de la naissance vers l`age adulte

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de la naissance vers l`age adulte
DE LA NAISSANCE VERS L’AGE ADULTE
DEVELOPPEMENT PSYCHO-AFFECTIF
Les étapes qui marquent le développement psychoaffectif sont communes à tous les
individus, mais chacun les vit à un rythme qui lui est propre.
1- La petite enfance (de 0 à 6 ans) :
Dès sa naissance, le bébé est dépendant de son environnement ; en général, la
sensualité est présente par la succion et le rapport étroit avec le corps de la mère que le bébé
vit comme une continuité de son propre corps. L’individualisation se fait graduellement ; elle
permet au bébé de découvrir petit à petit son corps et le plaisir mais aussi le déplaisir qu’il
peut lui procurer. Trois phases orale, anale, phallique et œdipienne sont classiquement
distinguées :
♦ Le stade oral (de 0 à 12 mois) :
A cette phase, la zone buccale et les lèvres n’ont pas seulement une fonction nutritive
mais elles sont aussi source de plaisir grâce à l’afflux du lait chaud et au contact avec le sein
maternel et à la succion.
Après la poussée dentaire, une activité de morsure et de dévoration s’associe à cette
jouissance première.
♦ Le stade anal (de 2 à 3 ans) :
L’enfant acquiert une certaine maîtrise de ses gestes et de ses réflexes, qui lui assurent
notamment le contrôle émonctoire. Dans le même temps, il cherche à faire plaisir à sa mère ;
c’est ainsi que la première selle faite, suite à une demande maternelle est le premier cadeau
que l’enfant lui fait.
♦ Le stade phallique (de 3 à 4 ans) :
La zone érogène est le phallus avec le double plaisir de la miction et de la rétention.
C’est à ce stade que l’enfant prend conscience de la différence anatomique des sexes (présence
ou absence de pénis). Cette découverte introduit dans la dimension soit de l’angoisse de
castration (garçon) soit de manque (fille).
L’enfant élabore des « théories » sexuelles en fonction de son vécu et de son
incapacité à les intégrer sur un plan rationnel ; Ce sont les théories infantiles de la
fécondation, de la naissance, de l’accouchement et du coït.
♦ Phase oedipienne (de 5 à 6 ans) :
Cette phase est caractérisée par des désirs amoureux à l’égard du parent de l’autre sexe
et des sentiments hostiles envers le parent de même sexe qu’il ressent comme un rival qu’il
faut éliminer.
Chez le garçon l’attrait pour la mère - qui va de pair avec une certaine hostilité à l’égard du
père - fait suite à la découverte de la différence des sexes. Il se développe alors chez lui une
angoisse de perdre son pénis (angoisse de castration) par son père qui progressivement devient
pour l’enfant le modèle à imiter dans son projet de séduire la mère.
Quant à la fille constatant sa privation du pénis, elle développe une “ envie du pénis ” qui se
substitue ou s’associe progressivement au désir d’avoir un enfant du père comme
compensation possible. Ce désir s’exprime sous forme de rêveries et de rêves. Cependant, peu
à peu, l’illusion et l’espoir vont s’effacer devant la réalité et la fille sera amenée dans sa quête
séductrice de son père à se rapprocher de sa mère et à s’identifier à certaines de ses conduites.
2- La grande enfance (de 6 à 10 ans) ou période de latence :
Cette période est marquée par un amendement des conflits psychologiques de la
première enfance ainsi que la désexualisation progressive des pensées et des comportements.
L’enfant déplace son attention sur des activités sociales plus larges et des milieux relationnels
différents (école, groupe d’enfants,...). Il est de plus en plus conscient de sa différence avec le
sexe opposé ; pour se sentir en sécurité dans sa propre identité, il s’associe aux camarades de
même sexe dont il adopte les clichés et les stéréotypes.
Cette période est marquée par des questionnements concernant la naissance, la
grossesse, avec une demande d’information de plus en plus précise.
3- La puberté :
Période charnière elle marque explicitement le passage de l’enfance à l’adolescence.
Cette période de bouleversements physiques et physiologiques effraie souvent les jeunes même préparés - car elle leur apparaît comme incontrôlable.
♦ Le corps :
Les changements physiques intenses subis à cette période modifient la représentation
du corps chez le jeune. En effet, il voit son image changer tous les jours. Ceci s’accompagne
d’anxiété et d’insécurité d’autant plus grandes qu’il a du mal à imaginer à quoi il va
ressembler. D’où un grand souci de normalité, qui l’amène à chercher des références auprès
du groupe, d’idoles, des médias. Il s’ensuit une attitude égocentrique, où le jeune croit être le
centre d’intérêt des autres en ce qui concerne son apparence physique et son comportement.
La fantaisie sexuelle et la masturbation servent souvent d’apprentissage aux relations avec
l’autre.
♦ l’Identité sexuelle :
La préoccupation majeure du jeune est son corps et sa sexualité. Cet intérêt est lié à la
poussée hormonale mais également, au besoin d’identification et d’expérimentation sociosexuelle. C’est l’âge des tensions corporelles.
♦ Les relations aux autres :
C’est la période des tentatives d’approche de l’autre, souvent maladroites, incertaines,
parfois agressives. Le jeune teste son pouvoir de séduction. Il se cherche plus dans l’autre
(relation en miroir) qu’il ne recherche l’autre. C’est la période des premiers émois amoureux,
vécus de manière romanesque, d’où les grands chagrins.
Il pose beaucoup de questions sur la sexualité, auxquelles, - s’il ne trouve pas
d’interlocuteur(trice) compétent(e),- il répond avec beaucoup d’imagination et de mythes.
Le discours sur le sexe a valeur d’échange social, il sert à affirmer l’expérience et à
valoriser l’identité sexuelle. L’adolescent éprouve le besoin d’être rassuré sur ses capacités à
“ faire des enfants ” et sur l’accès aux autres et au plaisir.
♦ La sécurité est dans le groupe le plus souvent du même sexe, au sein duquel il est reconnu,
et où il subit des pressions vis à vis de l’agir sexuel. Il est plus sensible aux médias, aux
stéréotypes, à la mode, il est à la recherche de modèles. C’est une période clef pour le
développement du jugement moral et donc également de grande vulnérabilité sur ce plan
(sectes, extrémismes religieux,…).
4- L’adolescence :
L’équilibre affectif acquis précédemment est bouleversé par l’avènement de la
maturité génitale ; on assiste à la reviviscence de tous les conflits infantiles.
La réactivation de ces conflits ainsi que les transformations corporelles sont à l’origine
des perturbations de l’équilibre psychique et vont appeler des réaménagements qui amèneront
la vie sexuelle infantile à sa forme définitive (stade génital).
A cette période, la masturbation, seule forme d’activité sexuelle initialement possible,
s’accompagne volontiers de fantasmes variées, concernant parfois des personnes de
l’entourage proche. Elle est généralement source de culpabilité et d’insatisfaction narcissique
vu qu’elle marque le non accès aux relations hétérosexuelles.
Les flirts et les relations amoureuses apparaissent plus tardivement selon les sujets,
leur maturité affective, leur sexe, leur éducation et leur milieu. La réalisation de rapports
sexuels génitaux satisfaisants est généralement beaucoup plus tardive.
L’adolescence représente la dernière opportunité spontanée pour le sujet de rattraper
les éventuelles insuffisances ou troubles de la période œdipienne. C’est en effet, à l’issue de
l’adolescence que le choix de l’objet sexuel va se trouver définitivement fixé.
Naissance et croissance de l’amour :
Le rapport mère-enfant dans la formation de la personnalité comme dans toute
l’évolution des sentiments est capital. Le bébé trouve tout dans sa mère : “ sa première
connaissance du monde, il l’acquiert dans une relation d’amour personnel ”. Mais cette
première forme d’amour ne distingue nullement l’amour de la mère de l’amour de soi : “ il
s’agit d’abord d’un amour captatif, digestif. Il prend, il avale sa mère, c’est encore lui-même.
Au début, il ne distingue pas entre le sein maternel et son pouce à lui. Il se tète lui-même. Il
s’aime lui-même ”. Le narcissisme joue donc un rôle capital dans les origines de l’amour,
ainsi que dans ses développements ultérieurs.
Le passage de “ l’égoïsme ” à un certain “ altruisme ” amoureux est influencée par les
conditions de vie de l’enfant ; ce dernier aura d’autant plus de chances d’accéder au niveau
véritablement humain de l’amour, qu’il aura reçu lui-même beaucoup d’amour au cours de ses
premières années. « L’amour » étant comme le disait Durkheim, « un fait beaucoup plus
mental qu’organique ».
La complexité amoureuse de l’être humain se développe sur les plans intimement
mêlés du psychologique et du sociologique. La sexualité porte en elle une charge affective
importante ; elle est étroitement liée à toute la vie humaine, y compris dans ses élans les plus
pervers ou les plus nobles. Une éducation exclusivement centrée sur la sexualité, la génétalité
déshumanise son objet : au-delà du rapport des corps, l’amour est un rapport interpersonnel.
La famille doit prendre en main cette éducation amoureuse, qui ne séparera pas le spirituel de
l’organique. Education d’abord par l’amour : un amour familial véritable et intelligent est la
condition fondamentale d’une éducation réussie.
Les premiers mois et les premières années pèsent d’un poids très lourd - positivement
ou négativement - sur l’épanouissement futur de l’enfant : le destin amoureux des individus
se dessine dès leur naissance, si ce n’est avant.
Enfin, l’évolution sexuelle et amoureuse aboutit, dans la majorité des cas, au mariage.
Ce n’est pas seulement la société qui y pousse, mais aussi l’état amoureux qui cherche à se
prolonger, à se pérenniser dans l’institution conjugale (intégrée très précocement comme le
modèle social à reproduire).
Réalisé par le Conseil National de l’Ordre des Médecins en collaboration avec la Direction de Médecine Scolaire et
Universitaire – ministère de la santé publique

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