Discours d`au revoir

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Discours d`au revoir
Programme des Nations Unies pour le développement
Discours d’au revoir
Chères Collègues,
Chers Collègues,
C’est un moment difficile pour moi de vous dire « au revoir » surtout que mon départ est plus
rapide que prévu. Comme vous le savez, le Secrétaire Général de l’ONU, M. Ban Ki-mon m’a
nommé Représentant spécial adjoint (Politique) pour la Mission des Nations Unies en
République du Soudan du Sud (MINUSS).
À chaque fois, quitter un pays signifie quitter des collègues, des amis, un staff très engagé et
professionnel ; cela signifie aussi que je ne pourrai pas poursuivre avec vous notre mission
d’aider les autorités congolaises, et surtout les populations, à sortir de la pauvreté et à
s’engager dans le développement durable.
Mais je ne voudrais pas « plomber l’atmosphère » car vous ne voulez pas que ce « pot d’au
revoir » soit morose et nostalgique, n’est-ce pas ?
Alors je voudrais en quelques mots, vous dire les souvenirs que j’emporte du Congo vers le SudSoudan :
 La RDC est un pays immensément complexe mais tellement passionnant. Tout y est
possible ! Même si mes 4 fonctions étaient lourdes, elles m’ont donné l’occasion de couvrir
de nombreux aspects. J’ai énormément appris en RDC et mon expérience s’est élargie car la
RDC rassemble le pilier développement, le piler humanitaire et la MONUSO. En cela, c’est à
la fois un poste d’observation et un terrain d’action où on peut accomplir de grandes choses.
Ce fut une joie, une fierté et un honneur de travailler avec un staff de qualité, aussi dévoué
et expérimenté que vous. Je l’ai déjà dit auparavant mais je veux souligner encore les
excellentes relations que nous avons réussi entretenir l’Association du personnel et moimême tout au long de ces années, dans le respect et la confiance mutuelle même si parfois
certains discussions étaient très difficiles. Je voudrais également rendre hommage aux
collègues disparus trop tôt et qui ont travaillé avec tant de courage et d’enthousiasme au
service du PNUD.
 J’ai aussi été profondément ému par la capacité de résilience des populations congolaises.
Lors d’une mission sur le terrain, dans le camp de MUGUNGU, une femme m’a regardé droit
les yeux et m’a dit : « Merci pour tout ce que vous faites pour nous, mais ne vous découragez
surtout pas. Continuez à nous aider à instaurer la paix pour que nous puissions retourner
chez et nous nourrir notre famille par notre propre force. » Ce témoignage m’a bouleversé et
quand ma tâche me semble trop dure, je me rappelle le visage de cette dame tellement
courageuse qui a besoin de notre assistance mais qui est bien décidée à s’en sortir par ellemême aussi.
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 On dit que le sourire est la politesse du cœur, et voilà encore un souvenir que je garderai du
Congo : votre sourire franc ou nos grands éclats de rire à faire trembler les murs ! Fous rires
ou sourire discret, cela ne veut pas dire que tout est facile ! Il faut être patient pour ouvrir
les portes et créer la confiance. Si l’on réussit, alors on peut construire des relations
vraiment fraternelles et devenir un membre de la famille. Cette qualité rare ne se retrouve
pas dans tous les pays du monde. Personnellement, elle m’a énormément aidé à affronter
de nombreux défis. C’est pourquoi, je trouve ce proverbe vous va bien : « Si quelquefois
vous rencontrez une personne qui ne vous donne pas le sourire que vous méritez, soyez
généreux, donnez-lui le vôtre ! »
Toutefois, je quitte la RDC avec quelques regrets :
 Je n’ai pas eu suffisamment de temps pour accomplir tout ce que je souhaitais ;
 J’aurais aussi voulu multiplier les rencontres avec vous et peut-être que vous me le
reprochez. Mais sachez que, même à distance, je vous appuyais et que j’étais bien
informé de la vie, des difficultés et des résultats du PNUD ;
 Et puis, évidemment, je regrette que la paix ne soit pas totalement rétablie dans tout le
pays.
Avant de terminer, je voudrais vous laisser trois messages essentiels
Mon premier message est celui-ci : la paix et le développement humain durable sont
indissociables. Tous les projets que le PNUD a engagés et engagera avec le soutien des
autorités, des bailleurs et des bénéficiaires, vont dans ce sens.
Il faut continuer à capitaliser sur la résilience des populations congolaises et leur capacité à
prendre leur destin en main : ces deux éléments doivent être les piliers de notre stratégie.
Travaillons ensemble, allons sur le terrain pour voir la réalité dans les yeux, écouter les
bénéficiaires ; leur donner la parole, tirer profit de leurs expertises et de leurs expériences;
renforçons les liens solides que nous avons créés avec les autorités locales et provinciales,
formelles et informelles. Au cours de mon mandat en RDC toutes les personnes m’ont dit et
répété les deux maîtres mots : PAIX et DÉVELOPPEMENT DURABLE. C’est notre mission.
Mon second message est le suivant: Rêvons que la RDC devienne la locomotive du
développement en Afrique centrale et pourquoi pas, de l’Afrique tout entière.
Ce rêve est-il une utopie ? Pas du tout. La volonté politique de réaliser cette ambition revient
d’abord aux autorités de la RDC qui doivent unir leurs forces dans ce sens. Sans paix, il n’y aura
jamais de développement et sans répartition équitable des ressources et richesses de ce pays, la
RDC restera en proie à ses démons et en bas de classement de toutes les statistiques.
Notre rôle est donc de conseiller les autorités en ce sens mais pour cela il faut que nous
prouvions une exemplarité à tous points de vue.
Et j’en viens à mon troisième et dernier message : Le PNUD-RDC doit rester N°1 dans la
transparence de sa gestion, ses innovations et ses résultats. Il doit rester une source
d’inspiration, à la fois pour les autres bureaux de pays, pour les Sièges et pour les autorités
congolaises. Plus le PNUD sera performant, plus il sera crédible au sein des bailleurs qui
investiront dans nos projets et plus ses conseils en matière de développement humain durable
seront valides aux yeux de nos partenaires.
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Cette année 2015 s’annonce comme une année de transition majeure : le processus électoral se
met tout doucement en place ; le transfert de la MONUSCO s’opère et ici au sein du PNUD, la
reconfiguration du bureau se dessine dans l’optique d’être plus performants; de travailler en
synergies et de réduire les coûts financiers.
Cette année 2015 peut nous amener aussi à réfléchir sur une nouvelle façon d’aborder notre
mission, en étant davantage focalisés sur la recherche de nouveaux bailleurs, en abordant notre
mission sans jamais oublier ni les bénéficiaires ni la visibilité de nos résultats. De nouveaux
secteurs de projets vont s’ouvrir, cherchons à être originaux, créatifs et soyons fiers de la valeur
ajoutée du PNUD dans son leadership du développement humain durable. Bref, soyons
optimistes malgré les difficultés.
Voilà pourquoi j’aime ce proverbe qui, j’espère, vous fera sourire : « L’optimiste et le pessimiste
sont également nécessaires à la société. L'optimiste invente l'avion, le pessimiste invente le
parachute ! «
Je vous remercie infiniment pour votre appui, votre compétence et votre engagement. Le sudSoudan, c’est votre voisin du Nord ! Juba n’est pas si loin !
Je ne vous oublierai pas. Je dirai même que je vous suivrai de près car nous resterons dans le
partage.
Moustapha Soumaré
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