Métastases vaginales d`un carcinome à cellules rénales

Transcription

Métastases vaginales d`un carcinome à cellules rénales
◆ CAS CLINIQUE
Progrès en Urologie (2005), 15, 319-321
Métastases vaginales d’un carcinome à cellules rénales
Constantine N. MILATHIANAKIS (1), Dimitrios K. KARAMANOLAKIS (2), Walid A. MASSOUD
Xavier ROUMIER (2), Ioannis M. BOGDANOS (3), Paul PERRIN (2)
(1)
(2),
Service d’Urologie, METAXA Memorial Cancer Hospital, Pirée-Attiki, Grèce, (2) Service d’Urologie, Centre Hospitalier Lyon Sud, Lyon, France,
(3) Institut de Physiologie Expérimentale et d’Endocrinologie Oncologique de l’Université d’Athènes, Attiki, Grèce
RESUME
Le carcinome rénal à cellules claires est une tumeur qui métastase rarement au vagin. Seuls 80 cas ont été rapportés dans la littérature. Du fait des particularités anatomiques du drainage veineux du rein gauche, la plupart
de ces métastases ont eu lieu sur des tumeurs rénales gauches. La découverte d’un adénocarcinome ou d’un carcinome indifférencié vaginal doit faire réaliser une imagerie rénale à la recherche d’une tumeur.
Mots clés : Carcinome à cellules rénales, vagin, rein
tains sites, et des irrégularités de surface avec de multiples caryosomes. Le diagnostic final était donc un carcinome rénal à cellules
claires de stade pT3aN0M0 et de grade de Fuhrman III/IV.
La patiente a été perdue de vue car elle a refusé une surveillance
régulière. Elle est revenue en mars 2001 en raison d’un écoulement
sanglant vaginal, indolore et spontané. L’examen gynécologique a
révélé une tumeur polypoïde du tiers supérieur de la face antérieure du vagin, à distance du col utérin. La patiente a été confiée au
gynécologique qui a réalisé une exérèse du vagin. Le résultat anatomopathologique fait état d’une métastase d’un carcinome rénal à
cellules claires, moyennement différencié, infiltrant la paroi vaginale. Cette tumeur consistait en des cellules claires, angulées et
cylindriques, larges, avec des noyaux polymorphes, larges, moyennement pigmentés, et des caryosomes éosinophiles larges (Figure
1). La distribution spatiale était similaire à des formations trabéculaires, avec de multiples insertions fibro-vasculaires (Figure 2).
Les examens histo-chimiques observaient la présence de PAS positif, Diastase négatif, et de granules de collagène. L’immuno-marquage a mis en évidence des cellules tumorales Ca 19.9 normales,
Ca 125 normales et EMA hautement positives. Un nouveau bilan
d’extension a été réalisé et a mis en évidence de multiples métastases pulmonaires bilatérales. Du fait de ce stade métastatique la
patiente a bénéficié d’un traitement palliatif (Doxorubicin liposomial 40 mg/m2/28 jours en IV avec interféron alpha 2_, une fois 1
000 000 UI trois fois par semaine en sous cutané). La patiente, ainsi
que sa famille, ont refusé une surveillance régulière, et la patiente a
de nouveau été perdue de vue.
Figure 1. Coupe histologique de la tumeur avec la technique de l’hématoxyline - éosine (x10). A noter la présence de cellules claires
angulées et cylindriques larges, de gros noyaux modérément pigmentées et polymorphes avec un gros caryosome éosinophile.
CAS CLINIQUE
COMMENTAIRE
Nous avons été amenés à prendre en charge en octobre 1999 une
femme de 67 ans dans le cadre d’une tumeur du rein gauche.
Le carcinome à cellules rénales donne rarement de métastases
vaginales. Moins de 80 cas ont été publiés dans la littérature. La
Les examens complémentaires (scanner et scintigraphie) montraient une volumineuse tumeur hétérogène du rein gauche, de 7 cm
de diamètre, sans extension loco-régionale, sans métastase à distance. Nous avons réalisé une néphrectomie élargie gauche. Les
résultats anatomopathologiques ont mis en évidence un carcinome
rénal à cellules claires (8 x 6 x 6,5 cm) avec infiltration partielle de
la graisse péri-rénale. La tumeur consistait en des cellules claire et
larges, avec des gros noyaux extrêmement polymorphes dans cer-
Manuscrit reçu : mars 2004, accepté : septembre 2004
Adresse pour correspondance : Dr. D.K. Karamanolakis, Service d’Urologie, Centre
Hospitalier Lyon-Sud, 165, Chemin du Grand Revoyet, 69495 - Pierre Bénite Cedex.
e-mail : [email protected]
Ref : MILATHIANAKIS C.N., KARAMANOLAKIS D.K., MASSOUD W.A., ROUMIER
X., BOGDANOS I., PERRIN P., Prog. Urol., 2005, 15, 319-321
319
C.N. Milathianakis et coll., Progrès en Urologie (2005), 15, 319-321
Figure 4. Schéma anatomique rappelant le drainage vénaux utero
vaginale.
Figure 2. La distribution spatiale des cellules tumorales métastatiques dans une coupe histologique avec de l’hématoxyline - éosine
(x10). A noter que la distribution est similaire aux formations alvéolaire ou trabéculaires, avec de multiples insertions fibrovasculaires
parmi elles.
Figure 3. Schéma anatomique rappelant l’anatomie de la veine génitale.
grande majorité de ces cas ont été révélés sur un mode de saignement d’origine vaginale et la découverte était souvent synchrone au diagnostic de la tumeur rénale [2, 3]. 70% de ces
métastases vaginales l’ont été sur des tumeurs du rein gauche [2,
Figure 5. Schéma anatomique rappelant les variants anatomiques du
drainage vénaux col utérine - vagin.
3]. Ceci peut s’expliquer par l’anatomie veineuse du côté gauche.
En effet, la veine génitale gauche se jette directement dans la
veine rénale (Figure 3). Des métastases des organes génitaux
externes peuvent s’expliquer par l’extension rétrograde de la
veine génitale gauche, via la veine rénale gauche [1]. Les
connexions entre la veine génitale et le plexus pampiniforme
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C.N. Milathianakis et coll., Progrès en Urologie (2005), 15, 319-321
expliquent la localisation des métastases dans la partie supérieure du vagin chez cette patiente (Figures 4 et 5). A noter que chez
elle il n’y avait pas de thrombus tumoral dans la veine rénal, que
ce soit aux examens complémentaires ou en per-opératoire [1-6].
La particularité de ce cas était une apparition de cette métastase
de façon métachrone deux ans plus tard. Pour le gynécologue, la
découverte d’un carcinome indifférencié ou d’un adénocarcinome du vagin doit faire réaliser une imagerie rénale à la recherche
d’une éventuelle tumeur rénale primitive [2, 4].
4. MASUDA F., HISHINUMA H., SASAKI T., ARAI Y., SHOJI R., TERAMOTO K., YANAGISAWA M., CHEN Z., MACHIDA T. : Vaginal metastases from renal cell carcinoma : routes of metastasis (author’s translation).Nippon Hinyokika Gakkai Zasshi, 1978 ; 69 : 472-479.
5. QUEIROZ C., BACCHI C.E., OLIVEIRA C., CARVALHO M., SANTOS
D.R. : Cytologic diagnosis of vaginal metastasis from renal cell carcinoma.
A case report. Acta Cytol. 1999 ; 43 : 1098-1100.
6. TANNENBAUM M. : Ultrastructural pathology of human renal cell tumors.
in: Pathology Annual, S. C. Sommer, eds New York. Appleton Century
Crofts, 1971 ; 6 : 249-277.
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SUMMARY
REFERENCES
Vaginal metastases from renal cell carcinoma.
1. ABRAHAM R., THOMAS D.R., FOSTER M.C. : Vaginal bleeding as a presentation of metastatic renal cell carcinoma. BJU Int., 1998 ; 84 : 384-385.
2. ALLARD J.E., MCBROOM J.W., ZAHN C.M., MCLEOD D., MAXWEEL
G.L. : Vaginal metastases and thrombocytopenia from renal cell carcinoma.
Gynecol. Oncol., 2004 ; 92 : 970-973.
3. BOUTROS T. BOUYOUNES, WILLIAM BIHRLE, III. : Renal cell carcinoma presenting as vaginal bleeding. J. Urol., 1998 ; 160 : 1797.
Renal cell carcinoma rarely metastasizes to the vagina, as only 80
cases have been reported in the literature. Due to the anatomical features of the venous drainage of the left kidney, most vaginal metastases
are derived from left renal tumours. Renal imaging looking for a renal
tumour must be performed in the presence of a vaginal adenocarcinoma or undifferentiated carcinoma.
Key-Words: renal cell carcinoma, vagina, kidney.
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