Keep the faith - Institut de l`entreprise

LivreS & idéeS
Keep the faith
Bernard Cazes
D
ans le dernier numéro de Foreign
Policy, l’historien Niall Ferguson
pronostique la venue d’un « âge
du chambardement », qui résulterait de l’occurrence simultanée de trois facteurs générateurs – désintégration ethnique, volatilité
économique, déclin des empires – qu’il
pense avoir dégagés à partir des quelque
800 pages qu’il a écrites sous le titre The
War of the World. Il se trouve que ce livre
a fait l’objet d’une critique approfondie par
un autre historien, Pierre Béhar, de l’université de Sarrebruck, dont les critiques m’ont
paru hautement convaincantes. Je suis donc
enclin à n’accorder aucun crédit à la conclusion fracassante de Ferguson selon laquelle
la combinaison des trois facteurs étant « à
peu près ce qu’il y a de plus mortifère en
géopolitique, l’âge du chambardement commence maintenant ».
Que les raisons de croire à sa venue soient
peu convaincantes constitue donc un premier message d’espoir, faible il est vrai. Vous
faut-il quelque chose d’un peu plus roboratif ?
Essayons donc de nous intéresser à ce qui ne
va pas bien chez ceux qui nous veulent du mal.
C’est le moment de citer ici un article récent
de Newsweek dont une phrase résume parfaitement la situation : « le déclin des tsars du
pétrole est un point positif inattendu dans une
récession globale sinistre ». Le dit article nous
décrit trois oil czars en assez mauvais état, qui
ne sont rien d’autres que le sympathique trio
Poutine, Ahmadinejad et Chavez, auquel la
baisse des cours du pétrole a porté un coup
très dur. Coup qui pourrait les rendre plus
ouverts à des solutions de compromis sur
toutes les questions litigieuses, et Dieu/Allah
sait s’il y en a !
Sans doute pouvons-nous également nous
réjouir de ce que les eurosceptiques vont
découvrir que les quatre libertés – libre
mouvement des biens, des travailleurs, des
services et des capitaux – et leur extension
aux anciens « malgré eux » du bloc soviétique représentent finalement de remarquables exemples de gouvernance internationale,
que les dirigeants européens ne devraient
absolument pas jeter par-dessus bord sous
prétexte de préserver l’emploi dans chaque
isolat national. Telle est la réalité dont un
bloggeur éminent, Gideon Rachman, a pris
conscience. Il s’en est expliqué en toute
franchise, tout en précisant bien sûr qu’il
restait vigilant à l’encontre de toute dérive
vers une Europe fédérale. Heureux homme,
s’il n’a à craindre que la renaissance d’une
« Europe puissance » !
. Voir son article « L’Historien, le public et la mode :
à propos d’une histoire du XXe siècle », Sociétal, n°55.
. « The Decline of the Petro-czar », Newsweek,
23/2/2009.
. Rayer la mention inutile.
. Financial Times, 2/3/2009.
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