La sexualité au Maroc : point de vue de sexologues femmes

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La sexualité au Maroc : point de vue de sexologues femmes
Sexologies (2010) 19, 53—57
ARTICLE ORIGINAL
La sexualité au Maroc : point de vue de
sexologues femmes夽
N. Kadri (MD) 1,∗, K. Mchichi Alami (MD) 2, S. Berrada (MD) 3
Centre psychiatrique universitaire Ibn Rochd, rue Tarik Ib Ziad, Casablanca, Maroc
Disponible sur Internet le 24 avril 2009
MOTS CLÉS
Sexualité ;
Islam ;
Dysfonctions
sexuelles ;
Sévices aux enfants ;
Comportement sexuel
Résumé Après une vue sur les aspects religieux et culturels qui régissent la sexualité au Maroc,
nous abordons diverses études menées par notre équipe au cours des dernières années sur la
sexualité de la femme marocaine. En effet, des études menées à Casablanca au Maroc, ont
exploré divers aspects de la sexualité dans une société musulmane traditionnelle : le comportement sexuel, la sexualité lors du mois de Ramadan, les dysfonctions sexuelles, l’abus sexuel
à l’enfance, l’impact de la ménopause, d’une grossesse et d’une mastectomie sur la sexualité.
Il en ressort les conclusions suivantes : le tabou demeure pesant, le manque d’information, les
mêmes pratiques et troubles sexuelles que dans les pays occidentaux et l’éducation sexuelle se
focalisent sur la hashouma (mélange de honte et d’interdit) et la préservation de la virginité.
© 2009 Publié par Elsevier Masson SAS.
Introduction
Au Maroc, pays de culture arabo-berbéro-musulmane, la
sexualité est soumise à une influence multifactorielle
d’ordre biologique, culturel, éthique, psychologique, social,
etc.
La sexologie, comme science clinique, émerge dans un
pays de grand contraste et de diversité (Kadri et al., 2001),
mais est bien ancrée dans les traditions arabo-musulmanes.
DOI de l’article original : 10.1016/j.sexol.2009.03.005.
This issue also includes an English abridged version: Kadri N,
Mchichi Alami K, Berrada S. Sexuality in Morocco: Women sexologist’s point of view.
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (N. Kadri).
1 Professeur de psychiatrie.
2 Professeur assistant de psychiatrie.
3 Professeur agrégé.
夽
1158-1360/$ – see front matter © 2009 Publié par Elsevier Masson SAS.
doi:10.1016/j.sexol.2009.03.004
• Le Maroc est un pays de grand contraste et de diversité en pleine transition socioéconomique, puisant
ses racines dans les traditions arabomusulmanes.
• L’islam est une religion monothéisme qui encourage
le plaisir mutuel entre les époux ; le mariage étant
est le seul cadre autorisé de la sexualité.
• Les études soulignent le poids du tabou, le manque
d’information, les mêmes pratiques et troubles
sexuelles que dans les pays occidentaux.
• L’éducation sexuelle se concentre sur la hashouma
(mélange de honte et d’interdit) et la préservation
de la virginité.
Sous nos contrées, l’exploration épidémiologique de la
sexualité et de ses troubles est encore rare. Cependant,
notre pratique quotidienne montre la fréquence élevée des
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N. Kadri et al.
troubles sexuels et les perturbations relationnelles sociales
médicolégales qui en découlent.
Dans cet article, nous avons choisi de donner une vue
globale du Maroc, des aspects religieux qui régissent la
sexualité en islam et par la suite donner les résultats des
diverses études menées par notre équipe au cours des dernières années sur la sexualité de la femme marocaine.
Le Maroc est bordé par l’Algérie à l’est, la Méditerranée au nord, l’océan Atlantique à l’ouest et la Mauritanie
au sud. C’est une monarchie constitutionnelle et l’islam est
la religion officielle. En 2005, la population marocaine était
autour de 31,5 millions, et 55 % vivaient en zones urbaines.
La densité démographique est autour de 44/km2 , avec un
maximum de concentration dans des villes comme Casablanca qui constitue la deuxième ville la plus peuplée en
Afrique. Le taux d’analphabétisme est de 41,2 %, qui est
plus prévalent en zone rurale. Alors que la population marocaine est jeune, le vieillissement de la population progresse
continuellement. L’espérance de vie actuelle est évaluée à
70 ans.
L’ethnie prédominante est arabo-berbére, soit 99 % de
la population. La langue officielle est l’arabe. La langue
usuelle est le dialecte marocain qui est relativement différent de l’arabe classique.
Le Coran a cité les grandes lignes de la pratique sexuelle
dans une douzaine de versets, spécialement :
• la reproduction humaine et l’évolution embryonnaire ;
• le comportement des deux époux durant leur intimité
lors de différentes circonstances (menstruation, durant
le mois de Ramadan, lors du pèlerinage. . .) ;
• le mariage et les conditions de réussite de la vie conjugale ;
• la grossesse.
Dans la tradition du prophète, on peut trouver des centaines de hadiths (un ensemble de paroles prononcées par
le prophète pour débattre de certains sujets avec ses disciples appelés « compagnons ») évoquant la sexualité. Ces
hadiths servent comme percepts et directives, exposant le
comportement du prophète lui-même, qui a été le premier
à insister sur l’éducation sexuelle. L’islam encourage à vivre
la sexualité comme un facteur important et obligatoire de
plaisir et d’épanouissement du couple ; aspect important de
la sexualité en islam.
Cette dernière est caractérisée par l’ensemble de principes suivants :
•
•
•
•
•
•
•
•
elle ne se conçoit que sous le cadre du mariage ;
les deux sexes se dévouent mutuellement ;
c’est un besoin qui doit être satisfait ;
le plaisir en est un de ses objectifs ;
elle se pratique dans l’intimité ;
le rapport sexuel entre les époux est un acte charitable ;
besoin d’attention mutuelle lors du rapport sexuel ;
l’homme est dans l’obligation de satisfaire son épouse.
Par ailleurs, la sexualité a un impact important sur la
santé mentale de la femme, tant dans la recherche de
satisfaction de besoins émotionnels, psychologiques que
physiques (Kadri et Moussaoui, 2001; Kadri et al., 2007).
Enquêtes épidémiologiques
Le comportement sexuel féminin, étude
épidémiologique en population générale (Khadija
Mchichi Alami et al., 2000)
L’objectif de cette étude est d’explorer la sexualité des
femmes âgés de 20 ans et plus. L’étude a été menée sur un
échantillon représentatif de la population casablancaise de
800 personnes. De cette étude ressort plusieurs données :
• la virginité est considérée comme un devoir social à sauvegarder dans 98,8 % des cas ;
• les relations sexuelles avant le mariage sont prohibées
dans 82,8 % des cas ;
• 15,9 % des femmes n’ont jamais eu de rapport sexuel de
leur vie ;
• l’éducation sexuelle est vue comme ayant un impact
négatif sur les enfants dans 31,5 % des cas ;
• l’infidélité est considérée comme pardonnable pour les
hommes, mais impardonnable pour les femmes dans 80 %
des cas ;
• il y a confusion entre la longévité sexuelle et l’activité
hormonale dans 83 % des cas : les femmes ménopausées ont précisé que, naturellement, les femmes n’ont
aucun intérêt sexuel et pourraient cesser leurs activités
sexuelles ;
• la stérilité du couple est considérée comme une tragédie pour les femmes dans la plupart des cas, parce que
les hommes ont le droit d’épouser d’autres femmes pour
cette même raison et, dans la plupart des cas, la femme
est considérée comme la cause de stérilité ;
• au moins 30 % des femmes ont déclaré ne pas avoir de
préliminaires à l’acte sexuel, même si, l’un des Hadiths
a parlé de la notion suivante : « aucun homme ne tombe
sur sa femme comme un animal. Il y a un messager entre
eux. . . Le baiser » rapporté par Oum Salama ;
• la masturbation est considérée comme interdite par la
religion (90 %), conduisant à la culpabilité et la honte
(83 %) et comme autorisée par la religion comme un
moyen d’apaiser les effets de l’abstinence sexuelle (15 %).
L’école Hambalite est claire à ce propos : « la masturbation est tolérée quand elle permet d’éviter l’adultère ou
un risque sur la santé physique, ou de ceux qui n’ont pas
la possibilité de se marier (Kachâfoul Qina’ et Ghâyatoul
Mountahâ) » ;
• les femmes sont très réticentes à parler de la sodomie,
mais 3,2 % d’entre elles ont précisé que leur mari les
obligeaient à se soumettre à cette pratique malgré leurs
refus. De nombreux Hadiths l’interdisent : « l’homme a le
droit de prendre sa femme de l’endroit où il veut, mais
avec le but de la pénétrer dans le vagin » (Al Boukhari,
Moslim) ; « Allah ne considère homme qui sodomise son
épouse » (An-nassa’i).
Ramadan et sexualité (Berrada et al., 2007)
Les rythmes de vie changent durant le mois de Ramadan
aussi bien sur le plan physique que psychique. Le mois du
jeûne est démarré le plus souvent sans aucune préparation
préalable à tous ces changements. Les gens changent leurs
La sexualité au Maroc : point de vue de sexologues femmes
habitudes de vie d’un jour à l’autre : rythme alimentaire,
durée et rythme de sommeil. La personne doit s’adapter à
ces changements au début et à la fin du mois sacré. Tout en
sachant que la sexualité est un processus complexe soumis à
une coordination entre le système neurologique, vasculaire,
endocrinien et psychologique (Berrada et al., 2007). On peut
supposer que la vie sexuelle des jeûneurs est perturbée. La
sexualité durant le mois de Ramadan n’a jamais été explorée, pourtant elle concerne plus d’un milliard de personnes
à travers le monde.
Cette étude a eu pour but d’évaluer l’activité
sexuelle durant le mois de Ramadan et d’obtenir des
données sur la fréquence des différentes dysfonctions
sexuelles en les comparant à une période en dehors du
jeûne.
C’est une étude transversale à visée descriptive et analytique qui a eu lieu durant les mois de Ramadan des
années 1424 et 1425 correspondant aux mois d’août à septembre 2003 et de septembre à octobre 2004.
Cent treize personnes ont été incluses. Tous les entretiens se passaient après la rupture du jeûne pour ne pas
heurter certains pratiquants qui auraient été gênés à parler de sujets à thématique sexuelle lors de la période de
jeûne.
Les données ont été collectées une semaine avant Ramadan (S-1), la première semaine (S1) et la quatrième semaine
(S4) du mois de Ramadan.
Les principaux résultats ont été les suivants :
• avant Ramadan, la fréquence des rapports sexuels était
de deux à trois fois par semaine pour 56 % des interviewés
alors qu’ils ne représentaient plus que 29 % à la quatrième
semaine du mois de Ramadan (S4) ;
• 16 % n’ont eu aucune activité sexuelle durant le mois de
jeûne alors que 100 % de l’échantillon a eu au moins un
rapport sexuel durant le mois précédent ;
• il y a eu une diminution du désir sexuel chez 52,3 % de
l’échantillon à la première semaine (S1) ;
• avant le mois de Ramadan, 78,4 % des sujets avaient pratiquement toujours leur orgasme, cette prévalence a baissé
pour atteindre 69,3 % à S1 puis augmente légèrement à S4
pour atteindre 70,5 % ;
• uniquement 4,5 % des sujets rapportent une souffrance
subjective de l’abstinence en dehors du jeûne alors que
26,1 % des interviewés en souffrent à S1 et à S4 ;
• les femmes qui souffraient de dyspareunie étaient de
2,3 %. Cette prévalence a doublé en S1 et atteint 4,5 %
à S4 ;
• la prévalence de femmes souffrant de vaginisme est de
3,4 % avant et durant le mois de Ramadan.
Des résultats statistiquement significatifs ont concerné
la satisfaction de la vie sexuelle, la durée du rapport
sexuel sans les préliminaires (minimum), l’impact négatif
de l’abstinence.
Troubles sexuels chez les femmes (Kadri et al.,
2002)
Le dysfonctionnement sexuel est défini comme une perturbation des processus qui caractérisent le cycle de la
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Tableau 1
Troubles sexuels chez les femmes.
%
Prévalence
Diminution du désir sexuel
Aversion sexuelle
Trouble de l’orgasme
Dyspareunie
Vaginisme
26,6
19
15
12
8
8
n
194
90/491
70/466
53/459
35/464
29/465
réponse sexuelle ou comme une douleur associée aux rapports sexuels.
L’objectif de cette étude épidémiologique, consiste à
déterminer la prévalence de la dysfonction sexuelle chez
la femme.
Cette étude a été menée sur un échantillon représentatif d’une population de 728 femmes casablancaises âgées de
20 ans et plus.
Un questionnaire établis par les auteurs a permis de
recueillir, en arabe dialectal marocain, des informations sur
le statut sociodémographiques. Les critères de la dysfonction sexuelle étaient ceux du DSM IV et évalués sur les six
mois précédant l’étude. Les résultats sont présentés dans le
Tableau 1.
Femmes marocaines ayant des antécédents de
sévices sexuels : une étude sur une population
générale (Mchichi Alami et al., 2004)
La violence sexuelle sur enfant pourrait être définie comme
un contact sexuel, qui est imposée à un enfant qui manque
de maturité et de développement cognitif. L’objectif de
cette étude épidémiologique est de déterminer la prévalence des abus sexuels chez l’enfant et ses répercussions à
long terme.
Cette étude a été réalisée dans un échantillon représentatif de la population de 800 femmes âgées de 20 ans et plus
à Casablanca.
Durant l’entrevue, les femmes ont donné leur consentement et ont répondu à des questions générales et non
spécifiques. Toutefois, 33 % d’entre elles ont refusé de continuer lorsque nous avons commencé à parler d’abus sexuels.
Nous pensons que ce refus est probablement dû au fait que
le sujet est trop tabou pour elles ou qu’elles ont été ellesmêmes victimes d’abus. Le principal résultat est que 9,2 %
(n = 65) ont signalé avoir été victime d’abus sexuels durant
leur enfance. La prévalence de chaque type de violence
était comme suit : 6,4 % des femmes ont précisé qu’elles
avaient déjà souffert d’agression verbale suite à un appel
téléphonique à caractère pornographique, mais 23 femmes
ont refusé de répondre, 3,9 % (n = 27) ont déclaré avoir subi
des rapports sexuels sous la contrainte, mais 33 femmes ont
refusé de répondre, 7,6 % (n = 53) ont signalé avoir expérimenté des caresses forcées, mais 32 femmes ont refusé
de répondre. Dans la plupart des cas, l’agresseur est un
membre de la famille (20,4 %) ou une personne connue de
la victime (35,8 %). L’âge de l’abus était compris entre 13
et 20 ans dans 67,3 % des cas. Des corrélations positives ont
été trouvées entre :
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•
•
•
•
•
•
N. Kadri et al.
la violence sexuelle ;
une dyspareunie (p = 0,035) ;
un vaginisme (p = 0,007) ;
un trouble de l’excitation sexuelle (p = 0,035) ;
la notion de prostitution (p = 0,000001) ;
une dépendance aux substances au cours de la vie adulte.
Ces résultats confirment que l’abus sexuel est une réalité
au Maroc et qu’il y a un besoin pour une éducation sexuelle
et une prévention efficace.
Ménopause et santé mentale : une étude
comparative entre les populations marocaines et
tunisiennes (Kadri et Zarbib, 2000)
L’objectif de cette étude était d’explorer la santé mentale
et sexuelle de deux populations de 100 femmes ménopausées (Casablanca et Tunis).
Elles étaient âgées entre 40 et 60 ans. Elles étaient toutes
mariées, multipares, avec de faibles niveaux d’éducation et
de niveau socioéconomique faible ou modéré. La moyenne
d’âge de la ménopause était de 51,64 ans pour l’échantillon
marocain et de 48,74 ans pour les Tunisiennes (p = 0,5).
La baisse de l’activité sexuelle a été retrouvée dans
86,5 % chez les femmes marocaines et dans 63,3 % pour
les femmes tunisiennes. Les causes recueillies auprès de
l’échantillon marocain étaient essentiellement une dyspareunie (8,9 %), une sécheresse vaginale (17,80 %) alors que
pour l’échantillon tunisien la dyspareunie a été rapportée
par 5,5 % des femmes et la sécheresse vaginale par 16,70 %
des femmes.
Discussion
À travers ces études épidémiologiques, nous constatons qu’il
y’a un contraste entre le dire des gens et leur comportement sexuel et que notre culture a un impact sur notre
comportement sexuel.
En outre, la prévalence des dysfonctions sexuelles est
aussi élevée que dans les pays occidentaux avec un impact
négatif sur le fonctionnement social, la relation conjugale
et la qualité de vie. Toutefois, comme le domaine sexuel
est encore tabou, très peu de gens cherchent de l’aide et
les professionnels de la santé n’ont pas de formation académique spécifique pour une prise en charge adaptée. De
plus, nous avons mené plusieurs interventions directes au
niveau des media et qui ont montré que le public marocain reconnaît l’intérêt de l’information et d’une éducation
sexuelle respectant nos bases culturelles, garant d’une
santé sexuelle et, par ailleurs, une santé mentale adéquate.
Soucieux de ce grand manque, nous avons mis en place
un diplôme universitaire de sexologie qui a commencé en
2004 à l’université de médecine de Casablanca.
L’objectif de ce diplôme est de former des médecins à la
sexologie clinique. La durée de la formation est de deux ans
et comprend :
• la sexualité normale :
◦ l’anatomie,
◦ la physiologie,
◦ le développement,
◦ la psychologie,
◦ la culture,
◦ les aspects historiques et anthropologiques ;
• l’éducation sexuelle ;
• les dysfonctions sexuelles ;
• les prises en charge.
Concernant les violences sexuelles, 9,2 % ont été victimes, la période la plus vulnérable est pendant l’enfance
et l’adolescence. Les effets négatifs de cette violence
s’étendent à la vie adulte (Alami et al., 2006). Ces résultats confirment que la violence sexuelle est une réalité au
Maroc et il y a un besoin pressant d’éducation sexuelle et
de prévention efficace contre la violence sexuelle.
Les résultats de l’étude menée pendant le mois de
Ramadan suggèrent une altération de la fonction sexuelle.
Plusieurs paramètres socioculturels ont été incriminés. En
effet, un grand nombre de musulmans jeûneurs passent
un temps important à prier le soir à la mosquée : prière
« tarawih », c’est une prière qui se pratique au-delà des
cinq prières usuelles. Une bonne partie de la soirée est
consacrée ainsi aux pratiques religieuses. Les veillées
« ramadanesques » sont marquées par les réunions familiales
et la multiplication des invitations à domicile le soir, ce
qui écourte encore une fois la vie intime des conjoints.
Par ailleurs, il est obligatoire, après un acte sexuel de
faire « les grandes ablutions » qui consistent à se laver le
corps en entier après un acte sexuel afin de pouvoir prier
et jeûner. Par conséquent, certaines personnes, et surtout celles qui ont l’habitude d’aller au bain maure (ou
qui n’ont pas de douches chez elles) à l’extérieur, évitent
le rapport sexuel pour éviter ce déplacement. Ainsi, ces
changements dans le comportement sexuel des jeûneurs
ne sont-ils pas conséquence des changements du rythme
de vie du mois de Ramadan ? Faudrait-il chercher à les
changer ou sont-ils des variations dans notre vie à respecter ?
Conclusion
Au terme de ces études, nous avons constaté que le
comportement sexuel dans un pays comme le Maroc est
influencé par plusieurs facteurs notamment la confusion entre diverses croyances, d’ignorance, le tabou,
les perturbations éducatives et psychologiques. De plus,
il est très loin de ce que la religion a codifié. Ce fait
confirme que la perception et le comportement dans ce
domaine sont plus motivés par la tradition plutôt que la
religion.
Par ailleurs, les taux de dysfonctions sexuelles, la violence sexuelle et d’autres perturbations sont similaires à
ceux trouvés dans d’autres pays à travers le monde.
Références
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La sexualité au Maroc : point de vue de sexologues femmes
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