gengis khan et l`empire mongol
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gengis khan et l`empire mongol
GENGIS KHAN ET L’EMPIRE MONGOL Eléments d’une géostratégie pérenne N° 2114 YT Conférence ou exposé ? Je ne suis ni conférencier, ni historien, mais ce que j’aimerais surtout c’est vous faire partager ma curiosité et mes interrogations autour de l’histoire de ce conquérant. En effet, j’ai été au départ très surpris en tombant par hasard sur un vieux bouquin, par la multiplicité des sujets évoqués par l’histoire de Gengis Khan et des Mongoles et ses prolongements jusqu’à notre époque moderne. J’attends donc plutôt votre complicité. Voici le plan que j’ai adopté pour cet exposé, plan qui tient compte de cette complicité, dans la mesure où je voudrais laisser un peu de place aux réflexions, questions et commentaires. 1° D’abord évocation du milieu, l’Asie centrale, dans lequel vécut Gengis Khan. 2° Il faut bien que je raconte son histoire. Mais je vais essayer d’être aussi bref que possible et ne pas vous endormir avec les dates, les noms de lieux et de batailles 3° Commentaires et conséquences historiques de ses conquêtes et de celles de ses successeurs. 1 - Notre histoire va donc commencer - Quand ? en 1154, année de naissance de Gengis Khan. - Où ? Dans une région qui se trouve au nord-ouest de la plus grande construction humaine qui existe au monde, la muraille de Chine, la seule construction humaine que l’on puisse, paraît-il, apercevoir de la lune. C’est plus exactement la région qui se trouve au nord-ouest du désert de Gobi, dans les monts du Kentei près du lac Baïkal, à la source des rivières se dirigeant vers le nord et le nord-est du continent sibérien. C’est une région de steppes, d’herbages, de hauts plateaux. Elle est au pied des plus hautes montagnes du monde. Le climat y est très rude. La terre a subi des millénaires de gel, de pluies, de bourrasques (c’est le pays du loess). C’est le pays du désert de Gobi, uniforme et désolé. C’est aussi au nord et au sud le pays qui voit naître les plus grands fleuves de la planète :Fleuve Jaune, Yang Tsé, Mékong, Gange, Indus, et au nord Irtych, Iénisséi, Amour. C’est un pays de nomades qui se déplacent avec leurs troupeaux au gré des saisons et de l’abondance du fourrage. Temoudjin, le futur Gengis Khan, est né dans ce paysage, dans les monts du Kentei, près des sources de l’Onon, de la Cherlèn et du Tuul. Les nomades1 se déplacent avec leur maison, une tente qu’on appelle gber (ou ger) et non pas yourte comme on le dit souvent par erreur, la yourte étant aussi le territoire de pacage autour de la maison. Cette tente est circulaire, démontable, faite d’une armature de baguettes tressées recouverte de 4 à 5 épaisseurs de feutre blanc (l’ensemble pèse environ 200 kg montage en une heure à 2 personnes). Autrefois cette tente était transportée, non démontée, sur d’immenses chariots tirés par des bœufs. Une famille de cinq personnes devait posséder de 50 à 100 animaux pour survivre : boeufs pour les chariots, chèvres, moutons, yaks et surtout chevaux.2 Les juments étaient et sont toujours utilisées pour leur production de lait. 2 - Je vais donc maintenant essayer de vous raconter cette histoire des Mongols qui commence avec Temoudjin. Je dis bien “essayer”, car l’épopée de Gengis Khan est immense et concerne de multiples peuples et un territoire d’environ 9 000 km de long. Le sujet est immense et même les historiens chevronnés, qui 1 Nomade : du grec nomos : celui qui mène paître le bétail. Petits chevaux mongols spécifiques évoquant les chevaux de Przvalski, race préhistorique dont ils pourraient être issus : 350 kg 1,30 m au garrot. Très robustes : 320 km en une semaine, 1 800 km en 25 jours. 2 ont passé toute leur existence à étudier les Mongols, doivent entamer leurs ouvrages avec des commentaires empreints de modestie. En effet, pour être un bon spécialiste il faut pour explorer les textes, outre sa langue maternelle, connaître l’ancien français, le latin, l’anglais, le russe, l’italien, les dialectes chinois du 13ème siècle, le ouighour, l’arabe de la même époque et j’en passe. Ajoutez à cela que les Mongols de cette époque n’avaient pas d’écriture ; les récits sont ouighours, chinois, perses, arméniens3. Les seuls récits mongols ont été écrits après la mort de celui qu’on a appelé “le grand Khan”, c’est-à-dire le petit-fils de Gengis Khan, soit après 1240. Ces documents sont : 1° Le Livre de la Dynastie d’Or 2° Le Livre de l’Histoire secrète, qui ne devait être lu que par les familles gengiskhanides. Temoudjin avait pour père le chef des Kiyats, Yesukeï, 3 Il ne faut donc pas exclure dans ces récits la possibilité d’un certain parti pris musulman.