Le dépistage analytique en laboratoire du dopage sportif au moyen
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Le dépistage analytique en laboratoire du dopage sportif au moyen
Le dépistage analytique en laboratoire du dopage sportif au moyen de matrices biologiques alternatives à l’urine. Laurent RIVIER (1) (1) Laboratoire suisse d’Analyse du Dopage Institut universitaire de Médecine légale Rue du Bugnon 21 CH – 1005 Lausanne, Suisse Résumé : Les toxicologues forensiques ont une longue habitude d’utiliser à côté de l’urine et le sang des matrices biologiques alternatives telles que divers tissus ou liquides. Dans le cadre des contrôles officiels du dopage sportif, aujourd’hui, seule l’urine est utilisée. Or, des développements méthodologiques importants ont permis l’utilisation d’autres matrices biologiques telles que, par exemple, les cheveux, la salive ou la sueur. Il est aisé de rassembler ces échantillons pour analyse de dépistage bien que les concentrations de xénobiotiques détectés y sont le plus souvent moins importantes que celles que l’on rencontre habituellement tant dans l’urine que dans le sang. Cet article passe en revue les possibilités que représente l’utilisation de ces matrices alternatives. Les problèmes d’échantillonnage, les procédures analytiques correspondantes et l’interprétation des résultats ainsi obtenus sont tour à tour examinés. Mots-clés : drogues d’abus, procédure de tamisage, CPL-SM, stéroïdes anabolisants, hormones, cheveux, salive, sueur. Laboratory analytical screening for sport doping on alternative biological samples to urine. Laurent RIVIER Swiss Laboratory for the Analysis of Doping Institute of Legal Medicine of the University Rue du Bugnon 21 CH – 1005 Lausanne, Switzerland Summary : Forensic scientists have long detected the presence of drugs and their metabolites in biological materials using body fluids such as urine, blood and/or other tissues or liquids. In doping analysis , urine only is officially collected so far. In recent years, remarkable advances in sensitive analytical techniques have encouraged the analysis of drugs in unconventional biological samples such as hair, saliva and sweat. These samples are easily collected, although drug levels are often lower than the corresponding ones in urine or blood. This article reviews studies on the detection of doping agents in hair, saliva and sweat, compared to urine and blood samples. Sampling, analytical procedures and interpretation of the results are discussed concomitantly. Keywords : abuse of drugs, screening, GC-MS, anabolic steroids, hormones, hair, saliva, sweat. Introduction L’analyse d’échantillons biologiques est l’étape indispensable pour déterminer si un individu a absorbé ou non une substance déterminée, quelle soit interdite ou non. Il est important de souligner que dès le départ, le toxicologue analyste, particulièrement lors de cas de dopage, n’a aucun indice sur les substances qu’il va trouver, si bien qu’il doit examiner une vaste palette de composés biologiquement actives et leurs métabolites. Il devra donc mettre en œuvre non pas un mais plusieurs processus – la plupart du temps des analyses chromatographiques – afin de fournir l’identification non-équivoque de la substance ingérée [51]. L’emploi en médecine des stéroïdes anabolisants est limité à très peu d’indications reconnues [37,70], même si elles n’ont que peu de choses à voire avec les compétitions sportives [18]. Le docteur de famille peut suspecter par exemple l’emploi d’agents dopants interdits lorsqu’un jeune athlète présente une forte augmentation de poids ou de masse corporelle, la présence d’œdèmes, de gynécomastie chez les hommes, l’apparition d’un timbre profond de la voix chez la femme, de nouvelles poussées violentes acnéiformes, un changement dans le comportement (irritabilité, humeur variable, dépression), ou développement soudain d’une hépatite chimique. Une attitude attentive et un questionnement prudent effectué sous forme de non-jugement et en connaissance de cause peut parfois amener l’adolescent à confesser l’emploi de stéroïdes et ainsi il est possible d’opter pur une attitude de conseiller [69]. Plus de 100 stéroïdes anabolisants sont facilement accessibles sur le marché noir sous forme orale ou d’injectables [43]. La métabolisation importante de ces xénobiotiques de même que la présence naturelle de certains de leurs métabolites fait que la détection de ces substances est difficile à interpréter. Les résultats positifs des analyses de dépistage sont confirmées habituellement par la combinaison à haute sélectivité de la chromatographie gazeuse et la spectrométrie de masse (CPG-SM, GC-MS, en anglais). Ainsi les stéroïdes peuvent être détectés sans difficultés jusqu’à plus de 4 semaines après la dernière injection pour certains. Normalement, la testosterone (T) est présente dans l’organisme humain en quantité équilibrée par rapport à l’épitestostérone (E). E, qui n’a pas de rôle biologique connu, est l’épimère naturel de T dont on pense que l’origine est extra testiculaire. Le rapport T sur E (T/E) est normalement stable tout au long de la vie de l’individu et il se situe entre 0,5 et 2. A Un rapport égal ou supérieur à 6 (le seuil utilisé par le Comité International Olympique : C.I.O.) est considéré comme la présomption de l’application exogène d’un stéroïde anabolisant. Pour contrer les tendances de certains athlètes à manipuler ce rapport en tendant à l’abaisser par une prise de E exogène, la concentration maximale admise de E a été fixé à 150 ng/ml d’urine. Cette approche très ingénieuse ne s’applique bien évidemment pas au sang, ni aux autres échantillons biologiques. Par contre, les esters de T peuvent être détectés directement dans le sang, ce qui permet de mettre le doigt sur la source de T exogène utilisée [8]. De même, les déterminations des rapports isotopiques 13C sur 12C de la T endogène dans l’urine a également permi de mettre en évidence ce type de manipulations, à condition seulement que la concentration en T soit au moins 50 ng/ml. Les progrès qui ne vont pas manquer dans le développement de cette approche nouvelle permettront d’en améliorer les performances [17]. A côté des agents anabolisants, les hormones peptidiques telles que l’hormone de croissance (hGH), l’érythropoiétine (Epo), l’adrénocorticotropine, la gonadotrophine chorionique, ainsi que leurs facteurs de relargage sont maintenant largement employés par les athlètes. Bien que ces peptides soient tous détectables par les tests immunologiques communément utilisés en chimie clinique, l’acceptabilité de cette approche analytique comme preuve d’administration de la substance dopante n’est pas encore acquise en toxicologie forensique, ni en particulier dans les contrôles du dopage sportif [17]. Avec la disponibilité sur le marché d’un nombre sans cesse croissant de compléments alimentaires, produits de plus en plus systématiquement utilisés par les athlètes [49] et l’existence de nombreux stéroïdes et d’hormones peptidiques synthétiques, la détection de tous ces nouveaux produits est déjà extrêmement difficile dans l’urine [5]. Dans ce contexte, de l’information supplémentaire peut être obtenue de l’analyse d’échantillons encore non habituellement récolté sur le même individu. Le but de cette brève revue est de mettre en évidence les avantages et les limitations de la récolte d’information provenant de l’analyse de ces échantillons non conventionnels en comparaison avec les analyses traditionnellement pratiquées sur l’urine dans le cadre du dépistage du dopage officiel. Echantillons biologiques utiles pour la détection des produits interdits Le développement rapide des nouvelles technologies instrumentales utilisées en analyse toxicologique (GC-MS/MS, LC-MS et CE-MS, [voir par exemple 63,66]) a permis l’émergence de procédés applicables à toute une nouvelle série d’échantillons biologiques qui, à côté du sang, sont, par exemple, les cheveux, la salive et la sueur. A. Urine L’urine est certainement l’échantillon biologique le plus commun utilisé pour la détection des drogues et médicaments. L’échantillonnage est facile à réaliser et n’est pas considéré comme invasif. Les quantités importantes aisément récoltées favorisent la recherche d’un éventail large de substances les plus diverses. De même, elle se conserve bien offrant la possibilité d’envisager d’autres analyses à un temps ultérieur, comme c’est le cas lors de contre-expertises. Cependant, il faut noter que l’échantillonnage est souvent difficile à réaliser après une compétition qui a impliqué la déshydratation de l’athlète, d’autant plus qu’un volume minimal de 75 ml est requis lors des contrôles anti-dopage. La matrice urinaire est relativement simple et les procédures à mettre en œuvre sont plus rapides et plus facilement automatisables en comparaison de celles utilisées pour les autres matrices biologiques. Enfin, les substances actives et leurs métabolites sont généralement stables dans l’urine congelée autorisant ainsi la conservation à long terme des échantillons positifs. Les substances médicamenteuses sont le plus souvent métabolisées par le foie pour former des métabolites polaires qui pourront eux être éliminés plus efficacement de l’organisme via l’urine. Le métabolisme des substances parentes qui sont donc pour la plus part relativement non polaires, est relativement rapide par rapport à leur élimination urinaire. Par contre, l’élimination urinaire de la majorité des métabolites, substances généralement chimiquement polaires, est plus rapide et complète. Il est donc naturel de trouver les métabolites d’une substance médicamenteuse en concentrations plus élevées que la drogue elle-même dans l’urine. C’est pour cela que de nombreux tests immunologiques urinaires destinés à la détection des drogues d’abus met en jeu des anticorps dirigés vers les métabolites plutôt que les drogues elles-mêmes. L’urine peut être facilement adultérée lors de l’émission puisque l’observation directe – comme cela devrait être toujours la règle – n’est pas commune en pratique [67]. En plus, et avec l’exception des stéroïdes anabolisants, le plus grand nombre des substances dopantes sont présentes pendant 2 à 3 jours seulement après la dernière consommation, si bien que seul un usage récent peut être détecté par ce moyen. Il existe certaines exceptions notoires, tels les dérivés du Cannabis qui sont détectables jusqu’à quelques semaines après la dernière consommation selon l’intensité de cette dernière. Les stéroïdes anabolisants, eux peuvent être détectés pendant quelques heures – pour une consommation de la forme orale de T – jusqu’à quelques mois – pour un injection intramusculaire de nandrolone, par exemple. B. Sang La prise de sang est considérée comme un procédé invasif. Elle est donc pratiquée dans les cas cliniques et forensiques seulement. Le sang complet est une matrice complexe, de nature hétérogène et qui change de composition en s’hémolysant. La fenêtre de temps de détection pour la majorité des substances dopantes et leurs métabolites qui sont recherchés habituellement est limitée de quelques minutes à plusieurs heures. L’intérêt du sang réside en la relative bonne corrélation qui existe entre les effets pharmacologiques et toxiques d’une substance et sa concentration sanguine, permettant ainsi la prédiction des effets sur une personne vivante [22]. Les concentrations sanguines (ou plasmatiques) du métabolite – ou le rapport entre la substance mère et son métabolite – peuvent aussi être utilisées afin de différentier une prise aiguë ou chronique de drogue. Lors d’une administration unique, les concentrations sanguines ou plasmatiques peuvent être utilisées pour déterminer le temps écoulé entre la prise de substance et le moment de la prise de sang. De plus, la relation entre concentration sanguine et dosage est directe, souvent linéaire, et même si pour certaines drogues comme les antidépressants tricycliques, par exemple, les effets cliniques ne suivent pas directement les posologies, la règle de la relation dose administrée – concentration sanguine reste généralement applicable [1,19]. Il faut cependant tempérer le potentiel d’utilisation du sang lors de contrôles anti-dopage puisque les concentrations des substances dopantes que l’on peut y détecter sont 10 à 100 fois inférieures à celles que l’on rencontre dans les échantillons d’urine. L’analyse de substances peptidiques pour des composés telles l’hormone de croissance (hGH) et l’érythropoïétine (Epo) semble être préférable sur le sang car leurs concentrations respectives y sont plus élevées que dans l’urine. Cependant, l’urine contient moins de protéines et un laboratoire français a annoncé tout récemment qu’il avait mis au point un procédé pour la mise en évidence de l’Epo recombinante justement dans l’urine. Nous attendons la publication des détails de la méthodologie employée et de sa validation avant d’y adhérer et l’introduire systématiquement dans notre pratique au laboratoire. Le sang permet également de déterminer certains marqueurs biologiques secondaires de l’action de ces hormones : beaucoup d’efforts ont été accomplis récemment dans ce sens pour détecter l’abus de hGH. Les résultats obtenus par un groupe de recherche international viennent d’être dévoilés par le C.I.O. La diffusion publique de ces résultats devrait être réalisée aussi tout prochainement. En fin de compte, il semble que la démonstration complète – utilisant une technique parfaitement discriminante entre les formes endogènes et celles produites par les techniques du génie génétique - de l’abus de ces substances dopantes de type peptidique pourra vraisemblablement se faire au mieux sur un échantillon de sang, en utilisant tout de même un dépistage systématique sur l’urine. Nous ne discuterons pas ici les déterminations des taux d’hémoglogine ou de l’hématocrite et les autres paramètres sanguins mis en place par la Fédération Internationale de Ski (F.I.S.) ou dès 1997 par l’Union Cycliste Internationale (U.C.I.). Effectués juste avant des compétitions tout au long de la saison de ski ou cycliste, ces contrôles sanguins ne sont pas encore considérés par le C.I.O. comme contrôles anti-dopage strictu senso. De même , ce n’est pas l’endroit de discuter le contenu des suivis biologiques récemment mis en place par l’U.C.I. et la Fédération Française de Cyclisme (F.F.C.) car ces actions sont plus destinées à promouvoir des mesures de protection de la santé de l’athlète considéré comme travailleur qu’à des contrôles anti-dopage d’un nouveau genre. C. Cheveux Le cheveux pousse à raison de 0,35 mm par jour en moyenne ou 1 à 1,5 cm par mois selon l’endroit, la race et sexe et l’âge du sujet. Il est nourri au niveau de sa racine par les capillaires sanguins pendant les 4 mois à 4 ans que peut durer sa vie : ainsi le cheveu se trouvera imprégné des substances ingérées par l’individu selon une chronologie qui est possible de reconstituer par l’analyse séquentielle d’une touffe de cheveux. [52]. C’est ainsi que l’analyse des métaux lourds dans les cheveux a débuter vers les années 1950s. Les cheveux ont aussi été utilisé pour déterminer l’exposition nutritionnelle : l’analyse d’éléments en trace a été utilisée pendant des années pour diagnostiquer le statut nutritionnel d’une personne en carence. Les connaissances sur le mécanisme précis de l’incorporation des drogues dans la partie inerte des cheveux formée exclusivement de kératine n’est pas encore connu avec précision et plusieurs processus sont possibles : adsorption de l’environnement externe, transport dans la matrice du chevaux via le sang au niveau du follicule capillaire. C’est pourquoi l’interprétation des résultats des analyses n’est pas simple : une substance détectée dans les cheveux a pu y pénétrer par une voie autre que strictement corporelle. En plus, on reconnaît maintenant que cette voie peut aussi concerner le sébum ou la sueur du cuir chevelu. Malgré ces obstacles, la détection des substances médicamenteuses dans les cheveux s’est beaucoup développées ces dernières années, ouvrant ainsi une fenêtre de détection temporelle plus large que ce qui est possible exclusivement avec l’urine [32,41,55]. La découverte de cocaïne dans les cheveux d’une momie datant du Pérou précolombien suggère que l’analyse des cheveux peut offrir une information sur l’usage de drogues de façon pratiquement indéfinie si les conditions de conservation sont adéquates [60]. Cependant, il apparaît qu’une petite fraction des substances enfermées dans la matrice de kératine peut subir une hydrolyse spontanée, mais que le processus est relativement lent [44]. En plus d’un potentiel diagnostique prometteur des analyses de cheveux, l’échantillonnage des cheveux est facile à réaliser sans créer l’embarras que l’on rencontre habituellement lors des prises d’urine. Les cheveux doivent être conservés et transportés sans réfrigération, contrôle du pH ou l’addition d’agent de conservation comme c’est habituellement le cas pour les autres échantillons biologiques tels que le sang et l’urine. Plusieurs échantillons peuvent être collectés si nécessaire à des intervalles de temps variés de manière à étendre les analyses et confirmer les résultats précédents, des possibilités uniques par rapport aux autres matrices biologiques. La pigmentation des cheveux [23] et les différences de sexe [68] influencent les concentrations des drogues dans les cheveux. Les mécanismes responsables de la distribution des drogues dans cette matrice ne sont pas complètement connus et nos connaissances à cet égard limitées si bien que un effort considérable dans la recherche est nécessaire avant que les concentrations des drogues dans les cheveux puissent être interprétées avec exactitude [15]. En fait, si nous disposons d’une quantité grandissante de publications scientifiques sur la détection des xénobiotiques dans les cheveux, les informations obtenues laissent le plus souvent des points d’interrogations sur leur signification. La concentration de la molécule parente dépasse en général dans les cheveux celles de ses métabolites, même lorsque ni l’une ni les autres ne sont plus détectables dans le sang ou l’urine [21,24]. La détection des métabolites dans les cheveux peut prouver que la substance a passé dans l’organisme [33]. Ce point peut être très important pour le toxicologue forensique comme, par exemple lorsque l’on veut différentier la prise d’héroïne à celle de codéine et/ou morphine seules [41,55]. Les méthodes (détection, identification et dosage) appliquées aux cheveux sont similaires à celles utilisées dans les laboratoires de toxicologie analytique forensique [42]. Tests immunologiques et chromatographies couplées à la spectrométrie de masse sont les plus courantes. A ce jour, plus de 60 substances pharmaceutiques ou drogue d’abus ont pu être détectés dans les cheveux après administration orale ou parentérale. Ces substances sont, à côté des drogues classiques (opiacés, cocaïne, cannabis, amphétamines, methamphétamine, MDMA, MDA et les autres drogues synthétiques similaires), les opioïdes, hallucinogènes, psychostimulants (incluant la nicotine), barbituriques, benzodiazépines, autres sédatifs (hypnotiques, antidépressants, neuroleptiques), drogues cardiovasculaires, drogues antiinfectieuses, en autres [64]. Ainsi, si les autres matrices biologiques offrent ensemble les éléments essentiels à l’élaboration des rapports destinés aux juges, l’analyse des cheveux offre certainement « une perspective unique sur la détermination de la consommation de substances par l’homme ” [28] en permettant d’effectuer des mesures dans un échantillonnage facile d’accès, résistant aux dégradations post mortem et caractéristique de la stabilité des substances qui y sont intégrées. Détection spécifique des agents dopants dans les cheveux Comparé aux stupéfiants, les concentrations de divers agents anabolisants mesurés dans les cheveux sont beaucoup plus basses. Chez des bodybuilders, par exemple, la nandrolone s’étagait entre 190 et 260 pg/mg, le stanozolol de 130 à 160 pg/mg et la testosterone de 45 à 70 pg/mg [10]. Quelques autres substances ont également pu être détectées à des taux similaires : le clenbuterol, le salbutamol, des esters de la testosterone, la methyltestosterone, la déhydromethyltestosterone, la metenolone et son dérivé énantate, et enfin la métandienone [17,27,48,53,56,62]. Dans pratiquement toutes ces situations, seuil le produit parent a été mis en évidence. Dans un seul cas, les métabolites de la métandienone ont pu être identifiés [62]. Dans toutes ces situations, la consommation abusive d’agent anabolisant était connue. Lors de contrôles anti-dopage, l’examen des cheveux peut apporter des renseignements complémentaires à l’analyse urinaire. Par exemple, lors de la détection de beta-2-agonites, la présence de ces substances dans les cheveux permet en théorie de discriminer entre une consommation unique (effet de stimulation uniquement) ou une absoption régulière (effet anabolisant s’ajoutant à l’effet stimulant) [48]. Il ne faut pas être trop optimiste : si ces analyses permettent de clarifier quelques rares situations médico-légales bien particulières, beaucoup de travail de clarification reste nécessaire pour espérer un jour voir les analyses de cheveux appliquées systématiquement dans les contrôles anti-dopage chez les sportifs [50]. D. Salive La salive est un liquide relativement simple formé essentiellement d’eau (90%), de plusieurs enzymes responsables de la scission des hydrates de carbones et de mucines. Trois types de glandes cohabitent dans la cavité buccale : les glandes salivaires de la parotide, submandibulaires et sublinguales. Le passage directe des xénobiotiques du sang à la salive a été suggéré dès 1950. Ces dernières années, les scientifiques se sont intéressés à la salive comme un échantillon alternatif à l’urine ou le plasma pour établir des paramètres de pharmacocinétique des stupéfiants et faciliter ainsi leur suivi chez les consommateurs [7,29,57]. En fait, l’intérêt majeur de la salive réside dans le fait qu’elle est très facilement accessible et que l’échantillonnage est simple à réaliser. Il n’est donc pas étonnant que le nombre de publication consacré à la détection d’agent pharmacologiquement actifs dans la salive soit en augmentation. La détection et le dosage de substances médicamenteuses dans la salive offriront des informations sur l’état de la consommation de l’individu qui subit le test [13]. En général, les concentrations de ces drogues dans la salive sont plus basses que celles que l’on rencontre dans le sang ou l’urine. Les produits parents et non les métabolites y sont détectés. Initialement, l’absorption par voie orale, nasale ou en inhalant de la fumée produit des taux transitoirement plus élevés à cause de la contamination de la cavité buccale. Plus tard, la concentration salivaire est sensée représenter la fraction de drogue libre dans le sang. Cependant, de nombreuses substances médicamenteuses sont des bases faibles et leur concentration dans la salive dépendra donc à la fois du pH et du flux de la production de celle-ci . Ces facteurs sont responsables de la variabilité considérable du rapport des concentrations salive / plasma observé pour beaucoup de substances. Aussi, un des inconvéniant majeur de l’analyse de la salive réside dans le fait que les concentrations y sont relativement basses une fois la première phase d’imprégnation directe passée, expliquant le relatif faible succès de ces analyses en pratique. Bien que des méthodes de détection très sensibles soient requises, il est possible de détecter presque toutes les substances médicamenteuses dans la salive. Si l’on fait abstraction des problèmes de contamination buccale, des corrélations satisfaisantes ont été obtenues entre les concentrations de nombreux médicaments dans la salive et les effets physiologiques et comportementaux observés chez les patients traités. On peut donc espérer que prochainement il sera possible d’appliquer le test salivaire dans de nouveaux domaines une fois que les mécanismes contrôlant l’entrée des xénobiotiques dans la salive seront mieux compris [36]. La récolte de l’échantillon de salive est facile. Plusieurs moyens sont proposés (OmniSal®, OraSure® or Salivette®), pouvant récolter jusqu’à 2 ml de liquide. Le changement de pH avec de l’acide citrique, ou l’adjonction de goûts particuliers va modifier la stimulation du flux de salivation. Le recours au Parafilm® peut stimuler aussi la salivation, mais ce matériaux paut absorber directement le ou les substances qui nous intéressent. Si le recueil de salive est trop rapide par une stimulation trop forte, l’échantillon peut ne pas être représentatif de la concentration plasmatique de la substance. Si, au contraire, l’échantillonnage est trop long, la concentration sera d’ordre cumulatif. Cinq minutes semblent être la durée optimale. Concernant les contrôles anti-dopage, aucune évaluation n’a été faite à notre connaissance, à l’exception de certains béta-bloquants. Si l’on se base par contre sur ce qui a été étudié dans un contexte clinique, les molécules endogènes suivantes présentant un intérêt pour le dopage sportif ont été déjà détectées : l’androstènedione, le cortisol, la cortisone et la testostérone, mais nous ne disposons d’aucune indication sur l’utilité éventuelle de tels mesures pour les contrôles anti-dopage [4]. Un nombre important de questions demandent encore réponse : • Quelles classes de substances peut-on effectivement détecter ? • Quel volume de salive est nécessaire et est-il toujours possible d’obtenir un tel volume de salive, même lors d’une forte déshydratation intervenant après la compétition ? • Quel sorte d’échantillon de salive est souhaitable d’obtenir (par stimulation ou non et à quel pH) ? • Quelles sont les possibilités d’adultération de l’échantillon ? A ce stade, et tant que les réponses à ces questions n’ont pas encore été apportées, nous considérons que l’introduction de la salive pour les contrôles anti-dopage est prématurée. E. Sueur La sueur est un liquide sécrété par des glandes situées dans l’épiderme. Elle participe à la régulation de la température du corps en s’évaporant. La composition de la sueur varie selon la personne : formée pour 99 % d’eau, elle contient outre du NaCl, des éléments en traces, des produits d’excrétion telle d’urée, et toutes les substances véhiculées par le sang, telles les substances médicamenteuses, lorsqu’elles ont été ingérées. On comprendra l’intérêt que l’on peut porter à la sueur pour les détecter. Depuis 1911, on a observé que des xénobiotiques sont excrétés par la sueur, mais ce n’est que tout récemment qu’un système pratique de récolte de la sueur a été mis au point [34]. Des bandages occlusifs consistant en 1 à 3 couches de papier filtre, couvert d’une bande de gaze ont été imaginés pour récolter la sueur. Une version moderne est actuellement disponible [20], agissant comme un récipient de l’échantillon collectant les substances nonvolatiles et liquides et laissant passer l’oxygène l’eau et le gaz carbonique. Ces pansements de type particulier peuvent se porter plusieurs semaines en laissant la peau saine. Il est possible d’accélérer le processus en chauffant le corps au moyen d’un courant d’air chaud. Ainsi plusieurs substances médicamenteuses ont pu être détectées avec succès : la quinine, l’acide salicylique, l’antipyrine, l’éthanol, la methadone, le phenobarbital, la morphine, la cocaïne, les cannabinoïdes, la methamphetamine et la phencyclidine [14,34]. Plus récemment, l’examen de sous- vêtements imprégnés de sueur a démontré qu’il était possible de déterminer le status de consommateur de drogues [64]. Comme pour les cheveux et la salive, les substances parentes sont prédominantes dans la sueur, mais l’analyse en duplicata lors d’études contrôlées a montré une variabilité relativement importante d’un sujet à un autre [14]. Dans le cadre des activités sportives, le système de récolte de sueur par patch (placé sur le bras, le dos ou la poitrine), bien que visible, n’est pas invasif et supporte d’être immergé comme c’est le cas lors de la douche ou les exercices de natation. De plus, le système permet de voir si le patch a été enlevé et remis en place à un moment ou à un autre [6,20]. Ainsi, en offrant un échantillonnage de type cumulatif de la consommation de substances médicamenteuses, on peut imaginer que la récolte de sueur puisse être envisagée lorsqu’il s’agit de contrôler l’absorption de substances dopantes pendant un laps de temps important. Enfin, le patch peut être facilement conservé pour analyse ultérieure [35]. Pitfalls and limitations of drug screens The rapid growth and development of drug testing technology has created a number of testing methodologies that can assess a range of biological specimens not only to provide evidence of recent drug use but also to indicate as far as it may be, the pattern of drug use (i.e. route, frequency, dose and time of last use), the degree of impairment or the extent of drug dependence of the individual. Many of these specimens, especially in doping controls, must be used with special attention because of the potential for false-positive results due to their contamination during passive environmental exposure. For the doctors or sport administrators, the broad range of drug tests accuracy, coupled with the confusing rubric “ doping screen in sports ” often leads to considerable confusion about what, in fact, the test used is able to detect. All doping screen methods have in common, however, a basic design which maximises sensitivity while making compromises in specificity. Immunoassays generally are less sensitive than GC-MS although both are capable of detecting very low quantities of drugs. The duration of a test positivity depends not only, in part, on the sensitivity of the test, but also on the circumstances of abuse. Multiple doses of a drug taken chronically may redistribute it to deep body compartments with slow release back into the blood compartment, prolonging significantly the pharmacokinetics of elimination. This is particularly true for cannabinoids, methaqualone or phencyclidine, and all anabolic steroids. Therefore, issues in drug pharmacokinetics and testing methodologies can easily lead to both false-positive and false-negative tests, both with significant consequences. Causes of false negative drug screens Equally problematic in drug testing are situations where a drug test fails to identify the athlete who has, in fact, been recently abusing doping drugs and where a drug test should be positive. The reasons for a false-negative test can be divided into three general categories: technological shortcomings, pharmaco-kinetic characteristics, and intentional specimen alteration or adulteration. a) Technological shortcomings One of the most common reasons for a doping screen (or a drug screen) result to turn out negative despite obvious drug abuse is that the clinician or the scientist fails to recognise that the particular screen being used is incapable of detecting the substance in question [69]. For example, some new chemicals abused by sport athletes, cannot be detected by routine screening of urine by commercially available immunoassays or any of our routinely GC-MS based screening procedures. LC-MS screening might actually offer a better picture than GCMS, the dimension of which is still not yet completely evaluated. Without prior knowledge of what the test specifically seeks, the diagnosis may be missed. b) Pharmacokinetic characteristics The pharmacokinetic characteristics of drugs have an important influence on drug detectability, particularly if the wrong biological specimen is examined or if the wrong technology is used. For example, drugs that have a large volume of distribution have correspondingly low serum or blood concentrations (cannabinoids or LSD). Immunological drug tests designed generally just for urine specimens, are therefore incapable of detecting these drugs in serum or blood, hair, saliva or sweat. Another pharmacokinetic characteristic, elimination half-life, also has important implications for drug detection capability. With drugs that have a short elimination half-life (e.g. cocaine) parent compound may be undetectable in blood within 8 hours; however, cocaine metabolites may be detected in urine for several days after a significant exposure because of the drug excretory pattern. Another factor to be pointed out is that the pharmacokinetics of certain drugs may vary according to the individual. Subsequently, as a general rule, urine remains the best biological specimen for drug testing because it takes advantage of the fact that kidneys are the primary excretory organs for most drugs. c) Intentional specimen alteration or adulteration Biological specimens, particularly urine, can also be intentionally altered or adulterated to produce a false-negative result [40]. Methods available to accomplish this are numerous and varied, ranging from simple dilution of the collected specimen to actual substitution of sample by giving the examiner his or her own urine that was produced before any drug use occurred or a fluid that resembles urine [12,67]. Another commonly used method consists of drinking large amount of fluid or even using a diuretic in order to reduce the concentration of drug in urine so that it falls below the detection threshold of the assay and will produce a negative urine. However adulteration of the collected specimen with chemical agents is the method chosen by many users because it requires little sophistication and can be easily accomplished in an unobserved collection conditions. These substances include vinegar, lemon juice, bleach, ammonia-based cleaner, crystalline drain cleaner, non-ionic liquid hand soap, methanol, sodium chloride, toilet-bowl cleaner, ionic detergents and even whole blood anti-coagulated with EDTA [58]. Although well-designed collection procedures can minimise the opportunity for sample adulteration and laboratory tests exist that may detect certain types of adulterants (temperature, specific gravity, pH measurement of the sample and measurement of urinary creatinine), no system is absolutely fool-proof [59]. Saliva can also be prone of many alterations just before its collection. Dr. Mercier-Guyon in Annecy, France [personnel communication] estimates at less than 24 hours, the time period needed to people to find a new way of adulteration of saliva to be collected by the police at road side controls. Sweat is more difficult as latest generation patches cannot be moved away and replaced without due notification. Finally, hair can be cut short, shaved and stained or treated with strong chemicals which are known to reduce drastically the concentration of the drugs. Conclusions The doping control rules actually applied in Sports (as established by the I.O.C. and the International Sport Federations) state that a positive case is chemically established by the un-equivoqual detection of a forbidden parent molecule and/or any of its metabolite(s) in urine, no matter the amounts which were administered and when the drug was taken. Screening is accomplished most of the time by using immunologic tests and GC-MS procedures on urine samples. These have been optimised to detect most if not all of the forbidden compounds which are on the list . Concentration of most doping agents is much lower in blood than in urine and their detection requests highly efficient methodology. The costs of these blood analyses would be higher than the corresponding urine’s one. Blood could be preferred for specific substances like peptide hormones where urine shows degradation products at low level only. So far, a minority of forbidden substances could be detected in saliva with the required sensitivity and specificity and clear limitations of sweat in doping control analysis is obvious. Method development and research efforts are actually on their way in our Institute in order to evaluate the usefulness of saliva for detection along the roads drivers who might be conducting under the influence of drug(s) of abuse or/and therapeutic agents. For some experts it seems extremely easy to adulterate saliva samplings (i.e.: changing the pH with a tablet). Considerable research efforts are still needed until these two biological matrixes could be used in real situations. If retrospectivety in time of the drug(s) intake is becoming in the future an important issue for evaluating the responsibility of the person, hair analyses might be very useful when the drugs have been taken at regular intervals. However, manipulation of hair samples can easily occur : extensive washing and dying with bright colours is known to diminish the level of drugs trapped in the hair matrix. When athletes are shaving their head, one can also question where alternative hair sampling could be performed without too much embarrassment for both the sport man and the controller. In conclusion, we can imagine today that unconventional samples’ analyses can best be used in the following-up legal cases related to doping in sport where initial detection of a forbidden molecule as been done classically in urine. Indeed, some countries have already forbidden by law the use, the transport and the selling of all doping agents. In these situations, the questions to be answered by the laboratory can thus exactly follow the same approach as for the classical forensic toxicological problems. Before its systematic introduction for the detection of doping, unconventional samples’ analysis has to be further scientifically developed in details. Références 1. Baselt R.C. and Cravey R.H. (1995) Disposition of toxic drugs and chemicals in man. Foster City. CA: Chemical Toxicology Institute 2. Blank D.L. and Kidwell D.A. (1993) External contamination of hair by cocaine: an issue in forensic interpretation. Forensic Science International 63. 145-156 3. Blank D.L. and Kidwell D.A. (1995) Decontamination procedures for drugs of abuse in hair: are they sufficient? Forensic Science International 70. 13-38 4. de Boer D. Höld K.M. van der Horst-Brigot B. Elhamdi M. van Schaik L. Zuidema J and Maes R.A.A. (1997) Potential role of saliva as a biological specimen in doping analysis. In : Recent advances in doping analysis (4) Proceedings of the 14th Cologne Workshop on Dope analysis, 259-270 5. Bowers L.D. (1997) Analytical advances in detection of performance-enhancing compounds. 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