MediaMonitoring Darfour march07
Transcription
MediaMonitoring Darfour march07
PRESS BOOK DARFOUR CONFLICT IN FRENCH MEDIA March 2007 1. Publication about Lawrence Rossin / Save Darfur Coalition 2. Publication about the Meeting Urgence Darfour 1 1. Publication about Lawrence Rossin / Save Darfur Coalition 2 Edition du lundi 19 mars 2007 «Il faut une diplomatie plus musclée» Lawrence Rossin, ex-ambassadeur, coordinateur international de la coalition Save Darfur, regroupant 186 organisations Qu'attendez-vous de votre visite en Europe et notamment en France? Je viens rencontrer des partenaires pour renforcer notre action sur le Darfour (région à l'ouest du Soudan où la guerre civile a fait 300 000 morts et 2 millions de déplacés depuis 2003, ndlr). La campagne de sensibilisation de Save Darfur a réussi aux Etats-Unis : nous avons désormais un million d'adhérents. Mais en Europe, le Darfour mobilise moins. Or l'Union européenne peut jouer un rôle important pour faire pression sur le gouvernement soudanais et arrêter le génocide en cours. Contrairement à la mission du conseil des droits de l'homme de l'ONU, vous employez le terme de «génocide»... Le rapport décrit la même chose, même si le mot n'est pas utilisé. Il dénonce les meurtres, viols, tortures quotidiennes que subissent les populations du Darfour. Qu'on appelle ça génocide ou pas, n'est pas important, c'est juridique. La doctrine dit que, si le gouvernement ne protège pas ses citoyens, c'est de la responsabilité de la communauté internationale d'intervenir. Mais dans le cas du Darfour, la responsabilité internationale reste la même, et les gouvernements ne font pas assez. Comment expliquez-vous cet immobilisme ? Difficile à dire. Aux Etats-Unis, le problème c'est que notre gouvernement parle beaucoup mais agit peu. Et il a sans doute déjà à faire avec l'Afghanistan et l'Irak. En Europe, je ne sais pas pourquoi. Les ministres des Affaires étrangères se réunissent chaque mois à Bruxelles pour faire le point sur le Darfour. Mais chaque mois, ils font comme s'il y avait une évolution alors qu'ils répètent la même chose. C'est ce que j'appelle le "un millimètre par mois". Ils n'ont même pas encore parlé de sanctions envers Khartoum. En France, l'organisation «Sauvez le Darfour» reproche aux medias d'être trop silencieux... A la télévision, le drame du Darfour est peu couvert car il y n'y a presque pas d'images. Le gouvernement soudanais a depuis longtemps bloqué l'accès à cette région, tant aux journalistes qu'à la mission des droits de l'homme ou aux délégations étrangères. Je suis allé sur place en janvier. Je n'ai pu rester qu'une journée, mais nous avons discuté avec les ONG et les réfugiés, eux aussi victimes d'attaques, et qui expliquent que la situation empire chaque jour. Khartoum s'oppose farouchement à l'envoi d’une force hybride Union Africaine-ONU, prévue par la résolution 1706. Que préconisez-vous ? Il faut une diplomatie plus musclée - jusqu'ici, aucune mesure n'a fonctionné, car Khartoum estime que cela lui coûte moins cher de faire blocus. Je suis en faveur de la création d'une zone d'interdiction de survol, comme pendant les années 1990 en Irak et en Serbie. L'objectif serait d'empêcher les opérations militaires du gouvernement, qui mène des actions coordonnées avec les milices armées djindjawids pour attaquer les villages. En cas d’échec, faudrait-il envisager une intervention militaire ? 3 Cela serait difficile, d'autant que Khartoum peut utiliser sa propagande pour trouver des alliés dans le monde arabe, sur le thème "l'Orient contre l'Occident". Une nouvelle résolution du Conseil de sécurité, comme le veulent les Etats-Unis, vous semblerait-elle efficace ? Oui, si elle se traduit par des sanctions. En quoi le pétrole alimente-t-il le conflit au Darfour ? Il ne l'alimente pas directement, car il n'y a pas de pétrole dans la région du Darfour, ou en tout cas personne n'en a la preuve. Mais l'or noir a des implications indirectes, car les pays qui importent le pétrole soudanais ne font pas pression sur Khartoum, voire le protège. C'est le cas de la Chine (qui importe 6% de son pétrole depuis le Soudan), de l'Inde et de la Malaisie. Que vous inspirent les investissements de Total au Soudan ? Il faudrait les suspendre dans la mesure où ils n'aident pas le peuple soudanais, mais financent les opérations militaires au Darfour. Cela vaut la peine d'enquêter pour savoir où va cet argent. Je compte en discuter avec le Parti socialiste et l’UMP. Le conflit au Darfour divise les pays africains. Comment surmonter ces clivages? Il faut un processus diplomatique et l'instauration d'un dialogue politique entre gouvernement et groupes rebelles. C'est d'autant plus urgent que ces groupes se fragmentent. Il devient encore plus difficile de trouver des partenaires pour des négociations politiques. Recueilli par Faustine Vincent Meeting de soutien Urgence Darfour organise mardi soir à Paris un «grand meetin» afin d'interpeller les candidats à la présidentielle, en présence notamment de Bernard-Henri Lévy et Bernard Kouchner. Cet événement, auquel les candidats ont été conviés, sera l'occasion de leur demander ce qu'ils comptent faire pour le Darfour, région de l'ouest du Soudan en proie à une guerre civile depuis plus de quatre ans, a précisé Urgence Darfour. 4 JOURNAL DE L'INTERNATIONAL 22/03/2007 - 21:12 FABRICE ANGOTTI Heure début = 21:22:58 Durée = 00:01:29 Heure fin = 21:24:27 La mutualité à Paris a accueilli une réunion du collectif `Urgence Darfour`. Les candidats à la présidentielle sont intervenus. 21:23:18 Interview de Lawrence Rossin, Coordinateur international `Save Darfour`. 5 JOURNAL 20/03/2007 - 18:00 FREDERIC CARBONNE Heure début = 18:20:54 Durée = 00:08:52 Heure fin = 18:29:46 Le conflit du Darfour est au centre d'un meeting à la mutualité à Paris, pour le collectif Urgence Darfour, il faut agir, les candidats doivent s'engager. 18:21:24 Commentaire de Olivier Denré. Un formulaire sera envoyé aux candidats. Dominique Voynet, un conseiller de Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou seront au rendez-vous ce soir. 18:22:30 Interview de Lawrence Rossin, coordinateur International de Save Darfur Coalition. Il explique le travail de terrain pour sensibiliser la communauté internationale. 18:25:27 Les sanctions seront effectives dans une résolution des membres de sécurité de l'ONU. 18:27:27 Philippe Douste-Blazy, Ministre des affaires étrangères, a qualifié le conflit de génocide. 18:28:57 Le président du collectif a dénoncé la ligne de conduite de Dominique de Villepin qui ne souhaite pas des sanctions de l'UE. 6 mardi 20 mars 2007 Par Christophe AYAD Un meeting organisé ce soir à la Mutualité entend interpeller les candidats et lancer la mobilisation en faveur de la province soudanaise. «Ça y est, ça prend. Ça va être comme la Bosnie.» Bernard-Henri Lévy en est persuadé. De retour d'un voyage au Darfour et dans l'est du Tchad, financé par l'ONG américaine Save Darfur et pris en charge par les rebelles de l'Armée de libération du Soudan (SLA), l'intello baroudeur est convaincu que la mobilisation est en train de traverser l'Atlantique. Même son de cloche chez Jacky Mamou, président d'Urgence Darfour, collectif d'une centaine d'associations françaises mobilisées pour la province rebelle soudanaise (1) : «Nous sommes sollicités pour des meetings en province, en Europe. Toutes les semaines, de nouvelles associations nous rejoignent.» Urgence Darfour, qui compte des francs-maçons, des chrétiens, des associations juives, noires (le Cran depuis peu) mais quasiment pas d'Arabes ou de musulmans (sauf les Musulmans laïques et le Manifeste pour les libertés), espère faire du Darfour un enjeu d'opinion publique, comme aux Etats-Unis (page 6). «Action». Après un meeting peu médiatisé, en juillet, au théâtre de la Madeleine, les militants français pour le Darfour comptent frapper un grand coup avec leur meeting de ce soir à la Mutualité, à Paris. Urgence Darfour, Bernard-Henri Lévy et SOS Darfour de François Zimeray, un ex-député européen écarté par le PS pour son militantisme antipalestinien quasi obsessionnel, espèrent faire salle comble. Ils veulent interpeller les candidats à la présidentielle sur la question du Darfour, comme BHL l'avait fait sur la Bosnie au milieu des années 90. Les candidats, du moins ceux représentés au Parlement, seront invités à signer un texte prenant l'engagement d'agir pour que cessent les massacres au Darfour (lire ci-dessus). «Ils seront tous représentés à un haut niveau», assure Mamou, qui espère même la présence d'un ou plusieurs d'entre eux. Car le Darfour les mobilise : Bayrou s'y était rendu en 2004, Royal en a parlé à Villepinte et Sarkozy dans son discours de politique étrangère. « Maintenant, ça suffit la compassion, il faut de l'action», insiste Mamou. Mais un texte signé par tous ne risque-t-il pas le même sort que le pacte écologique de Nicolas Hulot ? Punir plutôt que détruire. Malgré une intense campagne de presse et d'affichage, financée depuis les Etats-Unis, l'opinion française et européenne reste assez distante. C'est que le conflit est difficile à caractériser : génocide ou guerre civile ? Ni l'un ni l'autre mais plutôt une guerre contre les civils, une volonté de punir une population plutôt que la détruire (2). Un conflit religieux ? Non, contrairement à ce que croit BHL, qui y voit un affrontement entre islam radical (celui du régime et des Arabes) et modéré (celui des rebelles et des Africains) : tout le monde est musulman au Darfour, et les radicaux se répartissent également entre rébellion et pouvoir. Un différend ethnique entre Arabes et Africains ? Cela le devient, même si un groupe rebelle arabe vient de voir le jour. Le traditionnel affrontement entre pasteurs et agriculteurs, comme le clame Khartoum ? Risible vu le nombre de victimes. Même le nombre de morts est contesté : les estimations vont de 200 000 à 400 000 morts, dont un quart à un tiers dans les tueries de 2003-2004. Enfin, c'est un conflit invisible car difficile à couvrir : pas de lignes de front, des combattants fantomatiques dans un pays mal connu, un territoire grand comme la France, peuplé de 6 millions d'habitants, des autorités qui entravent les déplacements. Récemment, le PDG de l'Institut national de l'audiovisuel se plaignait dans le Nouvel Obs de l'absence d'images. La haut-commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme, Louise Arbour, ne disait pas autre chose après le rapport du Conseil des droits de l'homme sur l'aggravation de la situation : «La première mesure est de garantir que le public est précisément informé sur ce qui se passe sur le terrain.» 7 2. Publication about the Meeting Urgence Darfour 8 Le Monde International, mercredi, 14 mars 2007, p. 4 INTERNATIONAL DARFOUR - Khartoum coupable de « crimes contre l'humanité » Les présidentiables français invités à « s'engager » « Sauver les populations du Darfour doit être un des engagements prioritaires du futur président de la République », estiment le Collectif Urgence Darfour et l'association SOS Darfour, qui demandent aux candidats à l'élection française de signer un « acte d'engagement » lors d'un meeting prévu à Paris le 20 mars. Ce texte inclut la promesse d'« user de tout son poids auprès du Conseil de sécurité de l'ONU » pour faire adopter des résolutions contraignantes assurant « la protection effective des populations du Darfour ». Il engage aussi à « s'abstenir de recevoir en France les membres du gouvernement de Khartoum ». © 2007 SA Le Monde. Tous droits réservés 9 AFP Infos Françaises Général, vendredi, 16 mars 2007 - 14:16 "Grand meeting" d'Urgence Darfour mardi pour interpeller les présidentiables PARIS - Urgence Darfour organise mardi soir à Paris un "grand meeting" afin d'interpeller les candidats à la présidentielle, en présence notamment de Bernard-Henri Lévy et de Bernard Kouchner, a-t-on appris vendredi auprès de ce collectif. Cet évènement auquel les candidats à la présidentielle ont été conviés sera l'occasion de leur demander ce qu'ils comptent faire pour le Darfour, région de l'ouest du Soudan en proie à une guerre civile depuis plus de quatre ans, a précisé à l'AFP, Loubna Cherchari d'Urgence Darfour. Selon Mme Cherchari, parmi les candidats, seul François Bayrou (UDF) a pour le moment répondu qu'il serait peut-être présent mardi à la Mutualité (Ve). "Sauver les populations du Darfour doit être un des engagements prioritaires du futur Président de la République", estime le collectif qui comprend notamment l'Association Communauté Rwandaise de France, la Fédération Nationale des Associations Franco-Africaines (FIDL), B'nai B'rith France, la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme, SOS Racisme et l'Union des étudiants juifs de France. L'initiative de mardi fait également suite à la pétition pour une force de protection internationale au Darfour adressée aux chefs de gouvernement des Etats membres de l'Union européenne. Cette pétition signée notamment par Jorge Semprun, Lilian Thuram, Bernard-Henri Lévy et Bernard Kouchner, affirme qu'en s'appuyant sur la résolution 1706 du Conseil de sécurité de l'Onu, les Etats européens "doivent envoyer immédiatement une force d'interposition". Cette force aurait notamment pour mandat de "mettre en place des corridors humanitaires sécurisés permettant aux organisations humanitaires d'accéder à l'ensemble des populations nécessitant une aide vitale". La guerre civile au Soudan oppose depuis 2003 des groupes rebelles armés issus de la population noire darfourie, à des milices arabes appuyées militairement par le gouvernement de Khartoum. Le conflit a fait 200.000 morts et plus de deux millions de déplacés en quatre ans, selon l'Onu. Le gouvernement soudanais conteste ces chiffres. il/pmg/sd © 2007 AFP. Tous droits réservés.Marianne, no. 517 Coups de projecteur, samedi, 17 mars 2007, p. 11 10 N'oubliez pas le Darfour, SVP Alain Léauthier "Madame, monsieur le futur Président de la République, pour le Darfour, que comptez-vous faire ? " L'interrogation peut sembler dérisoire dans une campagne présidentielle où même la question européenne passe pour une thématique exotique. Elle sera pourtant posée lors d'un meeting organisé le 20 mars à la Mutualité par les deux principales associations qui se battent contre l'oubli entourant le sort terrible de la grande province ouest du Soudan. A l'heure du bouclage de Marianne, la participation directe des trois principaux candidats de l'élection restait encore en filigrane. La réunion de la Mutualité intervient peu après la publication du rapport de la mission spéciale du Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Un rapport aussi alarmiste et accablant pour les autorités de Khartoum que le précédent, rédigé en 2004. Le gouvernement du général Omar Hassan Ahmed al-Bachir est accusé de " crimes de guerre " et de " crimes contre l'humanité " à l'encontre des populations dites " africaines ", régulièrement bombardées par l'aviation et victimes des exactions commises par les milices Janjawid. Désormais, les camps de réfugiés s'étendent aussi de l'autre côté de la frontière, au Tchad, et l'exode contribue à aiguiser un peu plus les tensions régionales. Illustration(s) : mustafa ozer / afp Réfugiés soudanais au camp de Sakali à Nyala (Soudan), le 21 février 2007. © 2007 Marianne. Tous droits réservés.AFP Infos Françaises Politique, mardi, 20 mars 2007 - 11:48 11 Urgence Darfour demande aux présidentiables de l'action et non de la compassion (PAPIER GENERAL) Isabelle LIGNER PARIS - Jacky Mamou, président du collectif Urgence Darfour, organisateur d'un meeting à Paris mardi soir pour interpeller les présidentiables sur le conflit meurtrier dans cette région de l'ouest du Soudan, leur demande d'en finir avec "la compassion" et d'agir rapidement. "L'objectif est de mettre le Darfour sur l'agenda des présidentiables", explique-t-il à l'AFP. "Il n'y a eu que des déclarations vagues de compassion jusqu'à maintenant; Nicolas Sarkozy (UMP) et Ségolène Royal (PS) ont évoqué brièvement le sujet sans prendre d'engagement; François Bayrou (UDF) s'est rendu il y à deux ans là-bas, mais lui non plus ne propose rien de concret pour l'instant. Le temps de la compassion est finie, il y a urgence à agir maintenant". Mardi soir, en présence de Bernard-Henri Lévy et de Bernard Kouchner, le collectif demandera aux candidats, dont aucun n'a confirmé sa venue, "de signer un document d'engagement qui inclut plusieurs volets relatifs à l'Onu, la Cour pénale internationale, des sanctions économiques et politiques vigoureuses contre le Soudan, surtout dans une démarche européenne, la protection des réfugiés au Tchad et en Centrafrique et la mise en place de corridors humanitaires au Darfour". L'initiative de mardi fait suite à la pétition pour une force de protection internationale au Darfour adressée aux chefs de gouvernement des Etats membres de l'Union européenne. Le président du collectif comprenant notamment SOS-Racisme, l'Association Communauté Rwandaise de France, le B'nai B'rith France, la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) et l'Union des étudiants juifs de France, regrette que les questions internationales soient "absentes de la campagne" pour la présidentielle et les législatives. Il estime pourtant que "la France comme membre du Conseil de Sécurité et grand pays européen a une responsabilité particulière" car c'est elle qui s'est opposée à des sanctions européennes au dernier conseil des ministres des affaires étrangères et c'est le Premier ministre (Dominique de Villepin) qui maintenant s'oppose à une nouvelle résolution britannique au Conseil de sécurité", dénonce-t-il. "C'est extrêmement grave et nous n'allons pas cesser de dénoncer ce langage de duperie. La compassion côté jardin pour les victimes, la mansuétude, je n'ose pas dire plus, pour les génocidaires : ça suffit !" Mais l'ancien président de Médecins du Monde sait aussi que "la communauté internationale n'a jamais sauvé aucun peuple de génocide, ni les Arméniens, ni les Juifs, ni les Cambodgiens, ni les Tutsis". "Au Rwanda dans un petit pays, le génocide s'est déroulé en quelques semaines", rappellet-il. Au Darfour, où une guerre civile oppose depuis quatre ans des mouvements rebelles issus de la population noire locale à des milices arabes appuyées par l'armée soudanaise, "le gouvernement soudanais agit sur un territoire de 550.000 km2, avec une stratégie plus subtile : la mort lente par épuisement de centaines de milliers de personnes, chassées de leurs villages". Le conflit a fait 200.000 morts et plus de deux millions de déplacés depuis février 2003, selon l'Onu. Le gouvernement soudanais conteste ces chiffres. "Toute posture attentiste", prévient le président d'Urgence Darfour, “revient à laisser les victimes désespérément seules face à leurs bourreaux". Afrique, mercredi, 21 mars 2007 - 12:39 GMT 12 SOUDAN "Pas de larmes de crocodile, des actes" Quel est le programme du meeting de ce soir à la Mutualité ? - Le meeting de ce soir consiste à la fois à sensibiliser le public et à obtenir des engagements de la part des candidats à la présidentielle. Pour toucher le public, nous avons invité un certain nombre de gens revenus du Darfour, parmi lesquels Richard Rossin, co-fondateur de Médecins du Monde et le philosophe Bernard Henri-Lévy qui viendront témoigner et faire part de leurs observations et analyses concernant la région. Pour ce qui est des candidats, nous souhaitons les sortir de la compassion et les faire s'engager à passer aux actes, s'ils sont élus. La mobilisation pour le Darfour est un événement qui va être en synergie avec la campagne présidentielle. Savez-vous si les candidats seront présents ce soir, en dehors de François Bayrou, qui a déjà donné son accrod ? - Tout ce que je peux vous dire, c'est que ce sont des candidats de premier ordre qui seront présents. Et nous n'avons invité que les candidats de l'arc républicain, à savoir François Bayrou, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy, Dominique Voynet et Marie-George Buffet. Nous leur proposerons un acte d'engagement en huit points. Entre autres, ils devront s'engager à mettre en œuvre des sanctions économiques contre le Soudan, mettre en place les moyens d'une surveillance de l'espace aérien du Darfour pour éviter qu'il soit bombardé et s'abstenir de recevoir en France des membres du gouvernement de Khartoum comme cela a été le cas il y a environ deux mois. Le ministre de l'Economie et le ministre du Pétrole du Soudan avaient été reçus à la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris pour vanter les investissements français au Soudan. C'est scandaleux. Voilà presqu'une semaine que le Nouvel Observateur est en kiosques. Quels retours avez-vous eu du dossier relayant votre appel et consacré à la situation au Darfour ? - Les signatures pour notre europétition abondent. Nous proposons une mobilisation à échelle européenne pour saisir la Commission européenne et voudrions créer un mouvement d'opinion européen. Le texte de notre appel a déjà été traduit en plusieurs langues et devrait être publié très prochainement dans des quotidiens européens, en Italie, en Belgique, en Allemagne… Avec le droit à la pétition européenne, lorsque nous aurons obtenu 1 million de signatures, la Commission devra se saisir du dossier, et nous espérons qu'elle prendra des mesures de sanctions économiques contre Khartoum et de sécurisation de la population du Darfour. Nous sommes dans les larmes de crocodile, Urgence Darfour veut des actes. Propos recueillis par Justine Charlet (le mardi 20 mars 2007) © 2007 Le Nouvel Observateur. Tous droits réservés. Général, mardi, 20 mars 2007 - 20:28 13 Libération, no. 8045 1e EDITION EVENEMENT, mardi, 20 mars 2007, p. 5 EVENEMENT 1 Afrique Abdel Wahid al-Nour, du Mouvement de libération du Soudan, a rencontré l'écrivain Bernard-Henri Lévy pour «Libération» «Je ne peux pas croire que la France se dérobe» LEVY Bernard-Henri Abdel Wahid al-Nour est le président du SLM (Mouvement de libération du Soudan, fondé en 1992) dont la branche armée, la SLA, résiste pied à pied aux milices jenjawids liées au gouvernement de Khartoum. Avocat de formation, lettré, musulman modéré et éclairé, il est de la famille des Massoud et des Izetbegovic. Il est de ces hommes qui, comme disait André Malraux, «font la guerre sans l'aimer» et se voient, néanmoins, contraints de la faire et de la gagner. En tournée dans les capitales européennes où il répète inlassablement le même SOS, appelant la conscience universelle au secours d'un peuple menacé de ce qui pourrait devenir, si nous persistons à ne rien faire, le premier génocide du XXIe siècle, il est de passage par Paris et sera, ce mardi, l'un des orateurs du grand meeting de solidarité qui se tiendra à la Mutualité. C'est lui qui a organisé mon passage au Darfour. C'est cette humble et grande voix que je supplie, aujourd'hui, que l'on écoute. BERNARD-HENRI LEVY * C'est la première fois que vous vous exprimez dans un grand journal européen... Je suis un combattant. Et on est, nous, les combattants, obligés d'être sur le terrain, auprès des nôtres. Mais je ne sous-estime pas l'importance de parler, comme ici, aux opinions... A quoi attribuez-vous ce silence du monde autour de la cause du Darfour ? Est-ce le Soudan qui fait peur ? La Chine ? Des intérêts économiques trop lourds, et qui jouent contre vous ? Il y a les deux choses. D'abord, le gouvernement islamiste de Khartoum terrorise ses voisins : l'Ouganda, l'Ethiopie, l'Erythrée, le Cameroun lui-même et, tout particulièrement, le Tchad et la République centrafricaine, voisins du Darfour, et qui ont eu à subir l'action des milices jenjawids envoyées par le gouvernement soudanais pour terroriser, mais aussi arabiser et islamiser, les populations. Et puis il y a des accords tacites et inavouables pour l'exploitation de ce pétrole qui appartient à tous les peuples du Soudan, mais qu'on leur a confisqué. C'est pour cela, pour faire place nette aux compagnies pétrolières, que, du nord au sud du Nil Bleu, des monts Nuba au Darfour, on déplace des populations entières ! La Chine, dans ce processus, est au premier rang. Je l'appelle à ne pas asseoir ses intérêts économiques sur la souffrance, l'exil et la mort des peuples du Soudan. J'appelle les leaders de tous les peuples épris de liberté à faire cesser ce génocide. L'Histoire jugera les leaders silencieux. On connaît mal, en France, les options de votre mouvement... Nous luttons, avant toute chose, pour un Soudan démocratique, unifié et laïque. Laïque, vraiment ? Mais oui, naturellement. Ce n'est pas fréquent pour une guérilla à majorité musulmane ! Peut-être. Mais c'est dit en propres termes dans notre programme. Nous voulons une constitution qui affirme l'égalité de droit des citoyens dans le complet respect des droits humains et, aussi, la séparation de la religion et de l'Etat. Et la population vous suit ? Totalement ! Avez-vous, durant votre séjour, vu des femmes voilées par exemple ? Non. La majorité des habitants du Darfour croit en un islam modéré, démocratique et pacifique seule voie possible pour créer les conditions d'un monde vivable, régionalement et mondialement. Certains vous accusent, vous aussi, d'exactions, voire de crimes de guerre... Il est absolument exclu que nos hommes aient pu commettre des exactions. Je suis personnellement juriste de formation et rejette avec la plus grande énergie ces accusations. Nous 14 offrons à toutes les organisations qui le souhaitent toutes facilités pour mener librement les investigations qu'elles souhaiteraient, y compris des enquêtes sur ma personne ou sur celle de tout autre membre de notre mouvement. Je sais que le gouvernement du Soudan envoie des miliciens déguisés en membres de la SLA pour nous faire accuser de ses crimes. Mais je vous le dis solennellement : si l'on trouve, parmi nous, quiconque ayant commis une atteinte aux droits de l'homme, c'est moi qui, en personne, le conduirai au Tribunal international ! Vos prisonniers de guerre, par exemple... Je n'ai pas réussi, pendant mon séjour, à avoir une réponse claire à la question de savoir ce que vous faites de vos prisonniers de guerre... Nous en appelons à la Croix-Rouge qui les visite régulièrement, qui prend leur courrier pour leurs familles et leur rapporte, en retour, les lettres adressées par leurs familles. Vous pouvez interroger la Croix-Rouge. Concrètement, où se trouvent-ils ? Dans des camps de prisonniers régis selon les conventions de Vienne et de Rome. Ils sont nourris. Ils bénéficient de soins médicaux selon nos possibilités. En réalité nous ne gardons que les prisonniers dangereux et nous libérons rapidement les autres. Nous n'avons pas beaucoup de moyens... Vous allez prendre la parole, ce soir, à la Mutualité, en présence d'un certain nombre de candidats à l'élection présidentielle. Quel message comptez-vous leur adresser ? Que la Révolution française est un exemple pour nous et pour bien d'autres peuples de par le monde. J'ai la conviction que le peuple français et le nouveau gouvernement français nous aideront à arrêter le massacre, à protéger les populations et à les aider à rentrer enfin chez eux. Je ne peux pas croire que la France se dérobe à cette mission. Je ne peux pas imaginer que le peuple de France ne soit pas à nos côtés dans la construction de ce Soudan libre, libéral, laïque, unifié et démocratique auquel nous rêvons. © 2007 SA Libération. Tous droits réservés. 15 Libération, no. 8045 1e EDITION EVENEMENT, mardi, 20 mars 2007, p. 3 EVENEMENT 1 Afrique Darfour : le réveil des consciences Un meeting organisé ce soir à la Mutualité entend interpeller les candidats et lancer la mobilisation en faveur de la province soudanaise. AYAD Christophe «Ça y est, ça prend. Ça va être comme la Bosnie.» Bernard-Henri Lévy en est persuadé. De retour d'un voyage au Darfour et dans l'est du Tchad, financé par l'ONG américaine Save Darfur et pris en charge par les rebelles de l'Armée de libération du Soudan (SLA), l'intello baroudeur est convaincu que la mobilisation est en train de traverser l'Atlantique. Même son de cloche chez Jacky Mamou, président d'Urgence Darfour, collectif d'une centaine d'associations françaises mobilisées pour la province rebelle soudanaise (1) : «Nous sommes sollicités pour des meetings en province, en Europe. Toutes les semaines, de nouvelles associations nous rejoignent.» Urgence Darfour, qui compte des francs-maçons, des chrétiens, des associations juives, noires (le Cran depuis peu) mais quasiment pas d'Arabes ou de musulmans (sauf les Musulmans laïques et le Manifeste pour les libertés), espère faire du Darfour un enjeu d'opinion publique, comme aux Etats-Unis (page 6). «Action». Après un meeting peu médiatisé, en juillet, au théâtre de la Madeleine, les militants français pour le Darfour comptent frapper un grand coup avec leur meeting de ce soir à la Mutualité, à Paris. Urgence Darfour, Bernard-Henri Lévy et SOS Darfour de François Zimeray, un ex-député européen écarté par le PS pour son militantisme antipalestinien quasi obsessionnel, espèrent faire salle comble. Ils veulent interpeller les candidats à la présidentielle sur la question du Darfour, comme BHL l'avait fait sur la Bosnie au milieu des années 90. Les candidats, du moins ceux représentés au Parlement, seront invités à signer un texte prenant l'engagement d'agir pour que cessent les massacres au Darfour (lire ci-dessus). «Ils seront tous représentés à un haut niveau», assure Mamou, qui espère même la présence d'un ou plusieurs d'entre eux. Car le Darfour les mobilise : Bayrou s'y était rendu en 2004, Royal en a parlé à Villepinte et Sarkozy dans son discours de politique étrangère. «Maintenant, ça suffit la compassion, il faut de l'action», insiste Mamou.Mais un texte signé par tous ne risque-t-il pas le même sort que le pacte écologique de Nicolas Hulot ? Punir plutôt que détruire. Malgré une intense campagne de presse et d'affichage, financée depuis les Etats-Unis, l'opinion française et européenne reste assez distante. C'est que le conflit est difficile à caractériser : génocide ou guerre civile ? Ni l'un ni l'autre mais plutôt une guerre contre les civils, une volonté de punir une population plutôt que la détruire (2). Un conflit religieux ? Non, contrairement à ce que croit BHL, qui y voit un affrontement entre islam radical (celui du régime et des Arabes) et modéré (celui des rebelles et des Africains) : tout le monde est musulman au Darfour, et les radicaux se répartissent également entre rébellion et pouvoir. Un différend ethnique entre Arabes et Africains ? Cela le devient, même si un groupe rebelle arabe vient de voir le jour. Le traditionnel affrontement entre pasteurs et agriculteurs, comme le clame Khartoum ? Risible vu le nombre de victimes. Même le nombre de morts est contesté : les estimations vont de 200 000 à 400 000 morts, dont un quart à un tiers dans les tueries de 2003-2004. Enfin, c'est un conflit invisible car difficile à couvrir : pas de lignes de front, des combattants fantomatiques dans un pays mal connu, un territoire grand comme la France, peuplé de 6 millions d'habitants, des autorités qui entravent les déplacements. Récemment, le PDG de l'Institut national de l'audiovisuel se plaignait dans leNouvel Obs de l'absence d'images. La haut-commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme, Louise Arbour, ne disait pas autre chose après le rapport du Conseil des droits de l'homme sur l'aggravation de la situation : «La première mesure est de garantir que le public est précisément informé sur ce qui se passe sur le terrain.» (1) Le collectif a aussi lancé une pétition européenne : www.europetition-darfour.org © 2007 SA Libération. Tous droits réservés. 16 Libération, no. 8045 1e EDITION EVENEMENT, mardi, 20 mars 2007, p. 1 UNE Afrique Darfour Agir ! Darfour Agir ! Un meeting à Paris ce soir lance la mobilisation, et l'appel d'un collectif d'associations exhorte les candidats à la présidentielle à s'engager pour régler le drame humanitaire du Soudan. © 2007 SA Libération. Tous droits réservés. 17 Libération, no. 8045 1e EDITION EVENEMENT, mardi, 20 mars 2007, p. 6 EVENEMENT 1 Afrique Soudan. A savoir Un meeting organisé ce soir à la Mutualité entend interpeller les candidats et lancer la mobilisation en faveur de la province soudanaise. AYAD Christophe Quatre ans de guerre Février 2003 : début de la guerre civile. 8 avril 2004 : premier cessez-le-feu entre le gouvernement de Khartoum et deux groupes rebelles. 14 et 15 août 2004 : arrivée des premiers soldats de l'Union africaine. Mai 2006 : nouvel accord à Abuja (Nigeria) entre une partie des rebelles et Khartoum. 31 août 2006 : vote de la résolution 1706 par l'ONU prévoyant l'envoi de 20 000 hommes, rejetée par le président Omar el-Béchir. Plus de 200 000 morts Sur 6 millions d'habitants au Darfour, plus de 200 000 personnes sont mortes, plus de 2,5 millions ont été déplacées. 200 000 seraient réfugiées au Tchad (Source : ONU). Protagonistes Omar el-Béchir est au pouvoir à Khartoum depuis 1989 suite à un coup d'Etat. Il a été élu président en 1993. Les jenjawids sont des milices arabes à la solde de Khartoum, accusées de tuer, violer et piller les populations africaines du Darfour. Deux courants rebelles : le Mouvement pour la justice et l'égalité : mouvement islamiste de 6 000 à 7 000 hommes ; le Mouvement/Armée de libération du Soudan (SLM/SLA) : 16 000 hommes. Il a accepté l'accord d'Abuja. L'Union africaine a envoyé 7 000 soldats dans le cadre de la Muas (Mission de l'Union africaine au Soudan). © 2007 SA Libération. Tous droits réservés. 18 Libération, no. 8045 1e EDITION EVENEMENT, mardi, 20 mars 2007, p. 3 EVENEMENT 1 Afrique Alerte JOFFRIN Laurent Il est des circonstances où l'indifférence est un crime. Ce crime, les grandes puissances du Nord le commettent depuis de longues années. Au Soudan, un pouvoir tyrannique veut soumettre un immense pays aux intérêts d'une mince caste religieuse, ethnique et militaire, sans que des réactions crédibles se soient manifestées chez les Occidentaux. Pour instaurer cet ordre obscurantiste, le gouvernement de Khartoum utilise les sanglants services de milices qui violent, torturent et tuent à grande échelle. S'agit-il de massacres, de génocide, de crimes de guerre ou de crimes contre l'humanité ? Les forces qui luttent contre le régime sont-elles composées de parfaits humanistes ou bien de guerriers qui défendent leur autonomie avec les moyens qui leur sont laissés ? A ce stade, ces justes questions sont un peu oiseuses. Il n'y a qu'une seule urgence : arrêter le bras des assassins. Autrement dit faire pression sur le régime de Khartoum pour qu'il accepte de passer de la tuerie à la négociation. L'appel qui sera lu ce soir à la Mutualité à Paris donne des pistes précieuses. Il ne s'agit pas d'intervention militaire ni de protestation sympathique mais vaine. Il s'agit d'exiger de l'ONU et des grands pays qu'ils épaulent enfin la force africaine qui tente de limiter le conflit mais ne dispose pas des moyens suffisants pour y parvenir. La conscience française n'a pas, jusqu'à présent, pris la mesure de l'enjeu. Loin du «choc des civilisations» imprudemment théorisé, le conflit du Darfour oppose des musulmans entre eux, les uns déterminés à faire prévaloir la férule d'un pouvoir central sans partage, les autres attachés à leur identité et à un minimum d'autonomie. Depuis longtemps, avec d'autres, Libération, par son travail journalistique, a alerté ses lecteurs sur ce qui se passe au Darfour. La mobilisation qui se cristallise aujourd'hui prolonge le combat. L'heure de la prise de conscience a sonné. © 2007 SA Libération. Tous droits réservés. 19 Libération, no. 8045 1e EDITION EVENEMENT, mardi, 20 mars 2007, p. 3 EVENEMENT 1 Le texte soumis ce soir aux prétendants à l'Elysée : «Candidat, je m'engage...» AYAD Christophe Candidat (e) à la présidence de la République française, horrifié (e) par le sort réservé aux populations du Darfour, je m'engage : 1. A agir en sorte que la France use de tout son poids auprès du Conseil de sécurité des Nations unies pour y faire adopter des résolutions au titre du chapitre VII de la charte pour la protection effective des populations du Darfour. 2. A mettre en oeuvre au niveau approprié, tant que dureront les crimes contre l'humanité, des sanctions économiques contre le Soudan : gel des avoirs, refus de visa pour les dirigeants soudanais impliqués dans les massacres, embargo sur les exportations de pétrole soudanais. 3. A m'abstenir de recevoir en France les membres du gouvernement de Khartoum. 4. A mettre à la disposition de la Cour pénale internationale tous les moyens utiles à sa mission, notamment en ce qui concerne l'établissement et la conservation des preuves, la protection des victimes, des témoins et des enquêteurs. 5. En liaison avec les Etats concernés, à donner mandat aux forces françaises stationnées au Tchad et en Centrafrique de protéger effectivement les réfugiés, les personnes déplacées et les membres des organisations humanitaires opérant dans ces pays. 6. A mettre en place les moyens d'une surveillance de l'espace aérien du Darfour et à en communiquer les informations aux Etats et institutions intéressés. 7. A dénoncer avec énergie tout pays qui s'opposerait aux sanctions prises à l'encontre du Soudan fondées sur les crimes contre l'humanité commis par son gouvernement. 8. A user de toute mon influence pour rendre possible une action européenne de protection des populations civiles du Darfour, notamment à mettre en place des corridors humanitaires. A Paris, maison de la Mutualité, le 20 mars 2007 © 2007 SA Libération. Tous droits réservés. 20 La Presse Canadienne International, mardi, 20 mars 2007 - 17 h :1 Jacques Chirac dénonce "l'effroyable tragédie au Darfour" La Presse Canadienne PARIS (AP) -- Le président de la République Jacques Chirac a dénoncé l'"effroyable tragédie" qui se déroule au Darfour et évoqué la possibilité de sanctions, dans un texte lu mardi soir à la Maison de la Mutualité à Paris par l'intellectuel engagé Bernard Henri-Levy, à l'occasion d'un rassemblement consacré à la guerre qui ravage cette région du Soudan. "Je me bats pour que cesse l'effroyable tragédie du Darfour", y déclare le chef de l'Etat. "Près de deux cents mille morts. Des millions de personnes chassées de leur foyer, persécutées, déplacées et réfugiées. Et combien de villages pillés, brûlés, dévastés ? La situation empire. La France exige que toutes les conséquences en soient tirées". "Nous ne pouvons pas rester silencieux devant une des grandes tragédies humanitaires de notre temps", a-t-il poursuivi. "Il faut venir en aide aux populations (...) Il faut que les Soudanais entendent la voix de la communauté internationale". Et de rappeler que "dès 2004", la France "a mobilisé ses moyens militaires pour que les réfugiés reçoivent secours et protection". "Il est capital que les coupables des exactions sachent qu'il n'y aura pas d'impunité". Jacques Chirac a salué les Africains, "engagés pour la paix au Darfour: Je salue leurs efforts et la détermination de l'Afrique à se battre pour la dignité humaine". "Le Conseil de sécurité a décidé le déploiement d'une force qui va l'épauler, aider à la protection des réfugiés, au respect du droit et à la stabilisation de la région", a poursuivi le chef de l'Etat. Il a appelé "le gouvernement du Soudan" et "tous les belligérants, à respecter les accords de paix" et "à protéger les populations civiles". "La France ne relâchera pas son effort diplomatique, mais elle ne se satisfera pas de mots!", a lancé Jacques Chirac, concluant que "si les exactions se poursuivent, si la parole n'est pas respectée, le Conseil de sécurité n'aura pas d'autre choix que d'adopter des sanctions". AP gon/nc © 2007 La Presse Canadienne. Tous droits réservés. 21 AFP Infos Françaises Politique, mardi, 20 mars 2007 - 23:34 Darfour: Sarkozy pour des sanctions unilatérales de la France s'il est élu PARIS - Le candidat UMP à la présidentielle, Nicolas Sarkozy, s'il est élu, mettra en place des sanctions unilatérales de la France contre le Soudan face à la poursuite des massacres au Darfour, a-t-il fait savoir dans une lettre lue mardi lors de la soirée de Urgence Darfour. "Je n'accepte pas que la mauvaise volonté du gouvernement soudanais nous transforme en témoins impuissants de l'horreur", écrit M. Sarkozy dans un courrier lu, souvent sous des huées, par Nicole Guedj devant une salle comble à la Mutualité, à Paris. "Le Soudan doit savoir que notre patience a atteint ses limites", poursuit le ministre de l'Intérieur. "Si je suis élu président, je n'hésiterai pas à militer pour un durcissement décisif des sanctions contre tous les dirigeants du régime de Khartoum", a-t-il dit. Il a également précisé que "des mesures immédiates s'imposent - gel des avoirs et refus de délivrer des visas - pour les individus impliqués dans les massacres. Si je suis élu, la France adoptera unilatéralement, ces mesures et encouragera ses partenaires européens à la suivre dans cette voie", a-t-il ajouté. Mais M. Sarkozy souligne que "les sanctions ne suffiront pas et elles ne peuvent nous satisfaire". "La communauté internationale doit se mobiliser pour aboutir à un règlement juste et durable du conflit par un accord politique entre le gouvernement et les rebelles. Ce sera l'une des priorités du futur chef de l'Etat", assure-t-il, proposant, s'il est élu une "conférence internationale dans le but d'établir un plan d'action détaillé". Ce plan inclurait notamment "la mise en place d'une surveillance aérienne du territoire du Darfour et des corridors humanitaires pour que les associations puissent effectuer leur travail". La lettre de M. Sarkozy a été lue dans une grande agitation et sous des sifflets et des cris comme "raciste" ou "honte à la France". Mme Guedj a signé au nom de M. Sarkozy l'engagement en huit points soumis par le collectif Urgence Darfour qui a obtenu une forte mobilisation pour cette soirée et également les signatures de Ségolène Royal (PS), de Dominique Voynet (Verts), de François Bayrou (UDF), tous trois présents, et de Marie-Georges Buffet, qui avait aussi envoyé un courrier. il/dpn © 2007 AFP. Tous droits réservés. 22 AFP Infos Françaises Général, mardi, 20 mars 2007 - 19:29 Chef rebelle soudanais: seulement deux options au Darfour PARIS - La communauté internationale doit soit envoyer au Darfour une force d'interposition internationale, soit armer les rebelles pour leur permettre de se défendre, a estimé mardi à Paris l'un des chefs de la rébellion, Abdul Wahid Al-Nour. Interrogé par l'AFP juste avant sa participation à un meeting de solidarité organisé par l'ONG Urgence Darfour, cet avocat, président du Mouvement de libération du Soudan (MLS), a déclaré: "La communauté internationale a deux solutions: soit elle doit envoyer une réelle force d'interposition internationale, soit elle doit nous armer pour que nous puissions nous défendre." "La France, comme les autres pays européens, ne pourra pas dire qu'elle ne savait pas", a-t-il ajouté. "L'histoire jugera les pays qui ont laissé mon peuple se faire massacrer". Se présentant comme un "musulman modéré" qui milite pour "un Soudan libre, libéral, laïque, uni et démocratique", il a encore dit: "Je suis venu à Paris pour m'adresser à la société civile et demander à la France, pays des droits de l'Homme, de faire cesser le génocide qui frappe mon peuple depuis cinq ans". Le meeting parisien, qui a commencé peu avant 20H00, doit réunir notamment l'intellectuel Bernard-Henri Lévy et l'ancien président de Médecins sans Frontières et ex-ministre socialiste Bernard Kouchner, à l'initiative de l'association Urgence Darfour. il/mm/hg © 2007 AFP. Tous droits réservés 23 Darfour : "Besoin d'une action internationale plus puissante" (J. Chirac) PARIS - Le président français Jacques Chirac, dans un message lu mardi soir à Paris à une réunion de solidarité avec la province soudanaise du Darfour, a assuré ressentir "le besoin d'une action internationale plus puissante". A la tribune, l'intellectuel Bernard-Henri Lévy a lu un message du président de la République aux plusieurs centaines de participants réunis à l'initiative de l'ONG Urgence Darfour. "C'est l'honneur et le devoir de la France de s'engager", a dit M. Chirac. "Je suis avec vous par le coeur. Je me bats pour que cesse l'effroyable tragédie du Darfour et je ressens comme vous le besoin d'une action internationale plus puissante. Nous ne pouvons plus rester silencieux", a ajouté le président français. La réunion parisienne, qui a commencé peu avant 19H00 GMT, a entendu outre Bernard-Henri Lévy, le candidat à l'élection présidentielle François Bayrou, l'ancien président de Médecins sans Frontières et ex-ministre socialiste Bernard Kouchner, et le socialiste Laurent Fabius, a constaté l'AFP. Selon les organisateurs, la candidate socialiste Ségolène Royal et le candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy devraient passer dans le courant de la soirée. Urgence Darfour a indiqué qu'elle allait demander à tous les candidats à l'élection présidentielle de signer un "Acte d'engagement pour le Darfour", prévoyant notamment "que la France use de son poids auprès Conseil de sécurité des Nations unies pour assurer une protection effective des populations du Darfour, avec l'accord du Soudan ou non". Ce pacte exige également que des membres du gouvernement de Khartoum ne soient plus reçus en France et prévoit de "donner mandat aux forces françaises stationnées au Tchad et en Centrafrique de protéger effectivement les réfugiés". A la tribune, le socialiste Laurent Fabius, qui rentre d'un voyage au Tchad dans les régions frontalières avec le Darfour, a déclaré: "Silence on tue ! C'est le résumé le plus court et le plus juste de ce que j'ai vu là-bas". Avant le début du meeting, l'un des chefs de la rébellion, Abdul Wahid Al-Nour, président de la faction du Mouvement de Libération du Soudan (SLM) qui a refusé de signer l'accord de paix d'Abuja, avait déclaré à l'AFP: "la communauté internationale a deux solutions: soit elle doit envoyer une réelle force d'interposition internationale, soit elle doit nous armer pour que nous puissions nous défendre." il/mm/ab © 2007 AFP. Tous droits réservés. 24 Darfour: Chirac durcit le ton contre le Soudan qu'il menace de sanctions Par Isabelle LIGNER PARIS (AFP) Le président Jacques Chirac a durci le ton mardi soir contre le Soudan, menaçant ce pays de sanctions "si les exactions se poursuivent" au Darfour, lors d'une manifestation de soutien à Paris avec cette province soudanaise meurtrie par quatre ans de guerre civile. Il a assuré, dans un message lu par l'écrivain Bernard-Henri Lévy, qu'il n'y aura "pas d'impunité" pour les auteurs de "crimes contre l'humanité" et qu'il faut "assumer cette responsabilité de protéger que l'ONU a consacrée en droit international". "Je le dis solennellement: si les exactions se poursuivent, si la parole n'est pas respectée, le Conseil de sécurité n'aura pas d'autre choix que d'adopter des sanctions. Déjà, nous y travaillons", a dit M. Chirac lors de ce meeting organisé à Paris par le collectif français "Urgence Darfour". "Et tout doit être fait pour que la force de l'ONU et de l'Union africaine puisse se déployer au Darfour", a-t-il ajouté. "Il en va du sort et de la vie de centaines de milliers de femmes, d'hommes et d'enfants. Il en va de la stabilité de l'Afrique (...). Il en va de l'honneur de la communauté internationale qui ne peut pas rester inerte quand l'essentiel est en jeu", a lancé Jacques Chirac. Une résolution du Conseil de sécurité prévoit le déploiement progressif d'une force conjointe ONUUnion africaine de 20.000 hommes au Darfour, pour mettre fin aux violences entre les rebelles et des groupes armés pro-gouvernementaux qui ont fait 200.000 victimes et plus de 2 millions de déplacés depuis quatre ans, selon l'ONU. Face au refus du régime du président Omar el-Béchir d'accepter le déploiement de la force "hybride" ONU-UA, la Grande-Bretagne a déjà brandi la menace de sanctions et les Etats-Unis ont souhaité une nouvelle résolution, alors que, jusqu'à présent, la France s'était montrée très réservée sur ces mesures. Le président d'"Urgence Darfour" avait ainsi déclaré auparavant à l'AFP que "la France, comme membre du Conseil de Sécurité et grand pays européen, a une responsabilité particulière", affirmant qu'elle s'était opposée à des sanctions européennes à Bruxelles et au nouveau projet de résolution britannique. "Nous n'allons pas cesser de dénoncer ce langage de duperie. La compassion côté jardin pour les victimes, la mansuétude, je n'ose pas dire plus, pour les génocidaires: ça suffit !", avait-il dit. Le meeting parisien a réuni, outre Bernard-Henri Lévy, le candidat UDF à l'élection présidentielle François Bayrou, l'ancien président de Médecins sans Frontières et ex-ministre socialiste Bernard Kouchner, et l'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius. "Urgence Darfour" veut demander à tous les candidats à l'élection présidentielle de signer un "Acte d'engagement pour le Darfour". "L'objectif est de mettre le Darfour sur l'agenda des présidentiables", a expliqué Jacky Mamou qui veut leur demander d'en finir avec "la compassion" et d'agir rapidement. A la tribune, M. Fabius, qui rentre d'un voyage au Tchad dans les régions frontalières avec le Darfour, a déclaré: "Silence on tue ! C'est le résumé le plus court et le plus juste de ce que j'ai vu là-bas". 25 Mardi, 20 mars 2007 - 21:21:33 GMT Darfour - Chirac brandit la menace de sanctions contre Khartoum PARIS, 20 mars (Reuters) - "L'honneur de la communauté internationale est en jeu" au Darfour, estime Jacques Chirac, qui a sommé mardi soir le gouvernement de Khartoum de respecter ses engagements sous peine de sanctions. "Il faut que les Soudanais entendent la voix de la communauté internationale", affirme Jacques Chirac dans un message lu par le philosophe Bernard-Henri Lévy lors d'une réunion publique organisée par le collectif Urgence Darfour, à La Mutualité à Paris. "La France ne relâchera pas son effort diplomatique, mais elle ne se satisfera pas de mots!", prévient le chef de l'Etat. "Je le dis solennellement: si les exactions se poursuivent, si la parole n'est pas respectée, le Conseil de sécurité n'aura pas d'autre choix que d'adopter des sanctions", ajoute Jacques Chirac, réitérant un appel lancé par l'Union européenne. Aux yeux du président français, "tout doit être fait pour que la force de l'Onu et de l'Union africaine", à laquelle le gouvernement soudanais reste hostile, "puisse se déployer au Darfour". "Il en va du sort et de la vie de centaines de milliers de femmes, d'hommes et d'enfants" et "de la stabilité de l'Afrique", affirme Jacques Chirac, dont les propos ont été applaudis par la salle. "Il en va de l'honneur de la communauté internationale qui ne peut pas rester inerte quand l'essentiel est en jeu", insiste le chef de l'Etat, invitant à ne pas oublier "les leçons des génocides et des crimes contre l'humanité du XXe siècle, qui hantent nos consciences". Le collectif Urgence Darfour a organisé cette réunion pour interpeller les candidats à l'élection présidentielle sur le sort de cette région du Soudan en proie depuis 2003 à une guerre civile dont le bilan est estimé à 200.000 morts et plus de deux millions de déplacés. Le conflit oppose des groupes rebelles issus de la population noire du Darfour à des milices arabes appuyées militairement par le gouvernement de Khartoum. Urgence Darfour comprend notamment l'association Communauté rwandaise de France, la Fédération nationale des associations franco-africaines, B'nai B'rith France, la Licra, SOS Racisme et l'Union des étudiants juifs de France. /EP © 2007 Reuters général. Tous droits réservés. 26 News Press France, mercredi, 21 mars 2007 - 09:43 (GMT Darfour - Jacques Chirac : "Si les exactions se poursuivent, des sanctions seront adoptées" Paris, Maison de la Mutualité, le 20 mars 2007 Mesdames et messieurs, cher amis, C'est l'honneur et le devoir de la France de s'engager chaque fois que les valeurs universelles sont menacées, chaque fois que l'intolérable se produit. Vous incarnez cette vocation de vigilance et de fraternité. Je salue les responsables d'ONG, les citoyens et les intellectuels rassemblés ici pour le Darfour. Ce soir, je suis avec vous par le coeur car ce combat est le nôtre. En 1995 déjà, je refusais qu'on se résigne à l'épuration ethnique en Bosnie. Et le sursaut de la France a permis que s'enclenche une logique de paix. Au nom de cette idée de l'humanité, je me bats pour que cesse l'effroyable tragédie du Darfour. Le rapport de Mme Jody Williams établit l'évidence face à tous ceux qui voudraient la nier. Près de deux cents mille morts. Des millions de personnes chassées de leur foyer, persécutées, déplacées et réfugiées. Et combien de villages pillés, brûlés, dévastés ? La situation empire. La France exige que toutes les conséquences en soient tirées. Dès 2004, elle a mobilisé ses moyens militaires pour que les réfugiés reçoivent secours et protection. Elle a mobilisé l'Union européenne. Elle a agi pour que le Conseil de sécurité sanctionne ceux qui violent les droits de l'Homme et pour qu'il saisisse la Cour pénale internationale. Il est capital que les coupables des exactions sachent qu'il n'y aura pas d'impunité. Que le monde les tiendra responsables des crimes perpétrés contre leurs propres frères, d'un crime contre l'humanité. Les Africains se sont engagés pour la paix au Darfour. Je salue leurs efforts et la détermination de l'Afrique à se battre pour la dignité humaine. Il faut l'appuyer. Le Conseil de sécurité a décidé le déploiement d'une force qui va l'épauler, aider à la protection des réfugiés, au respect du droit et à la stabilisation de la région. Une nouvelle fois, j'appelle le Gouvernement du Soudan, et tous les belligérants, à respecter les accords de paix. A juguler les milices qui sèment la terreur. A protéger les populations civiles. Aujourd'hui, alors que la situation humanitaire continue à empirer, je ressens comme vous le besoin d'un mouvement international plus puissant encore. Nous ne pouvons pas rester silencieux devant une des grandes tragédies humanitaires de notre temps. Nous ne pouvons pas oublier les leçons des génocides et des crimes contre l'humanité du 20ème siècle, qui hantent nos consciences. Nous ne pouvons pas accepter que la mondialisation, ce soit des frontières ouvertes à tout, sauf à la justice et à la morale. Il faut venir en aide aux populations et assumer cette responsabilité de protéger que l'ONU a consacrée en droit international, à la demande de la France. Il faut que les Soudanais entendent la voix de la communauté internationale. La France ne relâchera pas son effort diplomatique, mais elle ne se satisfera pas de mots ! Je le dis solennellement : si les exactions se poursuivent, si la parole n'est pas respectée, le Conseil de sécurité n'aura pas d'autre choix que d'adopter des sanctions. Déjà, nous y travaillons. Et tout doit être fait pour que la force de l'ONU et de l'Union africaine puisse se déployer au Darfour. Mesdames et messieurs, Il en va du sort et de la vie de centaines de milliers de femmes, d'hommes et d'enfants. 27 Il en va de la stabilité de l'Afrique, un continent qui doit pouvoir consacrer toutes ses forces au développement ! Il en va de l'honneur de la communauté internationale qui ne peut pas rester inerte quand l'essentiel est en jeu. Par votre action sur le terrain, et, ce soir, par votre mobilisation, vous exprimez cette conscience universelle qui doit se porter aux côtés des plus vulnérables au nom de la fraternité universelle dont nous sommes les héritiers et les défenseurs. Je vous remercie. © 2007 News Press. Tous droits réservés. 28 Chirac durcit le ton, les candidats s'engagent 21 mars 2007 - AFP Le président Jacques Chirac a menacé mardi soir le Soudan de sanctions lors de la plus grande mobilisation pour le Darfour organisée à Paris et marquée par l'engagement des principaux candidats à la présidentielle de faire cesser les massacres dans la province soudanaise. "Je le dis solennellement : si les exactions se poursuivent, si la parole n'est pas respectée, le Conseil de sécurité n'aura pas d'autre choix que d'adopter des sanctions. Déjà, nous y travaillons", déclare M. Chirac dans un message lu par Bernard-Henri Lévy lors de ce meeting du collectif Urgence Darfour à la Mutualité. Le chef de l'Etat, bientôt arrivé au terme de son dernier mandat, a assuré qu'il n'y aura "pas d'impunité" pour les auteurs de "crimes contre l'humanité" et que "tout doit être fait pour que la force de l'ONU et de l'Union africaine puisse se déployer au Darfour". Une résolution du Conseil de sécurité prévoit le déploiement progressif d'une force conjointe ONU-Union africaine de 20.000 hommes au Darfour, pour mettre fin aux violences entre les rebelles issus des populations noires locales et des milices arabes appuyés par l'armée soudanaise. Le conflit a fait 200.000 morts, essentiellement des civils, et plus de 2 millions de déplacés depuis quatre ans, selon l'Onu. Face au refus du régime du président Omar el-Béchir d'accepter le déploiement d'une force internationale, la Grande-Bretagne a déjà brandi la menace de sanctions et les Etats-Unis ont souhaité une nouvelle résolution, alors que, jusqu'à présent, la France s'était montrée très réservée sur ces mesures. Le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy, très attaqué mardi soir sur "l'inaction" de la France, a répondu que "s'il n'y a pas d'accord politique entre les différents groupes rebelles et le gouvernement soudanais, n'importe qu'elle intervention militaire qui se substituerait à un accord politique serait vouée à un échec total". Il a également souligné qu'au sein du Conseil de sécurité de l'Onu il fallait "convaincre" les trois pays soutenant jusqu'ici le Soudan (Chine, Afrique du Sud, Indonésie) pour obtenir des décisions prises à l'unanimité et donc plus efficaces 29 selon lui. Deux des candidats à la présidentielle, l'UDF François Bayrou et la socialiste Ségolène Royal, présents mardi soir, ont proposé de faire pression sur la Chine en menaçant de boycotter les Jeux olympiques de Pékin (2008). De son côté, le candidat UMP Nicolas Sarkozy a fait savoir par un courrier lu sous des huées que s'il est élu, il mettrait en place des sanctions unilatérales de la France contre le Soudan. Tous trois ont signé un engagement en huit points en faveur du Darfour, tout comme Dominique Voynet (Verts) et Marie-Georges Buffet (communiste). Pour cette soirée, à laquelle plusieurs centaines de personnes ont assisté, Urgence Darfour avait mobilisé des personnalités diverses: Bernard Kouchner, Fadela Amara, Fanny Ardant, Nicole Garcia, Claude Lanzmann, André Glucksman ou encore Romain Goupil. Une délégation de réfugiés darfouris a été applaudie très longuement par la salle, debout, ainsi que le chef de l'un des mouvements rebelles du Darfour, Abdul Wahid (Mouvement de libération du Soudan). Ce dernier a appelé la France et l'Union européenne à choisir: "soit vous envoyez une force internationale, soit vous nous donnez des armes pour nous défendre", a-til lancé. Tous droit de reproduction et de représentation réservés 30 Sud ouest Urgence au Darfour SOUDAN. Le conflit s'invite dans une réunion à Khartoum. En France, un collectif interpelle les présidentiables Une conférence des donateurs théoriquement consacrée au financement du processus de paix au Sud-Soudan s'est ouverte hier à Khartoum, mais le conflit au Darfour a largement éclipsé cet ordre du jour. Le gouvernement soudanais a refusé que la crise qui sévit depuis quatre ans dans l'ouest du pays soit inscrite à l'agenda de la réunion. Depuis la signature d'un accord de paix, en janvier 2005, la communauté des bailleurs de fonds a promis une aide de 4,5 milliards de dollars pour reconstruire le Soudan et effacer les marques de vingt ans de guerre civile entre le nord et le sud du pays. Mais une grande partie de ces financements ne se sont pas concrétisés et le Sud affirme que des sommes importantes ont été réorientées vers le Darfour, à l'ouest. La réunion du Consortium Soudan devait aborder cette question, en plus de nouvelles promesses d'aides financières. Mais l'annulation de la discussion séparée sur le Darfour a conduit certains donateurs à revoir à la baisse leur participation. Le conflit au Darfour a éclaté début 2003, lorsque des mouvements de rébellion noire ont pris les armes pour dénoncer le désintérêt du pouvoir central pour leur région. Khartoum a par la suite armé des milices arabes. Le conflit a fait 200 000 morts et plus de 2 millions de déplacés, selon l'ONU. Le gouvernement soudanais conteste ces chiffres. Corridors humanitaires. Le Darfour s'est aussi invité à Paris. Le collectif Urgence Darfour y organisait un meeting hier soir, pour interpeller les présidentiables sur le conflit. Son président, Jacky Mamou, leur demande d'agir rapidement. « L'objectif est de mettre le Darfour sur l'agenda des présidentiables. Il n'y a eu que des déclarations vagues jusqu'à maintenant; Nicolas Sarkozy (UMP) et Ségolène Royal (PS) ont évoqué brièvement le sujet sans prendre d'engagement; François Bayrou (UDF) s'est rendu il y a deux ans là-bas, mais lui non plus ne propose rien de concret. Le temps de la compassion est finie, il y a urgence à agir maintenant. » Hier soir, en présence de Bernard-Henri Lévy et de Bernard Kouchner, le collectif a demandé aux candidats « de signer un document d'engagement qui inclut plusieurs volets relatifs à l'ONU, la Cour pénale internationale, des sanctions économiques et politiques vigoureuses contre le Soudan, la protection des réfugiés au Tchad et en Centrafrique et la mise en place de corridors humanitaires au Darfour ». Le président du collectif comprenant notamment SOS-Racisme, l'association Communauté rwandaise de France, le B'nai B'rith France, la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) regrette que les questions internationales soient « absentes de la campagne ». Mort lente. Il estime pourtant que la France a « une responsabilité particulière, car c'est elle qui s'est opposée à des sanctions européennes (...) et c'est le Premier ministre (Dominique de Villepin) qui maintenant s'oppose à une résolution britannique au Conseil de sécurité. Nous n'allons pas cesser de dénoncer ce langage. La compassion pour les victimes, la mansuétude pour les génocidaires : ça suffit ! » Mais l'ancien président de Médecins du monde sait aussi que « la communauté internationale n'a jamais sauvé aucun peuple du génocide ». « Le gouvernement soudanais agit sur un territoire de 550 000 kilomètres carrés, avec une stratégie subtile : la mort lente par épuisement de centaines de milliers de personnes, chassées de leurs villages. » 31 L'Indépendant CARCASSONNENARBONNEPERPIGNAN Mercredi, 21 mars 2007 Sans Titre Par Bernard Revel L'EDITO Par Bernard Revel Darfour-IrakQuatre ans que cela dure. Quatre années de violences, de tueries, d'horreur dont sont victimes la plupart du temps les populations civiles. Cela a commencé en février 2003 au Darfour, cette région du Soudan vaste comme la France. Moins d'un mois plus tard, le 20 mars, les troupes américaines envahissaient l'Irak. Et depuis quatre ans, l'enfer s'appelle Darfour et Irak. Effet pervers d'une campagne électorale qui nous passionne, nous faisons comme si le monde tournait autour de la guerre des candidats. Guerre de mots, guerre d'images. Un sondage est un événement plus important que des femmes et des enfants qui meurent. Engouement pour l'un, indifférence pour les autres. Bien sûr, la position française sur la guerre en Irak est connue. Et dans le pétrin où il s'est mis, George Bush qui, il y a quatre ans, se riait des critiques de Jacques Chirac, ne fait plus le fier à présent. Désavoué par l'immense majorité des Américains, convaincu qu'il faudra "des mois" avant de pouvoir "plier bagage", il ne peut plus faire semblant d'ignorer que pour avoir la peau d'un dictateur, il a provoqué un déchaînement dévastateur du terrorisme. En Irak, c'est, pour un prétexte mensonger, l'intervention des troupes US et de leurs alliés qui est à l'origine d'une violence sans fin. Au Darfour livré aux milices soutenues par l'armée soudanaise, c'est la non intervention qui laisse se perpétrer ce que les Américains qualifient de génocide : 200.000 morts en quatre ans, deux millions de déplacés sous le regard passif de l'ONU paralysée par un Conseil de sécurité incapable de voter des sanctions. La France, en partie responsable de cette situation de blocage, est accusée de "mansuétude pour les génocidaires" par Urgence Darfour. En interpellant hier soir, lors d'un meeting à Paris, les candidats à la présidence, ce collectif rassemblant de nombreuses associations, veut introduire la tragédie africaine dans la campagne. "Le temps de la compassion est fini, il y a urgence à agir maintenant" : tel est son message. Agir, ne pas agir. Intervenir, ne pas intervenir. En ce qui concerne l'Irak et le Darfour, on ne peut que constater que tout a été fait à l'envers. Comme si, pour les puissants, la vie des hommes se jouait sur un coup de dé. Après quatre ans d'enlisement, ils pourraient au moins s'entendre pour remettre les choses à l'endroit. © 2007 L'Indépendant. Tous droits réservés. 32 Les Echos, no. 19882 Dernière, mercredi, 21 mars 2007, p. 16 A l'etranger Darfour : Chirac menace le Soudan de sanctions si rien ne change Jacques Chirac a menacé hier le Soudan de sanctions « si les exactions se poursuivent » au Darfour et si Khartoum continue de s'opposer au déploiement d'une force de l'ONU et de l'Union africaine. « Si la parole n'est pas respectée, le Conseil de sécurité n'aura pas d'autre choix que d'adopter des sanctions. Déjà, nous y travaillons », a déclaré le chef de l'Etat dans un message lu lors d'un meeting organisé à Paris par le collectif français Urgence Darfour. Dans cette province de l'ouest du pays, les violences entre les rebelles et des groupes armés pro-gouvernementaux ont fait 200.000 victimes et plus de 2 millions de déplacés en quatre ans, selon l'ONU. © 2007 Les Echos. Tous droits réservés. 33 Aujourd'hui en France Le Parisien POLITIQUE, mercredi, 21 mars 2007, p. 6 EN BREF Irak Darfour [Seize personnes ont été tuées et plus de 50 autres blessées dans une vague d'attentats à Bagdad, hier, jour du 4 e anniversaire de l'invasion américaine de l'Irak.] Seize personnes ont été tuées et plus de 50 autres blessées dans une vague d'attentats à Bagdad, hier, jour du 4 e anniversaire de l'invasion américaine de l'Irak. Par ailleurs, le gouvernement irakien a exécuté l'ancien vice-président, Taha Yassine Ramadan. Il a été pendu avant l'aube, pour son rôle dans le meurtre de 148 villageois chiites dans les années 1980. Jacques Chirac, dans un message lu, hier soir, par Bernard-Henri Lévy, au meeting de solidarité avec le Darfour à la Mutualité (Paris V e ), a assuré ressentir « le besoin d'une action internationale plus puissante ». François Bayrou, Bernard Kouchner et Laurent Fabius , notamment, étaient présents à ce meeting. © 2007 Aujourd'hui en France. Tous droits réservés. 34 Midi Libre CATALANLOZERERODEZMILLAUCARCASSONNENARBONNEBEZIERSALESGARD RHODANIENUZEGESETELUNELLODEVEMONTPELLIERNIMES Mercredi, 21 mars 2007 1 Nicolas Hulot se fâche tout rouge Nicolas Hulot avait ren... 1 Nicolas Hulot se fâche tout rouge Nicolas Hulot avait renoncé, fin janvier, à se présenter à la présidentielle. En échange, la plupart des candidats avaient signé son Pacte écologique. Il est en colère : « Si j'ai l'impression que les promesses ne seront pas mises en oeuvre, alors je me sentirai libéré de tout. On peut envisager une action politique entre la présidentielle et les législatives. Tout est ouvert. »2 La police s'invite dans la campagne... Alliance, deuxième syndicat de gardiens de la paix, proche du PS, effectue, du 10 au 31 mars, une « enquête auprès de la population. » Objectif : dans le cadre de la présidentielle, évaluer « la vision de la police et de la sécurité » par les Français. Une série de questions est posée sur les missions, l'accueil, le comportement ou l'efficacité des policiers. 3 ...Les hôteliers et les restaurateurs aussi Les hôteliers-restaurateurs interpellent les candidats avec un questionnaire sur dix mesures préconisées pour dynamiser le secteur. Les postulants à l'Elysée devront se prononcer sur la baisse de la TVA à 5,5 %, la modernisation des normes du classement touristique des hôtels, la réforme du dialogue social. Mais aussi sur la transmission des entreprises, des dérogations à la loi anti-tabac, les horaires d'ouverture des débits de boissons et des discothèques. 4 Place aux camions de tracts ! Parce qu'ils transporteront le matériel de propagande des candidats, des poids-lourds de plus de 7,5 tonnes auront le droit de circuler les samedi 7 dimanche 8 et lundi 9 avril et le week-end du 28-29 avril. Il en sera de mêm e pour les législatives, le mardi 1er mai et le week-end du 26-27 mai. 5 Les propositions d'Ollier à Sarkozy Le président UMP de l'Assemblée nationale Patrick Ollier va présenter des « propositions concrètes » à Sarkozy pour « accroître le rôle du Parlement. » Mais il s'oppose à la transformation des institutions : « La VIe République, c'est un retour en arrière, c'est de la démagogie. »6 Le patronat fixe un cap de 4 % de croissance Le Medef (patronat) fixe un objectif « réaliste »de croissance de 4 % d'ici cinq ans. Et il suggère aux trois principaux candidats d'être « en matière économique moins craintifs et de ne pas se contenter d'une croissance de 2 ou 2,5 % ». Pour Laurence Parisot, « chômage, pouvoir d'achat, déficits publics, endettement, insécurité et délinquance seraient solubles dans une croissance plus forte. » 7 L'Elysée d'accord, mais n'oubliez pas le Darfour ! Le collectif Urgence Darfour a organisé hier soir un meeting à Paris pour interpeller les présidentiables sur le conflit du Darfour, au Soudan. Il faut dépasser « le stade de la compassion, il y a urgence à agir. » Selon l'Onu, le conflit a fait 200 000 morts et plus de 2 millions de déplacés depuis février 2003. 8 La réforme des retraites à la sauce Bayrou Le centriste François Bayrou a exposé hier sa réforme « équitable, souple et durable » des retraites. Négociée avec tous (partenaires sociaux, organismes, retraités), elle reposera sur le principe des retraites par points. C hacun choisira l'âge de son départ à la retraite en fonction du niveau de pension acquis par son travail. La réforme sera ensuite « soumise à référendum et votée par le Parlement. » © 2007 Midi Libre. Tous droits réservés. 35 News Press France, mercredi, 21 mars 2007 - 17:00 (GMT Mobilisation sur le Darfour : le CRIF a participé à une journée historique Mardi 20 mars 2007 à Paris, la Mutualité a connu la foule des grands jours. Tous les participants avaient le sentiment de vivre une journée historique dans la prise de conscience et la mobilisation sur le Darfour. Les intervenants, Jacky Mamou, président du Collectif urgence Darfour, François Zimeray, président de SOS Darfur, Bernard Kouchner, ancien ministre, Dominique Sopo, président de SOS Racisme, Richard Rossin, délégué général du Collectif, ou encore Laurent Fabius, ancien premier ministre, tous de retour du Darfour, se sont succédés à la tribune pour souligner l'urgence de la situation, le massacre de plusieurs centaines de milliers de civils en raison de leur identité « africaine noire », les viols ethniques, le déplacement de plusieurs millions de personnes, « la politique de la terre brûlée » qui consiste à éliminer toute trace de la population sur d'immenses territoires, la complicité de l'armée et du gouvernement soudanais avec les milices arabse janjawids . Ils ont lancé un appel solennel à protéger effectivement les populations civiles menacées d'un génocide généralisé, à mettre en place des corridors humanitaires sécurisés, à déférer devant la Cour pénale internationale tous les individus inculpés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, à établir une zone d'exclusion aérienne, pour favoriser les conditions d'un véritable accord de paix. Parmi les temps forts de cette soirée, citons la signature de « l'acte d'engagement pour le Darfour » directement par trois des candidats à l'élection présidentielle, sur la tribune de la Mutualité : François Bayrou, Ségolène Royal, Dominique Voynet. Nicolas Sarkozy étant, quant à lui, représenté par Nicole Guedj, ancien ministre, qui a signé à sa place. Plusieurs intervenants ont appelé au boycott des jeux olympiques de Pékin pour sanctionner le soutien de la Chine à Khartoum. Le président de la République a demandé à Bernard Henri Lévy de lire en son nom un message d'engagement pour le Darfour, menaçant le Soudan de sanctions, s'il ne se conformait pas aux nombreuses résolutions déjà votées. Le chef de la Résistance darfouri, Abdoul Wahid Al Nour, à la tête d'une nombreuse délégation, a expressément demandé que les organisateurs donnent la parole à Philippe Douste-Blazy, ministre des Affaires étrangères, dont la diplomatie a été fortement mise en cause par de nombreux orateurs. Le chef de la diplomatie française est monté à la tribune pour expliquer son attitude par la recherche d'une décision unanime du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Les organisateurs ont lancé une « euro-pétition d'urgence » pour laquelle ils espèrent recueillir un million de signatures (à l'adresse suivante www.europetition-darfour.org). Le CRIF qui s'est engagé pleinement dans cette action de solidarité avec les populations civiles du Darfour était représenté par son président, Roger Cukierman, auquel s'étaient joints Jo Zrihen, viceprésident, Francis Kalifat, trésorier, Henri Hajdenberg, ancien président, Arié Bensemhoun, membre du bureau exécutif, Richard Prasquier, conseiller du président, Serge Klugman, membre du comité directeur et Jean-François Strouf, responsable administratif. © 2007 News Press. Tous droits réservés. 36 AFP Infos Françaises Politique, mercredi, 21 mars 2007 - 00:55 Darfour: "il n'y a rien de plus facile que d'arrêter la tragédie" (Bayrou) PARIS - Le candidat UDF à la présidentielle François Bayrou, a estimé qu'"il n'y a rien de plus facile que d'arrêter la tragédie" au Darfour, lors de la soirée d'Urgence Darfour à Paris. "Je me suis rendu au Darfour, il y a deux ans", a-t-il déclaré à la Mutualité. "On en revient avec une certitude d'une absolue limpidité: il n'y a rien de plus facile que d'arrêter cette tragédie", a-t-il assuré parlant notamment de la mise en place de corridors humanitaires et d'une surveillance aérienne de cette région de l'ouest du Soudan. Soulignant que Pékin faisait barrage à des sanctions ou des résolutions contraignantes contre le Soudan, il a estimé que "la France s'honorera de refuser de participer aux JO si la Chine persiste dans cette voie". "La place de la France et la place de l'Europe est aux côtés des victimes de génocide du Darfour", at-il insisté. il/dpn © 2007 AFP. Tous droits réservés. 37 Le Progrès - Lyon Informations générales, mercredi, 21 mars 2007, p. / www.leprogres.fr > DARFOUR « Une force d'interposition internationale est nécessaire » La communauté internationale doit soit envoyer au Darfour une force d'interposition internationale, soit armer les rebelles pour leur permettre de se défendre, a estimé hier à Paris l'un des chefs de la rébellion, Abdul Wahid Al-Nour. Interrogé juste avant sa participation à un meeting de solidarité organisé par l'ONG Urgence Darfour, cet avocat, président du Mouvement de libération du Soudan (MLS), a ajouté : « La France, comme les autres pays européens, ne pourra pas dire qu'elle ne savait pas. L'histoire jugera les pays qui ont laissé mon peuple se faire massacrer ». « Musulman modéré » qui milite pour « un Soudan libre, libéral, laïque, uni et démocratique », il a encore dit : « Je suis venu à Paris pour m'adresser à la société civile et demander à la France, pays des droits de l'Homme, de faire cesser le génocide qui frappe mon peuple depuis cinq ans ». Le meeting parisien, devait réunir notamment l'intellectuel Bernard-Henri Lévy et l'ancien président de Médecins sans Frontières et ex-ministre socialiste Bernard Kouchner, à l'initiative de l'association Urgence Darfour. Cette association a l'intention de «mettre le Darfour sur l'agenda des présidentiables». © 2007 Le Progrès - Lyon. Tous droits réservés. 38 NouvelObs.com La Une, mercredi, 21 mars 2007 - 11:58 GMT DARFOUR Les candidats prennent des engagements François Bayrou et Ségolène Royal, présents mardi soir lors de la soirée organisée par Urgence Darfour, se sont prononcés en faveur de pressions auprès de la Chine. Nicolas Sarkozy a indiqué dans un courrier qu'il mettrait en place des sanctions contre le Soudan. Deux des candidats à la présidentielle, l'UDF François Bayrou et la socialiste Ségolène Royal, ont proposé mardi 20 mars, lors de la soirée organisée par Urgence Darfour, de faire pression sur la Chine en menaçant de boycotter les Jeux olympiques de Pékin prévus en 2008). Les deux aspirants à l'Elysée étaient présents à ce meeting organisés par le collectif Urgence Darfour à la Mutualité à Paris. De son côté, le candidat UMP Nicolas Sarkozy a fait savoir par un courrier lu sous des huées que s'il est élu, il mettrait en place des sanctions unilatérales de la France contre le Soudan. Tous trois ont signé un engagement en huit points en faveur du Darfour, tout comme Dominique Voynet (Verts) et Marie-Georges Buffet (communiste). "Les Chinois nous dit-on s'opposeront à toute sanction" contre le Soudan, a déclaré Ségolène Royal, très applaudie lors de son intervention. "C'est le moment de faire pression avant les jeux olympiques de Pékin" prévus en 2008. "Un génocide se déroule sous nos yeux dans un silence assourdissant et comme pour le Rwanda, le silence est déjà une forme de complicité", a-t-elle dénoncé. "Nous ne pouvons pas dire que nous ne savons pas". Corridors humanitaires et surveillance "Il faut en finir avec la coupable immobilité de la politique africaine de la France", a-t-elle ajouté, précisant qu'en cas d'élection elle "changerait en profondeur la politique de la France à l'égard de l'Afrique, le pays où je suis née". François Bayrou a estimé pour sa part qu'"il n'y a rien de plus facile que d'arrêter la tragédie" au Darfour. "Je me suis rendu au Darfour, il y a deux ans", a-t-il déclaré à la Mutualité. "On en revient avec une certitude d'une absolue limpidité: il n'y a rien de plus facile que d'arrêter cette tragédie", a-t-il assuré parlant notamment de la mise en place de corridors humanitaires et d'une surveillance aérienne. Soulignant que Pékin faisait barrage à des sanctions ou des résolutions contraignantes contre le Soudan, il a estimé que "la France s'honorera de refuser de participer aux JO si la Chine persiste dans cette voie". "La place de la France et la place de l'Europe est aux côtés des victimes de génocide du Darfour", at-il insisté. Huées "Je n'accepte pas que la mauvaise volonté du gouvernement soudanais nous transforme en témoins impuissants de l'horreur", a écrit Nicolas Sarkozy dans un courrier lu, souvent sous des huées, par Nicole Guedj. "Le Soudan doit savoir que notre patience a atteint ses limites", poursuit le ministre de l'Intérieur. "Si je suis élu président, je n'hésiterai pas à militer pour un durcissement décisif des sanctions contre tous les dirigeants du régime de Khartoum", a-t-il dit. Il a également précisé que "des mesures immédiates s'imposent - gel des avoirs et refus de délivrer des visas - pour les individus impliqués dans les massacres. Si je suis élu, la France adoptera unilatéralement, ces mesures et encouragera ses partenaires européens à la suivre dans cette voie", a-t-il ajouté. Délégation de réfugiés 39 Nicolas Sarkozy souligne que "les sanctions ne suffiront pas et elles ne peuvent nous satisfaire". "La communauté internationale doit se mobiliser pour aboutir à un règlement juste et durable du conflit par un accord politique entre le gouvernement et les rebelles. Ce sera l'une des priorités du futur chef de l'Etat", assure-t-il, proposant, s'il est élu une "conférence internationale dans le but d'établir un plan d'action détaillé". Pour cette soirée, à laquelle plusieurs centaines de personnes ont assisté, Urgence Darfour avait mobilisé des personnalités diverses: Bernard Kouchner, Fadela Amara, Fanny Ardan, Nicole Garcia, Claude Lanzmann, André Glucksman ou encore Romain Goupil. Une délégation de réfugiés darfouris a été applaudie très longuement par la salle, debout, ainsi que le chef de l'un des mouvements rebelles du Darfour, Abdul Wahid (Mouvement de libération du Soudan). Ce dernier a appelé la France et l'Union européenne à choisir: "soit vous envoyez une force internationale, soit vous nous donnez des armes pour nous défendre", a-t-il lancé. © 2007 Le Nouvel Observateur. Tous droits réservés. 40 Ouest-France Toutes éditions, mercredi, 21 mars 2007, p. 3 Et le Darfour ? Un collectif interpelle les candidats Les candidats font preuve de compassion à l'égard des victimes de la tragédie du Darfour, c'est d'action dont elles ont besoin », affirme Jacky Mamou, président du collectif Urgence Darfour, qui organisait, hier soir, un meeting à paris. Il demande une force de protection internationale au Darfour. L'Onu évalue à 200 000 morts et 2 millions de déplacés, en quatre ans, les victimes du conflit opposant le gouvernement soudanais et les rebelles de la province. © 2007 Ouest-France. Tous droits réservés. 41 AFP Politique, Infos mercredi, 21 Mondiales mars 2007 - 00:29 Darfour: Mme Royal propose de faire pression sur la Chine avant les J.O PARIS - La candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal a proposé mardi lors de la soirée organisée par Urgence Darfour de "faire pression avant les jeux Olympiques" sur la Chine, qui s'oppose à des sanctions et des résolutions contraignantes au sein du Conseil de sécurité. "Les Chinois, nous dit-on, s'opposeront à toute sanction" contre le Soudan, a déclaré Mme Royal, très applaudie lors de toute son intervention à la Mutualité. "C'est le moment de faire pression avant les jeux Olympiques de Pékin" prévus en 2008. "Un génocide se déroule sous nos yeux dans un silence assourdissant et comme pour le Rwanda, le silence est déjà une forme de complicité", a-t-elle dénoncé. "Nous ne pouvons pas dire que nous ne savons pas." "Il faut en finir avec la coupable immobilité de la politique africaine de la France", a-t-elle ajouté, précisant qu'en cas d'élection elle "changerait en profondeur la politique de la France à l'égard de l'Afrique, le pays où je suis née". Selon la candidate socialiste qui a signé l'engagement en huit points soumis aux candidats par le collectif Urgence Darfour "il ne faut plus que la France reçoive sur son sol les responsables du massacre au Darfour. C'est indigne de les avoir reçus". La France doit également selon elle agir pour que le Conseil de sécurité vote une résolution contraignante avec des sanctions sous l'égide du chapitre 7 de la Charte des Nations unies pour protéger les victimes. "Je veux que la France et l'UE se rejoignent pour exiger des actions immédiates. Dès à présent, nous pouvons assurer la sécurisation des camps de réfugiés au Tchad et en Centrafrique grâce à une force internationale. Commençons donc par une force européenne", s'est-elle exclamée. "Nous définirons d'autres politiques pour qu'il y ait des actions de prévention et que plus jamais des génocides puissent se dérouler sous nos yeux sans que l'Europe ne réagisse". il/ppa t.tmf.elu-sp © 2007 AFP. Tous droits réservés. 42 La Nouvelle République du Centre-Ouest INFORMATIONS GENERALES FRANCE politique, mercredi, 21 mars 2007, p. III PRESIDENTIELLE Darfour, caméras et séminaire 24 heures en campagne « L'objectif est de mettre le Darfour sur l'agenda des présidentiables », a plaidé Jacky Mamou, président du collectif Urgence Darfour, organisateur hier soir d'un meeting à Paris pour interpeller les candidats sur le conflit meurtrier dans cette région de l'ouest du Soudan. « Il n'y a eu que des déclarations vagues de compassion jusqu'à maintenant, déplore-t-il. Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ont évoqué brièvement le sujet sans prendre d'engagement. François Bayrou s'est rendu il y a deux ans là-bas, mais lui non plus ne propose rien de concret pour l'instant. Le temps de la compassion est fini, il y a urgence à agir maintenant. » Jacques Chirac, en évoquant des « crimes contre l'humanité », a menacé le Soudan de sanctions « si les exactions se poursuivent » au Darfour. « Je le dis solennellement : si les exactions se poursuivent, si la parole n'est pas respectée, le Conseil de sécurité n'aura pas d'autre choix que d'adopter des sanctions. Déjà, nous y travaillons », a dit le président de la République dans un message lu lors du meeting organisé à Paris. « Et tout doit être fait pour que la force de l'ONU et de l'Union africaine puisse se déployer au Darfour », a ajouté le Président dans ce message lu par l'écrivain Bernard-Henri Lévy et rendu public par l'Élysée. La scène a également été occupée hier par l'idée d'«Assemblée constituante » évoquée lundi soir par Ségolène Royal. Jack Lang a estimé que le changement des institutions préconisé par la candidate serait plutôt « entériné par référendum ». Le gouvernement se préoccupait lui aussi de présidentielle. Il s'est réuni en séminaire à Matignon, afin de préparer « une transition de qualité » avec l'équipe qui lui succédera en mai. Nicolas Sarkozy recevait au même moment des parlementaires UMP à son siège de campagne. Dominique de Villepin, qui souhaite « un débat électoral serein », a demandé à ses collègues de « veiller à la bonne application des lois, de garantir le respect de l'ordre public social et de continuer à faire preuve de la plus grande vigilance en matière de sécurité » d'ici à la fin de leurs fonctions. © 2007 La Nouvelle République du Centre-Ouest. Tous droits réservés. 43 Libération, no. 8046 2e EDITION MONDE, mercredi, 21 mars 2007, p. 9 Le Darfour sort de l'ombre à Paris Politiques et intellectuels se sont succédé au meeting organisé hier. AYAD Christophe Tous unis pour le Darfour, les organisateurs du meeting d'hier soir à la Mutualité ont réussi leur pari : les principaux candidats à l'élection présidentielle ont non seulement signé leur texte en huit points (Libération d'hier) les engageant à agir concrètement pour faire cesser les massacres au Darfour, mais aussi plusieurs d'entre eux sont venus en personne. François Bayrou le premier. Le seul des candidats à s'être rendu au Darfour, il y a deux ans, a paraphé le texte. «Il n'y a rien de plus facile que d'arrêter cette tragédie, ce génocide [...]. Si ce drame ne cesse pas, la France s'honorerait à ne pas venir aux Jeux olympiques [de Pékin en 2008, ndlr].» La Chine, principal soutien diplomatique du régime soudanais, a été huée par la salle, quasi pleine. Bernard-Henri Lévy, François Zimeray de SOS-Darfour, Laurent Fabius... ont raconté leur récent séjour au Darfour et dans l'est du Tchad. Des récits entrecoupés de clips, d'applaudissements pour les réfugiés du Darfour présents qui n'ont pas pris la parole et de messages de personnalités présentes ou solidaires (Robert Badinter, Fanny Ardant, Nicole Garcia, Romain Goupil, François Léotard, parmi d'autres). Abdelwahid al-Nour, le leadeur de l'Armée de libération du Soudan (ALS), est venu aussi hier soir demander une action immédiate, ou qu'on lui «livre des armes pour protéger [sa] population». Plus tard dans la soirée, Ségolène Royal est aussi venu signer le texte. Marie-George Buffet et Nicolas Sarkozy se sont fait représenter. Jacques Chirac avait grillé la politesse à tout le monde en envoyant un texte lu par BHL à la tribune dans lequel il menace : «Si les exactions se poursuivent, le Conseil de sécurité [de l'ONU] n'aura pas d'autres choix que d'adopter des sanctions.» Laurent Fabius le taclait quelques minutes plus tard. Après avoir évoqué «Oradour-sur-Tchad», il ironisait : «Je ne comprends pas comment la plus haute autorité de la République française, ayant dit ce qu'il a dit ce soir, peut accueillir le président du Soudan.» Ce dernier, Omar al-Béchir, était en effet l'invité du sommet France-Afrique de Cannes, le mois dernier. Quant à une nouvelle résolution de l'ONU, Dominique de Villepin s'était prononcé contre la semaine dernière... © 2007 SA Libération. Tous droits réservés. 44 Ouest-France Toutes éditions, jeudi, 22 mars 2007, p. 4 Urgence Darfour : des candidats s'engagent Un meeting du collectif Urgence Darfour s'est tenu, lundi soir, à la Mutualité, à Paris, auquel ont participé Ségolène Royal et François Bayrou. Les deux candidats à la présidentielle ont proposé de faire pression sur la Chine (soutien du régime soudanais) en menaçant de boycotter les Jeux olympiques de Pékin en 2008. De son côté, Nicolas Sarkozy a fait savoir par un courrier (lu sous les huées) que, s'il était élu, il mettrait en place des sanctions unilatérales de la France contre le Soudan. Les trois candidats ont signé un engagement en huit points en faveur du Darfour, tout comme Dominique Voynet et Marie-George Buffet. Dans un autre message, lu par le philosophe Bernard-Henri Lévy, le président Chirac a menacé le Soudan de sanctions s'il n'acceptait pas le déploiement d'une force internationale. Ce pays, rappelons-le, soutient des milices arabes qui pourchassent des rebelles issus des populations noires du Darfour (200 000 victimes civiles, 2 millions de déplacés). Pour cette soirée de la Mutualité, Urgence Darfour avait mobilisé de nombreuses personnalités (de Bernard Kouchner à Claude Lanzmann). Une délégation de réfugiés darfouris a été applaudie très longuement ainsi que le chef de l'un des mouvements rebelles du Darfour, Abdul Wahid (Mouvement de libération du Soudan). © 2007 Ouest-France. Tous droits réservés. 45 24 Heures Région La Côte;Monde, jeudi, 22 mars 2007, p. 10 Faute d'images, le conflit au Darfour laisse les Européens de marbre Stevan SOUDAN - Bernard-Henri Lévy tente de mobiliser les foules - et les présidentiables français - surla guerre au Darfour. Si la crise rassemble outre-Atlantique, elle indiffère un grand nombre d'Européens. Décryptage. CAROLINE STEVAN Pari réussi. En invitant des personnalités telles que Bernard Kouchner, Nicole Garcia ou Claude Lanzmann à une soirée spécial Darfour mardi soir, Bernard-Henri Lévy a réussi à faire causer de ce conflit qui a fait au moins 200 000 morts et 2 millions de déplacés en quatre ans. Présents dans la salle de la Mutualité, à Paris, Ségolène Royal et François Bayrou, ont menacé de boycotter les prochains Jeux olympiques de Pékin. La Chine, membre du Conseil de sécurité de l'ONU, est en effet le premier partenaire commercial du Soudan, accusé d'orchestrer les crimes commis dans la province du Darfour. Et si les - rares - pressions politiques ne suffisent pas à mettre un terme au carnage, un chantage économique pourrait s'avérer plus efficient. Aux Etats-Unis, la plupart des politiciens se sont exprimés depuis longtemps sur le sujet et quelque 50 000 personnes ont manifesté à Washington, il y a un an, contre le «génocide». En Europe, la mobilisation est bien moindre. Décryptage avec Max Sanier, sociologue français spécialisé en communication. - Qu'est-ce qui fait qu'un conflit va ou non toucher les foules? - La couverture médiatique. Il suffit qu'un grand quotidien fasse sa une sur une guerre, qu'une télévision embraie et le mouvement est lancé. Tous les ingrédients sont réunis pour que l'on parle du Darfour: les méchants sont bien identifiés, la population crève dans des conditions épouvantables, les troupes françaises ne sont pas loin et BHL use de ses relations pour faire prendre la sauce. Tout y est, sauf les images. Or, pour intéresser les gens aujourd'hui, à l'ère des journaux gratuits et des chaînes d'information en continu, il faut des images. Il y a aussi une particularité africaine: les Européens ont tendance à penser que c'est un continent de sauvages passant leur temps à s'entre-tuer. - La mobilisation, comme aux Etats-Unis, passe-t-elle forcément par les minorités et les lobbies? - En Europe beaucoup moins qu'aux Etats-Unis. Les communautés présentes en France, par exemple, ne sont pas assez importantes pour avoir un tel impact. Les types des banlieues vont tenir un discours enflammé sur la question palestinienne mais c'est une posture; au fond ils s'en foutent et ne connaissent pas réellement le problème. Les communautés américaines et britanniques sont extrêmement organisées; elles possèdent des radios, des télés avec lesquelles il est facile de mobiliser les foules. C'est aussi une question de culture. On imagine mal un mouvement de noirs se créer ici au nom de ceux qui se font trucider en Afrique. On leur reprocherait immédiatement de ne pas se préoccuper des autres populations qui souffrent, en Asie ou ailleurs. £ © 2007 24 Heures. Tous droits réservés. 46 News Press France, jeudi, 22 mars 2007 - 10:43 (GMT François Bayrou s'engage pour le Darfour "La place de la France et la place de l'Europe est aux côtés des victimes de génocide du Darfour" a déclaré François Bayrou à la Mutualité. Le candidat à l'élection présidentielle était mardi soir au meeting organisé par le collectif Urgence Darfour. Il a signé le texte en huit points de l'engagement en faveur du Darfour : il s'engage notamment à peser de tout son poids auprès du Conseil de sécurité des nations unies pour assurer la protection effective des populations du Darfour. "Je me suis rendu au Darfour, il y a deux ans" a déclaré François Bayrou, "On en revient avec une certitude d'une absolue limpidité : il n'y a rien de plus facile que d'arrêter cette tragédie". Le candidat pense notamment à la mise en place de corridors humanitaires et d'une surveillance aérienne de cette région de l'ouest du Soudan. Concernant Pékin qui fait barrage à des sanctions ou à des résolutions contraignantes contre le Soudan, François Bayrou a estimé que "la France s'honorera de refuser de participer aux JO si la Chine persiste dans cette voie". © 2007 News Press. Tous droits réservés. 47 Midi Libre CATALANLOZERERODEZMILLAUCARCASSONNENARBONNEBEZIERSALESGARD RHODANIENUZEGESETELUNELLODEVEMONTPELLIERNIMES Jeudi, 22 mars 2007 A l'Onu, la France envisage des sanctions contre le Soudan Darfour A l'Onu, la France envisage des sanctions contre le Soudan Par la voix du président Chirac, la France pourrait envisager des sanctions à l'encontre du gouvernement soudanais. « Je le dis solennellement : si les exactions se poursuivent, si la parole n'est pas respectée, le Conseil de sécurité n'aura pas d'autre choix que d'adopter des sanctions. Déjà, nous y travaillons », a déclaré Jacques Chirac dans un message lu par Bernard-Henri Lévy lors d'un meeting du collectif Urgence Darfour qui s'est tenu mardi soir à la Mutualité, à Paris. Le chef de l'Etat a assuré qu'il n'y aura « pas d'impunité » pour les auteurs de « crimes contre l'humanité » et que « tout doit être fait pour que la force de l'Onu et de l'Union africaine puisse se déployer au Darfour ». Une résolution du Conseil de sécurité prévoit le déploiement progressif d'une force conjointe OnuUnion africaine de 20 000 hommes au Darfour, pour mettre fin aux violences entre les rebelles issus des populations noires locales et des milices arabes appuyés par l'armée soudanaise. Le conflit a fait 200 000 morts, essentiellement des civils, et plus de 2 millions de déplacés depuis quatre ans, selon l'Onu. Face au refus du régime du président Omar el-Béchir d'accepter le déploiement d'une force internationale, la Grande-Bretagne a déjà brandi la menace de sanctions. Les Etats-Unis ont souhaité aussi une nouvelle résolution, alors que, jusqu'à présent, la France s'était montrée très réservée sur ces mesures. Le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste- Blazy a répondu lors de la soirée Urgence Darfour aux critiques sur « l'inaction » de la France : selon lui, une intervention armée internationale sans accord politique préalable serait vouée à l'échec. Au Conseil de sécurité de l'Onu, a-t-il dit, il faut « convaincre » les trois pays soutenant le Soudan (Chine, Afrique du Sud, Indonésie) pour obtenir des décisions prises à l'unanimité et donc plus efficaces. Des observateurs évoquent une menace de boycot des Jeux Olympiques de Pékin en 2008... Avocat darfouri, musulman et partisan de la laïcité, Abdul Wahid al-Nour, est en visite à Paris. Il commande un mouvement rebelle armé depuis quatre ans « pour défendre son peuple, massacré en silence ». L'avocat Abdul al-Nour à Paris pour réclamer « des actes, et non plus des mots en faveur des Darfouris ». AFP © 2007 Midi Libre. Tous droits réservés. 48 Le Monde Politique, jeudi, 22 mars 2007, p. 11 FRANCE ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE Les présidentiables font des promesses en faveur du Darfour Philippe Bernard « OH, c'est bien, tout le monde se met à signer ! » Mi-ironique, mi-ravi, Bernard Kouchner salue, depuis la tribune de la Mutualité, à Paris, le dernier miracle en date de la présidentielle : François Bayrou, Dominique Voynet et Ségolène Royal font tribune commune lors du meeting organisé, mardi 20 mars, par le collectif Urgence Darfour. Ils se succèdent pour assurer de leur détermination à stopper les massacres dans cette région de l'ouest du Soudan, qui ont fait quelque 200 000 morts depuis 2003. Nicolas Sarkozy, lui, a dépêché l'ancienne secrétaire d'Etat Nicole Guedj pour parapher en son nom, comme les trois autres candidats, l'« acte d'engagement pour le Darfour » qui appelle notamment au vote à l'ONU de résolutions coercitives contre le Soudan. BOYCOTT DES JEUX OLYMPIQUES Mme Voynet est venue dire « sa honte et sa colère ». Le message de M. Sarkozy promet « un durcissement décisif des sanctions » contre les dirigeants de Khartoum, et des mesures « unilatérales » : gel des avoirs et refus de délivrer des visas aux responsables de massacres. Rappelant le veto opposé par la Chine aux sanctions contre Khartoum, M. Bayrou a adhéré à l'idée d'un boycott par la France des Jeux olympiques de Pékin. La salle a réservé un accueil particulièrement chaleureux à Mme Royal et à sa charge contre « la coupable immobilité de la politique africaine de la France », qu'elle s'est engagée à « changer en profondeur ». Dénonçant un « silence assourdissant », elle a également promis de faire « pression » sur Pékin en « utilisant la date des Jeux olympiques ». Jacques Chirac s'est invité à sa manière, adressant au meeting un message prônant l'adoption de nouvelles sanctions à l'ONU contre le Soudan et assurant que la France « déjà y travaille », alors que le gouvernement avait jusqu'à présent manifesté son scepticisme après maintes résolutions non suivies d'effet. Hué, le ministre des affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, n'a pas craint d'affronter une salle déchaînée contre lui pour répondre à l'accusation de passivité. Aux militants qui réclament un engagement militaire immédiat, il a rétorqué qu' « une intervention armée sans accord politique serait vouée à l'échec ». © 2007 SA Le Monde. Tous droits réservés. 49 Reuters économique Jeudi, 22 mars 2007 - 16:30:18 GMT PREVISION DES NOUVELLES A 16H30 GMT ----------------------- INTERNATIONAL -----------------------PARIS - François Bayrou suscite l'émoi des instances olympiques à Paris et des autorités à Pékin en évoquant à demi-mot un boycottage par la France des Jeux olympiques de 2008 si la Chine ne change pas d'attitude face à la crise au Darfour (FRANCE-PRESIDENTIELLE-JO, transmis). 50 Reuters économique Jeudi, 22 mars 2007 - 15:17:26 GMT JO 2008 - Emoi olympique après une flèche de Bayrou contre Pékin par Kerstin Gehmlich PARIS, 22 mars (Reuters) - François Bayrou a suscité l'émoi des instances olympiques à Paris et des autorités à Pékin en évoquant à demi-mot un boycottage par la France des Jeux olympiques de 2008 si la Chine ne change pas d'attitude face à la crise au Darfour. Lors d'une réunion publique consacrée au conflit dans cette région du Sud-Soudan organisée mardi soir à Paris à la Mutualité, le candidat de l'UDF à l'élection présidentielle et sa rivale socialiste Ségolène Royal ont déploré le refus de Pékin de laisser l'Onu prononcer des sanctions contre Khartoum. "Les Chinois, nous dit-on, s'opposeront à toute sanction", a déclaré la présidente de la région Poitou-Charentes. "C'est le moment de faire pression avant les Jeux olympiques de Pékin". Egalement présent à cette réunion organisée par le collectif Urgence Darfour, François Bayrou est allé plus loin en envisageant un boycottage des JO d'été, l'an prochain. "La France s'honorera de refuser de participer aux Jeux olympiques de Pékin si la Chine persiste dans cette voie", a déclaré le dirigeant centriste. Dans un message lu en son nom, le candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy, n'a pas fait mention du rôle de la Chine mais a soutenu l'idée européenne de sanctionner Khartoum. Un avis partagé par le président Jacques Chirac, dont un texte a été lu ce soir-là par le philosophe et écrivain BernardHenri Lévy. Les déclarations de Ségolène Royal et de François Bayrou ont provoqué des remous jusqu'à Pékin. LAMOUR ACCUSE BAYROU "Si une telle chose s'est vraiment passée, les personnes qui ont fait cette proposition ne sont peutêtre pas très au fait de la position du gouvernement chinois sur la question du Darfour", a déclaré le porte-parole du ministre chinois des Affaires étrangères, Liu Jianchao. "Les Jeux olympiques sont un événement important qui servira à promouvoir l'amitié entre les peuples de différents pays et à renforcer leur coopération", a-t-il ajouté devant la presse. A Paris, le président du Comité national olympique français, Henri Sérandour, a minimisé la portée de propos tenus "en campagne électorale", une période où "les paroles dépassent parfois un peu ce que l'on pense, pris dans l'ambiance". "Il est clair que ce genre de décision ne peut se prendre qu'en accord avec le mouvement sportif et je ne pense pas que de boycotter les Jeux amène quelque chose à la solution du Darfour", a-t-il déclaré à Reuters. "Au contraire, de permettre à la jeunesse du monde de se rencontrer, notamment grâce aux Jeux olympiques, d'échanger et de pouvoir s'apprécier les uns et les autres, c'est mieux que de boycotter les Jeux", a-t-il estimé. Le ministre des Sports, l'UMP Jean-François Lamour, s'est montré sévère avec le candidat centriste, accusé de "prendre des athlètes en otage". "Que je les choses soient claires me concernant : il n'y aura aucun appel à boycotter les Jeux olympiques", a-t-il dit à Reuters, précisant que les sportifs avaient le libre choix, "à titre personnel", de participer ou non à la compétition. Jean-François Lamour, double champion olympique de sabre, a raconté avoir vécu le boycottage des JO de Moscou de 1980 après l'invasion de l'Afghanistan, qui a été selon lui "inefficace" et "difficile a vivre" pour les athlètes. Le collectif Urgence Darfour a organisé la réunion de la Mutualité pour interpeller les candidats à l'Elysée sur le sort de cette région en proie depuis 2003 à une guerre civile dont le bilan est estimé à 200.000 morts et des millions de déplacés. 51 Le conflit oppose des groupes rebelles issus de la population noire du Darfour à des milices arabes appuyées militairement par le gouvernement de Khartoum. L'Union européenne a demandé à l'Onu de prononcer des sanctions contre Khartoum mais elle s'est heurtée à l'opposition de la Chine et la Russie. /KG/EP/GT © 2007 Reuters économique. Tous droits réservés. 52 Le Figaro, no. 19483 Le Figaro, vendredi, 23 mars 2007, p. 9 FrancePolitique VU DE L'ÉTRANGER Pour Pékin, Bayrou et Royal « ne sont pas très au courant » des subtilités diplomatiques Jean-Jacques MEVEL La Chine n'apprécie pas la menace d'un boycott des JO de 2008, agitée par les deux candidats. « SURTOUT, ne touchez pas aux JO ! » La Chine, surmontant une réticence connue à toute ingérence électorale, n'a pas traîné pour répliquer à François Bayrou et à Ségolène Royal. Elle a reproché, hier, aux deux candidats à l'Élysée de ne pas saisir les subtilités de la diplomatie lorsqu'ils menacent les Jeux de 2008 d'un boycott français, dans l'espoir de sauver le Darfour. « Les gens qui poussent une telle proposition ne sont pas très au courant de la position de la Chine », a observé hier le porte-parole Liu Jianchao, interrogé lors de la conférence de presse quotidienne du ministère des Affaires étrangères. Les reproches sur la méconnaissance des dossiers diplomatiques imputée à la candidate socialiste et à son rival de l'UDF trouveront à coup sûr un écho français. Mais de la part des Chinois, il faut d'abord y voir le signe d'une hypersensibilité à tout ce qui touche aux JO. Le parti unique ne ménage pas sa peine pour en faire l'an prochain l'apothéose de sa réussite économique. Vu de Pékin, le mot « boycott » suffit à réveiller un précédent cauchemardesque : celui des Jeux de 1980 à Moscou, torpillés par le président américain Jimmy Carter après l'invasion soviétique de l'Afghanistan. Vu de Pékin, Ségolène Royal et François Bayrou ont clairement franchi la ligne rouge avant-hier soir à Paris, lors d'un meeting organisé par l'association Urgence Darfour à la Mutualité. La Chine, ultime rempart du Soudan au Conseil de sécurité, y tenait le mauvais rôle. La candidate socialiste, dénonçant « l'inertie de la France », a proposé d'utiliser la proximité des Jeux pour faire monter la pression sur Pékin. Plus direct, le chef de l'UDF a estimé que la France s'honorerait « en refusant de participer aux JO », si le drame humanitaire se poursuit au Darfour. Nicolas Sarkozy, prudent ou occupé, n'était pas à la Mutualité. Il y a fait lire un message qui épargne la Chine mais menace de sanctions unilatérales le régime soudanais d'Omar el-Béchir. Le favori des sondages s'est ainsi évité la réprimande chinoise. Il faut dire aussi que le chef de l'UMP offre aux dirigeants du PCC le visage rassurant d'une (relative) continuité, après douze ans d'un rapport chaleureux avec Jacques Chirac. Les Chinois ont pris l'habitude d'être mêlés aux campagnes électorales de l'Occident, même s'ils se gardent diplomatiquement de prendre parti, par intérêt bien compris. À l'approche des JO, Pékin s'attend aussi à être mis en cause sur les droits de l'homme, la peine de mort ou le respect des minorités. Les critiques qui ont fusé depuis la Mutualité ouvrent un front nouveau à la contestation : celui de la politique étrangère. C'est la conséquence inévitable de la montée en puissance. 53 Le Parisien POLITIQUE, vendredi, 23 mars 2007, p. 8 Fabius et la courtoisie Le comportement de Ségolène Royal au meeting du collectif Urgence Darfour, mardi soir à la Mutualité à Paris, a provoqué l'agacement de Laurent Fabius. Alors que ce dernier était intervenu au nom de la candidate, en termes « très sympathiques » pour elle selon un participant, Royal, arrivée en cours de route, l'a snobé ainsi que tous ceux (BHL, Bayrou...) assis au premier rang avec lui. Dans son discours sur la province soudanaise, la candidate n'a même pas eu un mot pour le député de Seine-Maritime qui, pourtant, venait de passer cinq jours au Darfour, le mois dernier. Seul BHL a eu droit à une citation. Fabius, stupéfait, a fait savoir à l'entourage de Royal ce qu'il pensait de ce « manque de courtoisie la plus élémentaire ». Illustration(s) : LP/JEAN-BAPTISTE QUENTIN. © 2007 Le Parisien. Tous droits réservés. 54 Le Figaro, no. 19483 Le Figaro, vendredi, 23 mars 2007, p. 17 Opinions La gauche, enfermée dehors Ivan RIOUFOL Difficile de comprendre la gauche. Le 29 mai 2005, elle avait vu, dans le non à la Constitution européenne, un rejet du libéralisme, sans vouloir admettre qu'il était surtout l'expression d'un malaise identitaire. Aujourd'hui, plutôt que de débattre de ce sujet, elle trouve urgent d'instaurer une VIe République, dont les Français se fichent. Ces jours-ci, elle persiste à vouloir victimiser Cesare Battisti, terroriste italien en fuite et ayant du sang sur les mains. François Bayrou parle cette même langue bizarre. Voir Ségolène Royal, dimanche sur FR 3, combattre rudement Laurence Parisot (Medef) et ses critiques des 35 heures, rend impénétrable le discours de la candidate en faveur de l'entreprise. « On est dans l'improvisation », a avoué Éric Besson en démissionnant de son poste de secrétaire national du PS. Lui qui, en janvier, accusait Nicolas Sarkozy d'être « dangereux », sort un livre, cette semaine, pour accabler le royalisme, son monarque, sa cour, ses favoris. La guillotine, déjà. Ce monde clos ne tourne pas rond. Tandis que l'opinion attend des politiques qu'ils traitent des réalités - 55 % des Français approuveraient un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale (Opinionway pour Le Figaro) -, Bayrou préfère, pareillement, s'enfermer dehors. Mardi, il a proposé un nébuleux ministère de la Nouvelle Société, destiné aux jeunes, aux vieux, à l'Internet (et autres lieux découverts à marée basse). Ne voit-il rien des urgences qui l'entourent ? Le virtuel troisième homme - qui se dégonfle dans les sondages - est devenu à son tour indéchiffrable. Son mimétisme avec la gauche lui fait soutenir, comme elle, la fin de la Ve République, l'abrogation du décret Robien (qui allonge le temps de travail des enseignants), des propos convenus sur l'immigration. Cette semaine, il s'est joint aux inquiétudes de François Hollande (mais Royal s'est tue) pour exiger un nouveau procès pour Battisti, arrêté au Brésil. Or, cet ancien militant d'extrême gauche est indéfendable. Reconnu responsable de quatre meurtres en Italie, en 1978 et 1979, il a été condamné, en son absence, à la réclusion criminelle à perpétuité à l'issue de quatre procès pour lesquels il s'était fait représenter par des avocats : procédures validées par la Cour européenne des droits de l'homme (Le Figaro, 20 mars), qui a également jugé légitime son extradition. Défendre un tueur ? Battisti et Mitterrand Observer droits-de-l'hommistes et belles âmes rameuter pour Battisti illustre « l'étendue de la corruption intellectuelle et morale qui affecte la gauche de ce pays », comme l'avait noté Robert Redeker, menacé de mort pour avoir critiqué l'islam, dans Le Figaro. Car bien peu de ceux qui s'inquiètent du sort du terroriste reconnu coupable manifestèrent leur soutien (mais Bayrou en fut tout de même ) au professeur de philosophie, cible d'une fatwa. La Ligue des droits de l'homme est de ceux qui trouvèrent « nauséabond » le texte de Redeker, qui s'inscrivait dans la tradition voltairienne. Or, cette même organisation « humaniste » assure cette semaine, en soutien à Battisti, que « la France de Messieurs Sarkozy et Perben a renié sa parole », en référence à l'asile qu'aurait promis le président François Mitterrand. Argument repris par Bertrand Delanoë, maire de Paris, qui a placé l'ex-membre des Prolétaires armés pour le communisme sous « la protection de la ville de Paris ». La parole de la France se doit effectivement d'être respectée. Cependant, elle ne vient pas, en l'occurrence, contredire l'extradition du fuyard. Voila ce que déclarait Mitterrand, le 22 février 1995, évoquant les terroristes italiens réfugiés et réclamés par leur pays : « Tout crime de sang sur lequel on demande justice justifie l'extradition, dès lors que la justice française en décide. Tout crime de 55 complicité évidente dans les affaires de sang doit aboutir aux mêmes conclusions. » Mitterrand n'aurait pas défendu Battisti. Au secours du Darfour Au fait, qui entend la vertueuse Ligue des droits de l'homme, face au génocide en cours des Noirs du Darfour (ouest du Soudan) ? Et qui, des « anti-guerre » qui manifestèrent il y a quatre ans contre l'offensive des États-Unis en Irak, proteste contre le régime nazislamiste soudanais, qui applique la charia depuis 1983 et hébergea Ben Laden ? Depuis 2003, le président Omar el-Béchir, soutenu par une Chine attirée par le pétrole, a laissé massacrer dans l'indifférence près de 300 000 personnes, dont des femmes et des enfants. Plus de deux millions de chrétiens et d'animistes auraient été tués ces vingt dernières années, dans le sud du pays. Le djihad vaudrait-il impunité ? Cette semaine, le silence a été rompu grâce à la mobilisation du Collectif urgence Darfour et de Bernard-Henri Lévy. Mais demeure une gêne, perceptible mardi lors du rassemblement à la Mutualité, à désigner la barbarie islamiste comme acteur de cette guerre raciste, menée par des milices arabes contre des musulmans noirs. Ils étaient représentés, ce soir-là à Paris, par le chef du Mouvement de libération du Soudan, Abdel Wahid al-Nour, qui a confirmé se réclamer d'un islam modéré, laïque, éclairé, appliquant la séparation de la religion et de l'État. Voilà une cause à défendre. Recteur limogé Limogeage, mercredi, du recteur de l'académie de Lyon, à la demande du ministre de l'Éducation. Alain Morvan n'a pourtant fait que mettre en garde contre l'intégrisme et le communautarisme que véhiculerait le nouveau lycée musulman al-Kindi, dans la banlieue de Lyon. Hier, Nicolas Sarkozy a fait savoir qu'il n'était pour rien dans son éviction. Mais il n'a pas dit la regretter, alors qu'il veut justement défendre l'identité française et la laïcité. Difficile aussi, parfois, de comprendre la droite. © 2007 Le Figaro. Tous droits réservés. 56 Marianne, no. 518 Actualité, samedi, 24 mars 2007, p. 11 Ça va mieux en le disant À quoi servent les intellectuels Guy konopnicki La politique est une chose étrange. Nous sommes au beau milieu d'une campagne électorale et lorsqu'il est question de la planète ou de l'humanité les candidats à la plus haute des fonctions ont besoin d'une interpellation pour prendre des engagements. Nicolas Hulot s'est chargé du sauvetage de la planète, en obligeant les présidentiables à signer sa charte. Ils n'avaient pas pensé à tout en élaborant leurs programmes, mais, à bien y réfléchir, puisqu'il y a le feu à la banquise... Ils avaient tous élaboré la future politique internationale de la France. Cependant, aucun de nos candidats n'avait songé à placer la question du Darfour dans son programme, aucun ne s'était engagé à tout mettre en oeuvre pour faire cesser l'effroyable massacre des populations. Sans doute était-ce difficile pour Nicolas Sarkozy de s'en prendre au président du Soudan, responsable direct de ce crime de masse, et pourtant... invité de Jacques Chirac à la réunion des chefs d'Etat africains. De son côté, Ségolène Royal, lançant sa campagne en quelques voyages internationaux, ne pouvait, du haut de la Grande Muraille, avoir la " bravitude " de dénoncer l'attitude de la Chine qui menace d'opposer son veto à toute action des Nations unies ayant pour objectif de sauver les populations du Darfour. Il est vrai que l'on trouve pis puisque deux candidats, au moins, se préparent à engranger les suffrages des frayeurs suscitées par l'immigration sans envisager, pour autant, la lutte contre les désastres de l'Afrique. On dira ce que l'on voudra des intellectuels. Assurément, leurs engagements dans la campagne électorale ne sont pas tous glorieux, et ils sont d'autant plus discutables qu'ils se répartissent, oh, surprise, sur l'essentiel de l'échiquier politique. Figurez-vous qu'il y a des intellectuels penchant pour Sarkozy, d'autres se rassemblant derrière Ségolène Royal, et d'autres encore espérant changer la politique avec François Bayrou. Il s'en trouve aussi pour prolonger l'altermondialisme avec José Bové, Olivier Besancenot ou Marie-George Buffet. Il n'y a pas de parti intellectuel, les gens dont la fonction est d'écrire, de penser, de créer ou de chercher se répartissent en une foultitude de choix politiques. Pourquoi seraient-ils différents de tous les autres ? Il y a des intellectuels de gauche ou de droite, comme il y a des plombiers de toutes obédiences. Mais il y a, aussi, ce devoir d'interpeller les hommes politiques qui, depuis Hugo et Zola, fonde l'étrange posture de l'intellectuel. On se gausse, on s'indigne même, ces gens ne sont-ils pas prétentieux ? Qui est donc BernardHenri Lévy pour convoquer les hommes politiques à la Mutualité et les contraindre à prendre position sur le Darfour ? Les politiques, eux, savent. Ils connaissent les spécificités de chaque région, la géopolitique, les raisons qui nous obligent à ménager le gouvernement du Soudan. Ils savent qu'il convient d'éviter de froisser Pékin. Pendant ce temps, des avions bombardent des villages, des cavaliers fondent sur des paysans, chassés de leurs terres, fuyant sur les pistes de brousse. Les " politiques " ont les meilleures raisons de considérer ces abominations du point de vue 57 de la stabilité d'une région, des relations avec le monde arabe et musulman, ou même à l'aune des intérêts de la France et de l'Europe. Cependant, il est une vérité crue : on tue, chaque jour, chaque heure, l'abomination est la loi du Darfour. Et ces intellectuels, réputés évanescents et médiatiques, usent de leur capacité à attirer les médias pour interpeller les hommes politiques et, en l'espèce, les candidats à la magistrature suprême. On voudrait pouvoir se passer de ces artifices. Il suffirait que la politique se garde d'occulter chaque nouvelle horreur. © 2007 Marianne. Tous droits réservés. 58 Le Point, no. 1802 Tribune, jeudi, 29 mars 2007, p. 158 Editorialistes Le bloc-notes de Bernard-Henri Lévy Le Darfour et l'Europe : bilan d'étape. Bernard-Henri Lévy Acte 1. Un reportage dans Le Monde. Une une de Libération appelant à « agir ». Les French doctors historiques que l'on voit, derrière l'ancien président de Médecins du monde Jacky Mamou, courir radios et télévisions sur le thème « la compassion, ça suffit ; vite, maintenant, des décisions ». Acte 2. Un beau message du président de la République, Jacques Chirac, qui m'est remis dans l'après-midi et dont on me demande de donner lecture, le soir même, en ouverture du meeting organisé, à la Mutualité, par Urgence Darfour, SOS Darfour et la plupart des associations qui, depuis quatre ans, crient dans le désert leur indignation et leur rage : si les « exactions » continuent, répond enfin le président, si les « crimes contre l'humanité » se poursuivent, si l'on ne parvient pas à « juguler les milices qui sèment la terreur », la communauté internationale n'aura « plus d'autre choix », en effet, que de décréter des « sanctions » contre Khartoum. Acte 3. Tous les grands candidats à la succession qui défilent à la même tribune pour déclarer : l'un (Bayrou) qu'il « n'y a rien de plus facile que d'arrêter cette tragédie » ; l'autre (Royal) qu'il suffit, pour contraindre le Soudan, de faire pression sur son allié chinois et que la meilleure des pressions sera d'« utiliser la date des Jeux olympiques », c'est-à-dire, en clair, de menacer de les boycotter ; le troisième (Sarkozy, dans un texte lu par Nicole Guedj) qu'il s'engage, s'il est élu, à un « durcissement décisif » et, s'il le faut, « unilatéral » des sanctions contre un régime dont il avait déjà dit, dans son discours d'investiture, qu'il se refusait à tenir les crimes pour un « détail » - sans parler du ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, s'invitant en fin de meeting pour, non sans un certain panache, tenter d'expliquer une politique à laquelle, visiblement, lui-même ne croit plus. Acte 4. Publiée, à la veille du sommet de Berlin, par The Independent de Londres en même temps que par quelques-uns des grands titres de la presse européenne, une « Lettre aux dirigeants européens » que signent des écrivains dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils n'ont pas l'habitude de se trouver ainsi rassemblés (Harold Pinter et Vaclav Havel ; Günter Grass et moi ; sir Tom Stoppard ; Dario Fo ; Umberto Eco ; Seamus Heaney ; Franca Rame ; Jürgen Habermas) : « l'Europe qui a permis Auschwitz et qui a échoué en Bosnie ne peut pas tolérer les meurtres du Darfour » ; l'Union européenne dont on célèbre le cinquantenaire ne peut pas rester sans mot dire face à des « massacres » qui « répètent Srebrenica » ; que vaudrait cette « célébration », que pèserait notre « civilisation », si nous laissions, une fois de plus, se perpétrer un forfait d'une telle ampleur ? Acte 5, enfin. La présidente en exercice de l'Europe, Angela Merkel, qui, à Berlin donc, le lendemain, et alors que, comme le raconte bien la presse de ce lundi (Stephen Castle, notamment, dans The Independent) la question du Darfour n'était pas inscrite à l'agenda du Sommet, hausse à son tour le ton et amplifie le mouvement : dénonciation sans ambiguïté des souffrances « intolérables » des Darfouris ; « appel au président Omar el-Béchir du Soudan pour qu'il se plie aux résolutions des Nations unies » ; annonce, « franche » et « solennelle », d'un « durcissement » de « sanctions » que l'entêtement prévisible de son régime rendra, hélas, « inévitables » - tout est dit ! Alors on parlera, si l'on y tient, de poussée de fièvre médiatique, d'emballement. 59 On ironisera, si la souffrance sans nom de ces millions de gens ne vous a pas ôté le goût de la polémique, sur ceux de ces responsables qui, sans rendez-vous électoral ni mobilisation des opinions, ne se seraient pas si clairement engagés. On ne pourra nier qu'il s'est passé quelque chose, là, pendant ces jours miraculeux où la question, si longtemps occultée, s'est imposée soudain à tous - on ne pourra nier que la « loi du tapage » chère à Bernard Kouchner, la « loi du bon chantage démocratique » que j'ai évoquée dans ces colonnes, n'aient produit, une nouvelle fois, quelques-uns de leurs effets. Elections piège à cons ? Oh non ! Elections, sommation. Elections, occasion, pour tous les électeurs et pour ceux d'entre eux qui, en particulier, ont le moyen de parler un peu plus haut, de prendre leur champion au collet et, une fois élu, au mot : sur cette question-ci, sur la question de ces crimes qui, si nous ne faisons rien, constitueront le premier génocide du nouveau siècle, il n'y a plus place pour la querelle et il faut parler d'une seule voix. L'avenir dira la part, dans l'esprit de ceux qui nous ont répondu, de la sincérité et du cynisme. Et nous saurons vite s'il s'est agi d'un frémissement ou d'un sursaut, d'une fièvre sans lendemain ou d'une vraie prise de conscience. D'une chose, en tout cas, il faut que nul ne doute : nous sommes un très grand nombre, en France et partout en Europe, qui, quoi qu'il arrive, ne lâcherons plus prise ; nous sommes (écrivains, humanitaires, citoyens de toutes origines, confessions, opinions) des millions et des millions qui exercerons jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'à ce que paix s'ensuive, notre droit d'interpellation légitime et, en la circonstance, vitale. Bernard-Henri Lévy © 2007 Le Point. Tous droits réservés. 60 Ouest-France Toutes éditions, jeudi, 29 mars 2007, p. 1 Éditorial par Jeanne Emmanuelle Hutin Soudan, un génocide au Darfour ? « Si l'Onu et la communauté internationale n'interviennent pas... un jour vous vous réveillerez et les habitants du Darfour auront été rayés de la carte. » (1). Notre humanité n'a pas fini de compter ses morts ni de pleurer ses enfants du Darfour. « Ce que j'ai vu au coeur de ce qui deviendra, si nous ne faisons rien, le premier génocide du XXIe siècle, passe les limites de ce qui peut être toléré par une humanité civilisée. J'ai vu des villages brûlés sur des centaines de kilomètres : plus âme qui vive ; plus trace de présence humaine... », écrit Bernard-Henri Lévy (2). Ce drame ressemble à celui du Sud- Soudan, en 1998. Le gouvernement islamiste de Khartoum, le même qu'aujourd'hui, mettait la main sur le pétrole, repoussant les requêtes des provinces et islamisant la population. Les animistes et les chrétiens de cette région se rebellèrent. Alors le gouvernement central entra en guerre contre son peuple. Comme il l'est aujourd'hui contre les habitants noirs de la province du Darfour. En 1998, comme aujourd'hui, c'est l'aviation militaire qui bombarde les villages. Et, sur le terrain, les milices armées par le gouvernement, attaquent les civils. Ouest France, en 1998, dénonçait leurs méfaits : « Le train s'est remis en marche. Malheureusement, sa sécurité est assurée par des milices à cheval qui le précèdent et ravissent tout ce qu'elles peuvent dans les villages proches de la voie. Ainsi le train, qui devrait être celui de l'espérance, devient le train de la peur et l'on s'enfuit à son approche avec ce que l'on peut emporter de ses pauvres biens » (3). Maintenant, au Darfour, les milices janjawids tuent les villageois, massacrent les enfants et leurs mères, violent femmes et fillettes ! Chacune de ces deux guerres compte deux millions et demi de réfugiés. Empêcher les massacres Aujourd'hui, « l'action humanitaire est intentionnellement entravée par le gouvernement soudanais : des ONG ont été obligées de quitter la zone » (4). Mais, en 1998, les mêmes, ont interdit le survol de régions, empêchant l'aide humanitaire de parvenir et mettant en danger la vie de 2 600 000 personnes (4) ! Maintenant, au nord du Darfour, des centaines de milliers de personnes sont abandonnées, livrées sans défense aux massacres. La communauté internationale doit prendre des mesures urgentes pour protéger ces personnes, demande Jody Williams, Prix Nobel de la paix. « Chaque État a la responsabilité de protéger sa population contre le génocide, les crimes de guerre. Lorsqu'un État n'est pas capable ou 61 refuse de le faire, il est de la responsabilité de la communauté internationale de réagir », a-t-elle déclaré au Conseil des droits de l'homme. Des voix s'élèvent pour sanctionner le Soudan et ses soutiens, comme l'Algérie, la Russie et la Chine. Faut-il boycotter les Jeux olympiques de Pékin et les produits chinois ? Le veto de la Chine paralyse la communauté internationale, alors qu'elle-même arme le Soudan, violant l'embargo de l'Onu. Le collectif Urgence Darfour demande aux États européens d'envoyer « immédiatement une force d'interposition pour protéger effectivement les populations d'un massacre généralisé ». Pour Bernard Kouchner, on peut intervenir sans « nous lancer dans un nouvel Irak. Le principe du droit d'ingérence humanitaire permet le libre accès aux victimes. La France doit s'engager fortement auprès de l'Onu pour faire ouvrir des corridors humanitaires » (5). En cette semaine anniversaire de la naissance de l'Union européenne, « née de l'atrocité pour s'unir contre de futures atrocités », l'Europe doit agir, comme le demandent dix intellectuels européens (6). Elle doit continuer d'unir sa voix. Mais, sans l'action résolue des ministres des Affaires étrangères européens, rien ne sera possible. « Ils devraient écouter l'appel du Parlement européen qui les exhorte à utiliser des sanctions à l'encontre de Khartoum », écrit Chris Patten (7). Le sort des hommes, des femmes et des enfants du Darfour ne peut plus attendre. (1) Le Monde, 2 et 9 décembre 2006. (2) Paris Match, 15 mars 2007. (3) Reportages de François Régis Hutin dans Ouest-France, les 11 avril 1985 ; 10, 11, 23 août et 23 décembre1998 ; (4) [email protected] (5) Le Nouvel Observateur, 15 mars 2007. (6) Le Monde, 25 mars 2007. (7) Le Monde, 27 mars 2007. © 2007 Ouest-France. Tous droits réservés. 62 Le Monde Dialogues, jeudi, 29 mars 2007, p. 23 Débats Darfour : faisons la paix, pas la guerre ! La mobilisation contre ce drame africain est légitime. A condition de ne pas céder au manichéisme ou à la démagogie Robert Ménard et Stephen Smith Vous pensez que les Etats-Unis ont eu tort d'envahir l'Irak, quand bien même ils l'auraient fait avec la seule et louable intention d'apporter la liberté aux opprimés de la dictature de Saddam Hussein. Vous estimez qu'il n'y a pas de solution militaire à la crise d'un pays, quel qu'il soit, dans le déni des causes qui sont à l'origine du conflit. Alors, comment pouvez-vous croire qu'il suffira de déployer des milliers de soldats de la paix au Darfour, province du Soudan plus vaste que l'Irak, pour y faire cesser « le massacre » ? Comme aujourd'hui à Bagdad, quelle solution pourrait être dictée par un pacificateur autoproclamé, une bonne conscience coiffée d'un casque lourd ? Nous ne revenons pas du Darfour avec des solutions simples. Mais nous sommes sûrs qu'il faut refuser la balkanisation des esprits qui appelle « salut » au Soudan ce qu'elle nomme « désastre » en Irak. C'est-à-dire, pour « faire quelque chose », réduire des populations lointaines à une chair à massacres qu'il nous faudrait « sauver » de toute urgence. A Khartoum et à Al-Fasher, capitale du Darfour Nord, nous avons rencontré des Soudanais bien plus meurtris que nous par le malheur de leur pays, mais aussi bien mieux informés de ses causes et des difficultés à leur trouver une solution. Aucun d'entre eux ne ramène le conflit à un face-à-face entre « victimes » et « bourreaux ». En revanche, à Paris, le manichéisme triomphe. Le 20 mars à la Mutualité, le collectif Urgence Darfour affirme que, depuis 2003, « plus de 400 000 personnes ont été massacrées » par le gouvernement soudanais et ses milices alliées. Ces atrocités auraient été commises dans un « silence assourdissant » que dénonce Ségolène Royal, alors que François Bayrou assure qu'il n'y a « rien de plus facile que d'arrêter cette tragédie ». Pour les signataires d'une pétition qui semble faire l'unanimité sauf... chez les spécialistes reconnus du Soudan, le devoir d'ingérence au Darfour justifie une expédition punitive contre Khartoum. Ici, politique et posture se confondent. En ce qui nous concerne, nous n'aurions pas la moindre hésitation à partir en guerre contre le régime soudanais, si un tel fait d'armes pouvait sauver des vies plutôt que d'ajouter des morts aux morts. Mais, face à la démagogie, qui, à bon compte moral, détoure le conflit au Darfour de sa réalité, revenons aux faits. L'essentiel des tueries au Darfour ont été commises entre la fin 2003 et 63 le début 2005. A ce moment, la même communauté internationale qui est à présent sommée d'intervenir dans l'ouest du Soudan négociait la paix entre le Nord et le Sud pour mettre fin à la plus longue guerre civile de l'Afrique indépendante, vingt et un ans, dont le bilan est estimé à 1,5 million de morts. Etait-il bon de traiter, hier, avec un pouvoir central « génocidaire » alors qu'il serait urgent, aujourd'hui, de le renverser ? Etait-il bon de sacrifier le Darfour pour, maintenant, sacrifier le Soudan dirigé par un gouvernement d'union nationale auquel participent les anciens rebelles du Sud ? Répondre par l'affirmative, c'est faire une croix non seulement sur l'accord de paix « global » signé en janvier 2005, mais, aussi, sur les premières élections libres qui doivent avoir lieu dans moins de deux ans. Entre la fin 2003 et le début 2005, selon des études indépendantes, quelque 40 000 Darfouriens ont été tués, souvent dans des circonstances abominables. A ce chiffre s'ajoutent environ 90 000 victimes indirectes du conflit armé, mortes de faim ou de maladie. Depuis, sur une terre déjà brûlée, la violence s'est épuisée. Certes, ces chiffres sont sujets à caution dans la mesure où le drame a souvent lieu sans témoins. Mais ils accréditent plutôt un bilan de 200 000 morts depuis le début du conflit, en février 2003. Jusque récemment, la presse française s'en était tenue à cet ordre de grandeur. Après la récente campagne de mobilisation, le bilan vient d'être également revu à la hausse en France... Troisième constat : au Darfour, une société civile bien réelle - ONG, associations des droits de l'homme, presse locale, avocats ou universitaires dont, hélas ! les voix ne nous parviennent guère ne décrit pas une opposition tranchée entre le Bien et le Mal. Si quasiment personne ne nie la responsabilité primordiale du régime du général Al-Bachir, tous attribuent aux rebelles une part grandissante dans le chaos qui se propage jusque dans les pays voisins, au Tchad et en Centrafrique. Qui, à la tribune de la Mutualité, aurait pu énumérer les treize factions rebelles qui font à présent et de plus en plus, se font - la guerre au Darfour ? Il y avait là seulement Abdul Wahid Al-Nour. C'est l'un des pères de la rébellion, mais il a, depuis longtemps, abandonné le terrain aux « seigneurs de la guerre » qui se multiplient par scissiparité. En outre, le Darfour n'est pas le Kosovo. Pour régler le problème, il faudrait mettre sous tutelle l'ensemble d'un pays cinq fois grand comme la France. Le Soudan est bien trop vaste et complexe à maîtriser pour une communauté internationale qui peine déjà en Côte d'Ivoire. Enfin, la Chine a bon dos. D'abord, elle n'est pas seule à soutenir Khartoum au Conseil de sécurité de l'ONU. L'Afrique du Sud et l'Indonésie, deux membres non permanents, le font également. Ensuite, Pékin n'a encore jamais dû user de son veto pour bloquer ces sanctions décisives que l'Occident prétend ne pouvoir imposer à cause d'elle. Pour la simple raison que la solution miracle des mesures punitives n'existe pas, pas davantage pour le Soudan que pour le Zimbabwe. Qu'on ne se méprenne pas sur nos intentions. Il faut mobiliser pour le Darfour, mais sans rêverie ni démagogie. S'intéresser à l'Autre lointain requiert plus d'effort que de crier « halte au génocide ! ». Chacun dans son domaine de compétence doit contribuer à une solidarité dépassant nos frontières. A commencer par la presse, qui, par exemple, ne saurait nous faire comprendre le drame du Darfour à partir des seuls camps de réfugiés dans l'est du Tchad, pas plus qu'on ne décrirait la société française à partir de ses hôpitaux. Le Soudan existe, avec son gouvernement, ses rebelles, sa société civile... Ce n'est pas seulement un abattoir ! Quant à nos politiques, inspirent-ils confiance en reprenant à leur compte, à la veille d'une élection, les catégories simplistes d'un mouvement d'opinion ? Un dernier mot, à l'adresse de ceux qui, sans doute, croient que le « crime des crimes » se déroule dans l'ouest du Soudan et que nous sommes tous, comme le formule Urgence Darfour, « complices de non-assistance à personnes massacrées » : pourquoi, s'il est si facile de choisir son camp, attendent-ils avec une patience d'assistés tout de l'Etat, de la communauté internationale ? A Washington, au musée de l'Holocauste, l'exposition temporaire sur « le génocide en cours au Darfour » entre dans sa troisième année : c'est soit une indécence, soit une faillite morale ! Pourquoi, s'il s'agit d'un génocide, ceux qui savent de quel côté il faut se battre ne forment-ils pas, comme du temps de l'Espagne républicaine, des « brigades internationales » pour donner l'exemple ? Peut-être parce que la cause, tout de même, est moins entendue ? Mais, alors, de quel droit réclament-ils que des casques bleus issus du tiers-monde aillent mourir à leur place au Darfour ? Note(s) : Robert Ménard est secrétaire général de Reporters sans frontières. Stephen Smith estjournaliste © 2007 SA Le Monde. Tous droits réservés. 64 Libération, no. 8055 1e EDITION MONDE, samedi, 31 mars 2007, p. 11 Darfour: pression croissante sur Khartoum Le Soudan s'engage à faciliter l'accès des ONG à la région dévastée par la guerre civile. AYAD Christophe La guerre civile au Darfour est-elle en train de se propager à Khartoum ? Visiblement nerveux, le régime soudanais a procédé ces derniers jours à une vague d'arrestations. Un journaliste du quotidien Al-Ayam, Safki, a notamment été arrêté au début de la semaine, apparemment pour avoir relaté dans un article le meeting de la semaine dernière à la Mutualité, à Paris, organisé par Urgence Darfour et durant lequel les principaux candidats à l'élection présidentielle française se sont engagés à demander des sanctions contre le Soudan pour le forcer à accepter le déploiement de Casques bleus au Darfour. Jacques Chirac s'est aussi dit prêt à soutenir une résolution au Conseil de sécurité demandant des sanctions. Vendredi, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, à Genève, a réussi à surmonter ses divisions pour approuver le rapport du prix Nobel de la paix, Jody Williams, qui accuse Khartoum d'avoir «orchestré» des crimes de guerre et contre l'humanité dans sa province du Darfour. Londres est par ailleurs en train de travailler à un projet de texte prévoyant l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus du Darfour, et des bombardements en cas de non-respect. A la suite d'un entretien entre le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et le président soudanais, Omar elBéchir, Khartoum s'est toutefois engagé auprès de l'ONU à donner un meilleur accès des humanitaires au Darfour, où la guerre a fait au moins 200 000 morts et plus de 2 millions de déplacés. Autre source d'inquiétude : les relations entre le gouvernement et les ex-rebelles de la faction du Mouvement de libération du Soudan dirigée par Minni Minnawi, la seule faction rebelle à avoir signé 65 les accords de paix d'Abuja (Nigeria) en mai 2006, se dégradent. Il y a une semaine, la police a attaqué ses locaux à Oumderman, dans la banlieue de Khartoum, faisant officiellement 10 morts, 8 au sein du SLM-MM et 2 policiers. La police aurait aussi procédé à quelque 200 arrestations dans les rangs du mouvement. Les ex-rebelles y voient une «violation du cessez-le-feu consacré par l'accord de paix d'Abuja» et menacent de «reprendre la guerre [y compris à] Khartoum». © 2007 SA Libération. Tous droits reserves News Press France, vendredi, 30 mars 2007 - 18:35 (GMT Urgence au Darfour : déclaration de l'Assemblée plénière des évêques de France Avant la clôture de l'Assemblée plénière, le cardinal Jean-Pierre Ricard rend publique, au nom des évêques, une déclaration au sujet de la catastrophe humanitaire au Darfour L'Assemblée plénière des évêques de France, initialement prévue pour s'achever le vendredi 30 mars, prendra fin ce jeudi 29 mars en fin de journée en raison de la célébration des obsèques de Mgr François Saint-Macary, archevêque de Rennes, le 30 mars en sa cathédrale. Le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et président de la Conférence des évêques de France, au nom de l'Assemblée plénière gravement préoccupée de la catastrophe humanitaire en cours et de l'urgence au Darfour, a publié la déclaration suivante : URGENCE AU DARFOUR Le Darfour ne peut rester une simple énumération de chiffres : 250 000 morts, 500 000 personnes qui dépendent de l'aide humanitaire aujourd'hui entravée, 3 millions de déplacés aux frontières du Tchad et de la République Centrafricaine, sans compter les nombreuses victimes d'exactions et de viols ! Des millions d'hommes sont bafoués, mutilés, tués dans l'indifférence générale. Certains médias essaient de réveiller la conscience de la communauté internationale sans réaction efficace. La catastrophe humanitaire annoncée depuis longtemps, dénoncée par les ONG et les agences de l'ONU, se vérifie. L'Europe et la France ne peuvent rester sans réaction devant tant de souffrances insupportables. La crise est grave et ne peut nous laisser silencieux ou inactifs : là où l'homme souffre, le Christ souffre avec lui. Des accords de paix ont été signés en 2006. Ils ne sont toujours pas appliqués et, de jour en jour, le nombre des victimes ne fait que s'alourdir. Les actions peuvent être multiples, tant auprès des autorités françaises que dans le soutien aux organisations humanitaires ou dans l'appui aux volontaires engagés dans cette action d'urgence. N'oublions pas non plus que demain, après l'urgence, il faudra rebâtir. Notre engagement de chrétien pour la paix et la justice nous incite fermement à interroger nos dirigeants comme les candidats à l'élection présidentielle sur les actions menées et à mettre en oeuvre, tant au plan diplomatique qu'au plan humanitaire. Il y va de notre pratique de la charité et de notre réponse à la question toujours d'actualité : « Qu'as-tu fait de ton frère ? ». Au nom des évêques de France Cardinal Jean-Pierre Ricard Archevêque de Bordeaux Président de la Conférence des évêques de France © 2007 News Press. Tous droits réservés 66 Midi Libre CATALANLOZERERODEZMILLAUCARCASSONNENARBONNEBEZIERSALESGARD RHODANIENUZEGESETELUNELLODEVEMONTPELLIERNIMES Samedi, 31 mars 2007 Humanitaire Les évêques de France ont aussi demandé jeudi des comptes... Humanitaire Les évêques de France ont aussi demandé jeudi des comptes au gouvernement et aux candidats à la présidentielle sur les mesures prises et à prendre dans la région soudanaise du Darfour, confrontée à un grave problème humanitaire. L'Assemblée plénière s'est dite « gravement préoccupée » par cette catastrophe humanitaire et a dénoncé le fait que « des millions d'hommes sont bafoués, mutilés, tués dans l'indifférence générale ». « L'Europe et la France ne peuvent rester sans réaction devant tant de souffrances insupportables », a déclaré l'Assemblée. Le conflit au Darfour a fait 200 000 morts et deux millions de déplacés, selon les organisations internationales, des chiffres contestés par le Soudan. © 2007 Midi Libre. Tous droits réservés. 67 Reuters général Mardi, 3 avril 2007 - 13:04:03 GMT JO 2008 - Bayrou réitère sa menace d'un boycott lié au Darfour PARIS, 3 avril (Reuters) - François Bayrou a réitéré mardi sa menace, s'il devient président de la République, d'un boycottage par la France des Jeux olympiques d'été de 2008 à Pékin si la Chine ne change pas d'attitude face à la crise dans la région soudanaise du Darfour. "J'entends que les autorités chinoises peuvent ne pas être satisfaites mais si un responsable politique français n'est pas capable de défendre ceux qui meurent au Darfour, alors à quoi sert-il ?", a déclaré le candidat de l'UDF à la présidentielle lors d'une conférence de presse à Paris. "En tout cas moi j'ai l'intention de le faire aujourd'hui, où je suis complètement libre de parole, et j'ai l'intention de le faire demain si je suis élu président de la République", a ajouté le député béarnais, qui s'est rendu au Darfour il y a deux ans. "Ces centaines de milliers, ces millions de personnes méritent que quelque part dans le monde quelqu'un s'occupe d'eux et qu'on n'accepte pas en effet la protection que les autorités chinoises ont décidé d'apporter aux autorités soudanaises pour que le Conseil de sécurité ne puisse pas se mêler de ce qui le regarde", a-t-il souligné. Le conflit au Darfour, qui a fait selon l'Onu 200.000 morts et des millions de déplacés, oppose des groupes rebelles à des milices arabes appuyées militairement par le governement soudanais. L'Union européenne a demandé à l'Onu de prononcer des sanctions contre Khartoum mais elle s'est heurtée à l'opposition de la Chine et de la Russie. "Je demande au mouvement olympique et je demande aux autorités chinoises de s'occuper d'abord de cela", a dit François Bayrou. "On est bien trop légers dans cette affaire-là". /EP © 2007 Reuters général. Tous droits réservés. 68 AFP Infos Françaises Politique;Sport, mardi, 3 avril 2007 - 13:26 Darfour: Bayrou dénonce la "protection" accordée par Pékin à Khartoum PARIS - François Bayrou, candidat UDF à la présidentielle, a réaffirmé mardi son soutien à un boycottage des Jeux Olympiques de Pékin en 2008, si la Chine continue d'accorder sa "protection" aux autorités soudanaises dans la crise du Darfour. "Il y a des centaines de milliers de personnes qui sont en train de mourir, qui sont abandonnées sur le sable du désert, je demande au mouvement olympique et aux autorités chinoises de s'occuper d'abord de cela", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Paris, jugeant qu'"on est bien trop léger sur cette affaire du Darfour" (ouest du Soudan). "J'entends bien que le mouvement olympique n'aime pas qu'on évoque ce genre d'idée (de boycottage, ndlr), j'entends bien que les autorités chinoises peuvent ne pas être satisfaites, mais si un responsable politique français n'est pas capable de défendre ceux qui meurent au Darfour, alors à quoi sert-il?", a-t-il lancé, s'élevant contre un "génocide". "En tout cas, moi, j'ai l'intention de le faire, (...) aujourd'hui que je suis complètement libre de parole, et j'ai même l'intention de le faire demain si je suis élu président de la République", a-t-il promis. "Ces centaines de milliers, (ces) millions de personnes méritent", selon lui, "qu'on n'accepte pas la protection que les autorités chinoises ont décidé d'apporter aux autorités soudanaises pour que le Conseil de sécurité ne puisse pas se mêler de ce qui le regarde". La Chine avait estimé fin mars que deux des principaux candidats à la présidentielle française - M. Bayrou et la socialiste Ségolène Royal - qui avaient évoqué un boycottage des JO-2008 pour faire pression sur Pékin au sujet du Darfour, n'étaient pas "très au courant" de sa politique. tmo-cgd/jmg/sh © 2007 AFP. Tous droits réservés.Le Figaro 69 Mercredi, 4 avril 2007, p. 2 La croisade de Bayrou et Royal contre les Jeux irrite les autorités chinoises Parmi les candidats à l'Élysée, Ségolène Royal et François Bayrou ont tous deux prôné un boycott des jeux de Pékin pour faire pression sur la Chine dans la crise au Darfour. Ce qui a conduit le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Liu Jianchao, à répliquer que « les gens qui ont ce genre de proposition ne sont pas très au courant de la position de la Chine sur le problème » (nos éditions du 22 mars). M me Royal et M. Bayrou ont pris cette posture lors du meeting du collectif Urgence Darfour organisé le 20 mars dernier à la Mutualité. Depuis François Bayrou s'est de nouveau élevé contre « la protection que les autorités chinoises ont décidé d'apporter aux autorités soudanaises » . Le 20 mars dernier, M. Sarkozy, comme M mes Voynet et Buffet s'étaient engagés, s'ils étaient élus, à engager des sanctions unilatérales contre le Soudan. Le lendemain, M. de Villiers a, par un communiqué, appelé la France « à prendre la tête de la résistance internationale à la dictature islamiste soudanaise » . © 2007 Le Figaro. Tous droits réservés. 70 Le Figaro Mercredi, 4 avril 2007, p. 2 Le Darfour jette une ombre sur les JO de Pékin De notre correspondant à Pékin JEAN-JACQUES MÉVEL La Chine offre de renforcer sa coopération militaire avec le Soudan « dans tous les domaines » , mais elle souhaite aussi que le régime d'Omar el-Béchir accepte le compromis sur le Darfour poussé par l'ONU, a annoncé hier l'agence Chine Nouvelle. La requête de Pékin, formulée lors de la visite du chef d'état-major soudanais, n'altère pas l'opposition chinoise à des sanctions contre Khartoum. Les États-Unis et plusieurs pays européens y sont au contraire favorables, si les massacres se poursuivent au Darfour et si le Soudan refuse l'entrée d'un contingent mandaté par l'ONU. SI LA TRÊVE des armes et la sourdine aux récriminations sont au coeur de l'idéal olympique, la direction chinoise semble assez bien partie pour en profiter. À seize mois des JO de Pékin, ni la question des droits de l'homme, ni la répression religieuse, ni même le sort des Tibétains n'ont fait beaucoup d'ombre à ce qui reste, malgré tout, la plus grande dictature de la planète. Le PC chinois fait tout pour s'assurer que les Jeux de l'été 2008 seront un succès hors-norme et que rien ne viendra gâcher ce qu'il considère comme un hommage international mérité. À l'horizon se profile pourtant un concert agaçant : celui de voix qui reprochent à la Chine d'entretenir, grâce à son carnet de chèques et à sa diplomatie, les excès au Darfour des milices soudanaises d'Omar el-Béchir. « Le boycott, ce serait la bombe atomique » C'est de France, pays ami, qu'est venu le premier coup de ce que les dirigeants chinois redoutent de voir s'élargir en vraie campagne : un appel au boycott des JO de Pékin, lancé depuis la tribune de la Mutualité par François Bayrou. Ce cri du coeur était sans doute excessif. La France, patrie de Pierre de Coubertin, n'a jamais snobé les Jeux. La participation des Français ne dépend pas du gouvernement, mais du comité olympique national. Pour les Chinois, « le boycott, ce serait la bombe atomique » , ajoute un observateur à Pékin. Reste, à l'agacement des propagandistes chinois, la popularité croissante dont jouit la cause du Darfour en Occident, et surtout le rôle sinistre que l'on prête à Pékin dans un drame qui a déjà coûté des dizaines de milliers de vies. En France, Ségolène Royal souhaite une pression redoublée contre la Chine. Moins relevée mais peut-être plus significative est la menace de sanctions contre le Soudan agitée par Nicolas Sarkozy. Menée à son terme, elle provoquerait un choc frontal avec Pékin au Conseil de sécurité. « Dans l'affaire du Darfour, l'opinion publique occidentale a désormais le rôle moteur, observe un responsable du Quai d'Orsay . Au sein de l'Union européenne, Paris a jusqu'ici résisté à des sanctions contre le Soudan. Mais les Anglais vont y revenir, avec l'appui des Américains. Et cette fois, nous ne pourrons que les soutenir. » La Chine, fidèle à un principe de non-ingérence qu'elle invoque à son profit sur Taïwan ou sur le Tibet, s'oppose à toute sanction contre Khartoum. Pour elle, la crise du Darfour est une « affaire intérieure » . 71 Mais, signal de son inconfort, elle dément faire de l'obstruction à l'ONU. Officiellement, Pékin a déjà bougé, ce sont « les Occidentaux qui tardent à le reconnaître » , dit Shi Yinhong, spécialiste des relations internationales à l'université du Peuple. «Un problème d'image et de responsabilité» Selon la presse chinoise, le président Hu Jintao a plaidé auprès d'Omar el-Béchir l'envoi au Darfour d'un contingent de « maintien de la paix » mandaté par l'ONU. Sans obtenir la moindre avancée. Ni dissiper le soupçon qu'il continue de protéger le Soudan, pays qui exporte les deux-tiers de son pétrole vers la République populaire et reçoit en retour la plus grosse enveloppe chinoise d'investissements en Afrique. « Les Chinois comprennent qu'ils ont un problème d'image et de responsabilité, remarque un diplomate européen. Ils sont sur la défensive. » C'est vers les États-Unis que se tourne aujourd'hui l'inquiétude de Pékin. Les Jeux de l'été 2008 coïncideront avec une campagne présidentielle américaine lancée à pleine puissance. La Chine, involontairement, y tient assez souvent le mauvais rôle. Pire pour Pékin, la crise africaine du Darfour a du retentissement dans l'électorat noir. Quant à la diplomatie américaine, elle ne veut pas être accusée de fermer les yeux sur un massacre, après avoir ignoré le Rwanda. Témoin de cette mauvaise conscience, c'est Colin Powell, secrétaire d'État noir de l'administration Bush, qui a le premier prononcé le mot de « génocide » à propos du Darfour, à l'automne 2004. Hollywood, qui ne rate jamais une bonne cause, a déjà pris le relais. L'acteur George Clooney s'est fendu d'un voyage à Pékin, visite soigneusement censurée comme tout ce qui gêne la direction communiste. L'ancien Beatles Paul McCartney fait campagne pour le boycott des JO. Quant à Mia Farrow, championne des causes humanitaires et ambassadrice itinérante de l'Unicef, elle vient de signer dans le Wall Street Journal , une tribune remarquée. Elle y critique vertement les multinationales qui parrainent les Jeux, ainsi que Steven Spielberg, scénariste appointé d'une fastueuse cérémonie d'ouverture à Pékin. Lire aussi page 14 De notre correspondant à Pékin JEAN-JACQUES MÉVEL 72 Le Figaro Mercredi, 4 avril 2007, p. 14 Cinq bonnes raisons de boycotter les Jeux olympiques de Pékin en 2008 Par Jean-Marie Brohm, Roger Dadoun, Fabien Ollier et Marc Perelman * « Des milliards d'euros sont dépensés pour des réjouissances, alors que la population manque de tout » L'idée de boycotter les Jeux olympiques de Pékin 2008 est enfin dans le débat de la présidentielle et dans le débat public. Bernard-Henri Lévy a pris position lors d'une réunion sur le Darfour pour l'utilisation du boycott comme moyen de pression sur le gouvernement chinois, afin qu'il cesse de soutenir le régime soudanais. Lors de cette réunion, François Bayrou s'est rallié à la position du philosophe : « Si ce drame ne cesse pas, alors la France s'honorera de refuser de participer aux Jeux olympiques. » Dans ce climat de courageuses déclarations, Ségolène Royal, qui saluait la « nouvelle frontière » chinoise, lança ces propos moins tranchés : « C'est le moment de faire pression. Avant les Jeux olympiques de Pékin. » Les autres candidats sont restés silencieux sur le sujet. Quant à Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, leurs préoccupations se tournent du côté du « traité d'extradition mutuel » qu'ils viennent de signer avec la Chine et qui met en danger de mort les Chinois qui ont fui le régime dictatorial de Hu Jintao. Face à de telles menaces politiques, Henri Sérandour, le président du Comité national olympique et sportif français, s'est déclaré « surpris de cette réaction » . La surprise faisant vite place à l'inquiétude face aux enjeux financiers, il a ajouté : « Est-ce qu'on va empêcher toutes les entreprises françaises de travailler avec la Chine ? [...] Il serait bien d'avoir une concertation avec tous les responsables et je crois que le premier responsable de cette manifestation, c'est le président du Comité olympique français. » En tant que membres du Collectif pour le boycott des Jeux olympiques de Pékin 2008 (Cobop), nous prenons donc au sérieux l'invitation que lance M. Sérandour à l'informer des raisons pour lesquelles le boycott se fait de plus en plus pressant. Bernard-Henri Lévy, François Bayrou et Ségolène Royal y trouveront de quoi étayer leurs postures. Pourquoi donc boycotter les Jeux olympiques de Pékin 2008 ? 1. Parce que le gouvernement chinois tente de briser tout ce que la Chine compte de dissidents, d'opposants, d'insoumis, d'intellectuels critiques et de syndicats libres. Il pratique les détentions administratives et abusives, recourt à la torture et à la peine de mort. La gynécologue Gao Yaojie est menacée par les autorités locales pour avoir révélé l'affaire du sang contaminé dans la province du Henan provoquant la mort de dizaines de milliers de personnes, victimes du sida. La reconnaissance internationale des Jeux donnera un visa d'honorabilité à ces violences. 73 2. Parce que la Chine a des visées sur Taïwan, poursuit une offensive diplomatico-guerrière à l'encontre du Japon, terrorise la région autonome des Ouïgours, colonise le Tibet et ne s'oppose pas au génocide qui a lieu au Darfour. Les Jeux olympiques vont servir d'écran à ses stratégies bellicistes et exterminatrices. 3. Parce que, dans la logique de la compétition sportive, l'élevage sportif chinois est le prolongement d'un système qui avait cours en RDA, en Roumanie, en URSS et à Cuba. Le dopage, la surveillance et la punition sont érigés en système de contrôle. Les robots « anabolisés » et transfusés sont lancés à l'assaut des podiums. 4. Parce que le Comité international olympique (CIO) défend ses intérêts et ne pourra aucunement permettre une démocratisation de la Chine. La signification des JO, loin des rêves de « fête », réside dans une stratégie de croissance du marché et de l'affairisme. La manœuvre diplomatique du CIO consiste à soutenir un régime totalitaire. 5. Parce que le matraquage médiatique du spectacle olympique va abrutir le plus grand nombre au moment où la vigilance doit être accrue. Cinq milliards d'euros sont actuellement dépensés pour imposer des « réjouissances » de quinze jours, dans un pays où la population manque de tout. Le gaspillage de la fête olympique est une insulte à la misère du monde ! Comment pouvons-nous tolérer que le milieu sportif, doté de fortunes colossales, donne une leçon d'éthique et de solidarité aux milliards d'individus vivant avec moins d'un euro par jour ? * Respectivement professeur de sociologie (université Paul-Valéry, Montpellier-III), professeur émérite (université Paris-VII-Jussieu), directeur de la revue Mortibus, professeur en esthétique (université Paris-X-Nanterre). Par Jean-Marie Brohm, Roger Dadoun, Fabien Ollier et Marc Perelman * « Des milliards d'euros sont dépensés pour des réjouissances, alors que la population manque de tout » © 2007 Le Figaro. Tous droits réservés. 74 AFP Infos Françaises Art, culture et médias, mercredi, 4 avril 2007 - 05:21 Courrier de la télévision PARIS - France 3 consacre son "19/20" au Darfour - L'édition nationale du journal de France 3, le "19-20", sera presque exclusivement dédiée au Darfour mercredi 4 avril, pour "rompre le silence" sur cette région du Soudan dévastée par la guerre civile. Deux journalistes de la chaîne, Hervé Dhinaut et Loïc Lemoine, ont enquêté sur place pendant deux semaines, rencontrant des déplacés, des acteurs des forces rebelles et des responsables d'ONG. Leurs reportages seront diffusés dans cette édition spéciale, présentée par Audrey Pulvar, entre 19H30 et 20H00. 75