXOjZ3uf1AXuWSZlxAAAA</wm>
Kent Nagano (direction), Marc-André Hamelin (piano)
Œuvres de Wagner, Hefti*, Liszt, Berlioz
*Compositeur suisse
Billetterie: Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, Tél. 022 319 61 11
Stand Info Balexert et Migros Nyon-La Combe.
www.culturel-migros-geneve.ch
Organisation: Service culturel Migros Genève
www.culturel-migros-geneve.ch www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch
33
SORTIR
s'occuper avec l'histoire de Philomena. Cinquante ans plus tôt,
elle s'est retrouvée enceinte. On
l'a bouclée dans un couvent irlandais; puis les bonnes sœurs
ont vendu son fils à de riches
Américains. Le journaliste cynique (Steve Coogan, parfait) et la
vieille dame raisonnablement
naïve (Judi Dench, irréprochable) mènent l'enquête; elle les
conduit jusqu'aux Etats-Unis.
Après un sérieux coup de mou
(Lay the Favorite), Stephen Frears
reprend du poil de la bête. Adaptant le livre de Martin Sixsmith, il
propose une comédie dramatique douce-amère et très fine, règle quelques comptes avec
l'Eglise catholique et préfère une
morale de la résilience à un
happy end hollywoodien. ADN
VVV
Snowpiercer –
Le Transperceneige
Film de science-fiction
de Bong Joon-ho
avec Chris Evans, Song Kang-ho,
Tilda Swinton, Jamie Bell,
Octavia Spencer, Ko Asung,
Ed Harris, John Hurt,
Ewen Bremner, Alison Pill
Les gaz réfrigérants balancés
dans l'atmosphère pour freiner
le réchauffement climatique ont
provoqué une nouvelle ère glaciaire. L'humanité est décimée.
Les survivants trouvent refuge
dans le Snowpiercer, un convoi
ferroviaire géant tournant sans
répit autour de la terre gelée. Les
riches devant, dans des voitures
où l'on sert des sushis, les pauvres derrière, dans des wagons à
bestiaux crasseux, nourris d'une
infecte gélatine de synthèse. La
révolte gronde. Menés par Curtis
(Chris «Captain America» Evans),
les gueux des wagons de queue
s'élancent en avant pour prendre
la locomotive! C'est en 2004 que
Bong Joon-ho (Memories of a
Murder, The Host) a découvert
dans une librairie de Séoul une
version pirate du Transperceneige.
Cette bande dessinée de Jacques
Lob et Jean-Marc Rochette inspire à l'enfant terrible du cinéma
coréen Snowpiercer, une formidable parabole futuriste, dont la
violence, physique et sociale, est
tempérée par l'humour et une
touche de grotesque. ADN
C
CINEMA
VV
Suzanne
Drame psychologique
de Katell Quillévéré
avec Sara Forestier, Adèle Haenel,
François Damiens, Paul Hamy,
Corinne Masiero, Anne Le Ny
Orphelines de mères, Suzanne et
sa sœur aînée Maria grandissent
heureuses en province auprès
d'un père camionneur qui tient
tant bien que mal leur petite barque. A l'adolescence, Suzanne devient la plus frondeuse des filles.
Elle tombe enceinte, puis rencontre un garçon un peu voyou dont
elle tombe éperdument amoureuse. Elle s'enfuit avec lui, abandonnant son enfant. S'ensuivront
des années d'errance et, pour le
père et la sœur, d'attente. Suzanne
est le deuxième opus de Katell
Quillévéré, après le drame Un Poison violent. L'envie de faire du cinéma lui est venue des films de
Maurice Pialat, l'idée de ce film-ci
de la vision d'Il était un père de Yasujiro Ozu… Le pari était de raconter un destin, 25 ans d'une vie
en 1h30. D'où des ellipses aussi
frappantes que les scènes finalement montrées. Sagement, la
jeune cinéaste s'en est tenue à des
vies «banales», à la tentative
d'échapper à un déterminisme
social. Le style est du (bon) naturalisme à la française, Sara Forestier crève l'écran, on est souvent
ému et pourtant, à l'arrivée, ne
reste guère que l'impression d'un
«petit film triste». NC
V
The Immigrant
Drame historique de James Gray
avec Joaquin Phoenix, Marion
Cotillard, Jeremy Renner
1920. Ewa Cybulski (Marion Cotillard) et sa sœur Magda arrivent
à New York. Les services d’immigration d’Ellis Island découvrent
que Magda a la tuberculose. Elle
doit rester en quarantaine. Errant
seule dans les rues de Manhattan,
Ewa fait la rencontre de Bruno
(Joaquin Phoenix). Ce gentleman
qui lui offre le gîte et le couvert
est un maquereau qui contraint
la jeune Polonaise à la prostitution. Au fond de sa misère, Ewa
trouve un peu de réconfort
auprès d’Orlando (Jeremy Renner), un magicien qui rêve de Ca-
34
lifornie… Avec ses films de gangsters d’une étouffante noirceur
(Little Odessa, The Yards, La nuit
nous appartient), avec sa love story
ténébreuse (Two Lovers), James
Gray pouvait s’enorgueillir d’une
filmographie sans faute. Il trébuche avec ce mélodrame, dont l’argument, s’il n’est pas puisé dans
Les Veillées des chaumières, est
pompé sur celui de La Strada de
Fellini, mais sans la puissance
néoréaliste ni l’élévation poétique du Maestro: la brute, l’ingénue et le clown, triangle fatal. NC
VV
The Lunchbox
(Dabba)
Comédie dramatique
de Ritesh Batra
avec Irrfan Khan, Nimrat Kaur,
Nawazuddin Siddiqui, Denzil Smith
Délaissée par son mari, Ila lui mitonne un merveilleux lunch susceptible de ranimer ses sentiments amoureux. La gamelle est
acheminée jusqu'au bureau de
l'époux par les Dabbawalas, une
association de livreurs de repas, à
Bombay, réputée pour la fiabilité
inouïe de leurs services. Or l'improbable se produit: la lunchbox
atterrit sur le bureau de Saajan,
un fonctionnaire des impôts à
l'orée de la retraite. Il se régale.
Les tempuras et tandoori qu'Ila
mitonne mettent du rose aux
joues du comptable. Une correspondance gastronomique et épistolaire s'engage entre les deux
âmes solitaires. En Inde, où les
blockbusters musicaux de Bollywood dominent le box-office,
ce premier long-métrage intimiste de Ritesh Batra connaît un
succès phénoménal parce que,
parlant de la réalité quotidienne
et de solitude urbaine, il touche le
cœur de la classe moyenne. ADN
VV
Wakolda –
Le médecin de
famille
Drame psychologique
de Lucía Puenzo
avec Alex Brendemühl, Florencia
Bado, Natalia Oreiro, Diego Peretti
Patagonie, 1960. Une petite fa-
mille argentine fait la connaissance d'un médecin allemand.
Ses bonnes manières, son intelligence et son argent lui valent aussitôt la confiance d'Eva, mère de
trois enfants elle-même d'origine
allemande. De son côté, le médecin semble fasciné par cette famille «modèle» et s'intéresse particulièrement à Lilith, fillette de
12 ans trop petite pour son âge
dont il propose d'examiner le cas.
Et si cet homme distingué cachait
en fait un passé peu recommandable? On l'aura vite deviné, ce
film se penche sur un tabou argentin: le refuge accordé par le
président Perón aux criminels nazis. Comme déjà pour El Niño pez,
Lucía Puenzo, écrivaine et cinéaste (XXY), porte à l'écran son
propre roman, une fiction fondée
sur un personnage réel. Sélectionné à Cannes (section Un Certain Regard), Wakolda en a séduit
plus d'un avec son récit classique
jouant sur le contraste entre un
paysage lacustre et une atmosphère de mystère qui entoure le
médecin et ses expériences. NC
V
Yves Saint Laurent
Biopic de Jalil Lespert
avec Pierre Niney, Guillaume
Gallienne, Charlotte Le Bon,
Laura Smet, Marie de Villepin
Yves Saint Laurent (1936-2008) a
révolutionné la haute couture et
défini la femme moderne. Il est
célèbre pour ses créations et sa timidité. Ce portrait creuse derrière
l'image publique, révélant l'ombre et la lumière, la gloire des défilés et l'obscurité moite des backrooms, les coïts dérobés et
l'amour d'une vie auprès de Pierre
Bergé, l'enfer de la défonce…
Pierre Niney, de la Comédie-Française, vu dans 20 Ans d'écart, tient
le rôle du couturier, Guillaume
Gallienne (Guillaume et les garçons, à table!) celui de Pierre Bergé:
ils sont tous deux remarquables,
d'une justesse et d'une ressemblance troublantes. Mais, après le
très médiocre Des Vents contraires,
Jalil Lespert, formidable comédien (Le Petit Lieutenant…), confirme qu'il est un piètre metteur
en scène avec ce biopic caricatural
dans lequel le passage du temps
se mesure en unités capillaires et
des arias soulignent le sublime
des créations. ADN
INVITATIONS EXCLUSIVES
THÉÂTRE
VIDY-LAUSANNE
THÉÂTRE
VIDY-LAUSANNE
«François d’Assise»
D’après Joseph Delteil
Samedi 8 février 2014 à 20h30
(Code 11)
«Cinémathique»
Par la Compagnie Adrien M/Claire B
Samedi 19 février 2014 à 19h00
(Code 12)
GRAND THÉÂTRE
DE GENÈVE
CONCERT
INTERCLASSICA
«Mémoire de l’ombre», ballet
Ken Ossola - Création mondiale
Jeudi 20 février 2014 à 19h30
BFM Genève
(Code 13)
Dmitri Hvorostovsky, baryton
Ivary Ilja, piano
Lundi 24 février 2014 à 20h00
Victoria Hall, Genève
(Code 14)
Privilèges réservés aux abonnés du Temps.
Pour gagner deux invitations, vous pouvez participer :
Par téléphone (CHF 1.–/appel depuis une ligne fixe):
1. Appelez le 0901 001 003 et tapez le code du concours
2. Suivez les instructions
Par SMS (CHF 1.–/SMS):
1. Tapez LTCONCOURS et le code du concours
2. Envoyez le message au numéro 959
Par courrier:
Envoyez une carte postale avec coordonnées
(nom, prénom, adresse, tél., code du concours) à :
Le Temps Concours - Case postale 2570 - 1211 Genève 2
Cette offre est valable jusqu’au mardi 28 janvier à minuit.
Seuls les gagnants du tirage au sort sont avisés par courrier.
M
MUSIQUE
NOS PRÉFÉRENCES
Classique
Jazz
Classique
«Ambient»
Sandrine Piau
& Les Paladins
Ibrahim
Maalouf
Piotr
Anderszewski
Loscil
La soprano française, voix
finement articulée, explore
un répertoire rare avec son
complice Jérôme Correas et un
ensemble baroque. Elle chante
Lully, Rameau et autres Grétry.
Pétri de culture orientale,
le prodige de la trompette
à quatre pistons inventée
par son père a su s’affranchir
des carcans, quitte à froisser
les puristes. Sa musique est
d’une beauté évidente, rusée,
brigande.
Le pianiste d’origine polonaise
et hongroise est très attendu
pour un concert à la Salle de
musique de La Chaux-de-Fonds.
Imprévisible, souvent inspiré,
le virtuose exprime au piano
un univers fort personnel.
Le projet de Scott Morgan
rend justice à l’«ambient»,
un genre musical trop souvent
assimilé à du papier peint
sonore. Avec le Canadien,
on a l’un des meilleurs
représentants de la face
volontaire de cette esthétique.
GTG / CAROLE PARODI / LDD
Opéra
Wagner
Dieter Dorn et Jürgen Rose poursuivent la «Tétralogie»
avec le troisième volet du cycle, «Siegfried». Cet opéra
réclame des voix d’exception. Le ténor britannique
John Daszak campe le rôle-titre, la mezzo allemande
Petra Lang revient en Brünnhilde et le basse-baryton
islandais Tómas Tómasson remplace désormais
Tom Fox en Wotan.
SORTIR
M
MUSIQUE
FESTIVAL
classique
Gstaad et son
festival d'hiver
pittoresque
Genève
András Schiff
et la Cappella
Andrea Barca
Les Sommets musicaux de Gstaad organisent en février des
concerts de haut vol. Cette année, le duo de piano est à l'honneur
SUSSIE AHLBURG/DECCA
Victoria Hall, rue du GénéralDufour 14. Me 29 janvier à 20h.
(Loc. 022 319 61 11,
www.culturel-migros-geneve.ch).
Le pianiste András Schiff dans trois
concertos radieux de Mozart
Benjamin Grosvenor.
Depuis 2001, les Sommets musicaux de Gstaad profitent des églises pittoresques de l'Oberland bernois et du Pays-d'Enhaut pour organiser un festival de haut vol. Cette année, le directeur artistique
Thierry Scherz et sa complice Ombretta Ravessoud mettent à l'honneur le duo de piano. Pendant les neuf jours du festival, le duo Genova & Dimitrov prodiguera ses conseils à des jeunes duos qui se
produiront à la chapelle de Gstaad (à 16 h).
Côté chant, le baryton américain Thomas Hampson est attendu
avec l'Amsterdam Sinfonietta pour interpréter les Vier Ernste
Gesänge de Brahms, Schubert et Wolf dans des arrangements du
compositeur anglais David Matthews (sa 1er février à l'église de Saanen). La soprano canadienne Karina Gauvin, l'une des plus belles
voix händéliennes, sera escortée par Diego Fasolis et I Barocchisti
(ma 4 fév. à l'église de Saanen).
Côté piano, David Greilsammer ouvre le festival en compagnie du
violoniste Daniel Hope et du Geneva Camerata. Il joue le très joli
Concerto «Lützow» de Mozart, accompagne un Concerto pour deux violons de Vivaldi mis en regard avec les Quatre Saisons recomposées par
Max Richter (ve 31 janv. à Saanen). Benjamin Grosvenor est ce jeune
pianiste anglais très prometteur qui s'est fait remarquer pour son
premier récital solo chez Decca (lu 3 fév. à l'église de Rougemont).
On ne manquera pas non plus le harpiste Xavier de Maistre et
l'Academy of St. Martin in the Fields (dans le 19e Concerto en fa majeur, KV 459, de Mozart, sa 8 fév. à Saanen) et le duo Genova & Dimitrov à l'occasion de deux concerts, dont l'un avec la Camerata Europeana (ve 7 fév.). Julian Sykes
Les Sommets musicaux de Gstaad panachent virtuoses émérites
et jeunes prodiges: osez le déplacement!
Saanen (BE). Eglise de Saanen et autres lieux,
du 31 janvier au 8 février.
(Loc. www.sommets-musicaux.com).
38
Le pianiste hongrois András Schiff
se joint à la Cappella Andrea Barca
pour interpréter Mozart. Il dirige
lui-même du clavier trois Concertos
pour piano de l'année 1784 à
Vienne, soit les Nos 15 en si bémol
majeur, KV 450, 16 en ré majeur, KV
451,et 17 en sol majeur, KV 453. Le
pianiste n'est pas novice en la matière puisqu'il a enregistré l'intégrale des concertos de Mozart dans
les années 1980 et 1990 avec l'excellent Sándor Vegh et la Camerata
Academica Salzburg (sous le label
Decca). La coloration des registres,
la variété des attaques, un soin
porté à l'aération des textures et à la
densité polyphonique sont les qualités du pianiste hongrois. Ses défauts? Un jeu parfois trop lisse,
voire précieux. La Cappella Andrea
Barca est un orchestre de chambre
que le pianiste fonda en 1999; le
pianiste l'a nommé ainsi d'après
une traduction italienne de son
propre nom (en effet, Barca et Schiff
signifient tous les deux bateau). JS
Genève et Lausanne
Lars Vogt, Louis
Lortie et l'OSR
Genève. Victoria Hall, rue
du Général-Dufour 14. Me 12,
ve 14, me 19 février à 20h.
(Loc. 022 807 00 00, www.osr.ch).
Lausanne. Théâtre de Beaulieu,
av. des Bergières 10. Je 13, je 20
février à 20h15. (Loc. 021 807 00
00, www.osr.ch).
Deux pianistes de talent
se mesurent à Grieg et Mozart
L'OSR invite successivement deux
pianistes en février. Lars Vogt joue
le célèbre Concerto en la mineur de
Grieg (l'un des tubes du répertoire
romantique). Le pianiste allemand
se distingue par la clarté de son jeu,
baigné de teintes d'argent, légèrement métalliques dans les passages brillants. Neeme Järvi a choisi
pour sa part l'euphorisante 3e Symphonie de Brahms (me 12 et ve 14
février à Genève, je 13 à Lausanne).
Une semaine après, le Québecois
Louis Lortie s'offre le 22e Concerto
en mi bémol majeur, KV 482, de Mozart. Une œuvre de la maturité, au
mouvement lent empreint de mélancolie et au «Rondo» enjoué.
Charles Dutoit accompagne le pianiste québecois. Le chef lausannois
dirige par ailleurs Les Fêtes romaines, Les Fontaines de Rome et Les Pins
de Rome de Respighi (me 19 février
à Genève et je 20 à Lausanne). JS
Maxim Vengerov
Victoria Hall, rue du GénéralDufour 14. Je 13 février à 20h.
(Loc. 022 319 61 11,
Un virtuose du violon,
dans un programme archipopulaire
Maxim Vengerov mène une tournée avec l'Orchestre de chambre de
Pologne. Lauréat de concours internationaux (Wieniawski, Carl
Flesch), le violoniste russe a conquis exceptionnellement jeune la
scène musicale internationale. Puis
sont venues des difficultés: une tendinite de l'épaule, des douleurs pénibles à chaque tentative de reprise
de l'instrument, une reconversion
vers la direction d'orchestre
moyennement concluante... Maxim
Vengerov a néanmoins repris son
instrument après l'avoir délaissé
quelques années. En 2011, il menait
deux tournées (en Europe et Asie)
avec l'Orchestre de chambre de Pologne. Il fait escale à Genève avec les
Concertos Nº 4 et Nº 5 de Mozart, la
Sérénade mélancolique, «Souvenir
d'un lieu cher» et la Valse-Scherzo Op.
34 (arrangement de David Walter)
de Tchaïkovski, puis la Havanaise et
l'Introduction et Rondo capriccioso en
la mineur de Saint-Saëns. JS
Nathalie
Stutzmann,
Nobuko Imai et
Kotaro Fukuma
Victoria Hall, rue du GénéralDufour 14. Je 30 janvier à 19h.
(Loc. 0800 418 418).
M
SORTIR
MUSIQUE
Une altiste, un pianiste, un contralto
(Nathalie Stutzmann!) et un quatuor
à cordes. Au diapason?
Quintette N° 2 en la majeur Op. 81
de Dvorák. Une soirée en hommage au 150e anniversaire des
échanges diplomatiques entre la
Suisse et le Japon. JS
Ce concert est le fruit de la rencontre entre l'altiste Nobuko Imai et le
jeune pianiste japonais Kotaro
Fukuma, qui a fait ses études en
France, où il mène déjà une jolie
carrière. La première partie est
consacrée au thème des oiseaux,
souvent symbolisés comme présages, âmes des morts ou messagers
divins. L'Alouette de Mikhaïl Glinka
(transcription pour piano de Mili
Balakirev) et L'Oiseau de feu de
Stravinski (dans un arrangement
pour piano de Guido Agostini)
précèdent A Bird Came Down The
Walk pour alto et piano de Toru Takemitsu. Nathalie Stutzmann
chante les deux sublimes Lieder
avec voix d'alto Op. 91 de Brahms,
dont le premier lied parle des petits oiseaux... En seconde partie,
Kotaro Fukuma se joint au Quatuor Michelangelo (Nobuko Imai
jouant la partie d'alto) pour le
Quatuor Wolf
et Quatuor Belcea
Conservatoire de Genève, rue
de l'Arquebuse 12. Lu 3, ve 14 février
à 20h. (Loc. 022 319 61 11,
Des chefs-d’œuvre de la musique
de chambre et des quatuors à cordes
Le Quatuor Wolf (de Vienne) et le
Quatuor Belcea (de Londres) sont
les prochains hôtes de la série de
concerts Caecilia. Premier rendezvous (lu 3 février): le Quatuor Wolf
se mesure au 14e Quatuor en ut dièse
mineur Op. 131 de Beethoven. Cette
œuvre en six mouvements est souvent considérée comme la plus
aboutie – ou du moins la plus avancée, avec la Grande Fugue Op. 133 –
Si la mode est aux jeunes femmes
violonistes, alors allez découvrir
Vilde Frang, fine et intrépide
du compositeur. Le violoncelliste
français Xavier Phillips se joint au
Quatuor Wolf pour le Quintette en
ut majeur, D 956, de Schubert. Un
autre chef-d'œuvre, dont l'«Adagio» éthéré et profond est souvent
cité comme la musique idéale pour
faire ses adieux au monde (comme
l'a évoqué Arthur Rubinstein). Le
Quatuor Belcea, lui, se penche sur
le 2e Quatuor en ut majeur de Britten
et le très beau Quatuor Op. 59 N° 1
dit «Razumovsky» de Beethoven,
avec en préambule un choix de Fantaisies de Purcell (ve 14 février). JS
A 27 ans, Vilde Frang se hisse parmi
les violonistes les plus prometteuses
de sa génération. Elle a donné un
beau récital avec le pianiste Michael
Lifits à l'automne dernier à Genève.
On pouvait y admirer sa finesse
comme sa fougue, différentes du
jeu plus lisse que développent certain(e)s violonistes d'aujourd'hui.
Son enregistrement de la redoutable Sonate pour violon seul de Bartók
(chez EMI Classics) est par ailleurs
une réussite. Avec Alexander Liebreich et l'Orchestre de chambre de
Munich, elle s'attaque à un tube du
violon (pré-)romantique: le Concerto en mi mineur Op. 64 de Mendelssohn. L'«Ouverture» de L'Italienne à Alger de Rossini et la non
moins solaire Symphonie «Italienne»
de Mendelssohn font un joli complément de programme. A noter
une introduction au concert par
François Lilienfeld à 19h30. JS
La Chaux-de-Fonds
Vilde Frang
et le Münchener
Kammerorchester
Arc en scènes – Salle de musique,
av. Léopold Robert 27-29.
Sa 1er février à 20h15. (Loc. 032
967 60 50, www.musiquecdf.ch).
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39
SORTIR
M
MUSIQUE
OPÉRA
Siegfried ou le héros sans peur
GTG/CAROLE PARODI/LDD
Le Grand Théâtre de Genève affiche la deuxième journée de la «Tétralogie» de Wagner
La baryton-basse islandais Tómas Tómasson (Der Wanderer).
Piotr
Anderszewski
Arc en scènes – Salle de musique,
av. Léopold Robert 27-29. Ve 7
février à 20h15. (Loc. 032
967 60 50, www.musiquecfd.ch).
Un pianiste indomptable, une vraie
signature artistique
Piotr Anderszewski, 44 ans, refuse
d'être catalogué ou cantonné à un
répertoire. Le pianiste d'origine polonaise et hongroise, établi en
France depuis qu'il a 7 ans, a l'art de
défier les étiquettes. Son jeu est à la
fois puissant et fragile, souvent sur
le fil du rasoir, au point qu'il lui est
arrivé de rejouer toute une œuvre en
concert, parce qu'il était insatisfait
de son premier jet (la 2e Partita de
Bach au Verbier Festival en 2008).
C'est une chance de pouvoir l'entendre. Qu'on aime ou non ses partis
pris, il y a toujours une réflexion qui
gouverne ses choix esthétiques. Il
s'est fait connaître lorsqu'en demifinale au Concours de Leeds en
1990, il s'est soudain interrompu au
milieu des Variations Op. 27 de Webern - après avoir joué les Variations
Diabelli de Beethoven! - parce qu'il
était mécontent de lui. «C'était un
début de parcours atypique. Il n'y a
pas de quoi être fier.» Il a choisi de
jouer la 5e Suite française et la 6e Partita de Bach, le deuxième cahier de
Sur un sentier recouvert de Janácek et
la Sonate opus 110 de Beethoven. JS
Lausanne
Christian
Zacharias, Dana
Ciocarlie et l'OCL
Salle Métropole, pl. Bel-Air 1.
Lu 27, ma 28 janvier à 20h.
(Loc. 021 345 00 25, www.ocl.ch).
Trois siècles de musique sous la
baguette de l’ancien chef de l’OCL
40
Dieter Dorn et Jürgen Rose poursuivent leur Anneau du Nibelung au
Grand Théâtre de Genève avec le troisième volet: Siegfried. C'est un
ouvrage redoutable pour les chanteurs comme pour le metteur en scène.
Si l'intrigue est compliquée, on compte sur Dieter Dorn pour être le plus
lisible possible, comme dans L'Or du Rhin et La Walkyrie qui lui ont globalement réussis.
Voici donc un nouveau venu: Siegfried, ce «héros sans peur» qui a
grandi dans la forêt sauvage. Il est le fils de Siegmund et Sieglinde, héritier de Wotan, seigneur des dieux. Personnage central de cette deuxième
journée, il parcourt le monde et surmonte moult épreuves. Réfugié chez
le nain Mime (frère d'Alberich), Siegfried répare l'épée brisée de son
père. Puis il terrasse le dragon Fafner, s'empare de l'anneau (dont il
soupçonne à peine la puissance) et de l'or, avant de tuer le perfide Mime.
Il fait plier le Wanderer (Wotan), et s'éprend de la walkyrie Brünnhilde,
qu'il sauve des flammes. Un duo d'amour d'une grande beauté.
On retrouve Ingo Metzmacher à la tête de l'OSR. Son défi? Dominer
la trame plus dense sans perdre en finesse comme dans les fameux
«Murmures de la forêt». Le ténor John Daszak incarne Siegfried, Andreas Conrad campe Mime et Tómas Tómasson est le Wanderer. Petra
Lang chante à nouveau Brünnhilde, rôle écrasant du Ring.
Julian Sykes
«Siegfried» réclame des chanteurs hors pair et une mise en scène très
lisible. On compte sur le tandem Dieter Dorn et Jürgen Rose
Genève. Grand Théâtre de Genève,
place de Neuve 5. Je 30 janvier à 18h, di 2 à 15h,
me 5, sa 8 février à 18h.
(Loc. 022 322 50 50, www.geneveopera.ch).
Christian Zacharias est de retour
à l'Orchestre de chambre de Lausanne pour diriger Three Places in
New England de Charles Ives
(1874-1954) et la 4e Symphonie en
mi mineur de Brahms. Celui qui
fut pendant treize saisons le directeur artistique de l'OCL se
joint à Dana Ciocarlie pour interpréter le Concerto pour deux pianos et orchestre en mi bémol majeur, KV 365, de Mozart. Formée
aux sources roumaines de l'école
de piano comme Dinu Lipatti,
Clara Haskil et Radu Lupu, Dana
Ciocarlie a aussi étudié à Paris
auprès de Victoria Melki, à l'Ecole
normale de musique, et puis
auprès de Dominique Merlet et
Georges Pludermacher au Conservatoire national supérieur de
musique. Elle connaît Christian
Zacharias pour avoir étudié avec
lui l'œuvre pour piano de Schubert. Elle est par ailleurs conseillère artistique du festival
Piano à Saint-Ursanne. JS
Sandrine Piau
& Les Paladins
Opéra de Lausanne, av. du
Théâtre 12. Di 16 février à 16h.
(Loc. 021 315 40 20,
www.opera-lausanne.ch).
Une voix fine et lumineuse pour
le baroque et le classique français
Sandrine Piau s'est fait une spécialité du répertoire baroque – en plus
de la mélodie française et de certaines œuvres du XXe siècle. C'est son
domaine d'élection, alors que le bel
canto romantique du XIXe siècle
(aux pirouettes vocales obligées)
ne l'intéresse guère. «Je n'ai pas la
passion pour les musiques où la
voce prima, disait la soprano française il y a un an. Au-delà du fait
que je pense ne pas avoir les
moyens de ce répertoire-là, je ne
saurais pas comment me situer làdedans.» Sandrine Piau, voix lumineuse, finement articulée, aime
M
SORTIR
MUSIQUE
aussi se mesurer à un répertoire
oublié. Avec Jérôme Correas et l'ensemble Les Paladins, elle a enregistré un très joli disque paru chez
Naïve intitulé Le Triomphe de
l'amour – un programme qu'ils reprennent à Lausanne. On y entendra des airs et ouvertures d'opéras
français de Rebel et Francoeur, Sacchini, Lully, Rameau, Charpentier,
Campra, Grétry, Favart. JS
Arts et Lettres, elles alternent des
grands classiques de la littérature
pianistique et des œuvres de musique américaine du XXe siècle. Elles
commencent par Hallelujah Junction de John Adams (1996) pour interpréter la Fantaisie à quatre mains
en fa mineur, D 940, de Schubert,
puis reviennent à Steve Reich (Piano
Phase, 1967) pour finalement jouer
les géniales Variations sur un thème
de Haydn Op. 56b de Brahms. JS
Vevey
opéra
Ufuk & Bahar
Dördüncü
Théâtre de Vevey, rue du Théâtre 4.
Je 6 février à 19h30. (Loc. 021
925 94 94, theatredevevey.ch).
Un duo de sœurs pianistes
qui maîtrise une variété de styles
Lausanne
Ce sont deux sœurs d'origine turque qui forment un duo de piano.
A l'occasion d'un concert de la série
Opéra de Lausanne, av. du
Théâtre 12. Me 5, ve 7 à 19h, sa 8
à 15h et 19h, di 9 à 17h, me 12 février
«Hänsel et Gretel»
d'Humperdinck
à 15h. (Loc. 021 315 40 20,
Un charmant conte initiatique
servi par une musique féerique
Marc Mazuir en père, Isabelle Henriquez en mère et sorcière, et Marion Grange en homme au sable et
homme à la rosée. Un spectacle
tout public dès 6 ans. JS
C'est avec Hänsel et Gretel qu'Engelbert Humperdinck (1854-1921) est
passé à la postérité. Adapté d'après
les frères Grimm, ce conte lyrique
fut créé le 23 décembre 1893 à Weimar sous la direction de Richard
Strauss (excusez du peu!). L'orchestration de Pierre Ruscher pour un
ensemble réduit préserve la magie
de la musique si évocatrice de
Humperdinck qui mêle sources
folkloriques et écriture savante (la
technique wagnérienne du leitmotiv). Elle souligne la poésie de la traduction française de Catulle Mendès. Julie Beauvais met en scène
l'opéra, avec le chef Laurent Gay
(très musicien!), l'OCL et la Maîtrise
Horizons du Conservatoire de Lausanne. La Genevoise Carine Séchaye
(qui fut le rôle-titre dans L'Aiglon
d'Arthur Honegger) chante Hänsel,
Céline Mellon campe Gretel, avec
actuelles
Berne
Mouse on Mars
Dachstock, Neubrückstrasse 8.
Ve 31 janvier à 22h.
(Loc. www.petzitickets.ch).
Le duo de Cologne greffe
des neurones au «dancefloor»
Vingt ans. Andi Toma et Jan St. Werner secouent le monde de l'électro
depuis leur Vulvaland (oui) de 1994:
humour potache certes, mais les
productions du duo allemand témoignent surtout d'une intelli-
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Théâtre Du mardi 11 au vendredi 14 février à 20h30
Oblomov
Dorian Rossel-Cie STT – O’Brother Company
AU-DELÀ
DES FRONTIÈRES
DIMANCHE 26 JANVIER 2014 À 17H
VICTORIA HALL
SERVICE CULTUREL MIGROS - GENÈVE
ORCHESTRE DE LA HEM &
ORCHESTRE DES PAYS DE SAVOIE
Haute école
de musique
Genève
Photo © Erika Irmler
TEDI PAPAVRAMI, VIOLON
NICOLAS CHALVIN, DIRECTION
forum-meyrin.ch / Théâtre Forum Meyrin, Place des Cinq-Continents 1, 1217 Meyrin
Billetterie + 41 22 989 34 34 du lu au ve de 14h à 18h
Service culturel Migros Genève / Stand Info Balexert / Migros Nyon-La Combe
WWW.HEMGE.CH
La Cie STT est associée au Théâtre Forum Meyrin.
94X130_FRONTIERES_SORTIR_300.indd 1
41
16/01/2014 11:37
M
MUSIQUE
SORTIR
gence et d'une exigence rares (on
les vit un temps collaborer avec le
très deleuzien label Mille Plateaux).
De fait, leur musique fragmentée, si
elle possède d'indéniables qualités
chaloupantes, ne rechigne ni à la
complexité ni aux hybridations,
comme en témoigne de belle manière leur dernière livraison, Parastrophics (Monkeytown, 2012). PS
Ce quatuor à cordes s'est jusqu'ici
beaucoup investi à sertir les productions d'autres romands – de
The Young Gods à, plus récemment, Hemlock Smith. Bonne idée,
les quatre teneuses de cordes se
lancent dans une production propre: cela s'appelle La Poule au pot
moléculaire,
et
c'est
un
chef-d'œuvre aux traits mêlés, qui
mène de l'expérimentation la plus
pure à des blues presque infusés
chez Tom Waits en passant par
d'étranges réminiscences de la
Mitteleuropa. Le tout servi avec
une science imparable. PS
Carouge (GE)
et Yverdon-les-Bains
Barbouze
de chez Fior
Genève
Carouge. Chat Noir, rue Vautier 13.
Ve 31 janvier à 22h.
Yverdons-les-Bains. L'Echandole,
Le Château. Ve 21 février à 20h.
(Loc. 024 423 65 84,
www.echandole.ch).
Deux violons, un alto, un violoncelle,
et le refus des conventions
Ahmad Jamal
Victoria Hall, rue du GénéralDufour 14. Sa 1er février à 20h30.
(Loc. 0900 800 800,
www.ticketcorner.com).
Un piano en hiver, comment
ne jamais jouer la note de trop
Il y a, dans sa maison du Massachusetts, une bibliothèque remplie
d'écrits mystiques, deux énormes
pianos à queue disposés en quinconce et une réserve de petits bérets de cuir, de lunettes noires. Ahmad Jamal, 83 ans, est capable de
déjouer Chopin et Miles Davis dans
la même phrase virtuose. Il a composé un tube, «Mr Poinciana», mais
a toujours refusé les éloges faciles.
En quartette, avec un percussionniste qui défrise le fond du son
(Monolo Badrena), il exige une précision militaire sur un swing de
bouge louisianais. Le patriarche
aime les batteurs de La NouvelleOrléans, dont Herlin Riley est le
dernier exemple, brillant. ARO
Eruptions au programme: Chessex,
saxophoniste des extrêmes, et Noetinger, bourreau du Revox. Avec
eux, c'est tout un monde d'explosions bruitistes qui s'ouvre aux
oreilles, effarées peut-être. Comment peut-on témoigner d'autant
de puissance? Par le recours à des
esprits musicaux libres, entièrement au fait de ce que le son peut
contenir comme énergie. Soirée
abrupte donc, mais c'est bien par la
confrontation à l'altérité que la découverte de réalités nouvelles peut
se faire. PS
Festival Antigel
Divers lieux, du 1er au 16 février.
(Loc. 022 901 13 00, www.antigel.ch).
L'éclectisme très justement dosé
Jérôme Noetinger
& Antoine Chessex
Danses, musiques, expérimentations insolites et tant d'autres: au fil
du temps, Antigel a su coordonner
ses goûts de cabinets de curiosité
avec une exigence jamais prise en
défaut. L'édition 2014 le confirme:
Cave 12, rue de la Prairie 4. Me 5
février à 21h. (Loc. www.cave12.org).
Les tympans pris par surprise
mettent le cerveau en alerte
PUBLICITÉ
concerto
grosso
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<wm>10CAsNsja1MLUw1DUwMDA0MwEAS2J0dg8AAAA=</wm>
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<wm>10CFXKIQ7DMBBE0ROtNbP2bOwsrMKigCjcpCru_VHbsIKvT96-pwruHttxbWeqq9MAMFp6RGlaskYvQks6h4N1ZWBh98E__13UBs2fMbpxTIZBJp8Blffz9QElm_-TcgAAAA==</wm>
GESTÈME
SAMEDI 1ER FÉVRIER 2014 À 20H
DIMANCHE 2 FÉVRIER 2014 À 17H
BÂTIMENT DES FORCES MOTRICES
SERVICE CULTUREL MIGROS - GENÈVE
Ma 28 janvier 2014 ~ 20h ~ bfM
ANNE MARTIN, CHORÉGRAPHE
PIERRE BLEUSE, DIRECTION
ORCHESTRE DE LA HEM
DÉPARTEMENT DANSE DU CNSMD DE LYON
Haute école
de musique
Genève
CRÉATION | IMPROVISATION
DANSE | MUSIQUE
gÁbor taKÁcs-nagY direction
istvÁn vÁrDai violoncelle
haendel ~ adams ~ barber ~ chostakovitch
l’ocg
+41 22 807 17 90 / [email protected] / www.locg.ch
ticKetportal.coM
0900 101 102 chf 1.19/Min appel De réseau fixe
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42
16/01/2014 11:25
M
SORTIR
MUSIQUE
Lausanne
Mayra Andrade
Les Docks, av. de Sévelin 34. Ve 31
janvier à 20h30. (Loc. www.fnac.ch).
Une voix comme une leçon
de l’archipel
Ce n'est pas d'abord sa musique,
c'est sa voix. Elle n'a pas 30 ans, on
dirait qu'elle a vu passer toutes les
marées salines, tous les vents
d'Ouest, une voix retroussée, fendillée juste comme il faut, de mousseline et de griffes. Mayra Andrade
a vécu au Sénégal, en Angola, en Allemagne, elle est née à La Havane,
vit à Paris. Un jour, elle a décidé de
devenir une chanteuse cap-verdienne, là où ses racines les plus
profondes plongeaient. Son maître,
le chansonnier Orlando Pantera, lui
refile des refrains inauguraux. Six
ou sept ans plus tard, elle se retrouve avec un quatrième album,
Lovely Difficult, la complainte délicieuse d'une fille de l'Atlantique. ARO
Fribourg
Moderat
Fri-Son, rte de la Fonderie 13.
Me 19 février à 20h.
Des rythmes bombés, des mélodies
de précision
C'est un mot-valise: Moderat,
pour illustrer la collaboration de
Modeselektor (Gernot Bronsert et
Sebastian Szary) et Apparat (Sascha Ring). Parfaite illustration
des pollinisations croisées qui
font vivre l'écosystème de
l'électro berlinoise: Moderat retient le meilleur de la pop synthétique de Ring et de la science des
basses de Bronsert/Szary pour en
synthétiser un objet, certes hybride, mais stable, et capable de
JAZZ
dépasser la somme de ses parties
à la fois en délicatesse et en puissance. PS
Ibrahim Maalouf,
l’odyssée à pistons
Lausanne et Genève
Loscil
Le trompettiste d’origine libanaise est en concert
à La Chaux-de-Fonds. Parcours fulgurant d’un enfant prodige
Lausanne. Le Bourg,
rue de Bourg 51. Sa 8 février à 22h.
Genève. Cave 12,
rue de la Prairie 4. Di 9 février à 21h.
(Loc. www.cave12.org).
Parce que les histoires immobiles
sont souvent les plus prenantes
Le Canadien Scott Morgan est un
alchimiste des stases. Vous ne
trouverez rien chez lui de ce qui
peut faire la mauvaise réputation
de l'ambient: musique de salle de
réveil, harmonies new age recrachées, etc. Non, Loscil, s'il propose
effectivement une expérience que
l'on pourrait qualifier de relaxante, le fait avec une science de
la narration et des contenus oniriques hors pair: les atmosphères
voilées qu'il bâtit patiemment
sont plutôt celles de petits matins
blafards que d'après-midi au spa.
De là leur profonde poésie. PS
Vevey
The Soft Moon
Rocking Chair,
av. Gilamont 60.
Je 13 février à 21h.
(Rens. rocking-chair.ch).
La Californie est aussi un pays
de brumes. La preuve
Fin des années 80, le rock ralentit
le tempo, s'entoure de reverb et
de distorsions: cette variante à la
fois gazeuse et lourde prend le
nom de shoegaze et se démultiplie
entre plusieurs groupes – My
Bloody Valentine par certains côtés, mais aussi et surtout The Jesus
and Mary Chain, ou Loop. Trente
ans plus tard, c'est le moment de
la résurgence: A Place to Bury
Strangers, les gardiens du temple,
mais aussi The Soft Moon, qui tissent quelques lignes cold wave
dans leur esthétique. Le plus culotté, c'est que tout cela est extrêmement bien balancé: la révérence stylistique ne prend jamais
le pas sur l'identité propre du
groupe d'Oakland. PS
DENIS ROUVRE
sur le plan musical, le festival genevois joue clairement dans la cour
des grands avec, entre autres, la venue de l'un des papes du minimalisme américain tout de même, Philip Glass en personne (Victoria
Hall, lu 3 février), celle des ombrageusement épiques Canadiens de
Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra (L'Usine, di 16) ou encore
celle de l'ex-Noir Désir Serge Teyssot-Gay (Théâtre Pitoëff, ma 4). PS
Il a des drôles d'allure, le complet serré, la trompette à quatre pistons, invention de son propre père, pour jouer les quarts de ton. Ibrahim Maalouf, depuis qu'il a 9 ans, est rangé soigneusement sur les
scènes d'un peu partout pour défendre le cuivre classique, le son bien
tempéré, l'audace des travailleurs. Il travaille ses gammes, à la baguette. Il gagne des concours, prix de conservatoire, bête à prestige.
Et puis il se rebelle. Il part en jazz. Comme d'autres, sur la route.
Le père d'Ibrahim, Nassim, a quitté le Liban en guerre pour étudier avec le maître de la trompette Maurice André. Au début, c'était
provisoire. Un petit exil bien mesuré dans l'attente de retourner au
pays. Mais la guerre a continué et ses enfants, élevés dans l'amour de
Bach et de l'arabe, sont finalement devenus Français. Comme l'oncle
Amin Maalouf, écrivain de l'Académie, qui n'a jamais songé à retourner au Sud.
Ibrahim a rencontré jeune le violoncelliste Vincent Ségal, un autre
monstre formé au classique mais détourné par le jazz, la pop, tout ce
qui se trouve et qui bruite. De cette amitié est née une vocation. Ibrahim, depuis quelques années, a débarqué en terre improvisée, personne n'a jamais douté de lui; sauf son père, qui se demande encore
pourquoi il y a tant de notes bleues entre ces pistons. Il faut voir
Ibrahim, comme au Paléo Festival il y a quelque temps, dans un contexte plutôt hostile aux atmosphères nuancées.
Le trompettiste renverse son monde. Il est capable en trois arpèges
modaux, en trois tremblements de fer, de bousculer les idées reçues,
deux siècles d'orientalisme. Sa musique est d'une beauté évidente, rusée, brigande. Il travaille pour le cinéma, il a ce sens de la musique qui
enfle les sentiments. Victoire de la musique en 2010, il rafle encore
tous les prix mais sans se soucier de l'assentiment général. Et sa liberté, il l'a payée. Un milieu du swing qui ne voyait pas forcément
d'un très bon œil ce petit héraut gracile qui mêle Miles Davis et le Sud.
Il est admis, désormais, comme un souffleur posté aux carrefours.
Arnaud Robert
Le jazz oriental comme un pont entre Miles Davis et Beyrouth
La Chaux-de-Fonds. Théâtre, av. Léopold-Robert 27-29.
Je 30 janvier à 20h15. (Rens. 032 967 60 50, www.arcenscenes.ch).
Annemasse/F. Château Rouge, rte de Bonneville 1. Sa 1er février
à 20h30. (Loc. +33 4 50 43 24 24, www.chateau-rouge.net).
43
PASCAL VICTOR / ARTCOMART
Monologue
Molly Bloom
James Joyce
La plus écorchée des actrices françaises, c’est elle.
La plus farouche aussi. Avec «Molly Bloom»,
Anouk Grinberg livre la complainte d’une épouse
maltraitée. Elle s’abandonne au courant de la prose
joycienne, qu’elle scande mezza voce, puis allegro.
Elle est formidable dans la haute solitude du théâtre.
Solo
Théâtre
Bourlinguer
Oblomov
Jean-Quentin Châtelain mord
avec gourmandise dans la prose
de Blaise Cendrars. Il dit les
mots du plus aventurier des
écrivains suisses. Dirigé par
Darius Peyamiras, il bourlingue
dans les rues de Naples, ville
où l’auteur a vécu un amour
de jeunesse indélébile.
Comment Dorian Rossel
approchera Oblomov, héros
d’Ivan Gontcharov célèbre pour
sa paresse sans fond? Après
les grands espaces de Nicolas
Bouvier («L’Usage du monde»)
et l’exploration des origines
du vivant («Cosmos»), la Super
Trop Top Compagnie se replie
sur la sphère privée de ce drôle
qui se méfie de l’activité.
Blaise Cendrars
Dorian Rossel
S
SPECTACLE
NOS PRÉFÉRENCES
Théâtre
Théâtre
Le Combat
ordinaire
Un Avenir
heureux
Porter la BD-culte de Manu
Larcenet au théâtre? C’est
le défi réussi de Robert Sandoz,
qui en livre une version
ingénieusement bricolée.
Le récit, sensible, aborde
le combat entre éthique et amitié,
la crise de la sidérurgie, la vanité
du milieu artistique, ou encore
la difficulté de devenir père.
Manon Pulver possède une
plume subtile et caustique.
Dans sa nouvelle pièce, elle
portraiture des quadragénaires
tout ce qu’il y a de plus rangé,
croient-ils. A la mise en scène,
Nathalie Cuenet entraîne
quatre acteurs dans une ronde
amoureuse et philosophique.
Robert Sandoz
Manon Pulver
SORTIR
SSPECTACLE
FESTIVAL
théâtre
Danse
avec les bennes
Carouge (GE) et Fribourg
Le Malade
imaginaire
Parmi les projets inédits d'Antigel, festival des communes
genevoises, une création investit la Voirie des Vernets
JULIE SEMOROZ
Carouge. Théâtre de Carouge –
Salle François-Simon, rue Ancienne
39. Di à 17h, ma-je sa à 19h, ve à 20h
jusqu'au 9 février. (Loc. 022
343 43 43, www.tcag.ch).
Fribourg. Equilibre, pl. JeanTinguely 1. Je 20 et ve 21 février
à 20h. (Rens. 026 350 11 00,
www.fribourgtourisme.ch).
Argan a la carrure de Gilles Privat,
cet acteur immense - d'humanité,
de rigueur, d'invention, de modestie
Le concert subaquatique des bains de Cressy est un classique d’Antigel.
A l'œuvre pour la quatrième année consécutive dans les communes genevoises, Antigel n'est pas un festival de plus dans la multitude de rendez-vous existants sur le territoire romand. C'est un concept inédit qui non seulement propose une programmation en
danse et en musique dans des lieux souvent atypiques, comme ce
concert subaquatique dans les bains de Cressy (photo). Mais investit aussi des espaces pour y concevoir des projets en lien avec le lieu.
Cosmoland, par exemple, propose une errance audioguidée de type
futuriste dans la piscine de Marignac, au Grand-Lancy (les 7 et 8
fév.) Avant, Voirie, ouvre-toi donnera une résonance artistique à la
très fonctionnelle Voirie des Vernets, qui sera ouverte au public
pour l'occasion (le 1er fév.) Enfin, l'Hôpital de Loëx prêtera ses couloirs à une déambulation labyrinthique et intimiste dans Hug me
Loëx (le 15 fév.) Et la fête? Elle se déroulera à L'Igloo, lieu central
installé devant la Gravière aux Acacias, où noctambules et amateurs
d'apéros se presseront avant et après les spectacles.
On retrouve ce même éclectisme dans la programmation de
danse et de musique (voir p. 42). D'un côté, l'univers chargé, intriguant du Français François Chaignaud, qui déposera son imaginaire envoûtant aux côtés des porcelaines du Musée de l'Ariana
(Dumi Moyi, les 15 et 16 fév.). De l'autre, les propositions fluides,
aériennes, très dansées, du Belge Pierre Droulers, qui dans Soleils
tourne autour de la lumière (les 4 et 5 fév.). Sarah Ludi, La Ribot et
Yan Duyvendak figurent parmi les Romands de ce rendez-vous.
Marie-Pierre Genecand
17 communes, 39 lieux, pour un rendez-vous musique et danse qui remue
Genève. Festival Antigel,
du 1er au 16 février.
(Loc. 022 901 13 00, www.antigel.ch).
46
Beau Malade imaginaire que celui
monté par Jean Liermier, avec une
distribution de qualité? Oui,
même si, à la première, certaines
scènes attendues n'avaient pas encore trouvé leur force d'émotion,
même si certains partis pris de départ grippent parfois la mécanique. Mais il y a dans l'ensemble
une clarté de cap. Et un acteur
merveilleux au travail, Gilles Privat. La réussite du spectacle tient à
lui, en grande partie. A son art de
vivre chaque instant comme si
c'était le dernier, de se fondre dans
l'hypocondrie d'Argan, de la prendre au sérieux au point de la rendre palpable, de ne pas trahir le ridicule du personnage tout en
inspirant l'affection. Un grand comédien, c'est un courant de sympathie. On se réjouit de ses audaces, on admire sa liberté. Gilles
Privat plonge dans les bas-fonds
de l'angoisse. Et on est heureux
d'être purgé par lui. ADF
Fribourg
Le roi se meurt
Equilibre, pl. Jean Tinguely 1. Sa 1er
février à 20h. (Loc. 026 350 11 00,
www.fribourgtourisme.ch).
Michel Bouquet rayonne dans
ce déculottage royal signé Ionesco
Michel Bouquet en roi tyrannique,
puéril et pathétique qui ne veut pas
mourir? Le paradoxe est étonnant.
Car s'il y a bien un acteur qui a le
don de disparaître derrière ses personnages, de servir le rôle et non de
se servir de lui pour briller, c'est
bien ce grand comédien, à l'œil vif
et à la parole affûtée. Depuis 1994,
Michel Bouquet, 87 ans, donne tout
son mordant au Roi se meurt de Ionesco qui raconte avec malice le
compte à rebours d'un monarque
convaincu de son éternité. Un texte
qu'il a joué plus de 700 fois, qui lui
a valu un Molière en 2005 et qu'il
aborde toujours avec la même joie.
«Depuis l'âge de 17 ans, je m'oublie
au profit de la fiction et chaque
jour est un émerveillement», nous
disait-il en janvier dernier, lors
d'une représentation de ce spectacle à Genève. On le croit. Michel
Bouquet a toujours des ardeurs
d'enfant farceur. MPG
Genève
Au bord du monde
Théâtre Saint-Gervais, rue du
Temple 5. Lu me ve à 19h, ma je sa
à 20h30 du 3 au 15 février. (Loc. 022
908 20 00, www.saintgervais.ch).
Pourquoi fuir son pays? Réponse
à travers la parole de requérants
Valentine Sergo aime aller chercher la parole théâtrale dans des
lieux chargés d'histoires. En septembre 2011, la metteuse en scène
proposait Tous les chemins mènent à
Meyrin, spectacle attachant qui racontait, à travers ses habitants aux
193 nationalités, comment s'est
constituée la première cité satellite du territoire genevois dans les
années soixante. Vingt heures
d'entretiens dans la Cité bleue de
Meyrin qui, une fois réduites à la
dimension d'un spectacle, rendaient compte d'une satisfaction
générale, sans omettre les parts
d'ombre, les séquences déchirantes où la solitude avait tué. Même
démarche avec Au bord du monde.
Pour cette création, Valentine
Sergo s'est rendue au Centre de requérants d'asile de Meyrin et a recueilli les paroles de «celles et ceux
qui ont fui la misère, la guerre ou
la dictature». «Il s'agit de redonner
une humanité à ces figures un peu
fantomatiques qui hantent le paysage helvétique, provoquant tantôt l'inquiétude ou l'agressivité,
tantôt l'empathie ou la pitié», explique la metteuse en scène. Parmi
les comédiens qui relaieront cette
parole, on repère Latifa Djerbi et
Jean-Luc Farquet, déjà présents et
saisissants dans le premier volet de
ces récits meyrinois. MPG
S
SORTIR
SPECTACLE
Je suis le vent
Théâtre du Loup, ch. de la Gravière
10. Di à 17h, lu me sa à 19h, me ve
à 20h jusqu'au 2 février. (Loc. 022
301 31 00, www.theatreduloup.ch).
Deux hommes sur un bateau, la mer
se soulève, l’un des deux tombe à l’eau
L’écriture de Jon Fosse est un matériau théâtral d’une rare difficulté.
Extrêmement épurée, cette écriture
est état plus qu’action, questions
plus que réponses. Elle cumule hésitations et répétitions. Je suis le vent,
pièce de 2005 traduite chez L’Arche
en 2010, est un condensé de toutes
ces difficultés. Deux personnages,
L’Un et L’Autre, sont sur un bateau,
la mer se soulève et L’Un tombe à
l’eau. Mais y a-t-il vraiment deux
personnages? Ou s’agit-il d’un seul
individu qui soliloque et se perd?
On comprend que ce matériau ait
intéressé en France des metteurs en
scène à l’oreille musicienne, tels
Claude Régy et Patrice Chéreau.
Pour la version romande, l’objectif
est atteint visuellement. La mer, élément liquide, est ici volatile, fumée
au sol. Tandis que la lumière, abstraite par essence, devient plaque,
écran. Cette inversion imaginée par
Sylvie Kleiber raconte parfaitement
l’éternel remaniement. En revanche, le jeu blanc demandé par
Guillaume Béguin à Jean-François
Michelet (L’Un) et Matteo Zimmermann (L’Autre) assèche un propos
déjà haché. Le mystère de l’écriture
du Norvégien reste entier. MPG
La Terquedad
(L’Entêtement)
Théâtre du Grütli, rue du GénéralDufour 16. Di à 18h, ma je sa à 19h,
me ve à 20h jusqu'au 2 février.
(Loc. 022 888 44 88, www.grutli.ch).
Le directeur du Grütli, amateur
de farces, ferraille avec une drôle
de guerre d'Espagne
Quel lien y a-t-il entre Les Sept Péchés capitaux de Jérôme Bosch, la
guerre d’Espagne et le commissaire Planc, individu en croisade
pour une nouvelle langue? L’imaginaire foisonnant de Rafael
Spregelburd, auteur argentin né
en 1970 qui exerce aussi les professions d’acteur, de traducteur,
de pédagogue et de metteur en
scène. Rafael Spregelbrud est encore le chouchou de la très bonne
compagnie française des Lucioles, emmenée par Marcial Di
Fonzo Bo, lui aussi Argentin. Ce
dernier, toujours inspiré, a
d’ailleurs créé L’Entêtement en
2011. Une fable de 2007 qui raconte la même histoire dans trois
lieux différents de la maison: le
salon, la chambre de la jeune fille
malade et le jardin. Une histoire
de langue universelle, de listes
d’hommes à abattre et de petite
fille noyée dans un puits. Une
sorte de thriller politique et philosophique que Frédéric Polier,
directeur du Théâtre du Grütli,
dirige avec beaucoup de précision. MPG
Les Fourberies
de Scapin
Théâtre des marionnettes de
Genève, rue Rodo 3. Di à 17h, ma-sa
à 19h du 7 au 14 février. (Loc. 022
807 31 07, www.marionnettes.ch).
Molière, le justicier, saisi par
le talent de la marionnettiste
Emilie Valantin
Jean Sclavis est l'acteur attitré de la
marionnettiste française Emilie Valantin. Dans cette relecture libre de
Molière, il se retrouve seul sur scène
pour défendre les couleurs de Scapin. Autour de lui, une armée de
huit marionnettes de taille humaine, ou presque, dont les visages,
austères, sont inspirés des saints napolitains, tandis que leurs perruques et toilettes exaltent le XVIIe siècle. Dans une livrée bleu nuit qui
porte au dos la mention «fourbe»,
allusion à l'art rusé du célèbre laquais, Jean Sclavis conspire contre
les intérêts financiers des plus âgés
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Saison
13-14
Cet hiver
au Théâtre
Vidy-Lausanne
Janvier et
février 2014
Dogugaeshi
Basile Twist
Immortels
Nasser Djemaï
François d’Assise
Adel Hakim
VieLLeicht
Mélissa Von Vépy
Cinématique
Cie Adrien M/Claire
B
Théâtre Mardi 28 & mercredi 29 janvier à 20h30
<wm>10CAsNsja1MLUw1DUAAhNLAEMWMTsPAAAA</wm>
Macbeth
<wm>10CFWKrQ6AMAwGn6hL233dD5VkbkEQ_AxB8_6KgeOSy5nr3S3w59q2o-1uxYoQT1BdUwqw7DGVYAwXlawsceEKaIT99pkUwTbehURJ8uBKUEIdRTnc5_UAwJxDQ3EAAAA=</wm>
William Shakespeare – Anne-Laure Liégeois
Location :
021 619 45 45 ou www.vidy.ch
Photo © Getty Images
Vidy-L
Partenaire média
forum-meyrin.ch / Théâtre Forum Meyrin, Place des Cinq-Continents 1, 1217 Meyrin
Billetterie + 41 22 989 34 34 du lu au ve de 14h à 18h
Service culturel Migros, rue du Prince 7, Genève, www.culturel-migros-geneve.ch
+41 22 319 61 11, Stand Info Balexert, Migros Nyon-La Combe
47
SORTIR
SSPECTACLE
THÉÂTRE
pour favoriser le mariage des plus
jeunes. L'amour contre l'argent, la
probité contre les arrangements, le
modèle est éternel chez Molière. En
réalité, Jean Sclavis n'est pas tout à
fait seul sur scène. Un claveciniste
joue en direct des airs d'opéras baroques qui contribuent à souligner
l'amertume sous l'apparente frivolité. Scapin ne doit-il pas servir
moins intelligent que lui? Molière
n'a-t-il pas dû se soumettre plus
d'une fois aux censures des dévots et
aux caprices du roi? Emilie Valantin
apprécie le théâtre qui grince. MPG
Anouk Grinberg
dans les draps
de James Joyce
La comédienne incarne magistralement Molly Bloom
Récits de femmes
KEYSTONE
La Comédie de Genève, bd des
Philosophes 6. Ma et ve à 20h, me je
et sa à 19h, di 2 à 17h, du 28 janvier
au 2 février. (Loc. 022 320 50 01,
www.comedie.ch).
La générosité de Michelle Millner
au service de Franca Rame
Dans sa voix, le grain d'une tragédie ancienne. Dans son corps, la
douceur de l'espoir. Anouk Grinberg est le feu pâle de la scène francophone. Un jour d'été 1999, au Festival d'Avignon, elle lit, dans le
jardin d'un hôtel particulier, La Douleur de Marguerite Duras. Elle offre ses mots au mistral et ils nous reviennent en grêle d'été, déchirants et beaux. Il y a quelques années, elle dit, sur un fil de fer guerrier, des lettres de Rosa Luxemburg, lettres brûlantes d'une
révolutionnaire laminée.
Anouk Grinberg est la tourmente sublimée en don. Quelque
chose la déchire, elle en témoigne. Voyez-la en Molly Bloom.
D'abord, vous ne la voyez pas, mais vous entendez son murmure.
Puis elle apparaît dans un désordre de draps, lionne pathétique,
telle que l'a imaginée James Joyce, épouse navrée qui dit tout des
intermittences du désir féminin, qui se délivre du poids de l'éducation en une seule phrase d'une soixantaine de pages. Cette eau vive
saccade la dernière partie d'Ulysse.
Elle, donc, c'est Pénélope dans le lit conjugal, Pénélope qui supporte le ronflement de son mari et qui s'adresse pourtant à lui
qu'elle vient de tromper. Cette confession, Anouk Grinberg la délivre en un soupir qui finit par gronder comme l'orage dans le lointain. Sa voix fouette et caresse en alternance. Molly Bloom est un
courant. L'actrice nous y entraîne en pagayeuse éperdue.
Alexandre Demidoff
Parce qu’Anouk Grinberg est toujours bouleversante en solitaire
Renens (VD). Théâtre Kléber-Méleau, ch. de l'Usine-à-Gaz 9.
Di à 17h30, me-je sa à 19h, ve à 20h30 du 29 janvier au 2 février.
(Loc. 021 625 84 00, www.kleber-meleau.ch).
48
Ce n'est pas la première fois que Michèle Millner, lumineuse actrice et
chanteuse du Théâtre Spirale, à Genève, relaie la parole des femmes.
On l'a appréciée dans son évocation
de Violeta Para, savourée dans ses
reprises de Janis Joplin avec la Fanfareduloup Orchestra et dévorée
dans Albahaca, où la chaleureuse artiste rendait hommage aux cuisinières de son enfance, au Chili.
Cette fois, c'est l'univers plus combatif et plus corrosif de Franca
Rame que Michèle Millner restitue
dans Récits de femmes, mis en scène
par Naïma Arlaud. La compagne de
Dario Fo a marqué les années quatre-vingt par ses propos radicaux
sur la juste punition du viol, le droit
au divorce et à l'avortement et la nécessaire libre expression des femmes. Mia Mohr et Jeanne Pasquier
figurent également au générique de
ce spectacle qui se donne dans des
lieux atypiques, comme des hôpitaux et des écoles, en plus des salles
de théâtre. La parole de Franca
Rame? Un coup de fouet salutaire et
toujours d'actualité. MPG
Un Avenir heureux
Théâtre du Grütli, rue du GénéralDufour 16. Di à 18h, ma-sa à 20h
du 28 janvier au 16 février. (Loc. 022
888 44 88, www.grutli.ch).
Pour la finesse d'écriture
de Manon Pulver et l'aplomb
comique de Christian Scheidt
Manon Pulver est moraliste: elle
observe le travers contemporain et
elle le transpose dans des dialogues vifs jusqu'au piquant. Après
Au bout du rouleau, tête-à-tête sec et
drôle dans un salon de coiffure, et
A découvert, règlement de comptes
familial sur fond de querelle esthétique, elle signe Un Avenir heureux.
Le propos de la comédie? Des quadragénaires s'interrogent sur leurs
choix de vie. Et s'ils faisaient fausse
route? La comédienne Nathalie
Cuenet signe la mise en scène, sa
première, d'un texte qui rappelle
les effets de miroirs de Smoking/No
Smoking, le film d'Alain Resnais. La
distribution a de l'aplomb qui
compte Céline Goormaghtigh, Attilio Sandro Palese, Christian
Scheidt et Pascale Vachoux. Avec
ces acteurs, gageons que l'avenir
sera radieux. ADF
La Chaux-de-Fonds,
Vevey, La Tour-de-Trême
Le Combat
ordinaire
La Chaux-de-Fonds. Théâtre
populaire romand, rue de Beau-Site
30. Je 6, ve 7 février à 20h15.
(Loc. 032 967 60 50).
Vevey. Théâtre de Vevey,
rue du Théâtre 4. Ma 11 février
à 20h. (Loc. 021 925 94 94,
www.theatredevevey.ch).
La Tour-de-Trême. Salle CO2,
La Ronclina 4. Je 13 février à 20h.
(Rens. www.co2-spectacle.ch). (Loc.
026 913 15 46, www.labilletterie.ch).
L'art de donner vie en trois
dimensions à la bande dessinée
et au bel univers de Manu Larcenet
Robert Sandoz place le mouvement au cœur de ses mises en
scène, qui deviennent autant de
chorégraphies théâtrales. Cet effet
de valse cadencée déjà présent
dans Monsieur chasse, de Feydeau,
on le retrouve dans son adaptation du Combat ordinaire, BD culte
du Français Manu Larcenet. Dans
un décor de tubulaires mobiles,
six comédiens constamment sur le
plateau passent tour à tour du rôle
de machiniste à celui de personnage. Tantôt ils manipulent, qui
une lampe de bureau, qui un tourne-disque old fashion, tantôt ils
jouent. La mère au tablier à fleurs,
l'amoureuse vétérinaire, le frère
exalté ou le vieux voisin en chemise à carreaux. Quant à Joan
Mompart, il excelle dans le rôle de
Marco, le photographe neurasthé-
S
SORTIR
SPECTACLE
nique de la BD, même si la version
scénique est moins grave, moins
intimiste que l'œuvre originale.
Laquelle, d'une grande richesse,
aborde le combat entre éthique et
amitié, la crise de la sidérurgie, la
vanité du milieu artistique, la difficulté de devenir père, les ravages
de la maladie d'Alzheimer… Un
tourbillon de propositions que la
version mouvementée de Robert
Sandoz restitue avec animation. MPG
Bouvier est depuis vingt ans Françoise d'Assise. Il feint de l'oublier
pendant de longs mois, temps qu'il
consacre à monter des spectacles
avec la Compagnie du Passage et à
diriger le Théâtre du même nom.
Puis il y revient, histoire d'éprouver
l'âpre sensualité du texte de Joseph
Delteil, de libérer des paysages en
broussailles, de guerroyer en écorché, de prêcher en pécheur, de
s'enivrer en défroqué. Ce François
d'Assise a vu du pays, de Paris au
Festival d'Avignon, de Neuchâtel à
Lausanne. Guidé par le metteur en
scène Adel Hakim, Robert Bouvier
émeut en «françoisier qui ensainte
les hommes». Il y a de la grandeur
dans cette fidélité d'acteur. ADF
Lausanne
François d'Assise
Théâtre Vidy-Lausanne, av. E.Jaques-Dalcroze. Di à 17h, ve à 19h,
ma-je sa à 20h30 du 4 au 23 février.
(Loc. 021 619 45 45, www.vidy.ch).
Pour l'acteur Robert Bouvier,
incandescent en François d'Assise
Meyrin (GE)
Oblomov
Théâtre Forum Meyrin, pl. des
Cinq-Continents 1. Ma-ve à 20h30
du 11 au 14 février. (Loc. 022
Peut-être sa plus belle histoire artistique. L'acteur neuchâtelois Robert
989 34 3 4, www.forum-meyrin.ch).
Le théâtre ludique et créatif
de Dorian Rossel au service
du paresseux russe le plus célèbre
ludique, collectif et rieur, Dorian
Rossel cherchera à savoir si la vacuité apparente du dandy russe
cache une soif d'idéal ou, simplement, un vide abyssal... Une quête
menée avec son équipe de fidèles
comédiens, passés maîtres dans
l'art de jouer sans affectation, au
plus près de la situation. MPG
Après les grands espaces sur les
traces de Nicolas Bouvier (L'Usage
du monde) et l'exploration des origines du vivant dans une sorte
d'infini poétique (Cosmos), Dorian
Rossel et la Super Trop Top Compagnie se replient dans la chambre d'Oblomov, riche propriétaire
terrien de Saint-Pétersbourg qui,
en Russie, a donné son nom à
l'oblomovisme, l'art de ne rien
faire. Né en 1859, ce héros d'Ivan
Gontcharov est en effet célèbre
pour son infinie paresse et sa léthargie rêveuse. La dépression en
moins, il annonce le «I would prefer not to» du Bartleby de Melville
et, dans un genre plus contemporain, il évoque ces adolescents japonais, les hikikomori, qui vivent
reclus faute de trouver leur place
dans une société de plus en plus
compétitive. Partisan d'un théâtre
danse
Lausanne
Béjart Ballet
Lausanne
Opéra de Lausanne, av. du Théâtre
12. Je 20, ve 21 à 20h, sa 22 à 19h, di
23 février à 15h. (Loc. 021 315 40 20,
Parce que Maurice Béjart s'inspire
de Fritz Lang, maître des ombres
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JOURNÉE PORTES-OUVERTES
Venez en famille recevoir des conseils et participer à des
ateliers pour apprendre à garder la forme jour après jour !
CONFÉRENCES
11h30 Alimentation
et santé
13h Bien vieillir
14h Jamais le temps
pour le sport,
c’est grave docteur ?
ATELIERS dès 13h30
Nutrition et diététique
Travail et équilibre
Manutention et transferts
Eveil des sens
Force et endurance
Gymnastique douce
Aquagym, fi
fitness (sur inscription)
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31.01. – 18.05.2014
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Markus raetz
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sculptures
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Hodlerstrasse 8 –12
CH-3000 Bern 7
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di 10H – 21H mi–so 10H – 17H
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SSPECTACLE
SORTIR
Maurice Béjart aimait qu'un livre devienne un spectacle, qu'un beau film
revive en danse. Il se confrontait aux
grands auteurs, à Nietzsche, Malraux, Baudelaire, Molière. Le Mandarin merveilleux - créé en 1992 - relève
de cette veine. Le chorégraphe modèle sa pièce selon les vœux du compositeur Béla Bartók - qui appelait
cette œuvre non pas ballet, mais
pantomime. Il s'inspire de M le Maudit de Fritz Lang pour régler un traquenard infernal sur lequel règne
une beauté vampirique. Le même
soir, le public est invité à (re)voir Le
Manteau, ballet burlesque d'après la
nouvelle de Gogol et Liebe und
Tod,sur une musique de Gustav Mahler. Le chorégraphe Tony Fabre
complète la soirée avec Histoire d'eux,
ballet qui s'inspire de Purcell. ADF
Le 42e Prix
de Lausanne
Théâtre de Beaulieu, av. Bergières
10. Sa de 15h à 18h30 du 27 janvier
au 1er février. (Rens. 021 643 24 08,
www.prixdelausanne.org).
Les plus brillants espoirs de la danse
classique à Lausanne aspirent
à une première consécration
Elles sont 43 danseuses. Ils sont 28
danseurs. Ils ont entre 15 et 19 ans
et viennent du monde entier, avec
une nette domination des EtatsUnis et du Japon. Pas de Suisses,
cette année, parmi les sélectionnés.
Elles et ils, ce sont les candidats du
42e Prix de Lausanne, concours international qui, chaque année, attire à lui les meilleurs espoirs de la
discipline depuis sa création le 19
janvier 1943. L'objectif? Offrir des
bourses d'études dans de prestigieuses écoles de ballet aux finalistes. Des prix d'encouragement
sous forme de stages ou d'une
somme d'argent sont aussi administrés. Les candidats témoignant
de qualités exceptionnelles peuvent encore recevoir un Prix d'excellence, mais cette récompense
n'est pas forcément distribuée.
L'intérêt, outre la récompense?
Suivre pendant toute une semaine
des cours avec les plus grandes
étoiles internationales. Et rencontrer lors d'auditions de nombreux
directeurs de ballet ou des chorégraphes de renom. Avec tout cela,
on comprend que le rendez-vous
fasse rêver les aspirants danseurs...
Mais il n'y a pas que les futurs
danseurs qui palpitent lors de ce
Prix. Pendant une semaine, le public peut se rendre au Théâtre de
Beaulieu, à Lausanne, et assister
au concours avec, en point d'orgue, la fameuse finale du samedi.
Depuis 2006, l’exercice comprend
deux variations de danse classique et une variation de danse
contemporaine. A nos chaussons. MPG
Shiver
Arsenic, rue de Genève 57.
Ma 4 à 19h, me 5 à 20h30,
je 6 à 19h, ve 7 à 20h30,
sa 8 à 19h, di 9 février à 18h.
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NOUVELLE PRODUCTION
D E U X I È M E J O U R N É E D U F E S T I VA L S C É N I Q U E
DER RING DES NIBELUNGEN EN 3 ACTES
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R I C H A R D WA G N E R
INGO METZMACHER
MISE EN SCÈNE D I E T E R D O R N
DÉCORS & COSTUMES J Ü R G E N R O S E
DIRECTION MUSICALE
ORCHESTRE DE LA SUISSE ROMANDE
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+41(0)22 322 5050
(Loc. 021 625 11 36,
wwww.arsenic.ch).
Nicole Seiler excelle dans le double
jeu, théâtral et technologique
La chorégraphe d'origine zurichoise Nicole Seiler trace un sillon
à part en Suisse romande. Danseuse de formation, elle conçoit
ses pièces comme des boîtes à mirages où les interprètes se mêlent
à des doubles projetés en hologrammes, abrogeant ainsi la frontière entre présence réelle et présence fictive. Pour Shiver, sa
nouvelle échappée, elle puise son
inspiration dans les films à suspense, mais aussi dans les cryptes
du cinéma d'horreur. On devrait
donc frémir, mais aussi jouir
d'être manipulés: sur scène, les acteurs ne jouent pas seulement un
scénario infernal, ils manipulent
également une maquette sous
l'œil des caméras. Le spectacle se
trouve ainsi démultiplié. Nicole
Seiler excelle dans le double
jeu. ADF
S
SORTIR
SPECTACLE
Solographies
Théâtre de l'Octogone,
av. de Lavaux 41. Je 6 et ve 7 février
à 20h30. (Loc. 021 721 36 20,
www.theatre-octogone.ch).
Toutes les femmes dans un solo,
ce moment de vérité
«Femmes angéliques, androgynes,
berceuses, déchaînées, décoiffées,
épanouies, extravagantes. Femmes
fatales, iconoclastes, idéalisées,
mutantes, noctambules, orientales, spirituelles, sulfureuses.» Si
cette entame vous intrigue, vous
irez à L'Octogone de Pully voir Solographies, nouvelle création de la
Compagnie Linga emmenée par
Katarzyna Gdaniec et Marco Cantalupo depuis 1992. Dans ce travail
imaginé pour Vera Alves, Ai
Koyama, Dorota Lecka, trois interprètes de la compagnie, les deux
chorégraphes souhaitent revenir
au «mystère du geste, comme moment original, non reproductible,
un moment de vérité pendant lequel le temps est suspendu». Le
solo est le lieu de confrontation
profonde entre le public et l'interprète, l'interprète et le chorégraphe, observent les auteurs de Solographies, qui souhaitent revenir à
l'«essence même de la danse». MPG
humour
Onex (GE), Monthey
et Neuchâtel
Marc DonnetMonay transmet
sa joie
Onex. Salle communale d'Onex, rte
de Chancy 131. Me 29, je 30 janvier
à 20h30. (Loc. 022 879 59 99,
www.spectaclesonesiens.ch).
Monthey. Théâtre du Crochetan,
rue du Théâtre 6. Ve 31 janvier
à 20h. (Loc. 024 471 62 67,
www.crochetan.ch).
Neuchâtel. Théâtre du Passage,
passage Maximilien-de-Meuron 4.
Lu-sa à 20h, di à 17h du 11 au 20
février. (Loc. 032 717 79 07,
www.theatredupassage.ch).
Sa cruauté est exquise et son trait
d'une redoutable finesse
THÉÂTRE
La normalité est un fantasme récent qui a son héros en la personne de François Hollande. «Un
président normal», telle était la
promesse de campagne du candidat socialiste au diapason d'une
opinion lassée des incartades de la
classe politique. Depuis, l'hôte de
l'Elysée a été surpris sur un scooter
filant à la rencontre de l'actrice Julie Gayet. Cet épisode tout chaud,
il n'est pas sûr que Marc DonnetMonay l'intègre à son spectacle.
N'empêche que la «normalité» est
bien le sujet annoncé de son oneman-show. L'humoriste promet de
passer en revue les attributs du sujet contemporain: le bio comme
credo, la famille comme refuge,
l'argent comme grande espérance,
etc. Sous son air bourru, Marc
Donnet-Monay est d'une exquise
cruauté. ADF
Jean-Quentin
Châtelain, acteur
bourlingueur
Le comédien suisse prête voix à «Bourlinguer» de Cendrars
enfants
Lausanne
La Petite Fille
aux allumettes
Le Petit théâtre, pl. de la Cathédrale
12. Sa-di à 14h et 17h, me à 17h du 29
janvier au 16 février. (Loc. 021
323 62 13, www.lepetittheatre.ch).
Julie Annen s’allie au talentueux
Fabrice Melquiot pour réécrire un
classique de la littérature enfantine
Qui n'a pas été saisi d'effroi par la
fin tragique de la petite héroïne
d'Andersen? L'émoi est à la hauteur
de l'espoir nourri à la lueur des allumettes qu’elle fait craquer tout
en se consummant. Julie Annen,
jeune auteure et metteuse en scène
genevoise, formée à Bruxelles, a entrepris de réécrire le conte pour lui
offrir d'autres issues. Elle a ainsi recueilli les propositions d'un millier
d'enfants, en Suisse, en Belgique et
en France, et a fait appel à Fabrice
Melquiot, auteur et directeur du
Théâtre Am Stram Gram, pour
l’adaptation. Dans un décor sobre,
quatre comédiens jouent plusieurs
rôles tour à tour. L'héroïne est présente par la voix. Seule au début,
puis soutenue par un chœur d'enfants qui se mêlera au jeu des comédiens. Une alliance qui pourrait
bien verser dans la radicalité, libérée de toute fatalité. Dès 6 ans. KS
AUGUSTIN REBETEZ
Pully (VD)
Bourlinguer. Ce verbe suggère tout: le roulis du bateau et les langues qui se mêlent en écume. On n'y résiste pas. Fracassé de partout,
Blaise Cendrars a vagabondé de ports en villes fantômes, d'hôtels
nyctalopes en gares interlopes. Ces zigzags, qui composent la trame
de ses jours, ont nourri des textes qui sentent l'encens, le charbon et
l'eau-de-vie - ils sont réunis sous ce titre, Bourlinguer, justement.
Parce que Jean-Quentin Châtelain est sans doute lui-même bourlingueur, parce que d'une scène il fait un territoire, d'un texte une ligne de fuite, d'une phrase un garde-fou; parce qu'il a été blessé,
parce qu'il s'est cru maudit peut-être, il paraît prédestiné à dire ces
vies bourlinguées.
Il y a une vingtaine d'années, il prêtait corps à Fritz Zorn, ce jeune
bourgeois zurichois qui raconte avant de mourir comment son milieu l'a détruit. Le livre s'appelle Mars. Il fait date et stèle. Le spectacle bouleversait, grâce à l'acteur et à son metteur en scène Darius
Peyamiras. C'est ce dernier que Jean-Quentin Châtelain retrouve
pour Bourlinguer. Le comédien mettra ses pas dans ceux de Cendrars, comme naguère dans ceux de Samuel Beckett - se rappeler sa
randonnée irlandaise, dans Premier Amour, au Théâtre de Vidy en
1999. Il poursuivra des paquebots, fraternisera avec des culs-dejatte, s'enivrera d'un parfum, prendra le large, puis reviendra sur ses
pas. Jean-Quentin Châtelain sait faire ça: s'échapper, mais en spirale. Alexandre Demidoff
Parce que Jean-Quentin Châtelain serpente avec brio dans les textes
Genève. Théâtre Le Poche, rue du Cheval-Blanc 7.
Di à 17h, me-je sa à 19h, lu ve à 20h30 du 10 février au 2 mars.
(Loc. 022 310 37 59, www.lepoche.ch).
51
E
EXPOSITIONS
NOS PRÉFÉRENCES
Bâle
James Ensor
Les masques intrigués
Basée sur la collection exceptionnelle du Musée
royale d’Anvers, l’exposition est centrée sur le masque.
Ensor est un peintre aux teintes de nacre et de feu,
excessif dans la touche, dans le geste. Sa folie
carnavalesque, nourrie des coutumes de sa région,
s’étale dans les scènes et les portraits.
AKG IMAGES
Riehen (BS)
Zurich
Odilon Redon
Peinture
Le goût
expressionniste de Diderot
L’art allemand et la France
L’art du XVIIIe
Un immeuble
pour la photo
Un aller-retour FranceAllemagne, autour de la foudre
expressionniste. Seurat, Signac,
Cézanne, Gauguin ou Matisse,
Kandinsky, Marc, Macke,
Jawlensky ou Kirchner illustrent
le cosmopolitisme
de cette tendance au lyrisme
et à l’exacerbation.
L’écrivain philosophe
a chroniqué ses visites de
ces grandes expositions royales
qu’étaient les Salons
pour un périodique destiné
à l’aristocratie cultivée dans
l’Europe entière. L’exposition
réunit nombre des œuvres
qui l’ont inspiré.
Pour huit mois, la manifestation
Photobastei prend ses quartiers
dans un gratte-ciel du cœur
de Zurich. Deux étages sont
consacrés à une grande
exposition – Paolo Pellegrin
ouvre le bal – et cinq autres
sont loués à des photographes
triés sur le volet.
Un grand coloriste
A l’huile comme au pastel,
l’artiste français infléchit
le symbolisme du côté de la
féerie et de l’onirisme, du songe
et parfois de la peur. Le propos
de l’exposition revient à dégager
les éléments modernistes,
voire avant-gardistes, de cette
œuvre qui conserve son aura
énigmatique.
Lausanne
Zurich
Paolo Pellegrin à l’honneur
EEXPOSITIONS
SORTIR
Berne
musées
Markus Raetz
Kunstmuseum Bern, Hodlerstr.
8-12. Me-di 10h-17h, ma 10h-21h du
31 janvier au 18 mai. (Rens. 031 328
09 44, www.kunstmuseumbern.ch).
Une inventivité jamais en défaut
Bâle
James Ensor: Les
masques intrigués
«Explorateur de la perception» habitué à jongler avec les effets optiques, les ombres et les mots, le Bernois Markus Raetz (né en 1941) est
l'auteur d'une œuvre polymorphe,
jamais en mal d'inventivité. Ses 350
estampes illustrent ses expérimentations autour de la vision et de la
perception. L'exposition associe ses
travaux dans le domaine graphique
à un lot de sculptures et fait le lien
entre les jeux spatiaux et la liberté
de la ligne, qui peut par exemple
former différents mots selon l'angle de vue... Visible ensuite au Musée Jenisch à Vevey, elle s’accompagne du catalogue raisonné de
l’œuvre gravé, dû à Rainer Michael
Mason. LC
Kunstmuseum Basel, St. AlbanGraben 16. Ma-di 10h-18h du 16
février au 25 mai. (Rens. 061 206 62
62, www.kunstmuseumbasel.ch).
Pourquoi ne pas aller voir
l'exposition au moment du carnaval?
L'exposition est centrée sur le masque, très présent dans les toiles
d'Ensor. Les scènes, inspirées par
les carnavals de sa région, croquent aussi la condition humaine
et ses jeux de rôle avec un mélange
de cruauté et d'effroi. Peintre de
paysages, de marines, aux teintes
de nacre et de feu, excessif dans la
touche, dans le geste, artiste dont
la folie carnavalesque s'étale dans
les scènes et les portraits, James
Ensor (1860-1949) est un pourfendeur, défiant les belles manières et
la camarde. L’exposition est basée
sur la magnifique collection du
Musée royal des beaux-arts d'Anvers, fermé pour travaux, et enrichie de dessins et peintures de collections suisses et des gravures du
Kunstmuseum de Bâle. ELC
Bienne
Beat Schweizer:
Dikson
PhotoforumPasquArt, fbg du Lac
71. Sa-di 11h-18h, me-ve 14h-18h
du 3 février au 20 avril.
(Rens. 032 322 44 82,
www.photoforumpasquart.ch).
Intéressante confrontation de deux
visions du Grand Nord
Dikson, ville la plus septentrionale
de Sibérie, ancien point de départ
des explorations polaires et port militaire au bord de la mer de Kara.
Dikson, 600 habitants contre 7500
au moment de sa prospérité. Dikson, le taux de fonctionnaires le
plus élevé de Russie. Le photographe bernois Beat Schweizer s'y est
attardé, il a promené son regard sur
les bancs d'école recouverts de
neige plutôt que d'enfants, sur les
paysages blancs et les habitants aux
vêtements chamarrés. Il en a ramené un travail réaliste et poétique,
tendre et sans concession. Le Photoforum expose aussi Plein Nord, séries
du Soleurois Thomas Kneubühler
sur une station militaire et de recherche de l'Arctique canadien et
sur les mines du nord du Québec.
Au blanc succède le noir. CST
Genève
Not Vital: Tanter
(Entre deux)
Des histoires
sans fin: séquence
de printemps
Mamco, rue des Vieux-Grenadiers
10. Sa-di 11h-18h, ma-ve 12h-18h
du 12 février au 18 mai.
(Rens. 022 320 61 22,
www.mamco.ch).
Pour (re)découvrir un artiste
qui était aussi un grand lecteur
Le Mamco a ouvert ses portes le 22
septembre 1994 et jusqu'à
l'automne 2015 les événements anniversaire se succèderont, parfois
assez grandioses si les budgets le
permettent. Pour la première exposition de cette année pas comme les
autres, on commencera notamment par un hommage à Philippe
Thomas, artiste conceptuel français
enlevé par le sida en 1995 à 44 ans
et qui faisait partie des premiers exposés du musée genevois. Avec également des œuvres d'artistes en
connexion. Sera notamment évoquée une exposition mythique de
Philippe Thomas au CAPC de Bordeaux en 1990, Feux pâles, inspirée
par un ouvrage de Nabokov. ELC
Corps et esprits
Cabinet d'arts graphiques, prom.
du Pin 5. Ma-di 11h-18h jusqu’au 13
avril. (Rens. 022 418 25 00,
www.ville-ge.ch/mah).
Les subtilités de l'œuvre sur papier
Musée d'art et d'histoire,
rue Charles-Galland 2. Ma-di 11h18h du 31 janvier au 27 avril. (Rens.
022 418 26 00, www.ville-ge.ch/mah).
Un tel condensé de civilisation
antique, ça ne se refuse pas
Not Vital vit son art comme il poétise sa vie, avec inventivité, authenticité et autodérision. Il est aussi attaché aux Grisons qu'il se plaît à
habiter différentes régions du
monde, et à y bâtir des maisons.
L'exposition réunit travaux sur papier, multiples et sculptures. Ces
œuvres sont truffées d'allusions à la
vallée blanche, ou grise, recouverte
de neige, hommage à la mère, bientôt centenaire, à l'artisanat touareg
de l'argent, au verre de Murano ou
au pouvoir de séduction du papier
bhoutanais. Le tout illustre la «flexibilité» de la démarche, entre réflexion et fantaisie, ici et ailleurs:
l'artiste voyageur aime se situer entre deux pays, plusieurs cultures.
Des boules en verre, où logent des
montagnes, à l'image raffinée de la
neige, en blanc sur blanc, des jumelles aveugles en marbre qui permettent de scruter le néant au veau
d'or figuré en très grand, toute liberté est laissée à l'imaginaire. LC
Beaucoup de raffinement, intellectuel et esthétique, voici ce que promet cette exposition dédiée aux
arts de la Méditerranée antique.
Elle revient sur les découvertes des
archéologues genevois Edouard et
Marguerite Naville, et dévoile les
trésors de la Fondation Gandur
pour l'art. Elle regroupe les civilisations qui bordaient la Méditerranée
- Proche-Orient, Egypte, Grèce et
Rome - et interroge le regard porté,
à partir du XIXe siècle, sur les formes et les idées qui leur sont rattachées. Des corps et des visages confrontés et analysés dans une
première partie, on passe aux esprits et aux divinités, à travers
l'étude des bas-reliefs, narratifs et
explicites. Le champ abordé est
vaste, dans l'espace et dans le
temps, des premières représentations en ronde-bosse d'hommes et
de femmes et des premières stylisations jusqu'aux scènes de tragédie
grecque et au réalisme romain. Cer-
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DE BLAISE CENDRARS
MISE EN SCÈNE DARIUS PEYAMIRAS
AVEC JEAN-QUENTIN CHÂTELAIN
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( Récits extraordinaires et fantastiques )
54
E
SORTIR
EXPOSITIONS
PHOTOGRAPHIE
La première grande rétrospective consacrée au reporter
depuis sa mort
Henri Cartier-Bresson est décédé en 2004, et aucune véritable rétrospective ne lui a été consacrée en Europe depuis. Le Centre Pompidou, à Paris, entend réparer le tort, avec une exposition de plus de 500
photographies, dessins, films et autres documents. Chronologique et
thématique, le parcours s'articule autour des débuts photographiques
des années 1925 à 1935 marqués par de grands voyages en Côte
d'Ivoire ou au Mexique et une fréquentation des surréalistes, de l'engagement politique de 1936 à 1945 puis de la création de l'agence Magnum, en 1947, avec Robert Capa, David Seymour, William Vandivert et
George Rodger.
L'exposition s'achève dans les années 1970, lorsque «l'œil du siècle»
abandonne le photoreportage. Ambitieuse, elle entend démontrer que
l'œuvre du Français va bien au-delà de «l'instant décisif», toujours associé à son génie du cadrage et du mouvement capturé. «Photographier:
c'est retenir son souffle quand toutes nos facultés convergent pour
capter la réalité fuyante; c'est alors que la saisie d'une image est une
grande joie physique et intellectuelle», écrivait l'artiste d'abord formé
à la peinture chez André Lhote.
Les clichés iconiques de Cartier-Bresson sont bien sûr exposés, notamment ceux de la libération de Paris, mais des images plus inédites
taines pièces ont appartenu à Emile
Zola, Yves Saint Laurent ou Pierre
Loti. LC
Lausanne
Giacometti,
Marini, Richier
Musée cantonal des beaux-arts,
Palais de Rumine. Ve-di 11h-17h,
je 11h-20h, ma-me 11h-18h du 31
janvier au 27 avril. (Rens. 021
316 34 45, www.mcba.ch).
Un complément à la rétrospective
Germaine Richier au Kunstmuseum
de Berne jusqu’au 6 avril
Sous-titrée La figure tourmentée,
cette exposition réunit trois grands
sculpteurs du XXe siècle, dont les
chemins se sont croisés plusieurs
fois. Alberto Giacometti (19011966), Marino Marini (1901-1980)
et Germaine Richier (1902-1959)
ont pris leurs distances avec une représentation du corps illusionniste
sans pour autant choisir la voie de
l'abstraction. Ils ont en partage une
forme de combat avec la matière,
qu'ils choisissent de laisser s'exprimer, plutôt que de lui imposer une
perfection ronde et lisse. L'exposition réunit environ 70 œuvres des
trois artistes qui pensent l'humain
dans l'histoire du XXe siècle, ses
tourments, ses accélérations et ses
gouffres, et dans un rapport au
temps et à l'espace qui n'est plus celui du siècle précédent. ELC
HENRI CARTIER-BRESSON/MAGNUM PHOTOS
Cartier-Bresson,
l’œuvre majeure
Shanghai, déc. 1948-janv. 1949. Suite à la dévaluation de la monnaie, le Kuomintang
distribue 40 gr d’or par personne. Dix malheureux mourront dans les files d’attente.
les accompagnent. L'occasion de redécouvrir un photographe passé
dans le patrimoine collectif, mais dont beaucoup ignorent finalement
le parcours d'une richesse inouïe. Caroline Stevan
Une manière de redécouvrir «l’œil du siècle» en 500 documents,
photographies évidemment, mais aussi peintures ou vidéos
Paris. Centre Pompidou, pl. Georges-Pompidou.
Du 12 février au 9 juin.
(Rens. +33 1 44 78 12 33, www.centrepompidou.fr).
de «portrait psychologique» cher à
Philippe Halsman, ou comment
saisir les gens au plus proche possible de ce qu'ils sont. L'Américain
reste plus connu pour ses 101 couvertures de Life que pour ses théories sur la photographie. L'Elysée
lui rend un hommage mérité. CST
Saint-Gall
Philippe Halsman.
Post / Postminimal
Etonnez-moi!
Kunstmuseum St. Gallen,
Musée de l'Elysée, av.de l'Elysée 18.
Ma-di 11h-18h du 29 janvier au 11 mai.
(Rens. 021 316 99 11, www.elysee.ch).
Ne serait-ce que pour voir les duc
et duchesse de Windsor sautiller
en bas et chaussettes
Il a inventé la «jumpologie», manière élégante de faire sauter ses
sujets pour mieux les mettre à nu.
Il a conceptualisé la «photo-interview», une succession de questions
et de réponses en images, initiée
avec Fernandel et poursuivie sur
trois décennies avec Salvador Dalí.
Ces deux idées, parmi quelques
autres, participent au programme
Museumstr. 32. Ma je-di 10h-17h,
me 10h-20h du 1er février au 18 mai.
(Rens. 071 242 06 71,
www.kunstmuseumsg.ch).
Voici la sculpture en devenir
Suite à des expositions à valeur de
manifestes telles que, en 1969, Live
in Your Head: When Attitudes Become
Form, à la Kunsthalle de Berne, ou
Op Losse Schroeven, Situaties en Cryptostructuren, au Stedelijk Museum à
Amsterdam, la conception de la
sculpture s'est élargie. A Cologne, le
galeriste Rolf Ricke a invité dès les
années 1960 des artistes à intervenir dans sa galerie. Grâce à cette fi-
55
gure influente, le Kunstmuseum de
Saint-Gall possède une collection
significative d'art dit postminimal.
L’exposition entend faire le pont entre les générations, en montrant
aussi des pièces actuelles. LC
Winterthour
Gerhard Richter
Kunstmuseum Winterthur,
Museumstr. 52. Me-di 10h-17h, ma
10h-20h jusqu’au 20 avril. (Rens.
052 267 51 62, www.kmw.ch).
En attendant la grande exposition
de la Fondation Beyeler, en mai
Alors que se prépare au Japon un
Musée Gerhard Richter, l’artiste fait
l'objet d'une double exposition à
Winterthour. L'artiste allemand a
conçu lui-même la première présentation en musée de ses travaux
en relation avec le verre - soit deux
sculptures monumentales, des
peintures à la laque sur support de
verre et des bandes colorées. Jeux de
couleurs et de transparence, où la
multiplication de lignes iridescentes donne lieu à une impression à
EEXPOSITIONS
SORTIR
jet d'encre sur verre. En parallèle, le
musée présente (jusqu'au 27 juillet)
sa collection d'œuvres sur papier du
plasticien, réunie lors d'une exposition itinérante, en 1999. LC
tion thématise cette influence d'artistes tels que Seurat, Signac, puis
Cézanne, Gauguin ou Matisse, sur
les artistes de la Sécession, de la
Brücke et du Blaue Reiter. Une centaine de toiles, tant de précurseurs
français que d'expressionnistes actifs en Allemagne (Kandinsky,
Marc, Jawlensky, Kirchner ou Marianne Werefkin), illustrent le cosmopolitisme de cette tendance au
lyrisme et à l'exacerbation. LC
Zurich
L'expressionnisme
allemand
et la France
Kunsthaus Zürich, Heimpl. 1.
Ma ve-di 10h-18h, me-je 10h-20h
du 7 février au 11 mai. (Rens. 044
253 84 84, www.kunsthaus.ch).
Couleurs et mouvements réunis
autres
lieux
L'expressionnisme, au début du
XXe siècle, fut un mouvement typiquement germanique. Toutefois,
les peintres concernés portaient un
vif intérêt au modernisme apparu
en France. «Van Gogh a frappé l'art
moderne comme la foudre», notait
un observateur allemand. L'exposi-
Genève
artgenève
Geneva Palexpo, tous les jours
12h-20h du 30 janvier au 2 février.
(Rens. artgeneve.ch).
artgenève a le mérite d'être
un peu plus qu'une foire d'art
par les racines - une œuvre de l'artiste suédois Henrik Hakansson. Et
bien sûr, un programme de rencontres qui permet d'entendre artistes et spécialistes. ELC
artgenève affiche depuis trois ans
un caractère résolument contemporain, tout en ne délaissant pas
l'art moderne et en flirtant (un
peu) avec le design. Bien ancrée
dans son terreau local, que ce soit
celui des galeries ou des institutions qui y trouvent aussi leur
place, la petite foire promet de ne
pas chercher à se faire aussi grosse
que le bœuf mais voit malgré tout
au loin. Elle sélectionne avec soin
ses invités internationaux, pour atteindre une soixantaine de galeries, avec de nombreuses mini-expositions consacrées à un seul
artiste, pour flâner sans stress, faire
ses achats ou simplement apprécier. Avec aussi une exposition collective décontractée, façon bar,
deux autres provenant de collections suisses privées, avec des dessins de Pierre Klossovski et des
œuvres appropriationnistes, et
aussi une vaste forêt suspendue
Zurich
Photobastei
Photobastei, Bärengasse 29.
(Rens. www.photobastei.ch).
Sept étages pourla photographie
en plein Zurich: un petit paradis!
Un temple de la photographie
ouvre ses porte, pour huit mois
seulement. Sept étages et 1500 m2
dédiés au 8e art en plein cœur de
Zurich et de son quartier financier,
jusqu'à fin août. Ensuite prendront place des bureaux de luxe.
Paolo Pellegrin, immense reporter
de l'agence Magnum, ouvre le bal
avec ses images de guerres, de
deuils et de catastrophes. Une dizaine d'artistes alémaniques figu-
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l’exposition permanente
L’Aventure humanitaire
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E
SORTIR
EXPOSITIONS
SYMBOLISME
Rêver avec Odilon Redon
Qui veut s'en mettre plein les rêves de couleurs et de fleurs, ou
papillons, ou ombres, s'empressera d'aller découvrir l'exposition dédiée à Odilon Redon à la Fondation Beyeler à Riehen, près de Bâle. A
l'huile comme au pastel, l'artiste français (né en 1840 à Bordeaux, il
est mort en 1916 à Paris) infléchit le symbolisme du côté de la féerie
et de l'onirisme, du songe et parfois de la peur. Issu d'une famille de
la haute bourgeoisie, le jeune Odilon a pourtant connu une enfance
peu heureuse et solitaire. Il s'est alors tourné vers la littérature et les
arts…
Le propos de l'exposition revient à dégager les éléments modernistes, voire avant-gardistes, de cette œuvre qui conserve son aura énigmatique. Son évolution conduit des noirs charbonneux des premiers
fusains à l'exposition chromatique ultérieure, de l'inquiétude à la sérénité. Monstres invraisemblables et créatures célestes peuplent cet univers à part. De nature paisible et solitaire, le peintre n'a accédé que
tardivement à la notoriété. Toutes les phases de sa carrière sont évoquées dans cette exposition, notamment à travers des prêts exceptionnels du Musée d'Orsay. Laurence Chauvy
Le plus somptueux, et mystérieux, parmi les symbolistes
Riehen (BS). Fondation Beyeler, Baselstr. 101.
Lu-ma je-di 10h-18h, me 10h-20h du 2 février au 18 mai.
(Rens. 061 645 97 00, www.beyeler.com).
rent aussi au menu des premières
expositions. Romano Zerbini, qui
préside aux Swiss Photo Awards
depuis seize ans, dirige cet ambitieux programme. CST
europe
Bruxelles
Zurbarán
Bozar – Palais des beaux-arts,
du 29 janvier au 25 mai.
(Rens. +32 2 507 84 44,
www.bozar.be).
Un maître de l’âge d’or espagnol
Francisco de Zurbarán (15981664) est présenté ici de façon
chronologique, depuis sa production de jeunesse à Séville
jusqu'aux dernières peintures
réalisées à Madrid. Il est un des
principaux artistes de la ContreRéforme, qui cherche à insuffler
dans ses peintures une sorte de
perfection spirituelle. Qu'il pei-
COLLECTION DIAN WOODNER, NEW YORK
Toiles, pastels, dessins et lithographies composent une riche rétrospective
Odilon Redon, «Ophélie», 1900-1905. Pastel sur papier sur carton, 50,5 x 67,3 cm.
gne le Christ en croix ou un simple
agneau, une scène de vie religieuse ou quelques citrons, une
simplicité expressive émane de la
toile. ELC
Paul Lang, du Musée des beauxarts du Canada (et anciennement
au Musée d'art et d'histoire de Genève), et Philippe Kaenel, de l'Université de Lausanne. ELC
Paris
Olivier Mosset
Gustave Doré
Centre culturel suisse,
jusqu’au 30 mars.
(Rens. +33 1 42 71 44 50,
www.ccsparis.com/fr).
Un concept d'exposition généreux
Musée d'Orsay, du 18 février au
11 mai. (Rens. +33 1 40 49 48 00,
www.musee-orsay.fr).
Des images porteuses de pans
entiers de la littérature mondiale
C'est l'occasion d'apprécier les talents virtuoses et magistraux d'un
illustrateur qui a su faire son
grain des plus grands textes, de la
Bible à Shakespeare en passant
par Dante, Rabelais, Perrault, La
Fontaine, Hugo, Poe... Sans
oublier qu'il a aussi développé
son propre univers. Grandes peintures, aquarelles, dessins et même
sculpture, musique, aucun domaine ne semble pouvoir échapper à cet artiste. Le commissariat
de l'exposition est partagé entre
Edouard Papet, du Musée d'Orsay,
pas oublier de découvrir, dans la
petite salle, l'installation planétaire du jeune artiste Julian Charrière, We are all astronauts. ELC
Villeneuve-d'Ascq/F
Partagé entre Tucson, Etats-Unis, et
la Suisse, Olivier Mosset est certes
une figure de la peinture abstraite
géométrique. Mais c'est à son goût
pour la collaboration que le CCS a
fait appel pour cette exposition
qui réunit des propositions artistiques imaginées avec d'autres créateurs, plasticiens mais aussi chorégraphe ou créateur lumière. C'est
donc une exposition d'Olivier
Mosset avec John Armleder, MarieAgnès Gillot, Amy Granat & Drew
Heitzler, Madjid Hakimi, Jacob
Kassay, Alix Lambert, Bertrand Lavier, Mai-Thu Perret, Jeffrey Schad
& Vincent Szarek. Voilà pour le générique principal. Et il ne faudra
57
Meret Oppenheim
LaM – Lille Métropole
Musée d'art moderne,
du 15 février au 1er juin.
(Rens. +33 3 20 19 68 68,
www.musee-lam.fr).
Pour dépasser la question du genre
Née en 1913 à Berlin, Meret Oppenheim vit une enfance partagée
entre Delémont, Bâle et l’Allemagne. En 1932, elle part étudier les
arts à Paris. Elle inspirera, muse de
Man Ray, mais sera aussi inspirée,
très vite reconnue pour ses objets
surréalistes, comme ce Déjeuner en
fourrure de 1936. Revenue en
Suisse, elle traverse une longue
crise entre la fin des années 30 et le
milieu des années 50. Forte de 200
pièces, c'est la première rétrospective qui lui est consacrée en France
depuis son décès en 1985. ELC
EEXPOSITIONS
SORTIR
PEINTURE
Denis Diderot et l'art de son temps
MUSÉE NATIONAL DES CHÂTEAUX DE VERSAILLES ET DE TRIANON, VERSAILLES
La Fondation de l'Hermitage, à Lausanne, expose les œuvres du XVIIIe siècle français commentées par l'écrivain
Jean-Marc Nattier, «Jean-Marc Nattier et sa famille», 1730-1762.
Huile sur toile, 142,5 x 163 cm.
On fêtait l'an dernier le tricentenaire de la naissance de Denis Diderot. Le Musée Fabre de Montpellier, qui possède dans ses collections
plus d'une œuvre de ce XVIIIe siècle français sur lequel l'écrivain philosophe s'est exprimé, a eu la primeur l'automne dernier d'une exposition qui rebondit maintenant à la Fondation de l'Hermitage, à Lausanne.
«C'est vraiment là mon homme que ce Greuze», s'enthousiasme Diderot lors du Salon de 1763, à propos du peintre qui fera bientôt son
portrait. Il commente pour la troisième fois ces vastes expositions d'art
organisées par l'Académie royale de peinture et de sculpture. C'est Friedrich Melchior Grimm qui lui a suggéré de chroniquer ses visites pour
la Correspondance littéraire, philosophique et critique, un périodique destiné à l'aristocratie cultivée dans l'Europe entière. «C'est la tâche que
vous m'avez proposée qui a fixé mes yeux sur la toile et qui m'a fait
tourner autour du marbre», lui écrit-il. Et de poursuivre: «Ces termes
de l'art, unité, variété, contraste, symétrie, ordonnance, composition,
caractères, expression, si familiers dans ma bouche, si vagues dans
mon esprit, se sont fixés.»
Soucieux de vérité, de justesse, soucieux de faire écho aux goûts de
son siècle mais aussi de livrer les siens, son regard s'aiguise. Ainsi du
tableau ci-dessus il écrit: «M. Nattier, célèbre dans l'Art de prêter des
grâces à la Nature sans la faire méconnaître, n'a pas eu besoin de ce
talent pour nous conserver l'image d'une femme que la mort lui a enlevée il y a plusieurs années.» Elisabeth Chardon
Un rendez-vous passionnant avec l'histoire de l'art et celle de la critique
Lausanne. Fondation de l'Hermitage, rte du Signal 2.
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Sortir n° 1

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