La décentralisation territoriale
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La décentralisation territoriale
Anne GAZIER Fiche de niveau 2. Institutions administratives / 20 juillet 2007 La décentralisation territoriale La décentralisation territoriale consiste pour l'Etat à octroyer le statut de personne morale de droit public à des collectivités infra-étatiques et à donner à leurs organes, qui sont désignés généralement par l'élection, un pouvoir de décision sur tout ou partie des affaires locales. On retrouve ici les trois éléments dégagés à propos de la décentralisation (voir la fiche consacrée à cette notion) : la personnalité juridique (donnée à la collectivité), la gestion des affaires locales et l’élection des organes dirigeants. La décentralisation territoriale ainsi définie se confond très largement avec le principe de la libre administration des collectivités territoriales (voir la fiche consacrée à ce principe). Elle présente des points communs mais aussi d’importantes différences avec la déconcentration (voir la fiche sur Déconcentration et décentralisation). Il convient de la distinguer de deux notions voisines : la régionalisation et le fédéralisme 1. Décentralisation territoriale et régionalisation La décentralisation territoriale s’exerce dans un Etat unitaire. Elle implique une autonomie des collectivités territoriales limitée et encadrée par la loi. Comme l’affirme l’article 72 de la Constitution française, les collectivités territoriales s’administrent librement « dans les conditions prévues par la loi ». Il en résulte notamment que les entités décentralisées ne peuvent se voir accorder un pouvoir législatif. La régionalisation peut, si elle se situe dans le cadre d’un Etat unitaire, désigner la décentralisation appliquée aux régions. Mais elle peut aussi, si on sort de ce cadre de l’Etat unitaire, impliquer une autonomie beaucoup plus large, découlant de la Constitution et comprenant la reconnaissance aux régions d’un pouvoir législatif. La régionalisation va alors beaucoup plus loin dans l’autonomisation que la simple décentralisation. Tel est le cas dans les Etats dits « régionaux » que sont l’Espagne et l’Italie. 2. Décentralisation territoriale et fédéralisme Le fédéralisme répond à trois grandes lois dégagées par le constitutionnaliste Georges Scelle. La première est la loi dite de superposition. Il s’agit de la superposition des ordres constitutionnels et juridiques, c’est-à-dire de la superposition de la Constitution et des lois de la Fédération d’une part, de la Constitution et des lois de chacun des Etats fédérés d’autre part (on a deux niveaux bien distincts : le niveau fédéral et le niveau fédéré). La deuxième loi est celle de l’autonomie des Etats fédérés. Elle signifie que chaque Etat fédéré doit avoir sa propre Constitution, ses propres organes législatif, exécutif et judiciaires et que ses compétences doivent être garanties par la Constitution fédérale. La troisième loi est celle de la participation. Il s’agit de la participation des Etats fédérés à la formation de la « volonté » fédérale. Elle se fait le plus souvent par le biais de la Chambre haute du Parlement où sont représentés les Etats fédérés. La décentralisation territoriale ne peut s’appliquer aux Etats fédérés. Elle donne aux entités décentralisées une autonomie bien moindre que celle dont disposent les Etats fédérés. Cette autonomie est, comme on l’a vu, limitée et encadrée par la loi qui fixe, en particulier, les compétences des collectivités décentralisées. Ces dernières ne peuvent avoir une Constitution et disposer d’un pouvoir législatif. En revanche, la décentralisation territoriale peut s’exercer au sein de chacun des Etats fédérés et s’appliquer aux collectivités qu’il comprend. Bibliographie - DUPUIS (Georges), GUEDON (Marie-José), CHRETIEN (Patrice), Droit administratif, Sirey, Dalloz, 10ème éd., 2007 - GUETTIER (Christophe), Institutions administratives, Dalloz, collection Cours, 3ème éd., 2005 - JAN (Pascal), Institutions administratives, Litec, collection Objectif Droit, 2ème éd., 2005