MediaMonitoring Darfour march07

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MediaMonitoring Darfour march07
PRESS BOOK
DARFOUR CONFLICT IN FRENCH MEDIA
March 2007
1. Publication about Lawrence Rossin / Save Darfur Coalition
2. Publication about the Meeting Urgence Darfour
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1. Publication about Lawrence Rossin / Save Darfur Coalition
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Edition du lundi 19 mars 2007
«Il faut une diplomatie plus musclée»
Lawrence Rossin,
ex-ambassadeur, coordinateur international de la coalition Save Darfur, regroupant 186
organisations
Qu'attendez-vous de votre visite en Europe et notamment en France?
Je viens rencontrer des partenaires pour renforcer notre action sur le Darfour (région à l'ouest du
Soudan où la guerre civile a fait 300 000 morts et 2 millions de déplacés depuis 2003, ndlr). La
campagne de sensibilisation de Save Darfur a réussi aux Etats-Unis : nous avons désormais un
million d'adhérents. Mais en Europe, le Darfour mobilise moins. Or l'Union européenne peut jouer
un rôle important pour faire pression sur le gouvernement soudanais et arrêter le génocide en
cours.
Contrairement à la mission du conseil des droits de l'homme de l'ONU, vous employez le
terme de «génocide»...
Le rapport décrit la même chose, même si le mot n'est pas utilisé. Il dénonce les meurtres, viols,
tortures quotidiennes que subissent les populations du Darfour. Qu'on appelle ça génocide ou
pas, n'est pas important, c'est juridique. La doctrine dit que, si le gouvernement ne protège pas
ses citoyens, c'est de la responsabilité de la communauté internationale d'intervenir. Mais dans le
cas du Darfour, la responsabilité internationale reste la même, et les gouvernements ne font pas
assez.
Comment expliquez-vous cet immobilisme ?
Difficile à dire. Aux Etats-Unis, le problème c'est que notre gouvernement parle beaucoup mais
agit peu. Et il a sans doute déjà à faire avec l'Afghanistan et l'Irak. En Europe, je ne sais pas
pourquoi. Les ministres des Affaires étrangères se réunissent chaque mois à Bruxelles pour faire
le point sur le Darfour. Mais chaque mois, ils font comme s'il y avait une évolution alors qu'ils
répètent la même chose. C'est ce que j'appelle le "un millimètre par mois". Ils n'ont même pas
encore parlé de sanctions envers Khartoum.
En France, l'organisation «Sauvez le Darfour» reproche aux medias d'être trop silencieux...
A la télévision, le drame du Darfour est peu couvert car il y n'y a presque pas d'images. Le
gouvernement soudanais a depuis longtemps bloqué l'accès à cette région, tant aux journalistes
qu'à la mission des droits de l'homme ou aux délégations étrangères. Je suis allé sur place en
janvier. Je n'ai pu rester qu'une journée, mais nous avons discuté avec les ONG et les réfugiés,
eux aussi victimes d'attaques, et qui expliquent que la situation empire chaque jour.
Khartoum s'oppose farouchement à l'envoi d’une force hybride Union Africaine-ONU,
prévue par la résolution 1706. Que préconisez-vous ?
Il faut une diplomatie plus musclée - jusqu'ici, aucune mesure n'a fonctionné, car Khartoum
estime que cela lui coûte moins cher de faire blocus. Je suis en faveur de la création d'une zone
d'interdiction de survol, comme pendant les années 1990 en Irak et en Serbie. L'objectif serait
d'empêcher les opérations militaires du gouvernement, qui mène des actions coordonnées avec
les milices armées djindjawids pour attaquer les villages.
En cas d’échec, faudrait-il envisager une intervention militaire ?
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Cela serait difficile, d'autant que Khartoum peut utiliser sa propagande pour trouver des alliés
dans le monde arabe, sur le thème "l'Orient contre l'Occident".
Une nouvelle résolution du Conseil de sécurité, comme le veulent les Etats-Unis, vous
semblerait-elle efficace ?
Oui, si elle se traduit par des sanctions.
En quoi le pétrole alimente-t-il le conflit au Darfour ?
Il ne l'alimente pas directement, car il n'y a pas de pétrole dans la région du Darfour, ou en tout
cas personne n'en a la preuve. Mais l'or noir a des implications indirectes, car les pays qui
importent le pétrole soudanais ne font pas pression sur Khartoum, voire le protège. C'est le cas
de la Chine (qui importe 6% de son pétrole depuis le Soudan), de l'Inde et de la Malaisie.
Que vous inspirent les investissements de Total au Soudan ?
Il faudrait les suspendre dans la mesure où ils n'aident pas le peuple soudanais, mais financent
les opérations militaires au Darfour. Cela vaut la peine d'enquêter pour savoir où va cet argent.
Je compte en discuter avec le Parti socialiste et l’UMP.
Le conflit au Darfour divise les pays africains. Comment surmonter ces clivages?
Il faut un processus diplomatique et l'instauration d'un dialogue politique entre gouvernement et
groupes rebelles. C'est d'autant plus urgent que ces groupes se fragmentent. Il devient encore
plus difficile de trouver des partenaires pour des négociations politiques.
Recueilli par Faustine Vincent
Meeting de soutien Urgence Darfour organise mardi soir à Paris un «grand meetin» afin
d'interpeller les candidats à la présidentielle, en présence notamment de Bernard-Henri Lévy et
Bernard Kouchner. Cet événement, auquel les candidats ont été conviés, sera l'occasion de leur
demander ce qu'ils comptent faire pour le Darfour, région de l'ouest du Soudan en proie à une
guerre civile depuis plus de quatre ans, a précisé Urgence Darfour.
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JOURNAL DE L'INTERNATIONAL
22/03/2007 - 21:12
FABRICE ANGOTTI
Heure début = 21:22:58
Durée = 00:01:29
Heure fin = 21:24:27
La mutualité à Paris a accueilli une réunion du collectif `Urgence Darfour`. Les candidats à la
présidentielle sont intervenus. 21:23:18 Interview de Lawrence Rossin, Coordinateur international
`Save Darfour`.
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JOURNAL
20/03/2007 - 18:00
FREDERIC CARBONNE
Heure début = 18:20:54
Durée = 00:08:52
Heure fin = 18:29:46
Le conflit du Darfour est au centre d'un meeting à la mutualité à Paris, pour le collectif Urgence
Darfour, il faut agir, les candidats doivent s'engager. 18:21:24 Commentaire de Olivier Denré. Un
formulaire sera envoyé aux candidats. Dominique Voynet, un conseiller de Nicolas Sarkozy,
Ségolène Royal et François Bayrou seront au rendez-vous ce soir. 18:22:30 Interview de
Lawrence Rossin, coordinateur International de Save Darfur Coalition. Il explique le travail de
terrain pour sensibiliser la communauté internationale. 18:25:27 Les sanctions seront effectives
dans une résolution des membres de sécurité de l'ONU. 18:27:27 Philippe Douste-Blazy, Ministre
des affaires étrangères, a qualifié le conflit de génocide. 18:28:57 Le président du collectif a
dénoncé la ligne de conduite de Dominique de Villepin qui ne souhaite pas des sanctions de l'UE.
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mardi 20 mars 2007
Par Christophe AYAD
Un meeting organisé ce soir à la Mutualité entend interpeller les candidats et lancer la
mobilisation en faveur de la province soudanaise.
«Ça y est, ça prend. Ça va être comme la Bosnie.» Bernard-Henri Lévy en est persuadé. De
retour d'un voyage au Darfour et dans l'est du Tchad, financé par l'ONG américaine Save Darfur
et pris en charge par les rebelles de l'Armée de libération du Soudan (SLA), l'intello baroudeur
est convaincu que la mobilisation est en train de traverser l'Atlantique. Même son de cloche chez
Jacky Mamou, président d'Urgence Darfour, collectif d'une centaine d'associations françaises
mobilisées pour la province rebelle soudanaise (1) : «Nous sommes sollicités pour des meetings
en province, en Europe. Toutes les semaines, de nouvelles associations nous
rejoignent.» Urgence Darfour, qui compte des francs-maçons, des chrétiens, des associations
juives, noires (le Cran depuis peu) mais quasiment pas d'Arabes ou de musulmans (sauf les
Musulmans laïques et le Manifeste pour les libertés), espère faire du Darfour un enjeu d'opinion
publique, comme aux Etats-Unis (page 6).
«Action». Après un meeting peu médiatisé, en juillet, au théâtre de la Madeleine, les militants
français pour le Darfour comptent frapper un grand coup avec leur meeting de ce soir à la
Mutualité, à Paris. Urgence Darfour, Bernard-Henri Lévy et SOS Darfour de François Zimeray, un
ex-député européen écarté par le PS pour son militantisme antipalestinien quasi obsessionnel,
espèrent faire salle comble. Ils veulent interpeller les candidats à la présidentielle sur la question
du Darfour, comme BHL l'avait fait sur la Bosnie au milieu des années 90. Les candidats, du
moins ceux représentés au Parlement, seront invités à signer un texte prenant l'engagement
d'agir pour que cessent les massacres au Darfour (lire ci-dessus). «Ils seront tous représentés à
un haut niveau», assure Mamou, qui espère même la présence d'un ou plusieurs d'entre eux. Car
le Darfour les mobilise : Bayrou s'y était rendu en 2004, Royal en a parlé à Villepinte et Sarkozy
dans son discours de politique étrangère. « Maintenant, ça suffit la compassion, il faut de
l'action», insiste Mamou. Mais un texte signé par tous ne risque-t-il pas le même sort que le
pacte écologique de Nicolas Hulot ?
Punir plutôt que détruire. Malgré une intense campagne de presse et d'affichage, financée
depuis les Etats-Unis, l'opinion française et européenne reste assez distante. C'est que le conflit
est difficile à caractériser : génocide ou guerre civile ? Ni l'un ni l'autre mais plutôt une guerre
contre les civils, une volonté de punir une population plutôt que la détruire (2). Un conflit religieux
? Non, contrairement à ce que croit BHL, qui y voit un affrontement entre islam radical (celui du
régime et des Arabes) et modéré (celui des rebelles et des Africains) : tout le monde est
musulman au Darfour, et les radicaux se répartissent également entre rébellion et pouvoir. Un
différend ethnique entre Arabes et Africains ? Cela le devient, même si un groupe rebelle arabe
vient de voir le jour. Le traditionnel affrontement entre pasteurs et agriculteurs, comme le clame
Khartoum ? Risible vu le nombre de victimes.
Même le nombre de morts est contesté : les estimations vont de 200 000 à 400 000 morts, dont
un quart à un tiers dans les tueries de 2003-2004. Enfin, c'est un conflit invisible car difficile à
couvrir : pas de lignes de front, des combattants fantomatiques dans un pays mal connu, un
territoire grand comme la France, peuplé de 6 millions d'habitants, des autorités qui entravent les
déplacements. Récemment, le PDG de l'Institut national de l'audiovisuel se plaignait dans le
Nouvel Obs de l'absence d'images. La haut-commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme,
Louise Arbour, ne disait pas autre chose après le rapport du Conseil des droits de l'homme sur
l'aggravation de la situation : «La première mesure est de garantir que le public est précisément
informé sur ce qui se passe sur le terrain.»
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2. Publication about the Meeting Urgence Darfour
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Le Monde
International, mercredi, 14 mars 2007, p. 4
INTERNATIONAL
DARFOUR - Khartoum coupable de « crimes contre l'humanité »
Les présidentiables français invités à « s'engager »
« Sauver les populations du Darfour doit être un des engagements prioritaires du futur président de
la République », estiment le Collectif Urgence Darfour et l'association SOS Darfour, qui demandent
aux candidats à l'élection française de signer un « acte d'engagement » lors d'un meeting prévu à
Paris le 20 mars. Ce texte inclut la promesse d'« user de tout son poids auprès du Conseil de
sécurité de l'ONU » pour faire adopter des résolutions contraignantes assurant « la protection
effective des populations du Darfour ». Il engage aussi à « s'abstenir de recevoir en France les
membres du gouvernement de Khartoum ».
© 2007 SA Le Monde. Tous droits réservés
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AFP Infos Françaises
Général, vendredi, 16 mars 2007 - 14:16
"Grand meeting" d'Urgence Darfour mardi pour interpeller les présidentiables
PARIS - Urgence Darfour organise mardi soir à Paris un "grand meeting" afin d'interpeller les
candidats à la présidentielle, en présence notamment de Bernard-Henri Lévy et de Bernard
Kouchner, a-t-on appris vendredi auprès de ce collectif.
Cet évènement auquel les candidats à la présidentielle ont été conviés sera l'occasion de leur
demander ce qu'ils comptent faire pour le Darfour, région de l'ouest du Soudan en proie à une
guerre civile depuis plus de quatre ans, a précisé à l'AFP, Loubna Cherchari d'Urgence Darfour.
Selon Mme Cherchari, parmi les candidats, seul François Bayrou (UDF) a pour le moment répondu
qu'il serait peut-être présent mardi à la Mutualité (Ve).
"Sauver les populations du Darfour doit être un des engagements prioritaires du futur Président de
la République", estime le collectif qui comprend notamment l'Association Communauté Rwandaise
de France, la Fédération Nationale des Associations Franco-Africaines (FIDL), B'nai B'rith France, la
Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme, SOS Racisme et l'Union des étudiants juifs
de France.
L'initiative de mardi fait également suite à la pétition pour une force de protection internationale au
Darfour adressée aux chefs de gouvernement des Etats membres de l'Union européenne. Cette
pétition signée notamment par Jorge Semprun, Lilian Thuram, Bernard-Henri Lévy et Bernard
Kouchner, affirme qu'en s'appuyant sur la résolution 1706 du Conseil de sécurité de l'Onu, les Etats
européens "doivent envoyer immédiatement une force d'interposition".
Cette force aurait notamment pour mandat de "mettre en place des corridors humanitaires
sécurisés permettant aux organisations humanitaires d'accéder à l'ensemble des populations
nécessitant une aide vitale".
La guerre civile au Soudan oppose depuis 2003 des groupes rebelles armés issus de la population
noire darfourie, à des milices arabes appuyées militairement par le gouvernement de Khartoum. Le
conflit a fait 200.000 morts et plus de deux millions de déplacés en quatre ans, selon l'Onu. Le
gouvernement soudanais conteste ces chiffres.
il/pmg/sd
© 2007 AFP. Tous droits réservés.Marianne, no. 517
Coups de projecteur, samedi, 17 mars 2007, p. 11
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N'oubliez pas le Darfour, SVP
Alain Léauthier
"Madame, monsieur le futur Président de la République, pour le Darfour, que comptez-vous faire ? "
L'interrogation peut sembler dérisoire dans une campagne présidentielle où même la question
européenne passe pour une thématique exotique. Elle sera pourtant posée lors d'un meeting
organisé le 20 mars à la Mutualité par les deux principales associations qui se battent contre l'oubli
entourant le sort terrible de la grande province ouest du Soudan. A l'heure du bouclage de
Marianne, la participation directe des trois principaux candidats de l'élection restait encore en
filigrane. La réunion de la Mutualité intervient peu après la publication du rapport de la mission
spéciale du Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Un rapport aussi alarmiste et accablant pour les
autorités de Khartoum que le précédent, rédigé en 2004. Le gouvernement du général Omar Hassan
Ahmed al-Bachir est accusé de " crimes de guerre " et de " crimes contre l'humanité " à l'encontre
des populations dites " africaines ", régulièrement bombardées par l'aviation et victimes des
exactions commises par les milices Janjawid. Désormais, les camps de réfugiés s'étendent aussi de
l'autre côté de la frontière, au Tchad, et l'exode contribue à aiguiser un peu plus les tensions
régionales.
Illustration(s) :
mustafa
ozer
/
afp
Réfugiés soudanais au camp de Sakali à Nyala (Soudan), le 21 février 2007.
© 2007 Marianne. Tous droits réservés.AFP Infos Françaises
Politique, mardi, 20 mars 2007 - 11:48
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Urgence Darfour demande aux présidentiables de l'action et non de la compassion
(PAPIER GENERAL)
Isabelle LIGNER
PARIS - Jacky Mamou, président du collectif Urgence Darfour, organisateur d'un meeting à Paris
mardi soir pour interpeller les présidentiables sur le conflit meurtrier dans cette région de l'ouest du
Soudan, leur demande d'en finir avec "la compassion" et d'agir rapidement.
"L'objectif est de mettre le Darfour sur l'agenda des présidentiables", explique-t-il à l'AFP. "Il n'y a
eu que des déclarations vagues de compassion jusqu'à maintenant; Nicolas Sarkozy (UMP) et
Ségolène Royal (PS) ont évoqué brièvement le sujet sans prendre d'engagement; François Bayrou
(UDF) s'est rendu il y à deux ans là-bas, mais lui non plus ne propose rien de concret pour l'instant.
Le temps de la compassion est finie, il y a urgence à agir maintenant".
Mardi soir, en présence de Bernard-Henri Lévy et de Bernard Kouchner, le collectif demandera aux
candidats, dont aucun n'a confirmé sa venue, "de signer un document d'engagement qui inclut
plusieurs volets relatifs à l'Onu, la Cour pénale internationale, des sanctions économiques et
politiques vigoureuses contre le Soudan, surtout dans une démarche européenne, la protection des
réfugiés au Tchad et en Centrafrique et la mise en place de corridors humanitaires au Darfour".
L'initiative de mardi fait suite à la pétition pour une force de protection internationale au Darfour
adressée aux chefs de gouvernement des Etats membres de l'Union européenne.
Le président du collectif comprenant notamment SOS-Racisme, l'Association Communauté
Rwandaise de France, le B'nai B'rith France, la Ligue internationale contre le racisme et
l'antisémitisme (Licra) et l'Union des étudiants juifs de France, regrette que les questions
internationales soient "absentes de la campagne" pour la présidentielle et les législatives.
Il estime pourtant que "la France comme membre du Conseil de Sécurité et grand pays européen a
une responsabilité particulière" car c'est elle qui s'est opposée à des sanctions européennes au
dernier conseil des ministres des affaires étrangères et c'est le Premier ministre (Dominique de
Villepin) qui maintenant s'oppose à une nouvelle résolution britannique au Conseil de sécurité",
dénonce-t-il. "C'est extrêmement grave et nous n'allons pas cesser de dénoncer ce langage de
duperie. La compassion côté jardin pour les victimes, la mansuétude, je n'ose pas dire plus, pour les
génocidaires : ça suffit !"
Mais l'ancien président de Médecins du Monde sait aussi que "la communauté internationale n'a
jamais sauvé aucun peuple de génocide, ni les Arméniens, ni les Juifs, ni les Cambodgiens, ni les
Tutsis". "Au Rwanda dans un petit pays, le génocide s'est déroulé en quelques semaines", rappellet-il. Au Darfour, où une guerre civile oppose depuis quatre ans des mouvements rebelles issus de la
population noire locale à des milices arabes appuyées par l'armée soudanaise, "le gouvernement
soudanais agit sur un territoire de 550.000 km2, avec une stratégie plus subtile : la mort lente par
épuisement de centaines de milliers de personnes, chassées de leurs villages".
Le conflit a fait 200.000 morts et plus de deux millions de déplacés depuis février 2003, selon l'Onu.
Le gouvernement soudanais conteste ces chiffres.
"Toute posture attentiste", prévient le président d'Urgence Darfour, “revient à laisser les victimes
désespérément seules face à leurs bourreaux".
Afrique, mercredi, 21 mars 2007 - 12:39 GMT
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SOUDAN
"Pas de larmes de crocodile, des actes"
Quel est le programme du meeting de ce soir à la Mutualité ?
- Le meeting de ce soir consiste à la fois à sensibiliser le public et à obtenir des engagements de la
part des candidats à la présidentielle. Pour toucher le public, nous avons invité un certain nombre
de gens revenus du Darfour, parmi lesquels Richard Rossin, co-fondateur de Médecins du Monde et
le philosophe Bernard Henri-Lévy qui viendront témoigner et faire part de leurs observations et
analyses concernant la région. Pour ce qui est des candidats, nous souhaitons les sortir de la
compassion et les faire s'engager à passer aux actes, s'ils sont élus. La mobilisation pour le Darfour
est un événement qui va être en synergie avec la campagne présidentielle.
Savez-vous si les candidats seront présents ce soir, en dehors de François Bayrou, qui a déjà donné
son accrod ?
- Tout ce que je peux vous dire, c'est que ce sont des candidats de premier ordre qui seront
présents. Et nous n'avons invité que les candidats de l'arc républicain, à savoir François Bayrou,
Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy, Dominique Voynet et Marie-George Buffet.
Nous leur proposerons un acte d'engagement en huit points. Entre autres, ils devront s'engager à
mettre en œuvre des sanctions économiques contre le Soudan, mettre en place les
moyens d'une surveillance de l'espace aérien du Darfour pour éviter qu'il soit bombardé et
s'abstenir de recevoir en France des membres du gouvernement de Khartoum comme cela a été le
cas il y a environ deux mois. Le ministre de l'Economie et le ministre du Pétrole du Soudan avaient
été reçus à la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris pour vanter les investissements
français au Soudan. C'est scandaleux.
Voilà presqu'une semaine que le Nouvel Observateur est en kiosques. Quels retours avez-vous eu
du dossier relayant votre appel et consacré à la situation au Darfour ?
- Les signatures pour notre europétition abondent. Nous proposons une mobilisation à échelle
européenne pour saisir la Commission européenne et voudrions créer un mouvement d'opinion
européen. Le texte de notre appel a déjà été traduit en plusieurs langues et devrait être publié très
prochainement dans des quotidiens européens, en Italie, en Belgique, en Allemagne…
Avec le droit à la pétition européenne, lorsque nous aurons obtenu 1 million de signatures, la
Commission devra se saisir du dossier, et nous espérons qu'elle prendra des mesures de sanctions
économiques contre Khartoum et de sécurisation de la population du Darfour. Nous sommes dans
les larmes de crocodile, Urgence Darfour veut des actes.
Propos recueillis par Justine Charlet
(le mardi 20 mars 2007)
© 2007 Le Nouvel Observateur. Tous droits réservés.
Général, mardi, 20 mars 2007 - 20:28
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Libération, no. 8045
1e EDITION
EVENEMENT, mardi, 20 mars 2007, p. 5
EVENEMENT 1
Afrique
Abdel Wahid al-Nour, du Mouvement de libération du Soudan, a rencontré l'écrivain
Bernard-Henri Lévy pour «Libération»
«Je ne peux pas croire que la France se dérobe»
LEVY Bernard-Henri
Abdel Wahid al-Nour est le président du SLM (Mouvement de libération du Soudan, fondé en 1992)
dont la branche armée, la SLA, résiste pied à pied aux milices jenjawids liées au gouvernement de
Khartoum. Avocat de formation, lettré, musulman modéré et éclairé, il est de la famille des Massoud
et des Izetbegovic. Il est de ces hommes qui, comme disait André Malraux, «font la guerre sans
l'aimer» et se voient, néanmoins, contraints de la faire et de la gagner. En tournée dans les
capitales européennes où il répète inlassablement le même SOS, appelant la conscience universelle
au secours d'un peuple menacé de ce qui pourrait devenir, si nous persistons à ne rien faire, le
premier génocide du XXIe siècle, il est de passage par Paris et sera, ce mardi, l'un des orateurs du
grand meeting de solidarité qui se tiendra à la Mutualité. C'est lui qui a organisé mon passage au
Darfour. C'est cette humble et grande voix que je supplie, aujourd'hui, que l'on écoute.
BERNARD-HENRI LEVY *
C'est la première fois que vous vous exprimez dans un grand journal européen...
Je suis un combattant. Et on est, nous, les combattants, obligés d'être sur le terrain, auprès des
nôtres. Mais je ne sous-estime pas l'importance de parler, comme ici, aux opinions...
A quoi attribuez-vous ce silence du monde autour de la cause du Darfour ? Est-ce le Soudan qui fait
peur ? La Chine ? Des intérêts économiques trop lourds, et qui jouent contre vous ?
Il y a les deux choses. D'abord, le gouvernement islamiste de Khartoum terrorise ses voisins :
l'Ouganda, l'Ethiopie, l'Erythrée, le Cameroun lui-même et, tout particulièrement, le Tchad et la
République centrafricaine, voisins du Darfour, et qui ont eu à subir l'action des milices jenjawids
envoyées par le gouvernement soudanais pour terroriser, mais aussi arabiser et islamiser, les
populations. Et puis il y a des accords tacites et inavouables pour l'exploitation de ce pétrole qui
appartient à tous les peuples du Soudan, mais qu'on leur a confisqué. C'est pour cela, pour faire
place nette aux compagnies pétrolières, que, du nord au sud du Nil Bleu, des monts Nuba au
Darfour, on déplace des populations entières ! La Chine, dans ce processus, est au premier rang. Je
l'appelle à ne pas asseoir ses intérêts économiques sur la souffrance, l'exil et la mort des peuples du
Soudan. J'appelle les leaders de tous les peuples épris de liberté à faire cesser ce génocide.
L'Histoire jugera les leaders silencieux.
On connaît mal, en France, les options de votre mouvement...
Nous luttons, avant toute chose, pour un Soudan démocratique, unifié et laïque.
Laïque, vraiment ?
Mais oui, naturellement.
Ce n'est pas fréquent pour une guérilla à majorité musulmane !
Peut-être. Mais c'est dit en propres termes dans notre programme. Nous voulons une constitution
qui affirme l'égalité de droit des citoyens dans le complet respect des droits humains et, aussi, la
séparation de la religion et de l'Etat.
Et la population vous suit ?
Totalement ! Avez-vous, durant votre séjour, vu des femmes voilées par exemple ? Non. La
majorité des habitants du Darfour croit en un islam modéré, démocratique et pacifique seule voie
possible pour créer les conditions d'un monde vivable, régionalement et mondialement.
Certains vous accusent, vous aussi, d'exactions, voire de crimes de guerre...
Il est absolument exclu que nos hommes aient pu commettre des exactions. Je suis
personnellement juriste de formation et rejette avec la plus grande énergie ces accusations. Nous
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offrons à toutes les organisations qui le souhaitent toutes facilités pour mener librement les
investigations qu'elles souhaiteraient, y compris des enquêtes sur ma personne ou sur celle de tout
autre membre de notre mouvement. Je sais que le gouvernement du Soudan envoie des miliciens
déguisés en membres de la SLA pour nous faire accuser de ses crimes. Mais je vous le dis
solennellement : si l'on trouve, parmi nous, quiconque ayant commis une atteinte aux droits de
l'homme, c'est moi qui, en personne, le conduirai au Tribunal international !
Vos prisonniers de guerre, par exemple... Je n'ai pas réussi, pendant mon séjour, à avoir une
réponse claire à la question de savoir ce que vous faites de vos prisonniers de guerre...
Nous en appelons à la Croix-Rouge qui les visite régulièrement, qui prend leur courrier pour leurs
familles et leur rapporte, en retour, les lettres adressées par leurs familles. Vous pouvez interroger
la Croix-Rouge.
Concrètement, où se trouvent-ils ?
Dans des camps de prisonniers régis selon les conventions de Vienne et de Rome. Ils sont nourris.
Ils bénéficient de soins médicaux selon nos possibilités. En réalité nous ne gardons que les
prisonniers dangereux et nous libérons rapidement les autres. Nous n'avons pas beaucoup de
moyens...
Vous allez prendre la parole, ce soir, à la Mutualité, en présence d'un certain nombre de candidats à
l'élection présidentielle. Quel message comptez-vous leur adresser ?
Que la Révolution française est un exemple pour nous et pour bien d'autres peuples de par le
monde. J'ai la conviction que le peuple français et le nouveau gouvernement français nous aideront
à arrêter le massacre, à protéger les populations et à les aider à rentrer enfin chez eux. Je ne peux
pas croire que la France se dérobe à cette mission. Je ne peux pas imaginer que le peuple de France
ne soit pas à nos côtés dans la construction de ce Soudan libre, libéral, laïque, unifié et
démocratique auquel nous rêvons.
© 2007 SA Libération. Tous droits réservés.
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Libération, no. 8045
1e EDITION
EVENEMENT, mardi, 20 mars 2007, p. 3
EVENEMENT 1
Afrique
Darfour : le réveil des consciences
Un meeting organisé ce soir à la Mutualité entend interpeller les candidats et lancer la mobilisation
en faveur de la province soudanaise.
AYAD Christophe
«Ça y est, ça prend. Ça va être comme la Bosnie.» Bernard-Henri Lévy en est persuadé. De retour
d'un voyage au Darfour et dans l'est du Tchad, financé par l'ONG américaine Save Darfur et pris en
charge par les rebelles de l'Armée de libération du Soudan (SLA), l'intello baroudeur est convaincu
que la mobilisation est en train de traverser l'Atlantique. Même son de cloche chez Jacky Mamou,
président d'Urgence Darfour, collectif d'une centaine d'associations françaises mobilisées pour la
province rebelle soudanaise (1) : «Nous sommes sollicités pour des meetings en province, en
Europe. Toutes les semaines, de nouvelles associations nous rejoignent.» Urgence Darfour, qui
compte des francs-maçons, des chrétiens, des associations juives, noires (le Cran depuis peu) mais
quasiment pas d'Arabes ou de musulmans (sauf les Musulmans laïques et le Manifeste pour les
libertés), espère faire du Darfour un enjeu d'opinion publique, comme aux Etats-Unis (page 6).
«Action». Après un meeting peu médiatisé, en juillet, au théâtre de la Madeleine, les militants
français pour le Darfour comptent frapper un grand coup avec leur meeting de ce soir à la Mutualité,
à Paris. Urgence Darfour, Bernard-Henri Lévy et SOS Darfour de François Zimeray, un ex-député
européen écarté par le PS pour son militantisme antipalestinien quasi obsessionnel, espèrent faire
salle comble. Ils veulent interpeller les candidats à la présidentielle sur la question du Darfour,
comme BHL l'avait fait sur la Bosnie au milieu des années 90. Les candidats, du moins ceux
représentés au Parlement, seront invités à signer un texte prenant l'engagement d'agir pour que
cessent les massacres au Darfour (lire ci-dessus). «Ils seront tous représentés à un haut niveau»,
assure Mamou, qui espère même la présence d'un ou plusieurs d'entre eux. Car le Darfour les
mobilise : Bayrou s'y était rendu en 2004, Royal en a parlé à Villepinte et Sarkozy dans son discours
de politique étrangère. «Maintenant, ça suffit la compassion, il faut de l'action», insiste Mamou.Mais
un texte signé par tous ne risque-t-il pas le même sort que le pacte écologique de Nicolas Hulot ?
Punir plutôt que détruire. Malgré une intense campagne de presse et d'affichage, financée depuis les
Etats-Unis, l'opinion française et européenne reste assez distante. C'est que le conflit est difficile à
caractériser : génocide ou guerre civile ? Ni l'un ni l'autre mais plutôt une guerre contre les civils,
une volonté de punir une population plutôt que la détruire (2). Un conflit religieux ? Non,
contrairement à ce que croit BHL, qui y voit un affrontement entre islam radical (celui du régime et
des Arabes) et modéré (celui des rebelles et des Africains) : tout le monde est musulman au
Darfour, et les radicaux se répartissent également entre rébellion et pouvoir. Un différend ethnique
entre Arabes et Africains ? Cela le devient, même si un groupe rebelle arabe vient de voir le jour. Le
traditionnel affrontement entre pasteurs et agriculteurs, comme le clame Khartoum ? Risible vu le
nombre de victimes.
Même le nombre de morts est contesté : les estimations vont de 200 000 à 400 000 morts, dont un
quart à un tiers dans les tueries de 2003-2004. Enfin, c'est un conflit invisible car difficile à couvrir :
pas de lignes de front, des combattants fantomatiques dans un pays mal connu, un territoire grand
comme la France, peuplé de 6 millions d'habitants, des autorités qui entravent les déplacements.
Récemment, le PDG de l'Institut national de l'audiovisuel se plaignait dans leNouvel Obs de
l'absence d'images. La haut-commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme, Louise Arbour, ne
disait pas autre chose après le rapport du Conseil des droits de l'homme sur l'aggravation de la
situation : «La première mesure est de garantir que le public est précisément informé sur ce qui se
passe sur le terrain.»
(1) Le collectif a aussi lancé une pétition européenne : www.europetition-darfour.org
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Libération, no. 8045
1e EDITION
EVENEMENT, mardi, 20 mars 2007, p. 1
UNE
Afrique
Darfour Agir !
Darfour Agir !
Un meeting à Paris ce soir lance la mobilisation, et l'appel d'un collectif d'associations exhorte les
candidats à la présidentielle à s'engager pour régler le drame humanitaire du Soudan.
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Libération, no. 8045
1e EDITION
EVENEMENT, mardi, 20 mars 2007, p. 6
EVENEMENT 1
Afrique
Soudan. A savoir
Un meeting organisé ce soir à la Mutualité entend interpeller les candidats et lancer la mobilisation
en faveur de la province soudanaise.
AYAD Christophe
Quatre ans de guerre
Février 2003 : début de la guerre civile.
8 avril 2004 : premier cessez-le-feu entre le gouvernement de Khartoum et deux groupes rebelles.
14 et 15 août 2004 : arrivée des premiers soldats de l'Union africaine.
Mai 2006 : nouvel accord à Abuja (Nigeria) entre une partie des rebelles et Khartoum.
31 août 2006 : vote de la résolution 1706 par l'ONU prévoyant l'envoi de 20 000 hommes, rejetée
par le président Omar el-Béchir.
Plus de 200 000
morts
Sur 6 millions d'habitants au Darfour, plus de 200 000 personnes sont mortes, plus de 2,5 millions
ont été déplacées. 200 000 seraient réfugiées au Tchad (Source : ONU).
Protagonistes
Omar el-Béchir est au pouvoir à Khartoum depuis 1989 suite à un coup d'Etat. Il a été élu président
en 1993.
Les jenjawids sont des milices arabes à la solde de Khartoum, accusées de tuer, violer et piller les
populations africaines du Darfour.
Deux courants rebelles : le Mouvement pour la justice et l'égalité : mouvement islamiste de 6 000
à 7 000 hommes ;
le Mouvement/Armée de libération du Soudan (SLM/SLA) : 16 000 hommes. Il a accepté l'accord
d'Abuja.
L'Union africaine a envoyé 7 000 soldats dans le cadre de la Muas (Mission de l'Union africaine au
Soudan).
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Libération, no. 8045
1e EDITION
EVENEMENT, mardi, 20 mars 2007, p. 3
EVENEMENT 1
Afrique
Alerte
JOFFRIN Laurent
Il est des circonstances où l'indifférence est un crime. Ce crime, les grandes puissances du Nord le
commettent depuis de longues années. Au Soudan, un pouvoir tyrannique veut soumettre un
immense pays aux intérêts d'une mince caste religieuse, ethnique et militaire, sans que des
réactions crédibles se soient manifestées chez les Occidentaux. Pour instaurer cet ordre
obscurantiste, le gouvernement de Khartoum utilise les sanglants services de milices qui violent,
torturent et tuent à grande échelle.
S'agit-il de massacres, de génocide, de crimes de guerre ou de crimes contre l'humanité ? Les
forces qui luttent contre le régime sont-elles composées de parfaits humanistes ou bien de guerriers
qui défendent leur autonomie avec les moyens qui leur sont laissés ? A ce stade, ces justes
questions sont un peu oiseuses. Il n'y a qu'une seule urgence : arrêter le bras des assassins.
Autrement dit faire pression sur le régime de Khartoum pour qu'il accepte de passer de la tuerie à la
négociation. L'appel qui sera lu ce soir à la Mutualité à Paris donne des pistes précieuses. Il ne s'agit
pas d'intervention militaire ni de protestation sympathique mais vaine. Il s'agit d'exiger de l'ONU et
des grands pays qu'ils épaulent enfin la force africaine qui tente de limiter le conflit mais ne dispose
pas des moyens suffisants pour y parvenir.
La conscience française n'a pas, jusqu'à présent, pris la mesure de l'enjeu. Loin du «choc des
civilisations» imprudemment théorisé, le conflit du Darfour oppose des musulmans entre eux, les
uns déterminés à faire prévaloir la férule d'un pouvoir central sans partage, les autres attachés à
leur identité et à un minimum d'autonomie. Depuis longtemps, avec d'autres, Libération, par son
travail journalistique, a alerté ses lecteurs sur ce qui se passe au Darfour. La mobilisation qui se
cristallise aujourd'hui prolonge le combat. L'heure de la prise de conscience a sonné.
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Libération, no. 8045
1e EDITION
EVENEMENT, mardi, 20 mars 2007, p. 3
EVENEMENT 1
Le texte soumis ce soir aux prétendants à l'Elysée :
«Candidat, je m'engage...»
AYAD Christophe
Candidat (e) à la présidence de la République française, horrifié (e) par le sort réservé aux
populations du Darfour, je m'engage :
1. A agir en sorte que la France use de tout son poids auprès du Conseil de sécurité des Nations
unies pour y faire adopter des résolutions au titre du chapitre VII de la charte pour la protection
effective des populations du Darfour.
2. A mettre en oeuvre au niveau approprié, tant que dureront les crimes contre l'humanité, des
sanctions économiques contre le Soudan : gel des avoirs, refus de visa pour les dirigeants
soudanais impliqués dans les massacres, embargo sur les exportations de pétrole soudanais.
3. A m'abstenir de recevoir en France les membres du gouvernement de Khartoum.
4. A mettre à la disposition de la Cour pénale internationale tous les moyens utiles à sa mission,
notamment en ce qui concerne l'établissement et la conservation des preuves, la protection des
victimes, des témoins et des enquêteurs.
5. En liaison avec les Etats concernés, à donner mandat aux forces françaises stationnées au Tchad
et en Centrafrique de protéger effectivement les réfugiés, les personnes déplacées et les membres
des organisations humanitaires opérant dans ces pays.
6. A mettre en place les moyens d'une surveillance de l'espace aérien du Darfour et à en
communiquer les informations aux Etats et institutions intéressés.
7. A dénoncer avec énergie tout pays qui s'opposerait aux sanctions prises à l'encontre du Soudan
fondées sur les crimes contre l'humanité commis par son gouvernement.
8. A user de toute mon influence pour rendre possible une action européenne de protection des
populations civiles du Darfour, notamment à mettre en place des corridors humanitaires.
A Paris, maison de la Mutualité, le 20 mars 2007
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20
La Presse Canadienne
International, mardi, 20 mars 2007 - 17 h :1
Jacques Chirac dénonce "l'effroyable tragédie au Darfour"
La Presse Canadienne
PARIS (AP) -- Le président de la République Jacques Chirac a dénoncé l'"effroyable tragédie" qui se
déroule au Darfour et évoqué la possibilité de sanctions, dans un texte lu mardi soir à la Maison de
la Mutualité à Paris par l'intellectuel engagé Bernard Henri-Levy, à l'occasion d'un rassemblement
consacré à la guerre qui ravage cette région du Soudan.
"Je me bats pour que cesse l'effroyable tragédie du Darfour", y déclare le chef de l'Etat. "Près de
deux cents mille morts. Des millions de personnes chassées de leur foyer, persécutées, déplacées et
réfugiées. Et combien de villages pillés, brûlés, dévastés ? La situation empire. La France exige que
toutes les conséquences en soient tirées".
"Nous ne pouvons pas rester silencieux devant une des grandes tragédies humanitaires de notre
temps", a-t-il poursuivi. "Il faut venir en aide aux populations (...) Il faut que les Soudanais
entendent la voix de la communauté internationale".
Et de rappeler que "dès 2004", la France "a mobilisé ses moyens militaires pour que les réfugiés
reçoivent secours et protection". "Il est capital que les coupables des exactions sachent qu'il n'y
aura pas d'impunité".
Jacques Chirac a salué les Africains, "engagés pour la paix au Darfour: Je salue leurs efforts et la
détermination de l'Afrique à se battre pour la dignité humaine".
"Le Conseil de sécurité a décidé le déploiement d'une force qui va l'épauler, aider à la protection des
réfugiés, au respect du droit et à la stabilisation de la région", a poursuivi le chef de l'Etat. Il a
appelé "le gouvernement du Soudan" et "tous les belligérants, à respecter les accords de paix" et "à
protéger les populations civiles".
"La France ne relâchera pas son effort diplomatique, mais elle ne se satisfera pas de mots!", a lancé
Jacques Chirac, concluant que "si les exactions se poursuivent, si la parole n'est pas respectée, le
Conseil de sécurité n'aura pas d'autre choix que d'adopter des sanctions". AP
gon/nc
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21
AFP Infos Françaises
Politique, mardi, 20 mars 2007 - 23:34
Darfour: Sarkozy pour des sanctions unilatérales de la France s'il est élu
PARIS - Le candidat UMP à la présidentielle, Nicolas Sarkozy, s'il est élu, mettra en place des
sanctions unilatérales de la France contre le Soudan face à la poursuite des massacres au Darfour,
a-t-il fait savoir dans une lettre lue mardi lors de la soirée de Urgence Darfour.
"Je n'accepte pas que la mauvaise volonté du gouvernement soudanais nous transforme en témoins
impuissants de l'horreur", écrit M. Sarkozy dans un courrier lu, souvent sous des huées, par Nicole
Guedj devant une salle comble à la Mutualité, à Paris.
"Le Soudan doit savoir que notre patience a atteint ses limites", poursuit le ministre de l'Intérieur.
"Si je suis élu président, je n'hésiterai pas à militer pour un durcissement décisif des sanctions
contre tous les dirigeants du régime de Khartoum", a-t-il dit.
Il a également précisé que "des mesures immédiates s'imposent - gel des avoirs et refus de délivrer
des visas - pour les individus impliqués dans les massacres. Si je suis élu, la France adoptera
unilatéralement, ces mesures et encouragera ses partenaires européens à la suivre dans cette
voie", a-t-il ajouté.
Mais M. Sarkozy souligne que "les sanctions ne suffiront pas et elles ne peuvent nous satisfaire". "La
communauté internationale doit se mobiliser pour aboutir à un règlement juste et durable du conflit
par un accord politique entre le gouvernement et les rebelles. Ce sera l'une des priorités du futur
chef de l'Etat", assure-t-il, proposant, s'il est élu une "conférence internationale dans le but d'établir
un plan d'action détaillé".
Ce plan inclurait notamment "la mise en place d'une surveillance aérienne du territoire du Darfour
et des corridors humanitaires pour que les associations puissent effectuer leur travail".
La lettre de M. Sarkozy a été lue dans une grande agitation et sous des sifflets et des cris comme
"raciste" ou "honte à la France".
Mme Guedj a signé au nom de M. Sarkozy l'engagement en huit points soumis par le collectif
Urgence Darfour qui a obtenu une forte mobilisation pour cette soirée et également les signatures
de Ségolène Royal (PS), de Dominique Voynet (Verts), de François Bayrou (UDF), tous trois
présents, et de Marie-Georges Buffet, qui avait aussi envoyé un courrier.
il/dpn
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22
AFP Infos Françaises
Général, mardi, 20 mars 2007 - 19:29
Chef rebelle soudanais: seulement deux options au Darfour
PARIS - La communauté internationale doit soit envoyer au Darfour une force d'interposition
internationale, soit armer les rebelles pour leur permettre de se défendre, a estimé mardi à Paris
l'un des chefs de la rébellion, Abdul Wahid Al-Nour.
Interrogé par l'AFP juste avant sa participation à un meeting de solidarité organisé par l'ONG
Urgence Darfour, cet avocat, président du Mouvement de libération du Soudan (MLS), a déclaré:
"La communauté internationale a deux solutions: soit elle doit envoyer une réelle force
d'interposition internationale, soit elle doit nous armer pour que nous puissions nous défendre."
"La France, comme les autres pays européens, ne pourra pas dire qu'elle ne savait pas", a-t-il
ajouté. "L'histoire jugera les pays qui ont laissé mon peuple se faire massacrer".
Se présentant comme un "musulman modéré" qui milite pour "un Soudan libre, libéral, laïque, uni
et démocratique", il a encore dit: "Je suis venu à Paris pour m'adresser à la société civile et
demander à la France, pays des droits de l'Homme, de faire cesser le génocide qui frappe mon
peuple depuis cinq ans".
Le meeting parisien, qui a commencé peu avant 20H00, doit réunir notamment l'intellectuel
Bernard-Henri Lévy et l'ancien président de Médecins sans Frontières et ex-ministre socialiste
Bernard Kouchner, à l'initiative de l'association Urgence Darfour.
il/mm/hg
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23
Darfour : "Besoin d'une action internationale plus puissante" (J. Chirac)
PARIS - Le président français Jacques Chirac, dans un message lu mardi soir à Paris à une réunion
de solidarité avec la province soudanaise du Darfour, a assuré ressentir "le besoin d'une action
internationale plus puissante".
A la tribune, l'intellectuel Bernard-Henri Lévy a lu un message du président de la République aux
plusieurs centaines de participants réunis à l'initiative de l'ONG Urgence Darfour.
"C'est l'honneur et le devoir de la France de s'engager", a dit M. Chirac. "Je suis avec vous par le
coeur. Je me bats pour que cesse l'effroyable tragédie du Darfour et je ressens comme vous le
besoin d'une action internationale plus puissante. Nous ne pouvons plus rester silencieux", a ajouté
le président français.
La réunion parisienne, qui a commencé peu avant 19H00 GMT, a entendu outre Bernard-Henri Lévy,
le candidat à l'élection présidentielle François Bayrou, l'ancien président de Médecins sans Frontières
et ex-ministre socialiste Bernard Kouchner, et le socialiste Laurent Fabius, a constaté l'AFP.
Selon les organisateurs, la candidate socialiste Ségolène Royal et le candidat de l'UMP Nicolas
Sarkozy devraient passer dans le courant de la soirée.
Urgence Darfour a indiqué qu'elle allait demander à tous les candidats à l'élection présidentielle de
signer un "Acte d'engagement pour le Darfour", prévoyant notamment "que la France use de son
poids auprès Conseil de sécurité des Nations unies pour assurer une protection effective des
populations du Darfour, avec l'accord du Soudan ou non".
Ce pacte exige également que des membres du gouvernement de Khartoum ne soient plus reçus en
France et prévoit de "donner mandat aux forces françaises stationnées au Tchad et en Centrafrique
de protéger effectivement les réfugiés".
A la tribune, le socialiste Laurent Fabius, qui rentre d'un voyage au Tchad dans les régions
frontalières avec le Darfour, a déclaré: "Silence on tue ! C'est le résumé le plus court et le plus juste
de ce que j'ai vu là-bas".
Avant le début du meeting, l'un des chefs de la rébellion, Abdul Wahid Al-Nour, président de la
faction du Mouvement de Libération du Soudan (SLM) qui a refusé de signer l'accord de paix
d'Abuja, avait déclaré à l'AFP: "la communauté internationale a deux solutions: soit elle doit
envoyer une réelle force d'interposition internationale, soit elle doit nous armer pour que nous
puissions nous défendre."
il/mm/ab
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24
Darfour:
Chirac
durcit
le
ton
contre
le
Soudan
qu'il
menace
de
sanctions
Par Isabelle LIGNER
PARIS (AFP)
Le président Jacques Chirac a durci le ton mardi soir contre le Soudan, menaçant ce pays de
sanctions "si les exactions se poursuivent" au Darfour, lors d'une manifestation de soutien à Paris
avec cette province soudanaise meurtrie par quatre ans de guerre civile.
Il a assuré, dans un message lu par l'écrivain Bernard-Henri Lévy, qu'il n'y aura "pas d'impunité"
pour les auteurs de "crimes contre l'humanité" et qu'il faut "assumer cette responsabilité de
protéger que l'ONU a consacrée en droit international".
"Je le dis solennellement: si les exactions se poursuivent, si la parole n'est pas respectée, le Conseil
de sécurité n'aura pas d'autre choix que d'adopter des sanctions. Déjà, nous y travaillons", a dit M.
Chirac lors de ce meeting organisé à Paris par le collectif français "Urgence Darfour".
"Et tout doit être fait pour que la force de l'ONU et de l'Union africaine puisse se déployer au
Darfour", a-t-il ajouté.
"Il en va du sort et de la vie de centaines de milliers de femmes, d'hommes et d'enfants. Il en va de
la stabilité de l'Afrique (...). Il en va de l'honneur de la communauté internationale qui ne peut pas
rester inerte quand l'essentiel est en jeu", a lancé Jacques Chirac.
Une résolution du Conseil de sécurité prévoit le déploiement progressif d'une force conjointe ONUUnion africaine de 20.000 hommes au Darfour, pour mettre fin aux violences entre les rebelles et
des groupes armés pro-gouvernementaux qui ont fait 200.000 victimes et plus de 2 millions de
déplacés depuis quatre ans, selon l'ONU.
Face au refus du régime du président Omar el-Béchir d'accepter le déploiement de la force "hybride"
ONU-UA, la Grande-Bretagne a déjà brandi la menace de sanctions et les Etats-Unis ont souhaité
une nouvelle résolution, alors que, jusqu'à présent, la France s'était montrée très réservée sur ces
mesures.
Le président d'"Urgence Darfour" avait ainsi déclaré auparavant à l'AFP que "la France, comme
membre du Conseil de Sécurité et grand pays européen, a une responsabilité particulière", affirmant
qu'elle s'était opposée à des sanctions européennes à Bruxelles et au nouveau projet de résolution
britannique.
"Nous n'allons pas cesser de dénoncer ce langage de duperie. La compassion côté jardin pour les
victimes, la mansuétude, je n'ose pas dire plus, pour les génocidaires: ça suffit !", avait-il dit.
Le meeting parisien a réuni, outre Bernard-Henri Lévy, le candidat UDF à l'élection présidentielle
François Bayrou, l'ancien président de Médecins sans Frontières et ex-ministre socialiste Bernard
Kouchner, et l'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius.
"Urgence Darfour" veut demander à tous les candidats à l'élection présidentielle de signer un "Acte
d'engagement pour le Darfour". "L'objectif est de mettre le Darfour sur l'agenda des
présidentiables", a expliqué Jacky Mamou qui veut leur demander d'en finir avec "la compassion" et
d'agir rapidement.
A la tribune, M. Fabius, qui rentre d'un voyage au Tchad dans les régions frontalières avec le
Darfour, a déclaré: "Silence on tue ! C'est le résumé le plus court et le plus juste de ce que j'ai vu
là-bas".
25
Mardi, 20 mars 2007 - 21:21:33 GMT
Darfour - Chirac brandit la menace de sanctions contre Khartoum
PARIS, 20 mars (Reuters) - "L'honneur de la communauté internationale est en jeu" au Darfour,
estime Jacques Chirac, qui a sommé mardi soir le gouvernement de Khartoum de respecter ses
engagements sous peine de sanctions.
"Il faut que les Soudanais entendent la voix de la communauté internationale", affirme Jacques
Chirac dans un message lu par le philosophe Bernard-Henri Lévy lors d'une réunion publique
organisée par le collectif Urgence Darfour, à La Mutualité à Paris.
"La France ne relâchera pas son effort diplomatique, mais elle ne se satisfera pas de mots!",
prévient le chef de l'Etat.
"Je le dis solennellement: si les exactions se poursuivent, si la parole n'est pas respectée, le Conseil
de sécurité n'aura pas d'autre choix que d'adopter des sanctions", ajoute Jacques Chirac, réitérant
un appel lancé par l'Union européenne.
Aux yeux du président français, "tout doit être fait pour que la force de l'Onu et de l'Union
africaine", à laquelle le gouvernement soudanais reste hostile, "puisse se déployer au Darfour".
"Il en va du sort et de la vie de centaines de milliers de femmes, d'hommes et d'enfants" et "de la
stabilité de l'Afrique", affirme Jacques Chirac, dont les propos ont été applaudis par la salle.
"Il en va de l'honneur de la communauté internationale qui ne peut pas rester inerte quand
l'essentiel est en jeu", insiste le chef de l'Etat, invitant à ne pas oublier "les leçons des génocides et
des crimes contre l'humanité du XXe siècle, qui hantent nos consciences".
Le collectif Urgence Darfour a organisé cette réunion pour interpeller les candidats à l'élection
présidentielle sur le sort de cette région du Soudan en proie depuis 2003 à une guerre civile dont le
bilan est estimé à 200.000 morts et plus de deux millions de déplacés.
Le conflit oppose des groupes rebelles issus de la population noire du Darfour à des milices arabes
appuyées militairement par le gouvernement de Khartoum.
Urgence Darfour comprend notamment l'association Communauté rwandaise de France, la
Fédération nationale des associations franco-africaines, B'nai B'rith France, la Licra, SOS Racisme et
l'Union des étudiants juifs de France. /EP
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26
News Press
France, mercredi, 21 mars 2007 - 09:43 (GMT
Darfour - Jacques Chirac : "Si les exactions se poursuivent, des sanctions seront
adoptées"
Paris, Maison de la Mutualité, le 20 mars 2007
Mesdames et messieurs, cher amis,
C'est l'honneur et le devoir de la France de s'engager chaque fois que les valeurs universelles sont
menacées, chaque fois que l'intolérable se produit. Vous incarnez cette vocation de vigilance et de
fraternité. Je salue les responsables d'ONG, les citoyens et les intellectuels rassemblés ici pour le
Darfour.
Ce soir, je suis avec vous par le coeur car ce combat est le nôtre. En 1995 déjà, je refusais qu'on se
résigne à l'épuration ethnique en Bosnie. Et le sursaut de la France a permis que s'enclenche une
logique de paix.
Au nom de cette idée de l'humanité, je me bats pour que cesse l'effroyable tragédie du Darfour.
Le rapport de Mme Jody Williams établit l'évidence face à tous ceux qui voudraient la nier. Près de
deux cents mille morts. Des millions de personnes chassées de leur foyer, persécutées, déplacées et
réfugiées. Et combien de villages pillés, brûlés, dévastés ? La situation empire. La France exige que
toutes les conséquences en soient tirées.
Dès 2004, elle a mobilisé ses moyens militaires pour que les réfugiés reçoivent secours et
protection. Elle a mobilisé l'Union européenne. Elle a agi pour que le Conseil de sécurité sanctionne
ceux qui violent les droits de l'Homme et pour qu'il saisisse la Cour pénale internationale.
Il est capital que les coupables des exactions sachent qu'il n'y aura pas d'impunité. Que le monde
les tiendra responsables des crimes perpétrés contre leurs propres frères, d'un crime contre
l'humanité.
Les Africains se sont engagés pour la paix au Darfour. Je salue leurs efforts et la détermination de
l'Afrique à se battre pour la dignité humaine. Il faut l'appuyer.
Le Conseil de sécurité a décidé le déploiement d'une force qui va l'épauler, aider à la protection des
réfugiés, au respect du droit et à la stabilisation de la région.
Une nouvelle fois, j'appelle le Gouvernement du Soudan, et tous les belligérants, à respecter les
accords de paix. A juguler les milices qui sèment la terreur. A protéger les populations civiles.
Aujourd'hui, alors que la situation humanitaire continue à empirer, je ressens comme vous le besoin
d'un mouvement international plus puissant encore.
Nous ne pouvons pas rester silencieux devant une des grandes tragédies humanitaires de notre
temps. Nous ne pouvons pas oublier les leçons des génocides et des crimes contre l'humanité du
20ème siècle, qui hantent nos consciences. Nous ne pouvons pas accepter que la mondialisation, ce
soit des frontières ouvertes à tout, sauf à la justice et à la morale.
Il faut venir en aide aux populations et assumer cette responsabilité de protéger que l'ONU a
consacrée en droit international, à la demande de la France. Il faut que les Soudanais entendent la
voix de la communauté internationale.
La France ne relâchera pas son effort diplomatique, mais elle ne se satisfera pas de mots ! Je le dis
solennellement : si les exactions se poursuivent, si la parole n'est pas respectée, le Conseil de
sécurité n'aura pas d'autre choix que d'adopter des sanctions. Déjà, nous y travaillons. Et tout doit
être fait pour que la force de l'ONU et de l'Union africaine puisse se déployer au Darfour.
Mesdames et messieurs,
Il en va du sort et de la vie de centaines de milliers de femmes, d'hommes et d'enfants.
27
Il en va de la stabilité de l'Afrique, un continent qui doit pouvoir consacrer toutes ses forces au
développement !
Il en va de l'honneur de la communauté internationale qui ne peut pas rester inerte quand
l'essentiel est en jeu.
Par votre action sur le terrain, et, ce soir, par votre mobilisation, vous exprimez cette conscience
universelle qui doit se porter aux côtés des plus vulnérables au nom de la fraternité universelle dont
nous sommes les héritiers et les défenseurs.
Je vous remercie.
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28
Chirac durcit le ton, les candidats s'engagent
21 mars 2007 - AFP
Le président Jacques Chirac a menacé mardi soir le Soudan de sanctions lors de la
plus grande mobilisation pour le Darfour organisée à Paris et marquée par
l'engagement des principaux candidats à la présidentielle de faire cesser les
massacres dans la province soudanaise.
"Je le dis solennellement : si les exactions se poursuivent, si la parole n'est pas
respectée, le Conseil de sécurité n'aura pas d'autre choix que d'adopter des
sanctions. Déjà, nous y travaillons", déclare M. Chirac dans un message lu par
Bernard-Henri Lévy lors de ce meeting du collectif Urgence Darfour à la Mutualité.
Le chef de l'Etat, bientôt arrivé au terme de son dernier mandat, a assuré qu'il n'y
aura "pas d'impunité" pour les auteurs de "crimes contre l'humanité" et que "tout
doit être fait pour que la force de l'ONU et de l'Union africaine puisse se déployer au
Darfour".
Une résolution du Conseil de sécurité prévoit le déploiement progressif d'une force
conjointe ONU-Union africaine de 20.000 hommes au Darfour, pour mettre fin aux
violences entre les rebelles issus des populations noires locales et des milices arabes
appuyés par l'armée soudanaise. Le conflit a fait 200.000 morts, essentiellement des
civils, et plus de 2 millions de déplacés depuis quatre ans, selon l'Onu.
Face au refus du régime du président Omar el-Béchir d'accepter le déploiement d'une
force internationale, la Grande-Bretagne a déjà brandi la menace de sanctions et les
Etats-Unis ont souhaité une nouvelle résolution, alors que, jusqu'à présent, la France
s'était montrée très réservée sur ces mesures.
Le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy, très attaqué mardi soir sur
"l'inaction" de la France, a répondu que "s'il n'y a pas d'accord politique entre les
différents groupes rebelles et le gouvernement soudanais, n'importe qu'elle
intervention militaire qui se substituerait à un accord politique serait vouée à un
échec total".
Il a également souligné qu'au sein du Conseil de sécurité de l'Onu il fallait
"convaincre" les trois pays soutenant jusqu'ici le Soudan (Chine, Afrique du Sud,
Indonésie) pour obtenir des décisions prises à l'unanimité et donc plus efficaces
29
selon lui.
Deux des candidats à la présidentielle, l'UDF François Bayrou et la socialiste
Ségolène Royal, présents mardi soir, ont proposé de faire pression sur la Chine en
menaçant de boycotter les Jeux olympiques de Pékin (2008).
De son côté, le candidat UMP Nicolas Sarkozy a fait savoir par un courrier lu sous des
huées que s'il est élu, il mettrait en place des sanctions unilatérales de la France
contre le Soudan.
Tous trois ont signé un engagement en huit points en faveur du Darfour, tout comme
Dominique Voynet (Verts) et Marie-Georges Buffet (communiste).
Pour cette soirée, à laquelle plusieurs centaines de personnes ont assisté, Urgence
Darfour avait mobilisé des personnalités diverses: Bernard Kouchner, Fadela Amara,
Fanny Ardant, Nicole Garcia, Claude Lanzmann, André Glucksman ou encore Romain
Goupil.
Une délégation de réfugiés darfouris a été applaudie très longuement par la salle,
debout, ainsi que le chef de l'un des mouvements rebelles du Darfour, Abdul Wahid
(Mouvement de libération du Soudan).
Ce dernier a appelé la France et l'Union européenne à choisir: "soit vous envoyez
une force internationale, soit vous nous donnez des armes pour nous défendre", a-til lancé.
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Sud ouest
Urgence au Darfour
SOUDAN. Le conflit s'invite dans une réunion à Khartoum. En France, un collectif interpelle les
présidentiables
Une conférence des donateurs théoriquement consacrée au financement du processus de paix au
Sud-Soudan s'est ouverte hier à Khartoum, mais le conflit au Darfour a largement éclipsé cet ordre
du jour. Le gouvernement soudanais a refusé que la crise qui sévit depuis quatre ans dans l'ouest
du pays soit inscrite à l'agenda de la réunion.
Depuis la signature d'un accord de paix, en janvier 2005, la communauté des bailleurs de fonds a
promis une aide de 4,5 milliards de dollars pour reconstruire le Soudan et effacer les marques de
vingt ans de guerre civile entre le nord et le sud du pays. Mais une grande partie de ces
financements ne se sont pas concrétisés et le Sud affirme que des sommes importantes ont été
réorientées vers le Darfour, à l'ouest. La réunion du Consortium Soudan devait aborder cette
question, en plus de nouvelles promesses d'aides financières. Mais l'annulation de la discussion
séparée sur le Darfour a conduit certains donateurs à revoir à la baisse leur participation.
Le conflit au Darfour a éclaté début 2003, lorsque des mouvements de rébellion noire ont pris les
armes pour dénoncer le désintérêt du pouvoir central pour leur région. Khartoum a par la suite
armé des milices arabes. Le conflit a fait 200 000 morts et plus de 2 millions de déplacés, selon
l'ONU. Le gouvernement soudanais conteste ces chiffres.
Corridors humanitaires. Le Darfour s'est aussi invité à Paris. Le collectif Urgence Darfour y
organisait un meeting hier soir, pour interpeller les présidentiables sur le conflit. Son président,
Jacky Mamou, leur demande d'agir rapidement. « L'objectif est de mettre le Darfour sur l'agenda
des présidentiables. Il n'y a eu que des déclarations vagues jusqu'à maintenant; Nicolas Sarkozy
(UMP) et Ségolène Royal (PS) ont évoqué brièvement le sujet sans prendre d'engagement; François
Bayrou (UDF) s'est rendu il y a deux ans là-bas, mais lui non plus ne propose rien de concret. Le
temps de la compassion est finie, il y a urgence à agir maintenant. »
Hier soir, en présence de Bernard-Henri Lévy et de Bernard Kouchner, le collectif a demandé aux
candidats « de signer un document d'engagement qui inclut plusieurs volets relatifs à l'ONU, la Cour
pénale internationale, des sanctions économiques et politiques vigoureuses contre le Soudan, la
protection des réfugiés au Tchad et en Centrafrique et la mise en place de corridors humanitaires au
Darfour ».
Le président du collectif comprenant notamment SOS-Racisme, l'association Communauté
rwandaise de France, le B'nai B'rith France, la Ligue internationale contre le racisme et
l'antisémitisme (Licra) regrette que les questions internationales soient « absentes de la campagne
».
Mort lente. Il estime pourtant que la France a « une responsabilité particulière, car c'est elle qui
s'est opposée à des sanctions européennes (...) et c'est le Premier ministre (Dominique de Villepin)
qui maintenant s'oppose à une résolution britannique au Conseil de sécurité. Nous n'allons pas
cesser de dénoncer ce langage. La compassion pour les victimes, la mansuétude pour les
génocidaires : ça suffit ! »
Mais l'ancien président de Médecins du monde sait aussi que « la communauté internationale n'a
jamais sauvé aucun peuple du génocide ». « Le gouvernement soudanais agit sur un territoire de
550 000 kilomètres carrés, avec une stratégie subtile : la mort lente par épuisement de centaines
de milliers de personnes, chassées de leurs villages. »
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L'Indépendant
CARCASSONNENARBONNEPERPIGNAN
Mercredi, 21 mars 2007
Sans Titre
Par Bernard Revel
L'EDITO Par Bernard Revel
Darfour-IrakQuatre ans que cela dure. Quatre années de violences, de tueries, d'horreur dont sont
victimes la plupart du temps les populations civiles. Cela a commencé en février 2003 au Darfour,
cette région du Soudan vaste comme la France. Moins d'un mois plus tard, le 20 mars, les troupes
américaines envahissaient l'Irak. Et depuis quatre ans, l'enfer s'appelle Darfour et Irak.
Effet pervers d'une campagne électorale qui nous passionne, nous faisons comme si le monde
tournait autour de la guerre des candidats. Guerre de mots, guerre d'images. Un sondage est un
événement plus important que des femmes et des enfants qui meurent. Engouement pour l'un,
indifférence pour les autres. Bien sûr, la position française sur la guerre en Irak est connue. Et dans
le pétrin où il s'est mis, George Bush qui, il y a quatre ans, se riait des critiques de Jacques Chirac,
ne fait plus le fier à présent. Désavoué par l'immense majorité des Américains, convaincu qu'il
faudra "des mois" avant de pouvoir "plier bagage", il ne peut plus faire semblant d'ignorer que pour
avoir la peau d'un dictateur, il a provoqué un déchaînement dévastateur du terrorisme. En Irak,
c'est, pour un prétexte mensonger, l'intervention des troupes US et de leurs alliés qui est à l'origine
d'une violence sans fin. Au Darfour livré aux milices soutenues par l'armée soudanaise, c'est la non
intervention qui laisse se perpétrer ce que les Américains qualifient de génocide : 200.000 morts en
quatre ans, deux millions de déplacés sous le regard passif de l'ONU paralysée par un Conseil de
sécurité incapable de voter des sanctions. La France, en partie responsable de cette situation de
blocage, est accusée de "mansuétude pour les génocidaires" par Urgence Darfour. En interpellant
hier soir, lors d'un meeting à Paris, les candidats à la présidence, ce collectif rassemblant de
nombreuses associations, veut introduire la tragédie africaine dans la campagne. "Le temps de la
compassion est fini, il y a urgence à agir maintenant" : tel est son message.
Agir, ne pas agir. Intervenir, ne pas intervenir. En ce qui concerne l'Irak et le Darfour, on ne peut
que constater que tout a été fait à l'envers. Comme si, pour les puissants, la vie des hommes se
jouait sur un coup de dé. Après quatre ans d'enlisement, ils pourraient au moins s'entendre pour
remettre les choses à l'endroit.
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Les Echos, no. 19882
Dernière, mercredi, 21 mars 2007, p. 16
A l'etranger
Darfour : Chirac menace le Soudan de sanctions si rien ne change
Jacques Chirac a menacé hier le Soudan de sanctions « si les exactions se poursuivent » au Darfour
et si Khartoum continue de s'opposer au déploiement d'une force de l'ONU et de l'Union africaine. «
Si la parole n'est pas respectée, le Conseil de sécurité n'aura pas d'autre choix que d'adopter des
sanctions. Déjà, nous y travaillons », a déclaré le chef de l'Etat dans un message lu lors d'un
meeting organisé à Paris par le collectif français Urgence Darfour. Dans cette province de l'ouest du
pays, les violences entre les rebelles et des groupes armés pro-gouvernementaux ont fait 200.000
victimes et plus de 2 millions de déplacés en quatre ans, selon l'ONU.
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Aujourd'hui en France
Le Parisien
POLITIQUE, mercredi, 21 mars 2007, p. 6
EN BREF Irak Darfour
[Seize personnes ont été tuées et plus de 50 autres blessées dans une vague
d'attentats à Bagdad, hier, jour du 4 e anniversaire de l'invasion américaine de
l'Irak.]
Seize personnes ont été tuées et plus de 50 autres blessées dans une vague d'attentats à Bagdad,
hier, jour du 4 e anniversaire de l'invasion américaine de l'Irak. Par ailleurs, le gouvernement
irakien a exécuté l'ancien vice-président, Taha Yassine Ramadan. Il a été pendu avant l'aube, pour
son rôle dans le meurtre de 148 villageois chiites dans les années 1980.
Jacques Chirac, dans un message lu, hier soir, par Bernard-Henri Lévy, au meeting de solidarité
avec le Darfour à la Mutualité (Paris V e ), a assuré ressentir « le besoin d'une action internationale
plus puissante ». François Bayrou, Bernard Kouchner et Laurent Fabius , notamment, étaient
présents à ce meeting.
© 2007 Aujourd'hui en France. Tous droits réservés.
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Midi Libre
CATALANLOZERERODEZMILLAUCARCASSONNENARBONNEBEZIERSALESGARD
RHODANIENUZEGESETELUNELLODEVEMONTPELLIERNIMES
Mercredi, 21 mars 2007
1 Nicolas Hulot se fâche tout rouge Nicolas Hulot avait ren...
1 Nicolas Hulot se fâche tout rouge Nicolas Hulot avait renoncé, fin janvier, à se présenter à la
présidentielle. En échange, la plupart des candidats avaient signé son Pacte écologique. Il est en
colère :
« Si j'ai l'impression que les promesses ne seront pas mises en oeuvre, alors je me sentirai libéré de
tout. On peut envisager une action politique entre la présidentielle et les législatives. Tout est
ouvert. »2 La police s'invite dans la campagne...
Alliance, deuxième syndicat de gardiens de la paix, proche du PS, effectue, du 10 au 31 mars, une
« enquête auprès de la population. » Objectif : dans le cadre de la présidentielle, évaluer « la vision
de la police et de la sécurité » par les Français. Une série de questions est posée sur les missions,
l'accueil, le comportement ou l'efficacité des policiers.
3 ...Les hôteliers et les restaurateurs aussi Les hôteliers-restaurateurs interpellent les candidats
avec un questionnaire sur dix mesures préconisées pour dynamiser le secteur. Les postulants à
l'Elysée devront se prononcer sur la baisse de la TVA à 5,5 %, la modernisation des normes du
classement touristique des hôtels, la réforme du dialogue social. Mais aussi sur la transmission des
entreprises, des dérogations à la loi anti-tabac, les horaires d'ouverture des débits de boissons et
des discothèques.
4 Place aux camions de tracts ! Parce qu'ils transporteront le matériel de propagande des candidats,
des poids-lourds de plus de 7,5 tonnes auront le droit de circuler
les samedi 7 dimanche 8 et lundi 9 avril et le week-end du 28-29 avril. Il en sera de mêm
e pour les législatives, le mardi 1er mai et le week-end du 26-27 mai.
5 Les propositions d'Ollier à Sarkozy Le président UMP de l'Assemblée nationale
Patrick Ollier va présenter des « propositions concrètes » à Sarkozy pour « accroître le rôle du
Parlement. » Mais il s'oppose à la transformation des institutions : « La VIe République, c'est un
retour en arrière, c'est de la démagogie. »6 Le patronat fixe un cap de 4 % de croissance Le Medef
(patronat) fixe un objectif
« réaliste »de croissance de 4 % d'ici cinq ans. Et il suggère aux trois principaux candidats d'être «
en matière économique moins craintifs et de ne pas se contenter d'une croissance de 2 ou 2,5 % ».
Pour Laurence Parisot,
« chômage, pouvoir d'achat, déficits publics, endettement, insécurité et délinquance seraient
solubles dans une croissance plus forte. »
7 L'Elysée d'accord, mais n'oubliez pas le Darfour ! Le collectif Urgence Darfour a organisé hier soir
un meeting à Paris pour interpeller les présidentiables sur le conflit du Darfour, au Soudan. Il faut
dépasser
« le stade de la compassion, il y a urgence à agir. » Selon l'Onu, le conflit a fait 200 000 morts et
plus de 2 millions de déplacés depuis février 2003.
8 La réforme des retraites à la sauce Bayrou Le centriste
François Bayrou a exposé hier sa réforme « équitable, souple et durable » des retraites. Négociée
avec tous (partenaires sociaux, organismes, retraités), elle reposera sur le principe des retraites par
points. C hacun choisira l'âge de son départ à la retraite en fonction du niveau de pension acquis
par son travail.
La réforme sera ensuite « soumise à référendum et votée par le Parlement. »
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News Press
France, mercredi, 21 mars 2007 - 17:00 (GMT
Mobilisation sur le Darfour : le CRIF a participé à une journée historique
Mardi 20 mars 2007 à Paris, la Mutualité a connu la foule des grands jours. Tous les participants
avaient le sentiment de vivre une journée historique dans la prise de conscience et la mobilisation
sur le Darfour.
Les intervenants, Jacky Mamou, président du Collectif urgence Darfour, François Zimeray, président
de SOS Darfur, Bernard Kouchner, ancien ministre, Dominique Sopo, président de SOS Racisme,
Richard Rossin, délégué général du Collectif, ou encore Laurent Fabius, ancien premier ministre,
tous de retour du Darfour, se sont succédés à la tribune pour souligner l'urgence de la situation, le
massacre de plusieurs centaines de milliers de civils en raison de leur identité « africaine noire », les
viols ethniques, le déplacement de plusieurs millions de personnes, « la politique de la terre brûlée
» qui consiste à éliminer toute trace de la population sur d'immenses territoires, la complicité de
l'armée et du gouvernement soudanais avec les milices arabse janjawids .
Ils ont lancé un appel solennel à protéger effectivement les populations civiles menacées d'un
génocide généralisé, à mettre en place des corridors humanitaires sécurisés, à déférer devant la
Cour pénale internationale tous les individus inculpés de crimes de guerre et de crimes contre
l'humanité, à établir une zone d'exclusion aérienne, pour favoriser les conditions d'un véritable
accord de paix.
Parmi les temps forts de cette soirée, citons la signature de « l'acte d'engagement pour le Darfour »
directement par trois des candidats à l'élection présidentielle, sur la tribune de la Mutualité :
François Bayrou, Ségolène Royal, Dominique Voynet. Nicolas Sarkozy étant, quant à lui, représenté
par Nicole Guedj, ancien ministre, qui a signé à sa place.
Plusieurs intervenants ont appelé au boycott des jeux olympiques de Pékin pour sanctionner le
soutien de la Chine à Khartoum.
Le président de la République a demandé à Bernard Henri Lévy de lire en son nom un message
d'engagement pour le Darfour, menaçant le Soudan de sanctions, s'il ne se conformait pas aux
nombreuses résolutions déjà votées. Le chef de la Résistance darfouri, Abdoul Wahid Al Nour, à la
tête d'une nombreuse délégation, a expressément demandé que les organisateurs donnent la parole
à Philippe Douste-Blazy, ministre des Affaires étrangères, dont la diplomatie a été fortement mise
en cause par de nombreux orateurs. Le chef de la diplomatie française est monté à la tribune pour
expliquer son attitude par la recherche d'une décision unanime du Conseil de Sécurité des Nations
Unies.
Les organisateurs ont lancé une « euro-pétition d'urgence » pour laquelle ils espèrent recueillir un
million de signatures (à l'adresse suivante www.europetition-darfour.org).
Le CRIF qui s'est engagé pleinement dans cette action de solidarité avec les populations civiles du
Darfour était représenté par son président, Roger Cukierman, auquel s'étaient joints Jo Zrihen, viceprésident, Francis Kalifat, trésorier, Henri Hajdenberg, ancien président, Arié Bensemhoun, membre
du bureau exécutif, Richard Prasquier, conseiller du président, Serge Klugman, membre du comité
directeur et Jean-François Strouf, responsable administratif.
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AFP Infos Françaises
Politique, mercredi, 21 mars 2007 - 00:55
Darfour: "il n'y a rien de plus facile que d'arrêter la tragédie" (Bayrou)
PARIS - Le candidat UDF à la présidentielle François Bayrou, a estimé qu'"il n'y a rien de plus facile
que d'arrêter la tragédie" au Darfour, lors de la soirée d'Urgence Darfour à Paris.
"Je me suis rendu au Darfour, il y a deux ans", a-t-il déclaré à la Mutualité. "On en revient avec une
certitude d'une absolue limpidité: il n'y a rien de plus facile que d'arrêter cette tragédie", a-t-il
assuré parlant notamment de la mise en place de corridors humanitaires et d'une surveillance
aérienne de cette région de l'ouest du Soudan.
Soulignant que Pékin faisait barrage à des sanctions ou des résolutions contraignantes contre le
Soudan, il a estimé que "la France s'honorera de refuser de participer aux JO si la Chine persiste
dans cette voie".
"La place de la France et la place de l'Europe est aux côtés des victimes de génocide du Darfour", at-il insisté.
il/dpn
© 2007 AFP. Tous droits réservés.
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Le Progrès - Lyon
Informations générales, mercredi, 21 mars 2007, p. / www.leprogres.fr
> DARFOUR
« Une force d'interposition internationale est nécessaire »
La communauté internationale doit soit envoyer au Darfour une force d'interposition internationale,
soit armer les rebelles pour leur permettre de se défendre, a estimé hier à Paris l'un des chefs de la
rébellion, Abdul Wahid Al-Nour. Interrogé juste avant sa participation à un meeting de solidarité
organisé par l'ONG Urgence Darfour, cet avocat, président du Mouvement de libération du Soudan
(MLS), a ajouté : « La France, comme les autres pays européens, ne pourra pas dire qu'elle ne
savait pas. L'histoire jugera les pays qui ont laissé mon peuple se faire massacrer ».
« Musulman modéré » qui milite pour « un Soudan libre, libéral, laïque, uni et démocratique », il a
encore dit : « Je suis venu à Paris pour m'adresser à la société civile et demander à la France, pays
des droits de l'Homme, de faire cesser le génocide qui frappe mon peuple depuis cinq ans ».
Le meeting parisien, devait réunir notamment l'intellectuel Bernard-Henri Lévy et l'ancien président
de Médecins sans Frontières et ex-ministre socialiste Bernard Kouchner, à l'initiative de l'association
Urgence Darfour. Cette association a l'intention de «mettre le Darfour sur l'agenda des
présidentiables».
© 2007 Le Progrès - Lyon. Tous droits réservés.
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NouvelObs.com
La Une, mercredi, 21 mars 2007 - 11:58 GMT
DARFOUR
Les candidats prennent des engagements
François Bayrou et Ségolène Royal, présents mardi soir lors de la soirée organisée par
Urgence Darfour, se sont prononcés en faveur de pressions auprès de la Chine. Nicolas
Sarkozy a indiqué dans un courrier qu'il mettrait en place des sanctions contre le Soudan.
Deux des candidats à la présidentielle, l'UDF François Bayrou et la socialiste Ségolène Royal, ont
proposé mardi 20 mars, lors de la soirée organisée par Urgence Darfour, de faire pression sur la
Chine en menaçant de boycotter les Jeux olympiques de Pékin prévus en 2008). Les deux aspirants
à l'Elysée étaient présents à ce meeting organisés par le collectif Urgence Darfour à la Mutualité à
Paris.
De son côté, le candidat UMP Nicolas Sarkozy a fait savoir par un courrier lu sous des huées que s'il
est élu, il mettrait en place des sanctions unilatérales de la France contre le Soudan.
Tous trois ont signé un engagement en huit points en faveur du Darfour, tout comme Dominique
Voynet (Verts) et Marie-Georges Buffet (communiste).
"Les Chinois nous dit-on s'opposeront à toute sanction" contre le Soudan, a déclaré Ségolène Royal,
très applaudie lors de son intervention. "C'est le moment de faire pression avant les jeux
olympiques de Pékin" prévus en 2008.
"Un génocide se déroule sous nos yeux dans un silence assourdissant et comme pour le Rwanda, le
silence est déjà une forme de complicité", a-t-elle dénoncé. "Nous ne pouvons pas dire que nous ne
savons pas".
Corridors humanitaires et surveillance
"Il faut en finir avec la coupable immobilité de la politique africaine de la France", a-t-elle ajouté,
précisant qu'en cas d'élection elle "changerait en profondeur la politique de la France à l'égard de
l'Afrique, le pays où je suis née".
François Bayrou a estimé pour sa part qu'"il n'y a rien de plus facile que d'arrêter la tragédie" au
Darfour. "Je me suis rendu au Darfour, il y a deux ans", a-t-il déclaré à la Mutualité. "On en revient
avec une certitude d'une absolue limpidité: il n'y a rien de plus facile que d'arrêter cette tragédie",
a-t-il assuré parlant notamment de la mise en place de corridors humanitaires et d'une surveillance
aérienne. Soulignant que Pékin faisait barrage à des sanctions ou des résolutions contraignantes
contre le Soudan, il a estimé que "la France s'honorera de refuser de participer aux JO si la Chine
persiste dans cette voie".
"La place de la France et la place de l'Europe est aux côtés des victimes de génocide du Darfour", at-il insisté.
Huées
"Je n'accepte pas que la mauvaise volonté du gouvernement soudanais nous transforme en témoins
impuissants de l'horreur", a écrit Nicolas Sarkozy dans un courrier lu, souvent sous des huées, par
Nicole Guedj.
"Le Soudan doit savoir que notre patience a atteint ses limites", poursuit le ministre de l'Intérieur.
"Si je suis élu président, je n'hésiterai pas à militer pour un durcissement décisif des sanctions
contre tous les dirigeants du régime de Khartoum", a-t-il dit.
Il a également précisé que "des mesures immédiates s'imposent - gel des avoirs et refus de délivrer
des visas - pour les individus impliqués dans les massacres. Si je suis élu, la France adoptera
unilatéralement, ces mesures et encouragera ses partenaires européens à la suivre dans cette
voie", a-t-il ajouté.
Délégation de réfugiés
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Nicolas Sarkozy souligne que "les sanctions ne suffiront pas et elles ne peuvent nous satisfaire". "La
communauté internationale doit se mobiliser pour aboutir à un règlement juste et durable du conflit
par un accord politique entre le gouvernement et les rebelles. Ce sera l'une des priorités du futur
chef de l'Etat", assure-t-il, proposant, s'il est élu une "conférence internationale dans le but d'établir
un plan d'action détaillé".
Pour cette soirée, à laquelle plusieurs centaines de personnes ont assisté, Urgence Darfour avait
mobilisé des personnalités diverses: Bernard Kouchner, Fadela Amara, Fanny Ardan, Nicole Garcia,
Claude Lanzmann, André Glucksman ou encore Romain Goupil.
Une délégation de réfugiés darfouris a été applaudie très longuement par la salle, debout, ainsi que
le chef de l'un des mouvements rebelles du Darfour, Abdul Wahid (Mouvement de libération du
Soudan).
Ce dernier a appelé la France et l'Union européenne à choisir: "soit vous envoyez une force
internationale, soit vous nous donnez des armes pour nous défendre", a-t-il lancé.
© 2007 Le Nouvel Observateur. Tous droits réservés.
40
Ouest-France
Toutes éditions, mercredi, 21 mars 2007, p. 3
Et le Darfour ? Un collectif interpelle les candidats
Les candidats font preuve de compassion à l'égard des victimes de la tragédie du Darfour, c'est
d'action dont elles ont besoin », affirme Jacky Mamou, président du collectif Urgence Darfour, qui
organisait, hier soir, un meeting à paris. Il demande une force de protection internationale au
Darfour. L'Onu évalue à 200 000 morts et 2 millions de déplacés, en quatre ans, les victimes du
conflit opposant le gouvernement soudanais et les rebelles de la province.
© 2007 Ouest-France. Tous droits réservés.
41
AFP
Politique,
Infos
mercredi,
21
Mondiales
mars
2007
-
00:29
Darfour: Mme Royal propose de faire pression sur la Chine avant les J.O
PARIS - La candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal a proposé mardi lors de la soirée
organisée par Urgence Darfour de "faire pression avant les jeux Olympiques" sur la Chine, qui
s'oppose à des sanctions et des résolutions contraignantes au sein du Conseil de sécurité.
"Les Chinois, nous dit-on, s'opposeront à toute sanction" contre le Soudan, a déclaré Mme Royal,
très applaudie lors de toute son intervention à la Mutualité. "C'est le moment de faire pression
avant les jeux Olympiques de Pékin" prévus en 2008.
"Un génocide se déroule sous nos yeux dans un silence assourdissant et comme pour le Rwanda, le
silence est déjà une forme de complicité", a-t-elle dénoncé. "Nous ne pouvons pas dire que nous ne
savons pas."
"Il faut en finir avec la coupable immobilité de la politique africaine de la France", a-t-elle ajouté,
précisant qu'en cas d'élection elle "changerait en profondeur la politique de la France à l'égard de
l'Afrique, le pays où je suis née".
Selon la candidate socialiste qui a signé l'engagement en huit points soumis aux candidats par le
collectif Urgence Darfour "il ne faut plus que la France reçoive sur son sol les responsables du
massacre au Darfour. C'est indigne de les avoir reçus".
La France doit également selon elle agir pour que le Conseil de sécurité vote une résolution
contraignante avec des sanctions sous l'égide du chapitre 7 de la Charte des Nations unies pour
protéger les victimes.
"Je veux que la France et l'UE se rejoignent pour exiger des actions immédiates. Dès à présent,
nous pouvons assurer la sécurisation des camps de réfugiés au Tchad et en Centrafrique grâce à
une force internationale. Commençons donc par une force européenne", s'est-elle exclamée.
"Nous définirons d'autres politiques pour qu'il y ait des actions de prévention et que plus jamais des
génocides puissent se dérouler sous nos yeux sans que l'Europe ne réagisse".
il/ppa t.tmf.elu-sp
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La Nouvelle République du Centre-Ouest
INFORMATIONS GENERALES
FRANCE politique, mercredi, 21 mars 2007, p. III
PRESIDENTIELLE
Darfour, caméras et séminaire
24 heures en campagne
« L'objectif est de mettre le Darfour sur l'agenda des présidentiables », a plaidé Jacky Mamou,
président du collectif Urgence Darfour, organisateur hier soir d'un meeting à Paris pour interpeller
les candidats sur le conflit meurtrier dans cette région de l'ouest du Soudan. « Il n'y a eu que des
déclarations vagues de compassion jusqu'à maintenant, déplore-t-il. Nicolas Sarkozy et Ségolène
Royal ont évoqué brièvement le sujet sans prendre d'engagement. François Bayrou s'est rendu il y a
deux ans là-bas, mais lui non plus ne propose rien de concret pour l'instant. Le temps de la
compassion est fini, il y a urgence à agir maintenant. »
Jacques Chirac, en évoquant des « crimes contre l'humanité », a menacé le Soudan de sanctions
« si les exactions se poursuivent » au Darfour. « Je le dis solennellement : si les exactions se
poursuivent, si la parole n'est pas respectée, le Conseil de sécurité n'aura pas d'autre choix que
d'adopter des sanctions. Déjà, nous y travaillons », a dit le président de la République dans un
message lu lors du meeting organisé à Paris.
« Et tout doit être fait pour que la force de l'ONU et de l'Union africaine puisse se déployer au
Darfour », a ajouté le Président dans ce message lu par l'écrivain Bernard-Henri Lévy et rendu
public par l'Élysée.
La scène a également été occupée hier par l'idée d'«Assemblée constituante » évoquée lundi soir
par Ségolène Royal. Jack Lang a estimé que le changement des institutions préconisé par la
candidate serait plutôt « entériné par référendum ».
Le gouvernement se préoccupait lui aussi de présidentielle. Il s'est réuni en séminaire à Matignon,
afin de préparer « une transition de qualité » avec l'équipe qui lui succédera en mai. Nicolas
Sarkozy recevait au même moment des parlementaires UMP à son siège de campagne. Dominique
de Villepin, qui souhaite « un débat électoral serein », a demandé à ses collègues de « veiller à la
bonne application des lois, de garantir le respect de l'ordre public social et de continuer à faire
preuve de la plus grande vigilance en matière de sécurité » d'ici à la fin de leurs fonctions.
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Libération, no. 8046
2e EDITION
MONDE, mercredi, 21 mars 2007, p. 9
Le Darfour sort de l'ombre à Paris
Politiques et intellectuels se sont succédé au meeting organisé hier.
AYAD Christophe
Tous unis pour le Darfour, les organisateurs du meeting d'hier soir à la Mutualité ont réussi leur pari
: les principaux candidats à l'élection présidentielle ont non seulement signé leur texte en huit
points (Libération d'hier) les engageant à agir concrètement pour faire cesser les massacres au
Darfour, mais aussi plusieurs d'entre eux sont venus en personne. François Bayrou le premier. Le
seul des candidats à s'être rendu au Darfour, il y a deux ans, a paraphé le texte. «Il n'y a rien de
plus facile que d'arrêter cette tragédie, ce génocide [...]. Si ce drame ne cesse pas, la France
s'honorerait à ne pas venir aux Jeux olympiques [de Pékin en 2008, ndlr].» La Chine, principal
soutien diplomatique du régime soudanais, a été huée par la salle, quasi pleine.
Bernard-Henri Lévy, François Zimeray de SOS-Darfour, Laurent Fabius... ont raconté leur récent
séjour au Darfour et dans l'est du Tchad. Des récits entrecoupés de clips, d'applaudissements pour
les réfugiés du Darfour présents qui n'ont pas pris la parole et de messages de personnalités
présentes ou solidaires (Robert Badinter, Fanny Ardant, Nicole Garcia, Romain Goupil, François
Léotard, parmi d'autres). Abdelwahid al-Nour, le leadeur de l'Armée de libération du Soudan (ALS),
est venu aussi hier soir demander une action immédiate, ou qu'on lui «livre des armes pour
protéger [sa] population».
Plus tard dans la soirée, Ségolène Royal est aussi venu signer le texte. Marie-George Buffet et
Nicolas Sarkozy se sont fait représenter. Jacques Chirac avait grillé la politesse à tout le monde en
envoyant un texte lu par BHL à la tribune dans lequel il menace : «Si les exactions se poursuivent,
le Conseil de sécurité [de l'ONU] n'aura pas d'autres choix que d'adopter des sanctions.» Laurent
Fabius le taclait quelques minutes plus tard. Après avoir évoqué «Oradour-sur-Tchad», il ironisait :
«Je ne comprends pas comment la plus haute autorité de la République française, ayant dit ce qu'il
a dit ce soir, peut accueillir le président du Soudan.» Ce dernier, Omar al-Béchir, était en effet
l'invité du sommet France-Afrique de Cannes, le mois dernier. Quant à une nouvelle résolution de
l'ONU, Dominique de Villepin s'était prononcé contre la semaine dernière...
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Ouest-France
Toutes éditions, jeudi, 22 mars 2007, p. 4
Urgence Darfour : des candidats s'engagent
Un meeting du collectif Urgence Darfour s'est tenu, lundi soir, à la Mutualité, à Paris, auquel ont
participé Ségolène Royal et François Bayrou. Les deux candidats à la présidentielle ont proposé de
faire pression sur la Chine (soutien du régime soudanais) en menaçant de boycotter les Jeux
olympiques de Pékin en 2008. De son côté, Nicolas Sarkozy a fait savoir par un courrier (lu sous les
huées) que, s'il était élu, il mettrait en place des sanctions unilatérales de la France contre le
Soudan. Les trois candidats ont signé un engagement en huit points en faveur du Darfour, tout
comme Dominique Voynet et Marie-George Buffet.
Dans un autre message, lu par le philosophe Bernard-Henri Lévy, le président Chirac a menacé le
Soudan de sanctions s'il n'acceptait pas le déploiement d'une force internationale. Ce pays,
rappelons-le, soutient des milices arabes qui pourchassent des rebelles issus des populations noires
du Darfour (200 000 victimes civiles, 2 millions de déplacés).
Pour cette soirée de la Mutualité, Urgence Darfour avait mobilisé de nombreuses personnalités (de
Bernard Kouchner à Claude Lanzmann). Une délégation de réfugiés darfouris a été applaudie très
longuement ainsi que le chef de l'un des mouvements rebelles du Darfour, Abdul Wahid
(Mouvement de libération du Soudan).
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24 Heures
Région La Côte;Monde, jeudi, 22 mars 2007, p. 10
Faute d'images, le conflit au Darfour laisse les Européens de marbre
Stevan
SOUDAN - Bernard-Henri Lévy tente de mobiliser les foules - et les présidentiables français - surla
guerre au Darfour. Si la crise rassemble outre-Atlantique, elle indiffère un grand nombre
d'Européens. Décryptage.
CAROLINE STEVAN
Pari réussi. En invitant des personnalités telles que Bernard Kouchner, Nicole Garcia ou Claude
Lanzmann à une soirée spécial Darfour mardi soir, Bernard-Henri Lévy a réussi à faire causer de ce
conflit qui a fait au moins 200 000 morts et 2 millions de déplacés en quatre ans.
Présents dans la salle de la Mutualité, à Paris, Ségolène Royal et François Bayrou, ont menacé de
boycotter les prochains Jeux olympiques de Pékin. La Chine, membre du Conseil de sécurité de
l'ONU, est en effet le premier partenaire commercial du Soudan, accusé d'orchestrer les crimes
commis dans la province du Darfour. Et si les - rares - pressions politiques ne suffisent pas à mettre
un terme au carnage, un chantage économique pourrait s'avérer plus efficient.
Aux Etats-Unis, la plupart des politiciens se sont exprimés depuis longtemps sur le sujet et quelque
50 000 personnes ont manifesté à Washington, il y a un an, contre le «génocide». En Europe, la
mobilisation est bien moindre. Décryptage avec Max Sanier, sociologue français spécialisé en
communication.
- Qu'est-ce qui fait qu'un conflit va ou non toucher les foules?
- La couverture médiatique. Il suffit qu'un grand quotidien fasse sa une sur une guerre, qu'une
télévision embraie et le mouvement est lancé. Tous les ingrédients sont réunis pour que l'on parle
du Darfour: les méchants sont bien identifiés, la population crève dans des conditions
épouvantables, les troupes françaises ne sont pas loin et BHL use de ses relations pour faire prendre
la sauce. Tout y est, sauf les images. Or, pour intéresser les gens aujourd'hui, à l'ère des journaux
gratuits et des chaînes d'information en continu, il faut des images. Il y a aussi une particularité
africaine: les Européens ont tendance à penser que c'est un continent de sauvages passant leur
temps à s'entre-tuer.
- La mobilisation, comme aux Etats-Unis, passe-t-elle forcément par les minorités et les
lobbies?
- En Europe beaucoup moins qu'aux Etats-Unis. Les communautés présentes en France, par
exemple, ne sont pas assez importantes pour avoir un tel impact. Les types des banlieues vont tenir
un discours enflammé sur la question palestinienne mais c'est une posture; au fond ils s'en foutent
et ne connaissent pas réellement le problème. Les communautés américaines et britanniques sont
extrêmement organisées; elles possèdent des radios, des télés avec lesquelles il est facile de
mobiliser les foules. C'est aussi une question de culture. On imagine mal un mouvement de noirs se
créer ici au nom de ceux qui se font trucider en Afrique. On leur reprocherait immédiatement de ne
pas se préoccuper des autres populations qui souffrent, en Asie ou ailleurs. £
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News Press
France, jeudi, 22 mars 2007 - 10:43 (GMT
François Bayrou s'engage pour le Darfour
"La place de la France et la place de l'Europe est aux côtés des victimes de génocide du Darfour" a
déclaré François Bayrou à la Mutualité. Le candidat à l'élection présidentielle était mardi soir au
meeting organisé par le collectif Urgence Darfour. Il a signé le texte en huit points de l'engagement
en faveur du Darfour : il s'engage notamment à peser de tout son poids auprès du Conseil de
sécurité des nations unies pour assurer la protection effective des populations du Darfour. "Je me
suis rendu au Darfour, il y a deux ans" a déclaré François Bayrou, "On en revient avec une certitude
d'une absolue limpidité : il n'y a rien de plus facile que d'arrêter cette tragédie". Le candidat pense
notamment à la mise en place de corridors humanitaires et d'une surveillance aérienne de cette
région de l'ouest du Soudan. Concernant Pékin qui fait barrage à des sanctions ou à des résolutions
contraignantes contre le Soudan, François Bayrou a estimé que "la France s'honorera de refuser de
participer aux JO si la Chine persiste dans cette voie".
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Midi Libre
CATALANLOZERERODEZMILLAUCARCASSONNENARBONNEBEZIERSALESGARD
RHODANIENUZEGESETELUNELLODEVEMONTPELLIERNIMES
Jeudi, 22 mars 2007
A l'Onu, la France envisage des sanctions contre le Soudan
Darfour A l'Onu, la France envisage des sanctions contre le Soudan
Par la voix du président Chirac, la France pourrait envisager des sanctions à l'encontre du
gouvernement soudanais.
« Je le dis solennellement : si les exactions se poursuivent, si la parole n'est pas respectée, le
Conseil de sécurité n'aura pas d'autre choix que d'adopter des sanctions. Déjà, nous y travaillons »,
a déclaré Jacques Chirac dans un message lu par Bernard-Henri Lévy lors d'un meeting du collectif
Urgence Darfour qui s'est tenu mardi soir à la Mutualité, à Paris.
Le chef de l'Etat a assuré qu'il n'y aura « pas d'impunité » pour les auteurs de « crimes contre
l'humanité » et que « tout doit être fait pour que la force de l'Onu et de l'Union africaine puisse se
déployer au Darfour ».
Une résolution du Conseil de sécurité prévoit le déploiement progressif d'une force conjointe OnuUnion africaine de 20 000 hommes au Darfour, pour mettre fin aux violences entre les rebelles issus
des populations noires locales et des milices arabes appuyés par l'armée soudanaise. Le conflit a fait
200 000 morts, essentiellement des civils, et plus de 2 millions de déplacés depuis quatre ans, selon
l'Onu. Face au refus du régime du président Omar el-Béchir d'accepter le déploiement d'une force
internationale, la Grande-Bretagne a déjà brandi la menace de sanctions. Les Etats-Unis ont
souhaité aussi une nouvelle résolution, alors que, jusqu'à présent, la France s'était montrée très
réservée sur ces mesures.
Le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste- Blazy a répondu lors de la soirée Urgence
Darfour aux critiques sur « l'inaction » de la France : selon lui, une intervention armée
internationale sans accord politique préalable serait vouée à l'échec.
Au Conseil de sécurité de l'Onu, a-t-il dit, il faut « convaincre » les trois pays soutenant le Soudan
(Chine, Afrique du Sud, Indonésie) pour obtenir des décisions prises à l'unanimité et donc plus
efficaces. Des observateurs évoquent une menace de boycot des Jeux Olympiques de Pékin en
2008...
Avocat darfouri, musulman et partisan de la laïcité, Abdul Wahid al-Nour, est en visite à Paris. Il
commande un mouvement rebelle armé depuis quatre ans « pour défendre son peuple, massacré en
silence ».
L'avocat Abdul al-Nour à Paris pour réclamer « des actes, et non plus des mots en faveur des
Darfouris ». AFP
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Le Monde
Politique, jeudi, 22 mars 2007, p. 11
FRANCE ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE
Les présidentiables font des promesses en faveur du Darfour
Philippe Bernard
« OH, c'est bien, tout le monde se met à signer ! » Mi-ironique, mi-ravi, Bernard Kouchner salue,
depuis la tribune de la Mutualité, à Paris, le dernier miracle en date de la présidentielle : François
Bayrou, Dominique Voynet et Ségolène Royal font tribune commune lors du meeting organisé,
mardi 20 mars, par le collectif Urgence Darfour. Ils se succèdent pour assurer de leur détermination
à stopper les massacres dans cette région de l'ouest du Soudan, qui ont fait quelque 200 000 morts
depuis 2003.
Nicolas Sarkozy, lui, a dépêché l'ancienne secrétaire d'Etat Nicole Guedj pour parapher en son nom,
comme les trois autres candidats, l'« acte d'engagement pour le Darfour » qui appelle notamment
au vote à l'ONU de résolutions coercitives contre le Soudan.
BOYCOTT DES JEUX OLYMPIQUES
Mme Voynet est venue dire « sa honte et sa colère ». Le message de M. Sarkozy promet « un
durcissement décisif des sanctions » contre les dirigeants de Khartoum, et des mesures «
unilatérales » : gel des avoirs et refus de délivrer des visas aux responsables de massacres.
Rappelant le veto opposé par la Chine aux sanctions contre Khartoum, M. Bayrou a adhéré à l'idée
d'un boycott par la France des Jeux olympiques de Pékin. La salle a réservé un accueil
particulièrement chaleureux à Mme Royal et à sa charge contre « la coupable immobilité de la
politique africaine de la France », qu'elle s'est engagée à « changer en profondeur ». Dénonçant un
« silence assourdissant », elle a également promis de faire « pression » sur Pékin en « utilisant la
date des Jeux olympiques ».
Jacques Chirac s'est invité à sa manière, adressant au meeting un message prônant l'adoption de
nouvelles sanctions à l'ONU contre le Soudan et assurant que la France « déjà y travaille », alors
que le gouvernement avait jusqu'à présent manifesté son scepticisme après maintes résolutions non
suivies d'effet. Hué, le ministre des affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, n'a pas craint
d'affronter une salle déchaînée contre lui pour répondre à l'accusation de passivité. Aux militants qui
réclament un engagement militaire immédiat, il a rétorqué qu' « une intervention armée sans
accord politique serait vouée à l'échec ».
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Reuters économique
Jeudi, 22 mars 2007 - 16:30:18 GMT
PREVISION DES NOUVELLES A 16H30 GMT
----------------------- INTERNATIONAL -----------------------PARIS - François Bayrou suscite l'émoi des instances olympiques à
Paris et des autorités à Pékin en évoquant à demi-mot un boycottage
par la France des Jeux olympiques de 2008 si la Chine ne change pas
d'attitude face à la crise au Darfour (FRANCE-PRESIDENTIELLE-JO,
transmis).
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Reuters économique
Jeudi, 22 mars 2007 - 15:17:26 GMT
JO 2008 - Emoi olympique après une flèche de Bayrou contre Pékin
par Kerstin Gehmlich
PARIS, 22 mars (Reuters) - François Bayrou a suscité l'émoi des instances olympiques à Paris et des
autorités à Pékin en évoquant à demi-mot un boycottage par la France des Jeux olympiques de
2008 si la Chine ne change pas d'attitude face à la crise au Darfour.
Lors d'une réunion publique consacrée au conflit dans cette région du Sud-Soudan organisée mardi
soir à Paris à la Mutualité, le candidat de l'UDF à l'élection présidentielle et sa rivale socialiste
Ségolène Royal ont déploré le refus de Pékin de laisser l'Onu prononcer des sanctions contre
Khartoum.
"Les Chinois, nous dit-on, s'opposeront à toute sanction", a déclaré la présidente de la région
Poitou-Charentes. "C'est le moment de faire pression avant les Jeux olympiques de Pékin".
Egalement présent à cette réunion organisée par le collectif Urgence Darfour, François Bayrou est
allé plus loin en envisageant un boycottage des JO d'été, l'an prochain.
"La France s'honorera de refuser de participer aux Jeux olympiques de Pékin si la Chine persiste
dans cette voie", a déclaré le dirigeant centriste.
Dans un message lu en son nom, le candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy, n'a pas fait mention du rôle
de la Chine mais a soutenu l'idée européenne de sanctionner Khartoum. Un avis partagé par le
président Jacques Chirac, dont un texte a été lu ce soir-là par le philosophe et écrivain BernardHenri Lévy.
Les déclarations de Ségolène Royal et de François Bayrou ont provoqué des remous jusqu'à Pékin.
LAMOUR ACCUSE BAYROU
"Si une telle chose s'est vraiment passée, les personnes qui ont fait cette proposition ne sont peutêtre pas très au fait de la position du gouvernement chinois sur la question du Darfour", a déclaré le
porte-parole du ministre chinois des Affaires étrangères, Liu Jianchao.
"Les Jeux olympiques sont un événement important qui servira à promouvoir l'amitié entre les
peuples de différents pays et à renforcer leur coopération", a-t-il ajouté devant la presse.
A Paris, le président du Comité national olympique français, Henri Sérandour, a minimisé la portée
de propos tenus "en campagne électorale", une période où "les paroles dépassent parfois un peu ce
que l'on pense, pris dans l'ambiance".
"Il est clair que ce genre de décision ne peut se prendre qu'en accord avec le mouvement sportif et
je ne pense pas que de boycotter les Jeux amène quelque chose à la solution du Darfour", a-t-il
déclaré à Reuters.
"Au contraire, de permettre à la jeunesse du monde de se rencontrer, notamment grâce aux Jeux
olympiques, d'échanger et de pouvoir s'apprécier les uns et les autres, c'est mieux que de boycotter
les Jeux", a-t-il estimé.
Le ministre des Sports, l'UMP Jean-François Lamour, s'est montré sévère avec le candidat centriste,
accusé de "prendre des athlètes en otage".
"Que je les choses soient claires me concernant : il n'y aura aucun appel à boycotter les Jeux
olympiques", a-t-il dit à Reuters, précisant que les sportifs avaient le libre choix, "à titre personnel",
de participer ou non à la compétition.
Jean-François Lamour, double champion olympique de sabre, a raconté avoir vécu le boycottage des
JO de Moscou de 1980 après l'invasion de l'Afghanistan, qui a été selon lui "inefficace" et "difficile a
vivre" pour les athlètes.
Le collectif Urgence Darfour a organisé la réunion de la Mutualité pour interpeller les candidats à
l'Elysée sur le sort de cette région en proie depuis 2003 à une guerre civile dont le bilan est estimé
à 200.000 morts et des millions de déplacés.
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Le conflit oppose des groupes rebelles issus de la population noire du Darfour à des milices arabes
appuyées militairement par le gouvernement de Khartoum.
L'Union européenne a demandé à l'Onu de prononcer des sanctions contre Khartoum mais elle s'est
heurtée à l'opposition de la Chine et la Russie. /KG/EP/GT
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Le Figaro, no. 19483
Le Figaro, vendredi, 23 mars 2007, p. 9
FrancePolitique
VU DE L'ÉTRANGER
Pour Pékin, Bayrou et Royal « ne sont pas très au courant » des subtilités
diplomatiques
Jean-Jacques MEVEL
La Chine n'apprécie pas la menace d'un boycott des JO de 2008, agitée par les deux candidats.
« SURTOUT, ne touchez pas aux JO ! » La Chine, surmontant une réticence connue à toute
ingérence électorale, n'a pas traîné pour répliquer à François Bayrou et à Ségolène Royal. Elle a
reproché, hier, aux deux candidats à l'Élysée de ne pas saisir les subtilités de la diplomatie lorsqu'ils
menacent les Jeux de 2008 d'un boycott français, dans l'espoir de sauver le Darfour.
« Les gens qui poussent une telle proposition ne sont pas très au courant de la position de la Chine
», a observé hier le porte-parole Liu Jianchao, interrogé lors de la conférence de presse quotidienne
du ministère des Affaires étrangères. Les reproches sur la méconnaissance des dossiers
diplomatiques imputée à la candidate socialiste et à son rival de l'UDF trouveront à coup sûr un
écho français.
Mais de la part des Chinois, il faut d'abord y voir le signe d'une hypersensibilité à tout ce qui touche
aux JO. Le parti unique ne ménage pas sa peine pour en faire l'an prochain l'apothéose de sa
réussite économique. Vu de Pékin, le mot « boycott » suffit à réveiller un précédent
cauchemardesque : celui des Jeux de 1980 à Moscou, torpillés par le président américain Jimmy
Carter après l'invasion soviétique de l'Afghanistan.
Vu de Pékin, Ségolène Royal et François Bayrou ont clairement franchi la ligne rouge avant-hier soir
à Paris, lors d'un meeting organisé par l'association Urgence Darfour à la Mutualité. La Chine, ultime
rempart du Soudan au Conseil de sécurité, y tenait le mauvais rôle. La candidate socialiste,
dénonçant « l'inertie de la France », a proposé d'utiliser la proximité des Jeux pour faire monter la
pression sur Pékin. Plus direct, le chef de l'UDF a estimé que la France s'honorerait « en refusant de
participer aux JO », si le drame humanitaire se poursuit au Darfour.
Nicolas Sarkozy, prudent ou occupé, n'était pas à la Mutualité. Il y a fait lire un message qui
épargne la Chine mais menace de sanctions unilatérales le régime soudanais d'Omar el-Béchir. Le
favori des sondages s'est ainsi évité la réprimande chinoise. Il faut dire aussi que le chef de l'UMP
offre aux dirigeants du PCC le visage rassurant d'une (relative) continuité, après douze ans d'un
rapport chaleureux avec Jacques Chirac.
Les Chinois ont pris l'habitude d'être mêlés aux campagnes électorales de l'Occident, même s'ils se
gardent diplomatiquement de prendre parti, par intérêt bien compris. À l'approche des JO, Pékin
s'attend aussi à être mis en cause sur les droits de l'homme, la peine de mort ou le respect des
minorités. Les critiques qui ont fusé depuis la Mutualité ouvrent un front nouveau à la contestation :
celui de la politique étrangère. C'est la conséquence inévitable de la montée en puissance.
53
Le Parisien
POLITIQUE, vendredi, 23 mars 2007, p. 8
Fabius et la courtoisie
Le comportement de Ségolène Royal au meeting du collectif Urgence Darfour, mardi soir à la
Mutualité à Paris, a provoqué l'agacement de Laurent Fabius. Alors que ce dernier était intervenu au
nom de la candidate, en termes « très sympathiques » pour elle selon un participant, Royal, arrivée
en cours de route, l'a snobé ainsi que tous ceux (BHL, Bayrou...) assis au premier rang avec lui.
Dans son discours sur la province soudanaise, la candidate n'a même pas eu un mot pour le député
de Seine-Maritime qui, pourtant, venait de passer cinq jours au Darfour, le mois dernier. Seul BHL a
eu droit à une citation. Fabius, stupéfait, a fait savoir à l'entourage de Royal ce qu'il pensait de ce «
manque de courtoisie la plus élémentaire ».
Illustration(s) :
LP/JEAN-BAPTISTE QUENTIN.
© 2007 Le Parisien. Tous droits réservés.
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Le Figaro, no. 19483
Le Figaro, vendredi, 23 mars 2007, p. 17
Opinions
La gauche, enfermée dehors
Ivan RIOUFOL
Difficile de comprendre la gauche. Le 29 mai 2005, elle avait vu, dans le non à la Constitution
européenne, un rejet du libéralisme, sans vouloir admettre qu'il était surtout l'expression d'un
malaise identitaire. Aujourd'hui, plutôt que de débattre de ce sujet, elle trouve urgent d'instaurer
une VIe République, dont les Français se fichent. Ces jours-ci, elle persiste à vouloir victimiser
Cesare Battisti, terroriste italien en fuite et ayant du sang sur les mains. François Bayrou parle cette
même langue bizarre.
Voir Ségolène Royal, dimanche sur FR 3, combattre rudement Laurence Parisot (Medef) et ses
critiques des 35 heures, rend impénétrable le discours de la candidate en faveur de l'entreprise. «
On est dans l'improvisation », a avoué Éric Besson en démissionnant de son poste de secrétaire
national du PS. Lui qui, en janvier, accusait Nicolas Sarkozy d'être « dangereux », sort un livre,
cette semaine, pour accabler le royalisme, son monarque, sa cour, ses favoris. La guillotine, déjà.
Ce monde clos ne tourne pas rond. Tandis que l'opinion attend des politiques qu'ils traitent des
réalités - 55 % des Français approuveraient un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale
(Opinionway pour Le Figaro) -, Bayrou préfère, pareillement, s'enfermer dehors. Mardi, il a proposé
un nébuleux ministère de la Nouvelle Société, destiné aux jeunes, aux vieux, à l'Internet (et autres
lieux découverts à marée basse). Ne voit-il rien des urgences qui l'entourent ?
Le virtuel troisième homme - qui se dégonfle dans les sondages - est devenu à son tour
indéchiffrable. Son mimétisme avec la gauche lui fait soutenir, comme elle, la fin de la Ve
République, l'abrogation du décret Robien (qui allonge le temps de travail des enseignants), des
propos convenus sur l'immigration. Cette semaine, il s'est joint aux inquiétudes de François
Hollande (mais Royal s'est tue) pour exiger un nouveau procès pour Battisti, arrêté au Brésil.
Or, cet ancien militant d'extrême gauche est indéfendable. Reconnu responsable de quatre meurtres
en Italie, en 1978 et 1979, il a été condamné, en son absence, à la réclusion criminelle à perpétuité
à l'issue de quatre procès pour lesquels il s'était fait représenter par des avocats : procédures
validées par la Cour européenne des droits de l'homme (Le Figaro, 20 mars), qui a également jugé
légitime son extradition. Défendre un tueur ?
Battisti et Mitterrand
Observer droits-de-l'hommistes et belles âmes rameuter pour Battisti illustre « l'étendue de la
corruption intellectuelle et morale qui affecte la gauche de ce pays », comme l'avait noté Robert
Redeker, menacé de mort pour avoir critiqué l'islam, dans Le Figaro. Car bien peu de ceux qui
s'inquiètent du sort du terroriste reconnu coupable manifestèrent leur soutien (mais Bayrou en fut
tout de même ) au professeur de philosophie, cible d'une fatwa.
La Ligue des droits de l'homme est de ceux qui trouvèrent « nauséabond » le texte de Redeker, qui
s'inscrivait dans la tradition voltairienne. Or, cette même organisation « humaniste » assure cette
semaine, en soutien à Battisti, que « la France de Messieurs Sarkozy et Perben a renié sa parole »,
en référence à l'asile qu'aurait promis le président François Mitterrand. Argument repris par
Bertrand Delanoë, maire de Paris, qui a placé l'ex-membre des Prolétaires armés pour le
communisme sous « la protection de la ville de Paris ».
La parole de la France se doit effectivement d'être respectée. Cependant, elle ne vient pas, en
l'occurrence, contredire l'extradition du fuyard. Voila ce que déclarait Mitterrand, le 22 février 1995,
évoquant les terroristes italiens réfugiés et réclamés par leur pays : « Tout crime de sang sur lequel
on demande justice justifie l'extradition, dès lors que la justice française en décide. Tout crime de
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complicité évidente dans les affaires de sang doit aboutir aux mêmes conclusions. » Mitterrand
n'aurait pas défendu Battisti.
Au secours du Darfour
Au fait, qui entend la vertueuse Ligue des droits de l'homme, face au génocide en cours des Noirs
du Darfour (ouest du Soudan) ? Et qui, des « anti-guerre » qui manifestèrent il y a quatre ans
contre l'offensive des États-Unis en Irak, proteste contre le régime nazislamiste soudanais, qui
applique la charia depuis 1983 et hébergea Ben Laden ? Depuis 2003, le président Omar el-Béchir,
soutenu par une Chine attirée par le pétrole, a laissé massacrer dans l'indifférence près de 300 000
personnes, dont des femmes et des enfants. Plus de deux millions de chrétiens et d'animistes
auraient été tués ces vingt dernières années, dans le sud du pays. Le djihad vaudrait-il impunité ?
Cette semaine, le silence a été rompu grâce à la mobilisation du Collectif urgence Darfour et de
Bernard-Henri Lévy. Mais demeure une gêne, perceptible mardi lors du rassemblement à la
Mutualité, à désigner la barbarie islamiste comme acteur de cette guerre raciste, menée par des
milices arabes contre des musulmans noirs. Ils étaient représentés, ce soir-là à Paris, par le chef du
Mouvement de libération du Soudan, Abdel Wahid al-Nour, qui a confirmé se réclamer d'un islam
modéré, laïque, éclairé, appliquant la séparation de la religion et de l'État. Voilà une cause à
défendre.
Recteur limogé
Limogeage, mercredi, du recteur de l'académie de Lyon, à la demande du ministre de l'Éducation.
Alain Morvan n'a pourtant fait que mettre en garde contre l'intégrisme et le communautarisme que
véhiculerait le nouveau lycée musulman al-Kindi, dans la banlieue de Lyon. Hier, Nicolas Sarkozy a
fait savoir qu'il n'était pour rien dans son éviction. Mais il n'a pas dit la regretter, alors qu'il veut
justement défendre l'identité française et la laïcité. Difficile aussi, parfois, de comprendre la droite.
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Marianne, no. 518
Actualité, samedi, 24 mars 2007, p. 11
Ça va mieux en le disant
À quoi servent les intellectuels
Guy konopnicki
La politique est une chose étrange. Nous sommes au beau milieu d'une campagne électorale et
lorsqu'il est question de la planète ou de l'humanité les candidats à la plus haute des fonctions ont
besoin d'une interpellation pour prendre des engagements. Nicolas Hulot s'est chargé du sauvetage
de la planète, en obligeant les présidentiables à signer sa charte. Ils n'avaient pas pensé à tout en
élaborant leurs programmes, mais, à bien y réfléchir, puisqu'il y a le feu à la banquise... Ils avaient
tous élaboré la future politique internationale de la France. Cependant, aucun de nos candidats
n'avait songé à placer la question du Darfour dans son programme, aucun ne s'était engagé à tout
mettre en oeuvre pour faire cesser l'effroyable massacre des populations. Sans doute était-ce
difficile pour Nicolas Sarkozy de s'en prendre au président du Soudan, responsable direct de ce
crime de masse, et pourtant... invité de Jacques Chirac à la réunion des chefs d'Etat africains.
De son côté, Ségolène Royal, lançant sa campagne en quelques voyages internationaux, ne pouvait,
du haut de la Grande Muraille, avoir la " bravitude " de dénoncer l'attitude de la Chine qui menace
d'opposer son veto à toute action des Nations unies ayant pour objectif de sauver les populations du
Darfour. Il est vrai que l'on trouve pis puisque deux candidats, au moins, se préparent à engranger
les suffrages des frayeurs suscitées par l'immigration sans envisager, pour autant, la lutte contre les
désastres de l'Afrique.
On dira ce que l'on voudra des intellectuels. Assurément, leurs engagements dans la campagne
électorale ne sont pas tous glorieux, et ils sont d'autant plus discutables qu'ils se répartissent, oh,
surprise, sur l'essentiel de l'échiquier politique. Figurez-vous qu'il y a des intellectuels penchant
pour Sarkozy, d'autres se rassemblant derrière Ségolène Royal, et d'autres encore espérant changer
la politique avec François Bayrou. Il s'en trouve aussi pour prolonger l'altermondialisme avec José
Bové, Olivier Besancenot ou Marie-George Buffet. Il n'y a pas de parti intellectuel, les gens dont la
fonction est d'écrire, de penser, de créer ou de chercher se répartissent en une foultitude de choix
politiques. Pourquoi seraient-ils différents de tous les autres ? Il y a des intellectuels de gauche ou
de droite, comme il y a des plombiers de toutes obédiences. Mais il y a, aussi, ce devoir d'interpeller
les hommes politiques qui, depuis Hugo et Zola, fonde l'étrange posture de l'intellectuel.
On se gausse, on s'indigne même, ces gens ne sont-ils pas prétentieux ? Qui est donc BernardHenri Lévy pour convoquer les hommes politiques à la Mutualité et les contraindre à prendre
position sur le Darfour ? Les politiques, eux, savent. Ils connaissent les spécificités de chaque
région, la géopolitique, les raisons qui nous obligent à ménager le gouvernement du Soudan. Ils
savent qu'il convient d'éviter de froisser Pékin. Pendant ce temps, des avions bombardent des
villages, des cavaliers fondent sur des paysans, chassés de leurs terres, fuyant sur les pistes de
brousse. Les " politiques " ont les meilleures raisons de considérer ces abominations du point de vue
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de la stabilité d'une région, des relations avec le monde arabe et musulman, ou même à l'aune des
intérêts de la France et de l'Europe. Cependant, il est une vérité crue : on tue, chaque jour, chaque
heure, l'abomination est la loi du Darfour. Et ces intellectuels, réputés évanescents et médiatiques,
usent de leur capacité à attirer les médias pour interpeller les hommes politiques et, en l'espèce, les
candidats à la magistrature suprême. On voudrait pouvoir se passer de ces artifices. Il suffirait que
la politique se garde d'occulter chaque nouvelle horreur.
© 2007 Marianne. Tous droits réservés.
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Le Point, no. 1802
Tribune, jeudi, 29 mars 2007, p. 158
Editorialistes
Le bloc-notes de Bernard-Henri Lévy
Le Darfour et l'Europe : bilan d'étape.
Bernard-Henri Lévy
Acte 1. Un reportage dans Le Monde. Une une de Libération appelant à « agir ». Les French doctors
historiques que l'on voit, derrière l'ancien président de Médecins du monde Jacky Mamou, courir
radios et télévisions sur le thème « la compassion, ça suffit ; vite, maintenant, des décisions ».
Acte 2. Un beau message du président de la République, Jacques Chirac, qui m'est remis dans
l'après-midi et dont on me demande de donner lecture, le soir même, en ouverture du meeting
organisé, à la Mutualité, par Urgence Darfour, SOS Darfour et la plupart des associations qui, depuis
quatre ans, crient dans le désert leur indignation et leur rage : si les « exactions » continuent,
répond enfin le président, si les « crimes contre l'humanité » se poursuivent, si l'on ne parvient pas
à « juguler les milices qui sèment la terreur », la communauté internationale n'aura « plus d'autre
choix », en effet, que de décréter des « sanctions » contre Khartoum.
Acte 3. Tous les grands candidats à la succession qui défilent à la même tribune pour déclarer : l'un
(Bayrou) qu'il « n'y a rien de plus facile que d'arrêter cette tragédie » ; l'autre (Royal) qu'il suffit,
pour contraindre le Soudan, de faire pression sur son allié chinois et que la meilleure des pressions
sera d'« utiliser la date des Jeux olympiques », c'est-à-dire, en clair, de menacer de les boycotter ;
le troisième (Sarkozy, dans un texte lu par Nicole Guedj) qu'il s'engage, s'il est élu, à un «
durcissement décisif » et, s'il le faut, « unilatéral » des sanctions contre un régime dont il avait déjà
dit, dans son discours d'investiture, qu'il se refusait à tenir les crimes pour un « détail » - sans
parler du ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, s'invitant en fin de meeting pour,
non sans un certain panache, tenter d'expliquer une politique à laquelle, visiblement, lui-même ne
croit plus.
Acte 4. Publiée, à la veille du sommet de Berlin, par The Independent de Londres en même temps
que par quelques-uns des grands titres de la presse européenne, une « Lettre aux dirigeants
européens » que signent des écrivains dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils n'ont pas
l'habitude de se trouver ainsi rassemblés (Harold Pinter et Vaclav Havel ; Günter Grass et moi ; sir
Tom Stoppard ; Dario Fo ; Umberto Eco ; Seamus Heaney ; Franca Rame ; Jürgen Habermas) : «
l'Europe qui a permis Auschwitz et qui a échoué en Bosnie ne peut pas tolérer les meurtres du
Darfour » ; l'Union européenne dont on célèbre le cinquantenaire ne peut pas rester sans mot dire
face à des « massacres » qui « répètent Srebrenica » ; que vaudrait cette « célébration », que
pèserait notre « civilisation », si nous laissions, une fois de plus, se perpétrer un forfait d'une telle
ampleur ?
Acte 5, enfin. La présidente en exercice de l'Europe, Angela Merkel, qui, à Berlin donc, le lendemain,
et alors que, comme le raconte bien la presse de ce lundi (Stephen Castle, notamment, dans The
Independent) la question du Darfour n'était pas inscrite à l'agenda du Sommet, hausse à son tour le
ton et amplifie le mouvement : dénonciation sans ambiguïté des souffrances « intolérables » des
Darfouris ; « appel au président Omar el-Béchir du Soudan pour qu'il se plie aux résolutions des
Nations unies » ; annonce, « franche » et « solennelle », d'un « durcissement » de « sanctions »
que l'entêtement prévisible de son régime rendra, hélas, « inévitables » - tout est dit !
Alors on parlera, si l'on y tient, de poussée de fièvre médiatique, d'emballement.
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On ironisera, si la souffrance sans nom de ces millions de gens ne vous a pas ôté le goût de la
polémique, sur ceux de ces responsables qui, sans rendez-vous électoral ni mobilisation des
opinions, ne se seraient pas si clairement engagés.
On ne pourra nier qu'il s'est passé quelque chose, là, pendant ces jours miraculeux où la question,
si longtemps occultée, s'est imposée soudain à tous - on ne pourra nier que la « loi du tapage »
chère à Bernard Kouchner, la « loi du bon chantage démocratique » que j'ai évoquée dans ces
colonnes, n'aient produit, une nouvelle fois, quelques-uns de leurs effets.
Elections piège à cons ?
Oh non ! Elections, sommation.
Elections, occasion, pour tous les électeurs et pour ceux d'entre eux qui, en particulier, ont le
moyen de parler un peu plus haut, de prendre leur champion au collet et, une fois élu, au mot : sur
cette question-ci, sur la question de ces crimes qui, si nous ne faisons rien, constitueront le premier
génocide du nouveau siècle, il n'y a plus place pour la querelle et il faut parler d'une seule voix.
L'avenir dira la part, dans l'esprit de ceux qui nous ont répondu, de la sincérité et du cynisme.
Et nous saurons vite s'il s'est agi d'un frémissement ou d'un sursaut, d'une fièvre sans lendemain ou
d'une vraie prise de conscience.
D'une chose, en tout cas, il faut que nul ne doute : nous sommes un très grand nombre, en France
et partout en Europe, qui, quoi qu'il arrive, ne lâcherons plus prise ; nous sommes (écrivains,
humanitaires, citoyens de toutes origines, confessions, opinions) des millions et des millions qui
exercerons jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'à ce que paix s'ensuive, notre droit d'interpellation
légitime et, en la circonstance, vitale.
Bernard-Henri Lévy
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Ouest-France
Toutes éditions, jeudi, 29 mars 2007, p. 1
Éditorial par Jeanne Emmanuelle Hutin
Soudan, un génocide au Darfour ?
« Si l'Onu et la communauté internationale n'interviennent pas... un jour vous vous
réveillerez et les habitants du Darfour auront été rayés de la carte. » (1). Notre humanité
n'a pas fini de compter ses morts ni de pleurer ses enfants du Darfour. « Ce que j'ai vu au coeur
de ce qui deviendra, si nous ne faisons rien, le premier génocide du XXIe siècle, passe les
limites de ce qui peut être toléré par une humanité civilisée. J'ai vu des villages brûlés sur
des centaines de kilomètres : plus âme qui vive ; plus trace de présence humaine... », écrit
Bernard-Henri Lévy (2).
Ce drame ressemble à celui du Sud- Soudan, en 1998. Le gouvernement islamiste de Khartoum, le
même qu'aujourd'hui, mettait la main sur le pétrole, repoussant les requêtes des provinces et
islamisant la population. Les animistes et les chrétiens de cette région se rebellèrent. Alors le
gouvernement central entra en guerre contre son peuple. Comme il l'est aujourd'hui contre les
habitants noirs de la province du Darfour.
En 1998, comme aujourd'hui, c'est l'aviation militaire qui bombarde les villages. Et, sur le terrain,
les milices armées par le gouvernement, attaquent les civils. Ouest France, en 1998, dénonçait
leurs méfaits : « Le train s'est remis en marche. Malheureusement, sa sécurité est assurée
par des milices à cheval qui le précèdent et ravissent tout ce qu'elles peuvent dans les
villages proches de la voie. Ainsi le train, qui devrait être celui de l'espérance, devient le
train de la peur et l'on s'enfuit à son approche avec ce que l'on peut emporter de ses
pauvres biens » (3).
Maintenant, au Darfour, les milices janjawids tuent les villageois, massacrent les enfants et leurs
mères, violent femmes et fillettes ! Chacune de ces deux guerres compte deux millions et demi de
réfugiés.
Empêcher les massacres
Aujourd'hui, « l'action humanitaire est intentionnellement entravée par le gouvernement
soudanais : des ONG ont été obligées de quitter la zone » (4). Mais, en 1998, les mêmes, ont
interdit le survol de régions, empêchant l'aide humanitaire de parvenir et mettant en danger la vie
de 2 600 000 personnes (4) ! Maintenant, au nord du Darfour, des centaines de milliers de
personnes sont abandonnées, livrées sans défense aux massacres.
La communauté internationale doit prendre des mesures urgentes pour protéger ces personnes,
demande Jody Williams, Prix Nobel de la paix. « Chaque État a la responsabilité de protéger sa
population contre le génocide, les crimes de guerre. Lorsqu'un État n'est pas capable ou
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refuse de le faire, il est de la responsabilité de la communauté internationale de réagir »,
a-t-elle déclaré au Conseil des droits de l'homme.
Des voix s'élèvent pour sanctionner le Soudan et ses soutiens, comme l'Algérie, la Russie et la
Chine. Faut-il boycotter les Jeux olympiques de Pékin et les produits chinois ? Le veto de la Chine
paralyse la communauté internationale, alors qu'elle-même arme le Soudan, violant l'embargo de
l'Onu.
Le collectif Urgence Darfour demande aux États européens d'envoyer « immédiatement une
force d'interposition pour protéger effectivement les populations d'un massacre
généralisé ». Pour Bernard Kouchner, on peut intervenir sans « nous lancer dans un nouvel
Irak. Le principe du droit d'ingérence humanitaire permet le libre accès aux victimes. La
France doit s'engager fortement auprès de l'Onu pour faire ouvrir des corridors
humanitaires » (5).
En cette semaine anniversaire de la naissance de l'Union européenne, « née de l'atrocité pour
s'unir contre de futures atrocités », l'Europe doit agir, comme le demandent dix intellectuels
européens (6). Elle doit continuer d'unir sa voix. Mais, sans l'action résolue des ministres des
Affaires étrangères européens, rien ne sera possible. « Ils devraient écouter l'appel du
Parlement européen qui les exhorte à utiliser des sanctions à l'encontre de Khartoum »,
écrit Chris Patten (7). Le sort des hommes, des femmes et des enfants du Darfour ne peut plus
attendre.
(1) Le Monde, 2 et 9 décembre 2006. (2) Paris Match, 15 mars 2007. (3) Reportages de François
Régis Hutin dans Ouest-France, les 11 avril 1985 ; 10, 11, 23 août et 23 décembre1998 ; (4)
[email protected] (5) Le Nouvel Observateur, 15 mars 2007. (6) Le Monde, 25
mars 2007. (7) Le Monde, 27 mars 2007.
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Le Monde
Dialogues, jeudi, 29 mars 2007, p. 23
Débats
Darfour : faisons la paix, pas la guerre !
La mobilisation contre ce drame africain est légitime. A condition de ne pas céder au manichéisme
ou à la démagogie
Robert Ménard et Stephen Smith
Vous pensez que les Etats-Unis ont eu tort d'envahir l'Irak, quand bien même ils l'auraient fait avec
la seule et louable intention d'apporter la liberté aux opprimés de la dictature de Saddam Hussein.
Vous estimez qu'il n'y a pas de solution militaire à la crise d'un pays, quel qu'il soit, dans le déni des
causes qui sont à l'origine du conflit. Alors, comment pouvez-vous croire qu'il suffira de déployer
des milliers de soldats de la paix au Darfour, province du Soudan plus vaste que l'Irak, pour y faire
cesser « le massacre » ? Comme aujourd'hui à Bagdad, quelle solution pourrait être dictée par un
pacificateur autoproclamé, une bonne conscience coiffée d'un casque lourd ?
Nous ne revenons pas du Darfour avec des solutions simples. Mais nous sommes sûrs qu'il faut
refuser la balkanisation des esprits qui appelle « salut » au Soudan ce qu'elle nomme « désastre »
en Irak. C'est-à-dire, pour « faire quelque chose », réduire des populations lointaines à une chair à
massacres qu'il nous faudrait « sauver » de toute urgence.
A Khartoum et à Al-Fasher, capitale du Darfour Nord, nous avons rencontré des Soudanais bien plus
meurtris que nous par le malheur de leur pays, mais aussi bien mieux informés de ses causes et des
difficultés à leur trouver une solution. Aucun d'entre eux ne ramène le conflit à un face-à-face entre
« victimes » et « bourreaux ».
En revanche, à Paris, le manichéisme triomphe. Le 20 mars à la Mutualité, le collectif Urgence
Darfour affirme que, depuis 2003, « plus de 400 000 personnes ont été massacrées » par le
gouvernement soudanais et ses milices alliées. Ces atrocités auraient été commises dans un «
silence assourdissant » que dénonce Ségolène Royal, alors que François Bayrou assure qu'il n'y a «
rien de plus facile que d'arrêter cette tragédie ». Pour les signataires d'une pétition qui semble faire
l'unanimité sauf... chez les spécialistes reconnus du Soudan, le devoir d'ingérence au Darfour
justifie une expédition punitive contre Khartoum. Ici, politique et posture se confondent.
En ce qui nous concerne, nous n'aurions pas la moindre hésitation à partir en guerre contre le
régime soudanais, si un tel fait d'armes pouvait sauver des vies plutôt que d'ajouter des morts aux
morts. Mais, face à la démagogie, qui, à bon compte moral, détoure le conflit au Darfour de sa
réalité, revenons aux faits. L'essentiel des tueries au Darfour ont été commises entre la fin 2003 et
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le début 2005. A ce moment, la même communauté internationale qui est à présent sommée
d'intervenir dans l'ouest du Soudan négociait la paix entre le Nord et le Sud pour mettre fin à la plus
longue guerre civile de l'Afrique indépendante, vingt et un ans, dont le bilan est estimé à 1,5 million
de morts.
Etait-il bon de traiter, hier, avec un pouvoir central « génocidaire » alors qu'il serait urgent,
aujourd'hui, de le renverser ? Etait-il bon de sacrifier le Darfour pour, maintenant, sacrifier le
Soudan dirigé par un gouvernement d'union nationale auquel participent les anciens rebelles du Sud
? Répondre par l'affirmative, c'est faire une croix non seulement sur l'accord de paix « global »
signé en janvier 2005, mais, aussi, sur les premières élections libres qui doivent avoir lieu dans
moins de deux ans.
Entre la fin 2003 et le début 2005, selon des études indépendantes, quelque 40 000 Darfouriens ont
été tués, souvent dans des circonstances abominables. A ce chiffre s'ajoutent environ 90 000
victimes indirectes du conflit armé, mortes de faim ou de maladie. Depuis, sur une terre déjà
brûlée, la violence s'est épuisée. Certes, ces chiffres sont sujets à caution dans la mesure où le
drame a souvent lieu sans témoins. Mais ils accréditent plutôt un bilan de 200 000 morts depuis le
début du conflit, en février 2003. Jusque récemment, la presse française s'en était tenue à cet ordre
de grandeur. Après la récente campagne de mobilisation, le bilan vient d'être également revu à la
hausse en France...
Troisième constat : au Darfour, une société civile bien réelle - ONG, associations des droits de
l'homme, presse locale, avocats ou universitaires dont, hélas ! les voix ne nous parviennent guère ne décrit pas une opposition tranchée entre le Bien et le Mal. Si quasiment personne ne nie la
responsabilité primordiale du régime du général Al-Bachir, tous attribuent aux rebelles une part
grandissante dans le chaos qui se propage jusque dans les pays voisins, au Tchad et en
Centrafrique.
Qui, à la tribune de la Mutualité, aurait pu énumérer les treize factions rebelles qui font à présent et de plus en plus, se font - la guerre au Darfour ? Il y avait là seulement Abdul Wahid Al-Nour.
C'est l'un des pères de la rébellion, mais il a, depuis longtemps, abandonné le terrain aux «
seigneurs de la guerre » qui se multiplient par scissiparité.
En outre, le Darfour n'est pas le Kosovo. Pour régler le problème, il faudrait mettre sous tutelle
l'ensemble d'un pays cinq fois grand comme la France. Le Soudan est bien trop vaste et complexe à
maîtriser pour une communauté internationale qui peine déjà en Côte d'Ivoire. Enfin, la Chine a bon
dos. D'abord, elle n'est pas seule à soutenir Khartoum au Conseil de sécurité de l'ONU. L'Afrique du
Sud et l'Indonésie, deux membres non permanents, le font également. Ensuite, Pékin n'a encore
jamais dû user de son veto pour bloquer ces sanctions décisives que l'Occident prétend ne pouvoir
imposer à cause d'elle. Pour la simple raison que la solution miracle des mesures punitives n'existe
pas, pas davantage pour le Soudan que pour le Zimbabwe.
Qu'on ne se méprenne pas sur nos intentions. Il faut mobiliser pour le Darfour, mais sans rêverie ni
démagogie. S'intéresser à l'Autre lointain requiert plus d'effort que de crier « halte au génocide ! ».
Chacun dans son domaine de compétence doit contribuer à une solidarité dépassant nos frontières.
A commencer par la presse, qui, par exemple, ne saurait nous faire comprendre le drame du
Darfour à partir des seuls camps de réfugiés dans l'est du Tchad, pas plus qu'on ne décrirait la
société française à partir de ses hôpitaux. Le Soudan existe, avec son gouvernement, ses rebelles,
sa société civile... Ce n'est pas seulement un abattoir ! Quant à nos politiques, inspirent-ils
confiance en reprenant à leur compte, à la veille d'une élection, les catégories simplistes d'un
mouvement d'opinion ?
Un dernier mot, à l'adresse de ceux qui, sans doute, croient que le « crime des crimes » se déroule
dans l'ouest du Soudan et que nous sommes tous, comme le formule Urgence Darfour, « complices
de non-assistance à personnes massacrées » : pourquoi, s'il est si facile de choisir son camp,
attendent-ils avec une patience d'assistés tout de l'Etat, de la communauté internationale ? A
Washington, au musée de l'Holocauste, l'exposition temporaire sur « le génocide en cours au
Darfour » entre dans sa troisième année : c'est soit une indécence, soit une faillite morale !
Pourquoi, s'il s'agit d'un génocide, ceux qui savent de quel côté il faut se battre ne forment-ils pas,
comme du temps de l'Espagne républicaine, des « brigades internationales » pour donner l'exemple
? Peut-être parce que la cause, tout de même, est moins entendue ? Mais, alors, de quel droit
réclament-ils que des casques bleus issus du tiers-monde aillent mourir à leur place au Darfour ?
Note(s) :
Robert Ménard est secrétaire général de Reporters sans frontières. Stephen Smith estjournaliste
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Libération, no. 8055
1e EDITION
MONDE, samedi, 31 mars 2007, p. 11
Darfour: pression croissante sur Khartoum
Le Soudan s'engage à faciliter l'accès des ONG à la région dévastée par la guerre civile.
AYAD Christophe
La guerre civile au Darfour est-elle en train de se propager à Khartoum ? Visiblement nerveux, le
régime soudanais a procédé ces derniers jours à une vague d'arrestations. Un journaliste du
quotidien Al-Ayam, Safki, a notamment été arrêté au début de la semaine, apparemment pour avoir
relaté dans un article le meeting de la semaine dernière à la Mutualité, à Paris, organisé par
Urgence Darfour et durant lequel les principaux candidats à l'élection présidentielle française se sont
engagés à demander des sanctions contre le Soudan pour le forcer à accepter le déploiement de
Casques bleus au Darfour. Jacques Chirac s'est aussi dit prêt à soutenir une résolution au Conseil de
sécurité demandant des sanctions.
Vendredi, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, à Genève, a réussi à surmonter ses divisions
pour approuver le rapport du prix Nobel de la paix, Jody Williams, qui accuse Khartoum d'avoir
«orchestré» des crimes de guerre et contre l'humanité dans sa province du Darfour. Londres est par
ailleurs en train de travailler à un projet de texte prévoyant l'instauration d'une zone d'exclusion
aérienne au-dessus du Darfour, et des bombardements en cas de non-respect. A la suite d'un
entretien entre le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et le président soudanais, Omar elBéchir, Khartoum s'est toutefois engagé auprès de l'ONU à donner un meilleur accès des
humanitaires au Darfour, où la guerre a fait au moins 200 000 morts et plus de 2 millions de
déplacés.
Autre source d'inquiétude : les relations entre le gouvernement et les ex-rebelles de la faction du
Mouvement de libération du Soudan dirigée par Minni Minnawi, la seule faction rebelle à avoir signé
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les accords de paix d'Abuja (Nigeria) en mai 2006, se dégradent. Il y a une semaine, la police a
attaqué ses locaux à Oumderman, dans la banlieue de Khartoum, faisant officiellement 10 morts, 8
au sein du SLM-MM et 2 policiers. La police aurait aussi procédé à quelque 200 arrestations dans les
rangs du mouvement. Les ex-rebelles y voient une «violation du cessez-le-feu consacré par l'accord
de paix d'Abuja» et menacent de «reprendre la guerre [y compris à] Khartoum».
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News Press
France, vendredi, 30 mars 2007 - 18:35 (GMT
Urgence au Darfour : déclaration de l'Assemblée plénière des évêques de France
Avant la clôture de l'Assemblée plénière, le cardinal Jean-Pierre Ricard rend publique, au nom des
évêques, une déclaration au sujet de la catastrophe humanitaire au Darfour
L'Assemblée plénière des évêques de France, initialement prévue pour s'achever le vendredi 30
mars, prendra fin ce jeudi 29 mars en fin de journée en raison de la célébration des obsèques de
Mgr François Saint-Macary, archevêque de Rennes, le 30 mars en sa cathédrale.
Le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et président de la Conférence des évêques
de France, au nom de l'Assemblée plénière gravement préoccupée de la catastrophe humanitaire en
cours et de l'urgence au Darfour, a publié la déclaration suivante :
URGENCE AU DARFOUR
Le Darfour ne peut rester une simple énumération de chiffres : 250 000 morts, 500 000 personnes
qui dépendent de l'aide humanitaire aujourd'hui entravée, 3 millions de déplacés aux frontières du
Tchad et de la République Centrafricaine, sans compter les nombreuses victimes d'exactions et de
viols ! Des millions d'hommes sont bafoués, mutilés, tués dans l'indifférence générale. Certains
médias essaient de réveiller la conscience de la communauté internationale sans réaction efficace.
La catastrophe humanitaire annoncée depuis longtemps, dénoncée par les ONG et les agences de
l'ONU, se vérifie. L'Europe et la France ne peuvent rester sans réaction devant tant de souffrances
insupportables. La crise est grave et ne peut nous laisser silencieux ou inactifs : là où l'homme
souffre, le Christ souffre avec lui.
Des accords de paix ont été signés en 2006. Ils ne sont toujours pas appliqués et, de jour en jour,
le nombre des victimes ne fait que s'alourdir. Les actions peuvent être multiples, tant auprès des
autorités françaises que dans le soutien aux organisations humanitaires ou dans l'appui aux
volontaires engagés dans cette action d'urgence.
N'oublions pas non plus que demain, après l'urgence, il faudra rebâtir.
Notre engagement de chrétien pour la paix et la justice nous incite fermement à interroger nos
dirigeants comme les candidats à l'élection présidentielle sur les actions menées et à mettre en
oeuvre, tant au plan diplomatique qu'au plan humanitaire. Il y va de notre pratique de la charité et
de notre réponse à la question toujours d'actualité : « Qu'as-tu fait de ton frère ? ».
Au nom des évêques de France
Cardinal Jean-Pierre Ricard
Archevêque de Bordeaux
Président de la Conférence des évêques de France
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Midi Libre
CATALANLOZERERODEZMILLAUCARCASSONNENARBONNEBEZIERSALESGARD
RHODANIENUZEGESETELUNELLODEVEMONTPELLIERNIMES
Samedi, 31 mars 2007
Humanitaire Les évêques de France ont aussi demandé jeudi des comptes...
Humanitaire Les évêques de France ont aussi demandé jeudi des comptes au gouvernement et aux
candidats à la présidentielle sur les mesures prises et à prendre dans la région soudanaise du
Darfour, confrontée à un grave problème humanitaire. L'Assemblée plénière s'est dite « gravement
préoccupée » par cette catastrophe humanitaire et a dénoncé le fait que « des millions d'hommes
sont bafoués, mutilés, tués dans l'indifférence générale ». « L'Europe et la France ne peuvent rester
sans réaction devant tant de souffrances insupportables », a déclaré l'Assemblée. Le conflit au
Darfour a fait 200 000 morts et deux millions de déplacés, selon les organisations internationales,
des chiffres contestés par le Soudan.
© 2007 Midi Libre. Tous droits réservés.
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Reuters général
Mardi, 3 avril 2007 - 13:04:03 GMT
JO 2008 - Bayrou réitère sa menace d'un boycott lié au Darfour
PARIS, 3 avril (Reuters) - François Bayrou a réitéré mardi sa menace, s'il devient président de la
République, d'un boycottage par la France des Jeux olympiques d'été de 2008 à Pékin si la Chine ne
change pas d'attitude face à la crise dans la région soudanaise du Darfour.
"J'entends que les autorités chinoises peuvent ne pas être satisfaites mais si un responsable
politique français n'est pas capable de défendre ceux qui meurent au Darfour, alors à quoi sert-il ?",
a déclaré le candidat de l'UDF à la présidentielle lors d'une conférence de presse à Paris.
"En tout cas moi j'ai l'intention de le faire aujourd'hui, où je suis complètement libre de parole, et
j'ai l'intention de le faire demain si je suis élu président de la République", a ajouté le député
béarnais, qui s'est rendu au Darfour il y a deux ans.
"Ces centaines de milliers, ces millions de personnes méritent que quelque part dans le monde
quelqu'un s'occupe d'eux et qu'on n'accepte pas en effet la protection que les autorités chinoises ont
décidé d'apporter aux autorités soudanaises pour que le Conseil de sécurité ne puisse pas se mêler
de ce qui le regarde", a-t-il souligné.
Le conflit au Darfour, qui a fait selon l'Onu 200.000 morts et des millions de déplacés, oppose des
groupes rebelles à des milices arabes appuyées militairement par le governement soudanais.
L'Union européenne a demandé à l'Onu de prononcer des sanctions contre Khartoum mais elle s'est
heurtée à l'opposition de la Chine et de la Russie.
"Je demande au mouvement olympique et je demande aux autorités chinoises de s'occuper d'abord
de cela", a dit François Bayrou. "On est bien trop légers dans cette affaire-là". /EP
© 2007 Reuters général. Tous droits réservés.
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AFP Infos Françaises
Politique;Sport, mardi, 3 avril 2007 - 13:26
Darfour: Bayrou dénonce la "protection" accordée par Pékin à Khartoum
PARIS - François Bayrou, candidat UDF à la présidentielle, a réaffirmé mardi son soutien à un
boycottage des Jeux Olympiques de Pékin en 2008, si la Chine continue d'accorder sa "protection"
aux autorités soudanaises dans la crise du Darfour.
"Il y a des centaines de milliers de personnes qui sont en train de mourir, qui sont abandonnées sur
le sable du désert, je demande au mouvement olympique et aux autorités chinoises de s'occuper
d'abord de cela", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Paris, jugeant qu'"on est bien trop
léger sur cette affaire du Darfour" (ouest du Soudan).
"J'entends bien que le mouvement olympique n'aime pas qu'on évoque ce genre d'idée (de
boycottage, ndlr), j'entends bien que les autorités chinoises peuvent ne pas être satisfaites, mais si
un responsable politique français n'est pas capable de défendre ceux qui meurent au Darfour, alors
à quoi sert-il?", a-t-il lancé, s'élevant contre un "génocide".
"En tout cas, moi, j'ai l'intention de le faire, (...) aujourd'hui que je suis complètement libre de
parole, et j'ai même l'intention de le faire demain si je suis élu président de la République", a-t-il
promis.
"Ces centaines de milliers, (ces) millions de personnes méritent", selon lui, "qu'on n'accepte pas la
protection que les autorités chinoises ont décidé d'apporter aux autorités soudanaises pour que le
Conseil de sécurité ne puisse pas se mêler de ce qui le regarde".
La Chine avait estimé fin mars que deux des principaux candidats à la présidentielle française - M.
Bayrou et la socialiste Ségolène Royal - qui avaient évoqué un boycottage des JO-2008 pour faire
pression sur Pékin au sujet du Darfour, n'étaient pas "très au courant" de sa politique.
tmo-cgd/jmg/sh
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Mercredi, 4 avril 2007, p. 2
La croisade de Bayrou et Royal contre les Jeux irrite les autorités chinoises
Parmi les candidats à l'Élysée, Ségolène Royal et François Bayrou ont tous deux prôné un boycott
des jeux de Pékin pour faire pression sur la Chine dans la crise au Darfour. Ce qui a conduit le
porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Liu Jianchao, à répliquer que « les gens
qui ont ce genre de proposition ne sont pas très au courant de la position de la Chine sur le
problème » (nos éditions du 22 mars). M me Royal et M. Bayrou ont pris cette posture lors du
meeting du collectif Urgence Darfour organisé le 20 mars dernier à la Mutualité.
Depuis François Bayrou s'est de nouveau élevé contre « la protection que les autorités chinoises ont
décidé d'apporter aux autorités soudanaises » . Le 20 mars dernier, M. Sarkozy, comme M mes
Voynet et Buffet s'étaient engagés, s'ils étaient élus, à engager des sanctions unilatérales contre le
Soudan. Le lendemain, M. de Villiers a, par un communiqué, appelé la France « à prendre la tête de
la résistance internationale à la dictature islamiste soudanaise » .
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Le Figaro
Mercredi, 4 avril 2007, p. 2
Le Darfour jette une ombre sur les JO de Pékin
De notre correspondant à Pékin JEAN-JACQUES MÉVEL
La Chine offre de renforcer sa coopération militaire avec le Soudan « dans tous les
domaines » , mais elle souhaite aussi que le régime d'Omar el-Béchir accepte le
compromis sur le Darfour poussé par l'ONU, a annoncé hier l'agence Chine Nouvelle. La
requête de Pékin, formulée lors de la visite du chef d'état-major soudanais, n'altère pas
l'opposition chinoise à des sanctions contre Khartoum. Les États-Unis et plusieurs pays
européens y sont au contraire favorables, si les massacres se poursuivent au Darfour et si
le Soudan refuse l'entrée d'un contingent mandaté par l'ONU.
SI LA TRÊVE des armes et la sourdine aux récriminations sont au coeur de l'idéal olympique, la
direction chinoise semble assez bien partie pour en profiter. À seize mois des JO de Pékin, ni la
question des droits de l'homme, ni la répression religieuse, ni même le sort des Tibétains n'ont fait
beaucoup d'ombre à ce qui reste, malgré tout, la plus grande dictature de la planète. Le PC chinois
fait tout pour s'assurer que les Jeux de l'été 2008 seront un succès hors-norme et que rien ne
viendra gâcher ce qu'il considère comme un hommage international mérité.
À l'horizon se profile pourtant un concert agaçant : celui de voix qui reprochent à la Chine
d'entretenir, grâce à son carnet de chèques et à sa diplomatie, les excès au Darfour des milices
soudanaises d'Omar el-Béchir. « Le boycott, ce serait la bombe atomique » C'est de France, pays
ami, qu'est venu le premier coup de ce que les dirigeants chinois redoutent de voir s'élargir en vraie
campagne : un appel au boycott des JO de Pékin, lancé depuis la tribune de la Mutualité par
François Bayrou. Ce cri du coeur était sans doute excessif.
La France, patrie de Pierre de Coubertin, n'a jamais snobé les Jeux. La participation des Français ne
dépend pas du gouvernement, mais du comité olympique national. Pour les Chinois, « le boycott, ce
serait la bombe atomique » , ajoute un observateur à Pékin.
Reste, à l'agacement des propagandistes chinois, la popularité croissante dont jouit la cause du
Darfour en Occident, et surtout le rôle sinistre que l'on prête à Pékin dans un drame qui a déjà
coûté des dizaines de milliers de vies. En France, Ségolène Royal souhaite une pression redoublée
contre la Chine. Moins relevée mais peut-être plus significative est la menace de sanctions contre le
Soudan agitée par Nicolas Sarkozy.
Menée à son terme, elle provoquerait un choc frontal avec Pékin au Conseil de sécurité. « Dans
l'affaire du Darfour, l'opinion publique occidentale a désormais le rôle moteur, observe un
responsable du Quai d'Orsay . Au sein de l'Union européenne, Paris a jusqu'ici résisté à des
sanctions contre le Soudan.
Mais les Anglais vont y revenir, avec l'appui des Américains. Et cette fois, nous ne pourrons que les
soutenir. » La Chine, fidèle à un principe de non-ingérence qu'elle invoque à son profit sur Taïwan
ou sur le Tibet, s'oppose à toute sanction contre Khartoum. Pour elle, la crise du Darfour est une «
affaire intérieure » .
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Mais, signal de son inconfort, elle dément faire de l'obstruction à l'ONU. Officiellement, Pékin a déjà
bougé, ce sont « les Occidentaux qui tardent à le reconnaître » , dit Shi Yinhong, spécialiste des
relations internationales à l'université du Peuple. «Un problème d'image et de responsabilité» Selon
la presse chinoise, le président Hu Jintao a plaidé auprès d'Omar el-Béchir l'envoi au Darfour d'un
contingent de « maintien de la paix » mandaté par l'ONU.
Sans obtenir la moindre avancée. Ni dissiper le soupçon qu'il continue de protéger le Soudan, pays
qui exporte les deux-tiers de son pétrole vers la République populaire et reçoit en retour la plus
grosse enveloppe chinoise d'investissements en Afrique. « Les Chinois comprennent qu'ils ont un
problème d'image et de responsabilité, remarque un diplomate européen.
Ils sont sur la défensive. » C'est vers les États-Unis que se tourne aujourd'hui l'inquiétude de Pékin.
Les Jeux de l'été 2008 coïncideront avec une campagne présidentielle américaine lancée à pleine
puissance. La Chine, involontairement, y tient assez souvent le mauvais rôle.
Pire pour Pékin, la crise africaine du Darfour a du retentissement dans l'électorat noir. Quant à la
diplomatie américaine, elle ne veut pas être accusée de fermer les yeux sur un massacre, après
avoir ignoré le Rwanda. Témoin de cette mauvaise conscience, c'est Colin Powell, secrétaire d'État
noir de l'administration Bush, qui a le premier prononcé le mot de « génocide » à propos du
Darfour, à l'automne 2004.
Hollywood, qui ne rate jamais une bonne cause, a déjà pris le relais. L'acteur George Clooney s'est
fendu d'un voyage à Pékin, visite soigneusement censurée comme tout ce qui gêne la direction
communiste. L'ancien Beatles Paul McCartney fait campagne pour le boycott des JO.
Quant à Mia Farrow, championne des causes humanitaires et ambassadrice itinérante de l'Unicef,
elle vient de signer dans le Wall Street Journal , une tribune remarquée. Elle y critique vertement
les multinationales qui parrainent les Jeux, ainsi que Steven Spielberg, scénariste appointé d'une
fastueuse cérémonie d'ouverture à Pékin. Lire aussi page 14
De notre correspondant à Pékin JEAN-JACQUES MÉVEL
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Le Figaro
Mercredi, 4 avril 2007, p. 14
Cinq bonnes raisons de boycotter les Jeux olympiques de Pékin en 2008
Par Jean-Marie Brohm, Roger Dadoun, Fabien Ollier et Marc Perelman * « Des milliards d'euros sont
dépensés pour des réjouissances, alors que la population manque de tout »
L'idée de boycotter les Jeux olympiques de Pékin 2008 est enfin dans le débat de la présidentielle et
dans le débat public. Bernard-Henri Lévy a pris position lors d'une réunion sur le Darfour pour
l'utilisation du boycott comme moyen de pression sur le gouvernement chinois, afin qu'il cesse de
soutenir le régime soudanais. Lors de cette réunion, François Bayrou s'est rallié à la position du
philosophe : « Si ce drame ne cesse pas, alors la France s'honorera de refuser de participer aux
Jeux olympiques. » Dans ce climat de courageuses déclarations, Ségolène Royal, qui saluait la «
nouvelle frontière » chinoise, lança ces propos moins tranchés : « C'est le moment de faire
pression.
Avant les Jeux olympiques de Pékin. » Les autres candidats sont restés silencieux sur le sujet.
Quant à Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, leurs préoccupations se tournent du côté du « traité
d'extradition mutuel » qu'ils viennent de signer avec la Chine et qui met en danger de mort les
Chinois qui ont fui le régime dictatorial de Hu Jintao. Face à de telles menaces politiques, Henri
Sérandour, le président du Comité national olympique et sportif français, s'est déclaré « surpris de
cette réaction » .
La surprise faisant vite place à l'inquiétude face aux enjeux financiers, il a ajouté : « Est-ce qu'on va
empêcher toutes les entreprises françaises de travailler avec la Chine ? [...] Il serait bien d'avoir
une concertation avec tous les responsables et je crois que le premier responsable de cette
manifestation, c'est le président du Comité olympique français. » En tant que membres du Collectif
pour le boycott des Jeux olympiques de Pékin 2008 (Cobop), nous prenons donc au sérieux
l'invitation que lance M. Sérandour à l'informer des raisons pour lesquelles le boycott se fait de plus
en plus pressant. Bernard-Henri Lévy, François Bayrou et Ségolène Royal y trouveront de quoi
étayer leurs postures.
Pourquoi donc boycotter les Jeux olympiques de Pékin 2008 ? 1. Parce que le gouvernement chinois
tente de briser tout ce que la Chine compte de dissidents, d'opposants, d'insoumis, d'intellectuels
critiques et de syndicats libres.
Il pratique les détentions administratives et abusives, recourt à la torture et à la peine de mort. La
gynécologue Gao Yaojie est menacée par les autorités locales pour avoir révélé l'affaire du sang
contaminé dans la province du Henan provoquant la mort de dizaines de milliers de personnes,
victimes du sida. La reconnaissance internationale des Jeux donnera un visa d'honorabilité à ces
violences.
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2. Parce que la Chine a des visées sur Taïwan, poursuit une offensive diplomatico-guerrière à
l'encontre du Japon, terrorise la région autonome des Ouïgours, colonise le Tibet et ne s'oppose pas
au génocide qui a lieu au Darfour. Les Jeux olympiques vont servir d'écran à ses stratégies
bellicistes et exterminatrices.
3. Parce que, dans la logique de la compétition sportive, l'élevage sportif chinois est le
prolongement d'un système qui avait cours en RDA, en Roumanie, en URSS et à Cuba. Le dopage,
la surveillance et la punition sont érigés en système de contrôle.
Les robots « anabolisés » et transfusés sont lancés à l'assaut des podiums. 4. Parce que le Comité
international olympique (CIO) défend ses intérêts et ne pourra aucunement permettre une
démocratisation de la Chine.
La signification des JO, loin des rêves de « fête », réside dans une stratégie de croissance du
marché et de l'affairisme. La manœuvre diplomatique du CIO consiste à soutenir un régime
totalitaire. 5.
Parce que le matraquage médiatique du spectacle olympique va abrutir le plus grand nombre au
moment où la vigilance doit être accrue. Cinq milliards d'euros sont actuellement dépensés pour
imposer des « réjouissances » de quinze jours, dans un pays où la population manque de tout. Le
gaspillage de la fête olympique est une insulte à la misère du monde !
Comment pouvons-nous tolérer que le milieu sportif, doté de fortunes colossales, donne une leçon
d'éthique et de solidarité aux milliards d'individus vivant avec moins d'un euro par jour ? *
Respectivement professeur de sociologie (université Paul-Valéry, Montpellier-III), professeur
émérite (université Paris-VII-Jussieu), directeur de la revue Mortibus, professeur en esthétique
(université Paris-X-Nanterre).
Par Jean-Marie Brohm, Roger Dadoun, Fabien Ollier et Marc Perelman * « Des milliards d'euros sont
dépensés pour des réjouissances, alors que la population manque de tout »
© 2007 Le Figaro. Tous droits réservés.
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AFP Infos Françaises
Art, culture et médias, mercredi, 4 avril 2007 - 05:21
Courrier de la télévision
PARIS - France 3 consacre son "19/20" au Darfour - L'édition nationale du journal de France 3, le
"19-20", sera presque exclusivement dédiée au Darfour mercredi 4 avril, pour "rompre le silence"
sur cette région du Soudan dévastée par la guerre civile. Deux journalistes de la chaîne, Hervé
Dhinaut et Loïc Lemoine, ont enquêté sur place pendant deux semaines, rencontrant des déplacés,
des acteurs des forces rebelles et des responsables d'ONG. Leurs reportages seront diffusés dans
cette édition spéciale, présentée par Audrey Pulvar, entre 19H30 et 20H00.
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