CROQUIS D`AFRIQUE
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CROQUIS D`AFRIQUE
CROQUIS D’AFRIQUE "Par trois fois, entre 1967 et 1971, Robert Hainard a pris le chemin de l’Afrique de l’Est, sillonnant cette partie du continent, des Murchison Falls sur le Nil ougandais aux célèbres sanctuaires du Kenya et de la Tanzanie, Masaï Mara, le parc national de Tsavo, Amboseli, le cratère du Ngorongoro, le lac Manyara, entre autres. Ces voyages sont restés quelque peu secrets dans l’oeuvre de l’artiste. Seules traces connues jusqu’à présent, dix gravures sur bois tirées de ses observations. Mais sait-on que plus d’un millier de croquis de terrain témoignent des multiples scènes saisies sur le vif, sans artifice, dans les savanes des hauts-plateaux et aux abords de la forêt équatoriale ? C’est ce trésor caché, complément harmonieux de son oeuvre, que nous proposons de découvrir à travers le choix de dessins qui composent le présent ouvrage". Editions Hesse, 1989. Couple de lions Ils se sont accouplés à 4 mètres du bus et le mâle, en partant, s’est frotté à la carosserie. Au pied d’un arbre, un rival, tout triste, a dû prendre la pile. Keekorok, 3 janvier 1968 Mes croquis africains ressemblent beaucoup aux quelque trente mille que j’ai faits en Europe et pourtant, ils sont profondément différents. "Pour tes 60 ans, paie-toi quelque chose de facile" me dit ma femme. Et en cinq ans, j’ai participé à trois safaris organisés par mon ami Théo. ... Ici, j’ai vu tourner les saisons pendant 80 ans. Là-bas, on est parachuté dans une nature dont on ne connaît pas les autres aspects. Mais on se familiarise de façon étonnante, la transposition est facile. Sans doute, l’éléphant et le lion font-ils plus partie de nos archétypes que le bison ou le lynx, la faune africaine nous est-elle plus proche que la faune australienne. 1 Un grand élépant passe. A l’arrière-plan deux rhino font de l’escrime avec leurs cornes dont les chocs résonnent comme ceux de deux échalas. Kilugani, 13 janvier 1968 Je trouve qu’en Europe, mes talents de chasseur conditionnent trop ma vie d’artiste. Pour arriver à voir une bête, il me faut une grande connaissance de ses habitudes, des lieux, beaucoup de patience.... ou un heureux hasard. En Afrique de l’Est, on vous met le nez sur une quinzaine de lions, qui n’ouvrent pas les yeux -sauf quelques petits, encore curieux- pour voir arriver votre véhicule. Guépard. Serengeti, 17 janvier 1967 ... Mes croquis africains sont plus purs que ceux d’Europe, qui eux, sont engagés dans une longue connaissance antérieure et dans des intentions futures. J’en ai "exécuté" en gravures une bien moindre proportion. Beaucoup ne comportent pas de notes pour un élargissement futur. Ils sont le carpie diem de mon ouvrage. Guépard, Serengeti, 17 janvier 1967 2 Rhinocéros de près. Environs de Nairobi, 16 janvier 1968 Initiation fragmentaire à un monde inconnu. Chaleur légère et sèche des régions d’altitude. Ultraviolets qui, à 3000 mètres, vous mordent la peau. Orages tonitruants et au matin, grands arbres dans le brouillard comme sur un lavis chinois. Populations entrevues, aimables et jamais serviles (quelques porteurs de serviettes de cuir paraissent plus hostiles). Je ne deviendrai pas le peintre de l’Afrique. Il en existe, affreusement photographiques. Et ceux qui y ont leurs racines semblent peu enclins à cet objectif, sensoriel, réaliste mais digéré, qui me passionne. Babouin Hiératique, sûr de lui, ce gros mâle n’a pas besoin de démontrer sa force. Une agressivité quasiment humaine, disait un de mes compagnons. Naivasha, 29 décembre 1967 Croquis d’Afrique est un ouvrage composé uniquement des croquis et des textes manuscrits de Robert Hainard. Kilugani, 11 janvier 1968 mmdp/21.8.2007 3