Le Brésil dans le monde

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Le Brésil dans le monde
Le Brésil dans le monde
Dan M. Kraft
Conférence d’ouverture de la Semaine du Brésil à l’UQAM
Dix ans du CERB – Centre d’Études et de Recherches sur le Brésil
Montréal, le 26 Septembre, 2011
Entre les frontières brésiliennes
J’aimerais commencer en parlant du brésilien, ce peuple multi-facetté. Et je le
ferais en me souvenant de Macunaíma, issu du folklore et décrit dans le romain
du même nom, de Mario de Andrade (1928)1. Macunaíma est un anti-héro
indien, né en Amazonie, attiré par São Paulo, la modernité et les machines. Il est
complexe et astucieux. L’anthropologue Darcy Ribeiro disait que c’était le plus
brésilien des livres, une liaison entre passé et futur. Dans son œuvre « Le Peuple
Brésilien », Ribeiro fait un étude profond sur l’âme brésilienne, en parlant des
bandeirantes2 qui voulaient changer leur culture, oublier le coté primitif de leur
passé, en créant ce qu’ils voyaient comme une société civilisée. La représentation
de cette volonté de changer vient du très populaire rock-star Raul Seixas,
toujours fier d’être une « métamorphose en marche3 », demandant aux autres
d’oublier leurs anciennes opinions sur tout. Je crois que ces exemples colorés
expriment le passé et le devenir du brésilien et son potentiel envers le monde.
Les injustices du modèle de colonisation du Brésil, présentes dans les
fondements de sa société, ont persisté même après la grande vague
d’immigration européenne et japonaise, à l’aube de XXème siècle. Une forte
division sociale interne et la révolte envers des pays riches, miroir d’un système
que existait aussi dans son territoire, sont à la base des motivations pour
entreprendre des changements.
L’influence religieuse de la colonisation, surtout à cause des missions Jésuites, a
aussi aidé à bâtir le messianisme politique dans la region, préservé en raison du
1
Dans un préface non publié, Mario de Andrade explique: “O que me interessou por Macunaíma foi
incontestavelmente a preocupação em que vivo de trabalhar e descobrir o mais que possa a entidade
nacional dos brasileiros. Ora depois de pelejar muito verifiquei uma coisa que me parece certa: o
brasileiro não tem caráter. Pode ser que alguém já tenha falado isso antes de mim porém a minha
conclusão é uma novidade para mim porque tirada da minha experiência pessoal. E com a palavra
caráter não determino apenas uma realidade moral não, em vez entendo a entidade psíquica permanente,
se manifestando por tudo, nos costumes na ação exterior no sentimento na língua na História na
andadura, tanto no bem como no mal. O brasileiro não tem caráter porque não possui nem civilização
própria nem consciência tradicional. Os franceses têm caráter e assim os jorubas e os mexicanos. Seja
porque civilização própria, perigo iminente, ou consciência de séculos tenham auxiliado, o certo é que
esses uns têm caráter. Brasileiro não. Está que nem o rapaz de vinte anos: a gente mais ou menos pode
perceber tendências gerais, mas ainda não é tempo de afirmar coisa nenhuma. […] Pois quando
matutava nessas coisas topei com Macunaíma no alemão de Koch-Grünberg. E Macunaíma é um herói
surpreendentemente sem caráter.”
2
Les premiers colons à entrer dans la jungle et occuper le pays, notamment dans la région sud-est, où se
situait la province de São Vicente, maintenant l’état de São Paulo.
3
Metamorfose ambulante.
1
bas niveau moyen de scolarité des peuples, qui mystifient la gestion de l’État.
Dans tous les niveaux du pouvoir, c’est commun de voir des autorités qui
s’approprient de l’État, reproduisant un modèle oligarque ancien et néfaste, mais
encore présent4. Promouvoir la séparation entre le Gouvernement et l’État, au
Brésil, est une tâche permanente, pas encore accomplie. Le fantôme d’un
« sauveteur de la patrie » est dans l’imaginaire populaire, et c’est très commun
aux gens de ne pas se sentir responsables envers la préservation du bien public.
Le messianisme-populiste aide aussi à expliquer la raison par laquelle l’idéal
d’intégration de cette région demeure, jusqu’à présent, un rêve non-accompli.
La ré-démocratisation brésilienne, débutée en 1979, avec l’Amnistie politique, a
été consolidée en 1988 par la nouvelle Constitution Fédérale. Un des objectifs
établis, selon l’art. 3, III, de la Charte, était de « supprimer la pauvreté et la
marginalisation et réduire les inégalités sociales et régionales »5. Plusieurs
mesures de secours sociaux ont été mises en marche dès sa proclamation. Elles
changent de nom et d’intensité dépendamment des parties au pouvoir, mais sont
toujours là car elles représentent une demande de toute la société.
La contribution régionale que le peuple du Brésil se proposait à donner a été
aussi prévue par l’Assemblée Constituante, qui détermina (art. 4, Par. Unique)
que “la République Fédérative du Brésil ira chercher l’intégration économique,
politique, sociale et culturelle des peuples de l’Amérique Latine, pour former une
communauté latino-américaine des nations”6.
Le chant de Milton Nascimento « Nouvelles du Brésil » disait: «rester devant la
mer, donnant le dos au Brésil, ne ferra pas de cet endroit un bon pays»7. La (ré-)
connaissance mutuelle plus approfondie de soit même et des peuples voisins était
supposé de se faire avec urgence à partir des années 1990.
On a vu plusieurs initiatives d’intégration hémisphériques et latino-américaines.
Les latino-américains essayent, depuis longtemps, à se comprendre de façon plus
éclairée pour les permettre de coopérer, de créer des synergies. D’une part on
voit des bonnes initiatives, mais on voit aussi très peu de finalisations. Un
scientiste politique a même décrit que les brésiliens sont très bon en initiatives,
mais faibles en « acabativas »8.
4
C’est impossible de noter, avec grande déception, qu’un ex-Président qui a souffert un procès
d’Impeachment en 1992 – Fernando Collor – est maintenant le sénateur responsable des relations
internationales du Congrès brésilien, et que le Président du Congrès, José Sarney, représente un type d’
oligarchie politique qui domine la scène nationale depuis l’institution de la République.
5
Erradicar a pobreza e a marginalização e reduzir as desigualdades sociais e regionais.
6
Parágrafo único. A República Federativa do Brasil buscará a integração econômica, política, social e
cultural dos povos da América Latina, visando à formação de uma comunidade latino-americana de
nações.
7
Ficar de frente para o mar, de costas pro Brasil, não vai fazer desse lugar um bom país.
8
Stephen Kanitz, Editora Abril, Revista Veja, edição 1572, ano 31, nº 45, 11 de novembro de 1998, pag.
22.
2
L’intégration Latino-Américaine
En 1991, le Traité d’Assomption, bien délimité en matière géographique,
cohérent dans une logique de viabilité économique, culturelle, sociale et
d’interdépendance régionale, créa le Mercosul. À sa base, un défaut de
naissance : les mêmes droits - mais pas les mêmes obligations ou vitesses
d’adhésion aux obligations – pour ses membres. En plus, c’était une époque où la
débâcle financière des pays de la région avait donné force à une vague
néolibérale et aux privatisations en vitesse. En fin de compte, le choc de qualité
et de compétitivité s’est montré très positif pour le pays.
Les besoins internes de chacun des membres du bloc étaient trop sévères lors de
la sortie du décennie perdu pour qu’ils mettent les intérêts du bloc au dessus de
ses intérêts urgents. Les divisions internes expliquent pourquoi le bloc a évolué si
peu. Alors, « pour que l’intégration se réalise, il faut avoir un engagement
politique et institutionnel ferme »9. Le Mercosul a manqué à cet engagement, au
moins selon ce qui était projeté comme son but final10.
L’union douanière s’est implanté de façon incomplète, frustrant le rêve d’un
marché commun. Le Brésil et l’Argentine ont souvent pris des mesures
protectrices de leurs propres économies, sans consultations préalables. En 1999,
le Brésil dévalua sa monnaie sévèrement, et en crise, le Conseil du Marché
Commun s’est réuni en Avril, 2000, pour signer un “Ré lancement du Mercosul”,
mais cela n’a pas donné des résultats.
Le Mercosul était supposé d’avoir conclu, il y a longtemps, un accord avec l’UE.
Un Accord-cadre a été signé à Madrid, en 1995. Les négociations se sont
effondrées en 2004, puis elles ont été reprises en mai 2010 pour être finalisés en
2012. La crise économique européenne certainement empêchera ceci et la
crédibilité du Mercosul continuera entamée.
En 2004, le FOCEM – Fonds de Convergence Structurel du Mercosul (Fundo
Convergência Estrutural do Mercosul - décision CMC 45/04) a été proposé pour
relancer le bloc. La contribution prévue (100 millions de dollars) est de 70% par
le Brésil et à 27% par l’Argentine, ce qui lui donne un fort caractère d’assistance
sans contreparties.
L’idée d’une ALBA (Alliance bolivarienne pour les peuples de l’Amérique Traité de commerce des Peuples) apparaît en 2001, et voit finalement le jour en
200511. L’année suivante, la République Bolivarienne du Venezuela est admise
9
Para que ocorra integração, há necessidade de firme engajamento político e institucional. In Casella,
Paulo. BRIC. Ed. Atlas, São Paulo, 2011: p 35.
10
Voir Paulo Roberto de Almeida et son article Seria o Mercosul reversível? Univ. Rel. Int., Brasília, v.
9, n. 1, p. 39-71, jan./jun. 2011, spécialement à page 41. Trouvable sur:
http://www.publicacoesacademicas.uniceub.br/index.php/relacoesinternacionais/article/viewFile/1360/13
32
11
Le Honduras se retire au début de 2010 face à l’intervention extraterritoriale de Venezuela.
3
au Mercosul. Les principes qui avaient inspiré le Mercosul sont mis en question,
car les polarités personnaliste-politiques y sont devenue trop intenses. Les idées
du G-15 (Belgrade 1989), de non-alignement automatique et d’approximation
avec des états-nocifs12, ainsi que l’ascension du populisme en grande forme,
signalisent des ruptures pas très improbables à cause de la distance entre les
promesses populistes et ce qu’elles vont livrer, à la fin du jour.
Le Congrès brésilien a admis l’entrée du Venezuela au Mercosul, mais non sans
des protestations très sévères de la part des politiciens d’envergure et de son élite
intellectuelle. Serait la clause démocratique du Protocole d’Ushuaia mise en
question? Les mots et actes de Chavez et de ses alliés plus proches contra la
presse libre et indépendante, et aux vraies oppositions politiques, ont déclenché
une division régionale plus profonde. La prospérité économique et l’ascension
sociale brésiliennes ont crée une barrière pour éviter que le discours totalitariste
de gauche soit entendu. Un Coup d’État au Brésil, soit de droite ou de gauche,
n’aurait aucune chance selon les recherches d’opinion sorties dans les dernières
années. Le brésilien n’est pas révolté envers le status quo à un tel point qu’il
mettrait toutes les conquêtes démocratiques en risque. Les partis politiques en ont
bien compris le message.
Le Fonds de Convergence Structurel du Mercosul deviendra progressivement
remplacé par le projet Chaviste (2007) du Banco do Sul13, une super banque
régionale (capital de 20 milliards de dollars). Cette banque a pour but de
remplacer les organismes de Bretton Woods (FMI et BID) et d’annuler le rôle
des banques de développement de la région, soit la Corporation du
Développement des Andes et la Banque Interaméricaine de Développement14.
L’argent du pétrole du Venezuela15 aiderait à garantir cet alignement latinoaméricain avec des nations non-alignées, tel que l’Iran, face aux États-Unis et
d’autres nations classés, selon l’expression des années 1960, d’impérialistes.
Alors, que reste-t-il du Mercosul? Sans des vraies convergentes législatives entre
ses membres les réunions devinrent trop formelles, avec des propositions parfois
prétentieuses ou même irréelles. Les résultats décevants, infectés par des raisons
politiques immédiates, spécialement après la Déclaration de Cuzco (2004) et
l’entrée en vigueur, en mars 2011, de l’Unasul16, posent des risques réels à sa
survie.
12
Rogue states, selon décrits par la diplomatie occidentale, tel que l’Iran, la Syrie et le Korée du Nord.
Membres: Venezuela, l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, l’Ecuador, l’Uruguay et le Paraguay.
14
Plus récemment, Chavez a rapatrié 11 milliards de dollars en réserves internationales en or de son pays,
il semble pour mettre en marche son idée, et pour remplacer le dollar par le « sucre » en tant que monnaie
du commerce régional. Le gouvernement actuel du Brésil, heureusement, est très froid vis-à-vis à cette
idée, assez volontariste.
15
Le Président Chavez a donné/prêté 5 milliards de dollars du Venezuela à l’Argentine pour payer la
facture du FMI et garantir que la dynastie Kirschner se maintient au pouvoir, comme décrit par les
journaux de l’époque. D’autres sommes non déclarés ont été versés dans des jets privés, aussi selon la
presse, déclenchant des procédures criminelles en Argentine.
16
Lancé au Brésil, en 2008.
13
4
L’Unasul (Bariloche, 2009 et Georgetown, 201017) a comme objectif formel de
bâtir un espace d’articulation entre les peuples latino-américains. Certains
craignent que cette organisation peut devenir un lieu de manipulation de
consciences, d’endoctrinassions totalitaristes de gauche, due au ton belliciste18 de
ses adeptes. Le 5 Septembre, dernier, le Brésil et l’Argentine ont formalisé un
nouveau pas auprès du Conseil de Défense Sud-américain (CDS) de l’Unasul.
Selon les autorités argentines le CDS est un des organismes institutionnels les
plus importants pour assurer que la région soit une zone de paix. Le Ministre de
la Défense brésilien a affirmé19 que l’Amérique du Sud doit avoir une capacité de
dissuasion suffisante pour pouvoir protéger ses ressources naturelles20. Un centre
d’études stratégiques de défense au sein de l’Unasul a pour bût de créer une
pensée stratégique autonome sur une identité sud-américaine. À partir du mois
de mai 2012, le Secrétariat de l’Unasul sera occupé par le vénézuélien Ali
Rodriguez, pour une période de 2 ans.
Ce fort aspect idéologique et de confrontation fait déjà plusieurs opposants dans
la région. Le risque est d’une nouvelle instabilité politique dans la région,
spécialement quand ses résultats seront plus visibles.
Au delà de l’Amérique Latine
Dans ce début de siècle, les relations du Brésil avec l’Amérique du Nord ont
suivi son chemin naturel, sans trop d’investissement institutionnel mutuel. Ce
sont les entrepreneurs, avec leur bonne connaissance des avantages commerciaux
de l’ALENA, qui ont faire accroitre des liens toujours forts entre ses partenaires
historiques et complémentaires. En plus, c’est un rêve assez répandu parmi la
classe moyenne, en ascendance, de faire ses enfants serrer la main de Mickey
Mouse en Floride. Cet aspect prosaïque montre un coté de influence concrète sur
17
Declaração de Georgetown, Nov 2010 (extraits):
5. consolidação de um espaço comum de integração política, econômica, social, cultural, energética,
ambiental e de infra-estrutura na região para alcançar o desenvolvimento sustentável.
6. promover o desenvolvimento social e humano com eqüidade e inclusão e em harmonia com a natureza
para erradicar a pobreza, reduzir as assimetrias e superar as desigualdades, num quadro de unidade,
democracia, respeito irrestrito dos direitos humanos e cooperação, tanto a nível regional como em
âmbito internacional, no contexto do fortalecimento da soberania e independência dos Estados.
9. Aprovação do Estatuto do Conselho de Educação, Cultura, Ciência, Tecnologia e Inovação
(COSECCTI), assim como do Plano de Ação na área de Educação e dos Programas de trabalho nos
âmbitos de educação, cultura e ciência e tecnologia.
11. Promover a ratificação do Convênio Íbero-americano de Segurança Social nos países membros da
UNASUL.
12. Enfatizam a importância de avançar na cooperação efetiva regional no quadro da responsabilidade
comum e compartilhada, na luta contra o problema mundial das drogas e seus delitos conexos
31. Reconhecer que a mastigação da folha de coca é uma manifestação cultural antiga do povo da
Bolívia que deve ser respeitada pela comunidade internacional.
18
Declaração de Bariloche, Ago 2009 (traité de coopération et entraide militaire): Reafirmar que a
presença de forças militares estrangeiras não pode, com seus meios e recursos vinculados a objetivos
próprios, ameaçar a soberania e integridade de qualquer nação sul-americana e em consequência a paz
e segurança na região.
19
Selon la presse. Voir Observatoire des Amériques, éd. Septembre 2011.
20
Ce discours est une reproduction de ce que Pres. Hugo Chavez dit depuis des années contre les États
Unis.
5
la façon dont laquelle le brésilien, avec un minimum d’instruction et pouvoir
d’achat, voit le grand voisin du nord.
L’activisme diplomatique s’est fait présent au Brésil, signifiant un grand
détournement de la tradition issue de l’Institut Rio Branco21. Le gouvernement a
démarré un processus d’achat de son leadership mondial22 en échangeant des
intérêts politiques de façon assez coûteuse au pays.
La convergence idéologique de la région se fait parfois en détriment de l’intérêt
public au Brésil. Le Président Evo Morales, de Bolivie, a exproprié des
investissements de Petrobrás (entreprise contrôlée par l’état brésilien) et des
investisseurs privés brésiliens, avec des pertes supérieures a 2 milliards de
dollars, sans que l’exécutif brésilien ne fasse rien et qu’aucune indemnité soit
payée. Le Président Fernando Lugo, du Paraguay, a révisé unilatéralement la
rémunération de sa participation dans l’usine hydroélectrique d’Itaipu, causant
des grandes pertes économiques sans sanctions diplomatiques.
En plus, sous excuse d’avoir des intérêts commerciaux convergents, l’activisme
diplomatique fait que le gouvernement associe le Brésil à des États
fondamentalistes et des dictatures, incluant celles pas encore abattues par le
Printemps Arabe. Son silence, ou manque de demande d’une résolution au
Conseil de Droit de l’Homme à l’ONU contre le massacre continu, depuis des
mois, de plus de 2.500 activistes politiques en Syrie, en est une évidence. Ce
choix se fait en détriment les relations historiques avec les pays de l’Occident,
qui ne cède pas au discours officiel ambigu du gouvernement Brésilien pendant
sa recherche d’appui pour occuper un siège permanent au Conseil de Sécurité de
l’ONU.
Le Brésil a accepté de reconnaître, en 2004, la Chine comme étant une économie
de marché. Cette décision bien critiquée par les chefs d’industrie brésiliens et par
l’opposition au Congrès National montra déjà quelques effets néfastes de ce
commerce intense, notamment le taux de change artificiel, l’intérêt seulement
aux matières premières brésiliennes, le dumping et d’autres pratiques
anticoncurrentielles. L’approbation législative de cette reconnaissance se trouve
retardée à cause d’un fort lobby des industriels brésiliens.
La présence des forces brésiliennes en Haïti et l’appui institutionnel au nouvel
État du Timor Oriental sont des très bons exemples de la vocation pacifiste
brésilienne. Le Brésil a toujours inspiré les nations par son multiculturalisme et
l’absence de conflits internes graves. On n’y voit pas des ruptures ou du
terrorisme tel que vus en Russie et en Inde, si on compare le pays avec ceux du
BRIC.
21
École diplomatique du pays, située à Brasília.
Voir Paulo Roberto de Almeida, p. 68, idem. Le concept est utilisé ailleurs par d’autres auteurs et
analystes des relations internationales au Brésil.
22
6
Les diplomates brésiliens de carrière sont reconnus, partout dans le monde,
comme étant parmi les plus capables. Ils ont toujours été admirés. Au Brésil, il y
a des régions semblables à la Suisse et au Bangladesh, séparés seulement par
quelques kilomètres de distance, dans une même ville. Cela nous sensibilise sur
la misère humaine et nous permet d’avoir un regard spécial sur la scène
mondiale, aussi remplie de disparités.
Enfin, un dernier mot.
À Bagdad, en 2003, un attentat de l’Al Qaeda a privé le Brésil de donner une
importante contribution au monde. Très probablement, le diplomate Sérgio
Vieira de Mello serait le Secrétaire Général de l’ONU ce jour-ci. Cette
personnalité fantastique est toujours présente quand on pense au rôle du Brésil
dans les relations internationales. Le terrorisme a fait, parmi ses victimes, tout un
pays comme le Brésil. Sérgio Vieira de Mello incorporait des caractéristiques
brésiliennes dont le monde a énormément besoin: vision raisonnable des
questions, manque de radicalisme et un dialogue ouvert et sincère, sans masques.
C’est cette la meilleures contribution que le Brésil peut offrir. Son gouvernement
doit abandonner la tentation du discours ambigu et de confrontation, et ses
relations internationales ne peuvent pas être motivées par le seul but de conquérir
quelques votes dans des organismes multilatéraux.
Merci beaucoup et excellente semaine Brésil à l’UQAM!
7